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22 mars 2019 5 22 /03 /mars /2019 11:27
JUSTICE. ROLAND WEYL, CENT ANS DE COMBATS… ET ÇA CONTINUE ! - L'Humanité, Alexandre Fache,
Roland Weyl a une maison dans le secteur de Plougasnou. Il est venu faire une intervention pour le PCF Morlaix le 29 octobre 2014 qui a été très appréciée sur ses activités d'avocat international, engagé dans la lutte contre le colonialisme, l'apartheid, pour l'égalité des droits et des peuples.
JUSTICE. ROLAND WEYL, CENT ANS DE COMBATS… ET ÇA CONTINUE !
Vendredi, 22 Mars, 2019

L’avocat communiste a fêté cette semaine ses 100 ans et 80 ans de robe. Des mineurs grévistes de 1948 aux exclus du droit au logement, ils sont nombreux à lui devoir beaucoup.

Il faut avoir croisé le regard vert de Roland Weyl, en train de raconter un calembour, pour savoir ce que sont des yeux pétillants. Devenu centenaire lundi dernier, car sa mère avait eu « le bon goût de (le) livrer – et de se délivrer – un 18 mars, jour anniversaire de la Commune de Paris », l’avocat a profité des honneurs qui lui ont été rendus – trop discrètement sans doute – au Palais de justice, mardi, ou à la mairie du 3e arrondissement de Paris, mercredi, pour en raconter quelques-uns, revenant sur ses 100 ans de vie. « J’ai l’impression en vous parlant de prononcer mon éloge funèbre. Au moins, comme ça, je l’aurai entendu ! » a-t-il confié, le sourire aux lèvres, devant ses amis, militants, élus, syndicalistes, membres du Secours populaire, du Mouvement de la paix ou de l’Association internationale des juristes démocrates, venus lui rendre hommage.

De fait, il faut avoir un sacré sens de la synthèse pour résumer la trajectoire unique de ce petit bout d’homme, aux costumes bien mis et à la repartie cinglante, né dans une famille plutôt bourgeoise de juristes, qui le destinait incontestablement à porter la robe. « Mon père était avocat, peut-être parce que son père était juge de paix, sans doute parce que le sien était huissier. Mais s’il était huissier, c’est parce que son grand-père était serrurier en Alsace. Donc, si je suis avocat, c’est parce que j’avais un aïeul serrurier ! » s’amuse encore Roland Weyl. Cet environnement l’assignait moins à l’engagement communiste, qu’il embrassa pourtant en 1947, après avoir vu, pendant la guerre, la pièce tomber toujours du bon côté. « J’ai eu beaucoup de veine : juste avant le conflit, une tuberculose m’a valu d’être réformé. En 1943, en Auvergne, des gendarmes reçoivent l’ordre de m’envoyer au STO. Ils ont la gentillesse de me prévenir, et j’ai pu leur échapper. En 1944, les miliciens de Paul Touvier m’arrêtent, mais, juste à ce moment, il y a une percée anglaise en Normandie, ils prennent peur et me libèrent ! »

Entre-temps, le jeune homme a fait de la résistance « en amateur ». Dans le réseau Combat (gaulliste) plutôt qu’au Front national (communiste), jusqu’à ce que le premier le charge… de « repérer les communistes ». « Je leur ai transmis une démission motivée », raconte-t-il. Dans le Mouvement des auberges de jeunesse, à Lyon, il découvre l’internationalisme, qui, mâtiné du sentiment patriotique inculqué par son père, allait fonder son adhésion prochaine au PCF. Sur son premier bulletin, cet esprit libre prend toutefois la peine d’inscrire : « À condition de pouvoir démissionner si je le désire ! »

Une insatiable volonté d’aller toujours de l’avant

Ce militantisme, nourri par l’enseignement du célèbre avocat communiste Marcel Willard, n’allait pas faciliter la carrière de Roland Weyl. Mardi soir, c’est dans la bibliothèque de l’ordre des avocats, au Palais de justice, là même où sont organisés les concours d’éloquence de l’institution, que le jeune centenaire a raconté comment il avait été systématiquement écarté de la finale desdits concours, en 1947, 1948 et 1949, parce que communiste. « Cela a ulcéré une jeune femme que je croisais alors dans les couloirs du Palais. C’était Monique Picard. Quelques semaines plus tard, nous étions mariés. Et l’histoire a duré soixante ans. »

Une histoire faite de multiples combats communs pour la justice sociale et les droits des opprimés. Combat pour défendre les mineurs grévistes de 1948, soumis à la répression acharnée par le pouvoir ; combat pour les militants de la paix en 1951, ceux qui avaient déchargé un train d’armes en partance pour le Vietnam, ou ceux qui avaient appelé à manifester contre Eisenhower, nouveau patron de l’Otan ; combat pour les fils de fusillés qui avaient refusé, en 1957-1958, de servir ce même Otan, dirigé par l’ex-nazi Speidel ; combat enfin pour les militants de l’indépendance algérienne, traqués par les tribunaux militaires… « Nous étions à Alger en juin 1957, quand Henri Alleg et Maurice Audin ont été arrêtés. Je me souviens encore de Josette Audin, qui venait nous voir tous les jours, ou de ce coup de fil passé par le procureur aux parachutistes fachos, qui s’était vu répondre : “mêlez-vous de vos affaires”… »

Plus encore que sa mémoire d’éléphant ou ses talents d’orateur, c’est l’insatiable volonté d’aller de l’avant qui fascine chez Roland Weyl, toujours prompt, par exemple, à défendre la charte des Nations unies, ce texte majeur, violé quotidiennement. « On oublie vite qu’il est centenaire, confirme Élise Taulet, 37 ans, une des avocates du cabinet WTA, où officient aussi Frédéric et France, deux des trois enfants du couple Weyl. Il fait plus de choses que moi, alors que j’ai 63 ans de moins ! La semaine prochaine, il part en mission en Malaisie, le mois suivant en Corée… Et surtout, il met autant d’application sur un grand contentieux international que sur un petit dossier local. » Sa principale bataille, depuis quelques années : celle menée avec plusieurs villes communistes de Seine-Saint-Denis, comme Stains ou Aubervilliers, contre les expulsions locatives. « Il est d’une grande inventivité pour faire triompher le droit contre la loi du plus fort », résume Azzédine Taïbi, le maire (PCF) de Stains, qui se souvient aussi avec délectation de la façon dont il avait défendu la banderole réclamant la libération de Salah Hamouri. « Les juges, qui avaient qualifié Salah de “terroriste franco-palestinien”, n’avaient pas vu que Salah était dans la salle à ce moment-là. Roland Weyl leur a rappelé brillamment ! »

L’infatigable avocat se rend au moins un jour sur deux à son cabinet. En métro. « Il viendrait plus s’il n’y avait pas des travaux à la station de Créteil », raconte sa fille, France. Lui sait ce qu’il doit à cette belle famille, endeuillée par la disparition brutale de Monique, il y a dix ans. « Sans cette vie affective, je serais une espèce de squelette désossé qui continuerait son travail par habitude », assure le fringant centenaire.

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