Dans un message à Pierre Laurent, M. Mélenchon déclare: "Vous ( les communistes) êtes la mort et le néant." Pas étonnant que quand le leader traite ainsi en ennemi ce qui est censé être un allié politique et prétend, du haut de sa superbe, condamner à mort le Parti qui compte aujourd'hui à gauche le plus adhérents à jour de cotisation (56 000) et cent fois plus d'élus que le sien, cela puisse créer des manières de faire sectaires et hystériques dans ses rangs.
Cela constitue en tout cas une inquiétante dérive mégalomane, hégémonique et anti-communiste de celui qui a été deux fois le candidat soutenu par le Parti Communiste et ses dizaines de milliers de militants.
Pour notre part, nous n'avons pas d'inquiétude, le PCF est né en 1921, il a 96 ans d'histoire, il en a vu passer des cadors socialistes ou gauchistes et même si son influence électorale a connu un net déclin, il est un parti démocratique, avec beaucoup de jeunes parmi ses militants et ses cadres, porteur d'une réflexion vivante, profondément impliqué par le devenir de notre République dont il porte une part de l'héritage, en lien très fort avec le monde syndical et la vie quotidienne des gens.
Ses luttes ne se limitent pas aux acnés narcissiques et aux fans zones électorales du présidentialisme. Nous survivrons à la carrière politique de Jean-Luc Mélenchon car notre identité et nos idéaux, puisant dans la longue histoire du mouvement ouvrier et révolutionnaire, le marxisme et une lutte de classes qui est aujourd'hui très violente, ont un sens qui dépassent les agendas personnels et les populismes.
En même temps, il est profondément désespérant de voir qu'au lieu de construire une risposte organisée et rassembleuse à l'ultra-libéralisme de Macron, Mélenchon se donne pour premier but de faire le ménage à gauche pour tenter de balayer tout ce qui n'est pas à sa botte. Cela s'appelle le caprice tyrannique d'un aventurier qui a sans doute un costume trop grand pour lui et pour ses responsabilités historiques et politiques, comme on l'a vu dans l'entre deux-tour des présidentielles.
Il est profondément désespérant de constater que Mélenchon et la petite troupe sectaire qui l'accompagne au sommet de France Insoumise préfère jouer au chamboule-tout, compter les voix pour son nouveau parti et l'asseoir économiquement plutôt que de privilégier le gain de sièges de députés pour la gauche de gauche, qui soient au service de la résistance à Macron et à sa politique pro-finance.
De notre côté, nous avons sans doute eu souvent des torts et fait nombre d'erreurs, mais nous travaillons pour une cause et des intérêts populaires qui nous dépassent, et nous n'avons jamais traité des partenaires, et même des adversaires politiques, comme le fait aujourd'hui Jean-Luc Mélenchon à l'égard de Pierre Laurent et du PCF. L'insulte et l'hystérisation des rapports politiques, c'est pour nous, non seulement contre-productif, inélégant et grossier moralement, mais aussi dangereux démocratiquement.
Ismaël Dupont.
***
« Déformation et menace », le billet de Gérard Streiff dans l’Humanité de ce jour !
Jean-Luc Mélenchon a de bonnes lectures. Il lit Communistes. Invité de Bourdin sur BFM, le 10 mai dernier, il a montré notre journal [un numéro de janvier]. Merci. Même si on peut trouver qu’il a lu de travers l’article incriminé, sortant une phrase de son contexte. Pas question de négocier une entrée du PCF dan FI, disait en substance l’article. Jean-Luc Mélenchon nous fait dire que jamais le PCF ne discutera avec FI. Balivernes. En fait, quand il s’agit des communistes, Jean-Luc Mélenchon a une drôle de façon de communiquer. Il déforme. Ou il menace. Ainsi on nous signale qu’il fait circuler dans ses réseaux l’échange de messages personnels qu’il a eu avec Pierre Laurent début mai où l’on peut notamment lire ceci : « Vous[les communistes] êtes la mort et le néant. […] je décide de la rupture ». Bonjour le dialogue. Jean-Luc Mélenchon a du vocabulaire, comme on dit, c’est connu. Pourtant il y a des mots dont il ignore le sens. Il confond par exemple allié et coché.
* Le Canard enchaîné d’aujourd’hui a publié l’intégralité du message auquel fait référence Gérard Streiff.
La réponse de Gérard Streiff à Mélenchon dans le "Communistes", supplément à l'Huma du mercredi, du jour
commenter cet article …