Des paysans cambodgiens privés de leurs terres viennent d’intenter une action en justice contre le groupe que préside Vincent Bolloré devant le tribunal de grande instance de Nanterre.
Outre ses activités chez Vivendi et le groupe Canal + dans lequel il tente de peser sur la ligne éditoriale, Vincent Bolloré a constitué sa fortune dans les activités portuaires en Afrique avec le groupe « Bolloré Africa Logistics » et, depuis quelques années, dans l’exploitation à grande échelle des terres agricoles en Afrique et en Asie via le groupe Socfin.
Une cinquantaine de paysans cambodgiens estime que leurs droits ont été piétinés par Bolloré qui développe la culture de l’hévéa sur la commune de Bousra à l’est du pays. Cette plante sert à produire du caoutchouc. Pour développer cette production agro-industrielle, une co-entreprise franco-cambodgienne a été créée et porte le nom de « Socfin-KCD ». Elle est née avec l’accord du gouvernement cambodgien. Outre l’hévéa, cette entreprise produits aussi de l’huile de palme, une des activités en plein développement dans le groupe Bolloré au Cambodge, en Indonésie et dans plusieurs pays africains dont le Cameroun. D’où les «expropriations » et les « déplacements de populations » dont sont victimes les paysans cambodgiens qui demandent des « restitutions de terres » et des « indemnisations », selon leur avocat maître Fiodor Rilov.
Le 5 juin 2015, une manifestation de protestation s’était déjà déroulée devant le siège du groupe Bolloré à la Défense. Il s’agissait cette fois de dénoncer les saccages de la « Socapalm » dont le groupe Bolloré est un des actionnaires et qui exploite au Cameroun 26.000 hectares de palmiers à huile. « Socapalm » est aussi une filiale de « Socfin», firme luxembourgeoise dont Bolloré déteint 39% des parts . En avril dernier le travail avait été bloqué dans les plantations de Dibombari au Cameroun par des ONG et des paysans privés de terres qui demandaient qu’on leur rétrocède une partie des superficies que l’Etat camerounais a attribué à la « Socapalm ».
Neuvième fortune de France avec plus de 11 milliards d’euros, Vincent Bolloré développe à travers le monde une activité prédatrice qui consiste à accaparer des terres agricoles et à défricher des forêts primaires pour y développer des cultures de rente comme l’hévéa et le palmier à huile. Outre la spoliation des populations privées de leurs terres nourricière et souvent contraintes à l’immigration vers des bidonvilles, les activités du groupe Bolloré sont aussi fortement émettrices de gaz à effet de serre. On peut donc dire que la fortune de Vincent Bolloré se constitue en accélérant le réchauffement climatique dont les populations pauvres sont aussi les premières victimes. Voilà de quoi développer un excellent plaidoyer devant le tribunal de grande instance de Nanterre.
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