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19 septembre 2022 1 19 /09 /septembre /2022 05:45
Histoire du Breton écrit des origines au XVIIIe siècle, Francis Favereau, Skol Vreizh, 2022, 18€

Histoire du Breton écrit des origines au XVIIIe siècle, Francis Favereau, Skol Vreizh, 2022, 18€

Les éditions Skol Vreizh viennent de publier une nouvelle étude de Francis Favereau, l'érudit au gai savoir, linguiste et spécialiste de la littérature bretonne et bretonnante, ancien agrégé d'anglais et enseignant de breton à l'Université, auteur en particulier d'un Dictionnaire de référence du breton, d'une Anthologie en 4 volumes de la littérature bretonne du XXe siècle (publiés de 2002 à 2020 chez Skol Vreizh), de "Babel et Baragouin - Le Breton dans la Mondialisation" (Skol Vreizh, 2006), ou encore d'un livre d'histoire et sociologique sur la société bretonne: Bretagne contemporaine : Langue, Culture, Identité ; Skol Vreizh (1993-2005).

Cette "Histoire du Breton écrit des origines au XVIIe siècle", superbement illustrée par des photos de manuscrits ou d'édifices et d’œuvres d'art du patrimoine, des cartes, des schémas, comme souvent les ouvrages de Skol Vreizh, nous fait voyager dans l'histoire de la langue bretonne armoricaine, langue britonnique comme le cornique (Cornouailles anglaise) et le gallois, elle-même langue celtique comme le gaulois (Belgique, France, Suisse, Nord de l'Italie, Galates de Turquie dans l'Antiquité), ou le gaélique d'Ecosse, d'Irlande, ou le manxois parlé à l'Ile de Man.   

La Bretagne apparaît au Ve siècle avec l'exil des Bretons de Grande-Bretagne, prêtres, nobles, et clans, au sein de l'Armorique gallo-romaine. La langue des bretons est très certainement très proche du gaulois et partiellement compréhensible pour ceux qui en auraient conservé la connaissance. Les premiers toponymes en Plou- (Ploe-), Lan-, Tre-, remontent à l'installation des Bretons en Armorique après 500. Ple-/ ou Plou- renvoie à une communauté rurale résolument chrétienne, Lan- à la notion de lande, d'ermitage, tre- à l'habitat. Loc- arrive plutôt au 9e siècle et renvoie au lieu de culte d'un saint (Lochrist, Loqueltas, Loctudy).

Les premières inscriptions écrites de la langue bretonne (vieux breton) sont gravées dans la pierre, outre Manche, en Cornouailles Britannique. On trouve aussi un étalon comparatif dans des transcriptions écrites de la langue des Galates d'Anatolie. Le premier manuscrit avec des commentaires écrits en breton est le manuscrit de Leyde conservé aux Pays-Bas, datant de la fin du 8e siècle ou du 9e siècle. C'est un traité de pharmacie...

Dans son "Histoire du Breton écrit des origines au XVIIe siècle", Francis Favereau passe en revue les traces de commentaires en langue bretonne au Moyen-Age dans les manuscrits latins des Abbayes du Moyen-âge (traité de médecine, cartulaires, évangiles). Ces traces écrites en langue bretonne au Moyen-âge sont rares, elles n'apparaissent qu'en marge de manuscrits rédigés en latin, la langue de l’Église, par des clercs bretonnants alors que le français n'est lui aussi à cette époque qu'une langue essentiellement orale.

Il traduit aussi les devises bretonnes de la noblesse du Moyen-âge, les inscriptions d'église et de cimetières.

Le Catholicon, premier dictionnaire breton, dictionnaire trilingue breton-latin-français, imprimé à Tréguier par Jehann Calvez, chanoine du diocèse de Tréguier, et dédié à Maître Auffret de Quoatqueveran, ancien recteur de Plourin-les-Morlaix, date lui de 1499, et est attribué à Lagadeuc de Plougonven. Le Catholicon contient 5000 mots du parler usuel breton armoricain entre Saint-Hernin ou Poullaouen jusqu'à Plougonven. Et le breton a assez peu changé depuis.

A la Renaissance et au 16e siècle, le breton va se généraliser dans la littérature écrite religieuse: hagiographies ou vies de saints qui témoignent d'une versification savante et d'une vraie maîtrise littéraire en breton. A partir du 16e siècle, textes religieux et profanes en breton se multiplient grâce à l'imprimerie, et à l'apprentissage de la culture qui progresse dans les campagnes. Les vies de saints, mais aussi les récits humoristiques, picaresques et grivois connaissent alors de vrais succès populaires.

Un des premiers ouvrages significatifs en prose bretonne, petit livre de 31 pages, de la Renaissance est Buhez an itron sanctes Cathell (Vie de Sainte Catherine), traduction du latin au breton imprimé à Morlaix au monastère Saint-François (aujourd'hui maison de retraite), en 1576. A la Renaissance (16e) siècle, le théâtre populaire s'écrit aussi en langue bretonne: mystères, tragédies laïques ou bibliques. "La Farce de Maître Pathelin" (1460) contient elle-même un bref dialogue en breton.

L'intérêt de ce livre de Favereau est qu'il donne à lire et à traduire les ouvrages bretons de la Renaissance et de l'Ancien Régime, qu'il multiplie les allers-retours comparatifs entre les univers culturels, qu'il contient énormément d'anecdotes truculentes et qu'il donne à lire la beauté d'une certaine littérature religieuse ou légendaire populaire. Toujours questionnant, cet essai approche certaines questions débattues sans toujours donner dans l'affirmation définitive. Il se termine par une présentation d'affiches et de placards révolutionnaires en breton, signe que si l’Église a choisi de faire du breton une langue officielle à des fins d'évangélisation et de généralisation de son enseignement, la langue bretonne appartient au patrimoine commun des Bretons (et même de l'humanité), et peut traduire tous les idées et sentiments, pas seulement ceux de la tradition ou de la conservation.   

Ismaël Dupont - 19 septembre 2022

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