Le parti des communistes - Histoire du Parti communiste français de 1920 à nos jours - Julian Mishi, éditions Hors d'Atteinte, 2020, 24,50€
Le 30 décembre 2020 marquera le centenaire du Parti communiste français. Plus exactement, ce sera l’anniversaire du dix-huitième congrès du Parti socialiste, section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), réuni à Tours du 25 au 30 décembre 1920. Une large majorité des délégués y a approuvé les vingt et une conditions posées par Lénine aux partis ouvriers désireux d’adhérer à la nouvelle internationale, fondée à Moscou en 1919. À l’issue de ce congrès naît le Parti communiste (SFIC) , ce n’est qu’en 1926 qu’il adoptera son nom définitif de Parti communiste français.
Le congrès de Tours va fortement et durablement modifier le rapport de forces au sein de la gauche au profit des communistes et des couches populaires, en permettant notamment la constitution et la victoire du Front populaire en 1936. Plusieurs ouvrages paraissent en cet automne 2020, parmi lesquels cette histoire du PCF de Julian Mischi, le Parti des communistes. Chercheur en sociologie, il avait déjà publié deux essais sur le communisme français : Servir la classe ouvrière (PUR, 2010) et le Communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires (Agone, 2014). Il continue de creuser le sillon. « Chercher à comprendre l’histoire du mouvement communiste, sa réalité populaire et ses apories tragiques résonne fortement avec les préoccupations politiques et théoriques de ceux qui ne se satisfont pas aujourd’hui de l’ordre des choses néolibéral. »
Les significations d’un mot plus que jamais diverses
La genèse de la naissance de ce parti, qui a dominé la gauche pendant un demi-siècle et fut même le premier parti de France au lendemain de la Libération, remonte à la Première Guerre mondiale et à la victoire des bolcheviks, en octobre 1917. Au nom de la défense du prolétariat, trahi par les élites socialistes qui votèrent les crédits de guerre et participèrent au gouvernement d’union sacrée, des militants progressistes donnent de la voix dans la SFIO et la CGT. Féministes, anarchistes, des socialistes et des syndicalistes forment le creuset de ce qui sera le courant communiste, qui constitue la majorité au congrès de Tours, derrière Marcel Cachin et Paul Vaillant-Couturier.
Entre espoirs et découragement, cette histoire du PCF couvre un siècle de combats politiques de la classe ouvrière et des peuples colonisés. Sous le prisme de l’histoire du Parti communiste, le livre parcourt l’histoire du XXe siècle. La dernière partie est consacrée à la période de déclin qui affecte le PCF depuis trois décennies. Et pourtant, la roue de l’histoire continue de tourner. Julian Mischi observe : « La faillite du socialisme autoritaire de type soviétique a jeté le doute sur l’idée de propriété sociale des moyens de production et les politiques de planification. Mais – pour ne prendre qu’un exemple –, à l’heure de l’urgence climatique, peut-on rejeter d’emblée toute idée de planification économique ? »
Les significations attribuées au mot « communiste » demeurent plus que jamais diverses, note l’auteur dans sa conclusion : « Il renvoie à une histoire tragique pour les peuples et les communistes eux-mêmes. Il est même associé, avec le cas de la Chine, à un acteur central de la mondialisation capitaliste. Mais il reste aussi, pour beaucoup de celles et ceux qui le revendiquent, lié à l’idée d’une alternative au capitalisme qui vise à l’égalité sociale et à l’établissement d’un pouvoir politique effectivement exercé par le plus grand nombre, non monopolisé par les élites sociales. »
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