Selon l’ONU, la crise alimentaire pourrait toucher 250 millions de personnes d’ici à la fin de l’année.
Quelque 135 millions de personnes dans 55 pays étaient au bord de la famine en 2019, un nombre qui pourrait pratiquement doubler d’ici à la fin de l’année, indique un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) présenté le 21 avril au Conseil de sécurité par la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM). S’il s’agit du chiffre le plus élevé depuis quatre ans et la création de ce rapport, sa rédaction date d’avant le début de la pandémie de coronavirus, qui pourrait se révéler être un facteur aggravant et faire exploser encore davantage l’insécurité alimentaire, prévient l’ONU. Le continent africain demeure le plus touché, avec en première ligne le Soudan du Sud (61 % de la population en état d’insécurité alimentaire), et une hausse de la faim au sein des zones de conflit « dans le bassin du lac Tchad et le centre du Sahel », en République démocratique du Congo, en Éthiopie, au Soudan et dans la partie nord du Nigeria.
Une plus grande difficulté à distribuer l’aide
Selon l’ONG Oxfam, environ 50 millions de personnes seraient actuellement menacées par la faim pour la seule région de l’Afrique de l’Ouest, en raison de l’impact de l’épidémie de coronavirus, ajoutée à la sécheresse et à l’explosion de l’insécurité, notamment dans la bande sahélienne. Un chiffre qui pourrait être atteint dès le mois d’août, selon les estimations de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). L’impact concret du Covid-19 se mesure pour l’instant davantage dans les conséquences du confinement et du ralentissement économique, dans des pays où 60 à 80 % de la population vit de l’économie informelle. Les annonces de couvre-feu et la fermeture de certaines frontières ont un impact direct sur les prix des produits de première nécessité, moins par pénurie réelle que par la grâce des logiques spéculatives.
Oxfam constate une plus grande difficulté à distribuer l’aide alimentaire, en particulier au Niger ou au Burkina Faso. Les problèmes d’approvisionnement concernent également les producteurs et les agriculteurs, qui peinent à se procurer semences et engrais de qualité, sans oublier l’impact des entraves à la circulation pour les éleveurs de bétail. Les prévisions catastrophiques de l’ONU, d’Oxfam ou de la Cédéao constituent un échec cinglant pour les Objectifs du millénaire adoptés en 2000 par 193 pays membres des Nations unies. Après plusieurs années de décrue, le nombre de personnes frappées par l’insécurité alimentaire est reparti à la hausse en 2015, principalement à cause de la dynamique des conflits en Syrie, au Yémen, au Sahel ou dans la Corne de l’Afrique.
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