Les élus PCF d’aujourd’hui seraient indignes de ceux d’hier ? Leur secrétaire national Fabien Roussel n’a pas laissé passer l’offense infligée par le dirigeant de LaREM, Stanislas Guérini, qu’il a éreinté mardi en plein débat sur les retraites.
Il ne fallait pas le chercher. Mardi, en plein débat sur la réforme des retraites, Fabien Roussel a étrillé les députés de la majorité. Le secrétaire national du PCF a vertement répondu à Stanislas Guérini, délégué général de LaREM. Un duel violent, déclenché lundi soir par le macroniste qui s’en est pris directement à l’histoire des communistes. « Le député Guérini a insulté ici les députés communistes. Il a convoqué Croizat. Il a convoqué Thorez. Et en insultant leur mémoire il a insulté tous les députés communistes et tous les communistes », démarre dans l’hémicycle Fabien Roussel. Le député du Nord poursuit sa charge en utilisant toutes ses cordes vocales : « Comment osez-vous faire ça ici ? Oui nous, le Parti communiste français, nous avons versé le sang dans la Résistance, et nous l’avons fait avec d’autres. Oui nous, nous avons écrit le programme Les Jours Heureux et nous avons créé la Sécu, et nous l’avons fait avec d’autres. Mais vous, vous avez fait quoi, avec d’autres ? Pour nous, nos racines, c’est la France, et pour vous c’est quoi ? C’est la finance ! » La veille, Stanislas Guérini avait ainsi provoqué ses opposants : « Ce débat sera un rendez-vous de l’histoire social de notre pays. Et je vous le dis avec un peu de tristesse pour l’histoire des communistes : vous n’êtes pas à la hauteur de l’histoire sociale de notre pays. Vous n’êtes pas à la hauteur de votre histoire. Celle d’Ambroise Croizat que vous avez cité, celle de Maurice Thorez, celle du Conseil national de la Résistance. » Puis le dirigeant du parti présidentiel, perfide, avait continué de la sorte : « Vous n’êtes pas d’accord avec tout ? C’est normal. Si vous étiez d’accord avec tout nous serions sur les mêmes bancs. Mais vous n’êtes d’accord avec rien », avant de citer Maurice Thorez, secrétaire général du PCF de 1930 à 1964. « Il disait ‘‘mieux s’unir pour obtenir le bonheur sur la terre que se disputer sur l’existence d’un paradis dans le ciel’’. Eh bien je vais vous dire comment je comprends moi cette citation : pour moi la gauche qui ne fait rien, elle ne sert à rien. La gauche qui s’oppose à tout, elle ne sert à rien du tout. » Outré, Fabien Roussel lui renvoie le missile: « Comment pouvez-vous dire que nous nous opposons à tout quand c’est vous qui dîtes non à tout. Vous, qu’est-ce que vous avez fait ? Vous, vous êtes ‘‘en même temps’’ ! Vous auriez été beaux dans la Résistance ! Vous auriez été ‘‘en même temps’’ quoi ? ». Les députés LaREM s’étouffent alors et roulent des yeux. Mais le communiste continue sa démonstration : « Quand on vous propose de taxer les riches et le capital, vous dîtes non. Quand les forces de gauche vous font des propositions, vous dites non. Tout ce que vous proposent les syndicats, vous dîtes non. Vous n’écoutez pas les Français. Et quand on vous propose un débat dans tout le pays vous dîtes non. » Fabien Roussel fait ici référence à la proposition des communistes d’organiser un référendum sur la réforme des retraites, qui a été rejetée lundi soir avec dédain et malhonnêteté intellectuelle par les macronistes. « Alors venez chercher les communistes, osez venir faire le débat dans les usines, dans les hôpitaux, dans les écoles, dans les bureaux ? Osez dire ce qu’il y a dans votre texte de loi. Osez le référendum, voilà ce que nous voulions vous dire ! », termine Fabien Roussel devant des députés devenus palots. Plus tôt, les porte-parole des députés PCF s’étaient eux aussi indignés. « Nous n'avons pas de leçon à recevoir de Stanislas Guérini. Comment ce monsieur, invisible jusqu'à hier, ose-t-il nous donner des leçons sur nos valeurs, dire que la gauche ne sert à rien, lui qui est à la tête d'un parti qui a mis la République en miettes ? », assène Sébastien Jumel. « Au nom de quoi peut-il se permettre de nous dire ce qu'il nous a dit ? Nous n'avons pas de leçon de progrès social à recevoir de LaREM. Les leçons de progrès social qui nous ont été données par Guérini m'évoquent un type qui roulerait à contre-sens sur l'autoroute en faisant des appels de phares », tranche Pierre Dharréville, déterminé à mener « une bataille extrêmement offensive » dans l’hémicycle.
Aurélien Soucheyre, L'Humanité, 19 février
Lundi, les élus de la majorité ont voté contre l’organisation d’une consultation populaire sur les retraites. Ils mentent sur leur réforme et craignent l’avis des Français.
Ils n’ont écouté que d’une oreille distraite les échanges. Puis les députés LaREM ont repoussé par 160 voix contre 70 la motion référendaire déposée par les communistes. Lundi soir, en ouverture du débat sur la réforme des retraites, les élus PCF, PS, FI et quelques Libertés et territoires (LT) ont appelé à laisser les Français décider de l’adoption ou non du texte voulu par Macron. « C’est un acte rare, un acte fort ! » tonne André Chassaigne en lançant la procédure. « Peut-on imaginer qu’une telle réforme, aussi importante, se fasse sans le peuple ou malgré le peuple, voire, plus grave encore, contre le peuple ? » interroge le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.
La réponse, pour LaREM, est oui. Et tant pis si 67 % de nos concitoyens se déclarent favorables à la tenue d’un référendum. « La démocratie représentative est la règle, la démocratie référendaire est l’exception », argumente Laurent Pietraszewski, qui qualifie la démarche de « manœuvre dilatoire pour empêcher l’Assemblée de faire ce pour quoi elle a été élue ». Le secrétaire d’État aux retraites oublie bien vite que la réforme est composée de 29 ordonnances, qui privent l’Assemblée de ses propres prérogatives législatives au profit de l’exécutif.
Un mépris pour le peuple et la démocratie
Il raille même ses opposants. « Quelle serait la question du référendum ? Pour ou contre un système solidaire par répartition ? Pour ou contre le maintien d’un système dans lequel les pensions des femmes sont 40 % moins élevées que celle des hommes ? » ironise-t-il sous les huées. « Pourquoi pas 41 000 référendums pour chacun de vos amendements ? » poursuit Jean-René Cazenove. « Vous nous dites “nous savons ce que veut le peuple” mais seulement un million de Français ont signé pour votre référendum sur ADP », moque le député LaREM, étalant son mépris pour le peuple et la démocratie.
Car le million de signatures atteint pour ADP est un score exceptionnel, largement suffisant pour déclencher un référendum en Suisse ou en Italie. Au mépris, l’élue Modem Nathalie Elimas ajoute le mensonge, affirmant que la réforme des retraites est fidèle à ce qui est écrit « noir sur blanc dans le projet du candidat Macron élu démocratiquement ». Faux, dénonce Olivier Faure. « Puisque les Français n’ont jamais été consultés, qu’ils le soient désormais », répond le premier secrétaire du PS, qui invite la Macronie à renoncer publiquement à tout 49-3. « On le veut, ce référendum, on veut voir et savoir si les Français avalent vos bobards », interpelle enfin l’insoumis François Ruffin. Passé le rejet et le comportement irresponsable des élus LaREM, le député PCF Sébastien Jumel leur a promis une « bataille de tranchées dans l’Hémicycle ».
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