À quelques semaines d’intervalle, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) apprend, d’une part, qu’un élu du Rassemblement National a agressé verbalement une mère accompagnatrice d’une sortie scolaire, lui intimant l’ordre de quitter les lieux du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté au prétexte du foulard qui couvrait ses cheveux et, d’autre part, qu’un attentat commis sur la mosquée de Bayonne par un ancien candidat du Front National, dont est issu le Rassemblement National, a fait deux blessés graves.
En droit, l’étendue du principe de laïcité est claire. Si les agents publics sont tenus de respecter la neutralité de l’État, cette obligation ne concerne en aucune façon le reste de la population qui a le droit d’exprimer dans l’espace public ses convictions, quelle que soit leur pensée, religieuse ou non. Selon le Conseil d’État, les accompagnants de sorties scolaires, n’accomplissant aucune tâche pédagogique, n’appartiennent pas au service public et n’ont donc aucune obligation de neutralité. De plus, il est du devoir de la République de protéger le libre exercice des cultes sans aucune distinction.
L’UJRE condamne avec fermeté ces deux manifestations de haine dont sont victimes des personnes en raison de leurs convictions religieuses et les assure de sa solidarité car elles font partie, en toute égalité, de la seule communauté légitime, de celles et ceux qui vivent en France.
L’UJRE dénonce la campagne antimusulmane dans laquelle ces faits se sont inscrits. Celle-ci trouve ses sources non seulement dans les déclarations du Rassemblement National mais aussi dans les idées, propagées avec la complicité des médias de large diffusion, d’un individu, plusieurs fois condamné pour provocation à la haine raciale, dans des déclarations du ministre de l’Éducation nationale ainsi que dans le concept de « société de vigilance » développé par le Président de la République, ouvrant la porte aux pires abus de la délation.
Cette banalisation de la parole raciste ne peut avoir qu’une seule conséquence : la division introduite parmi tous ceux qui ont intérêt à rassembler leurs luttes car ils appartiennent au même monde : celui de ceux qui vivent de leur travail et ne peuvent rien espérer en dehors de ces luttes. La multiplication future de cette parole raciste ne peut que mener au chaos, voire à la guerre civile.
Nous, Juifs laïques et progressistes, engagés depuis longtemps dans tous les combats contre l’antisémitisme et le racisme, antisémitisme qui vient de se manifester encore ces jours-ci à Lille, sommes bien placés pour savoir ce à quoi peut conduire l’absence de mobilisation contre la parole raciste. Mobilisation chaque jour plus urgente !
Dans l’immédiat, l’UJRE exige la mise en place de mesures tant éducatives que répressives pour éradiquer la parole raciste ainsi que toutes les discriminations.
UJRE
Paris, le 6 novembre 2019
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