
Dans un Venezuela au cœur de la stratégie néo-impérialiste de l’administration Trump en Amérique latine, s’affrontent les questions de légalité et de légitimité dans les différentes mobilisations populaires.
Alors que les forces progressistes arrivées au pouvoir dans de nombreux pays latino-américains n’ont eu de cesse à résoudre les problèmes de pauvreté, d’inégalités, de reconquête et préservation des souverainetés nationales en œuvrant à des types de coopération nouveaux face aux États-Unis, une réalité s’impose : la détérioration économique/sociale issue d’une crise due en partie à des erreurs stratégiques d’un pouvoirvénézuélien qui, au-delà de privilégier la seule richesse du pétrole, n’a su sortir la maîtrise économique des mains d’une bourgeoisie oligarque.
Aubaine pour les spéculateurs de tout genre en quête de renverser un pouvoir bolivarien qui s’est fragilisé en affaiblissant les capacités productives, accélérant sa dépendance sur des produits de première nécessité, qui leur a donné prise pour organiser pénurie, corruption, marchés parallèles, immigration.
C’est sur ces braises que l’opposant Guaido a imposé son coup de force en s’autoproclamant « président légitime ». Offensive couplée d’une ingérence et bataille idéologique extérieure hors norme s’attaquant à la souveraineté populaire, menaçant la paix intérieure du Venezuela, mais également régionale au regard des évolutions au Brésil et en Colombie.
Un facteur unit encore une grande partie de la population, y compris de l’opposition qui ne veulent ni d’une guerre civile, ni d’une intervention étrangère : celui du respect de la souveraineté nationale face à des EEUU qui veulent rayer l’idée de nation et remettre en cause l’unité territoriale du pays. L’armée, pour laquelle Guaido et Trump appellent à lâcher Maduro leur promettant l’amnistie, pour sûr jouera un rôle déterminant dans la crise actuelle où des affrontements massifs sont à craindre.
Le blocus économique décidé par Trump - qui n’en est plus à soutenir un coup d’État mais à l’organiser - dans sa mise en garde dernièrement contre l’impact négatif de mesures coercitives unilatérales, Idriss Jazairy, rapporteur spécial de l’ONU, a déclaré « n’est pas la réponse à la situation politique du Venezuela », en rajoutant : « L’utilisation de sanctions de la part de pouvoirs extérieurs pour renverser un gouvernement élu est en violation de toutes les normes du droit international » et « l’urgente nécessité pour tous les acteurs concernés de participer à un dialogue politique inclusif et crédible pour aborder la longue crise que traverse le pays, dans le plein respect de l’État de droit et des droits humains ».
En ce sens, la reconnaissance de Guaido comme président légitime par les EE UU et certains membres de la communauté internationale, dont la France, contribuent à mettre de l’huile sur le feu. Des voix montent pour la paix : sur 33 pays latinos, seulement 14 reconnaissent Guaido comme président légitime, le Mexique et l’Uruguay ont proposé leur médiation pour aller vers un accord politique de sortie de crise ; une main tendue à laquelle Maduro a répondu positivement tout en proposant de nouvelles législatives sur la base d’un réel débat politique en réponse à l’ultimatum européen. 120 universitaires et intellectuels latino-américains et européens viennent de signer un appel international pour aller vers une solution négociée. C’est le sens du blocage imposé à la requête des Etats-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU par la Russie, la Chine et Cuba, entre-autres dernièrement.
C’est également la voix particulière du PCF qui n’en reste pas à afficher une solidarité de principe avec le gouvernement et Maduro sur la seule base que leur politique proclame la poursuite de la révolution bolivarienne ou parce qu’ils sont dans le viseur de Donald Trump ; mais qui en appelant à favoriser le dialogue prend position sur les faits à l’aune des idées politiques qu’il défend : l’émancipation humaine et sociale, les droits et libertés humaines et politiques, la défense des souverainetés populaire et nationale, la lutte contre les intérêts privés, la criminalité.
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