wénaël Le Paih (SNES FSU Bretagne) et Jean-Marc Clery (FSU Bretagne) dénoncent le manque de transparence de la rectrice. (Photo Philippe Créhange/Le Télégramme)
Alors que les élèves de terminale s’apprêtent à passer le bac, les syndicats d’enseignants s’inquiètent des conséquences du nouveau système sur les élèves.
Ressentir du stress avant de passer le baccalauréat n’est pas une nouveauté. Mais si l’on en croit les syndicats d’enseignants, la mise en place du nouveau système de sélection pour l’enseignement supérieur Parcoursup rajoute une bonne couche d’angoisse. « Le processus anxiogène est beaucoup plus long », relève Gwénaël Le Paih, pour le SNES FSU Bretagne. Et cela se ressent en particulier dans la catégorie des élèves n’ayant toujours pas eu un « oui » définitif à l’un des choix précisé dans l’algorithme.
25 % des lycéens bretons sans affectation
Selon des chiffres compilés par les professeurs, 3 100 élèves, sur les 33 000 concernés par une affectation dans l’académie de Rennes, auraient obtenu un « Oui si ». Et 911 seraient sans aucune proposition d’orientation. « Imaginez dans l’estime de soi quel signal on envoie à ces jeunes », souligne Gwénaël Le Paih. Et si l’on ajoute tous ceux qui sont dans l’attente qu’une place se libère, ce sont environ 8 000 élèves qui sont dans le brouillard aujourd’hui, soit 25 % de l’effectif global de l’académie. « Il y a une pression très forte sur des élèves qui consultent en permanence l’application », confirme Jean-Marc Clery (FSU Bretagne).
On a introduit une logique de sélection alors qu’elle n’a pas lieu d’être
Mais les lycéens ne semblent pas être les seuls dans le brouillard. Leurs professeurs aussi.
« L’académie diffuse assez peu d’informations. Cela fait quinze jours que nous l’interrogeons mais Madame la recteur se refuse à nous donner les chiffres. Il y a une volonté de taire l’information. Or on veut un bilan sincère », dénonce Gwénaël Le Paih.
Des lettres de motivation pas lues
Imaginé pour remplacer le site APB (admission post-bac) jugé trop hasardeux avec son système de tirage au sort, Parcoursup est à ce stade très loin de convaincre les professeurs. « On a introduit une logique de sélection alors qu’elle n’a pas lieu d’être », estiment les représentants syndicaux. Et d’affirmer que les courriers rédigés par les jeunes pour obtenir une fameuse affectation dans l’établissement de leur choix n’ont même pas été lus. « Dans certains établissements, les lettres de motivation n’ont pas été ouvertes car les professeurs manquent de temps ! » Sans compter le peu de valeur pouvant être accordée à des courriers parfois écrits par les parents eux-mêmes, ou des entreprises spécialisées dans l’orientation. « On est tous dans un suraccompagnement du jeune qui est dépossédé de son orientation », juge Gwénaël Le Paih.
En attendant de pouvoir obtenir les vrais chiffres auprès du rectorat, les enseignants alertent surtout les élèves qui n’ont eu que des « non » à leurs demandes : « Qu’ils saisissent la commission académique ! » Car c’est à eux de le faire, pas l’inverse. Or ils ne le savent pas toujours. Aujourd’hui, seuls 130 dossiers seraient instruits par le rectorat.
Le Télégramme, 11 juin 2018
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