Indigestion de canons
J'ai pu suivre hier un documentaire sur la chaîne LCP relatif à l'affaire Sarkozy, "le Dictateur et le Président". J'en tire une première impression, celle de ce pouvoir hallucinant qu'on donne aux présidents, notamment celui de déclarer des guerres comme on jouerait au poker.
Les conséquences désastreuses que nous connaissons aujourd'hui, nous les subissons sans que le président en exercice ait eu à rendre des comptes, sauf sur un soupçon de corruption, grave certes, mais moins encore que l'irresponsabilité. N'oublions pas que Sarkozy a fait une guerre sous couvert de l'OTAN, force de frappe d'une puissance dite "occidentale" qui croie pouvoir encore régenter les équilibres géopolitiques comme au bon vieux temps de la colonisation. Certes Kadhafi était un dictateur, comme bien d'autres qui ont servi de couverture pendant la guerre froide pour empêcher l'émancipation des peuples d'Afrique et du Moyen-Orient. Les couvertures ont été en partie débarquées, et elles ont laissé un champ de ruine et de désolation en prime dans lequel les dites "Grandes" puissances se disputent le leader sheap sans aucun égard pour les populations.
Les champions de l'OTAN préfèrent, pour ces pays, la misère et son contrôle, sous une forme ou une autre, que le développement et la sortie du mouroir. C'est sur ce terreau de douleur que se propage l'islamisme, notamment en Libye et aux alentours et a fortiori, dans le monde entier, partout où les frustrations ne trouvent pas la sortie d'un tunnel de plus en plus étroit et étouffant.
Et si on choisissait la vie
Si nous voulions tuer ce mal à la racine, plutôt que de se lamenter sans rien pouvoir faire d'autre que de crier "vengeance" comme on ferait pipi dans un violon, il faudrait remettre en cause cette logique et couper les vivres aux marchands de canons, notamment français, qui prennent les peuples en otage pour faire leurs courses monstrueuses. Ainsi, plutôt que de dépenser des fortunes pour la tuerie, on les consacrerait au développement d'un monde affamé et esclavagisé qui, demain, demandera des comptes avec raison.
Raison de plus, aussi, pour accueillir dignement les migrants qui fuient le cadre d'une impossibilité de vivre dans laquelle nos gouvernants ont une responsabilité majeure, même si elle n'est pas unique. Et c'est par cet accueil digne que nous pourrions recréer des liens vertueux dans un esprit de solidarité avec le monde dont ils sont issus et qu'il faut aider sur des bases de coopération entièrement nouvelles, où les citoyens devraient avoir leur mot à dire et l'État une vraie responsabilité à tenir.
La barbarie n'est pas une "vertu" occidentale. L'Occident n'est pas le dernier de la classe en la matière. C'est l'inventeur de l'Holocauste, ne l'oublions pas. A la croisée des chemins d'une humanité qui n'arrive pas à sortir de ses réflexes prédateurs, imposons la citoyenneté mondiale contre les replis, qu'ils soient identitaires ou religieux. Mine de rien, c'est plus qu'une question de survie, c'est une question de vie tout simplement.
Yvon Huet, 28 mars 2018
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