Réforme de l'Université et du Lycée :
oui au droit à l'éducation et à la réussite pour tous, non à la sélection sociale !
1,6 million : c'est le nombre d'étudiants inscrits à l'université à la rentrée 2016-2017 : soit +1,9 % par rapport à l'année précédente
11 %: la part d'enfants d'ouvriers à l'université. 2,7 %: leur part dans les classes préparatoires et grandes écoles
30 % la part d'enfants de cadres supérieurs à l'université. 50 %: leur part dans les classes préparatoires et grandes écoles.
La nouvelle plateforme d'orientation des bacheliers, ouverte le 15 janvier, et la réforme, après le rapport de la mission Mathiot, engagent des changements minutieusement calculés. Au menu : sélections et inégalités accrues. Un autre modèle ségrégatif d'enseignement se profile.
Exit donc l'admission postbac (le trop fameux APB), l'algorithme qui laissait, en juillet dernier, 87 000 bacheliers dans le brouillard. Et qui faisait pleurer dans les chaumières des élèves se retrouvant sans affectation. La faute à pas de chance lors de la grande loterie, carrément injuste certes, mais pourtant marginale. Pas possible de faire pire ? Pas si sûr…
Les lycéens auront jusqu'au 13 mars pour formuler 10 voeux non hiérarchisés. Des choix accompagnés d'une « fiche avenir » remplie par l'établissement.
Bulletins de notes, avis du conseil sur les choix d'orientation, lettre de motivation devront satisfaire les « attendus » que les universités publieront sur Parcoursup (un document de 48 pages que les lycéens vont éplucher avant de formuler leurs vœux). Côté fac, on se doit d'étudier chaque dossier (lire entretien page 25) et de répondre « oui », « non », « en attente » ou « oui si » sous réserve d'une remise à niveau.
Car les « filières sous tension » (les plus demandées) peuvent poser leurs conditions. En psychologie, comme dans beaucoup de licences, il faut bien voire parfaitement maîtriser l'anglais. Manque de chance, tout le monde ne peut pas se payer des séjours linguistiques ou des cours privés. Il faut aussi être bon dans les disciplines scientifiques, en français ou en histoire...
Pour Frédérique Rolet, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, l'affaire coule de source : il s'agit de dissuader trop d'élèves de vouloir devenir étudiants, « de barrer la route aux élèves qui seront jugés les plus fragiles », plutôt que de donner les places et les moyens nécessaires à l'accueil des 40 000 futurs étudiants supplémentaires encore attendus la rentrée prochaine. Tout est dit.
La réforme en gestation du lycée ne fera que renforcer la sombre histoire. Un de ses objectifs essentiels est la suppression de milliers de postes d'enseignants. Déjà, cette année, 2600 postes ont été supprimés à l'éducation nationale alors que les effectifs sont stables dans l'enseignement secondaire public.
En prévision, la fin des séries S, ES et L. L'instauration d'un lycée modulaire dès le deuxième semestre de la seconde avec un système de matières majeures et mineures qui démultiplie des parcours sorte de lycée à la carte.
Le nouveau bac prévoit une épreuve en français en première et quatre épreuves finales en terminale : deux épreuves écrites dans les disciplines majeures inscrites dans des parcours, deux épreuves universelles, une épreuve écrite de philosophie et un grand oral sur la base d'un mini-mémoire interdisciplinaire.
Avec ce nouveau bac, on risque d'ouvrir une foire d'empoigne et une guerre des disciplines, de nombreux postes de professeurs de sciences sont menacés notamment.
Les élèves dont le milieu socioculturel le permettra sauront choisir les parcours les plus valorisants et la hiérarchie des parcours sera d'autant plus forte. »
La loi sur la sélection à l’université participe de la même logique que celle de la réforme du baccalauréat, individualisant les parcours et triant les jeunes dès leur plus jeune âge. Elle s’insère dans le projet global que mène Macron d’adaptation aux besoins du capital financier.
Les parlementaires communistes ont déposé un recours contre ParcoursSup au conseil d'etat.
En effet, selon le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, les réformes de l'accès aux universités et du bac vont conduire à une « sélection sociale » accrue :
« Ce qui va peser demain dans le dossier des candidats, c’est le lieu où vous habitez, le lycée où vous avez fait votre parcours, vos activités sportives et artistiques et les réseaux de papa et maman » met en garde Pierre Ouzoulias.
Avec ce projet, quelques universités mieux loties attireront les « meilleurs » éléments, tandis que les autres seront condamnées à accompagner les plus défavorisés... à moyens constants voire en baisse alors que le nombre d’étudiants ne cesse de grandir. Avec comme conséquences inéluctables, la dégradation du service public national d’enseignement supérieur et de recherche.
Une raison qui a poussé le groupe communiste du Sénat à déposer un recours contre l’arrêté gouvernemental devant le Conseil d’État.
« L’objectif du bac est de rendre toutes et tous égaux et égales devant le diplôme. Un diplôme anonyme passé de façon nationale et qui donne les mêmes chances à chacun et chacune », renchérit-il. Et d’ajouter : « Avec la réforme telle qu’elle est le bac n’existe plus. Le bac sera simplement un petit examen de confirmation. »
• 110 000 étudiants nouveaux dans les 5 dernières années et le budget par étudiant a baissé de 10%.
• Il faudrait au minimum un milliard d’euros pour l’augmentation du nombre d’étudiants chaque année.
• Cadeaux faits aux ultra-riches : 3 milliards € de baisse de leur Impôt sur la fortune.
• Crédit Impôt Recherche : 5 milliards €.
• CICE, impôt sur les sociétés… des cadeaux aux entreprises par milliards sans effet sur l’emploi et l’économie
• évasion fiscale : 80 milliards €..
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