Dans les années 1980, l'obligation faite aux prisonniers politiques de la junte militaire turque de porter un uniforme avait entraîné des vagues de grève de la faim, symbolisant la dérive de la dictature de Kenan Evren. Le 24 décembre 2017, veille de Noël, Recep Taypi Erdogan a lui aussi fait publier un décret prévoyant d'imposer des uniformes spécifiques à certains prisonniers: marron pour ceux accusés d'avoir participé à la tentative de putsch de juillet 2016, gris pour ceux qui le sont de lien avec le terrorisme. Selon Reporters sans Frontières (RSF), "plus de 58 000 détenus" dont des "dizaine de journalistes" sont également concernés par cette mesure qui devrait entrer en application d'ici un mois. Tous les prisonniers devront porter l'uniforme lors de leurs apparitions publiques, "au mépris de la présomption d'innocence" s'indigne encore RSF qui demande l'abrogation d'un décret participant "à la dérive de la justice turque vers un instrument de vengeance politique".
L'Humanité Dimanche, 4-10 janvier 2017
Erdogan à Paris : Une provocation et un outrage (PCF)
L'annonce de la visite du président turc Erdogan à Paris, le 5 janvier 2018, tonne comme une provocation. Elle se déroulera la veille d'une manifestation commémorant l'assassinat de trois militantes kurdes il y a cinq ans. La justice française avait pourtant mis en évidence l'implication des services secrets turcs dans ce crime.
La rencontre entre Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan constitue un nouvel outrage à l'égard des familles des victimes et des Kurdes qui subissent une impitoyable guerre meurtrière. Les parlementaires et les maires du HDP ont vu leur immunité levée, ont été destitués et croupissent désormais en prison après avoir été condamnés dans des procès iniques.
La Turquie d’Erdogan est dans une situation de chaos, dans une fuite répressive permanente.
L'opposition est réduite au silence tandis que des purges gigantesques peuplent les prisons. La politique est devenue un champ de vengeance dans lequel des milices islamo-fascistes jouissent de l'impunité pour tuer et lyncher ceux qui protestent encore.
Comment dans ces circonstances affirmer que la Turquie demeure "un partenaire essentiel" ? Le devoir de la France est d'être aux côtés des défenseurs des droits humains en Turquie.
Le PCF condamne la visite du dictateur R.T. Erdogan et exprime sa solidarité totale avec tous les démocrates de Turquie. Il appelle à faire de la manifestation du 6 janvier 2018 à Paris un succès pour que Vérité et Justice soient rendues à Leïla, Sakine et Rojbin.
Parti communiste français,
Le 2 janvier 2018.
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