Marie-Line Quéau.
Pour sa 40e édition, qui démarre demain pour s'achever samedi 26 août, le festival de cinéma de Douarnenez s'ouvre sur un thème d'actualité, celui des frontières.
« Depuis 1978, le festival accueille des peuples minorisés en lutte. Pour cette édition anniversaire, le thème est venu assez naturellement. Identités, migrations, frontières... Toutes les éditions ont abordé cette question, plus que centrale aujourd'hui. Une question compliquée, reconnaît Yann Stéphant, directeur de ce festival de cinéma militant. À Douarnenez, nous avons souvent reçu des peuples comme les Kurdes ou les Sahraouis, qui sont des peuples sans États ». Emblématique des questions qu'elle pose, la frontière entre le Mexique et les États-Unis sera à l'affiche à Douarnenez. En cinéma et en parole politique. Également au programme, les Balkans, comme route de migrations mais aussi comme territoire où de nouvelles frontières se dessinent. Il y aura un zoom sur la Guyane, cette improbable porte de l'Europe en Amérique du Sud. Et un plan large sur la frontière israélo-palestinienne. Sur ce sujet, le festival assume son parti pris, plutôt pro-palestinien. « En cohérence avec notre postulat, qui est le respect des droits humains », explique son directeur.
Les droits humains d'abord
Illustration avec certains invités, comme Cédric Herrou, agriculteur dans la vallée de la Roya, lieu frontière entre la France et l'Italie. « Il en est devenu la figure médiatique pour avoir fait oeuvre de solidarité, de la manière la plus simple qui soit.
Juste en accueillant et en donnant de la nourriture, rappelle Yann Stéphant. Il sera parmi nous, si son actualité judiciaire le permet. Aujourd'hui, on assiste en effet à une volonté de criminaliser ceux qui portent simplement assistance à personne en danger, notamment en les assimilant à des passeurs, comme en Méditerranée. À Douarnenez, nous avons tissé des liens forts avec l'association SOS Méditerranée, avec des sauveteurs comme avec des sauvés. Ils seront là aussi ».
« L'encampement » du monde
« Nous verrons des films très impressionnants sur les gens traités comme du bétail dans les grands corridors entre les frontières, souligne Yann Stéphant. Et justement, l'anthropologue Michel Agier viendra parler de la notion d'encampement du monde, de la frontière habitée, de ces nombreuses zones de passage qui sont devenues des zones de vie, sans avoir été conçues pour l'être, comme à Calais ou à Idoméni, en Grèce. La frontière, c'est aussi un lieu de rencontres, d'altérité. Nous aurons des témoignages de personnes qui y ont vécu et de nombreux films retraçant le parcours de migrants. Les migrants sont des combattants et ceux qui les aident aussi. Ce sont des aventuriers qui ont des histoires extraordinaires à raconter ».
Pratique
Programmation complète à consulter sur www.festival-douarnenez.com
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