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15 juillet 2017 6 15 /07 /juillet /2017 11:02
Pesticides, risque de remise en cause gouvernement des insecticides néo-nicotinoïdées tueurs d'abeilles: les apiculteurs s'alarment (Le Télégramme, Aurélien Defer - 15 juillet 2017)

Article Aurélien Défert - Le Télégramme Lannion - 15 juillet 2017

 

Le 20 juillet 2016, le Parlement votait l'interdiction des pesticides «tueurs d'abeilles» en France. Un an plus tard, cette mesure ne fait pas l'unanimité au gouvernement, même si le Premier ministre a confirmé sa mise en oeuvre.

À Lannion et dans les Côtes-d'Armor, les apiculteurs s'alarment d'un possible retour en arrière.

 

« Les abeilles sont le vecteur fondamental de la pollinisation, il faut les protéger. » Jean Roncin, ancien agent sanitaire apicole et aujourd'hui apiculteur amateur à Perros-Guirec, est inquiet. Comme bon nombre de ses collègues en Bretagne, il s'alarme des dissensions au sommet de l'État sur l'interdiction de certains pesticides réputés « tueurs d'abeilles ».

Débat sur les insecticides

 

Il y a environ un an, était voté le projet de loi sur la Biodiversité à l'Assemblée nationale. Parmi les décisions phares, le bannissement définitif des néonicotinoïdes. Une mesure qui prendra normalement effet le 1er septembre 2018, avec une réserve de dérogations jusqu'en 2020.

Mais près d'un an après ce vote, le nouveau ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, a dit envisager un retour en arrière. Interrogé sur le plateau de RMC le 26 juin 2017, il a affirmé vouloir réautoriser ces insecticides « afin que nos producteurs puissent continuer à travailler dans de bonnes conditions », sans insectes nuisibles.

Une déclaration qui a fait réagir Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, fermement opposé à l'usage de ces produits. Le Premier ministre a fini par trancher, affirmant que le gouvernement ne reviendrait pas sur ce point. Pourquoi une telle agitation dans la ruche d'Édouard Philippe ?

Ces substances chimiques toxiques ne sont pas destinées aux abeilles. Les agriculteurs visent les insectes nuisibles à leurs récoltes : pucerons, foreurs, criquets... Les molécules de la famille des néonicotinoïdes, très utilisées dans l'agriculture, vont perturber le système nerveux de leurs cibles, provoquant un état de paralysie, puis la mort.

 

« Les abeilles ne reviennent pas »

 

Les producteurs usent de ces produits neurotoxiques par pulvérisation ou épandage. Pour mieux se défendre contre les insectes herbivores, les plantes absorbent alors les molécules. Mais les pollinisateurs, venus butiner, y sont aussi exposés. D'autant plus que ces substances agissent comme un véritable piège. Les abeilles sont davantage attirées par les plantes néonicotinoïdées.

Dans les Côtes-d'Armor, l'association GDSA 22 (Groupement de défense sanitaire apicole) se mobilise pour améliorer les conditions de santé des abeilles. Christian Guespin, son président, constate qu'« un certain pourcentage d'abeilles ne revient pas à la ruche. Une proportion en hausse en Bretagne », remarque-t-il, pointant une part de responsabilité des pesticides.

 

« Décision tardive »

La loi sur la Biodiversité, efficace à partir de septembre 2018, interdira l'utilisation de toute substance de la famille des néonicotinoïdes. Trop tard, aux yeux de Jean Roncin : « Le mieux serait tout de suite ». Également apiculteur, Christian Guespin note une certaine « inertie » des pouvoirs publics sur les problématiques environnementales, notamment à cause de la « pression des lobbies de l'industrie chimique ». Pour l'heure, il recommande à ses collègues d'éviter d'installer des ruches à proximité d'exploitations agricoles utilisant des pesticides.

L'utilisation de ces insecticides, Christian Guespin la condamne fermement. Il considère que c'est un grave frein au processus pollinisateur : « Renoncer aux abeilles, c'est se diriger droit vers un énorme désordre végétal ».

Malgré la décision définitive du Parlement sur l'interdiction des néonicotinoïdes, le président du GDSA 22 s'inquiète. « Par quoi seront-ils remplacés ? Depuis 40 ans, on a connu les organochlorés, les organophosphorés, les néonics. Et après ? »

Malgré une nette baisse du nombre d'agriculteurs en France, la Bretagne reste une des régions ayant le plus d'exploitations. D'autre part, selon une enquête de 2016 de Cash Investigation, 5.197 tonnes de pesticides classés dangereux sont utilisés en Bretagne chaque année.


 

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