L'Assemblée nationale a adopté cette nuit la prolongation de l'état d'urgence jusqu'au 15 juillet à une large majorité. Une décision motivée par le risque d'un attentat terroriste qui reste très élevé alors que des élections présidentielle et législative sont prévues au printemps.
Adoptée par 288 voix contre 32, et cinq abstentions, la prolongation de l'état d'urgence devrait être votée conforme demain, jeudi au Sénat afin d'éviter une interruption automatique de l'état d'urgence le 22 décembre, quinze jours après la démission du gouvernement Valls.
La très grande partie de la majorité et de l'opposition ont voté pour. Seuls les députés Front de gauche, les écologistes contestataires et une poignée de députés LR ont voté contre.
La France connaîtra ainsi sa plus longue période d'état d'urgence ininterrompue - 20 mois - depuis la création de ce régime d'exception pendant la guerre d'Algérie. L'état d'urgence est en effet entré en vigueur après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Durci par le Parlement depuis un an, le régime permet des assignations à résidence, perquisitions administratives, interdictions de cortèges, contrôles d'identité et fouilles de bagages et de véhicules, fermetures de lieux de réunion...
Le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a souligné en préalable que « pèse aujourd'hui sur la France un risque terroriste d'un niveau extrêmement élevé ». Depuis la dernière prolongation votée peu après l'attentat de Nice, « nous avons déjoué pas moins de 13 attentats, impliquant une trentaine d'individus », a-t-il plaidé.
Avec de multiples rassemblements publics, le successeur de Bernard Cazeneuve a fait valoir que « l'intense période électorale dans laquelle nous entrons accroît encore le risque de passage à l'acte des terroristes ».
En cette période, a jugé le nouveau président du groupe PS Olivier Faure, « si le pire advenait après une levée préalable de l'état d'urgence, il serait forcément instrumentalisé par l'extrême droite pour en appeler à un changement de régime ».
Vu le calendrier serré, le groupe LR n'a pas cherché à durcir le texte comme en juillet et réservera ses amendements « pour réarmer la Nation », selon Guillaume Larrivé, pour le dernier projet de loi sécuritaire du quinquennat modifiant les règles de la légitime défense pour les forces de l'ordre, qui sera débattu en janvier.
Une poignée de députés LR n'ont cependant pas soutenu cette prolongation, comme Pierre Lellouche, pour lequel « l'état d'urgence n'a pas permis d'empêcher des attentats ».
La principale contestation est venue des députés Front de gauche, écologistes non inscrits ou ex-PS. L'écologiste Cécile Duflot a déploré « une forme de résignation et d'habitude à débattre de mesures exceptionnelles », se demandant « quel gouvernement osera mettre fin à cet état d'urgence » et dans quelles « mains » il risque de tomber.
Malgré les nombreuses critiques, l'état d'urgence maintenu dans sa forme la plus répressive
http://www.huffingtonpost.fr/2016/12/12/malgre-les-nombreuses-critiques-letat-durgence-maintenu-dans/
commenter cet article …