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12 novembre 2016 6 12 /11 /novembre /2016 09:31
Après 30 ans d'essais, le FN réussit la greffe de ses idées sur la police (L'Humanité, 9 novembre 2016)
Après trente ans d’essais, le FN réussit la greffe de ses idées sur la police
GRÉGORY MARIN
MERCREDI, 9 NOVEMBRE, 2016
L'HUMANITÉ

Le parti de Marine Le Pen avait tenté de créer un syndicat dans la police dans les années 1990. Il n’en a plus besoin : dans les manifestations de policiers rejetant syndicats et politiques, on reprend à pleins poumons ses slogans, et 66 % de la profession pourrait voter Le Pen en 2017.

Le malaise qui couvait depuis longtemps chez les policiers, s’appuyant depuis plusieurs années sur un manque de moyens, matériels et humains, a donc glissé vers la radicalisation d’extrême droite. Certes, le syndicat Alliance tirait déjà très à droite la réflexion syndicale, et donc ­politique, de la profession (élargissement de la légitime défense, lutte contre le « laxisme » judiciaire…), mais jusqu’ici donnait un cadre légal aux revendications policières. La transformation de la contestation en mouvement « asyndical » – le mot a plusieurs fois été employé –, dans une profession où le taux de syndicalisation atteint pourtant 49 % (1), a changé la donne.

Slogans haineux  qui ciblent les banlieues

L’ancien conseiller spécial de Marine Le Pen en 2012, Michel Thooris, lui-même secrétaire général du syndicat France Police (0,95 % aux élections professionnelles selon le ministère de l’Intérieur), a salué avec bienveillance ces actions comme des « manifestations spontanées ou improvisées, ­marquées par un rejet de l’establishment, des syndicats majoritaires et des politiques ». L’exacte réplique des propos du porte-parole autoproclamé des premières manifestations policières, le très médiatisé Rodolphe Schwartz, dont on s’est aperçu plus tard que s’il était bien militant FN (il a été sur la liste de Wallerand de Saint-Just pour les élections régionales d’Île-de-France), il n’était plus policier mais agent de sécurité en grande surface…

Le Front national jure n’avoir aucun lien avec ce mouvement. Officiellement, s’il affiche un « soutien sans faille », soulignait un communiqué de son vice-président, Florian Philippot, le 18 octobre, c’est que ces actions révèlent pourtant fort opportunément des préoccupations très proches des siennes. À tel point que dans les cortèges, surtout fréquentés par de jeunes fonctionnaires, on entend les slogans les plus haineux, révélait le 6 novembre le site antifasciste Rebellyon. info. Aux cris de « Français réveille-toi, tu es ici chez toi » ou du classique frontiste « On est chez nous », les policiers réclamaient le vendredi précédent, dans les rues de Lyon, « le ménage dans nos banlieues »…

Entre mobilisations policières « improvisées » et accueil des réfugiés, le Front national capitalise sans effort. Les résultats de la vague 6 de « l’enquête électorale française » du Centre de recherches politiques de Sciences-Po (Cevipof), livrée lundi, sont édifiantes : 66 % des policiers s’apprêteraient à voter pour Marine Le Pen (20 points de plus qu’en 2012), même s’ils sont « seulement » 51 % à penser que « le FN est le meilleur parti pour régler les problèmes de la France ». Car le parti d’extrême droite joue sur les deux tableaux : d’une part, il dénonce le « laxisme inouï des gouvernements successifs », Valls-Hollande compris, tout en demandant « la reconstitution intégrale des effectifs de police et de gendarmerie détruits sous le mandat de Nicolas Sarkozy »… jusqu’alors candidat préféré des policiers.

Ce parti instrumentalise la situation économique

Le FN joue sur du velours, s’appuyant sur « la combinaison de valeurs politiques orientées et d’une situation économique difficile dans les catégories les moins qualifiées de la fonction publique », notait Bruno Cautrès, chercheur au CNRS, dans le Huffington Post, le 19 octobre. Depuis 1998, et l’invalidation par la Cour de cassation du FN-Police (pourtant reconnu par Jean-Louis Debré, le ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac) au motif qu’il diffusait « l’idéologie d’un parti politique », il n’aurait pu rêver meilleure implantation à l’approche des élections présidentielle et législatives.

(1) Selon la Dares, service statistique du ministère du Travail.
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