Héros de la lutte contre le nazisme, pourfendeur de l’austérité, le résistant grec s’est éteint hier, à l’âge de 97 ans. Retour sur une vie de résistance.
Du combat contre l’occupant nazi à la révolte contre la dictature austéritaire, nul mieux que lui n’incarnait, en Grèce, l’esprit de résistance. Manolis Glézos s’est éteint hier à l’âge de 97 ans dans un hôpital d’Athènes, emporté par une infection, et l’on repense au jeune homme de 18 ans qui, avec son camarade Apostolos Santas, osa décrocher, dans la nuit du 30 mai 1941, le drapeau hitlérien qui flottait sur l’Acropole. Signal de rébellion contre la barbarie, qui fit de lui, disait de Gaulle, « le premier résistant d’Europe ». Des geôles de l’occupation à la traque des communistes durant la guerre civile et sous la dictature des colonels, il fut deux fois condamné à mort ; jamais il ne courba l’échine, toujours mû par l’idéal d’un socialisme démocratique. Élu député, puis eurodéputé sous l’étiquette Pasok dans les années 1980, il avait finalement retrouvé son camp, au tournant des années 2000, en menant la liste de Synaspismos, la coalition de la gauche, aux élections législatives.
Contre la «dette odieuse»
Élu député de Syriza en 2012, il retrouvait deux ans plus tard sous les mêmes couleurs les travées du Parlement européen, pour dénoncer avec pugnacité les effets désastreux de l’ajustement structurel imposé à son pays. De cette tribune, il fustigea la « dette odieuse » et plaida sans relâche pour le remboursement des sommes dues par Berlin, entre réparations de guerre jamais honorées et « prêts forcés » imposés à Athènes par les nazis sous l’occupation. « Ce n’est pas nous qui devons de l’argent aux Allemands, ce sont eux qui nous en doivent », répétait-il, estimant le montant du litige à 1 000 milliards d’euros, trois fois la dette grecque.
«La seule solution, c’est la liberté»
Manolis Glézos n’était pas un homme d’arrangements. À l’été 2015, lorsque, défait, Alexis Tsipras se résigna à apposer sa signature au bas d’un troisième mémorandum d’austérité, il claqua la porte de Syriza, avec des mots durs pour le gouvernement de gauche et son chef, Alexis Tsipras : « D’aucuns prétendent que, pour obtenir un accord, il faut savoir céder. En tout premier lieu, entre l’oppresseur et l’oppressé, il ne peut être question de compromis, tout comme cela est impossible entre l’occupé et l’occupant. La seule solution, c’est la liberté. » Avec ses yeux clairs et ses cheveux blancs en bataille, l’enfant de Naxos était une figure tutélaire de la gauche et, pour tout le peuple grec, un repère ; seuls l’abhorraient les néonazis d’Aube dorée. L’antienne de ce lutteur : « Nous devons sortir de l’esclavage du capital. » Les événements présents lui donnent cruellement raison.
MANOLIS GLEZOS, DISPARITION D'UN GEANT
Immense tristesse d'apprendre le décès du grand patriote grec, résistant au Nazisme de la première heure qui, en 1941, osa installer le drapeau de son pays au sommet de l'Acropole d'Athènes, ce qui lui valut d'être qualifié de "premier résistant d'Europe" par le général de Gaulle. Manolis Glezos fut toute sa vie un responsable fondamental de la gauche en Grèce, député de son pays, puis député européen. Il était un homme politique de grande culture, un combatif, un camarade, un internationaliste de toujours. Il avait 97 ans... Jean-Emmanuel Ducoin
LE #PCF REND UN HOMMAGE ÉMU AUX COMBATS ET A LA MÉMOIRE DE MANOLIS GLEZOS, DÉCÉDÉ AUJOURD'HUI A L'AGE DE 97 ANS
Il restera dans les mémoires pour avoir, avec son ami et camarade Apostolos Santas, arraché le drapeau nazi de l'Acropole dans la nuit du 30 au 31 mai 1941. Ce geste demeure le symbole de la résistance du peuple grec et des peuples européens contre la barbarie nazie.
Il a ensuite participé à tous les combats de la gauche grecque, de la résistance à la guerre civile, du combat contre la dictature et pour la démocratie à celui contre le diktat que les classes dirigeantes européennes ont imposé à la Grèce, que ce soit comme militant, comme député ou comme député européen. Condamné trois fois à mort, condamné à des peines de prison à 25 reprises, ayant passé 16 ans de sa vie en prison ou en exil, tout cela n'a entamé ni sa volonté de combattre, ni son optimisme.
Dans un de ces derniers discours, il racontait ce que les résistants grecs se récitaient la veille de leur exécution: «Et quand vous boirez du vin, vous en boirez aussi pour moi. Et quand vous entendrez les vagues éclabousser, vous l'entendrez aussi pour moi. Et quand vous entendrez le vent traverser les feuilles, vous l'entendrez aussi pour moi. Et quand vous danserez, vous danserez aussi pour moi!».
Ses combats pour la démocratie et la justice sociale restent les nôtres.
Le PCF adresse ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à tous ceux qui ont milité avec lui.
PCF - Parti Communiste Français
Paris, le 30 mars 2020
commenter cet article …