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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 21:42

2015, c'est pas l'extase! 


Nous étions Yann Guéméné (élu du Front de Gauche à Plouégat Guérand) et moi à la cérémonie des vœux de Morlaix Communauté, associant pour la première fois, et c'est une bonne chose, personnels, élus, responsables associatifs, acteurs du monde économique. 
Quelques minutes auparavant, nous apprenions que la prise d'otage dans le supermarché casher du cour de Vincennes à Paris par un complice djihadiste des assassins de la rédaction de Charlie Hebdo, avait fait quatre morts. Quatre victimes de l'islamisme radical et de son antisémitisme révoltant. 

Voeux MX CO 09.01.15 (1)
Voeux MX CO 09.01.15 (3)
Voeux MX CO 09.01.15 (5)
photos Pierre-Yvon Boisnard

Épilogue terrible d'une journée terriblement angoissante. 
Les trois intervenants du jour, Nathalie Bernard, maire de Plougasnou, Jean-Luc Fichet, président de la communauté d'agglomération de Morlaix, Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction Publique et de la Réforme territoriale, ont eu chacun à leur manière des propos sincèrement émus et porteurs d'idées républicaines fortement rappelées par rapport aux événements terribles qui ont frappé Charlie Hebdo et la région parisienne. 
Le reste des propos a été instructif parfois, mais moins emballant quant au contenu. 
Nathalie Bernard, dans un discours où il était peu question de politique et de baisse de dotations, a vanté les atouts économiques et les charmes indéniables de sa commune maritime en appelant la Communauté à lancer la réalisation d'un projet de port de plaisance en concertation avec les acteurs locaux et en tenant compte des contraintes environnementales. 
Jean-Luc Fichet a été assez sobre sur les réalisations de Morlaix-Communauté (maison Pennanault, PEM...) et peu loquace sur l'annonce des projets du mandat (encore en cours de définition, il est vrai, dans un contexte très contraint): il a annoncé qu'il assumait complètement la nécessité de devoir réduire les dépenses publiques et qu'il fallait travailler sur les mutualisations, les priorités communautaires, et surtout ne pas engager Morlaix Communauté a suppléer auprès des communes d'autres financeurs qui auraient moins de moyens en période d'austérité. Il a dit sa pensée pour les salariés de Tilly, rendu hommage à l'engagement de la CCI dans le projet de reprise, dit que l'Etat n'abandonnerait pas la centaine de personnes qui ont perdu leur emploi, avec une cellule de reclassement confiée à un cabinet privé hébergé par Morlaix-Communauté. Il a félicité Jo Le Mer, le monde de l'entreprise et des acteurs économiques qui rendent possible le développement du territoire.  On a moins entendu parler des salariés qui produisent les richesses, y compris à Gianoni. Il a dit qu'il voyait sa tâche comme le moyen d'assurer le développement de la région de Morlaix entre la métropole brestoise et le pôle de Lannion, dans un contexte où il fallait trouver une place pour chacun.  
Marylise Lebranchu, la voix éraillée par une rhino-pharyngite, était visiblement affectée par les épisodes dramatiques des deux derniers jours. D'abord des mots lyriques et un peu ronflants, avec un ton en décalage, sur la France éternelle qui a donné les droits de l'homme et la liberté au monde (il y a la Révolution certes, mais le reste: la colonisation, la gégène, la duplicité néo-coloniale, Vichy, la répression contre les ouvriers...), et dont tout le monde reconnaît quand elle est touchée qu'à travers elle c'est la démocratie et l'esprit des lumières eux-mêmes qui sont touchés.  Madame la ministre a eu des paroles plus sèches et laconiques pour dire qu'elle assumait pleinement et justifiait pleinement la politique économique et sociale du gouvernement, même si elle la sait très impopulaire, même si elle aurait préféré avoir des bonnes nouvelles à annoncer. Les 50 milliards de baisse des dépenses publiques, la politique de l'offre par l'augmentation des profits patronaux et la baisse de la fiscalité sur les entreprises, le CICE, les 13 milliards de baisse de moyens pour les collectivités, tout cela est pour elle un tournant difficile certes, mais qu'elle juge nécessaire. "On aurait dû expliquer en juillet 2012 que c'était ça (c'est dire la politique d'austérité et pro-patronale) ou la situation de la Grèce", a t-elle même dit, employant exactement, contre l'évidence de la montée continue du chômage, de la pauvreté et de la dette publique, la propagande des libéraux et de la droite. Oubliant d'ailleurs que la Grèce s'est trouvé dans cette situation avec une politique de droite, puis une politique incompétente du Pasok.  
Enfin, nous a t-elle dit, la pilule est dure à avaler, c'est vrai, mais consolez-vous en vous disant que ça aurait pu être pire avec l'UMP qui voulait tripler la baisse des dépenses sociales et publiques. Manière de dire qu'avec le PS, on nous fait les poches, avec un peu moins de jusqu'au-boutisme. Cela ne change pas beaucoup du premier mandat de Sarkozy, mais ça aurait été pire avec son second mandat. 
L'heure n'était pas aux états d'âme. La réforme territoriale, elle va passer au Sénat avec un peu de pédagogie et même sans majorité: les élus vont comprendre la nécessité de la montée en puissance de l'inter-communalité et de la disparition ou marginalisation de beaucoup de communes, des départements devenus simples guichets du social (comment dire, comme Marylise Lebranchu l'a fait, qu'ils sont à la pointe de la "Réparation" - de quoi, d'une politique économique capitaliste et brutale? - et de la Solidarité, "si nécessaire pour lutter contre ce qui s'est passé cette semaine" - et leur retirer des milliards pour fonctionner, plusieurs dizaines de millions pour le budget du Finistère., alors même que les besoins sont les mêmes ou augmentent: RSA, aide à l'enfance et aux plus démunis, APA, vieillissement, culture, éducation.. ), et des régions initiatrices de politiques économiques, récupérant l'université, la formation professionnelle.  
On est sorti de cette brève allocution de Marylise Lebranchu en se disant qu'elle ne se faisait aucune illusion sur ce que le pays pensait de la politique que Hollande et son gouvernement conduisent, et sur les déroutes électorales cuisantes qui attende encore le ¨PS, mais qu'elle n'a plus d'autre choix, en dehors d'une démission ou d'une révolte bien tardive, que de revendiquer en quelque sorte le TINA de Tatcher: "il n'y a pas d'autre politique possible, on s'en est rendu compte à notre détriment". La renonciation et la déroute du socialisme complètement vampirisé par le néo-libéralisme, le monde de la finance, tout cela se vit sans trop de douleur sous les ors de la République, quand on est au pouvoir, même dans la demi-impuissance, et loin de ceux qui sont en première ligne dans le rapport aux inégalités, au travail aliéné et exploité, au chômage, à la pauvreté, aux besoins non satisfaits, aux services publics abîmés. 
Pour ma part, malgré l'ambiance d'union sacrée et l'émotion de ses premières paroles, sans antipathie aucune pour Mme Lebranchu et plutôt courtois de tempérament, je n'ai vraiment pas pu applaudir ce discours d'auto-légitimation peu convaincu et presque désabusé. 

Ismaël Dupont.
Ouest-France 10-11 janvier 2015 (1)
 
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