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Depuis quelques semaines, un parfum de fébrilité traverse les sommets de l’économie française. De grands patrons prennent la parole. Les organisations patronales viennent même d’annoncer un grand meeting, leur dernier remonte à 1982 ! Quel en est le déclencheur ? Une proposition de taxe conçue par l’économiste Gabriel Zucman, qui vise à faire contribuer plus justement les ultra-riches. Pour Nicolas Dufourcq, « c’est communiste en réalité », pour Bernard Arnault, il y a là une « volonté de mettre à terre l’économie française ». Cette fébrilité, c’est celle d’une classe capitaliste mondiale qui a peur de la mobilisation qui grandit en France en cette rentrée.
Pourtant, cette taxe n’est pas une révolution. Elle viendrait capter seulement 2 % du patrimoine des 0,1 % des plus riches pour un total de 20 milliards d’euros tout au plus. Elle ne renversera pas l’ordre du capital. Mais elle répond à une demande massive de justice sociale et fiscale. Elle traduit ce que ressent la grande majorité : trop, c’est trop. Alors que les salaires stagnent, que les retraites sont menacées, que l’industrie est bradée, que les services publics sont cassés, que l’inflation étrangle les foyers, les dividendes explosent et les grandes fortunes prospèrent.
Et si cette première brèche s’ouvre, le grand patronat craint que d’autres suivront. Alors ceux qui d’ordinaire avancent masqués par le lobbying et les réseaux d’influence se sentent obligés de monter sur scène. Ils organisent leur propre meeting, comme un syndicat de classe ― mais de classe dominante ― pour défendre leur privilège de ne rien devoir rendre.
Ce moment est rare : les puissants sont contraints de défendre publiquement leur domination. Ils sentent que l’opinion bascule, que la justice fiscale devient une exigence majoritaire. Ils craignent que la taxe Zucman ne soit qu’un premier pas, qu’elle ouvre un débat plus vaste et qu’en s’attaquant à l’injustice fiscale, on s’approche inévitablement de l’essentiel : le pouvoir du capital sur nos vies.
C’est là que réside l’enjeu. Car si la taxe Zucman est une étincelle, l’incendie qu’elle peut allumer est celui d’un affrontement de classe plus large. Il ne s’agit pas seulement de corriger quelques excès, mais de remettre en cause la logique qui gouverne notre économie : la rente financière qui ponctionne l’investissement productif, les profits démesurés captés par quelques-uns, la privatisation des richesses communes au détriment des services publics.
Les communistes le disent : l’heure est à s’attaquer réellement au capital.
Cela veut dire non seulement élargir la taxation des profits et des patrimoines, mais surtout décider ce qu’on produit et comment pour répondre aux besoins sociaux et écologiques et conditionner l’usage de l’argent à cette réponse. Les centaines de milliards distribués chaque année en aides publiques aux entreprises, 211 milliards d’euros, et le crédit bancaire doivent être arrachés à la logique de rente et dirigés vers l’emploi, la formation, la réindustrialisation sociale et écologique, la reconstruction des services publics. Avec un objectif : sécuriser le travail et la vie, de la jeunesse à la retraite, protéger et développer les biens communs. Cela veut dire reprendre la main sur la finance, sur les choix d’investissement, sur la monnaie elle-même.
Le meeting patronal annoncé n’est pas un simple fait divers. C’est le signe que le rapport de forces change. C’est l’aveu d’une inquiétude. Et c’est l’occasion pour le mouvement social de dire haut et fort : oui, nous voulons la justice fiscale ; oui, nous voulons la redistribution ; mais surtout, nous voulons prendre le pouvoir dans les entreprises et dans la cité pour la transformation profonde de l’économie et de la société, nous voulons orienter l’argent pour être utile au peuple et aux générations futures.
Face à la fébrilité des possédants, il y a la force montante de la classe travailleuse. Et cette force, si elle se reconnaît comme telle, si elle se rassemble autour de l’exigence de nouveaux pouvoirs des salariés pour la dignité, le progrès et la paix, peut imposer bien plus qu’une taxe : elle peut ouvrir la voie à une société libérée de la domination du capital.
Igor Zamichiei
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