L’armée israélienne a bombardé, ce lundi, la plupart des régions libanaises et tué des dizaines de civils. Face à cet engrenage régional, plusieurs dirigeants européens ont rappelé que la seule solution était politique et non militaire.
Au Liban, la litanie du nombre de morts rejoint petit à petit celle de Gaza. Lundi 7 octobre, dix pompiers qui se trouvaient dans leur caserne de Baraachit, au sud du pays, ont été tués dans une frappe aérienne israélienne. Le ministère libanais de la Santé a dénoncé un « massacre » alors que « le déblayage des décombres se poursuit dans le bâtiment très endommagé » et « un nouveau crime de guerre contre les pompiers et le personnel paramédical ». Depuis le début des affrontements, il y a un an, entre Israël et le Hezbollah, plus de 115 secouristes et pompiers ont été tués, selon un bilan établi par l’AFP. Au total, le nombre de victimes s’élèverait désormais à 2 083 tués et 9 869 blessés.
Les forces israéliennes ont mené d’importants bombardements, ce 7 octobre, sur l’ensemble du pays en ciblant principalement Beyrouth et Liban du sud. Le quotidien l’Orient-le Jour évoque de nombreux villages touchés « Qleilé, Aïtit, Aïn Baal, Chéhabiyé, Blat, l’Iqlim el-Touffah » et des villes : « Nabatiyé, Tyr, Hoch, Saïda, Bint Jbeil et Marjayoun ».
Une source des services de sécurité a affirmé à l’AFP qu’une frappe avait également visé une zone proche de l’aéroport international de Beyrouth. Deux personnes ont été tuées lors d’opérations aériennes dans la vallée de la Bekaa et dans la ville de Qaliya.
Une cible militaire peut-être illégale
Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a confirmé sur X « de larges attaques au Liban du Sud sur des cibles terroristes du Hezbollah », sans toutefois donner plus de détails, ainsi qu’« une attaque de précision à Beyrouth ». Une « précision » qui a déjà coûté la vie à de nombreux civils libanais.
Mais cette intensification des attaques pourrait coïncider avec l’arrivée d’une autre division militaire pour renforcer l’invasion au sol lancée par Tel-Aviv, le 1er octobre. Ce qui n’empêche pas les sirènes d’alerte de retentir en Israël comme cela a été le cas, lundi. Les autorités militaires israéliennes ont relevé 135 roquettes tirées depuis le Liban.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a condamné les bombardements qui « empêchent les civils de fuir » et « entravent les opérations humanitaires » à la frontière libano-syrienne.
L’armée israélienne a multiplié les opérations dans l’est du pays, non loin du poste frontière de Masnaa, coupant la principale route entre les deux voisins. « Une attaque israélienne sur une cible militaire légitime peut être illégale si elle est susceptible de causer un dommage aux civils disproportionné par rapport aux gains militaires », rappelle HRW.
« Seule une solution politique apportera la paix, la sécurité et la prospérité »
À Beyrouth, le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a averti au cours d’une visite diplomatique que « l’agression israélienne, qui a commencé à Gaza et se poursuit maintenant au Liban, pousse toute la région vers l’abîme d’une guerre régionale totale ».
Depuis Jérusalem, le ministre français des Affaires étrangères a prévenu que si « le Hezbollah porte une lourde responsabilité (…) la force seule ne peut suffire à garantir la sécurité d’Israël ».
À l’instar d’Emmanuel Macron, le 6 octobre, Jean-Noël Barrot a insisté : « Le temps de la diplomatie est venu. » Il a rappelé que la proposition franco-américaine de cessez-le-feu au Liban restait sur la table et qu’il continuerait à y travailler. Même tonalité de la part du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui a soutenu que « seule une solution politique apportera la paix, la sécurité et la prospérité ».
Incapacité à faire taire les armes
Ce dernier s’inquiète d’une situation qui « ne fait qu’empirer » et s’est alarmé du sort « des populations qui sont prisonnières d’un cycle sans fin de violence, de haine et de revanche ». Le Proche-Orient apparaît « au bord d’une conflagration totale et la communauté internationale semble incapable de contrôler », a-t-il constaté.
Dans un communiqué publié par la Maison-Blanche, le président des États-Unis a lui regretté que « beaucoup trop de civils ont souffert depuis un an ».
« Nous n’arrêterons pas d’œuvrer à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza », a promis Joe Biden, qui a conclu sa déclaration en soulignant que « les Israéliens comme les Palestiniens méritent de vivre dans la sécurité, la dignité et la paix », sans toutefois annoncer un arrêt des livraisons d’armements à Israël.
Autre intervention diplomatique, celle du pape François qui a fustigé, dans une lettre aux catholiques du Moyen-Orient, « l’incapacité honteuse de la communauté internationale et des pays les plus puissants à faire taire les armes et à mettre fin à la tragédie de la guerre ».
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