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5 février 2019 2 05 /02 /février /2019 07:02
Gilbert Nicolas et Peter Yeates pendant leur quart à bord du Fri. (photo Le Télégramme)

Gilbert Nicolas et Peter Yeates pendant leur quart à bord du Fri. (photo Le Télégramme)

Gilbert Nicolas et Peter Yeates pendant leur quart à bord du Fri.

Il est un témoin de l’histoire méconnue de l’engagement pacifique face aux essais nucléaires français en Polynésie en 1973. À 85 ans, Gilbert Nicolas, enfant de Carantec, revient sur les terres de son enfance dans la Cité du Viaduc présenter le film-documentaire « Ils vont arrêter la bombe » du réalisateur François Reinhardt à la MJC.

C’est un vieil homme de 85 ans porteur d’un message pour les nouvelles générations qui se déplacera à Morlaix sur les « terres de son enfance » mardi 5 février « pour boucler la boucle ». À 85 ans, Gilbert Nicolas qui a vécu ses premières années entre le clocher de Carantec et ceux de la Cité du Viaduc est ému de venir témoigner « à la fin de sa vie » de ses actions de « militant de la paix » et de sa « volonté de non -résignation et de non-indifférence » au monde. Il sera présent lors de la projection du film-documentaire « Ils vont arrêter la bombe » du réalisateur François Reinhardt à la MJC. Une présence justifiée par le fait d’avoir été « témoin de cette aventure » et d’y avoir été « le seul Français ». Une aventure qui met en lumière cette tranche de l’histoire méconnue : l’opposition pacifique aux essais nucléaires français en Polynésie en 1973.

Naissance et enfance marquées par les guerres

Pour bien comprendre sa trajectoire et son engagement, le vieil homme à la voix douce n’hésite pas à raviver ses souvenirs. Ses premières années à Carantec, d’enfant né en 1933 « dans les traumatismes de la Première Guerre mondiale » et du « plus jamais une telle boucherie ». De son enfance vécue durant la Seconde Guerre mondiale. « Juste avant, j’ai connu des femmes en noire réfugiées de l’Espagne et en 1940, je suis ce petit garçon impressionné par l’Invasion allemande ». Une mémoire marquée par « une culture du secret, de résistance, de déontologie humaine » : « il ne fallait pas parler du poste radio, des messages en breton » entendus dans la famille. Plus tard, l’enfant sera choqué par « les femmes tondues ».

Procès de Nuremberg, prisonniers

Les années passent et Gilbert Nicolas grandit et, avec lui, sa conscience et son rapport au monde : « après être devenu couvreur, je suis parti chez un oncle à Paris ». Là, il rencontre le protestantisme et se convertit. Un engagement qui le pousse « à passer son bac pour faire des études de théologie et devenir pasteur ». Après son service militaire, illes poursuivra de 1956 à 1964. Des années marquées par des professeurs comme Georges Casalis, qui fut aumônier de prisonniers condamnés à perpétuité lors du Procès de Nuremberg et qui jouera un grand rôle dans la réflexion de Gilbert Nicolas sur « l’humain, sur les droits humains ». Des années aussi à être visiteur de prison à Poissy.

Culture de l’engagement, réflexion sur l’homme

De retour en Bretagne, il reprend « la pêche à Carantec » pendant plusieurs années, tout en étant engagé dans différentes associations dont le Service civil international. C’est dans ce contexte qu’il va à la rencontre d’un chantier à Crozon, « chantier en faveur de la réconciliation entre les peuples » au village Kernaou. Là, il rencontre Marie qui devient son épouse. La jeune femme doit finir ses études en microbiologie et les voici tous deux à Marseille. Lui comme docker « pour faire chauffer la marmite », elle à ses études. Entre eux, les mêmes réflexions, les échanges sur le monde, sur l’engagement qui se poursuivent.

Une petite annonce dans « Peace news »

Un jour, le couple tombe sur une petite annonce dans un journal anglais « Peace news ». « L’annonce faisait appel aux volontaires pour un groupe en Nouvelle-Zélande qui cherchait à monter une expédition en bateau pour une action non-violente ». Une annonce qui parle au couple qui a l’habitude de distribuer des tracts contre « la bombe atomique ». Pour Gilbert Nicolas, « tout ce qui m’animait, c’était un esprit de résistance, un « plus jamais la guerre ». Le pasteur candidate avec succès. Le couple paye le voyage « sur ses deniers personnels », « 5 000 francs à l’époque, c’était beaucoup ». Et Gilbert Nicolas part : « Un voyage extraordinaire débuté par Londres, puis des escales à Zurich, Téhéran (Iran), Calcutta (Inde), Perth, Sydney (Australie), Auckland (Nouvelle-Zélande)». Un voyage de 36 heures.

« Des lanceurs d’alerte »

À son arrivée, il se souvient « des journalistes ». « J’étais le seul Français et ça les intéressait. Le but de l’expédition était de « nous approcher de la zone où avaient lieu les essais atomiques » en Polynésie, jusqu’à Mururoa et « nous voulions prouver la dangerosité de ces essais atomiques en atmosphère », « ne pas laisser la population là-bas sans rien faire ». Le bateau s’appelle le Fri et la navigation dure « 43 jours sans voir la terre ». C’est toute cette aventure que compte le documentaire « Ils vont arrêter la bombe ». Une aventure forte, très forte, à voir les images d’archives tournées par un cinéaste embarqué lui-aussi. Une aventure que Gilbert Nicolas qualifie aujourd’hui d’ «indispensable ». Et ce « même si nous n’avions pas réussi, nous étions devenus un symbole, des lanceurs d’alerte ».

https://www.letelegramme.fr/finistere/morlaix/gilbert-nicolas-le-militant-carantecois-face-aux-essais-nucleaires-en-1973-03-02-2019-12199960.php

Gilbert Nicolas : « Ce qui me passionne, c’est de rencontrer les gens ! » | OUEST-FRANCE

Gilbert Nicolas : « Ce qui me passionne, c’est de rencontrer les gens ! » | OUEST-FRANCE

Né à Carantec, le pasteur naviguait sur le Fri à Mururoa pour lutter contre les essais nucléaires. Toute sa vie a été une lutte non violente pour le respect des droits fondamentaux.

Il portait en lui ce destin. Gilbert Nicolas, né à Carantec en 1923, a réussi à faire stopper des essais nucléaires, en 1973, à Mururoa.

Lutte contre les OGM, défense des migrants… Pour ne citer que les plus récentes, le pasteur de Quimper a participé à de nombreuses

luttes à travers le monde. L’expédition du Fri (liberté en danois), relatée dans le documentaire Ils vont arrêter la bombe sera projeté en sa présence mardi à la MJC. Il l’a aussi racontée dans Un bateau nommé liberté (éditions Goutte de Sable). « Une aventure extraordinaire qui m’a donné un surplus de vie » , résume l’homme de 85 ans qui, en février 2017, a été matraqué par des CRS lors d’une manifestation contre l’extrême droite à Quimper.

L’esprit de résistance

« Cet esprit de résistance, je l’ai en moi depuis mon enfance, souligne Gilbert Nicolas . Ma mère est morte alors que je n’avais que trois mois, j’ai été élevé par mon oncle qui, comme mon père, était profondément résistant. Tous deux avaient combattu en 14-18 et disaient « Plus jamais ça ». En 1938, à Carantec, j’avais cinq ans, j’ai connu les filles en noir, réfugiées espagnoles, en 1940, l’occupation allemande, et en 44, les femmes tondues.  »

En mars 1973, Gilbert Nicolas, déjà pasteur, visiteur de prison, mais aussi docker à Marseille, embarque avec douze autres personnes sur ce voilier cargo de 1912, plus habitué au cabotage. La flotte pacifiste se rend à Mururoa dans l’espoir de mettre un terme aux essais nucléaires français dans le Pacifique. « Nous pensions que le moyen de nous opposer aux essais était de nous mettre délibérément sous les retombées radioactives. »

3 500 milles de navigation chaotique

Dans cette bataille pour la paix, il sera rejoint, cinq mois plus tard, par le général Jacques de Bollardière, l’abbé Jean Toulat, le philosophe Jean-Marie Muller et l’écologiste Brice Lalonde. De la Nouvelle-Zélande à Mururoa, en Polynésie française, 3 500 milles de navigation chaotique les attendent : une véritable odyssée intégralement filmée par Alister Barry, l’un des membres de l’équipage .

Nous sommes alors en pleine guerre du Vietnam, Gilbert Nicolas est déjà de tous les engagements : Le Larzac, Plogoff, le soutien aux Haïtiens… « Tout ça fait un tout pour la défense et la promotion des droits humains pour que les valeurs soient appliquées, celles de la Déclaration des droits de l’Homme, mais aussi la constitution des pays. »

« Sommes-nous audibles ? »

Aujourd’hui, l’homme poursuit ses combats notamment auprès des demandeurs d’asile, aux côtés de Marie, son épouse, rencontrée au moment de la construction de la base sous-marine de l’Île Longue. Il lui importe aussi de passer le message auprès des plus jeunes. « Ce monde va tellement vite. Quand on sait qu’ils sont 300 000 aux Vieilles Charrues, il faut aller vers eux. Mais est-ce que nous sommes audibles ? » s’interroge le militant. « J’ai pourtant vu de belles choses dans la ZAD à Notre-Dame-des-Landes. »

Mardi 5 février, à 20 h 30 , projection du film Ils vont arrêter la bomb e, à la MJC.

https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29600/morlaix-mars-1973-gilbert-nicolas-embarque-pour-arreter-la-bombe-6209346

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