Des chercheurs en économie montrent que les mesures fiscales pour 2018 et 2019 vont profiter aux revenus les plus élevés, tandis que les 20 % les plus pauvres y perdront.
C’est un pic isolé qui attire l’attention, tout au bout de l’échelle des revenus, une courbe qui remonte soudainement en flèche, en sortie d’une cuvette précédée d’un long faux plat. Le graphique sur lequel il apparaît dévoile l’impact des mesures budgétaires du gouvernement, en débat depuis hier soir à l’Assemblée nationale, selon le niveau de vie des Français. Le constat est sans appel : 1 % des ménages les plus aisés, ceux qui gagnent plus de 106 210 euros par an (8 850 euros par mois) pour une personne seule selon l’Insee (chiffres 2015, avant impôts), ou au moins 265 525 euros par an (22 127 euros par mois) pour un couple avec deux grands enfants, sont les vrais gagnants des choix fiscaux et sociaux du gouvernement d’Édouard Philippe. Et la concentration de ces gains augmente avec les revenus, ceux qui profitent au maximum des mesures fiscales de l’exécutif se situant parmi les 10 % les plus riches des précédents, le 0,1 % de très hauts revenus (259 920 euros par an de revenus avant impôts pour une personne seule, soit 21 660 euros par mois, ou 649 800 euros par an, soit 54 150 euros par mois, pour un couple avec deux enfants de plus de 14 ans).
Un gain qui n’est pas réparti de façon homogène dans la population
L’étude qui le montre a été réalisée à partir des hypothèses budgétaires pour 2018 et 2019 par l’Institut des politiques publiques (IPP, un organisme de recherche fruit d’un partenariat entre l’École d’économie de Paris et le Centre de recherche en économie et statistique).
Le 0,1 % de très hauts revenus gagneront 17 % de plus
Pas de mystère quant à la cause de cette inflation tout en haut du tableau : les réformes de la taxation du capital (impôt sur la fortune et flat tax) expliquent ces gains mirobolants. Et cette distribution ne reflète que partiellement la réalité. L’injustice de ces choix fiscaux éclate à mesure qu’on détaille les tranches de revenus à l’intérieur de ce 1 % le plus aisé. Comme le notent les auteurs de l’étude, il y a « nécessité de décomposer de manière fine le haut de la distribution » pour identifier qui sont les réels bénéficiaires des mesures Macron en faveur du capital. À l’épreuve de cette « loupe », on voit en effet le 0,1 % de très hauts revenus capter l’essentiel des gains : ceux-là voient leur porte-monnaie s’apprécier de 17 % grâce à ces réformes… Les avantages se concentrent ainsi « dans le top 0,4 % des niveaux de vie », relève l’IPP, avec un gain annuel moyen par foyer de 28 363 euros dans cette tranche, et même de 86 290 euros pour le 0,1 % le plus riche. À comparer aux 32 euros mensuels, toutes réformes confondues, hausse de la prime d’activité incluse, que gagnera en plus un salarié au Smic, et aux 18 euros par mois accordés à ceux émargeant à 1,5 Smic.
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