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21 décembre 2017 4 21 /12 /décembre /2017 19:41
Exilés : héberger pour mieux expulser ? (Eugénie Barbezat, L'Humanité, 21 décembre 2017)
Exilés : héberger pour mieux expulser ?
EUGÉNIE BARBEZAT
JEUDI, 21 DÉCEMBRE, 2017
HUMANITE

Pour le défenseur des droits comme pour les acteurs de la solidarité, la circulaire ministérielle qui met fin à l'hébergement inconditionnel et instaure un "dispositif de suivi administratif robuste des personnes étrangères en hébergement d'urgence" s'inscrit dans une logique de traque des "sans papiers" visant à faire gonfler le chiffre des expulsions. 

Le 9 décembre, plusieurs grands acteurs de l’accueil des migrants (Médecins du monde, Cimade, Emmaüs…) ont quitté la réunion où était censée leurs être présenté en avant-première une nouvelle circulaire coercitive, consignée par le ministre de l'intérieur, Gérard Collomb, et celui de la cohésion des territoires, Jacques Mézard, par laquelle le gouvernement veut déployer avec des « équipes mobiles », constituées d’agents de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) et des préfectures, pour faire des visites de contrôle dans les centres d’hébergement d’urgence. La circulaire de quatre pages note que l'absence de dispositif de recensement "contribue à la saturation de l'hébergement d'urgence généraliste".

Dans une déclaration commune ils affirment leur refus d’être complice du nouveau dispositif de « tri ». 

Florent Guégen, directeur général de la Fédération des Acteurs de la Solidarité, voit cette circulaire comme "une déclaration de guerre" faite aux acteurs de la solidarité et considère qu'elle marque une rupture avec le principe d'acceuil inconditionnel qui a toujours guidé leur action. 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour le directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité, le changement de paradigme initié par cette injonction faite aux directeurs de centre d'hébergement de laisser entrer des instances de contrôle pour interroger leurs résident est un acte grave, contre lequel il faut riposter collectivement par tous moyens, mais au péril de la santé financière et de l'existence même des structures d’accueil les plus petites ou les plus fragiles. 
Alors qu'elles exercent une délégation de service public au titre de la protection des plus vulnérables (code la protection des familles) les structures d’accueil risquent des sanctions si elle refusent de déroger à cette mission. C'est kafkaïen ! Mais c'est surtout lourd de conséquences pour les personnes étrangères hébergées dont la confiance envers ceux qui les accueillent va être trahie et qui vont fuir les centres pour se retrouver dans la rue. 
Certaines préfectures, comme celle de Haute Savoie, ont devancé l'appel de cette circulaire...

Pour Clémence Richard, en charge de de la défense des étrangers menacés d'expulsion à la CIMADE, la circulaire, qui vient de parraitre, est à rapprocher d'une autre circulaire, datée du 20 novembre, qui demande aux préfets de « renforcer » leur lutte contre l’immigration irrégulière à partir des centres dédiés aux migrants, ainsi transformés en "pièges" pour les personnes sous le coup d'une procédure Dublin

Suite à ce projet de recensement des migrants dans les centres d'hébergement d'urgence, plusieurs associations, ainsi que SOS Racisme, ont saisi, lundi 18 décembre, le Défenseur des droits Jacques Toubon, lui demandant "d'intervenir auprès du gouvernement" pour que ses dernières instructions, "portant gravement atteinte aux droits fondamentaux" des étrangers, "ne soient pas mises à exécution".
Le défenseur des droit qui a réagit le 18 décembre au micro de France Inter s’inquiète de la publication d'une circulaire visant à trier les personnes hébergées dans les centre d’accueil et de l'absence de recours possible pour les personnes en situation administrative irrégulière menacées par celle-ci.
Geneviève Jacques, la présidente de la CIMADE, interpelle le président de la république française sur l’une de ses promesses alors que les associations sont « consultées » sur les questions d’asile et de migrations ce 21 décembre 2017 après-midi par le Premier ministre, La Cimade a choisi d’interpeller le Président de la République . 
La fin de l’année approche, Geneviève Jacques rappelle dans son message vidéo adressé à Emmanuel Macron, que contrairement à sa déclaration du 27 juillet à Orléans, des personnes migrantes dorment encore dans les rues et dans les bois. Depuis, rien n'a été fait par le gouvernement pour proposer des solutions d’hébergement, notamment à Paris ou à Grande-Synthe où ces images ont été filmées ces derniers jours. Bien au contraire, deux circulaires ont été publiées, elles remettent en cause l’accueil inconditionnel des personnes dans les centres d’hébergement d’urgence, principe fondamental de l’action sociale. Elles engagent l'État dans le tri des personnes migrantes.
La Cimade invite le Gouvernement et le Président de la République à respecter l’engagement pris en juillet dernier, et mettre un terme à toutes les décisions en cours qui violent massivement les droits des personnes en migration et en quête de protection par la France. Une autre politique migratoire basée sur l’accueil, la solidarité et l’hospitalité est attendue.
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