Vœux, pétitions, rassemblements, au-delà des personnalités qui soutiennent l'avocat franco-palestinien, emprisonné depuis le 23 août, la solidarité s'est démultipliée sur tout le territoire français.
Cinquante-cinq jours. Depuis cinquante-cinq jours, Salah Hamouri est incarcéré par les autorités israéliennes, frappé par le régime de la détention administrative pour au moins six mois, sans qu'aucune charge ne lui ait été communiquée. Et depuis cinquante-cinq jours se déploie l'exigence de la libération de cet avocat franco-palestinien qui a déjà connu, du fait de son engagement, la prison pendant sept ans. Voeux de conseils municipaux, pétitions, rassemblements, la solidarité s'est démultipliée ces dernières semaines.
Gennevilliers (Hauts-de-Seine) fait partie de ces villes qui ont décidé de s'engager dès la nouvelle de son arrestation connue, le 23 août. «Nous voulons que le droit international soit respecté et ce n'est pas le cas avec l'emprisonnement de Salah, notre citoyen d'honneur», a expliqué le maire communiste Patrice Leclerc, vendredi dernier, quelques minutes avant de prendre la parole au meeting organisé dans la salle du conseil municipal. Elsa Lefort, l'épouse de Salah Hamouri, était présente. «Ce soutien est extrêmement important car la cause des prisonniers est primordiale, elle touche toutes les familles palestiniennes. Depuis 1967, 40 % des hommes sont passés par les prisons israéliennes. C'est un véritable moyen de pression sur tout un peuple», a-t-elle rappelé, avant d'être longuement applaudie. Dans la ville, des urnes pour recueillir les pétitions sont à disposition, y compris dans l'hôtel de ville et les centres sociaux. Les militants de l'AFPS (Association France Palestine Solidarité) encouragent également à prendre la plume:
«Pour écrire aux prisonniers, c'est 1,30 euro. Pour s'adresser au président de la République (dont l'intervention est plus que sollicitée NDLR), c'est gratuit.»
Quelques jours plus tôt, à Saint-Denis, un drapeau palestinien de 8 mètres de long se déploie depuis l'une des fenêtres de la salle des mariages de la mairie. Au pied de l'hôtel de ville, un autre rassemblement exige la libération de Salah Hamouri. «Résister, ne pas se taire, dénoncer la colonisation, tel est son combat. (...) C'est le système carcéral du régime colonial qu'il s'agit de dénoncer. L'emprisonnement abusif est le quotidien du peuple palestinien », lance le maire PCF Laurent Russier, qui a programmé le vote d'un voeu lors du prochain conseil municipal.
AGIR CONTRE UNE DÉTENTION ARBITRAIRE
La même scène de mobilisation a pris place à Besançon (Doubs), début octobre. Un message, encore et toujours: «Paix et justice». De même à Stains (Seine-Saint-Denis) ou à Villeneuve-SaintGeorges (Val-de-Marne) qui ont apposé des banderoles au fronton de leur mairie. À travers tout le pays, une vingtaine de voeux ont d'ores et déjà été votés par des conseils municipaux pour demander l'intervention du gouvernement. Nombre de ces votes sont à l'initiative de villes communistes, comme Martigues (Bouches-duRhône), Avion (Pas-de-Calais) ou Mitry-Mory (Seine-et-Marne), mais d'autres municipalités, telles que la socialiste Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ou le conseil communautaire de Morlaix (Finistère), se sont également prononcées en ce sens. Dans le Finistère, une pétition réunit même désormais plus d'une centaine d'élus d'horizons divers.
« Quand vous êtes en prison pour des raisons politiques et sur des motifs arbitraires, ce sont des choses qui vous aident à tenir, à vous dire que votre lutte est juste», insiste Elsa Lefort, qui a été reçue la semaine dernière par l'Élysée. «Lors de cette rencontre, il a clairement été exprimé qu'une action serait menée pour que cesse cette détention qualifiée d'arbitraire, ajoute-t-elle. Les paroles sont belles mais, bien sûr, nous attendons les actes. Il ne faut surtout pas relâcher la pression.»
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