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3 février 2017 5 03 /02 /février /2017 06:30
Alexandra Kollontai

Alexandra Kollontai

Lénine en 1919: 

" En deux ans de pouvoir des soviets, dans un des pays les plus arriérés d'Europe, on fait plus pour l'émancipation des femmes, pour la rendre égale au "sexe fort" que ce qui a été fait depuis 130 ans par toutes les Républiques avancées, éclairées et "démocratiques" du monde entier"

Egalité politique et sociale entre les sexes reconnue par la constitution et droit de vote des femmes, possibilité pour les femmes russes d'hériter (ce qui n'était pas le cas sous le tsarisme), mariage civil avec liberté pour les deux époux de choisir leur nom après le mariage, divorce express par consentement mutuel, droit à l'avortement, congé maternité, développement des structures collectives qui libèrent la femme de l'assignation à résidence (laveries et cuisines collectives)  .. Le gouvernement bolchevique a été plus loin en termes d'émancipation des femmes et d'orientation vers l'égalité femmes-hommes qu'aucun gouvernement avant lui. 

Des révolutionnaires comme l'aristocrate rouge et bolchevique Alexandra Kollontaï, pacifiste convaincue surnommée avant guerre la "Jaurès en jupon", affirmaient l'incapacité à émanciper véritablement les femmes sans remettre en cause le règne du capitalisme et des dominations de classe, sans émanciper tous les travailleurs. Le combat féministe n'était pas autonomisable du combat politique et social anti-capitaliste. "Les femmes ne deviendront libres et égales que dans un monde où le travail aura été socialisé et où le communisme l'aura emporté", écrit-elle dans Pour une histoire du mouvement ouvrier féminin en Russie

Le 27 février 1917, date de la journée internationale des femmes dans le calendrier orthodoxe, ce sont les ouvrières travailleuses du textile de Petrograd qui ont déclenché la première révolution qui allait mettre à bas le tsarisme et la féodalité en Russie. "L'initiative fut spontanément prise par un contingent du prolétariat exploité et opprimé plus que tous les autres: les travailleuses du textile" écrira Léon Trotski dans son Histoire de la révolution russe. Travaillant jusqu'à 12 heures par jour, voire 14 dans ce dernier secteur où elles représentent les deux tiers de la main d'oeuvre, ces salariées touchent des paies parfois inférieures de moitié à celles des hommes et endurent un harcèlement sexuel permanent. "Harassées par le travail et de rudes conditions d'existence, à la limite de la famine, relate Kollontaï, les femmes quittèrent les usines et au nom de la cause commune, privèrent leurs enfants de leur dernier bout de pain. En période de troubles et de grèves, poursuit-elle, la femme du prolétariat, piétinée, craintive et privée de droits, grandit soudainement et apprend à se tenir haute et droite".  

La feuille de route du gouvernement bolchevique, c'est Alexandra Kollontaï qui est chargée de l'appliquer. Nommée commissaire du peuple à l'Assistance publique, elle hérite d'un portefeuille équivalent à notre ministère des Affaires Sociales. Vaste chantier dans un pays où la dernière mesure en la matière, prise en 1895 pour réduire le taux de mortalité en couches, s'était contenté d'imposer, sans succès, la présence d'une sage-femme dans les usines de plus de 100 salariées. Seule femme du gouvernement, Alexandra Kollontaï prévoit un allègement de la durée du travail pour les futures mères, une dispense des tâches les plus pénibles et une assurance pour leurs soins médicaux. Elle instaure un congé maternité de 16 semaines et des pauses toutes les 3 heures pour allaiter le nourrisson sur son lieu de travail. Plus largement, elle assigne à un département pour la protection de l'enfance un objectif ambitieux: "Assurer la subsistance à chaque mère (...) créer partout des maisons de maternité, fonder dans toutes les villes et tous les villages des crèches et autres oeuvres analogues pour permettre ainsi à la femme de servir utilement l'Etat et d'être mère à la fois". Alexandra Kollontaï considère que le mariage est une servitude et milite pour l'union et l'amour libre, l'égalité totale entre les hommes et les femmes. 

A la mort de Lénine, elle est éloignée du pouvoir et envoyée en Norvège en 1924 comme ambassadrice de la Fédération communiste. C'est la première femme ambassadeur. Staline va revenir sur une partie des acquis de cette oeuvre révolutionnaire dans le domaine sociétal à partir des années 30: Pénalisation de l'homosexualité, restriction drastique du recours à l'avortement, nouveau code du mariage, médailles attribuées aux mères de familles nombreuses...  

Les femmes sont nombreuses aussi à s'engager en politique du côté communiste russe, à l'instar des grandes figures allemandes Clara Zetkin et Rosa Luxemburg. 

Pour en savoir plus, lire l'article "Travailleuses, réveillez-vous!" de Laure Dubesset-Chatelain dans le Géo Histoire spécial "1917: la révolution russe" (février-mars 2017) 

 

 

La révolution d'octobre et l'émancipation des femmes
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