Parfois alliés, parfois opposés, les deux partis de gauche se déchirent sur les investitures des législatives pour lesquelles la France insoumise entend dicter ses conditions.
Une relation de couple bizarre, avec très peu de hauts et beaucoup de bas. D’un côté, Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise. De l’autre, Pierre Laurent et le Parti communiste français. Parfois, ils s’affichent ensemble. D’autres fois, ils se tapent dessus à distance. Ces derniers jours, on a eu droit à un mélange.
L’année débute par les vœux de Jean-Luc Mélenchon : Pierre Laurent est au premier rang. La semaine suivante, c’est ceux de Pierre Laurent : Jean-Luc Mélenchon sèche. Une situation qui exaspère plusieurs cadres du PCF, mais pas le patron du parti. Il regarde ailleurs. Du genre, «pas de temps à perdre avec les broutilles».
Sauf que dernièrement, un nouveau dossier s’est invité entre les deux. Et pas des moindres : les élections législatives. La France insoumise a décidé d’investir un candidat dans chaque circonscription. Comprendre : investir des candidats face aux communistes, alors que ces derniers soutiennent Mélenchon à la présidentielle. Etrange. Comment éviter cette dispersion ? Jean-Luc Mélenchon demande aux candidats communistes - et à tous ceux qui souhaitent s’allier à lui - de signer sa «charte». Laquelle comprend un rattachement financier à la France insoumise (à laquelle les futurs élus devront verser une partie de leurs indemnités) et l’identification graphique, avec un label France insoumise obligatoire sur les affiches et les tracts. Mieux, la charte impose à tous les futurs députés de «respecter la discipline de vote du groupe lorsqu’une décision collective a été prise conformément au programme "l’Avenir en commun"». La fronde n’existe pas. Evidemment, le PCF refuse de la parapher. Un cadre : «Signer cette charte revient à signer la mort du PCF. Nous avons nos élus sur le terrain, on travaille et on cherche des solutions afin de trouver des accords avec nos partenaires. Mais ça ne passera pas par les forces et les menaces.»
En attendant, la France insoumise est passée aux actes. Le porte-parole de Mélenchon, Alexis Corbière, va candidater à Montreuil. Une circonscription «gagnable». Le tout, sans prévenir les communistes. Et une des figures emblématiques du PCF, André Chassaigne, voit arriver un candidat de la France insoumise sur ses terres, dans le Puy-de-Dôme. Selon la Place du Colonel-Fabien, il paye ses sorties à répétition contre Mélenchon. Chassaigne est furieux.
Lundi, Pierre Laurent a convoqué la presse. Le patron des communistes a rappelé que son parti a «ratifié les 253 premières candidatures pour les législatives». Puis il a entamé son refrain, auquel il croit avec force, malgré les désaccords au sein de la gauche : celui du «rassemblement». Sauf que c’est mal barré et que les communistes ne savent pas jusqu’où peut aller Mélenchon. Certains pensent qu’il fera un point au premier tour de la présidentielle. «S’il est très haut, il voudra s’imposer. S’il est bas, les choses changeront», veut croire un élu. De son côté, le porte-parole du PCF a déclaré : «Nous ne sommes pas obnubilés par la France insoumise. Personne ne se couche le soir en ayant peur de faire des cauchemars.» Peut-être. Mais tout le monde ne passe pas des nuits paisibles.
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