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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 06:30
Des paysans cambodgiens attaquent le groupe Bolloré en justice (L'Humanité)

http://www.humanite.fr/des-paysans-cambodgiens-attaquent-le-groupe-bollore-en-justice-580572?IdTis=XTC-FT08-AZN94P-DD-D778C-FHTL

Des paysans cambodgiens privés de leurs terres viennent d’intenter une action en justice contre le groupe que préside Vincent Bolloré devant le tribunal de grande instance de Nanterre.

Outre ses activités chez Vivendi et le groupe Canal + dans lequel il tente de peser sur la ligne éditoriale, Vincent Bolloré a constitué sa fortune dans les activités portuaires en Afrique avec le groupe « Bolloré Africa Logistics » et, depuis quelques années, dans l’exploitation à grande échelle des terres agricoles en Afrique et en Asie via le groupe Socfin.

Une cinquantaine de paysans cambodgiens estime que leurs droits ont été piétinés par Bolloré qui développe la culture de l’hévéa sur la commune de Bousra à l’est du pays. Cette plante sert à produire du caoutchouc. Pour développer cette production agro-industrielle, une co-entreprise franco-cambodgienne a été créée et porte le nom de « Socfin-KCD ». Elle est née avec l’accord du gouvernement cambodgien. Outre l’hévéa, cette entreprise produits aussi de l’huile de palme, une des activités en plein développement dans le groupe Bolloré au Cambodge, en Indonésie et dans plusieurs pays africains dont le Cameroun. D’où les «expropriations » et les « déplacements de populations » dont sont victimes les paysans cambodgiens qui demandent des « restitutions de terres » et des « indemnisations », selon leur avocat maître Fiodor Rilov.

Le 5 juin 2015, une manifestation de protestation s’était déjà déroulée devant le siège du groupe Bolloré à la Défense. Il s’agissait cette fois de dénoncer les saccages de la « Socapalm » dont le groupe Bolloré est un des actionnaires et qui exploite au Cameroun 26.000 hectares de palmiers à huile. « Socapalm » est aussi une filiale de « Socfin», firme luxembourgeoise dont Bolloré déteint 39% des parts . En avril dernier le travail avait été bloqué dans les plantations de Dibombari au Cameroun par des ONG et des paysans privés de terres qui demandaient qu’on leur rétrocède une partie des superficies que l’Etat camerounais a attribué à la « Socapalm ».

Neuvième fortune de France avec plus de 11 milliards d’euros, Vincent Bolloré développe à travers le monde une activité prédatrice qui consiste à accaparer des terres agricoles et à défricher des forêts primaires pour y développer des cultures de rente comme l’hévéa et le palmier à huile. Outre la spoliation des populations privées de leurs terres nourricière et souvent contraintes à l’immigration vers des bidonvilles, les activités du groupe Bolloré sont aussi fortement émettrices de gaz à effet de serre. On peut donc dire que la fortune de Vincent Bolloré se constitue en accélérant le réchauffement climatique dont les populations pauvres sont aussi les premières victimes. Voilà de quoi développer un excellent plaidoyer devant le tribunal de grande instance de Nanterre.

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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 07:15
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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 06:29
Appel La Grèce au coeur!

Vous pouvez, si vous le souhaitez, rejoindre l'appel ci-dessous pour la Grèce en envoyant votre signature à l'adresse suivante :
lagreceaucoeur@orange.fr

La Grèce au cœur de l’Europe !

APPEL. Le peuple grec n’a pas un problème avec l’Europe.
Lui et nous avons un problème avec ce pouvoir « européen » qui asservit et détruit l’Europe !

Nous ne croyons pas que le peuple grec soit coupable du doublement de sa dette publique en moins de dix ans. Ni qu’il doive payer cette dette artificiellement gonflée du saccage de ses droits sociaux, du naufrage de sa démocratie.

Depuis des années les pouvoirs nationaux et supranationaux qui contrôlent l’Union Européenne lui infligent une austérité assortie de « réformes structurelles » qui ruinent son économie et l’enfoncent dans une misère croissante.

Aujourd’hui le peuple grec dans un sursaut de dignité et de lucidité a donné une majorité électorale à une gauche radicale étrangère aux corruptions et aux compromissions d’hier, qui a formé un gouvernement dont le mandat est de repousser les diktats de la "Troïka" (FMI, BCE, Commission européenne) et d’appliquer une politique de rupture avec cette austérité criminelle.

L’objectif des classes dirigeantes européennes est, non pas d’obliger à rembourser une dette dont tout le monde sait qu’elle ne peut l’être, qui n’a pour fonction que de drainer les fonds publics vers les banques, mais de contraindre le gouvernement d’Alexis Tsipras et de Syriza à la capitulation. Cela afin de pouvoir continuer à étrangler le peuple grec, condamné à mendier indéfiniment des prêts de plus en plus onéreux, et de faire la démonstration aux yeux de toute l’Europe qu’il est impossible de s’attaquer aux banques, de contester le pouvoir absolu des classes dirigeantes, d’ouvrir une alternative à l’austérité...

Il est inacceptable que ceux qui prétendent parler « au nom de l’Europe » s’ingénient, en vue de briser le gouvernement que s’est donné le peuple grec, à empêcher celui-ci de tenir ses engagements les plus élémentaires. Jusqu’à oser, hier, lui « interdire » de mettre en œuvre des mesures humanitaires minimales en faveur des plus démunis (allocation logement, aide alimentaire, rétablissement de l’électricité) ! Aujourd’hui il exige de lui qu’il aggrave la baisse des retraites au dessous du seuil de pauvreté et augmente la TVA sur les produits de première nécessité. Et il s’affirme prêt à mettre en faillite le pays et à l’expulser de la zone euro, donc, à terme, de l’Union européenne, au risque de provoquer une crise aux conséquences imprévisibles.

Nous soutenons le peuple grec dans sa mobilisation et sa détermination pour faire reculer cette opération despotique et réactionnaire.

Le combat du peuple grec est celui de tous les démocrates et progressistes européens. Une éventuelle défaite, ce sont tous les peuples d’Europe qui en paieraient le prix. Une possible victoire, si limitée soit-elle encore, ce sont tous les peuples d’Europe qui en recueilleront les fruits.

Voilà pourquoi il faut que les forces qui en France et en Europe espèrent en un renouvellement de la démocratie répondent positivement aux appels de Syriza de construire une solidarité européenne autour de la Grèce et du peuple grec. La perspective d’un référendum invite à renforcer d’urgence cette solidarité.

Au peuple grec nous disons que nous sommes à ses côtés. Parce que son combat est le nôtre.

Premiers signataires

Antoine Artous, Etienne Balibar, Sophie Bessis, Jacques Bidet, Luc Boltanski, Gilles Bounoure, Marie-Pierre Boursier, Claude Calame, Patrick Chamoiseau, Patrice Cohen Seat, Jean-Numa Ducange, Jean-Louis Fabiani, Michel Husson, Michael Löwy, Marie-José Malis, Jean-Louis Martinelli, Gus Massiah, Jean-Claude Petit, Philippe Pignarre, Michèle Riot-Sarcey, Pierre Salama, Denis Sieffert, Patrick Silberstein, Francis Sitel, Bernard Stiegler, Hervé Télémaque, Jacques Testart, Eleni Varikas, Pierre Zarka...

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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 06:11
Pour les Grecs comme pour nous, l'austérité c'est non: Oxi!

Allocution d'Alexis Tsipras, premier ministre, pour annoncer au peuple grec le référendum (extraits) Cliquez sur pour afficher les sous-titres.

Pour les grecs comme pour nous, l'austérité c'est non !

Les grecs se prononcent ce dimanche par référendum.

►La proposition du FMI, réduisant les retraites et le service public, refusant de taxer les riches, a bloqué les négociations avec la Grèce

La question du référendum grec sera « pour ou contre le plan d'austérité exigé par Bruxelles » et non « pour ou contre la sortie de l'euro »

Cet enjeu démocratique n'est pas posé seulement aux grecs mais à tous les peuples européens : Est-il possible de mener une politique réellement de gauche en Europe ?

La France s'honorerait d'être du côté des grecs et pas de la finance

« Nous avons livré un combat dans des conditions d’asphyxie financière inouïes pour aboutir à un accord viable qui mènerait à terme le mandat que nous avons reçu du peuple. Or on nous a demandé d’appliquer les politiques mémorandaires comme l’avaient fait nos prédécesseurs.

Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis européens. Leur but est l’humiliation de tout un peuple, et elles manifestent avant tout l’obsession du FMI pour une politique d’extrême austérité. »

L’objectif aujourd’hui est de mettre fin à la crise grecque de la dette publique. Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec.

J’ai proposé au conseil des ministres l’organisation d’un référendum, et cette proposition a été adoptée à l’unanimité. La question qui sera posée au référendum dimanche prochain sera de savoir si nous acceptons ou rejetons la proposition des institutions européennes. Je demanderai une prolongation du programme de quelques jours afin que le peuple grec prenne sa décision. Je vous invite à prendre cette décision souverainement et avec la fierté que nous enseigne l’histoire de la Grèce.

La Grèce, qui a vu naître la démocratie, doit envoyer un message de démocratie retentissant. Je m’engage à en respecter le résultat quel qu’il soit. La Grèce est et restera une partie indissoluble de l’Europe. Mais une Europe sans démocratie est une Europe qui a perdu sa boussole. L’Europe est la maison commune de nos peuples, une maison qui n’a ni propriétaires ni locataires. La Grèce est une partie indissoluble de l’Europe. Je vous invite toutes et tous à prendre, dans un même élan national, les décisions qui concernent notre peuple.»

Desintox

Un puits sans fond ?

De 2010 à 2013 la Grèce a reçu 207 Milliards d’euros en prêts des États européens et des institutions européennes assortis de plans de réformes. Il s’agirait « d’aides à la Grèce ». 77 % de ces prêts ont servi à recapitaliser les banques privées grecques (58 Mds €) ou ont été versés directement aux créanciers de l’État grec (101 Mds €), pour l’essentiel des banques européennes et américaines. Pour 5 euros empruntés, 1 seul est allé dans les caisses de l’État grec !

L'austérité ça paie?

En 2014, le PIB de la Grèce est inférieur de 25,8 % à son niveau de 2007. L’investissement a chuté de 67 %. Quel bon boulot ! Le taux de chômage est de 26 % alors même que nombre de jeunes et de moins jeunes ont dû quitter leur pays pour trouver un emploi. 46 % des Grecs sont au-dessous du seuil de pauvreté, la mortalité infantile a augmenté de 43 %. Quant aux prévisions de Bruxelles, à l’automne 2011 elles annonçaient déjà la reprise en Grèce pour 2013. Finalement, le PIB grec a chuté de 4,7 % cette année-là.

Contre les bobards médiatiques Attac France

La gabegie grecque ?

Selon l’OCDE, les fonctionnaires représentaient en Grèce 7 % de l’emploi total en 2001, et 8 % en 2011, contre 11 % en Allemagne et 23 % en France (incluant la sécurité sociale). Les dépenses publiques de la Grèce représentaient en 2011 42 % du PIB contre 45 % (Allemagne) et 52 % (France). Comme en France, ce ne sont pas les dépenses publiques mais les taux d’intérêt excessifs et les cadeaux fiscaux qui ont gonflé la dette.

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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 05:57
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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 05:15
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26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 18:33
Eric Toussaint, rapporteur de l'enquête sur l'origine de la dette grecque

Eric Toussaint, rapporteur de l'enquête sur l'origine de la dette grecque

La dette grecque est illégale, illégitime et odieuse selon le rapport préliminaire du Comité sur la dette

Les preuves présentées dans le rapport indiqueraient que la dette issue des plans d’austérité est une violation directe des droits fondamentaux de l’homme. Le comité serait arrivé à la conclusion que la Grèce ne devrait pas payer cette dette parce qu’elle est illégale, illégitime et odieuse.

E. Toussaint présentant un document du FMI qui prouve que le fonds savait que ses mesures augmenteraient la dette grecque.

Le comité sur la vérité sur la dette publique grecque présente aujourd'hui et demain ses premières conclusions. Le rapport sera officiellement publié demain vers 16h. Composé de 9 chapitres, le rapport conclut, sans vraiment beaucoup de surprise, que la dette grecque est en grande partie illégale, illégitime et odieuse.

Ce rapport préliminaire présente une cartographie des problèmes et des questions clés liées à la dette publique grecque, et fait état des violations juridiques associées; il retrace également les fondements juridiques sur lesquels peut se fonder la suspension unilatérale des paiements de la dette.

Les résultats sont présentés en neuf chapitres structurés comme suit (traduction du résumé publié en anglais ici) :

1. la dette avant la troïka

Ce chapitre revient sur les analyses de la croissance de la dette publique grecque depuis les années 1980.

Il conclut que l'augmentation de la dette n'est pas le résultat de dépenses publiques excessives, qui sont en fait restées inférieures aux dépenses publiques des autres pays de la zone euro, mais plutôt en raison des taux extrêmement élevés, des dépenses militaires excessives et injustifiées, de la perte de recettes fiscales due à des sorties illicites de capitaux, de la ​​recapitalisation des banques privées, et des déséquilibres internationaux créés par les failles dans la conception de l'Union monétaire elle-même.

L'adoption de l'euro a conduit à une augmentation drastique de la dette privée en Grèce à laquelle les grandes banques privées européennes ainsi que les banques grecques ont été exposées. La crise bancaire a contribué à la crise de la dette souveraine grecque. Le gouvernement de George Papandreou a aidé à présenter les éléments d'une crise bancaire comme une crise de la dette souveraine en 2009 en mettant l'accent et en augmentant le déficit public et la dette.

2. Evolution de la dette publique grecque entre 2010 et 2015,

Ce chapitre conclut que le premier accord de prêt de 2010 a principalement visé le sauvetage des banques privées et a permis aux banques de réduire leur exposition aux obligations d'État grecques.

3. la dette publique grecque en 2015

Ce chapitre présente la nature controversée de la dette actuelle de la Grèce, les principales caractéristiques des prêts, qui sont analysés plus en profondeur dans le chapitre 8.

4. Mécanisme de la dette en Grèce

Ce chapitre révèle les mécanismes des accords qui ont été mis en œuvre depuis mai 2010. Ils ont créé une quantité importante de nouvelle dette, tout en générant des coûts abusifs ainsi que l'approfondissement de la crise.

Les mécanismes révèlent que la majorité des fonds empruntés ont été transférés directement aux institutions financières. Plutôt que de bénéficier à la Grèce, ils ont accéléré le processus de privatisation, par l'utilisation d'instruments financiers .

5. conditionnalités contre la durabilité

Ce chapitre présente comment les créanciers ont imposé des conditions intrusives attachés aux accords de prêt, ce qui a conduit directement à l'impossibilité économique et à l'insoutenabilité de la dette. Ces conditions, sur lesquelles les créanciers insistent encore, ont non seulement contribué à la baisse du PIB, mais aussi à un emprunt public plus élevé, faisant la dette de la Grèce plus insoutenable encore, mais a également provoqué des changements dramatiques dans la société, et a provoqué une crise humanitaire.

La dette publique de la Grèce peut être considérée comme tout à fait insoutenable à l'heure actuelle.

6. Impact des "programmes de sauvetage" sur les droits de l'homme

Ce chapitre conclut que les mesures mises en œuvre dans le cadre des "plans de sauvetage" ont directement affecté les conditions de vie des personnes et ont violé les droits de l'homme, que la Grèce et ses partenaires sont tenus de respecter, de protéger et de promouvoir en vertu du droit national et international.

Les ajustements drastiques imposés à l'économie grecque et à la société dans son ensemble ont provoqué une détérioration rapide du niveau de vie, et restent incompatibles avec la justice sociale, la cohésion sociale, la démocratie et les droits humains.

7. les questions juridiques entourant les protocoles d'entente et de prêt

Ce chapitre soutient qu'il y a eu violation des droits de l'homme de la part de la Grèce elle-même et des prêteurs que sont les États membres de la zone euro, la Commission européenne, le Parlement Européen, la Banque Centrale et le Fonds monétaire International, qui ont imposé ces mesures à la Grèce.

Tous ces acteurs ont échoué à évaluer les violations des droits de l'homme comme un résultat des politiques qu'ils ont obligés de poursuivre, et ont aussi directement violé la Constitution grecque en dépouillant efficacement la Grèce de la plupart de ses droits souverains.

Les accords contiennent des clauses abusives, qui contraignent la Grèce à capituler sur des aspects importants de sa souveraineté. Ceci est imprimé dans le choix de la loi anglaise comme régissant le droit pour ces accords, ce qui a facilité le contournement de la Constitution grecque et les obligations internationales des droits de l'homme.

Il y a plusieurs indications qui montrent que les parties contractantes ont agi de mauvaise foi, ce qui rendent ces accords invalides.

8. évaluation des dettes illégitimes, odieuses, illégale et la non-viables

Ce chapitre fournit une évaluation de la dette publique grecque selon les définitions relatives à la dette odieuse, illégitime, illégale et non viable adoptées par le Comité.

Ce chapitre conclut que la dette publique grecque, en date de juin 2015 est insoutenable, puisque la Grèce est actuellement incapable de rembourser sa dette sans compromettre gravement sa capacité à remplir ses obligations de base des droits humains. En outre, pour chaque créancier, le rapport fournit des preuves de cas indicatifs de dettes illégales, illégitimes et odieuses.

Dette envers le FMI : Elle doit être considérée comme illégale puisque qu'elle a violé les propres statuts du FMI, et ses conditions enfreignaient la Constitution grecque, le droit international coutumier, et les traités auxquels la Grèce est partie. Elle est également illégitime, puisque les conditions incluses empiétaient sur les obligations en matière de droits de l'homme. Enfin, elle est odieuse puisque le FMI savait que les mesures imposées étaient antidémocratiques, inefficaces, et conduiraient à de graves violations des droits socio-économiques.

Dettes envers la BCE: Elles doivent être considérées comme illégales car la BCE a sur-intensifié son mandat en imposant l'application des programmes d'ajustement macro-économiques (par exemple la déréglementation du marché du travail) par l'intermédiaire de sa participation à la Troïka. Les dettes envers la BCE sont également illégitimes et odieuses, puisque la principale raison d'être du programme était de servir les intérêts des institutions financières, permettant aux grandes banques privées européennes et grecques de se débarrasser de leurs obligations grecques.

9. les fondations juridiques pour la répudiation et la suspension de la dette souveraine grecque

Ce chapitre présente les options concernant l'annulation de la dette, et en particulier les conditions dans lesquelles un Etat souverain peut exercer le droit de répudiation ou la suspension du paiement de la dette en vertu du droit international.

Plusieurs arguments juridiques permettent à un Etat de répudier unilatéralement sa dette illégale, odieuse et illégitime. Dans le cas de la Grèce, un tel acte unilatéral peut être fondée sur les arguments suivants :

  • la mauvaise foi des créanciers qui ont poussé la Grèce à violer la loi nationale et les obligations internationales relatives aux droits de l'homme;
  • la prééminence des droits humains sur les accords tels que ceux signés par les gouvernements précédents avec les créanciers ou la troïka;
  • la coercition;
  • les clauses abusives qui violent de manière flagrante la souveraineté grecque et violent la Constitution;
  • et enfin, le droit reconnu en droit international à un Etat de prendre des contre-mesures contre les actes illégaux commis par ses créanciers, qui endommagent délibérément sa souveraineté budgétaire, l'obligent à assumer la dette odieuse, illégale et illégitime, violent l'autodétermination économique et les droits humains fondamentaux.

En ce qui concerne la dette insoutenable, chaque État est légalement en droit d'invoquer la nécessité dans des situations exceptionnelles afin de sauvegarder les intérêts essentiels menacés par un péril grave et imminent. Dans une telle situation, l'Etat pourra être dispensé de l'accomplissement de ces obligations internationales qui augmentent le péril, comme cela est le cas avec les contrats de prêts en suspens.

Enfin, les Etats ont le droit de se déclarer unilatéralement insolvable quand le service de leur dette est insoutenable, dans ce cas, ils ne commettent aucun acte illicite et donc n'en portent pas la responsabilité.

La dignité des personnes vaut plus qu'une dette illégale, illégitime, odieuse et insoutenable

Ayant achevé son enquête préliminaire, le Comité estime que la Grèce a été et est la victime d'une attaque préméditée et organisée par le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne, et la Commission Européenne. Cette mission violente, illégale et immorale était exclusivement destinée à transférer la dette privée sur le secteur public.

En mettant ce rapport préliminaire à la disposition des autorités grecques et du peuple grec, le Comité estime avoir rempli la première partie de sa mission telle que définie dans la décision du président du Parlement du 4 Avril 2015. La commission espère que le rapport sera un outil utile pour ceux qui veulent sortir de la logique destructrice de l'austérité et défendre ce qui est aujourd'hui mis en péril : les droits humains, la démocratie, la dignité des peuples, et l'avenir des générations futures.

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20 juin 2015 6 20 /06 /juin /2015 13:48

C'est pas la fin de la lutte... mais peut-être l'heure du début de la riposte pour les peuples européens.

C'était les 30 et 31 mai dernier le 1er Forum Européen des Alternatives à Paris, avec des ateliers thématiques disséminés dans la ville et des assemblées plénières sous un chapiteau place de la République. L'évènement, rappelant le climat des congrès de l'Internationale d'avant 1914, avec toutes les forces politiques, syndicales, associatives, intellectuelles, qui luttent contre la domination du capitalisme et de l'austérité partout en Europe et même dans le monde (il y avait des paysans boliviens, péruviens et du Sahara-Occidental au débat sur l'agriculture animé par le breton Xavier Compain), était organisé par le PCF et le Parti de la Gauche Européenne, présidé par Pierre Laurent, regroupant SYRISA (Grèce), Die Linke (Allemagne), Izquierda Unida (Espagne), le Sinn Fein (Irlande)., Rifondazione Comunista (Italie), Bloco de Esquerda (Portugal). Et bien d'autres encore...

On a discuté soutien à l'expérience de résistance de Syrisa et de la population en Grèce (la présidente du parlement grec était présente, le ministre des Finances et le porte-parole de Syrisa aussi), construction de l'alternative au néolibéralisme en Europe.

L'enjeu de la COP 21 et du Climat, d'une politique migratoire généreuse et humaine, soucieuse du droit d'asile et de la liberté de circulation, de la lutte contre la corruption, pour l'eau bien public, pour une agriculture paysanne et une alimentation de qualité pour tous, l'égalité homme-femme, la culture, la lutte contre le racisme et la domination des banques ont été autant de thèmes de débats de ce Forum Européen des Alternatives extrêmement riche et stimulant pour les participants.

Outre plusieurs personnalités du Front de Gauche (Clémentine Autin, Eric Coquerel, Marie-Christine Vergiat, Francis Wurtz, Pierre Laurent... Mélenchon a fait aussi une apparition le samedi), des frondeurs de la gauche du PS (Liem Hoang Ngoc), des écologistes (Emmanuelle Cosse), des responsables de Nouvelle Donne (Pierre Larroutourou), d'ATTAC, de la Fondation Copernic, d'associations comme Amnesty International, la JOC, RESF, la Cimade, des intellectuels (le très stimulant Gus Massiah notamment, du Forum Social Mondial) des syndicats d'émancipation français (CGT, Solidaires, FSU, Modef, Confédération Paysanne) ont participé à ces échanges.

5000 personnes ont vécu dans l'enthousiasme cette première européenne dans un climat de fraternité et de combativité mais évidemment, ce week-end là, les télés et les radios ont regardé ailleurs : le congrès de l'UMP, les démêlées de la famille Le Pen, c'était tellement plus intéressant. Cette gauche de rupture qui défend les intérêts du monde du travail, de l'égalité et de la civilisation en Europe, on préfère ne pas lui donner trop la parole, de peur que les peuples soumis à la dictature de la finance aient des idées de révolte.

Pour ma part, j'ai participé place de la République à deux débats sur le soutien à la Grèce, contre l'austérité et pour la démocratie, le samedi et le dimanche, à un débat sur « Un monde de mobilités : pour une nouvelle politique migratoire » animé par la députée européenne du Front de Gauche Marie-Christine Vergiat, à un débat sur « la démocratie contre les banques » et sur le financement des services publics en Europe. J'ai été particulièrement séduit d'entendre des paroles de lutte, de résistance, de perspectives politiques avec des accents et des idiomes grecs, espagnols, portugais, italiens, allemands, qui disent à la fois la richesse des expériences nationales de la gauche de transformation, l'universalité de notre combat, et la capacité à innover pour retrouver des bases populaires de lutte contre la domination des forces capitalistes.

Ismaël Dupont.

Forum européen des Alternatives des 30 et 31 mai : c'est pas la fin de la lutte, mais peut-être l'heure du début de la riposte pour les peuples européens
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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 09:08

Quelques réflexions sur les révoltes des peuples

La profonde crise du système, aussi désastreuse soit-elle, ne ferme pas le champ des possibles. Gustave Massiah envisage les conditions d’une convergence et d’une « réponse mondiale » des mouvements sociaux et citoyens pour refonder le politique.

Nous vivons une période de bouleversements et d’incertitudes. Une période de fortes contradictions qui structurent le champ des possibles et qui confirme que l’avenir n’est pas prédéterminé. Une partie des interrogations porte sur les formes du politique, sur les rapports entre les peuples, les mouvements et les partis. Je proposerai dans cette contribution trois réflexions ; elles s’appuient sur le processus des forums sociaux mondiaux qui se définit comme une tentative de convergence mondiale des mouvements sociaux et citoyens.

2008 et l’évidence de la crise

À partir de 2008, l’évidence d’une crise du capitalisme s’impose. Les forces dominantes ont engagé une contre-offensive extrêmement brutale qui a mis en difficulté les forces anti-systémiques. Mais, elles n’ont pas résolu leur problème, malgré des succès de court terme, elles ne sont pas sorties de la crise du système.

La situation globale est caractérisée par de grandes contradictions. La dimension financière, la plus visible, est une conséquence qui se traduit dans les crises ouvertes alimentaires, énergétiques, climatiques, monétaires, etc. La crise structurelle articule quatre grandes contradictions : économiques et sociales, celle des inégalités sociales et de la corruption ; écologiques avec la mise en danger de l’écosystème planétaire ; géopolitiques avec la fin de l’hégémonie des États-Unis, la crise du Japon et de l’Europe et la montée de nouvelles puissances ; idéologiques avec l’interpellation de la démocratie, les poussées xénophobes et racistes ; politiques avec l’interpellation des formes des pouvoirs.

La caractérisation de la situation a été explicitée au Forum social mondial de Belém, en 2009. Cette explicitation a été portée par une alliance de mouvements, les mouvements des femmes, les mouvements paysans, les mouvements écologistes et les mouvements des peuples indigènes amazoniens. Elle propose l’approche d’une triple crise emboîtée. Une crise qui marque l’épuisement du néolibéralisme en tant que phase de la mondialisation capitaliste. Une crise du système capitaliste lui-même qui combine la contradiction spécifique du mode de production, celle entre capital et travail, et celle entre les modes productivistes et les contraintes de l’écosystème planétaire. Une crise de civilisation qui découle de l’interpellation des rapports entre l’espèce humaine et la nature qui ont défini la modernité occidentale, depuis 1492, et qui ont marqué certains des fondements de la science contemporaine.

Les Forums sociaux mondiaux ont aussi proposé une démarche stratégique qui combine la réponse à l’urgence et la transformation structurelle. L’urgence, c’est de s’opposer à la dégradation des conditions de vie des couches populaires, dégradation portée par les plans d’austérité, les programmes d’ajustement structurel au marché mondial des capitaux. La transformation structurelle, c’est la recherche d’une alternative au système dominant, au capitalisme.

Les mouvements préconisent une rupture, celle de la transition sociale, écologique, démocratique et géopolitique. Ils mettent en avant de nouvelles conceptions, de nouvelles manières de produire et de consommer. Citons : les biens communs et les nouvelles formes de propriété, la lutte contre le patriarcat, le contrôle de la finance, la sortie du système de la dette, le buen-vivir et la prospérité sans croissance, la réinvention de la démocratie, les responsabilités communes et différenciées, les services publics fondés sur les droits et la gratuité. Il s’agit de fonder l’organisation des sociétés et du monde sur l’accès aux droits pour tous et l’égalité des droits.

Les mouvements sociaux sont confrontés à l’évolution de la mondialisation. La bourgeoisie financière reste encore au pouvoir et la logique dominante reste celle de la financiarisation. Mais la mondialisation est en train d’évoluer et ses contradictions augmentent. La stratégie de l’oligarchie dominante s’est affinée. La rationalité du marché mondial des capitaux reste la référence unique et imposée. Elle s’accompagne d’une stratégie militaire et policière autour d’une déstabilisation généralisée. Elle mène des offensives performantes avec la financiarisation de la Nature, le contrôle de la science et des technologies, l’offensive idéologique autour du marché et de la guerre des civilisations. La tentative de créer un cadre institutionnel mondial unifié a échoué. Il s’ensuit une différenciation des situations suivant les régions du monde, une sorte de dérive des continents. Chaque grande région évolue avec des dynamiques propres. Les mouvements sociaux cherchent à s’adapter à ces nouvelles situations et doivent redéfinir une nouvelle forme de convergence mondiale des mouvements.

La situation européenne

Dans un Forum européen des alternatives, notre principale préoccupation doit être celle de l’unité du mouvement social européen autour de la définition d’un projet alternatif européen. La différenciation de la mondialisation entre les régions du monde concerne aussi l’Europe. La crise européenne s’inscrit dans la crise globale. La crise européenne est spécifique sur le plan économique et sur le plan géopolitique. En Europe même, les situations se différencient suivant les régions européennes entre l’Europe du Nord, l’Europe du Sud, l’Europe de l’Est et la Grande-Bretagne. Les bourgeoisie européennes répondent différemment à la crise et s’affrontent. Les mouvements sociaux en Europe doivent tenir compte de la stratégie que mettent en œuvre leurs bourgeoisies pour définir leur propre stratégie. La convergence au niveau du mouvement social européen n’est pas spontanée et est, de ce fait, plus difficile.

En Europe du Nord, et d’abord en Allemagne, la stratégie est de maintenir la place économique dans la mondialisation en renforçant leur industrie. Elle le fait dans le cadre de la cogestion en proposant en échange une relative augmentation des salaires. Le mouvement syndical allemand s’inscrit dans cette cogestion.

En Europe du Sud, la stratégie de ré-industrialisation est plus difficile. La situation dans la concurrence internationale est détériorée. Le capitalisme, plus axé sur les services, est un capitalisme rentier avec des rapports complexes à l’Etat protecteur. Les politiques d’austérité pèsent plus violemment sur les couches sociales défavorisées particulièrement sur celles qui ne sont pas en situation d’emploi protégé. Le fonctionnement de la zone euro se traduit par des taux de 50% de chômeurs chez les jeunes. Le mouvement social est plus fortement mobilisé contre les politiques d’austérité.

La France est dans une situation intermédiaire. La situation dégradée en France résulte de la dureté de l’affrontement avec le patronat qui sous-investit pour garder le contrôle et refuse toute concession avec les salariés. Les patrons français jouent les affrontements au sein des couches populaires, entre salariés protégés et précaires, entre centre-villes embourgeoisés, nouveaux habitants péri-urbains de la classe moyenne, et banlieues ghettoïsées.

En Europe de l’Est les bourgeoisies jouent une stratégie d’industrialisation "low-cost" pour attirer les multinationales. Ils pèsent pour l’orientation néolibérale de l’Europe et soutiennent le libre-échange avec ses trois dumpings : social, environnemental et fiscal.

En Grande-Bretagne, la stratégie est toujours atlantiste : il s’agit de coller aux États-Unis. La bourgeoisie anglaise joue l’attractivité monétaire et fiscale. À la suite de la crise financière, leur problème est de gérer l’inévitable réduction de la taille financière de leur économie et notamment le poids de la City. La différenciation des situations pèse sur la définition d’une position stratégique commune aux mouvements sociaux et citoyens en Europe. L’ambition est de définir un projet européen alternatif qui se dégagerait du projet européen dominant et de ses impasses et qui traduirait en termes politiques et culturels l’unité du mouvement social européen.

Le mouvement social européen est confronté à trois défis principaux : le précariat, les compétents, la xénophobie. Il s’agit de trois défis mondiaux qui prennent des formes spécifiques dans chaque région du monde, notamment en Europe.

Le premier défi concerne l’indispensable et très difficile alliance pour les luttes communes entre travailleurs non-précaires et les précaires. Il y a trente ans, les mouvements sociaux se définissaient à partir des salariés stables. Les précaires pouvaient penser qu’ils pourraient à terme être intégrés dans un système social stable. Aujourd’hui, à l’inverse, la précarité est l’horizon des travailleurs stables. C’est un défi social, culturel et idéologique majeur.

Le second défi concerne l’alliance entre les classes populaires et les compétents. Il ne s’agit pas de la discussion très ancienne sur les classes moyennes. Il s’agit de casser l’alliance entre les actionnaires et les compétents qui est une condition constitutive de l’oligarchie dominante. Elle est renforcée par la scolarisation des sociétés et affaiblie par les diplômés-chômeurs. Elle traduit l’évolution des rapports sociaux du fait de la liaison entre savoir et pouvoir. Elle est au centre des contradictions dans l’évolution et le contrôle de la science et des technologies.

Le troisième défi concerne la montée des idéologies racistes et xénophobes. Elles prolifèrent à partir de la peur et des insécurités sociales, écologiques et civiques. Elles se traduisent dans la guerre aux migrants et dans les guerres civiles. En Europe, elles sont alimentées par la dimension symbolique de la crise européenne et par le "désenchantement" qui prolonge le basculement géopolitique du monde. Comment penser son identité quand on sait qu’on ne sera plus au centre du monde ? Il devient urgent de faire admettre qu’on peut très bien concevoir un monde sans centre du monde.

2011, la révolte des peuples

Depuis 2011, des mouvements massifs, quasi insurrectionnels, témoignent de l’exaspération des peuples. Les révoltes des peuples ont un soubassement commun dans la compréhension de la situation globale depuis 2008. Mais, ce n’est pas sur cette analyse d’ensemble que démarrent les mouvements. L’explosion part de questions inattendues et se prolonge. Elle semble ensuite refluer mais laisse des traces et surgit ailleurs. Que pouvons-nous apprendre de ces mouvements du point de vue du rapport au politique ?

Ces mouvements se rattachent à un nouveau cycle de luttes et de révolutions qui a commencé en 2011, il y a moins de quatre ans à Tunis, qui s’est étendu à l’Egypte et au Moyen-Orient, a traversé la Méditerranée et s’est propagé en Europe du Sud, en Espagne, au Portugal, en Grèce. Il a trouvé un nouveau souffle en traversant l’Atlantique à travers les "occupy" Wall Street, London, Montréal. Il a pris des formes plus larges dans de nombreux pays du monde, au Chili, au Canada, au Sénégal, en Croatie, autour de la faillite des systèmes d’éducation et de la généralisation de l’endettement de la jeunesse. Il rebondit à partir des mobilisations en Inde, en Turquie, au Brésil, au Mexique, à Hong Kong…

Ces mouvements montrent que la contre-offensive de l’oligarchie dominante ne s’est pas imposée, même si elle a marqué des points. Elle montre aussi que la seule réponse des peuples n’est pas dans la droitisation des positions. Certes, la montée des courants fascistes, d’extrême droite et populistes réactionnaires est sensible. Elle prend d’ailleurs des formes différentes avec le néo-conservatisme libertarien aux États-Unis, les diverses formes de national-socialisme en Europe, le djihadisme armé au Moyen-Orient. Dans plusieurs des nouveaux mouvements, la gauche classique est battue en brèche et des courants de droite paraissent quelquefois imposer leurs points de vue. Mais, il s’agit bien de mouvements de contestation de l’ordre dominant. On le retrouve dans les mots d’ordre explicités depuis Tunis et complétés par les autres mouvements. Il s’agit d’abord du refus de la misère sociale et des inégalités, du respect des libertés, de la dignité, du rejet des formes de domination, de la liaison entre urgence écologique et urgence sociale. D’un mouvement à l’autre, il y a eu des affinements sur la dénonciation de la corruption ; sur la revendication d’une "démocratie réelle" ; sur les contraintes écologiques, l’accaparement des terres et le contrôle des matières premières.

Ces mouvements portent une réponse mondiale qui se traduit dans chaque pays en fonction des spécificités nationales. Ils montrent que les sociétés ont changé et qu’une nouvelle génération s’impose dans l’espace public. Il ne s’agit pas tant de la jeunesse définie comme une tranche d’âge que d’une génération culturelle qui s’inscrit dans une situation et qui la transforme. La scolarisation des sociétés se traduit d’un côté par l’exode des cerveaux, de l’autre par les chômeurs diplômés. Les migrations relient cette génération au monde et à ses contradictions en termes de consommations, de cultures, de valeurs. Elles réduisent l’isolement et l’enfermement des jeunesses. Les chômeurs diplômés construisent une nouvelle alliance de classes entre les enfants des couches populaires et ceux des couches moyennes. Les nouveaux mouvements étudiants dans le monde marquent la faillite des systèmes éducatifs à l’échelle mondiale. D’une part, le néolibéralisme a rompu la promesse de lier l’éducation au plein emploi et le lien entre le bien vivre et la consommation.

Les révoltes affirment un refus et la compréhension de la rationalité dominante. Elles n’opposent pas à la complexité des situations des réponses simplistes. Les rapports de production n’ont pas changé de nature, mais nous vivons des mutations liées aux cultures qui portent les nouvelles technologies, particulièrement le numérique et les biotechnologies. Les modes de pensée sont bouleversés par la révolution écologique. La révolution majeure des droits des femmes, au-delà des réactions violentes qui la rejettent, commence à peine un bouleversement incroyable des sociétés. C’est la réinvention de la démocratie qui est au cœur des mutations et des interrogations. La démocratie économique et sociale reste un préalable. Elle est à inventer. Il est clair que la démocratie ne se résume pas au marché, mais il apparaît aussi que l’Etat ne suffit pas à définir le contraire du marché et à garantir la démocratie. La démocratie culturelle et politique nécessite la réinvention du politique.

Réinventer le politique

Dans tous les mouvements, une revendication s’affirme : le rejet de la corruption. Le pouvoir économique et le pouvoir politique, à travers leur complicité, ont été désignés comme les responsables de la crise. Ce qui a été démasqué c’est la dictature du pouvoir financier et la "démocratie de basse intensité" qui en résulte. La défiance par rapport aux partis et aux formes traditionnelles du politique avait été déjà marquée avec les indignés espagnols (« vous ne nous représentez pas »), les occupy (« vous êtes 1%, nous sommes 99% »). Cette défiance s’exprime par la condamnation systématique de la corruption systémique. La fusion entre le politique et le financier corrompt structurellement la classe politique dans son ensemble. Le rejet de la corruption va au-delà de la corruption financière ; il s’agit de la corruption politique. Elle est visible dans les politiques imposées et dans le mélange des intérêts. Comment faire confiance quand ce sont les mêmes, avec parfois un autre visage, qui appliquent les mêmes politiques, celles du capitalisme financier. La subordination du politique au financier annule le politique. Elle remet en cause l’autonomie de la classe politique et la confiance qui peut lui être accordée.

Les mouvements n’ont pas défini un nouveau système politique. Mais ils en expérimentent un des préalables ; ils cherchent à inventer une nouvelle culture politique. Leur approche enrichit la manière de relier les déterminants des structurations sociales : les classes et les couches sociales, les religions, les références nationales et culturelles, les appartenances de genre et d’âge, les migrations et les diasporas, les territoires. Elle expérimente de nouvelles formes d’organisation à travers la maîtrise des réseaux numériques et sociaux, l’affirmation de l’auto-organisation et de l’horizontalité. Elle tente de redéfinir, dans les différentes situations, des formes d’autonomie entre les mouvements et les instances politiques. Elle recherche des manières de lier l’individuel et le collectif. Elle se réapproprie l’espace public. Elle interpelle les formes de représentation et, notamment, les limites de la délégation. Ce n’est pas un changement du rapport au politique mais un processus de redéfinition du politique.

Ces mouvements sont spontanés, radicaux, hétérogènes. Certains affirment que ces mouvements ont échoué parce qu’ils n’auraient pas de perspective ou de stratégie et qu’ils ne se sont pas dotés d’organisation. Cette critique mérite d’être approfondie. Elle n’est pas suffisante quand on sait que le plus vieux de ces mouvement a quatre ans. Les mouvements ne rejettent pas toutes les formes d’organisation ; ils en expérimentent des nouvelles. Celles-ci ont démontré leur intérêt dans l’organisation des mobilisations, la réactivité aux situations et l’expression de nouveaux impératifs. La question des formes d’organisation par rapport au pouvoir est à l’ordre du jour. Ce qui se passe avec Syriza, Podemos ou le Parti des gens ordinaires à New Delhi, c’est le début d’une nouvelle étape ; des organisations politiques qui se réfèrent aux nouveaux mouvements et qui en sont, en partie, issues. Des organisations politiques qui se donnent comme objectif d’arracher le politique au financier et qui refusent l’idée qu’il n’y a pas d’alternatives. Ce ne sont pas encore complètement des nouvelles formes d’organisation politique, mais elles assument que les partis doivent prendre leur part dans la réinvention du politique.

Adaptation de son intervention au Forum Européen des Alternatives du 30 et 31 mai 2015 pour le magazine Regards.

Quelques réflexions sur la révolte des peuples par Gus Massiah (Forum européen des alternatives)
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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 05:43

Plus de 5000 personnes ont participé hier à la première journée du Forum européen des alternatives place de la République le 30 et 31 mai. C'est un grand succès pour l'ensemble de la gauche européenne.

Trente partis d'Europe et de la Méditerranée représentant 20 pays, toute la gauche française, 12 organisations de jeunesse, 18 organisations syndicales et 80 associations, se sont rassemblées dans une ambiance de travail et de fête.

L'alliance européenne contre l'austérité vient d'être lancée en France. Dix ans après le Non au TCE, l'alternative est là.

Je lancerai ce midi, avec Zoé Konstantopoulou, Présidente du Parlement grec, Giorgos Katrougalos, Ministre de la Fonction publique grecque, et tous les représentants de Syriza, un appel à la solidarité avec le peuple grec et son gouvernement.

Nous nous engageons ensemble vers une grande journée d'action unitaire le 20 juin en France et une semaine de mobilisation européenne du 20 au 27 juin.

Les forces de progrès en Europe gagnent du terrain.

Pierre Laurent, Président du Parti de la gauche européenne,

L'alliance européenne contre l'austérité est lancée (Pierre Laurent)
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