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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 06:17
Jeremy Corbyn, porteur du "non" de gauche au Brexit - par Francis Wurtz (L'Humanité Dimanche, 16 juin 2016)

Le nouveau leader travailliste, Jeremy Corbyn, déroute décidément les observateurs politiques français. Cet authentique homme de gauche se permet à la fois de s'opposer à la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE et de lutter pour une autre Europe. Il n'en faut pas plus pour que "Libération" s'interroge: "Est-il "in" ou "out"? Ceci est la question".

Certes le journal de Laurent Joffrin l'admet: " Il l'a clairement dit: il votera en faveur du maintien". Mais comment croire à son engagement contre la sortie de l'UE alors qu'il a voté contre tous les traités européens et qu'il ne "s'est jamais privé de critiquer l'union européenne" (15 avril).

Autrement dit, pour paraphraser un ancien président: l'Europe, on l'aime telle qu'elle est ou on la quitte! Cela nous rajeunit de 11 ans: en 2005, ou bien l'on votait pour le traité constitutionnel, ou l'on était qualifié d'europhobe! Même son de cloche à "l'Express": "Corbyn soutient le maintien dans l'UE du bout des lèvres", titrait l'hebdo le 14 avril.

C'est que "l'éternel rebelle de l'aile gauche du Parti" a rappelé que cette UE qu'il n'entend pas quitter à en revanche "besoin de changer (car elle) manque de représentation démocratique" et qu'elle poursuit de mauvaises politiques qu'il entend continuer de combattre (TAFTA, privatisations - NDLR). En effet, n'en déplaise au esprits bornés, "il est parfaitement possible d'être critique et en même temps de rester convaincu de la nécessité de rester membre" comme l'a précisé Corbyn dans ce même discours et comme il l'a maintes fois réitéré depuis.

Cette position est aussi celle des principaux syndicats britanniques: ils appellent leurs adhérents à voter pour le maintien dans l'UE tout en estimant que celle-ci "doit changer" en rompant avec "les politiques d'austérité"*. Il est enfin intéressant de noter que 70% des jeunes Britanniques (de 18 à 24 ans) sont, eux aussi, clairement opposés à une sortie de leur pays de l'UE, sans être nécessairement des béni-oui-oui de l'Europe telle qu'elle se fait.

Manifestement, ni les uns ni les autres ne se font la moindre illusion sur les avantages à attendre d'un face-à-face isolé avec les forces du capital de leur pays ni d'une flambée populiste consécutive à une victoire du Brexit. Sans être au garde-à-vous devant Bruxelles.

Est-ce à dire que les "eurocritiques" de gauche devraient pour autant faire cause commune avec ce politicien foncièrement réactionnaire et ultralibéral qu'est David Cameron, sous prétexte qu'il est, lui aussi, contre la sortie de l'UE, pour de tout autres raisons? Qui peut l'imaginer un seul instant? Qui? "Le Monde" apparemment, qui vient de consacrer une demi-page et une manchette sur six colonnes à une critique en règle de Corbyn, coupable de faire le "service minimum" pour le "in" (le maintien dans l'UE). La preuve? "Il refuse d'apparaître aux côtés de M. Cameron". Pire: au Parlement de Londres, "il s'en est pris vivement à ce dernier alors qu'il est du même côté que lui dans la bataille référendaire".

Pourtant, note, dépité, le quotidien, "le premier ministre ne ménage pas sa peine". N-a t-il pas "renoncé à son projet de loi destiné à asphyxier les syndicats et le Labour"? Certes, pas pour longtemps, puisque, reconnaît le correspondant, "les hostilités pourraient reprendre dès le lendemain du référendum" (10 juin).

Drôle de compromis! "On attendait mieux d'un homme de gauche" insiste pourtant "le Monde" (12 juin) dans un éditorial au vitriol où l'on peut lire, en se frottant les yeux, que "par sa passivité, M. Corbyn s'associe à l'ultra-droite nationaliste anglaise pour faire perdre l'Europe"!

Pour notre part, nous disons merci à notre ami de ne pas renier ses valeurs progressistes dans cette campagne si complexe, en affirmant en quelque sorte un "non" de gauche au Brexit.

* Lettre des dirigeants des dix principaux syndicats à "The Guardian" le 6 juin. A noter que "le Monde" a publié l'information... en en ignorant le second volet.

Francis Wurtz, ancien député européen PCF-Front de Gauche- Gauche Unitaire Européenne

Jeremy Corbyn, porteur du "non" de gauche au Brexit - par Francis Wurtz (L'Humanité Dimanche, 16 juin 2016)
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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 12:48

RENNES , Place de la Mairie , ce soir 19h . RASSEMBLEMENT de solidarité avec les victimes du massacre homophobe et islamiste de Orlando

Orlando : "La haine et la terreur ne triompheront pas" (Pierre Laurent)

La tuerie d'Orlando perpétrée le 12 juin 2016 par un individu isolé, et à présent revendiquée par Daech, a fait à cette heure 50 morts et 53 blessés dont certains sont dans un état critique. Le PCF s'associe aux familles endeuillées et aux blessés, et exprime tout son soutien aux victimes de ce terrible attentat, au peuple américain. Racisme, homophobie, sexisme : c’est la même haine qu’il nous faut désarmer. Partout où cette intolérance frappe, elle tue. Parce que ces attaques et ce massacre sont insupportables, où qu'ils aient lieu, nous nous tenons aux côtés des victimes et de toutes celles et tous ceux qui luttent pour l’égalité. Aux États-Unis où le port d'armes est un "droit" constitutionnel ce sont des millions d'armes qui circulent et des dizaines de milliers de vies arrachées chaque année, de plus en plus souvent lors de carnages de masse comme ce fut le cas dans une église de Charleston ou au marathon de Boston. Selon certains médias états-uniens, les "crimes de haine" sont en augmentation de 800% dans ce pays, première puissance mondiale, où l'un des candidat-e-s à l'élection présidentielle, fer de lance du lobby américain des armes, appelle publiquement, et en toute impunité, aux lynchages et à la violence raciale. Construire un monde de sécurité globale et inclusive est impératif. Et les peuples ont plus que jamais besoin de solidarité pour le construire. La haine et la terreur ne triompheront pas. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 07:45
Alexis Tsipras

Alexis Tsipras

Cet article de Michel Bonnard renvoie assez largement aux analyses de Philippe Menut dans le film "La Tourmente grecque, chronique d'un coup d'Etat".

Cela peut être discuté mais c'est un point de vue intéressant qui remet un certain nombre de repères en place.

Que nous apporte l’expérience de Syriza ?

dimanche 14 février 2016

La victoire de Syriza, le 25 janvier 2015, a apporté un grand espoir au peuple grec et à la gauche européenne antilibérale. Aujourd’hui, son échec amène déception et sentiment d’impuissance.

Revenons sur l’expérience de Syriza afin de dépasser ce revers et préparer un autre avenir en Europe. Pour cela il faut clarifier les relations et les contradictions qui ont existé, d’une part, entre le mouvement populaire, Syriza et le gouvernement Syriza-ANEL et, d’autre part, entre l’opposition féroce de l’Union européenne et le mouvement populaire, Syriza et le gouvernement Syriza-ANEL. Enfin, il est nécessaire de souligner les raisons qui ont mené à cet échec.
Relations entre le mouvement populaire, Syriza et le gouvernement

Le mouvement populaire a permis l’arrivée au pouvoir de Syriza. Les formations regroupées dans Syriza obtenaient 4,6% en 2009. Confronté à la politique d’austérité imposée par la troïka (1), le mouvement populaire a atteint sa puissance maximale entre 2010 et 2012. Pendant cette période, Syriza était totalement impliqué dans les luttes. Constitué en parti, il obtenait 16,8% aux législatives en mai 2012 et 26,9% en juin de la même année. Moins active, la mobilisation populaire s’est poursuivie jusqu’à la fin 2014.

Le 25 janvier 2015, Syriza arrivait au pouvoir, avec 36,3%, en s’alliant avec ANEL (2).

Dès le 4 février, la Banque Centrale Européenne refusait les titres grecs comme garantie pour le refinancement des banques. Le 5 février à Athènes, une manifestation spontanée apportait son soutien au gouvernement. Les 11 et 15 février, les manifestations de soutien se multipliaient.

Convaincu de pouvoir négocier avec l’Eurogroupe mais confronté à une opposition féroce des créanciers, le gouvernement Syriza acceptait les conditions de la troïka le 20 février pour participer à un nouveau cycle de négociations.

Le Comité central de Syriza s’opposa à 41% à ce premier “accord”, des députés de Syriza, dont Zoé Konstantopoulou, présidente du Parlement, des ministres, dont Panagiotis Lafazanis, des personnalités comme Manolis Glezos, s’y opposèrent également. C’est pourquoi le texte ne fut pas présenté au Parlement.

Après le 20 février, la mobilisation est retombée et la population restera suspendue au feuilleton des négociations prévues pour durer quatre mois. Un groupe extrêmement restreint au gouvernement les mène alors, sans l’appui d’une nouvelle mobilisation et sans débat public.

Durant cette période, le Comité central ne sera pas non plus impliqué dans les négociations.

Pourtant, pendant ce temps, les débats concernant la question de la dette, des rapports avec l’Eurogroupe et la troïka occupaient Syriza. Pour autant, la crainte de ne pas conserver le soutien populaire sorti des sondages (7 sur 10 Grecs faisaient confiance à Syriza) en suscitant un débat public sur cette question a bâillonné le parti dans son ensemble.

La Plateforme de gauche, à l’intérieur de Syriza, favorable à une cessation de paiement (actée dans le programme de Thessalonique) et à une sortie de l’euro n’impulsait pas plus un mouvement populaire, qui aurait pu peser sur le gouvernement et sur les négociations.

Fin juin, les conditions exigées par les créanciers amenèrent Tsipras, le 27 juin, à poser la question de refuser les nouvelles exigences des créanciers par un référendum fixé au 5 juillet.

Les Grecs se mobilisèrent, débattirent, participèrent entre-autres à une manifestation énorme à Athènes le 3 juillet et le NON (OXI) recueillit 62,1% (70% dans les quartiers populaires et 85% chez les jeunes).

Le soir même, en totale contradiction avec les résultats du référendum et avec son appel à voter NON, Tsipras décidait de capituler et de reprendre les négociations. Elles allaient le mener à accepter, le 13 juillet, un “accord” irréalisable et catastrophique pour le peuple.

Yanis Varoufakis démissionna le 6 juillet au moment où Tsipras faisait volte-face. Majoritairement, le Comité central s’opposa à ce nouvel “accord”. Plus d’une trentaine de députés de Syriza voteront contre. Plusieurs ministres démissionnèrent à la suite ou étaient démissionnés et les rangs de Syriza se vidèrent. La population fut sidérée et la mobilisation populaire contre ce coup de force ne fut pas à la hauteur. Le diktat des créanciers fut alors ratifié au Parlement grâce au soutien de Nouvelle démocratie, du PASOK, de Dimar et de To Potami, l’opposition au gouvernement Syriza-ANEL.

Dans le parti, la lutte fut vive. La Plateforme de gauche décida de rester dans Syriza et demanda la tenue d’un congrès avant le vote des “accords” par le Parlement. Tsipras réussit à repousser le congrès aux calendes grecques…

Les “accords” définitivement votés le 19 août, Tsipras démissionna le 20, entraînant la dissolution du Parlement et la tenue de nouvelles élections législatives le 20 septembre. Sachant qu’elle n’aurait pas l’investiture du parti, la Plateforme de gauche sortit de Syriza et forma l’Unité populaire.

La campagne intéressa peu la population qui s’abstiendra massivement (44%). Syriza perdit des sièges, mais renoua son alliance avec ANEL et garda la majorité. Avec 2,8%, Unité populaire n’obtint aucun siège.

Relations entre les créanciers et les Grecs

La Commission européenne, le Fonds Monétaire International, l’Eurogroupe, la BCE, les gouvernements européens, les médias grecs et la plupart des médias européens attaquèrent violemment Syriza dès l’annonce des élections du 25 janvier. Junker résuma leur option commune par cette formule : “Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens”. Leur position ne variera pas : la Grèce devait payer !

La population grecque était alors majoritairement attachée à rester dans la zone euro et dans l’Union européenne. Syriza était partagé sur cette question, mais opta pour rester à tout prix dans l’euro. La Plateforme de gauche était pour un affrontement avec les créanciers, quitte à provoquer une rupture. Représentée par Yannis Dragasakis (vice Premier ministre) et Georges Stathakis (ministre de l’Économie), la droite de Syriza était favorable à un aménagement des mémorandums. Alexis Tsipras voulait réaliser au mieux le programme de Thessalonique en menant une négociation qui excluait toute rupture.

Yanis Varoufakis, chargé de mener les négociations, se heurta avec les créanciers. Il posa le débat sur l’avenir de la Grèce, sur la pertinence de rompre avec l’austérité. L’Eurogroupe n’entendit pas entrer dans ce débat et resta calé sur son programme de “réformes” à faire avaler aux Grecs. Un dialogue de sourds s’instaura pendant que la BCE mettait la pression sur le refinancement des banques grecques. À la veille du 20 février, Tsipras remplaça Varoufakis par Euclide Tsakalotos pour finaliser le premier “accord”. Celui-ci acta que la Grèce devait payer ses dettes, que le gouvernement ne pouvait pas prendre de mesures unilatérales et qu’il acceptait le contrôle des institutions, etc. Enfin, “l’aide”(3) apportée par les institutions serait conditionnée à des réformes négociées avec (imposées par) les créanciers.

Les mobilisations populaires faiblissent après le 20 février, la population faisant confiance à la pugnacité dont se prévalait le gouvernement.

Le 4 avril, la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque était mise en place par Zoé Konstantopoulou et coordonnée par Éric Toussaint. Le 18 juin, cette Commission rendait ses travaux et sa conclusion était d’arrêter de payer une dette qualifiée d’illégitime, d’illégale, d’odieuse et d’insoutenable.

N’ayant pas de moyens de pression et talonnés par la baisse des liquidités, les négociateurs grecs reculaient et franchissaient des “lignes rouges”. Les aides aux plus pauvres, l’allègement des impôts injustes, le relèvement du seuil de non-imposition, le refus des privatisations, l’augmentation du salaire minimum, etc. : tout cela était abandonné. Fin juin, les exigences apparaissaient inacceptables : augmentation de la TVA, privatisation de l’électricité, nouvelles coupes dans les retraites, etc. Tsipras remplaça de nouveau Varoufakis. Ne réussissant pas à faire reculer les créanciers, le 27 juin, il décidait d’appeler au référendum du 5 juillet.

Tout a été tenté pour que les électeurs comprennent le risque de Grexit si le NON (OXI) était majoritaire. La BCE coupa les liquidités aux banques qui fermaient le 29 juin. Les médias se déchaînaient contre le référendum. L’Eurogroupe, la Commission européenne appelaient à voter OUI (NAI) et Schäuble menaçait la Grèce d’être exclue de la zone euro en cas de victoire du NON.

Durant cette semaine-là, la mobilisation était de nouveau très importante et le NON l’emporta le 5 juillet.

Tsipras espérait-il un OUI qui le dédouanerait pour accepter le troisième mémorandum ? Toujours est-il qu’il décida de jeter l’éponge, de capituler.

Yanis Varoufakis ne réussit pas à le convaincre d’appliquer un plan B (4) consistant à arrêter de payer la dette, de mettre en place une monnaie électronique parallèle, de nationaliser les banques, etc. Cela se serait joué à trois contre deux ! Varoufakis démissionna le 6 juillet.

La décision de Tsipras était une aubaine inespérée pour les créanciers qui, alors, multiplièrent et durcirent leurs exigences.

L’accord du 13 juillet (5) affirme, par exemple : “Le sommet de la zone euro souligne que l’on ne peut pas opérer de décote nominale sur la dette” ; “Les autorités grecques réaffirment leur attachement sans équivoque au respect de leurs obligations financières vis-à-vis de l’ensemble de leurs créanciers intégralement et en temps voulu” ; “Le gouvernement doit consulter les institutions et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de la soumettre à la consultation publique ou au Parlement”.

Suit un catalogue de mesures de libéralisation, d’augmentation des taxes, de diminution des retraites (6), de “réformes” du code du travail, de privatisations, etc.

Depuis, face au quartet (7), le gouvernement grec recule à chaque étape : il a taxé les retraites en octobre, il a bradé les banques acquises par des fonds vautour en novembre, il a retiré son projet d’aide aux plus démunis en décembre, il a accepté les expulsions de la résidence principale, etc.

La vie des Grecs sera de plus en plus insupportable : se libérer du carcan de l’austérité et de la mise sous tutelle ne manquera pas de se poser de nouveau.

Quelles sont les raisons de cet échec ?

Le rapport des forces entre le gouvernement grec et les institutions était et est toujours aussi défavorable aux Grecs. Le programme de Thessalonique n’était ni plus ni moins qu’un programme d’aide aux plus démunis, un programme de relance économique, de lutte contre le chômage dans le cadre d’un rétablissement du fonctionnement institutionnel et démocratique du système politique. Les gouvernements européens, la troïka, l’Eurogroupe ont marqué dès le départ leur opposition farouche à la souveraineté du gouvernement grec et à l’aspiration du peuple à une vie décente.

La stratégie du gouvernement grec était de négocier avec les créanciers la restructuration de la dette et/ou la mise en place d’un moratoire permettant au pays de se redresser. Cela ne pouvait pas aboutir en l’absence d’un rapport de force favorable. Pour les raisons déjà avancées, refuser tout compromis défavorable avait été exclu dès le départ par Tsipras et ses proches.

La menace d’un Grexit voulu par l’Eurogroupe n’aurait pas dû être prise au pied de la lettre. L’hypothèse d’une sortie de l’euro pour la Grèce aurait posé un problème politique majeur à l’Eurogroupe. En effet, le 16 septembre 2015, le vice-président de la BCE, Vítor Constâncio, a affirmé que la menace d’expulsion de la Grèce de la zone euro “n’a jamais été lancée pour de vrai parce que ce ne serait pas légal”. Préparée politiquement et techniquement, la perspective d’une possible rupture dans les négociations aurait peut-être rebattu les cartes.

Les mobilisations populaires en Europe ont été extrêmement faibles et les gouvernements, sociaux-démocrates comme de droite, se sont tous dressés contre les demandes grecques. Notre responsabilité est immense de ce point de vue.

L’espoir que les Grecs avaient mis dans Syriza ne s’est pas mué en action collective de transformations sociales. Pour cela, il leur aurait fallu affronter à la fois les intérêts des puissants à l’intérieur de la Grèce et les créanciers à l’extérieur. Ni le mouvement populaire fatigué par cinq années de luttes et de privations, ni Syriza pas préparé à un affrontement de classe, ni le gouvernement bercé d’illusions derrière ses bonnes intentions ne l’ont envisagé. La gauche de Syriza en connaissait l’incontournable nécessité, mais n’a pas réussi à pallier les faiblesses manifestes des uns et des autres.

Pour ouvrir le débat

Les mobilisations populaires ne se décrètent pas, mais elles peuvent se convertir en intelligence collective, en force sociale qui, prenant conscience de sa puissance, ébranle la domination qu’elle subit. Dans ces périodes, il est possible de mettre au pouvoir des partis progressistes reconnus. Cela ne garantit pas qu’une fois installé le gouvernement ait les capacités de mettre en œuvre ce qu’il a programmé. Encore faut-il que les mobilisations entrent en résonance avec l’action de ce gouvernement afin que ce dernier aille au bout de ce que les luttes entendent atteindre. Or le temps politique et le temps des mobilisations n’est pas le même. Dans le cas grec, le temps politique a été extrêmement court et le mouvement de mobilisation, à ce moment-là, reprenait son souffle.

Cela pose, pour commencer, le problème de la lutte idéologique contre le sentiment de fatalité qui est actuellement dominant (TINA) (8). Cela pose ensuite celui de l’organisation et celui des propositions dont peuvent se doter les partis qui ont des perspectives émancipatrices.

L’expérience grecque place au premier plan la question européenne. L’Union européenne, les traités européens, la monnaie unique, les institutions sont des instruments de domination au profit du capital financier. Ce n’est en aucun cas une avancée inachevée vers un monde meilleur.

Vouloir de la démocratie et de la protection sociale là où ces biens précieux sont en continuels reculs est légitime. En Europe, s’affranchir du carcan des traités européens, de la monnaie unique ne peut pas se négocier, sinon dans un rapport de force tout à fait exceptionnel.

Il ne peut y avoir de souveraineté populaire ni sous la Ve République, ni dans l’Union européenne. Une rupture est indispensable.

Michel Bonnard, 13 janvier 2016

(1) La troïka : la Commission européenne, la BCE et le FMI.

(2) ANEL : “Les Grecs indépendants”, parti de droite souverainiste issu de Nouvelle démocratie.

(3) Les milliards “d’aide” à la Grèce sont partagés comme suit : 8% pour l’État grec, le reste retourne aux créanciers dont 77% aux banques. Voir le rapport de la commission pour la vérité sur la dette grecque : http://cadtm.org/Synthese-du-rapport-de-la

(4) Le petit groupe qui a réfléchi à ce plan B autour de Varoufakis a travaillé dans le secret. James Galbraith en a fait partie. Il s’en explique : http://cadtm.org/L-economiste-James-Galbraith

(5) http://www.politis.fr/Voici-le-texte-de-l-accord-UE,31897.html

(6) Pour les retraites : - 40% entre 2010 et 2015 ; de – 4% à- 6% en novembre 2015 ; - 15% pour les retraites moyennes (750 €), - 30% pour les retraites au-dessus de 2 000 € : ceci dans le plan présenté par le gouvernement à l’Eurogroupe le 5 janvier 2016 et qui peut être retoqué. Voir l’article de Romaric Godin : http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-le-gouvernement-presente-sa-reforme-des-retraites-540424.html

(7) Le quartet : la Commission européenne, la BCE, le FMI et le Mécanisme Européen de Stabilité

(8) TINA : “There is no alternative”.

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 06:13

Syrie: 5 ans de combats, 5 ans de massacres le témoignage...

Entretien avec Pierre Barbancey, grand reporter au quotidien
« L’Humanité ».Syrie, 5 ans de combats... 5 Ans de massacres. Notre invité revient d'un nouveau séjour en Syrie ( TV 5 MONDE).

https://youtu.be/A2fokfX5XdE

(Pierre Barbancey défend depuis le début du conflit un point de vue qui met en avant le danger islamiste en Syrie et les visées stratégiques des pays arabes conservateurs alliés des Etats-Unis sans focaliser sur la criminalité intrinsèque d'une ampleur stupéfiante du régime de Bachar-al-Assad.

Un point de vue intéressant du point de vue de la géostratégie du Proche-Orient mais contestable sur un plan politique et moral qui, selon moi, ne fait pas justice à la réalité de l'insurrection populaire laïque et démocratique de départ contre la tyrannie de Bachar-al-Assad, qui n'est soutenue que par 20% de la population syrienne environ et qui fait une guerre à base de crimes contre les civils et l'humanité aux Syriens des territoires libérés de l'emprise du dictateur, même si depuis la rébellion s'est faite en grande partie phagocytée depuis 2012-2013 par les islamistes de différentes tendances soutenus de l'étranger.

Ismaël Dupont )

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10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 14:06

Marwan Barghouti, citoyen d'honneur de Stains : Soutien à Azzedine Taibi (PCF)

En 2009, le conseil municipal de Stains (93) a élevé Marwan Barghouti au rang de citoyen d’honneur de la ville et installé au fronton de l’hôtel-de-ville une banderole pour demander sa libération.

Stains fait partie du réseau des villes et collectivités pour la libération de Marwan Barghouti comme vingt-deux autres municipalités dont les maires s’apprêtent d'ailleurs à lui rendre une visite de solidarité en ce mois de juin.

Soutenir Marwan Barghouti, c'est soutenir la paix.

Partisan d’une solution politique basée sur le respect du droit international avec la création d'un État palestinien aux côtés de l’État israélien, il est détenu illégalement dans les geôles israéliennes depuis 2002. Marwan Barghouti, député et président du groupe d’amitié Palestine-France au parlement palestinien n'est pas plus terroriste que ne l'était Nelson Mandela. D'ailleurs, une campagne internationale pour sa libération et celle de tous les prisonniers politiques palestiniens a été lancée depuis Robben Island et a recueilli de nombreux soutiens au-dessus de tout soupçon : huit prix Nobel, dont Jimmy Carter et Desmond Tutu, et de prestigieuses personnalités parmi lesquelles le regretté Stéphane Hessel, Michel Rocard, Jack Ralite, Christian Sautter, Guy Bedos, Rony Brauman, Gisèle Halimi, Eva Joly, ou encore Pierre Tartakowski, alors président de la Ligue des droits de l’Homme et Jean Ziegler, membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies.

Récemment, des parlementaires britanniques ont demandé au parlement israélien la libération de Marwan Barghouti ; cette demande a été reprise par l'Egypte. Le prix Nobel de la paix argentin, Adolfo Perez Esquivel, et des parlementaires belges ont proposé d’attribuer cette année le prix Nobel de la paix à Marwan Barghouti. Quant au quatuor tunisien récipiendaire du prix Nobel de la paix 2015, il lui a dédié il y a quelques mois son prix Nobel. Tous sont conscients du rôle positif que peut jouer Marwan Barghouti pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.

Mais pour le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), toutes les critiques de la politique menée par l’État d'Israël sont systématiquement définies comme de l'antisémitisme et il entend poursuivre tous ceux qui s'y opposent.

En 2015, le BNVCA décide de faire annuler le titre de citoyen d’honneur de Marwan Barghouti que lui avait donné la ville d'Aubervilliers. Aujourd'hui, c'est contre le maire communiste de Stains, Azzédine Taïbi, que le BNVCA porte plainte pour « apologie publique d’un acte terroriste ». Il s'agit d'une pure forfaiture et d'une insulte au maire et aux habitant-e-s de Stains.

Le Parti communiste français assure de toute sa solidarité et de tout son soutien au maire, Azzédine Taïbi, et aux habitant-e-s de Stains, et appelle tous les militant-e-s de la paix à se rendre au rassemblement le mardi 14 juin à 9h devant le tribunal administratif de Montreuil lors de sa comparution.

Marwan Barghouti, citoyen d'honneur de Stains: soutien à Azzedine Taibi (PCF)
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10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 13:09

Le compte rendu complet du 37e Congrès du PCF du 2 au 5 juin à Aubervilliers-St Denis.

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10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 12:58

AFPS, vendredi 10 juin 2016

Quatre civils israéliens ont été tués dans un attentat à la terrasse d’un café, victimes collatérales d’une politique dont leur gouvernement porte l’entière responsabilité.

Nous déplorons cette situation dans laquelle des civils tuent d’autres civils tandis que les fauteurs de haine paradent au cœur du pouvoir israélien.

L’attentat commis par deux jeunes de Yatta n’aura surpris que ceux qui veulent fermer les yeux sur la situation qui prévaut aujourd’hui en Palestine occupée et le niveau de désespoir et de colère qui est celui de la population.

Le village de Yatta, au sud d’Hébron, dont sont originaires les deux jeunes, est depuis des années sous la pression constante des colons qui cherchent à vider la région de la présence palestinienne.

De tels actes ne manqueront pas de se reproduire si rien n’est fait pour arrêter cette infernale course à l’abîme, résultat d’une politique choisie en toute conscience par le gouvernement israélien. C’est ce qu’a dit à sa façon le maire de Tel-Aviv en pointant la responsabilité de l’occupation et de la colonisation.

Face au drame, on comprend bien sûr que le Président de la République ait condamné un attentat contre des civils, mais il l’a fait en assurant Israël de sa solidarité contre le terrorisme, comme si Israël n’était pas un acteur direct de ce terrorisme. Il s’était d’ailleurs bien gardé de réagir de même lors de l’assassinat le 24 mars dernier d’ Abdel Fattah Al-Sharif par un soldat franco-israélien.

La « riposte » annoncée, avant même la réunion du cabinet de guerre, suppression des permis de travail en Israël pour toutes les personnes portant le même nom que les auteurs de l’attentat, suspension des permis de visite familiale pour 83000 Palestiniens pendant le ramadan, interdictions jusqu’à dimanche soir d’accéder à Jérusalem et en Israël, bouclage et destructions programmées à Yatta ne feront que rajouter au désespoir.

Il est du devoir de la communauté internationale de s’opposer à ces punitions collectives qui alimentent la mécanique infernale de la violence et du désespoir et de faire échec au scénario du pire en imposant le respect du droit.

Quatre civils tués dans un attentat à Tel Aviv, le sinistre résultat d'une logique d'oppression coloniale (AFPS)
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10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 06:07

Pourquoi les désertions se multiplient au sein de Daech
http://www.huffingtonpost.fr/2016/06/09/desertions-daech-etat-islamique-terrorisme_n_10370152.html

TERRORISME – Les défections, notamment de jihadistes occidentaux, se multiplient dans les rangs de Daech, et leur retour dans leurs pays d'origine est un casse-tête pour les services antiterroristes, selon des sources concordantes.

En recul en Syrie et Irak, soumise aux bombardements incessants de dizaines de chasseurs-bombardiers, l'organisation peine à empêcher certains des milliers de volontaires étrangers qui l'ont rejointe depuis 2014 de quitter les terres du califat autoproclamé pour rentrer chez eux.

Leurs motivations sont multiples. Les principales sont la peur des raids aériens, la déception par rapport à ce qu'ils avaient imaginé, la corruption des dirigeants locaux, les exactions envers d'autres musulmans sunnites ou tout simplement l'ennui, précise une étude menée sur soixante d'entre eux par l'International centre for the study of radicalisation (ICSR) du King's College de Londres.

"Ils sentent que la phase finale a commencé, beaucoup commencent à nous envoyer des messages pour savoir comment rentrer", confie à l'AFP le coordonnateur national du renseignement en France, Didier Le Bret. "Il n'est plus question d'expansion du glorieux califat, et nous savons que certains se font tuer quand ils tentent de fuir".

"D'ailleurs, étant donné que les services de sécurité de Daech sont très soupçonneux, ça nous inquiète quand on récupère quelqu'un: comment savoir s'il est sincère ou en mission?", ajoute-t-il.

Selon le directeur général de la sécurité intérieure française (DGSI), Patrick Calvar, à la mi-mai "244 personnes étaient revenues de la zone syro-irakienne en France". "On assiste à davantage d'intentions de retour sur notre sol", a-t-il précisé lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Mais elles "sont entravées par la politique de Daech qui, dès lors qu'ils souhaitent quitter la Syrie, considère les intéressés comme des traîtres à exécuter immédiatement".

"Du simple massacre"

Dès janvier 2014, avant même la proclamation officielle de la création du califat, l'ICSR a créé une base de données à partir des interviews que ses chercheurs ont pu mener avec des déserteurs de Daech, pour tenter de comprendre leurs motivations. Elle comprend aujourd'hui 60 noms.

"Les raisons pour lesquelles ils ont fui sont aussi complexes que celles qui les ont poussés à y aller" écrit dans un rapport Peter Neumann, directeur de l'ICSR. "Ils ne sont pas tous devenus de fervents partisans de la démocratie à l'occidentale. Certains ont commis des crimes".

"Dans leurs récits, quatre reproches reviennent: 'l'EI cherche davantage à combattre d'autres musulmans que le gouvernement Assad, l'EI commet des atrocités envers des musulmans, l'EI est corrompue et ne suit pas les préceptes de l'islam, la vie sous le joug de l'EI est dure et décevante'", poursuit-il.

Shiraz Maher, membre de l'ICSR, est l'un des chercheurs qui a interrogé les déserteurs. "La plupart nous disent: 'Nous n'étions pas venus pour ça'", confie-t-il, lors d'une visite à Paris. "L'un d'eux m'a dit: 'Je voudrais dire à tous les moudjahidines de ne pas aller en Syrie. Ce n'est pas ça le jihad. Vous allez vous retrouver à tuer des musulmans'".

Partis parfois sur un coup de tête, parfois persuadés qu'ils allaient rejoindre une utopie, une société idéale régie par la charia, parfois à la recherche d'adrénaline, de camaraderie, d'un rôle de chevalier blanc, les apprentis-jihadistes sont souvent confrontés, selon le récit des déserteurs, à un quotidien fait de violence, de barbarie, de peur, de privations, d'ennui, d'incompréhensions, de discriminations basées sur le pays d'origine.

"L'un d'eux m'a dit", ajoute Shiraz Maher "que les chefs de l'EI n'hésiteront pas à raser un immeuble, avec des femmes et des enfants à l'intérieur, pour tuer une seule personne. Ce n'est pas le jihad révolutionnaire, c'est du simple massacre". "Un combattant indien a tout résumé en disant: 'Ce n'est pas ça, le jihad. Ils m'ont fait nettoyer les toilettes...'"

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10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 05:44
Arnaud Mimran et Netanyahou à Monaco (Médiapart)

Arnaud Mimran et Netanyahou à Monaco (Médiapart)

Mafia du CO2: les nouvelles connexions d'Arnaud Mimran avec le clan Netanyahou

9 JUIN 2016 | PAR FABRICE ARFI

Des documents officiels montrent que le sulfureux millionnaire Arnaud Mimran a créé en Israël une société avec le député français Meyer Habib, homme de confiance de longue date de Benyamin Netanyahou. L'entreprise a été constituée juridiquement et domiciliée par le cabinet de l'avocat et confident du premier ministre israélien.

Ce n’est plus une relation, c’est un système. Des documents obtenus par Mediapart et Haaretz mettent en lumière des connexions nouvelles entre Arnaud Mimran et le clan du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, embourbé depuis plusieurs semaines dans le scandale de ses liens financiers et amicaux avec le millionnaire français.

Mimran est notamment soupçonné par la justice française d’être l’un des organisateurs du “casse du siècle”, la fraude aux quotas carbone, qui porte sur 283 millions d’euros le concernant avec ses complices présumés – le montant total de l’escroquerie s’élève à 1,7 milliard d’euros (au bas mot) détournés en moins de huit mois au nez et à la barbe de l’État.

Arnaud Mimran, contre lequel le procureur de la République a requis fin mai dix ans de prison ferme lors du procès du CO2 – jugement le 7 juillet –, est par ailleurs mis en examen à Paris dans un dossier criminel d’enlèvement, séquestration et extorsion de fonds en bande organisée ; et son nom est également cité dans plusieurs affaires de meurtre liées directement ou non au CO2, sans aucune mise en cause judiciaire à ce jour.

Depuis les premières révélations de Mediapart et Haaretz au mois de mars sur les liens entre Mimran et Netanyahou, le chef du gouvernement israélien a changé à trois reprises de version, montrant une extrême fébrilité sur le sujet. Ainsi, après avoir d’abord démenti bien connaître l’escroc présumé (malgré la publication de photos dévoilant leur proximité en vacances à Monaco), puis après avoir démenti la moindre relation d’argent entre eux, Netanyahou a fini par reconnaître avoir perçu 40 000 dollars de sa part au début des années 2000.

Mimran, qui a lui aussi varié dans ses déclarations au fil du temps, a d’abord parlé d’un versement d’un million d’euros puis, à la suite des démentis gênés de Netanyahou, a évoqué la somme de 170 000 euros et le paiement de voyages et vacances en France, à hauteur de 150 000 euros supplémentaires.

Une chose, en revanche, est certaine : Mimran apparaissait sous son seul prénom, dès 2002, dans le carnet secret des grands donateurs internationaux de Netanyahou, rédigé par l’actuel premier ministre en personne.

Mais les liens entre Mimran et la galaxie Netanyahou ne s’arrêtent en réalité pas là : Arnaud Mimran a créé en 2006, en Israël, une société baptisée Track Performance Ltd, dont il est l’unique dirigeant. Or des documents issus du registre israélien des sociétés concernant Track Performance dévoilent de nouvelles ramifications embarrassantes pour le premier ministre d’Israël, qui viennent confirmer et amplifier de premières informations diffusées en Israël par le quotidien économique Globes.

Au capital de cette société figure en effet le député français Meyer Habib (25 % des parts), à la fois ami d’Arnaud Mimran et intime du chef du gouvernement israélien dont il est, en France, le représentant personnel.

La société Track Performance Ltd, dont l’objet social est très flou (« agir dans toute activité légale »), a par ailleurs été montée juridiquement par le cabinet de l’avocat David Shimron, conseil et confident de longue date de Netanyahou. C’est d’ailleurs à son cabinet de Tel Aviv que l’entreprise est domiciliée. Interrogé, l’avocat affirme, sans autre forme de précision, qu’« il est possible qu’un ancien partenaire de notre cabinet ait fourni à Mimran des services juridiques ». « Mais cela n’a rien à voir avec M. Netanyahou », assure-t-il.

Parmi la liste des actionnaires de cette mystérieuse société se trouve également un certain Pierre Denain (10 % des parts), un autre ami d’Arnaud Mimran, dont le nom a, lui aussi, été cité dans la monumentale escroquerie au CO2. D’après les éléments bancaires découverts par la douane judiciaire française, Denain avait en effet versé depuis son compte HSBC aux États-Unis, le 9 janvier 2009, 350 000 dollars à Mimran, sur un compte ouvert à la Safra Bank.

Cette somme avait ensuite été investie directement par Mimran dans la fraude au CO2, d’après plusieurs documents judiciaires. Denain, qui a échappé à des poursuites, avait assuré aux enquêteurs avoir prêté de l’argent à Mimran pour le « dépanner », « à l’amitié », sans contrat ni garantie. Sollicité à plusieurs reprises, il n’a pas retourné nos appels.

Netanyahou dénonce une « persécution politique »

L’ex-femme d’Arnaud Mimran, Anna Dray, dont le père milliardaire, Claude, a été mystérieusement assassiné en octobre 2011 dans sa villa ultrasécurisée de Neuilly-sur-Seine, apparaît également dans le pacte d’actionnaires de Track Performance Ltd, à hauteur de 10 %.

Contactée, elle affirme pourtant n’avoir aucun lien avec cette société. « C’est très grave ! Je n’ai jamais rien signé. Je ne sais rien de cette entreprise », s’étouffe-t-elle à la découverte des documents. Anna Dray affirme réfléchir à d’éventuelles poursuites en Israël pour comprendre comment son nom a pu atterrir dans les statuts de Track Performance. Détail surprenant : d’après les éléments déposés au registre du commerce israélien, Anna Dray serait domiciliée au… Chili. « C’est bien simple : je n’y ai jamais mis les pieds », jure-t-elle.

Également interrogé au sujet de Track Performance, le député français Meyer Habib affirme qu’Arnaud Mimran« souhaitait [le] faire figurer dans cette société parce qu’[il] connaissait bien Israël ». « Mais, à ma connaissance, cette société n’a jamais eu la moindre activité, n’a jamais fait le moindre chiffre d’affaires, n’a jamais eu de compte en banque et, en toute certitude, ne m’a jamais rapporté le moindre centime », ajoute-t-il. Pas d’activité, pas d’objet social, pas de compte en banque, pas de chiffre d’affaires et encore moins de dividendes : c’est à se demander pourquoi Track Performance, qui n’a plus déposé aucun rapport d’activité depuis 2009 et n’a pas payé sa taxe annuelle, a été créée…

« Arnaud Mimran, qui, comme vous le savez était un ami, est issu d’une très honorable famille dont le père a été décoré en 2006 par le ministre du budget en personne à Bercy [Jean-François Copé – ndlr] », ajoute encore le député UDI. Le parlementaire franco-israélien oublie seulement de préciser que le père en question, Jacques Mimran, ancien numéro 3 du groupe Vinci, avait été le principal condamné en 2002 d’une affaire de corruption concernant le chantier du TGV Nord et qu’il a été, de ce fait, déchu en 2009 de l’ordre de la Légion d’honneur, reçue en effet des mains de Jean-François Copé trois ans plus tôt sous les ors de la République.

Proche de Mimran, qu’il a côtoyé de près pendant des années, Meyer Habib est depuis de longues années indissociable de Benyamin Netanyahou (voir ci-dessous la vidéo de soutien du second pour la campagne législative de 2013 du premier). Il est, pour la France, son double, son ambassadeur personnel. Et aussi l’un de ses généreux financeurs. Dans le carnet secret de ses donateurs, révélé dès 2011 par le journaliste israélien Raviv Drucker, Netanyahou avait également fait figurer aux côtés du nom d’Arnaud Mimran celui de Meyer Habib, bijoutier de profession. D’après ce document et des factures retrouvées par la presse israélienne, la société du député, le groupe Vendôme, avait même pris à sa charge au début des années 2000 d’onéreux déplacements et séjours de Benyamin Netanyhaou et sa famille en France. Ce que Habib dément.

Il ne dément pas en revanche être un point de contact important entre Mimran et Netanyahou. Selon des déclarations faites par Arnaud Mimran lui-même lors du procès du CO2 à Paris, puis à la télévision israélienne, l’organisateur présumé du “casse du siècle” avait ainsi fêté en 2009, dans un hôtel, avec Meyer Habib et Benyamin Netanyahou l’accession à la tête de l’État de ce dernier. Ni l’un ni l’autre n’ont infirmé à ce jour ces informations.

D’après des témoignages recueillis ces derniers jours par Mediapart, Mimran et Netanyahou se seraient à nouveau croisés en 2010 à Jérusalem à l’occasion de la bar-mitsva d’un fils de Meyer Habib. Interrogé sur ce point, le député français n’a pas souhaité répondre.

L’affaire Mimran est devenue en Israël un poison pour le chef du gouvernement, déjà très affaibli politiquement. Elle fait l’ouverture des journaux télévisés et des radios, elle est à la une de toute la presse. Sous la pression de députés d’opposition, le procureur général d’Israël a également décidé d’examiner le dossier pour voir s’il y a lieu d’ouvrir une enquête criminelle.

Lors d’un déplacement en Russie le 7 juin, Benyamin Netanyahou a été interrogé sur l’affaire, sous le regard presque amusé de Vladimir Poutine. Le premier ministre israélien a qualifié les révélations de la presse, en premier lieu de Mediapart et deHaaretz, de « persécution politique systématique ». « La montagne accouche d’une souris », a voulu convaincre Netanyahou qui, cerné par les affaires, ressemble de plus en plus à un Berlusconi ou un Sarkozy israélien.

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9 juin 2016 4 09 /06 /juin /2016 06:19

Migrants : 320 morts dans le naufrage au large de la Crète

Le bilan du naufrage d'un bateau transportant plusieurs centaines de migrants et réfugiés la semaine dernière au large de la Crète s'est alourdi à 320 morts, selon une nouvelle estimation fournie le mardi 7 juin par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Au total, selon les autorités grecques, 342 personnes ont été sauvées en mer lors d'une opération menée vendredi matin à 75 milles au sud de la côte crétoise, et une dizaine de corps ont été repêchés.

Dans un premier temps, les témoignages de rescapés recueillis par la Grèce faisaient état d'un nombre total de 350 passagers environ. Mais d'après les récits recueillis par l'OIM auprès de survivants qui ont été conduits vers le port italien d'Augusta, 650 personnes environ avaient pris place à bord d’un bateau de 25 mètres parti d’Alexandrie en Égypte.

10 000 morts depuis 2014

Au mois d'avril, un bateau de migrants parti semble-t-il de Tobrouk en Libye avait déjà fait naufrage dans la même zone. Sur la base du récit des survivants, le nombre de victimes avaient été évalué à 500 morts et disparus. Quarante-et-un rescapés avaient été recueillis, originaires de Somalie, d'Éthiopie, d'Égypte et du Soudan.

Selon l'OIM, environ 206 000 migrants et réfugiés ont franchi la Méditerranée depuis le début de l'année, mais 2 809 sont morts noyés en tentant la traversée, contre 1 838 durant la même période de 2015. « L'année dernière était déjà la plus meurtrière jamais enregistrée », a souligné Joel Millman, un responsable de l’OIM. Cette année, la majeure partie des migrants décédés étaient partis des côtes nord-africaines, principalement de Libye mais aussi d'Égypte, a-t-il dit, alors que 376 décès ont été comptabilisés en mer Égée, entre la Turquie et la Grèce.

« Nous avons désormais enregistré 10 000 morts depuis le début 2014, quand ce phénomène de hausse des migrations par la Méditerranée a commencé. Ce seuil a été franchi ces derniers jours, ce qui est extrêmement perturbant », a déclaré pour sa part le porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) Adrian Edwards.

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