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29 décembre 2016 4 29 /12 /décembre /2016 08:42
asli erdogan est détenue depuis le 17/août à la priso n pour femmes de Barkirköy, à Istanbul. Depuis, une vague de solidarité, qui dépasse largement le monde de la culture, s’est constituée.

asli erdogan est détenue depuis le 17/août à la priso n pour femmes de Barkirköy, à Istanbul. Depuis, une vague de solidarité, qui dépasse largement le monde de la culture, s’est constituée.

Le procès de l’écrivaine Asli Erdogan, ou la farce d’un apprenti dictateur
JEUDI, 29 DÉCEMBRE, 2016
L'HUMANITÉ

 

L’écrivaine comparaît aujourd’hui avec huit autres intellectuels turcs. En soutien, Ses textes sont lus à haute voix à l’étranger.

Asli Erdogan a l’oppression  inscrite dans la chair. Dans son autoportrait que nous publions aujourd’hui, la romancière turque explique comment les idéaux d’émancipation ont toujours valu à sa famille la répression et l’enfermement. Devenue adulte et brillante physicienne, c’est grâce à l’écriture qu’Asli Erdogan parviendra à toucher du doigt la liberté dans un pays où l’armée reste une institution. Aux mains du sultan Erdogan, la Turquie d’aujourd’hui emprisonne de nouveau tous ceux qui ont l’égalité chevillée au corps. Pour avoir dénoncé la guerre au Kurdistan et l’état de siège dans lequel vit son pays depuis le coup d’État avorté du 15 juillet dernier dans le journal d’opposition Özgür Gündem, Asli Erdogan est de nouveau derrière les barreaux. Elle est aujourd’hui citée à comparaître avec huit autres intellectuels devant la 23e chambre de la cour d’assises du palais de justice de Caglayan. Tous risquent la réclusion à perpétuité. Un procès politique à l’abri des regards, que la romancière annonce « kafkaïen ». Aux portes du tribunal, et partout en Europe, la journée sera le point d’orgue d’une mobilisation du monde intellectuel et de tous ceux qui ont compris que la dictature mise en marche par le président Erdogan fait courir des risques au-delà des frontières turques. 

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28 décembre 2016 3 28 /12 /décembre /2016 09:44
Israël : arrogance, mépris de l’ONU et mépris du droit appellent des sanctions

Communiqué de l’AFPS, mardi 27 décembre 2016

 

L’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2334 continue à provoquer une tempête de réactions indignées dans les milieux dirigeants israéliens. La palme du grotesque revenant au ministre de la défense, Liberman, qui parle de « nouvelle Affaire Dreyfus » à propos de la Conférence de Paris annoncée pour le 15 janvier et appelle les Juifs de France à rejoindre Israël … s’ils veulent rester juifs ! Et une autre palme à Netanyahou qui vient de découvrir qu’Obama complotait contre lui après lui avoir octroyé … 38 milliards de dollars.

 

Entendre Netanyahou parler de sanctions contre les pays ayant voté la résolution a quelque chose de surréaliste, alors qu’Israël, qui bafoue avec constance les résolutions de l’ONU le concernant, n’a jamais été sanctionné. Suspension des aides au développement du Sénégal et de l’Angola, annulation de la visite du président ukrainien, annulation d’une rencontre avec Theresa May en marge du sommet de Davos… Pour un peu on s’attendrait à le voir proclamer unilatéralement la suspension de l’Accord d’association avec l’Union européenne ! Il s’en gardera bien sachant qu’Israël en est le grand bénéficiaire et jouit quasiment d’une place de 28ème membre.

 

On est là devant le résultat de cette culture de l’impunité profondément installée chez des dirigeants israéliens qui se voient rappeler le droit par le Conseil de sécurité pour la 1ère fois depuis 1980. Tout rappel au droit est ainsi considéré comme une agression par un Etat qui, au fil des ans, s’est ancré dans l’idée qu’il ne peut accepter d’être traité comme les autres Etats du monde. L’impunité engendre nécessairement l’arrogance.

 

Pas complètement inconscient quand même, Netanyahou a demandé à ses députés de ne plus s’exprimer « sur l’annexion de territoire et la construction dans les implantations, parce qu’il pourrait y avoir une autre mesure internationale (contre Israël) avant le changement d’administration américaine le 20 janvier ». Il suffirait ainsi d’attendre Trump pour remiser l’Onu au magasin des antiquités, lui pour qui elle est « juste un club pour prendre du bon temps ». Et reprendre alors en toute tranquillité la suite du dépeçage de la Palestine.

 

La question posée à la communauté internationale, et donc à la France, est à la fois celle de la nécessité de choisir entre l’ONU et la loi de la jungle et celle d’une réponse politique face à la griserie de dirigeants voyous.

 

Cette réponse politique tient en quelques termes simples : reconnaissance immédiate pleine et entière de l’Etat de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, suspension de l’Accord d’association entre l’Union européenne et Israël et de toute coopération militaro sécuritaire, interdiction des produits des colonies et de tout service lié à la colonisation...

 

Juste de quoi amener les dirigeants israéliens à s’interroger sur leur stratégie et contraindre Israël à prendre le chemin de la paix.

 

Le Bureau national de l'AFPS

 

Voir aussi notre communiqué du 23 décembre :
Le Conseil de Sécurité de l’ONU condamne sans appel la colonisation de la Palestine par Israël

Un rappel bienvenu du droit international, face à un avenir menaçant

Israël: arrogance, mépris de l'ONU et mépris du droit appellent des sanctions (communiqué de l'AFPS, 27 décembre 2016)
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28 décembre 2016 3 28 /12 /décembre /2016 08:34
3000 nuits, de Mai Masri

3000 nuits, de Mai Masri

En salle en France le 4 janvier 2017, le nouveau film de la réalisatrice palestinienne Mai Masri 3000 Nuitsporte avec force la voix des détenues palestiniennes. Nous avons pu le voir dans le cadre de la quatrième édition des rencontres internationales des cinémas arabes à l’initiative de l’association de promotion et de diffusion des cinémas arabes à Marseille et en Méditerranée (Aflam) au musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem).

Une pluie battante qui tombe cinglante. Des prisonniers dans un fourgon menottés. Les images en fondu enchaîné se figent sur le visage ensanglanté de Layal Asfour. La jeune institutrice de Ramallah était là au mauvais moment. Elle est intervenue pour porter secours à un tout jeune Palestinien blessé. Il est poursuivi pour terrorisme. Elle le sera à son tour, mécaniquement. Descente aux enfers. Prison israélienne de haute sécurité. Le scénario se déroule dans les années 1980, lorsque les prisonniers politiques et de droit commun israéliens et palestiniens sont encore détenus ensemble.

Cette captivante œuvre de fiction ancrée dans le réel est la dernière création de Mai Masri, que l’on connaît davantage pour son travail documentaire, souvent en coréalisation avec son compagnon Jean Chamoun. Tous deux archivent la résistance palestinienne et libanaise. Mai Masri a abondamment traité de la guerre et de la détention, et plus particulièrement de leurs conséquences sur la vie des femmes et des enfants. Cette première fiction lui a déjà valu d’être distinguée par une vingtaine de prix, dont sept en France, et une présentation aux Oscars, avant que le film, réalisé de manière indépendante (Nour Films, Orjouane Productions, Les Films d’ici) ne sorte en salle en janvier 2017.

NOUR (LUMIÈRE) DANS LA NUIT

Une fois incarcérée, Layal Asfour devient le matricule 735. Elle est d’abord mise en cellule avec des Israéliennes qui éructent leur haine des Arabes et de la langue arabe au premier regard. Un huis clos insoutenable. Puis elle rejoindra des Palestiniennes. Il y a là Jamilé, Ouma Ali, Sanaa, résistante libanaise qui a perdu un bras… : tous les visages et toutes les générations de femmes en lutte contre l’occupation. Layal Asfour découvre avec stupéfaction qu’elle est enceinte, puis que l’homme qu’elle aimait, son mari, ne va pas hésiter à l’abandonner, refusant de renoncer au visa qu’ils avaient demandé pour rejoindre le Canada. Contre son chantage à l’avortement et à la dénonciation, pour sauver la peau du jeune Palestinien qu’elle a aidé, elle n’hésite pas une seconde et lui tourne le dos et le cœur. Pour Mai Masri, il fallait aussi montrer cette facette de la réalité. Parler des femmes détenues, sur lesquelles il existe très peu de documentation, mais aussi de cet abandon par les hommes — un grand classique universel — tandis que les prisonniers sont toujours soutenus par les femmes et les familles.

Lorsque la condamnation à huit ans de réclusion, soit trois mille nuits, tombe, Layal Asfour est sonnée. En prison, elle va devenir une autre. C’est d’abord l’arrivée de son fils, Nour, dont elle accouche menottée, qui change son rapport au monde et la relation avec ses codétenues. L’enfant devient pour elles une flamme de vie à protéger et faire grandir. Les images de Mai Masri et de son opérateur, Gilles Porte, sont d’une beauté rare, saisissant la vie et la joie comme des herbes folles surgies de ce monde de non-droit et de terreur parfaitement restitué par le travail sur les décors d’Hussein Baydoun.

LE PRIX DE L’INSOUMISSION

Mai Masri creuse aussi jusqu’à l’os toutes les relations perverses et sadiques mises en place par les gardiennes, le chantage permanent à la dénonciation et à la collaboration, la complexité des relations entre détenues. Les Palestiniennes sont assignées au ménage et à la cuisine. Les scènes de rébellion sont quotidiennes et finissent parfois en batailles homériques de nourriture entre détenues israéliennes et palestiniennes. Mais ce qui va vraiment devenir l’insoumission absolue, c’est lorsque les nouvelles du massacre de Sabra et Chatila pénètrent à l’intérieur de la prison. Plus rien ne peut arrêter la rage et la grève de la faim des prisonnières qui vont s’étendre au bâtiment voisin où sont détenus les hommes. La répression est sauvage. « Je ne veux plus les entendre respirer », hurle une geôlière.

Encerclement, gaz, coups. Layal Asfour va payer le prix fort pour sa révolte. Elle se verra arracher son fils qui a atteint ses deux ans et que seule la soumission aurait pu lui permettre de garder auprès d’elle un peu plus longtemps.

Mai Masri a tourné ce film fort et dérangeant dans une prison jordanienne désaffectée, avec d’anciens détenus palestiniens qui ont interprété tous les rôles après un long travail de recueil de témoignages. L’interrogateur israélien est un Palestinien qui a été détenu durant cinq ans en Israël. L’une des actrices a rendu visite à son frère durant quinze ans et retrouvé en jouant la violence de cette histoire intime et collective. Layal Asfour est interprétée à fleur de peau par Maisa Abd Elhadi, actrice palestinienne qui crève l’écran et joue ici son premier rôle aussi politiquement engagé, inspiré de l’histoire vraie d’une jeune mère palestinienne, et qu’elle porte avec fierté.

UN MIROIR AUX YEUX DU MONDE

Depuis 1948, plus de 700 000 Palestiniens ont été détenus dans les geôles israéliennes. Ils sont aujourd’hui près de 7 000, hommes, femmes et enfants à y croupir. Pourquoi inscrire le film dans les années 1980 alors que la situation perdure ? Pour la documentariste, ces années étaient particulièrement éclairantes et rendent compte d’un parcours de lutte politique avec des avancées et des reculs. Aujourd’hui les détenus politiques et de droit commun, israéliens et palestiniens, sont séparés. Les moyens de déjouer les interdictions de communiquer sont devenus plus difficiles à contourner. La détention frappe toutes les familles. Entre août 2015 et avril 2016, le nombre d’enfants emprisonnés a triplé. Les prisonniers restent donc un enjeu emblématique et déterminant de la lutte pour l’autodétermination, et l’obtention de leur libération s’inscrit dans l’histoire nationale. Comme lors de cet échange, en 1983, — auquel le film fait référence —, de six Israéliens détenus parl’Organisation de libération de la Palestine (OLP) contre 4 700 prisonniers palestiniens et libanais. Un événement marquant que Mai Masri fait jouer et qu’elle redouble d’images d’archives, tout comme pour l’évocation de Sabra et Chatila. Cela participe aussi à donner à la fiction son ancrage et son souffle. Ici l’on sait que tout est vrai. Les histoires se mélangent et se télescopent, mais elles ont toutes été vécues. Et elles perdurent.

Le film a été projeté dans plusieurs pays arabe, primé à Carthage, et aussi diffusé en Israël, en Cisjordanie et à Gaza. Un miroir brandi aux yeux du monde.

 

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26 décembre 2016 1 26 /12 /décembre /2016 08:10
Vera Baboun a été élue maire de Bethléem il y a quatre ans. Elle représente le Fatah, le parti de Mahmoud Abbas. / Neal Badache pour La Croix

Vera Baboun a été élue maire de Bethléem il y a quatre ans. Elle représente le Fatah, le parti de Mahmoud Abbas. / Neal Badache pour La Croix

Casque jaune vissé sur la tête, elle avance d’un pas décidé dans les rues désertes et sombres de la petite ville italienne de Norcia, au centre de la péninsule, durement frappée par un violent tremblement de terre quelques semaines plus tôt. En ce mois de décembre, le froid est mordant.

De part et d’autre de la voie, les vitrines des commerces laissent entrevoir les chaises renversées, des objets éparpillés sur le sol. Arrivée sur la place centrale de la commune, considérée comme l’un des plus jolis bourgs du pays, Vera Baboun stoppe net, visiblement émue. Sous ses yeux, la place Saint-Benoît semble un champ de ruines. De la basilique médiévale, il ne reste que la façade.

Sa vie bascule en septembre 1990, trois ans après le début de l’Intifada

« Cette ville a été éprouvée, comme l’est la mienne, je ne pouvais pas repartir chez moi sans manifester ma proximité dans la souffrance des Italiens frappés par cette tragédie. » Chez elle, c’est Bethléem, ville palestinienne dont elle est maire depuis 2012, loin de l’Italie où elle est en déplacement ce jour-là à l’invitation de la mairie d’Assise, liée par un jumelage à sa ville.

Des épreuves, cette femme, vêtue sobrement, coiffée et maquillée avec soin, en a aussi traversé avant de devenir la première femme à occuper ce poste, comme elle le raconte dans son livre Pour l’amour de Bethléem. Ma ville emmurée, écrit avec Philippe Demenet et paru chez Bayard en novembre (1).

En septembre 1990, trois ans après le début de l’Intifada, le soulèvement palestinien contre Israël (2), sa vie bascule. Vera se souvient de cette nuit du 19 septembre comme si c’était hier. « Ils ont frappé à minuit quinze. » Plusieurs soldats israéliens en armes sont à la porte. « Ils ont réclamé mon mari, par son nom, Johnny », explique-t-elle. « Je leur ai simplement demandé de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller mes enfants : je ne voulais pas qu’ils restent avec cette image, qui les aurait traumatisés à vie. »

« Lorsqu’ils ont fermé la porte de notre petit appartement, j’ai dit à mon mari, qu’ils emmenaient, comme c’est l’usage en arabe : que Dieu te garde, poursuit-elle. Je n’avais aucune idée de ce qui était en train de se passer. »

« Quelque chose s’était brisé dans son regard »

Johnny incarcéré pour faits de résistance – non violente, elle tient à le préciser –, la jeune femme de 26 ans se retrouve seule avec trois enfants en bas âge, et sans nouvelles de lui pendant plusieurs semaines.

Un jour, alors que les soldats repassent chez elle pour récupérer une clé dans le garage automobile que dirigeait son mari, ils lui proposent, comme une faveur, de venir le voir. « Il attendait, menotté dans une voiture un peu plus haut. Je l’ai vu par la fenêtre. Ses yeux étaient toujours aussi bleus et aussi beaux, mais quelque chose s’était brisé dans son regard. »

Désemparée, Vera sait qu’elle ne peut pas baisser les bras. Alors qu’elle cherche un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille, on lui propose d’enseigner l’anglais à l’université de Bethléem qui vient de rouvrir après avoir été fermée durant la « guerre des pierres ». Bientôt, elle se rend compte que ce salaire ne peut suffire, et pour parvenir à un poste plus important, décide de commencer un master à l’Université hébraïque de Jérusalem.

« Les bénédictions et les grâces se cachent au cœur des souffrances »

« Vous imaginez ? En pleine Intifada, une Palestinienne se rendant à Jérusalem pour des études dans un établissement israélien ! », lance-t-elle l’index levé, comme étonnée de sa propre audace. D’où lui est venue cette force ? « J’ai cru en moi, même quand j’étais la seule à le faire. »

Ces trois années séparées de son mari seront fondatrices. Un jour, alors qu’elle revient avec ses enfants d’une visite à la prison, Vera se souvient d’une phrase entendue des années auparavant, dans une homélie prononcée par un prêtre à Sainte-Catherine, l’église latine adjacente à la basilique de la Nativité. « Les bénédictions et les grâces se cachent au cœur des souffrances. » Elle en fera sa devise.

À sa sortie de prison, Johnny souffre de plusieurs problèmes de santé, liés au stress et aux conditions de détention. Mais le couple se soutiendra encore plusieurs années dans la maladie – Vera subira elle aussi une importante opération – et dans l’éducation des enfants – deux autres naîtront entre-temps –, jusqu’à sa mort, en 2007. La douleur est vive. Mais là encore, elle ne peut abandonner. « Je lui dois bien ça ; Johnny a tant donné pour sa famille et pour son pays… »

« Les pires des murs, ce sont ceux que nous intériorisons »

Aujourd’hui, de son bureau, elle contemple au quotidien la place de la Mangeoire, où se trouve la basilique qui abrite le lieu identifié comme celui de la naissance du Christ. « J’y puise mon courage, l’envie de continuer de me battre pour Bethléem et pour la Palestine, dit-elle. Ici, c’est tous les jours Noël, car nous vivons avec ce mystère de l’Incarnation sous notre regard en permanence, mais chaque jour porte aussi son lot de difficultés. »

Encerclée par le mur de séparation érigé par Israël à partir de 2002 et cernée par de nombreuses colonies, la ville souffre de l’étranglement économique, entraînant chômage et exil. « Les pires des murs, clame-t-elle pourtant, ce sont ceux que nous intériorisons. »

Résister. Encore et toujours. Y compris contre « la haine qui pourrait naître dans son peuple ». Comme un leitmotiv, ce mot revient dans la vie de cette femme aux traits énergiques, où apparaissent ponctuellement des expressions de douceur.

Femme, chrétienne, palestinienne

« Nous sommes un peuple résilient, mais cela ne doit pas se transformer en acceptation d’une situation injuste. » Elle poursuit : « Il faut nous aimer nous-mêmes, aimer nos corps, que l’occupation voudrait contraindre, aimer nos bras, nos jambes, nos voix, tout ce qui nous constitue. »

Femme, chrétienne, palestinienne. Femme dans un monde où le pouvoir appartient aux hommes, chrétienne dans une ville à majorité musulmane, Palestinienne et donc citoyenne d’un pays occupé : autant d’identités qui auraient pu l’enfermer, à l’image de ce mur « qui défigure nos collines ».

Avant de partir pour Norcia, Vera Baboun a voulu saluer les clarisses. Après s’être entretenue avec elles au parloir, elle passe dans l’église Sainte-Claire, qui conserve notamment le célèbre crucifix de saint Damien, celui qui, selon la tradition, s’adressa au « Poverello » pour lui demander de « rebâtir sa maison en ruines ».

« Ma famille est toujours passée avant ma vie professionnelle »

Même si le temps presse, elle veut se recueillir quelques instants. Elle tombe à genoux. La femme orientale, la foi chevillée au corps, prend le dessus. « C’est dans la Croix que je me ressource, sans elle, il n’y a pas de salut. »

Peu après, en voiture sur les routes vallonnées de l’Ombrie, elle évoque sa famille. « J’ai élevé mes enfants et je crois ne m’être pas trop mal débrouillée », sourit-elle, malicieuse, en évoquant ses trois filles et ses deux garçons. « Ma famille est toujours passée avant ma vie professionnelle, sans cela, rien n’a de sens, mais maintenant qu’ils sont adultes, je peux servir dans une autre mission. »

Une mission qu’elle n’aurait jamais envisagée. Devenue directrice d’un établissement scolaire après la mort de son mari, Vera Baboun se rapproche du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, dont elle apprécie « les efforts diplomatiques » pour défendre la cause palestinienne, ayant abouti à la reconnaissance d’un État par l’ONU en 2012.

Faire entendre sa voix

Mais quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle reçoit une lettre lui demandant de représenter cette formation politique aux élections municipales ! En dépit des réticences initiales de sa famille, elle relève le défi, mène campagne et remporte la victoire, il y a maintenant quatre ans.

« Toute ma vie a été un apprentissage pour construire mon langage, faire entendre ma voix, afin de pouvoir m’exprimer librement et d’être actrice dans la société. »

Fière, elle porte son histoire en bandoulière, mais attend d’« être jugée sur son action politique, pas sur ce qu’elle représente ». « Je n’ai pas la prétention de changer les choses, précise cette battante, mais je veux être un facteur de changement. »

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coups de cœur

Un auteur : Toni Morrison

« Au cours de mes études en littérature anglophone, l’auteur qui m’a le plus rejointe a été sans aucun doute l’Afro-Américaine Toni Morrison, prix Nobel de littérature en 1993. Dans son roman Beloved, chaque mot me touche au cœur. Elle parle d’esclavage et de libération, de conscience de soi, de son corps, de féminité et de voix qui ne se laissent pas étouffer.

C’est grâce à elle que j’ai souhaité me spécialiser en littérature afro-américaine puis, plus tard, que j’ai voulu mener des recherches universitaires sur le genre, pour que les étudiantes palestiniennes puissent devenir elles aussi maîtresses de leurs voix et de leurs choix. »

Un paysage : la mer

« J’aime la mer, où qu’elle se trouve. J’aime l’odeur de l’air marin, et m’asseoir au bord de l’eau. À Bethléem, les côtes ne sont pas loin à vol d’oiseau, mais la situation les fait paraître inaccessibles. La mer, c’est l’ouverture vers le large, c’est un symbole de liberté. »

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bio express

1964. Naissance à Bethléem dans une famille catholique.

1990. Son mari, Johnny, est arrêté par Israël pour résistance. Elle commence à travailler comme professeur d’anglais à l’université de Bethléem un mois plus tard.

1993. Johnny Baboun sort de prison, grandement affaibli.

1995.Vera obtient son master en littérature américaine.

2000. Début de la deuxième Intifada. Vera est élue assistante du doyen des étudiants de l’université de Bethléem.

2010. Devient directrice d’un établissement scolaire de Bethléem.

2012. Victoire aux élections municipales de Bethléem sous les couleurs du Fatah.

2013. Lance les travaux de restauration de la basilique de la Nativité, inscrite la même année au patrimoine mondial de l’Unesco.

2014. En tant que maire, elle accueille le pape François lors de son voyage apostolique 
en Terre sainte.

Marie Malzac

 

 

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26 décembre 2016 1 26 /12 /décembre /2016 07:10

Une rhétorique religieuse qui transcende les clivages

Qui sont les rebelles syriens ?

Après quatre ans de guerre, la bataille d’Alep reste cruciale pour l’avenir de la Syrie. Assiégés depuis septembre par les forces progouvernementales dans la partie est de la ville, les insurgés appartiennent essentiellement à des mouvements islamistes. Mais leurs milices n’ont pas le monopole de la radicalisation, de l’intégration de combattants étrangers ou du discours religieux.

a multitude et la diversité des acteurs armés qui participent à la bataille d’Alep, et dont beaucoup viennent de l’étranger, expliquent la durée et l’extension du conflit syrien. Pour rendre compte de la situation, il importe d’éviter les simplifications dans la terminologie employée au sujet des combattants. Identifier tant les troupes « rebelles » que les forces qui soutiennent l’armée régulière suppose aussi de comprendre leurs idéologies et leurs projets politiques. Les informations recueillies auprès de chercheurs et de personnes présentes sur le terrain peuvent cependant diverger, en particulier quant au nombre de combattants. Il convient donc de les prendre avec précaution.

S’agissant de l’opposition armée au régime de M. Bachar Al-Assad, on discerne trois types de groupes : ceux qui combattent de façon autonome, ceux qui fusionnent entre eux et ceux qui coordonnent leurs assauts à travers une « chambre d’opérations » (ghourfat al’âmaliyyat). À Alep-Est, où vivraient encore environ 250 000 personnes, ainsi que dans les bastions rebelles proches, deux « chambres d’opérations » principales rassemblent au total entre 10 000 et 20 000 hommes. La première, baptisée Jaïch Al-Fatah (Armée de la conquête), représente près d’un tiers des soldats rebelles. Elle est notamment composée du Front Fatah Al-Cham, l’ex-Front Al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaida), et de ses alliés.

Plus modérée, la coalition Fatah Halab (Conquête d’Alep) rassemble plusieurs factions proches des Frères musulmans ou affiliées à l’Armée syrienne libre (ASL). Cette coalition représenterait environ la moitié des effectifs qui combattent le régime et ses alliés dans la région, selon Fabrice Balanche, maître de conférences à l’université Lyon-II. Les 15 à 20 % restants correspondent à une dizaine de petits groupes indépendants sans idéologie clairement affichée, qui gravitent autour de ces deux pôles majeurs (voir la carte ci-dessous).

Qui sont les rebelles syriens? - par Bachir El-Khoury (Le Monde Diplomatique, décembre 2016)

Dans l’ouest de la ville et ses environs, qui comptent près de 1,2 million d'habitants, les forces armées syriennes bénéficient du renfort de sept milices majoritairement chiites (1) dont trois très actives. Celles-ci ont largement contribué aux contre-offensives menées depuis début septembre pour maintenir le siège des quartiers est. Harakat Hezbollah Al-Nujaba (Mouvement des nobles du parti de Dieu) est une milice irakienne idéologiquement proche du Hezbollah libanais. Selon Stephane Mantoux, spécialiste des questions de défense en Syrie, elle compterait entre 4000 et 7000 hommes. Elle participe par ailleurs à la bataille contre l'Organisation de l'Etat Islamique (OEI) à Mossoul, en Irak. A ses côtés, Liwa Fatemiyoun (Brigade des Fatimides) dont le nom fait référence au califat chiite fatimide (909-1171) se compose essentiellement de Hazaras, des Afghans chiites persanophones entraînés et armés par les gardiens de la révolution iraniens. Cette brigade dont les effectifs varient entre 5000 et 10 000 combattants pour l'ensemble de la Syrie, intègre aussi des mercenaires pakistanais. Enfin, le Hezbollah libanais, présent en Syrie dès 2012, joue un "rôle moteur" à Alep, selon Fabrice Balanche.

Quatre autres milices soutiennent l'armée régulière, très affaiblie par cinq ans de combats et par de nombreux départs. On y trouve des combattants sunnites venus des camps palestiniens d'Alep, une antenne du Hezbollah libanais en Syrie et deux autres groupes formés par les gardiens de la révolution iraniens, qui seraient au total entre 600 et 900 dans la région. Enfin, les Faucons du désert, basés à Lattaquié depuis 2015, interviennent sporadiquement à Alep. Ils comptent des membres de Liwa Assad Allah Al Ghaleb (Brigade du lion conquérant de Dieu) et des Libanais du Parti social nationaliste syrien (PSNS), précise Stéphane Mantoux. Par ailleurs, les forces kurdes (Unités de protection du peuple, YPG) qui entretiennent un pacte tacite de non-agression avec l'armée syrienne depuis 2011, continuent de contrôler le quartier à majorité kurde de Cheikh-Maqsoud.

 

Des modérés difficiles à distinguer

Les motivations politico-religieuses des forces progouvernementales sont assez simples à appréhender. Qu’elles soient partiellement ou totalement inféodées à l’Iran, il s’agit pour les milices chiites d’empêcher la chute du régime alaouite et de faire obstacle à la prise du pouvoir par ceux qu’elles qualifient de « salafistes (2) » et de « takfiristes (3) ». À l’inverse, dans le camp rebelle, le jeu des alliances et la multiplication tant des acteurs que de coalitions souvent éphémères rendent difficile la distinction entre « radicaux » et « modérés » que le cessez-le-feu de septembre était censé établir.

En outre, plusieurs de ces groupes opposés au régime se sont radicalisés par opportunisme, par obligation tactique ou par conviction. La situation est d’autant plus difficile à appréhender que des groupes radicaux salafistes ont été ou demeurent affiliés ou associés à l’ASL, présentée par ses soutiens occidentaux comme le plus modéré des acteurs de la rébellion. C’est le cas de Liwa Chouhada Al-Yarmouk (Brigade des martyrs de Yarmouk), dans le sud de la Syrie, soutenue jusqu’à l’été 2014 par les États-Unis car affiliée à l’ASL, alors que ses hommes avaient déjà prêté secrètement allégeance à l’OEI, précise Fabrice Balanche.

La situation au sein de la coalition djihado-salafiste Jaïch Al-Fatah illustre cette difficulté à labelliser les acteurs de la bataille d’Alep et, ce faisant, de la guerre civile syrienne. Le Front Fatah Al-Cham (ex-Front Al-Nosra) a récemment rompu avec Al-Qaida, dans le but évident de se démarquer de son encombrante tutelle. Pour nombre d’observateurs, cette démarche symbolique ne vise toutefois qu’à faciliter le soutien financier et militaire que lui apportent ses parrains étrangers, notamment certaines monarchies du Golfe. De son côté, le groupe Ahrar Al-Cham (Libres du Levant), soutenu par le Qatar et la Turquie, a longtemps été proche de l’OEI avant d’en devenir l’ennemi juré début 2014.

Comme son partenaire au sein de la Jaïch Al-Fatah, Ahrar Al-Cham, qui est l’une des principales forces rebelles du nord du pays, tente désormais une reconversion en prétendant faire partie des « modérés ». Sur le plan politique, les deux entités, qui coordonnent parfois leurs actions, revendiquent la création d’un État islamique et l’application stricte de la charia. Mais Ahrar Al-Cham, mouvement syrien en termes d’effectifs, n’appelle pas à un djihad global. À l’inverse, l’ex-Front Al-Nosra accueille des combattants venus du monde entier et demeure ambigu sur sa volonté ou non d’agir en dehors du théâtre syrien.

On considère en général la coalition Fatah Halab comme plus modérée, car elle ne se réclame pas du salafisme et n’appelle pas au djihad en dehors du pays. Elle est proche des Frères musulmans, et certains de ses groupes sont affiliés à l’ASL. Or la nature de cette dernière a évolué au fil du temps, explique Fabrice Balanche :

« L’ASL est loin de correspondre désormais à la perception que l’on en a en Occident, c’est-à-dire modérée et en faveur de la laïcité, du moins sur le terrain alépin. Les groupes ou les brigades qui lui sont affiliés ne sont pas djihadistes, certes, mais les Frères musulmans, qui y sont largement représentés, cherchent bel et bien à instaurer la charia. »

À l’exception de quelques divisions adeptes d’un discours plus nationaliste, mais qui pèsent peu à Alep, toutes les composantes de l’ASL relèvent aujourd’hui de l’islam politique, estime le géographe. Pour autant, dans un pays musulman où le référent religieux demeure prégnant, ce lien à l’islam ne doit pas être surinterprété. Pour Raphaël Lefèvre, spécialiste de la Syrie et enseignant à l’université d’Oxford, il n’y a pas, concernant l’ASL ou d’autres formations gravitant dans l’orbite de Fatah Halab, de signe d’un radicalisme de fond :

« Même quand certains groupes se revendiquent clairement d’un référent idéologique que l’on peut qualifier d’islamiste, ils tiennent un discours qui met en valeur leur volonté de construire un État qu’ils appellent “civil”, dans lequel la citoyenneté serait attribuée à tous sans distinction religieuse et qui serait régi par un système parlementaire. »

Pour lui, « il n’est pas surprenant de trouver, dans une ville largement peuplée de musulmans sunnites et si profondément liée à l’histoire islamique, un discours à composante religieuse. La scène rebelle à Alep emprunte des tonalités islamiques ou islamistes, sans être pour autant dominée par les radicaux du Front Fatah Al-Cham ou par l’OEI ».

De son côté, M. Ahmad Alhaj Hamid, alias Ward Furati, ancien membre du bureau politique du Jaïch Al-Moudjahidin — une formation membre de la coalition Fatah Halab —, dénonce la « quête aveugle d’étiquetage, notamment en Occident ». Selon lui, beaucoup mélangent les courants en ignorant les nuances idéologiques et religieuses. Il cite le cas de groupes appartenant au courant salafiste djihadiste, tel le Jabhat Ansar Al-Dine, qui ne pratiquent pas le takfirisme et considèrent que leur seul ennemi est M. Al-Assad.

« L’usage de la rhétorique religieuse islamique leur apparaît comme une nécessité vitale, insiste Ward Furati. Les commandants de toutes les branches de l’ASL nourrissent leurs combattants d’une pensée religieuse. Ces derniers ont besoin, en sus d’une conviction politique révolutionnaire, d’un ancrage religieux susceptible de donner un sens à leur combat et surtout à leur éventuelle mort, notamment pour ce qui concerne la vie post mortem.

C’est le propre de notre société orientale du Machrek. Cela ne veut pas dire que tous les rebelles sont des radicaux et que leur projet politique est d’instaurer un État islamique régi par la charia. Même le régime adopte cette stratégie : ses troupes scandent souvent des chants religieux. »

Les partis ou les personnalités laïques de l’opposition qui vivent à l’étranger, tout comme les Frères musulmans, n’ont pas de bras armé officiel. En revanche, la Coalition nationale syrienne (CNS), principal organe politique de l’opposition plurielle et « modérée », se coordonne avec l’ASL — dont quelques brigades resteraient à l’heure actuelle réellement laïques. Cette composante, qui vise la construction d’un État moderne et civil, n’est pas à négliger, si l’on prend en compte l’ensemble du territoire syrien. Ces brigades ont une présence encore assez consistante à Hama et à Idlib, et ont participé à plusieurs opérations avec les troupes turques qui ont envahi le nord du pays.

Parmi la nébuleuse des groupes rebelles, seuls quatre figurent sur la liste américaine des organisations terroristes. Il s’agit de l’OEI, du Front Fatah Al-Cham (ex-Al-Nosra), du groupe Khorasan, disparu depuis quelque temps des écrans radar, et de Jund Al-Aqsa (Soldats d’Al-Aqsa), depuis septembre 2016. La liste européenne est encore plus succincte (le Front Al-Nosra et un groupe formé par des Marocains, disparu depuis 2014), tandis que de nombreux médias, entreprises et institutions pro-Assad font l’objet de sanctions. En outre, le Hezbollah ainsi que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), proche des forces kurdes syriennes, figurent également sur les listes de groupes terroristes établies par les États-Unis et l’Union européenne.

La Russie a une vision plus extensive. Elle souhaiterait le bannissement de davantage d’entités paramilitaires opposées au régime de M. Al-Assad, son allié, par l’établissement d’une liste commune avec Washington, en prélude à la résolution politique du conflit. Le Kremlin souhaite ainsi que l’ensemble de la coalition Jaïch Al-Fatah soit classée « terroriste ». Il tient des propos ambigus à l’égard de l’ASL et, pour Alep, de Fatah Halab. Mais cette position semble tenir davantage à l’évolution du rapport de forces militaire qu’à une distinction idéologique.


(1) Les alaouites, dont fait partie le clan Al-Assad, représentent une branche hétérodoxe du chiisme.

(2) Courant islamiste fondamentaliste dont les adeptes prétendent défendre la seule vraie religion, celle du Prophète et des pieux ancêtres (al-salaf al-salih). Lire Nabil Mouline, « Genèse du djihadisme », Le Monde diplomatique, décembre 2015.

(3) Inspirés par le mouvement Al-Takfir wa-Hijra, lui-même en rupture avec les Frères musulmans, les takfiristes prônent l’excommunication, y compris par la mort, de tous ceux qui ne suivent pas leur lecture littérale du Coran.

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25 décembre 2016 7 25 /12 /décembre /2016 09:00
La Palestine de 1946 à nos jours

Nous nous félicitons que l'ONU ait adopté une résolution contre la colonisation des territoires palestiniens : il était temps !

Affiche Palestine Vivra, Jeunesses Communistes de Paris

Affiche Palestine Vivra, Jeunesses Communistes de Paris

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25 décembre 2016 7 25 /12 /décembre /2016 08:50
Espagne: la gauche radicale fait gagner ses sympathisants au loto (Le Point): pour Izquierda Unida, le dieu du hasard est andalou!
Espagne : la gauche radicale fait gagner ses sympathisants au loto

Quelque 200 familles d'une petite ville d'Andalousie se sont partagé 32 millions d'euros grâce à la coalition écolo-communiste Izquierda Unida.

 

La coalition de gauche radicale Izquierda Unida a permis, vendredi, à ses sympathisants d'une petite ville d'Andalousie (Sud) de se répartir l'un des gros lots du loto espagnol de Noël, soit 32 millions d'euros qui ont bénéficié à quelque 200 familles, a-t-on appris auprès d'une élue locale. Dans la bourgade agricole de Pinos Puente (13 000 habitants), la branche locale de la coalition écolo-communiste avait en effet acheté 258 billets pour le deuxième prix du loto afin de les revendre à ses sympathisants. Or, ces billets ont remporté au total 32 millions d'euros, a expliqué par téléphone à l'Agence France-Presse Carmen Capilla, élue municipale de cette coalition. « Les gens sont dans la rue, il y a un vacarme incroyable. Ils célèbrent avec du cava [vin mousseux espagnol, NDLR] et toutes les bouteilles imaginables », a aussi déclaré à l'Agence France-Presse le maire socialiste Jose Enrique Medina, avant d'expliquer qu'il y a « beaucoup de gens dans le besoin » dans cette municipalité au taux de chômage de 29 % et au budget annuel de 8 millions d'euros.

Au total, la loterie espagnole distribue des prix d'un montant total de 2,3 milliards d'euros juste avant Noël. Le plus important de ces prix, baptisé le «  Gordo » (le gros), a été remporté dans le quartier d'une avenue de Madrid, bien nommée « promenade de l'Espoir ».

Des numéros chantés par des enfants

Les 1 650 tickets gagnants – qui ont remporté chacun 400 000 euros – y avaient été vendus chacun 20 euros par un seul bureau du loto : 660 millions d'euros ont plu sur ce quartier de classes moyenne et populaire. La chance a surpris Vicente Villaverde, 44 ans, alors qu'il partait au travail dans son pull gris de technicien de la compagnie Gas natural : « J'allais chercher des outils, quand on m'a appelé pour me dire de vérifier mon ticket, j'avais gagné 400 000 euros !  » « J'ai un enfant avec un handicap, ça va nous simplifier la vie », a-t-il raconté en direct aux innombrables journalistes qui tendaient leur micro, promettant aussitôt d'aider aussi ses frères, dont « l'un vient de se faire virer d'une entreprise, sans argent ».

Chaque numéro de loterie en Espagne est tiré en 165 « séries » de dix billets ou «  dixièmes », ce qui répartit très largement les gains – entre habitants d'un même quartier, familles ou groupes de collègues –, d'où sa popularité. Pendant des heures, les numéros gagnants sont « chantés » par des enfants lors d'une «  cérémonie » transmise en direct à la télévision. L'an dernier, parmi les gagnants figurait un Sénégalais arrivé en Espagne à bord d'une embarcation de fortune.

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25 décembre 2016 7 25 /12 /décembre /2016 08:49
Avec 5000 personnes disparues en Méditerranée, 2016 est l'année la plus meurtrière depuis le début de la crise des réfugiés

 

En 2015, 3777 migrants avaient péri en tentant de rejoindre l'Europe par la mer, selon l'Organisation internationale des migrants. 

C'est un record tragique. En 2016, 5 000 migrants sont morts noyés en tentant de traverser la Méditerranée, estime le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, vendredi 23 décembre.

Jeudi, deux embarcations ont fait naufrage dans le canal de Sicile, entre l'Italie et la Libye, laissant craindre la disparition d'une centaine de personnes, selon l'agence onusienne. "Ces deux accidents portent à 5 000 le nombre de morts pour cette année, ce qui témoigne d'un nouveau pic dans la crise", a déploré le porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrants, à Genève (Suisse).

 

"C'est le pire taux de mortalité jamais obervé", a ajouté un porte-parole du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés.  En 2015, 3 777 migrants ont péri en tentant de rejoindre l'Europe par la mer méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrants. 

 

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25 décembre 2016 7 25 /12 /décembre /2016 08:20
Le Conseil de Sécurité de l'ONU adopte une résolution condamnant la colonisation israélienne grâce à l'abstention de l'administration Obama (Le Monde, 23 décembre 2016)

 

La résolution 2334 a recueilli quatorze voix en sa faveur, passant grâce à l’abstention américaine ; une décision historique qui a suscité la réprobation d’Israël.

 

Barack Obama a décidé de laisser à son successeur, Donald Trump, un héritage qu’il ne pourra défaire : la résolution 2334, adoptée au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), vendredi 23 décembre. Ce texte dénonçant la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés a recueilli quatorze voix en sa faveur, passant grâce à l’abstention américaine.

 

Au terme de quarante-huit heures de tourbillon politique, l’administration Obama a décidé de replier le parapluie qu’elle avait systématiquement déployé depuis huit ans au-dessus d’Israël, au Conseil de sécurité. Ce coup de semonce est une défaite politique sévère pour le premier ministre Benyamin Nétanyahou et une sanction contre la promotion décomplexée de la colonisation par la droite israélienne.

Le texte de la résolution, contrairement aux affirmations des responsables israéliens, n’est pas fondamentalement hostile à l’Etat hébreu. Il s’inscrit dans la lignée de la résolution 465, adoptée en 1980, qui dénonçait déjà l’extension des colonies, jugées illégales.

Un souci d’équilibre

En outre, il se place à la suite du rapport du Quartet – Etats-Unis, Russie, Union européenne (UE), ONU –, publié le 1er juillet, qui dressait un état des lieux alarmant de la réalité, sur le terrain. La résolution 2334 estime elle aussi que la construction et l’extension des colonies mettent « gravement en danger la viabilité de la solution à deux Etats ».

Par ailleurs, dans un souci d’équilibre réclamé notamment par Paris et Washington, le texte « condamne tous les actes de violence contre les civils, dont les actes terroristes », une référence aux attaques palestiniennes. La résolution exige la « cessation immédiate » de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés, dont Jérusalem-Est, et loue les efforts diplomatiques entrepris par la France, la Russie et l’Egypte, au cours des derniers mois, pour relancer un dialogue sur le conflit.

« C’est une victoire pour le terrorisme, la haine et la violence », s’est lamenté Danny Danon, l’ambassadeur israélien auprès de l’ONU, selon lequel la résolution représente un « non à la possibilité d’une paix ». Le bureau du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a aussitôt rejeté cette « résolution anti-israélienne honteuse » et annoncé qu’Israël ne s’y conformera pas.

Amertume israélienne

A l’origine, le texte avait été présenté mercredi soir par l’Egypte, à la surprise générale. Mais Donald Trump est intervenu pour peser de tout son poids de président élu des Etats-Unis auprès d’Abdel Fattah Al-Sissi. Il a demandé au président égyptien de renoncer à son initiative. Son interlocuteur n’a pas voulu compromettre ses futures relations avec le président américain, et a donc retiré son texte.

Mais la volte-face de l’Egypte n’a pas condamné son initiative. Quatre membres non permanents du Conseil de sécurité – la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, le Sénégal et le Venezuela – ont pris le relais du Caire, pour promouvoir la résolution dans une version identique.

Vendredi dans l’après-midi, sous couvert d’anonymat, des responsables israéliens exprimaient leur amertume – et aussi une certaine panique – dans les médias, en affirmant que Barack Obama et le secrétaire d’Etat américain John Kerry se trouvaient derrière ce « coup honteux » et qu’ils « abandonnaient » Israël.

L’accusation est d’autant plus injuste que, comme le rappelait vendredi soir l’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power, M. Obama a « démontré un engagement sans précédent pour la sécurité d’Israël ». La diplomate faisait implicitement référence au nouvel accord de défense sur dix ans, conclu entre les deux pays à l’automne pour un montant de 38 milliards de dollars (36,3 milliards d’euros).

590 000 colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est

Samantha Power a expliqué que les Etats-Unis ne votaient pas en faveur de la résolution parce qu’elle « se concentre trop étroitement sur les colonies » en ne tenant pas compte des autres facteurs dans le conflit.

 

Mais l’abstention se justifie, selon elle, par la continuité de la position américaine, d’un président à l’autre, républicain ou démocrate, depuis des décennies : elle se résume par une condamnation de la colonisation et un soutien à une solution à deux Etats. En 2011, l’administration Obama avait ainsi opposé son veto à une résolution condamnant la colonisation, dont la formulation avait été jugée trop déséquilibrée.

L’ambassadrice américaine a rappelé que le nombre de colons s’élevait à présent à 590 000 en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, dont 90 000 au-delà de la barrière de sécurité construite par les Israéliens.

L’examen actuel d’un projet de loi à la Knesset légalisant tous les avant-postes – colonies sauvages et illégales, même au regard du droit israélien – illustre la pente dangereuse suivie par le pays, alors que sera célébré, en juin 2017, le 50e anniversaire de l’occupation. « Il faut faire un choix entre les colonies et la séparation » avec les Palestiniens, a lancé Mme Power à l’attention du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

 

La frustration de John Kerry

S’exprimant lors du Forum Saban à Washington, le 4 décembre, John Kerry, avait exprimé sa frustration vis-à-vis de la droite israélienne et son idée d’un « grand Israël » qui absorberait les territoires occupés.

Interrogé sur la position de l’administration Obama en cas de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, M. Kerry avait traduit les hésitations de la Maison Blanche. « S’il s’agit d’une résolution biaisée et injuste prévue pour délégitimer Israël, nous nous y opposerons. Evidemment que nous le ferons. Nous l’avons toujours fait. Mais cela devient de plus en plus compliqué », ajouta-t-il, ne cachant pas sa frustration.

Lors de sa première élection, Barack Obama semblait décidé à agir sur ce dossier. Au second jour après son entrée en fonctions, il avait ainsi nommé un envoyé spécial pour le Proche-Orient, George Mitchell. Mais dès 2010, l’échec de sa première tentative de médiation avait découragé le président américain, qui avait délégué le dossier à son secrétaire d’Etat.

John Kerry a fourni beaucoup d’efforts, qui se sont révélés vains. Depuis l’effondrement des négociations israélo-palestiniennes en avril 2014, puis la guerre dans la bande de Gaza l’été suivant, les relations politiques entre les deux parties dans le conflit sont inexistantes. Seule la coordination sécuritaire fonctionne à plein.

Au cours des derniers mois, la droite nationale religieuse en Israël n’a pas caché sa satisfaction à l’idée de tourner la page des années Obama et de saisir l’occasion d’une remise à plat des relations bilatérales avec les Etats-Unis, grâce à l’arrivée de M. Trump à la Maison Blanche.

Ce dernier a réitéré son intention de déménager l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, en rupture complète avec la tradition diplomatique de son pays, selon laquelle le statut de Jérusalem ne sera déterminé que dans le cadre de négociations de paix. Enfin, le président élu a déjà annoncé l’identité du futur ambassadeur en Israël. Il s’agit de David Friedman, un ami avocat spécialiste de la banqueroute, connu pour son soutien idéologique à la colonisation et son opposition à un Etat palestinien.

L’« héritage » d’Obama

« Ce vote risque de pousser Trump à être encore plus pro-israélien, souligne un diplomate à Jérusalem. On risque d’assister par exemple à un déménagement accéléré de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv vers Jérusalem. »

Dans un tweet, Donald Trump a assuré vendredi soir que « les choses seront différentes après le 20 janvier ». Mais la résolution, elle, ne pourra être défaite. La seconde conférence pour la paix au Proche-Orient, que la France compte organiser le 15 janvier à Paris, après une première rencontre en juin, devrait se tenir dans une ambiance plus tendue que prévue.

En Israël, l’adoption de la résolution va dominer le débat public dès la fin du shabbat, samedi soir, alors que le pays s’apprête à fêter Hanoucca. Yaïr Lapid, le chef de file du parti de centre-droit Yesh Atid, aujourd’hui dans l’opposition, épouse totalement la ligne de M. Nétanyahou.

Au cours d’une conférence téléphonique, vendredi soir, avec des correspondants étrangers, M. Lapid a fait savoir qu’il s’était entretenu dans la journée avec un conseiller de Barack Obama pour exprimer sa vive inquiétude à l’idée d’une abstention américaine. L’ancien journaliste trouve « étrange » que le président démocrate laisse « ce genre d’héritage » sur le bureau de son successeur.

Mais il redoute surtout les conséquences pour Israël. « Cette résolution ne parle pas de sanctions, mais elle fournit l’infrastructure pour de futures sanctions, c’est ce qui est alarmant, dit-il. Cela peut donner corps à des plaintes devant des juridictions internationales contre Israël et ses responsables. Ce sera un chemin long et compliqué, et je vous assure que pendant cette période, il n’y aura pas de négociations. »


 


 

 

 

 

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22 décembre 2016 4 22 /12 /décembre /2016 07:28
 
 
 
Compte-rendu de la réunion du Parlement européen du 12 au 15 décembre 2016
 
 
Par Patrick Le Hyaric 
Député au Parlement européen 
 
 
Le Parlement européen s'est réuni en session plénière du 12 au 15 novembre à Strasbourg. Voici un compte rendu de cette réunion. (Egalement disponible en ligne en cliquant ici). 
 

Le prix Sakharov à deux jeunes femmes yézidies

Mardi 13 décembre

Le Parlement a décerné le prix 2016 Sakharov à Nadia Mourad Bassi Taha et à Lamiya Aji Bachar.

Ces deux jeunes femmes de la communauté yézidie en Irak ont survécu à l’esclavage sexuel auquel les a soumis l’Etat islamique avant de parvenir à s’enfuir. Elles sont désormais les porte-paroles de la communauté yézidie.

Cette communauté, descendant des civilisations mésopotamiennes, a une culture et une pratique religieuse unique dans la région. Mais c’est malheureusement cette richesse culturelle qui a entraîné les exactions les plus sauvages de l’Etat islamique.

Lorsque ce peuple est passé sous contrôle de l’Etat islamique lors de sa conquête du Nord de l’Irak à l’été 2014, il a vu dans cette culture une apostasie à éradiquer. S’en sont suivit massacres et esclavage, notamment sexuel pour les femmes et filles de cette communauté y compris Nadia Mourad Bassi Taha et Lamiya Aji Bachar.

Toutes deux ont réussi à s’enfuir; parfois après plusieurs tentatives, Lamiya Aji Bachar y perdant quasiment la vue lors de l’explosion d’une mine anti-personnelle pendant sa fuite. Nadia Mourad Bassi Taha a elle pris la parole devant la première session du Conseil de sécurité de l'ONU sur la traite des êtres humains en décembre 2015 dans un discours relatant son expérience qui a marqué. Elle devient plus tard la première ambassadrice de « l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains ».

Lors de la remise du prix les deux lauréates ont affirmé partager ce prix avec « toutes les femmes, petites filles et victimes de l’État islamique et terrorisme en général » et ont appelé l'Union européenne à soutenir leurs frères et sœurs toujours sous l'emprise de l'État islamique.

Je me félicite de l’attribution de ce prix à ces courageuses jeunes femmes qui ont permis par leur témoignage de faire comprendre les horreurs de l’État islamique et de mobiliser contre lui.

 

Limitation de la pêche en eau profonde

Mardi 13 décembre

Le Parlement a voté un rapport limitant la pêche en eau profonde.

Par le vote du rapport d’Isabelle Thomas (PS français), le Parlement retourne un vote de décembre 2013 qui autorisait le chalutage en eau profonde, mais qui peut avoir des effets catastrophique sur les fonds marins et leur écosystème.

Cette pêche sera dès lors limitée au-delà des 800 mètres de profondeur, et encadrée par des observations scientifiques ainsi que l’enregistrement des captures réalisées. Il ne s'agit donc pas d'interdire les navires avec ce type d'équipements, ils sont 760, mais d'interdire l'utilisation de ces équipements lourds dans des espaces fragiles -les grands fonds- qui nous sont encore très peu connus.

 

 

L’attitude insupportable du FMI et de la Commission en Grèce

Mercredi 14 décembre

Le Parlement a épinglé le désaccord FMI - Commission en Grèce.

Les plans d’aide financière à la Grèce sont accompagnés de missions de suivi qui doivent s’assurer que les conditions demandées (austérité, réformes libérales, libéralisations) sont bien appliquées. Chaque plan d’aide est ainsi ponctué de ces missions de suivi qui permettent de débloquer progressivement les fonds d’aide.

Mais dans le cadre de la 2ème mission de suivi du plan d’aide actuel, qui est le troisième, le FMI et la Commission ne parviennent pas à s’entendre sur ce qu’ils veulent.

Le FMI veut une restructuration de la dette car il estime que les demandes de la Commission en termes d’excédents budgétaires sont insoutenables. Pour certains pays du Nord il est hors de question de parler d’une restructuration qui passera mal auprès de son opinion. La Commission rétorque alors que le FMI est trop pessimiste, et l’Allemagne va jusqu’à bloquer l’allègement du coût de la dette via son ministre des finances Wolfgang Schauble.

Faute d’obtenir cette restructuration le FMI demande alors une réforme drastique du marché du travail pour mettre la pression car il sait que le gouvernement grec de Syriza ne peut se le permettre. La Commission, qui est obligée par les pays du Nord de garder le FMI à bord alors que le gouvernement grec veut s’en débarrasser, ferme désormais les yeux et laisse la Grèce seule face au blocage.

Faute d’un accord FMI-Commission la Grèce est mise sous pression pour abandonner son projet de rétablir les conventions collectives. Ces dernières ont quasiment été supprimées avec les plans d’aide et le gouvernement Syriza voulait les rétablir. Mais le FMI s’y oppose et la Commission qui a besoin du FMI à bord fait comme si de rien était.

Lors des débats les députés de gauche ont fustigé cette attitude rappelant que le droit à des conventions collectives faisait partie de la Charte des droits fondamentaux et des conventions de l’Organisation internationales du travail souscrit par l’Union européenne. Du côté de la droite on a plutôt appelé à des règles plus « souples », à éviter des systèmes « trop centralisés », reprenant en cela la position de la Commission de la recherche d’un équilibre « entre souplesse et protection ».

Ce louvoiement est juste intolérable, ces conventions collectives sont des droits qui plus est garantis par des textes internationaux. En continuant de cette manière la Commission, pourtant gardienne des traités, ne respecte pas ses propres missions, et le FMI montre encore une fois son pouvoir de nuisance sociale. Il est grand temps de sortir ce dernier des plans d’aides et de procéder à la restructuration de la dette grecque promise depuis octobre 2012.

 

Propositions pour remédier aux crises agricoles

Mercredi 14 décembre

Le Parlement a donné sa vision pour faire face aux crises agricoles actuelles.

Le rapport d’Angélique Delahaye des Républicains, revient sur les cadres actuels de la politique agricole. Avec la fin de l’encadrement de la production et des prix, il ne reste plus que des aides au stockage privé et des interventions publiques sur les marchés pour essayer de stabiliser les cours. Ces outils n’ont malheureusement pas été capables d’enrayer les dernières crises agricoles terribles qui ont frappé notamment l’élevage et la production laitière.

Partant du constat juste que les outils actuels ne suffisent pas il propose d’en développer de nouveaux : il est ainsi proposé à la Commission de réfléchir à des mesures anticycliques beaucoup plus ambitieuses et disposant de davantage de moyens budgétaires. Pour cela il est proposé une plus grande flexibilité budgétaire entre années pour s’adapter aux besoins et de créer une réserve de crise hors du budget européen.

Enfin pour rééquilibrer les relations entre paysans et industrie agroalimentaire il est proposé de renforcer la contractualisation entre ces derniers et de construire un cadre législatif plus solide contre les pratiques déloyales de la grande distribution ou des intermédiaires.

Ce sont des pas dans la bonne direction. Mais les pressions auxquelles sont soumis les agriculteurs demandent bien plus si nous voulons garder une agriculture paysanne. La concurrence toujours plus poussée, notamment avec la multiplication des accords commerciaux, renforce encore plus la dangereuse tendance à la concentration des exploitations : toujours plus grandes et moins nombreuses. De plus les fluctuations violentes des prix ont facilement raison des petites exploitations qui sont laissées seules face à la concurrence internationale.

C’est pourquoi il nous faut également et de toute urgence des mécanismes garantissant des prix fixes aux agriculteurs sur des volumes de production. Sans quoi ces derniers n’ont aucune garantie pour produire et continuerons d’être toujours plus nombreux à mettre la clef sous la porte.

 

Accès pour le coton ouzbek malgré les doutes persistants sur le travail forcé

Mercredi 14 décembre

Le Parlement a validé un accord permettant d’étendre aux importations de coton d’Ouzbékistan les facilités commerciales déjà existantes dans un accord de partenariat de 1999.

Ces restrictions sur le coton  ont longtemps été justifiées par la pratique du travail forcé pour la récolte du coton. Dans les faits, lors de la période de la récolte, des locaux et même des enfants sont réquisitionnés, ainsi que des personnes « engagées » de force par les autorités locales pour récolter le coton et ainsi atteindre les quotas de production.

Un rapport du Parlement adopté en 2011 refusait d’ailleurs les préférences commerciales au nom de l’utilisation systématique des enfants dans la récolte du coton, et du refus des autorités d’avoir toute mission de suivi sur ces pratiques.

Les autorités actuelles ont dès lors été plus subtiles dans leur approche. Une mission d’évaluation de l’OIT a été autorisée, ainsi que certaines ONG locales. Ces dernières concluent à une amélioration notable des reproches faits jusqu’alors, notamment dans le discours du gouvernement qui annonce des mesures contre ces pratiques.

Mais dans les faits on est encore très loin : les missions de suivi ont été téléguidées par les autorités ouzbèkes et de gros doutes persistent sur l’indépendance des ONG locales. D’autres ONG nous ont d’ailleurs présenté des informations contradictoires sur le travail forcé.

Au final, on en est encore loin. Les partisans de l’accord rappellent qu’il existe des clauses de rappel en cas d’entorses graves aux droits de l’homme, mais nous sommes déjà face à une des dictatures les plus dures de la région, et les garanties sur la fin du travail forcé ne sont clairement pas assez solides.

Enfin rappelons qu’un meilleur accès au marché européens renforcera une culture industrielle et à très grande échelle du coton alors qu’elle est déjà responsable de l’assèchement de la mer d’Aral. C’est pourquoi je me suis opposé à cet accord.

 

 

Le Président du Parlement européen Martin Schulz passe la main

Mercredi 14 décembre

Le Président du Parlement Martin Schulz (SPD Allemand) a dressé le bilan de ces 5 années de présidence.

La présidence du Parlement est normalement partagée entre le groupe socialiste et les chrétiens démocrates, chacun faisant un demi-mandat. Martin Schulz a réussi l’unique performance de cumuler la charge pour la seconde moitié du mandat 2009-2014 et la première du mandat 2014-2019. Longtemps il a même paru en mesure de rester à la tête de l’institution européenne pour la seconde partie du mandat 2014-2019.

Il l’a fait en jouant sur le fait que toutes les autres institutions européennes sont tenues par la droite, en travaillant sa relation de travail avec Juncker, mais surtout en devenant  expert pour faire passer les accords de la grande coalition chrétiens démocrates et socialistes. Surtout quand ils n’étaient pas évidents pour les socialistes.

Cette maîtrise du Parlement et de son fonctionnement lui avait permis de faire passer en force plusieurs textes ou d’en retarder d’autres en attendant que la grande coalition s’entende.

Il a toutefois su donner une réelle visibilité au Parlement européen, notamment en mettant en avant le fait que les élections européennes devraient aussi donner la couleur du président de la Commission européenne (alors qu’il est officiellement désigné par les gouvernements européens). Il va désormais tenter une carrière politique nationale en Allemagne, tandis que les conservateurs européens peuvent récupérer la présidence du Parlement européen.

Aussi gardons de sa présidence la visibilité qu’il a donnée au Parlement. Celle-ci est d’autant plus nécessaire compte tenu des pouvoirs dont dispose cette institution face aux autres comme la Commission et le Conseil, et de l’influence grandissante mais trop méconnue qu’elle a sur nos vies.

 

Libéralisation totale du rail en 2020

Mercredi 14 décembre

Le Parlement adopté à une courte majorité le volet politique du « 4ème paquet ferroviaire ».

Le vote de ce mercredi marque la victoire de la Commission qui obtient son grand marché ferroviaire européen au dépend des usagers comme des employés du chemin de fer. Cette ouverture à la concurrence la Commission l’a obtenue par une suite de directives et règlements regroupés dans des « paquets » législatifs qui ont forcé progressivement l’ouverture des marchés ferroviaires nationaux.

Entre le premier paquet de 2001 puis ce dernier, 15 années se sont écoulées. D’abord ce fut le fret ouvert à la concurrence en 2007, puis les lignes internationales, et désormais les lignes nationales et locales à partir de 2020 avec ce 4ème paquet ferroviaire.

Quinze ans après, un bilan aurait pu être fait de ces ouvertures : sur le fret qui est en chute libre faute d’investissement, sur les conditions des personnels qui se détériorent, sur l’ouverture du transport international qui n’apporte aucune baisse des prix mais au contraire pousse les compagnies ferroviaires à dégager le plus de marges possible en augmentant les tarifs. Ce ne fut pas le cas et c’est désormais le pire qui s’annonce avec cette ultime libéralisation.

Deux textes votés au Parlement ce 14 décembre organisent l’arrivée de nouveaux concurrents à la SNCF sur le territoire français à partir de 2020.

Le premier sur « l’ouverture du marché des services nationaux de transport de voyageurs par chemin de fer », ouvre les marchés ferroviaires nationaux à la concurrence à partir de 2020.

À partir de cette date-là, l’État, les régions, passeront des appels d’offres de marchés publics d’une durée maximale de 10 ans pour les différentes lignes qui doivent être exploitées. Fini, les TGV, train corail et TER de la SNCF. Bientôt un opérateur italien, espagnol, allemand pourra concourir avec la SNCF pour l’obtention de ces marchés. Non seulement c’est le monopole, le savoir-faire et toute l’organisation du service public qui est remise en cause, mais c’est pour les remplacer par des concessions très courtes (10 ans ce n’est rien pour le ferroviaire), qui décourageront les investissements de longs termes nécessaires. L’exemple du RER B nous montre que ce n’est pas un autre logo sur un train qui améliore le service : c’est l’investissement.

Or cette ouverture le Parlement l’a validé d’une très courte tête, puisqu’il a rejeté notre amendement de rejet par 330 voix contre 354 et 20 abstentions. Pour ce faire c’est toute la droite et les libéraux qui se sont mobilisés contre notre groupe de la gauche unitaire européenne/gauche verte nordique, les verts et les socialistes. Le même équilibre s’est malheureusement retrouvé sur notre demande que les personnels bénéficient des mêmes droits et acquis lorsqu’ils sont transférés d’une entreprise à une autre.

Le second texte sur la « gouvernance de l’infrastructure » reprend un vieux rêve de la Commission : la séparation de la SNCF avec son réseau ferré.

Dans la logique libérale cette séparation doit permettre de faciliter l’arrivée de concurrents sur les réseaux nationaux. Mais après les tentatives catastrophique de mettre en place cette séparation qui ont amené la création de Réseau Ferré de France RFF, les États s’y sont opposés. Le mal est déjà fait : des doublons ont été créées au niveau de la SNCF et RFF et ce nouveau texte va créer une véritable muraille de Chine entre Réseau Ferré de France et la SNCF : tout sera séparé de la prise de décision jusqu’aux personnels. C’est tout le partage d’information et de connaissances, ces synergies qui font la richesse du service public qui sont mises de côté au profit de la concurrence.

Là aussi nous avions proposé de rejeter cette stricte séparation réseau-train, et certains libéraux nous ont même suivi sur notre amendement de rejet, mais cette fois-ci les socialistes ont préféré rejoindre la droite, faisant ainsi tomber cet amendement par 459 voix contre 250 et une abstention.

Avec le volet technique adopté en avril pour favoriser la circulation des trains d’autres compagnies européennes sur le réseau français la libéralisation est désormais complète.

Pour nous usagers, comme pour les cheminots les conséquences sont colossales. L’entrée d’une logique de profit et la libéralisation marque la fin du service public assuré par une compagnie publique. Peut-on imaginer une compagnie privée faire des investissements de longs termes pour entretenir l’infrastructure, la développer, et faire rouler des trains dessus dans le seul but d’assurer une desserte territoriale, même à perte ? Peut-on imaginer une entreprise privée mettre en place des logiques de péréquation pour financer les lignes les moins rentables par les plus rentables, mettre en place des tarifications spéciales, privilégier le service sur le profit ? Non. C’est bientôt la seule logique du profit qui s’imposera aux usagers comme aux cheminots.

Continuons de refuser ce modèle et montrons-nous vigilants comme usagers et citoyens, lorsque nos régions passeront les premiers appels d’offres ferroviaires.

 

Débat sur la situation en Pologne

Mercredi 14 décembre

Le Parlement européen a débattu une nouvelle fois des évolutions de la situation de l’État de droit en Pologne, en présence du Président de la Commission, Frans Timmermans.

Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement ultraconservateur du PIS, la Pologne a engagé une  véritable contre révolution réactionnaire et autoritaire. De nombreux journalistes des médias publics ont été remerciés, la tête des principales administrations d’État changée au profit de partisans du gouvernement, et la Cour constitutionnelle est visée par une réforme cherchant à la mettre au pas. Le gouvernement polonais a récemment émis l’idée de faire sortir le pays de la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique.

Le dialogue officiel entre le pays et les institutions européennes est totalement rompu depuis la fin juillet et le rejet par le gouvernement polonais des recommandations que lui a adressées la Commission dans le cadre du mécanisme dit d’État de droit. Celle-ci doit décider si elle enclenche la procédure qui peut amener à suspendre les droits de vote de la Pologne au Conseil européen. Elle est très réticente à le faire car elle considère que c’est une mesure beaucoup trop forte pour l’instant, seulement la situation se dégrade de jour en jour et le dialogue ne mène à rien et aucune solution à l’amiable n’est aujourd’hui envisageable.

 

Des actes pour Alep

Mercredi 14 décembre

Nous avons débattu de la situation critique à Alep avant le sommet européen du lendemain.

En présence du Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et du délégué du gouvernement de la Slovaquie pour la Présidence slovaque du Conseil de l’UE, Ivan Korčok, une grande partie de l’hémicycle a dénoncé l’inaction du Conseil européen.

La nouvelle Présidente du groupe des Verts / ALE, Ska Keller, a mis les États membres devant leur contradiction en dénonçant leur double discours, lorsqu’ils dénoncent la situation syrienne mais ne font rien pour résoudre la crise humanitaire et accueillir les réfugiés dans des conditions décentes.

Mon collègue de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique, Takis Hadjigeorgiou, a dénoncé notre responsabilité commune dans cette terrible usine de la mort.

Jean-Claude Juncker a appelé à laisser les populations civiles quitter la ville en toute sécurité. Manfred Weber, député allemand et Président du groupe de droite Parti populaire européen, a également insisté sur l’urgence d’une aide humanitaire à Alep et de l’amélioration de l’accueil des réfugiés en Europe.

Jeudi 15 décembre à Bruxelles, les dirigeants des vingt-huit États membres ont exprimé leur volonté de faire entendre leur voix sur le front humanitaire et ont dénoncé la brutalité du régime syrien et de leurs alliés, la Russie et l’Iran. Le texte des conclusions ne fait aucune mention de sanctions contre la Russie, faute d'unité entre les États membres.

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