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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 19:26

Mobilisation générale le 24 mars pour stopper Erdogan

Afrin, après avoir héroïquement résisté, est désormais sous le déluge de feu de l’armée turque et de ses supplétifs de Daesh. Les civils fuient maintenant par milliers pour échapper aux pillages, aux massacres, aux viols et aux égorgements. Le bilan humain provisoire est terrifiant. Après les Arméniens il y a un siècle, les Kurdes ont tout lieu de craindre l’attitude génocidaire de R.T. Erdoğan.
Les masques sont tombés devant ceux qui feignaient de croire que la Turquie entendait protéger sa frontière. Sans ambages, R.T. Erdoğan vient de déclarer : « Maintenant, le drapeau turc flotte là-bas ». Il entend désormais poursuivre l’offensive dans tout l’espace kurde jusqu’à la frontière irakienne avec la bénédiction de Moscou et de Washington. L’épuration ethnique qui se dessine vise clairement à faire d’Afrin une base arrière d’enracinement du terrorisme islamiste avec de lourdes conséquences pour la région, l’Europe et la France.

Le gouvernement français a commis une grave faute en considérant que l’on pouvait comprendre R.T. Erdoğan et en faisant preuve à son égard d’une tolérance complice.

Comme le rappelait le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, l’heure est à une mobilisation transpartisane pour stopper R.T. Erdoğan. La France et l’Union européenne doivent parler plus fermement, condamner la politique d’Ankara, exiger l’interdiction du survol de l’aviation turque et son retrait du territoire syrien. L’ONU doit, sans attendre, adopter une résolution protégeant les Kurdes de Syrie.

Des manifestations se dérouleront en Europe le 24 mars 2018. Dans toutes les grandes villes françaises, des défilés auront lieu et le PCF entend contribuer à en faire un succès pour exprimer sa solidarité totale avec les Kurdes qui incarnent le combat pour la liberté, la paix et la démocratie.

Mobilisation générale le 24 mars pour stopper Erdogan (PCF, 19 mars 2018)
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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 19:21
Turquie. Erdogan veut envahir tout le Kurdistan syrien
PIERRE BARBANCEY
MARDI, 20 MARS, 2018
L'HUMANITÉ
Déploiement de l’armée turque et de milices islamistes dans Afrin, dimanche dernier. Omar Haj Kadour/AFP
Déploiement de l’armée turque et de milices islamistes dans Afrin, dimanche dernier. Omar Haj Kadour/AFP
 

L’occupation d’Afrin renforce la position des islamistes à Idleb. Khaled Issa, représentant en France du Kurdistan syrien, dénonce l’attitude passive de la communauté internationale.

Depuis dimanche, jour de l’entrée de l’armée turque et de ses supplétifs à Afrin, la ville est le théâtre de scènes de pillage. Des correspondants de l’AFP ont vu des magasins saccagés, des combattants chargeant pêle-mêle dans des pick-up cartons de nourriture, chèvres, couvertures, et même des motos empilées les unes sur les autres, avant de quitter la ville. Des milices proturques ratissent les rues. Elles ont marqué sur la devanture des boutiques et les façades des maisons le nom de leur faction. Près de 250 000 personnes ont été poussées à l’exil et ont trouvé refuge dans des villages souvent contrôlés par l’armée nationale syrienne.

« Il y a une responsabilité morale pour la communauté internationale face à une agression injustifiée et illégale, dénonce Khaled Issa, représentant en France du Kurdistan syrien (Rojava). Ce qui se passe à Afrin est un nettoyage ethnique, et les grandes puissances restent spectatrices. Nous sommes frustrés de voir que les mêmes combattants qui luttaient courageusement contre Daech sont laissés à la merci de l’armée turque alliée aux djihadistes, lâchés sous les bombes d’Ankara. La Turquie ne va pas s’arrêter avec Afrin. » Il pointe du doigt notamment les dangers qui pèsent désormais sur la ville de Manbij.

Les dernières déclarations turques semblent lui donner raison. « Ce que nous disons est très clair. Nous ne sommes pas là-bas pour rester, et absolument pas pour occuper », a cru bon déclarer le vice-premier ministre turc, Bekir Bozdag, sans toutefois avancer de calendrier pour le retrait des forces qui y sont déployées et ont hissé le drapeau turc. Il a d’ailleurs ajouté : « Afrin est maintenant sous contrôle, mais la Turquie a encore du pain sur la planche. Nous avons beaucoup de choses à faire », en avertissant qu’Ankara comptait rendre la ville à ses « vrais propriétaires » (sic).

L’évocation d’une possible opération dans le nord de l’Irak

Le président turc, Recep Erdogan, a été encore plus clair. « En prenant hier (dimanche) le contrôle de la ville d’Afrin, nous avons laissé derrière nous l’étape la plus importante de l’opération baptisée “Rameau d’olivier”, a-t-il dit. Maintenant, après (Afrin), nous allons poursuivre ce processus jusqu’à la destruction totale de ce corridor constitué de Manbij, Aïn al-Arab (nom arabe de Kobané), Tal Abyad, Ras al-Aïn et Qamichli. » Il a même évoqué une possible opération dans le nord de l’Irak, si le gouvernement central à Bagdad tardait à agir contre les éléments du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui y disposent de bases arrière et de camps d’entraînement. « Si vous devez le faire, faites-le. Si vous n’êtes pas en capacité de le faire, alors, une nuit, nous pourrons soudainement entrer dans le Sinjar pour le nettoyer du PKK, a assuré Erdogan. Nous l’avons déjà dit au gouvernement central irakien. Si cette affaire traîne davantage, alors il y aura un nouveau “Rameau d’olivier” là-bas. »

En réalité, en intervenant de la sorte, Ankara change totalement la situation sur le terrain. Le canton d’Afrin est en effet limitrophe de la région d’Idleb, elle-même frontalière avec la Turquie, contrôlée par plusieurs groupes armés, la plupart islamistes et les plus puissants affiliés à l’ex-Front al-Nosra (al-Qaida en Syrie).

Chaque pays cherche son intérêt propre

C’est dans cette région qu’ont trouvé refuge les combattants évacués d’Alep-Est, de Homs et bientôt de la Ghouta orientale. Il est donc à prévoir que les convois d’armes vont passer encore plus facilement pour équiper les islamistes et autres djihadistes qui disposent déjà, en Turquie, d’une base de retrait. Les blessés y sont notamment soignés et des troupes formées. Par la force des armes et son soutien à ces groupes qui accueillent également dans leurs rangs des djihadistes de Daech, Erdogan s’est donc imposé comme un acteur incontournable de la crise syrienne et de son dénouement. Que va maintenant faire la communauté internationale ? C’est toute la question. Chaque pays cherche son intérêt propre. Les divergences se creusent, par exemple entre la Russie, l’Iran et Damas. Par ailleurs, en cas d’avancée turque vers Manbij, que vont faire les États-Unis, qui y ont des soldats stationnés. Le statut de membre de l’Otan de la Turquie, d’un côté, son rapprochement avec la Russie, de l’autre, semblent la protéger contre toute mesure de rétorsion.

La croix-rouge veut accéder à afrin

Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a demandé, hier, un accès humanitaire à Afrin pour y acheminer de l’aide.« Maintenant, avec les combats, nous avons un grand nombre de personnes déplacées (...) Nous devrons trouver la meilleure façon d’atteindre cette population au cours des prochaines semaines », a déclaré Peter Maurer. Il s’est dit préoccupé de la « crédibilité » de sociétés nationales comme le Croissant-Rouge et la Croix-Rouge qui arrivent sur ces zones, soulignant que « celle du Croissant-Rouge turc pour travailler avec la population kurde est proche de zéro ».

Grand reporter
Turquie. Erdogan veut envahir tout le Kurdistan syrien (Pierre Barbancey, L'Humanité, mardi 20 mars 2018)
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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 06:32
Syrie. La ville d’Afrin occupée par l’armée turque et les islamistes
PIERRE BARBANCEY
LUNDI, 19 MARS, 2018
L'HUMANITÉ
Depuis mercredi soir, près de 250 000 personnes ont quitté Afrin, empruntant un couloir dans le sud de la ville menant vers des territoires tenus par les Kurdes ou le pouvoir syrien. Bulent Kilic/AFP
 

Les troupes d’Erdogan et ses supplétifs ont pris possession de la ville. Les combattants kurdes annoncent qu’ils vont passer d’une guerre de confrontation directe à une tactique d’attaques éclairs.

Que veut Ankara ? Hier, l’armée et ses supplétifs islamistes ont pris le contrôle de la ville d’Afrin et le premier geste des militaires a été de hisser le drapeau turc sur l’un des bâtiments principaux de cette cité du nord-ouest de la Syrie. Les soldats turcs et les djihadistes se sont déployés dans l’ensemble des quartiers, tirant en l’air et paradant pour célébrer leur victoire, ont rapporté des correspondants de l’AFP. Perchés sur le balcon d’un bâtiment public, des soldats ont fièrement brandi le drapeau turc. Plus loin, des rebelles syriens se sont rassemblés au pied d’une statue d’une figure historique de la résistance kurde, déboulonnée.

Plus de 1 500 combattants kurdes auraient été tués

Il s’agit donc bel et bien d’une occupation au terme d’une opération lancée le 20 janvier. Près de 250 000 personnes ont quitté Afrin depuis mercredi soir, empruntant un couloir dans le sud de la ville menant vers des territoires tenus par les Kurdes ou le pouvoir syrien. Les communications téléphoniques ainsi qu’Internet ont été coupés, et il est difficile de savoir exactement ce qui se passe. Des informations ont fait état du bombardement d’un convoi de bus dans lequel se trouvaient près de 300 personnes. Le bilan serait des plus lourds. La veille, l’hôpital central de la ville avait été visé, faisant au moins 16 morts. Des exactions contre les civils ont été rapportées. Un « grand nombre » des combattants kurdes ont « fui la queue entre les jambes ! » a lancé le président turc, Recep Tayyip Erdogan. « Notre travail n’est pas fini (...). Mais les terroristes sont finis à Afrin », a renchéri le porte-parole du gouvernement turc, Bekir Bozdag. Dimanche matin, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a indiqué que plus de 1 500 combattants kurdes auraient été tués, ainsi que 400 islamistes. L’armée turque a de son côté fait état de 46 soldats tués et 225 blessés dans ses rangs.

« Pendant 58 jours, l’armée turque a attaqué la population et la région d’Afrin, dans un objectif de génocide et de dépopulation. C’est une attaque commune, préparée et soutenue par la Russie et les pouvoirs internationaux, a dénoncé Osman Cheikh Issa, coprésident du comité exécutif du canton d’Afrin. Ce n’est pas une attaque seulement sur Afrin, mais sur tout le peuple du nord de la Syrie. La résistance des peuples du nord de la Syrie a été une résistance commune. » Pour sa part, Brusk Hesêkê, porte-parole des Unités combattantes kurdes (YPG), a insisté : « Nous ne nous sommes pas retirés d’Afrin, nous avons pris des précautions pour sauver la vie des civils qui ont été soumis à des massacres illimités. Des combattants des YPG YPJ sont présents dans tous les districts d’Afrin et vont continuer le combat. » Il a également prévenu que, « dans tous les secteurs d’Afrin, nos forces vont devenir un cauchemar permanent » pour les soldats turcs et leurs alliés. « Notre guerre contre l’occupation turque (...) est entrée dans une nouvelle étape : nous passons d’une guerre de confrontation directe à une tactique d’attaques éclairs. »

L’incapacité et la lâcheté de l’Union européenne

Depuis le début de l’opération militaire, la Turquie a bénéficié de la mansuétude des puissances internationales et régionales, laissant bien seules les populations de ce canton alors qu’il y avait moyen d’empêcher l’armée turque d’entrer en Syrie. La Russie a laissé les avions d’Erdogan bombarder Afrin et l’armée syrienne n’est pas intervenue malgré la demande des dirigeants civils et militaires du canton. Quant aux États-Unis, ils préfèrent renforcer leurs positions à Manbij, au plus près des puits de pétrole. Ce faisant, les uns et les autres ont laissé se dégarnir le front existant encore dans la vallée de l’Euphrate où demeurent des poches de Daech, combattues par les YPG. Et l’Union européenne (UE), elle, a une fois de plus fait preuve de sa lâcheté et de son incapacité, se bornant à quelques vagues et frileuses déclarations à l’encontre d’Ankara. Seul le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, s’est ému de la situation à Afrin et s’en est ouvert au secrétaire général de l’Otan – dont est membre la Turquie –, rappelant notamment dans une lettre « qu’il n’y a pas de solution militaire pour le conflit en Syrie ».

Censure sur les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux pratiquent la censure contre les Kurdes. Les informations diffusées sur compte Twitter @ICafrinresist sont ainsi inaccessibles sous prétexte qu’elles comporteraient « un contenu potentiellement offensant ». Régulièrement les messages du Conseil démocratique kurde en France (CDKF) sont censurés. Enfin, Facebook vient de fermer, pour trente jours, la page de Sylvie Jan, présidente de l’association France-Kurdistan.

Grand reporter
Syrie. La ville d’Afrin occupée par l’armée turque et les islamistes (L'Humanité, Pierre Barbancey, 19 mars 2018)
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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 15:45
Biodiversité: le réchauffement menance près d'une espèce sur deux dans les écosystèmes remarquables (L'Humanité, 15 mars 2018)
Biodiversité. Le réchauffement menace près d’une espèce sur deux dans les écosystèmes remarquables
MARIE-NOËLLE BERTRAND
JEUDI, 15 MARS, 2018
HUMANITE.FR

Selon une étude portant sur 35 régions emblématiques de par leur biodiversité, un réchauffement global de 4,5°C conduirait à voir disparaître localement jusqu’à 48% des espèces. Les plantes et les amphibiens sont les plus menacées.

Le réchauffement climatique ne fera pas de quartier aux écosystèmes les plus singuliers de la planète. C’est le résultat inquiétant de la recherche réalisée par le WWF et le Tyndall Centre for Climate Change de l’Université d’East Anglia, en Grande Bretagne, et publiée ce 14 mars dans la revue scientifique Climatic Change.

Selon les projections réalisées dans 35 régions du monde, sélectionnées pour leur biodiversité emblématique, un réchauffement global de 4,5°C, soit celui vers lequel nous nous dirigeons si rien n’est entrepris, pourrait conduire à voir disparaître localement jusqu’à 48% des espèces vivant dans ces zones. Même limité à 2°C, comme le préconise l’Accord de Paris sur le climat conclue en 2015, le réchauffement global pourrait engendrer une perte de 25% de ces espèces.

69% à des espèces de plantes d’Amazonie Guyane courent le risque de disparaitre localement dans le cas d’un réchauffement global de 4,5°C

Entre ces deux scénarios – le pire et le moins pire -, chercheurs et écologistes ont étudié une multitude de cas de figures. Tous confirment des perspectives maintes fois exposées scientifiquement : plus le réchauffement sera rapide et conséquent, plus le nombre d’espèces impactées sera important. Les moins mobiles et les plus lentes – à savoir les plantes, les amphibiens et les reptiles - s’éteindront les premières, dans une proportion qui dépendra aussi de notre capacité à ne pas en rajouter avec, par exemple, de la déforestation.

Partout, des températures saisonnières à la hausse

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont étudié 35 « Ecorégions prioritaires », ciblées par le WWF pour leur richesse variétale, le nombre d’espèces en voie de disparitions qu’elles abritent ou encore celles qui leur sont endémiques (que l’on ne trouve nulle part ailleurs). Parmi ces écorégions, on retiendra pêle-mêle l’Australie, l’Amazonie, l’Est de l’Himalaya, les Galápagos ou encore le bassin du Yang-Tsé-Kiang.

S’appuyant sur les niveaux de réchauffement global envisagés selon l’importance des actions menées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ils ont ensuite modélisé les conditions climatiques futures spécifiques à chacune de ces régions. « Dans un grand nombre d’Ecorégions prioritaires, il est prévu que les températures saisonnières moyennes dépassent celles qui n’avaient été préalablement observées qu’à l’occasion des années les plus chaudes des cinquante dernières années », relate la synthèse de l’étude réalisée par le WWF. Dans certains cas, ces coups de chaud pourraient se produire « dès 2030 », avec à la clé, une pluviométrie plus faible et des épisodes de sécheresses plus longs.

A Madagascar, la température a déjà augmenté de 0,4°C depuis 1961. A +2°C, 31% des espèces d’amphibiens pourraient disparaitre localement.

Des bouleversements, rappellent les chercheurs, surviendront même si la hausse des températures moyennes à l’échelle mondiale est contenue à 2°C d’ici la fin du siècle, soit l’engagement minimal qu’ont pris les Etats dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat (l’ambition forte étant de limiter le réchauffement à 1,5°C). L’intensité du branle-bas météorologique, en revanche, empirera pour chaque degré en plus qui n’aura pas pu être empêché.

Ainsi, si le réchauffement mondial atteint en moyenne 3,2°C à l’horizon 2080 - soit la température envisagée si les Etats se contentent des promesses d’actions actuellement mises sur la table (et les tiennent) -, 28% des espèces d’oiseaux de Madagascar courent, localement, un risque d’extinction. Si la hausse est au contraire limitée à 2°C, ce risque est divisé par deux, tombant à 14%. Si, au contraire, résolument rien n’est entrepris et que les températures grimpent en moyenne de 4,5°C, ce sont 40% des espèces d’oiseaux de l’île qui courent un grave danger.

La capacité à fuir, déterminante mais inégale

Encore est-ce là les perspectives les moins douloureuses, soit celles qui envisagent que les espèces disposeront d’une capacité de dispersion. Autrement dit, d’une possibilité de migrer vers d’autres zones moins hostiles et de s’y acclimater, le tout dans un laps de temps relativement rapide.

Or, cette capacité à fuir face au réchauffement est loin d’être garantie dans tous les cas de figures. « Ces déplacements se heurtent à d’importantes difficultés », relève ainsi l’étude. Des obstacles naturels, telles que les chaînes montagneuses, peuvent l’empêcher. L’artificialisation des habitats, surtout, peut freiner le cheminement. « L’habitat adapté vers lequel se déplacer peut ne pas exister, avoir déjà été converti en terres agricoles ou faire l’objet d’une autre forme d’utilisation des terres qui s’avère incompatible avec la survie d’une espèce donnée. » En d’autres termes avoir été bétonné, déboisé ou pollué d’une quelconque façon. Et là encore, cela change tout : « En l’absence de possibilité de dispersion, la part d’espèces exposées à une extinction au niveau local progresse de 20 % à près de 25 % » dans le cadre d’un réchauffement de 2°C. Le pire des scénarii, celui qui conjuguera une absence de dispersion et une hausse de 4,5°C, voit ce chiffre bondir jusqu’à 50 %.

Si les Etats se contentent de limiter la hausse des températures globales à 3,2°C, 55% des espèces de plantes et 43% des espèces d’amphibiens courent le risquent de disparaitre de la Méditerranée.

Toutes les espèces, en outre, n’ont, intrinsèquement, pas les mêmes capacités à se sauver. Anthropique, c'est-à-dire induit par l’activité humaine, le réchauffement auquel nous assistons se produit dans un délai bien plus court que les précédents bouleversements géologiques. De fait, plantes et animaux disposent, pour migrer, d’un temps bien plus limité que par le passé. Sans surprises, ce sont donc les espèces les plus « lentes », celles dépendant du vent pour se disséminer ou dont les aptitudes physiques n’offrent pas la possibilité de se mouvoir sur des distances très longues, qui ont le plus de risques de disparaître. Dans ces courses, les grands perdants sont, dans l’ordre d’arrivée, les reptiles, les plantes et les amphibiens. L’exemple de la région Amazonie Guyane est en ce sens éloquent. Dans le cas d’un réchauffement à 2°C avec possibilité de dispersion, 0% des espèces de mammifères et d’oiseaux courent, localement, un risque d’extinction. Ce taux monte à 35% pour les reptiles, à 43% pour les plantes et à 47% pour les amphibiens.

Chef de rubrique Planète
Biodiversité: le réchauffement menance près d'une espèce sur deux dans les écosystèmes remarquables (L'Humanité, 15 mars 2018)
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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 15:43
TIPP/TAFTA et CETA : le pouvoir des tribunaux d’arbitrage ébranlé !
 

 

La Cour de justice de l'Union européenne a rendu dernièrement un arrêt important qui va plutôt dans le bon sens.Il concerne les « tribunaux d’arbitrages », connus sous le nom de l’ISDS, mécanismes censées gérer les différents entre les investisseurs et les États.
Ces tribunaux sont un des éléments les plus toxiques du TTIP/TAFTA, accord de libre-échange de l'UE avec les États-Unis -en état de d’attente depuis l’élection de Donald Trump-, et du CETA, accord entre l'UE et le Canada -actuellement en application temporaire jusqu’à la ratification par les États qui doit prochainement arriver à l’Assemblée nationale en ce qui concerne la France.
Ces « tribunaux d’arbitrage » privés, constitués d’avocats et de professionnels du droit commercial, sont censés trancher les conflits entre les États qui légifèrent et les entreprises qui considéreraient ces législations allant à l’encontre de leurs investissements et de leurs profits dans le cadre d’une concurrence « libre et non faussée ».

Le constat, sans surprise, montre comment nombre des jugements de ces tribunaux privés ont donné raison aux multinationales et aux grands groupes en condamnant lourdement les Etats à leur verser de fortes amendes.
La Cour de justice européenne vient de décréter que certains de ces mécanismes sont incompatibles avec le droit de l’Union. En effet, dans le cadre des conflits que ces tribunaux ont à examiner, ces derniers sont amenés régulièrement à prendre en compte le droit communautaire. Or, n’étant pas partie intégrante du système juridique officiel de l’UE, ils n’ont pas pouvoir d’interpeller la Cour de justice européenne (CJUE) pour lui demander de trancher en cas de doute.
Ces tribunaux ne respectent pas l’autonomie du « droit de l’Union » et ne peuvent donc pas garantir sa pleine application, les rendant ainsi incompatibles avec le droit de l’UE.

Sans nul doute après les nombreuses mobilisations citoyennes et politiques de ces dernières années contre les accords TIPP/TAFTA et CETA, cet arrêt de la CJUE est un véritable coup porté à tous les accords commerciaux conclus ou négociés par l’UE qui incluent ce genre de mécanisme. Il confirme également ce qui est porté dans les batailles : ils sont un scandale antidémocratique !
Le Parti communiste français, ses parlementaires, plus que jamais vont redoubler d’effort afin que sur la question de la ratification du CETA, les citoyen.ne.s puissent trancher par référendum après un réel débat démocratique.
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14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 20:30
fresque dans un camp de réfugiés à Béthléem

fresque dans un camp de réfugiés à Béthléem

L’aide internationale aux réfugiés palestiniens est menacée
 PAR 

Depuis que Trump a annoncé qu’il coupait une partie du financement de l’UNRWA, l’organisation onusienne cherche à boucher le trou dans son budget. Elle organise une conférence de donateurs jeudi à Rome à laquelle la France participe.

Lundi 12 mars, à travers le Moyen-Orient, des milliers d’écoliers sont sortis dans les cours de récréation pour faire voler des cerfs-volants bleus. Du bleu teinte ONU. Cette opération de communication était organisée par l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, un programme vieux de 70 ans qui connaît aujourd’hui une grave crise financière.

Depuis que l’administration de Donald Trump a décidé en début d’année de couper une partie de ses donations à l’organisation, celle-ci craint de ne plus pouvoir assumer ses missions que beaucoup jugent cruciales pour la stabilité dans la région. Jeudi 15 mars se tiendra à Rome une réunion sous l’égide de l’UNRWA, avec des représentants de 90 pays, pour tenter de pallier son manque de fonds. Jean-Yves Le Drian représentera la France, qui envisage d’augmenter sa contribution annuelle.

Hormis Israël et une partie de l’administration américaine, tout le monde juge le travail de l’UNRWA utile et nécessaire, mais peu de pays se pressent pour remplir ses caisses. Créée en 1949 afin d’assister les Palestiniens chassés de leur terre par la création de l’État d’Israël, l’UNRWA est un des piliers essentiels de la survie de ces réfugiés, qu’ils vivent à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban ou en Syrie. L’agence onusienne soutient 1,7 million d’entre eux par des aides alimentaires ou financières, elle offre 9 millions de consultations médicales par an et scolarise plus de 500 000 enfants dans des écoles dont le niveau est souvent jugé meilleur que celui des établissement locaux.

« Parmi toutes les dépenses onusiennes, celle de l’UNRWA est certainement une des plus efficaces en termes de ratio argent/réalisations », estime un diplomate français. Mais l’année 2018 pourrait bien voir la fin d’une grande partie de ce travail. En effet, à la suite de la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël, l’Autorité palestinienne a dénoncé la position de médiateur de Washington et annoncé ne plus vouloir participer aux réunions dites « du processus de paix ». En rétorsion, Donald Trump et son ambassadrice aux Nations unies Nikki Haley ont décidé de réduire leur contribution (volontaire) à l’UNRWA.

L’an passé, les États-Unis avaient versé 364 millions de dollars à l’organisation. Cette année, la première tranche de 120 millions a été amputée de 60 millions et l’UNRWA n’a aucune assurance que le reste sera versé. Donc, pour l’heure, le déficit de financement se monte à 60 millions, mais il pourrait atteindre 300 millions si Washington maintient les cordons de sa bourse fermés. Or la contribution américaine représente 30 % du budget de fonctionnement de l’UNRWA.

Depuis des décennies, Israël dénonce l’UNRWA au prétexte que l’aide aux réfugiés palestiniens maintiendrait ceux-ci dans un statut de dépendance qui encourage leurs revendications au retour sur leur terre d’origine. À cet argument, le commissaire général de l’organisation, Pierre Krähenbühl répond : « Est-ce que si demain l’UNRWA n’existait plus, les jeunes Palestiniens arrêteraient de réclamer une solution et un retour en Palestine ou en Israël ? Bien évidemment que non ! » Pour les forces de sécurité israéliennes, qui sont généralement plus pragmatiques que leur gouvernement, l’UNRWA remplit une fonction utile : elle loge, soigne, nourrit et éduque les réfugiés palestiniens les plus pauvres et les plus fragiles, et permet de faire baisser les tensions.

« Si l’UNRWA cessait de remplir une partie de ses fonctions, des milliers de jeunes Palestiniens se retrouveraient soudainement oisifs, miséreux et bourrés de ressentiment », explique le diplomate français. « On peut penser que beaucoup d’entre eux se tourneraient vers la violence, soit contre Israël, soit contre leurs pays hôtes, voire aux côtés des groupes islamistes. » Il semble que le premier ministre Benjamin Netanyahou soit en partie conscient de ce problème, bien qu’il déteste l’UNRWA. De passage récemment au siège de l’ONU à New York, il a plaidé pour que l’aide aux réfugiés à Gaza et en Cisjordanie soit maintenue. Mais il a aussi avancé l’idée que les fonctions de l’UNRWA pourraient être transférées à l’organisation onusienne qui chapeaute tous les réfugiés dans le monde, l’UNHCR. Le secrétaire général Antonio Guterres lui a répliqué : « Êtes-vous bien sûr ? La mission de l’UNHCR est de rapatrier les réfugiés dans leur pays d’origine. » Apparemment, Netanyahou n’en avait pas conscience, mais cela prouve néanmoins qu’il juge utile le travail de l’UNRWA.

Du côté des Américains, il semble que leur décision soit un mélange de la défiance traditionnelle des conservateurs à l’égard des Nations unies couplée à l’arrogance de Trump qui n’a pas supporté que l’Autorité palestinienne critique sa décision. Comme le confie Pierre Krähenbühl, « ce n’est pas la première fois qu’il y a une différence de vue entre les États-Unis et l’Autorité palestinienne, mais jusqu’à maintenant, il y avait toujours eu un consensus sur la protection des fonds humanitaires. J’avais effectué une visite à Washington en novembre dernier qui s’était très bien passée et je ne prévoyais pas une telle décision. C’est malheureusement un conflit qui dépasse le cadre de l’UNRWA et qui nous laisse démunis ».

Pourtant, assure Pierre Krähenbühl, le rôle de l’UNRWA est encore plus précieux dans la situation actuelle où toutes les négociations semblent figées : « Aujourd’hui, l’horizon des jeunes Palestiniens est fermé : il y a une absence de perspective crédible et identifiable pour leur avenir. Quel est le message qui est livré actuellement à la génération née après les accords d’Oslo ? Que quand on s’engage politiquement, cela n’aboutit pas… Ce n’est pas un très bon message à faire passer à la jeunesse. Il y a de vrais risques pour la stabilité régionale. »

Le secrétaire d’État américain sortant Rex Tillerson, qui a été démis de son poste mardi 13 mars, faisait partie de ceux qui étaient opposés à une coupe dans la contribution à l’UNRWA. Son remplacement par Mike Pompeo, un « faucon », encore plus béni-oui-oui à l’égard du président et proche d’Israël, ne présage pas d’une amélioration de la situation, même si les États-Unis seront présents le 15 mars à Rome pour la réunion des donateurs.

L’UNRWA place tous ses espoirs dans cette conférence, en espérant pouvoir combler le trou laissé par les Américains. Cela ne sera pas chose aisée car, comme souvent, les déclarations passionnées d’appui aux Palestiniens sont assez éloignées de ce qui sort des portefeuilles. Le premier contributeur (à hauteur de 365 millions de dollars en 2017) était les États-Unis, suivi par l’Union européenne (136 millions en 2015). Parmi les nations européennes, la Suède, l’Allemagne et le Royaume-Uni pointent en tête (de 60 à 90 millions) mais la France est bien loin (8 millions). L’Arabie saoudite, qui a longtemps été le troisième contributeur, n’était que le sixième en 2017. Quant à la Russie et la Chine, elles n’ont déboursé respectivement que 2 millions et 0,35 million l’an passé.

Il y a donc théoriquement de la marge pour compenser la participation américaine, mais rien n’est gagné. La France pourrait faire un effort, espère une porte-parole de l’UNRWA : « Paris a clairement exprimé, y compris par la voix du président de la République, son fort soutien à l’UNRWA et son intention de contribuer à préserver notamment le système éducatif pour 525 000 élèves de nos écoles. » Mais si aucune solution financière n’est trouvée, les programmes de l’UNRWA (aide alimentaire, notamment à Gaza, écoles et cliniques) pourraient réduire leur fonctionnement, voire carrément fermer boutique dès le mois de mai 2018.

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14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 20:00
Munther Amira, acteur de la résistance populaire pacifique palestinienne, condamné à de la prison ferme (AFPS)

Munther Amira, acteur de la résistance populaire palestinienne, condamné à 6 mois de prison

http://www.france-palestine.org/Munther-Amira-acteur-de-la-resistance-populaire-palestinienne-condamne-a-6-mois

Munther Amira, coordonnateur des comités de résistance populaire (PSCC), éducateur social dans le camp de réfugiés d’Aida à Bethléem a été condamné le 12 mars à six mois de prison ferme et à 5 ans de prison avec sursis par le tribunal militaire d’Ofer en Palestine occupée. Il a été « reconnu coupable » de quatre chefs       d’inculpation liés à sa participation à des manifestations, notamment « participation à une marche non autorisée ».

Le jour de son arrestation, il portait une pancarte avec les photos des 4 femmes de la famille Tamimi arrêtées le jour précédent. Un fait délictueux selon la loi militaire imposée aux Palestiniens qui vivent en territoire occupé. Tout aussi « délictueuses » ses participations à des manifestations contre la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël et contre les commémorations de la déclaration Balfour.

L’occupant israélien n’a rien d’autre à reprocher à cet homme que sa résistance à l’occupation et à la colonisation dont il transmet les valeurs non-violentes à la jeunesse du camp d’Aida et de Bethléem.

Sa condamnation pour avoir participé on ne peut plus pacifiquement à ces manifestations est une tentative vaine pour intimider les Palestiniens qui luttent contre l’occupation et la colonisation israélienne.

Depuis l’automne 2014, la répression israélienne à l’égard de la jeunesse de Jérusalem et de Cisjordanie, des acteurs et actrices de la résistance populaire est systématique et frontale. La victoire cet été de la résistance populaire de masse contre l’installation des portiques à l’entrée de l’Esplanade des mosquées est insupportable au pouvoir israélien qui entend briser la volonté d’un peuple et le chasser de sa terre.

Le village de Nabi Saleh se serait bien passé de la notoriété que lui a conférée l’arrestation arbitraire d’Ahed et de 4 autres femmes de la famille Tamimi. Ahed et sa mère Nariman attendent toujours de report en report le sort que cette « justice » politique leur réserve. Une fois de plus leur procès a été reporté au 21 mars. Piètre stratégie pour tenter de briser ces militantes. Depuis, plusieurs dizaines d’autres membres de leur famille dont des mineurs ont été arrêtés de manière tout aussi arbitraire. Chaque semaine, ce sont des dizaines d’arrestations qu’Israël opère lors de raids souvent nocturnes dans les villes et villages palestiniens, dans les camps de réfugiés ou lors de manifestations.

Nous appelons les citoyennes et citoyens épris de liberté à manifester leur solidarité à l’égard des prisonniers politiques palestiniens dont Munther Amira, Salah Hamouri et les membres de la famille Tamimi. Leurs portraits doivent être connus de tous, y compris de nos gouvernants afin qu’ils se décident enfin à montrer par des actes auprès des autorités israéliennes leur détermination à les voir libéré.e.s.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian doit bientôt se rendre en Israël et en Palestine. Nous lui demandons de s’exprimer clairement contre la répression qui vise les Palestiniens et en particulier les enfants, les défenseurs des droits, toutes celles et ceux qui manifestent pacifiquement contre l’occupation. Et bien sûr notre compatriote Salah Hamouri et la députée Khalida Jarrar, tous deux emprisonnés sous le régime inique de la détention administrative. Face à un pouvoir israélien qui ne reconnaît que la force brutale, la France et l’Europe ont la responsabilité de protéger le peuple palestinien, et c’est clairement la question des sanctions qui doit maintenant être soulevée.

 

Le Bureau national de l’AFPS
14 mars 2018

-- 
Association France Palestine Solidarité (AFPS) 
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11 mars 2018 7 11 /03 /mars /2018 08:02
Salah Hamouri:  200 jours de prison, 200 jours de trop!

Il est intolérable que la France ne prenne pas position sérieusement et concrètement pour la libération de Salah Hamouri. Le gouvernement français devrait tout mettre en œuvre pour faire pression sur le gouvernement israélien et faire libérer notre compatriote. Continuons à amplifier la campagne de soutien à Salah pour que cesse l'arbitraire...

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11 mars 2018 7 11 /03 /mars /2018 07:46
Le député communiste de Seine Maritime, Jean-Paul Lecoq

Le député communiste de Seine Maritime, Jean-Paul Lecoq

Accord services aériens entre UE et Israël
par Lecoq Jean-Paul

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, madame la présidente de la commission des affaires étrangères, madame la rapporteure, mes chers collègues, permettez-moi tout d’abord de revenir un instant sur ce qui s’est passé en commission au moment de la discussion de ce texte – puisque c’est le groupe GDR, mon groupe, qui avait demandé qu’il fasse l’objet d’un débat en séance publique – : alors que j’étais en audition dans la pièce d’à côté, pour la mission d’information dans laquelle je siège, j’ai constaté que nous faisions l’objet de plusieurs interpellations, parmi lesquelles un procès en légitimité sur le fait d’amener en séance publique un accord relatif aux services aériens entre l’Union européenne et Israël. J’avoue qu’en regardant la vidéo, j’ai été subjugué par l’absence totale de recul de ces collègues qui se sont empressés de demander à Mme la présidente de la commission d’exercer son droit, par ailleurs inexistant, de demander l’annulation de ce débat.

Permettez-moi de vous dire, chers collègues, que demander l’interdiction d’un débat à l’Assemblée nationale jette le discrédit sur la fonction même de député.

Quel serait notre rôle si nous ne pouvions pas débattre de tous les textes qui nous sont proposés ? C’est notre droit le plus strict. Et plutôt que de l’empêcher ou de crier au scandale lorsque le débat déplaît, il vaudrait mieux plutôt prendre son courage à deux mains et monter à la tribune défendre des idées et parler du fond.

Le groupe GDR a demandé un débat sur ce texte puisqu’il s’agit d’un accord très libéral sur l’aviation civile. Sa racine prend la source dans les mêmes inepties d’économistes ultralibéraux obsédés par la concurrence que celles que j’ai dénoncées hier soir s’agissant de l’accord entre l’Union européenne et les États-Unis. Là encore, quelques phrases dans le préambule montrent l’inspiration idéologique très forte de cet accord : l’Union européenne et l’État d’Israël sont « désireux de promouvoir un système de transport aérien international fondé […] sur un marché soumis à un minimum d’intervention et de régulation étatiques », et il est même question plus loin des « avantages d’un environnement libéralisé » ; mais c’est la reconnaissance des « avantages potentiels de la convergence réglementaire » qui est tout de même le plus inquiétant.

En effet, la convergence réglementaire nous amène aux accords commerciaux dits de troisième génération ; le secrétaire d’État auprès du ministre des affaires étrangères les connaît bien puisqu’il y a parmi eux l’Accord économique et commercial global, dit CETA, dont l’objectif est d’abaisser les barrières non tarifaires des échanges, c’est-à-dire de créer une convergence des normes et des règlements pour normaliser le marché. Personnellement, je me sens plus pour une convergence des luttes contre la politique actuelle du Gouvernement, mais c’est une autre histoire… Les accords commerciaux penchent toujours vers une convergence réglementaire a minima, les plus protectrices d’entre elles étant toujours les premières à disparaître.

La politique de ciel unique en Europe repose sur un pilier de convergence normative en matière de sécurité, de sûreté et de protection de l’environnement. Je ne reviendrai pas sur ce dernier point puisque j’ai déjà longuement évoqué les questions environnementales hier soir, à propos de l’accord du même type que j’ai évoqué, mais espérons que la nature et les salariés des entreprises de transport aérien ne subiront pas trop le dumping qui semble se préparer, et que les protections statutaires qu’ils ont obtenues ne seront pas menacées.

Par ailleurs, il m’apparaît nécessaire d’aborder la question des méthodes utilisées par Israël pour accepter ou refuser les citoyens se rendant sur son territoire. Pour préparer cette intervention, j’ai lancé un appel à témoins auprès des citoyens français qui se rendent régulièrement en Israël et dans les Territoires palestiniens, et cela s’est révélé très intéressant.

Les témoignages les plus frappants ont porté sur le fait que plusieurs compagnies européennes dont Air France, et aussi la compagnie nationale israélienne, mais également des agences de sécurité a priori privées, se permettent de filtrer sur le sol français les passagers qu’ils vont autoriser ou non à monter à bord des appareils à destination d’Israël. Plusieurs histoires me sont parvenues de citoyens ayant leur billet et leurs papiers en règle, et qui se sont malgré tout vu interdire, en France, l’entrée à bord de l’appareil après un interrogatoire, parfois totalement discriminatoire, mené par des agents privés. Ces agents pourraient donc décider de qui monte ou ne monte pas dans un appareil se situant dans un espace sous juridiction française…

En 2011, Israël est parvenu à empêcher la venue de plusieurs centaines de militants pro-palestiniens en listant leurs noms et en demandant à toutes les compagnies de refuser de les laisser monter à bord des avions, ce qu’elles ont fait ! C’est tout de même incroyable ! D’où ma question : quand et où s’arrête la souveraineté de la France sur son territoire, et quand commence celle de l’État d’Israël ? Un accord aérien comme celui-ci ne serait-il pas l’occasion idéale pour réaffirmer à toutes les compagnies l’importance du respect de la souveraineté et de celui des droits de l’homme ? Ces abus de pouvoir nous laisseraient-ils entrevoir qu’Israël dispose d’une frontière mouvante et d’une juridiction souveraine ad hoc autour de chaque avion à destination d’Israël ? Des agents non-assermentés et privés n’ont pourtant aucun droit de procéder ainsi sur notre territoire.

Ces dérogations au droit posent la question de la souveraineté et de ses limites. L’accord dit vaguement à ce sujet, au paragraphe 4 de l’article 14 que « chaque partie contractante veille à ce que des mesures soient appliquées effectivement sur son territoire pour protéger les aéronefs […] ». Il est donc bien précisé « sur son territoire » et non sur le territoire d’un autre pays. Le texte aurait dû mentionner plus clairement l’interdiction totale des usages que j’ai relatés. Je formule en tout cas ici le vœu que cette pratique illégale prenne fin le plus vite possible.

Que des interrogations subsistent lorsque le passager arrive sur le sol israélien relève alors de la souveraineté de cet État, même s’il est important d’avoir conscience que la sécurité ne doit pas être assurée au détriment de la liberté et que la menace terroriste sert parfois d’excuse pour empêcher les voyageurs de se rendre en Palestine. Sinon, comment justifier le fait qu’une fois nos concitoyens arrivés en Israël, les agents de l’aéroport soient autorisés à lire leurs mails et à prendre leur téléphone portable ? La question se pose d’autant plus que le refus de coopérer entraîne quasi automatiquement l’interdiction d’entrer sur le territoire. Ce chantage déstabilise les voyageurs, les poussant généralement, s’ils veulent être autorisés à entrer, à accepter que leurs droits soient bafoués. Un grand nombre de témoignages que j’ai reçus à ce sujet concordent. L’Association pour les droits civils en Israël – l’ACRI – avait même qualifié il y a quelques années ces mesures « d’intrusion considérable dans la vie privée ». Ce type de chantage n’est pas digne d’une démocratie mais plutôt d’un État sécuritaire rongé par la paranoïa. Cette paranoïa est d’ailleurs incarnée aujourd’hui par l’emprisonnement de Salah Hamouri, détenu administrativement, dont les défenseurs n’ont même pas accès au dossier pénal, et aussi par la ministre de la justice d’extrême droite qui humilie quotidiennement les Palestiniens et souille l’histoire tragique de son propre peuple par les propositions inhumaines qu’elle fait comme, par exemple, celle de faire porter un signe distinctif aux ONG financées par des États étrangers lorsqu’elles se rendent à la Knesset. La manipulation de l’histoire fait parfois froid dans le dos.

Dans cet accord relatif aux services aériens, il est seulement acté que les dispositifs de sûreté israéliens sont supérieurs à ceux de l’Union européenne. Pas une seule fois il n’est mentionné que les signataires doivent exercer leurs procédures de sûreté dans la limite du respect des droits humains, notamment celui du respect de la vie privée. C’est très regrettable.

Cette méfiance extrême dont use Israël assure au passage autre chose que la sécurité du pays : elle permet de juguler le trafic et de décourager les voyageurs qui voudraient se rendre dans les Territoires palestiniens. Israël s’octroie donc le pouvoir de filtrer la population qui aurait sinon accès à Gaza ou à la Cisjordanie, et ce au nom d’un blocus déclaré illégal un grand nombre de fois par la communauté internationale. L’absence d’un aéroport en Cisjordanie et la destruction de l’aéroport international Yasser Arafat en 2002 à Gaza empêchent les voyageurs de se rendre directement dans les Territoires Palestiniens. Nous ne pouvons donc que constater l’absence de liberté de circulation pour entrer en Palestine.

Ses habitants vivent donc dans une prison à ciel ouvert. Il est par conséquent impossible pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine d’accepter un accord comme celui-ci, en raison – c’est un argument que j’ai un peu plus développé hier soir – de la théorie libérale qui le sous-tend, mais également parce qu’il ignore superbement le fait qu’Israël maîtrise totalement les entrées et les sorties d’une autre entité territoriale, ce qui aurait justifié un traitement différencié.

Évidemment, nous en revenons au même point : pour faciliter les choses, il faut continuer à lutter contre le blocus illégal de Gaza. Il faut que les puissances du monde, et parmi elle la France, reconnaissent l’existence de l’État palestinien pour pouvoir lui donner une légitimité et favoriser ainsi l’émergence d’une solution à deux États. C’est d’ailleurs la politique soutenue par la France et c’est ce que les députés communistes que je représente aujourd’hui ne cessent de réclamer. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

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10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 11:52
Gaza s'effondre : le calvaire et la résistance d'une population prise au piège (L'Humanité Dimanche, 7 mars 2018)
Gaza s'effondre : le calvaire et la résistance d'une population prise au piège
Grand format
NADJIB TOUAIBIA
MERCREDI, 7 MARS, 2018
HUMANITÉ DIMANCHE
A Beit Lahya le 6 février 2018. Au loin la centrale électrique de Rutenberg, en Israël. Celle de Gaza est à l'arrêt faute de carburant.
A Beit Lahya le 6 février 2018. Au loin la centrale électrique de Rutenberg, en Israël. Celle de Gaza est à l'arrêt faute de carburant.
AFP

Assiégé depuis dix ans par Israël, puissance occupante surarmée, ce bout de territoire, où vivent 2 millions de Palestiniens, est en proie au dénuement, soumis aux privations et à l’enfermement, consumé à petit feu. Une catastrophe humanitaire est à l’œuvre. Gaza agonise… dans le silence assourdissant et complice de la communauté internationale.

 
 

Le chaos sanitaire et social a atteint un seuil épouvantable. Les témoignages abondent, qui disent l’ampleur de la crise humanitaire. Les ONG et l’ONU n’ont de cesse d’alerter, de condamner, d’appeler à une prise de conscience. Tous prêchent dans le désert. Les responsables israéliens restent de marbre. Quelques voix s’élèvent à peine parmi les parlementaires dans ce pays. « L’État d’Israël ne peut pas se permettre de continuer à ignorer cette crise », a récemment déclaré le dirigeant de Yesh Atid (parti centriste), Yaïr Lapid, lors de sa réunion hebdomadaire à la Knesset. « Il ne peut pas rester sans rien faire pendant que les services des enfants dans les hôpitaux sont dépourvus d’électricité. C’est contre tout ce en quoi nous croyons», a-t-il ajouté, rapporte le Centre palestinien d’information (CPI), qui cite des agences de presse locales. Pas de quoi émouvoir le ministre de la Défense d’extrême droite, Avigdor Lieberman. Non, « il n’y a pas de crise humanitaire à Gaza ! » a-t-il grogné devant son groupe au Parlement israélien.

Zoheir, 51 ans : « Rouler, rouler, sans aucune destination, pour résister au blocus »

Asphyxiés, empoisonnés 

En attendant, les Gazaouis tentent de survivre dans une enclave-prison. Ils sont interdits de passage vers Israël et vers l’Égypte, sauf cas exceptionnels. « Asphyxie » est le terme régulièrement utilisé dans les médias internationaux. Et pour cause, outre l’enfermement, les habitants manquent cruellement d’éléments essentiels à l’existence.

 
 
Les habitants vivent comme en cage sur ce territoire bouclé par des barrières (parfois électriques) et surveillé par les airs.

L’eau : elle est rare et impropre à la consommation. La population y a accès 12 heures par semaine seulement. Elle ne dispose que de 5 % d’eau potable. La nappe phréatique s’assèche. Quelque 180 millions de litres d’eau usée se déversent chaque jour dans la mer, les voies et réseaux divers étant délabrés. Outre les besoins insatisfaits des familles, cette pénurie empoisonne le quotidien des enfants scolarisés.

 
 
Il n'y a quasiment plus d'eau potable. Selon l'ONU, si rien n'est fait pour remidier à la pénurie, il sera impossible de vivre à Gaza en 2020.

L’électricité : les Gazaouis ont appris à vivre dans l’obscurité. Ils ne sont alimentés en courant électrique que durant quelques heures par jour. Dernier fait en date : l’arrêt de la centrale électrique, jeudi 15 février, en raison d’un manque de carburant, selon le porte-parole de la compagnie gazaouie qui distribue l’électricité, cité par l’AFP. Le combustible est importé d’Égypte via le point de passage de Rafah, fermé quasiment de façon permanente. « L’enclave a besoin d’environ 500 mégawatts (par jour). Nous avons un déficit énergétique de 350 mégawatts », explique-t-il.

 
 
Un quotidien rythmé par les coupures de courants. les Gazaouis disposent d'environ quatre heures d'électricité par jour.

La lumière fait défaut aux habitants de Gaza en raison aussi des relations tendues entre le Hamas, qui règne toujours en maître sur Gaza, et l’Autorité palestinienne. D’avril 2017 à janvier 2018, cette dernière a refusé de payer la facture d’électricité fournie par l’État hébreu à l’enclave. Depuis lors, ce dernier a repris la livraison de 120 mégawatts/jour, qui représentent moins du quart des besoins quotidiens. L’alimentation par les lignes égyptiennes demeure très incertaine.

Les soins médicaux : les hôpitaux de Gaza se transforment en mouroirs. Les patients, et en particulier les enfants, sont pris en charge dans les pires conditions, faute d’électricité, faute de médicaments, faute de places et de professionnels. « Les générateurs ont cessé de fonctionner dans seize cliniques de soins primaires et trois grands hôpitaux », annonçait, au début du mois de février, le ministère de la Santé à Gaza. « Le combustible d’urgence pour les installations critiques sera épuisé dans les dix prochains jours », mettait en garde de son côté l’agence de coordination humanitaire de l’ONU Ocha, en lançant un appel aux donateurs.

 
 
A l'hôpital de Durra, des services entiers ont déjà fermé leurs portes faute de carburant pour alimenter les générateurs d'urgence.

Les soins particuliers, du type dialyse, sont plus que jamais risqués. Plus de 400 malades souffrant d’insuffisance rénale sont exposés à des ruptures de soins par manque de carburant, signale le groupe palestinien des droits de l’homme Al-Haq. Selon cette même source, les hôpitaux de Gaza sont actuellement incapables d’effectuer leurs 200 opérations par jour « en raison de la dégradation et de la perte de centaines de réserves de sang en raison du manque de refroidissement nécessaire – une conséquence de la pénurie d’électricité délibérément imposée à Gaza ».

 
 
Le désespoir et la colère d'une femme dont les soins n'ont pu être pris en charge par la caisse de santé. 

 
 
Depuis Début 2018, les autorités ont annoncé la fermeture de 19 cliniques et hôpitaux. 

Ces situations de péril sont sans cesse ressassées au fil des rapports de l’ONU et des ONG. Le quotidien cauchemardesque des Gazaouis n’est pas une surprise.

 
 
Des conditions de vie misérables. Le délabrement sanitaire met la population en péril. L'hiver, faute d'abri, des enfants souffrent du froid. 

Ce contexte est largement connu. Gaza s’effondre sous les yeux du reste du monde. Ses habitants, impuissants, sont en fait piégés au cœur d’un enchevêtrement de facteurs politiques.

Suleiman, 53 ans : « Nous devons voir au-delà des drones et viser les étoiles »

Le gouvernement israélien allié à l’extrême droite excelle dans le maintien et l’organisation d’un blocus abominable. La mesure lui sert à entretenir la peur, dans sa société, des islamistes du Hamas, lequel en tire en retour une légitimité de pouvoir absolu sur l’enclave.

 
 

Tant attendue, la réconciliation palestinienne est dans une impasse.Le Hamas continue à exercer une dictature aveugle sur la population de l’enclave. Depuis mars 2017, l’Autorité palestinienne a réduit de 30 % les salaires de ses fonctionnaires dans la bande de Gaza, quelque 60 000 personnes dont le pouvoir d’achat fait durement défaut à l’économie locale, déjà anéantie.

Abbas, seul et dépourvu

Washington vient de donner le coup de grâce aux Palestiniens en bloquant le financement de 60 millions de dollars à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNRWA). Les Américains étaient jusque-là les plus gros donateurs de l’agence, à hauteur de 30 %. Ils combinent ainsi chantage et provocation pour imposer les conditions d’une paix bricolée dans l’intérêt exclusif de leurs alliés israéliens. Donald Trump a reconnu, le 6 décembre, Jérusalem capitale d’Israël et décidé du transfert de son ambassade.

 
 
Rafah, le 6 décembre dernier, jour de la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale d'Israel. Un assassinat de la "solution à deux états". Et un apartheid officialisé. La plupart des jeunes (65% de la population) ne sont jamais sortis de Gaza.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, tente désespérément de riposter à ce coup de force en discréditant les États-Unis dans leur rôle habituel de médiateurs auprès de Tel-Aviv. Le 20 février dernier, il s’exprimait devant le Conseil de sécurité de l’ONU, proposant une conférence internationale où les Américains seraient seulement partie prenante. Un coup d’épée dans l’eau. Abbas n’est pas près de recevoir le soutien attendu, tant s’en faut. Les États-Unis demeurent maîtres de ce jeu d’apprenti sorcier sur une terre brûlée.

Les Gazaouis sont plus que jamais pris en otage. Si chemin de la paix il y a, il passe, d’abord et avant tout, par la levée de ce blocus assassin.

 
 
Les funérailes d'Abu Mosaid, 16 ans. Il est l'un des deux adolescents abattus par les forces israéliennes pour avoir protesté près du mur d'enceinte, contre la désignation de Jérusalem comme capitale d'Israël.
Journaliste à l'Humanité Dimanche
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