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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 05:23
Street art à Béthléem

Street art à Béthléem

Israël a rejeté les appels internationaux à une enquête indépendante après la mort, vendredi, de 16 Palestiniens tués par l'armée israélienne au cours d'une manifestation le long de la frontière entre Gaza et l'État hébreu. L'usage de balles réelles par l'armée israélienne est au coeur des interrogations de la communauté internationale et des organisations de défense des droits de l'Homme. Vendredi a été la journée la plus meurtrière dans la bande de Gaza depuis la guerre de 2014 : sur les plus de 1.400 blessés recensés, 758 l'ont été par des tirs à balles réelles. Les Palestiniens accusent les soldats israéliens d'avoir tiré sur des manifestants qui ne représentaient aucun danger immédiat. Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, ainsi que la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini, ont réclamé une « enquête indépendante » sur l'usage, par Israël, de balles réelles, une demande rejetée par l'État hébreu. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu (notre photo), a également rejeté toutes les critiques, félicitant même l'armée, « la plus éthique du monde »*. Les États-Unis ont, de leur côté, bloqué, samedi soir, un projet de déclaration du Conseil de sécurité de l'Onu appelant « toutes les parties à la retenue et à prévenir toute escalade supplémentaire » et demandé une enquête sur les affrontements.

*"Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a d’ailleurs félicité l’armée « pour avoir protégé les frontières du pays ». « Bravo à nos soldats », a-t-il écrit dans un communiqué."

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 05:13
Zeev Sternhell

Zeev Sternhell

« En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts »

Dans une tribune au « Monde », l’historien spécialiste du fascisme, se lance dans une comparaison entre le sort des juifs avant la guerre et celui des Palestiniens aujourd’hui.

Par Zeev Sternhell (historien, membre de l’Académie israélienne des sciences et lettres, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, spécialiste de l’histoire du fascisme), auteur de Ni droite ni gauche, l'idéologie fasciste en France

L’annonce est autant symbolique que contestée à l’international : le 6 décembre 2017, le président américain Donald Trump a décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. L’ambassade américaine, actuellement établie à Tel-Aviv, ouvrira ses portes avant fin 2019. L’initiative a rapidement été saluée par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Depuis, à la Knesset, le Parlement, la droite mène une offensive sur plusieurs fronts.

Le 2 janvier, les députés ont voté un amendement à la loi fondamentale, c’est-à-dire constitutionnelle, rendant impossible toute cession d’une partie de Jérusalem sans un vote emporté à la majorité des deux-tiers.

Plusieurs députés ont aussi avancé des projets de loi visant à redéfinir le périmètre de la ville, en rejetant des quartiers arabes entiers se trouvant au-delà du mur de séparation, ou bien en intégrant de vastes colonies.

Pour l’historien Zeev Sternhell, ces décisions visent à imposer aux Palestiniens d’accepter sans résistance l’hégémonie juive sur le territoire, les condamnant pour l’éternité au statut de population occupée.

 Tribune de Zeev Sternhell (publiée par Le Monde le 17 février 2018)

Je tente parfois d’imaginer comment essaiera d’expliquer notre époque l’historien qui vivra dans cinquante ou cent ans.

A quel moment a-t-on commencé, se demandera-t-il sans doute, à comprendre en Israël que ce pays, devenu Etat constitué lors de la guerre d’indépendance de 1948, fondé sur les ruines du judaïsme européen et au prix du sang de 1 % de sa population, dont des milliers de combattants survivants de la Shoah, était devenu pour les non-juifs, sous sa domination, un monstre ?

Quand, exactement, les Israéliens, au moins en partie, ont-ils compris que leur cruauté envers les non-juifs sous leur emprise en territoires occupés, leur détermination à briser les espoirs de liberté et d’indépendance des Palestiniens ou leur refus d’accorder l’asile aux réfugiés africains commençaient à saper la légitimité morale de leur existence nationale ?

La réponse, dira peut-être l’historien, se trouve en microcosme dans les idées et les activités de deux importants députés de la majorité, Miki Zohar (Likoud) et Bezalel Smotrich (Le Foyer juif), fidèles représentants de la politique gouvernementale, récemment propulsés sur le devant de la scène.

Mais ce qui est plus important encore, c’est le fait que cette même idéologie se trouve à la base des propositions de loi dites « fondamentales », c’est-à-dire constitutionnelles, que la ministre de la justice, Ayelet Shaked, avec l’assentiment empressé du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, se propose de faire adopter rapidement par la Knesset.

Shaked, numéro deux du parti de la droite religieuse nationaliste, en plus de son nationalisme extrême, représente à la perfection une idéologie politique selon laquelle une victoire électorale justifie la mainmise sur tous les organes de l’Etat et de la vie sociale, depuis l’administration jusqu’à la justice, en passant par la culture.

Dans l’esprit de cette droite, la démocratie libérale n’est rien qu’un infantilisme. On conçoit facilement la signification d’une telle démarche pour un pays de tradition britannique qui ne possède pas de Constitution écrite, seulement des règles de comportement et une armature législative qu’une majorité simple suffit pour changer.

« IL S’AGIT D’UN ACTE CONSTITUTIONNEL NATIONALISTE DUR, QUE MME LE PEN N’OSERAIT PAS PROPOSER »

L’élément le plus important de cette nouvelle jurisprudence est une législation dite « loi sur l’Etat-nation » : il s’agit d’un acte constitutionnel nationaliste dur, que le nationalisme intégral maurrassien d’antan n’aurait pas renié, que Mme Le Pen, aujourd’hui, n’oserait pas proposer, et que le nationalisme autoritaire et xénophobe polonais et hongrois accueillera avec satisfaction.

Voilà donc les juifs qui oublient que leur sort, depuis la Révolution française, est lié à celui du libéralisme et des droits de l’homme, et qui produisent à leur tour un nationalisme où se reconnaissent facilement les plus durs des chauvinistes en Europe.

L’impuissance de la gauche

En effet, cette loi a pour objectif ouvertement déclaré de soumettre les valeurs universelles des Lumières, du libéralisme et des droits de l’homme aux valeurs particularistes du nationalisme juif. Elle obligera la Cour suprême, dont Shaked, de toute façon, s’emploie à réduire les prérogatives et à casser le caractère libéral traditionnel (en remplaçant autant que possible tous les juges qui partent à la retraite par des juristes proches d’elle), à rendre des verdicts toujours conformes à la lettre et à l’esprit de la nouvelle législation.

Mais la ministre va plus loin encore : elle vient juste de déclarer que les droits de l’homme devront s’incliner devant la nécessité d’assurer une majorité juive.

Mais puisque aucun danger ne guette cette majorité en Israël, où 80 % de la population est juive, il s’agit de préparer l’opinion publique à la situation nouvelle, qui se produira en cas de l’annexion des territoires palestiniens occupés souhaitée par le parti de la ministre : la population non-juive restera dépourvue du droit de vote.

Grâce à l’impuissance de la gauche, cette législation servira de premier clou dans le cercueil de l’ancien Israël, celui dont il ne restera que la déclaration d’indépendance, comme une pièce de musée qui rappellera aux générations futures ce que notre pays aurait pu être si notre société ne s’était moralement décomposée en un demi-siècle d’occupation, de colonisation et d’apartheid dans les territoires conquis en 1967, et désormais occupés par quelque 300 000 colons.

Aujourd’hui, la gauche n’est plus capable de faire front face à un nationalisme qui, dans sa version européenne, bien plus extrême que la nôtre, avait presque réussi à anéantir les juifs d’Europe. C’est pourquoi il convient de faire lire partout en Israël et dans le monde juif les deux entretiens faits par Ravit Hecht pour Haaretz (3 décembre 2016 et 28 octobre 2017) avec Smotrich et Zohar. On y voit comment pousse sous nos yeux, non pas un simple fascisme local, mais un racisme proche du nazisme à ses débuts.

Comme toute idéologie, le racisme allemand, lui aussi, avait évolué, et, à l’origine, il ne s’en était pris qu’aux droits de l’homme et du citoyen des juifs. Il est possible que sans la seconde guerre mondiale, le « problème juif » se serait soldé par une émigration « volontaire » des juifs des territoires sous contrôle allemand. Après tout, pratiquement tous les juifs d’Allemagne et d’Autriche ont pu sortir à temps. Il n’est pas exclu que pour certains à droite, le même sort puisse être réservé aux Palestiniens.

Il faudrait seulement qu’une occasion se présente, une bonne guerre par exemple, accompagnée d’une révolution en Jordanie, qui permettrait de refouler vers l’Est une majeure partie des habitants de la Cisjordanie occupée.

Le spectre de l’apartheid Les Smotrich et les Zohar, disons-le bien, n’entendent pas s’attaquer physiquement aux Palestiniens, à condition, bien entendu, que ces derniers acceptent sans résistance l’hégémonie juive. Ils refusent simplement de reconnaître leurs droits de l’homme, leur droit à la liberté et à l’indépendance.

Dans le même ordre d’idées, d’ores et déjà, en cas d’annexion officielle des territoires occupés, eux et leurs partis politiques annoncent sans complexe qu’ils refuseront aux Palestiniens la nationalité israélienne, y compris, évidemment, le droit de vote. En ce qui concerne la majorité au pouvoir, les Palestiniens sont condamnés pour l’éternité au statut de population occupée.

POUR MIKI ZOHAR, LES PALESTINIENS “SOUFFRENT D’UNE LACUNE MAJEURE : ILS NE SONT PAS NÉS JUIFS”

La raison en est simple et clairement énoncée : les Arabes ne sont pas juifs, c’est pourquoi ils n’ont pas le droit de prétendre à la propriété d’une partie quelconque de la terre promise au peuple juif. Pour Smotrich, Shaked et Zohar, un juif de Brooklyn, qui n’a peut-être jamais mis les pieds sur cette terre, en est le propriétaire légitime, mais l’Arabe, qui y est né, comme ses ancêtres avant lui, est un étranger dont la présence est acceptée uniquement par la bonne volonté des juifs et leur humanité.

Le Palestinien, nous dit Zohar, « n’a pas le droit à l’autodétermination car il n’est pas le propriétaire du sol. Je le veux comme résident et ceci du fait de mon honnêteté, il est né ici, il vit ici, je ne lui dirai pas de s’en aller. Je regrette de le dire mais [les Palestiniens] souffrent d’une lacune majeure : ils ne sont pas nés juifs ». Ce qui signifie que même si les Palestiniens décidaient de se convertir, commençaient à se faire pousser des papillotes et à étudier la Torah et le Talmud, cela ne leur servirait à rien.

Pas plus qu’aux Soudanais et Erythréens et leurs enfants, qui sont israéliens à tous égards – langue, culture, socialisation. Il en était de même chez les nazis. Ensuite vient l’apartheid, qui, selon la plupart des « penseurs » de la droite, pourrait, sous certaines conditions, s’appliquer également aux Arabes citoyens israéliens depuis la fondation de l’Etat. Pour notre malheur, beaucoup d’Israéliens, qui ont honte de tant de leurs élus et honnissent leurs idées, pour toutes sortes de raisons, continuent à voter pour la droite.

Le Monde a publié cette tribune le 17 février 2018 et le quotidien israélien de gauche Haaretz a publié une tribune du même auteur sur ce thème

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 09:22

Gaza : le PCF demande une intervention immédiate pour que cessent les exactions du gouvernement Israélien

Chaque 30 mars lors de la grande marche du retour pour la Journée de la terre, les Palestiniens commémorent la mort, en 1976, de six arabes israéliens tués lors d'une manifestation contre la confiscation de leur terre par Israël. Ils se mobilisent pour faire droit au retour des réfugiés palestiniens.
Cet année ils étaient plus de 30 000 sur la bande de Gaza a manifester pacifiquement alors que des tireurs d'élite de l'armée israélienne avaient l'autorisation de tirer sur eux à balles réelles. Vendredi 30 mars, on compte 16 palestiniens assassinés et plus de 500 blessés.
Ce massacre intervient dans un contexte où le gouvernement d'extrême droite Israélien se sent pousser des ailes. Aidé par les décisions mortifères de Trump, il s'attaque aux « arabes israéliens », c'est à dire les palestiniens restés en Israël après 1948, en adoptant à la Knesset La loi sur “l’État-nation”, qui va constitutionnaliser le caractère exclusivement juif de l’État et l 'apartheid.
Jusqu'où ira cette politique qui fait feu de tout bois des lois internationales et des droits humains des Palestiniens ?
Le PCF, à la fois indigné et très inquiet de cette escalade dangereuse et meurtrière, demande au président Macron et à l'ensemble de la communauté internationale d'intervenir immédiatement pour que cessent les exactions du gouvernement Israélien.

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 09:15
Massacre de manifestants à Gaza: l'AFPS demande une intervention immédiate du Président de la République
GAZA : l’AFPS demande une intervention immédiate du Président de la République

http://www.france-palestine.org/GAZA-l-AFPS-demande-une-intervention-immediate-du-President-de-la-Republique

A Gaza, ce sont des snipers de l’armée israélienne qui tirent sur les habitants palestiniens qui se rassemblent pour célébrer, comme partout ailleurs en Palestine, la journée de la terre.

L’armée israélienne a elle-même confirmé qu’une centaine de snipers avaient l’ordre de tirer contre quiconque s’approcherait de la frontière. Des snipers suréquipés ont l’ordre de tirer contre des civils sans défense.

Depuis le début de la journée, on compte 8 morts et des centaines de blessés.

Depuis 11 ans, les 2 millions d’habitants de Gaza, dont les deux-tiers sont des réfugiés, vivent sous un blocus inhumain imposé par l’armée israélienne. Un blocus qui pousse au désespoir une population inventive, éduquée, qui demande à vivre.

Des rassemblements et des villages de tentes ont été mis en place en différents points de la Bande de Gaza. Par ces rassemblements pacifiques, les Palestiniens de Gaza réclament la fin du blocus et l’application de leurs droits. Les manifestations sont prévues pour 6 semaines jusqu’au 15 mai, l’anniversaire de la Nakba.

Le monde entier, dont la France, condamne depuis des années le blocus de Gaza. Mais les mots ne servent à rien face au pouvoir israélien.

Le droit au retour des réfugiés palestiniens est inscrit dans la résolution 194 de l’ONU, que l’Etat d’Israël s’est engagé à respecter lors de son admission à l’ONU, en 1949. Mais les résolutions de l’ONU sont toujours bafouées par l’Etat d’Israël, qui se considère au-dessus du droit international.

Mais il faut, d’abord et avant tout arrêter le massacre, et la France doit agir, immédiatement.

Président de l’Association France Palestine Solidarité, Bertrand Heilbronn s’adresse en ces termes au Président de la République :

"Monsieur le Président de la République, vous ne pouvez pas accepter que l’armée de l’Etat d’Israël, avec qui la France et l’Europe entretiennent de multiples relations, tire ainsi à balles réelles sur des manifestants désarmés. Nous vous demandons d’intervenir en urgence, de faire convoquer l’ambassadrice d’Israël, et d’indiquer clairement que la France prendra des sanctions si ce scandale ne cesse pas immédiatement.

Les lignes rouges sont franchies depuis longtemps, la France et l’Europe doivent au minimum, et en urgence, protéger le peuple palestinien. Les tirs contre des manifestants désarmés doivent cesser, le blocus de Gaza doit être levé immédiatement, et Israël doit suspendre toute action de colonisation, d’annexion, de déplacement de population et de démolitions des maisons et des infrastructures palestiniennes. Les mots ne suffisent plus et l’heure est aux sanctions si ces exactions ne cessent pas."

 

Le Bureau national de l’AFPS
le 30 mars 2018 à 16h45

 

-- 
Association France Palestine Solidarité (AFPS) 
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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 08:27
Israël-Palestine. Le point de non-retour ? (Sonya Ciesnik, Le Télégramme, 1er avril 2018)

Des milliers de Gazaouis ont pris part, samedi, aux funérailles de manifestants tués la veille lors d'affrontements avec l'armée israélienne qui ont fait 16 morts côté palestinien, la journée la plus sanglante depuis 2014. La solution a deux États est à nouveau très largement au second plan. Définitivement ?

 

La fenêtre d'opportunité d'une solution à deux États, Israël et la Palestine, se referme peu à peu. Aujourd'hui, les Palestiniens font face à une administration américaine qui conforte Israël dans ses ambitions territoriales. Les avocats d'un État palestinien (groupes de la société civile, femmes, organisations de jeunesse et associations communautaires) travaillent néanmoins sans relâche sur une solution à deux États.

 

« Nous vivons dans une ère de type McCarthy », déplore Amit Gilutz, porte-parole de B'Tselem, le Centre israélien d'information sur les droits de l'Homme, en référence au rétrécissement de la liberté d'expression dans l'été hébreu. Au cours de notre entretien, une carte des colonies israéliennes et la barrière de séparation en Cisjordanie posée sur une table, Gilutz observe : « Trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, contrôlés par un État qui veut leur terre, leurs ressources sans leur octroyer une expression politique autonome ».

« Connaître chaque colline, chaque caverne »

 

Comment en est-on arrivé à ce point ? La réponse se trouve dans l'histoire de la région, comprenant des cycles de paix et de violences qui consacrent la droitisation en Israël et la radicalisation croissante en Cisjordanie.

L'élection de Menahem Begin, fondateur du Likoud, comme Premier ministre d'Israël en juin 1977, a modifié à la fois le discours d'Israël sur les colonies et le rythme de leur mise en oeuvre. Begin refusa d'utiliser les termes « Cisjordanie » ou « Palestiniens » pour ne parler que de « Judée et Samarie » et des droits historiques du peuple juif. À l'origine, les colonies étaient des « bases de sécurité. Des structures rudimentaires situées sur les sommets des collines afin de surveiller l'environnement et maintenir la communication avec d'autres bases ».

 

Le choix, alors, du ministre de l'Agriculture, Ariel Sharon, surnommé « le bulldozer », fut d'accroître la présence militaire en Cisjordanie. Pour Sharon, la clé de l'occupation était la sécurité : « Connaître chaque colline, chaque montagne, chaque vallée, chaque source, chaque caverne ; la curiosité de savoir ce qu'il y a de l'autre côté de la colline, c'est la sécurité ».

Virage vers la droite

 

Après la première intifada, sont signés en 1993 les accords d'Oslo par le leader palestinien Yasser Arafat et le premier ministre israélien Yitzhak Rabin. Ces accords apportent à Arafat la respectabilité qui lui manquait sur la scène internationale mais marquent le début du déclin du mouvement national palestinien. Piégée entre sa mission révolutionnaire d'agent de libération nationale et ses nouvelles responsabilités en tant que proto-État. Les opérations sécuritaires menées en conjonction avec les Israéliens ont fait apparaître l'Autorité palestinienne comme « sous-traitante » de l'occupation.

L'assassinat d'Yitzhak Rabin en novembre 1995 marque un tournant et le pays amorce son virage vers la droite. Aujourd'hui, les scandales de corruption affectant le Premier ministre Benyamin Netanyahu, plusieurs politiciens de son bord incitent à aller encore plus à droite. Pour la première fois, les dirigeants nationalistes du Likoud en viennent à envisager un seul État par l'annexion de toute la Cisjordanie.

Des lignes rouges

 

Comme l'écrit la journaliste Peggy Cido, « l'économie israélienne est totalement capitaliste et, comme partout ailleurs dans ce type d'économie, les riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent et la classe moyenne disparaît comme neige au soleil ». Pour les Israéliens ordinaires qui cherchent à améliorer leurs conditions de vie, la tentation de s'installer en Cisjordanie est là.

De plus, d'après Peggy Cidor, « cela touche particulièrement les personnes et les familles qui sont déjà au bas de l'échelle et n'arrivent pas à survivre. Hypothèques à bon marché, exonérations fiscales et la possibilité de vivre dans plus d'espace ne sont que quelques-unes des incitations offertes par le gouvernement israélien pour s'établir dans les colonies.

« Ce qui nous donne de l'espoir, c'est la communauté internationale », juge Amit Gilutz, expliquant que les diplomates internationaux fixent des lignes rouges à ne pas franchir.

 

L'exil intérieur

Un Palestinien, comment peut-il vivre et voyager en Cisjordanie ? Pour le savoir, j'ai rencontré Ahmed Khalidi, journaliste et activiste. Ensemble, nous allons nous déplacer de la capitale administrative de l'Autorité palestinienne, à l'intérieur de la Cisjordanie profonde jusqu'à Naplouse. Plus précisément, à la recherche de la « soumoud », la ténacité des Palestiniens face à la réalité de l'occupation.

À Al-Bireh, une localité au nord de Ramallah, je me suis retrouvée au contact d'un groupe d'adolescentes, des jeunes filles élancées avec des cheveux longs et amples, des robes écarlates traditionnelles brodées, conscientes de leur beauté, se rapprochant les unes des autres avec leurs parents souriants et fiers à leurs côtés. En dépit du déclin du mouvement palestinien, le dynamisme s'est déplacé des structures politiques vers la rue.

« Le simple fait d'avoir réussi à habiter et à exister dans cet espace semble important », me glisse Khalidi. Dans notre taxi collectif, nous observons diverses scènes bruyantes. Des jeunes brûlent des pneus sur le bord de la route. Ils clament, « Abbas, abandonnez votre basta », ce dernier mot signifiant trivialement le stand du colporteur, une manière de dire « dégage ! ». Plus loin, Khalidi observe plusieurs chars militaires israéliens bloquant la route qui conduit de Ramallah à Naplouse. « Tout prend tellement de temps, le trafic est dévié sur une seule route, les embouteillages sont fréquents et, parfois, nous sommes obligés d'attendre des heures s'il y a un attentat et que les routes sont bloquées ».

« L'Égypte pourrait jouer un rôle déterminant »

 

Khalidi est de la première génération à avoir vécu dans un camp de réfugiés. Né en 1989, son enfance a été marquée par la deuxième intifada. Quand il m'a parlé de son intérêt pour l'Afrique du Sud, il est facile d'établir un parallèle entre la lutte palestinienne et celle du Congrès national africain (ANC).

Néanmoins, avec la mort d'Arafat, le Fatah a perdu sa raison d'être. Le mouvement de libération est pris dans un processus de négociation sans fin.

Grâce à Khalidi, j'ai pu entrer en contact avec Mo'men Abu Nada, un coordinateur d'une ONG allemande de Gaza, via l'application WhatsApp. Quand je l'interroge sur l'évolution de la société à Gaza, il explique que « la situation sociale s'est améliorée par rapport à ce qu'elle était il y a douze ans, quand le Hamas est arrivé au pouvoir ». Il ajoute toutefois, que les espaces socio-culturels sont limités, et que le mélange entre hommes et femmes dans l'espace public est réservé aux cafés et restaurants les plus huppés. Grâce aux militants des droits des femmes et à certains Moktars (leaders communautaires), des campagnes en faveur de certaines libertés (fumer, jouer au football, accès aux services psycho-sociaux...) apportent de l'oxygène aux habitants. Revenant à la question d'une solution de paix à deux États, Abu Nada assure que « l'Égypte pourrait jouer un rôle déterminant car ce pays travaille sur le dossier israélo-palestinien depuis quarante ans et entretient des relations de voisinage avec nous ». Une note d'espoir.

 

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 08:06
Gaza. Au moins 16 morts et 1400 palestiniens blessés (L'Humanité, 31 mars 2018)
Gaza. Au moins seize morts et 1400 palestiniens blessés
LORENZO CLÉMENT AVEC AFP
SAMEDI, 31 MARS, 2018
HUMANITE

Des dizaines de milliers de Palestiniens, notamment des femmes et des enfants, ont convergé vendredi le long de la barrière frontalière qui sépare la bande de Gaza d'Israël dans le cadre de "la grande marche du retour".

Le face-à-face entre soldats israéliens et manifestants palestiniens devait se poursuivre samedi à la frontière de la bande de Gaza, au lendemain d'une journée parmi les plus meurtrières de ces dernières années, avec 16 Palestiniens tués par des tirs israliens. Ce mouvement de protestation doit durer six semaines pour exiger le "droit au retour" des réfugiés palestiniens et dénoncer le strict blocus de Gaza. Un petit nombre d'entre eux s'est approché à quelques centaines de mètres de cette barrière ultra-sécurisée, régulièrement le théâtre de heurts sanglants entre habitants de l'enclave et soldats. Ces derniers ont répliqué en tirant à balles réelles et en faisant usage de gaz lacrymogène.
Selon le ministère de la Santé dans la bande de Gaza, 16 Palestiniens ont été tués et plus de 1.400 blessés dans les affrontements avec l'armée israélienne. Dans un discours vendredi, le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré qu'il tenait Israël pour pleinement responsable de ces morts.
 
Les Palestiniens ainsi que la Turquie ont dénoncé un "usage disproportionné" de la force. La Ligue arabe, l'Egypte et la Jordanie ont également condamné la riposte israélienne. Washington s'est déclaré pour sa part "profondément attristé par les pertes humaines à Gaza", selon un tweet de Heather Nauert, la porte-parole de la diplomatie américaine, exhortant "ceux impliqués à prendre des mesures pour faire diminuer les tensions".
 
Le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni en urgence vendredi soir, a entendu les inquiétudes quant à une escalade de la violence mais n'est pas parvenu à s'entendre sur une déclaration commune. "Il y a une crainte que la situation puisse se détériorer dans les prochains jours", a mis en garde Taye-Brook Zerihoun, le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, appelant à la retenue maximale.  Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont exprimé des regrets quant au calendrier de la réunion - la Pâque juive a commencé vendredi soir - synonyme d'absence de responsables israéliens. En fin de journée, l'armée israélienne a dit avoir frappé trois positions du mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, en représailles à une tentative d'attaque de ses soldats par des manifestants.
La "grande marche du retour" a lieu à l'occasion de la "Journée de la Terre", qui marque chaque 30 mars la mort en 1976 de six Arabes israéliens pendant des manifestations contre la confiscation de terres par Israël. Les Arabes israéliens sont les descendants de Palestiniens restés sur place à la création de l'Etat d'Israël en 1948.
 
Vendredi soir, des responsables politiques de Gaza ont appelé les manifestants à se retirer de la zone frontalière jusqu'à samedi. De façon quasiment inédite, la police israélienne a par ailleurs indiqué avoir eu recours à un drone pour larguer du gaz lacrymogène sur les manifestants. Tôt vendredi, avant le début de "la marche du retour", un agriculteur palestinien de 27 ans a été tué par un tir à l'arme lourde israélien près de Khan Younès, dans le sud de l'enclave. Tandis que l'Etat d'Israël célèbrera en mai ses 70 ans, les Palestiniens attendent toujours la création de leur Etat, qui a rarement paru plus incertaine. Le droit au retour des réfugiés reste une revendication palestinienne fondamentale et, pour les Israéliens, un obstacle majeur à la paix.
Le statut de Jérusalem est également un important point de crispation, encore plus depuis que le président américain Donald Trump a décidé de reconnaître la ville en tant que capitale d'Israël et d'y transférer l'ambassade des Etats-Unis. Des manifestations, moins imposantes que celles de Gaza, ont par ailleurs eu lieu en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans.
Gaza. Au moins 16 morts et 1400 palestiniens blessés (L'Humanité, 31 mars 2018)
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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 07:47
A la frontière de la bande de Gaza, une « grande marche du retour » pacifique mais meurtrière

Des dizaines de milliers de Palestiniens ont manifesté vendredi à quelques mètres de la clôture qui les sépare d’Israël. Au moins seize ont été tués par l’armée israélienne.

 

Tels des champignons de fer, les casques des tireurs d’élite israéliens se dessinent, immobiles, au sommet des collines. Des officiers assurent la liaison radio à leurs côtés. Une jeep passe dans leur dos. Les manifestants palestiniens, réunis près du camp de Bureij, contemplent ce ballet. La distance qui les sépare des soldats se compte en centaines de mètres. Soudain, une balle siffle, un corps s’effondre. On l’évacue. On continue.

 

Ce face-à-face a duré toute la journée du vendredi 30 mars, le long de la bande de Gaza. Alors que des dizaines de milliers de personnes ont afflué pacifiquement vers les zones prévues par les organisateurs de la « grande marche du retour », au moins seize manifestants ont été tués et près de 1 400 ont été blessés, dont beaucoup par balles réelles. Un bilan lourd, hélas attendu.

Les responsables israéliens avaient dramatisé ce rendez-vous, en prêtant l’intention aux participants, supposément manipulés par le Hamas, de vouloir franchir la frontière. Ce ne fut pas le cas, même si les plus téméraires s’approchèrent de la clôture, ivres de leur propre audace.

L’armée a aussi dénoncé, vendredi, une attaque armée par deux Palestiniens dans le nord de la bande, qui ont été tués. « Nous identifions des tentatives d’attaques terroristes sous le camouflage d’émeutes », a affirmé le général de division Eyal Zamir, chef du commandement de la région Sud. Tandis que les responsables politiques gardaient le silence, les militaires imposaient une lecture strictement sécuritaire de l’événement.

« On est debout, on existe »

Cette journée marque un succès amer pour les partisans d’une résistance populaire pacifique, qui ont constaté depuis longtemps l’échec de la lutte armée. D’autant que la supériorité technologique de l’armée israélienne ne cesse de s’accroître. La manifestation de vendredi place cette armée sur la défensive, obligée de justifier des tirs à balles réelles sur des manifestants ne présentant aucun danger immédiat pour les soldats.

Toutes les factions, Hamas en tête, avaient appelé les Gazaouis à participer. Elles ont fourni un appui logistique, affrété des bus. Des appels ont été diffusés dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les mosquées. Mais contrairement aux propos calibrés des autorités israéliennes, personne n’a forcé les Gazaouis à sortir pour réclamer le droit au retour des Palestiniens sur les terres qu’ils ont perdues en 1948, au moment de la création d’Israël.

Gaza compte 1,3 million de réfugiés sur une population de près de 2 millions. « Je n’appartiens pas à une faction, mais à mon peuple, résume Rawhi Al-Haj Ali, 48 ans, vendeur de matériaux de construction. C’est mon sang et mon cœur qui m’ont poussé à venir. »

Non loin de lui, dans la zone de rassemblement de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, Ghalib Koulab ne dit pas autre chose, sous le regard de son fils. « On veut envoyer un message à l’occupant, résume cet homme de 50 ans. On est debout, on existe. »L’ancien village de ses parents est situé quelques kilomètres derrière la clôture.

Diversité et dénuement

« Provocation », a lâché le ministre israélien de la défense, Avigdor Lieberman. « Emeutiers », ont répété en boucle, vendredi, les porte-voix de l’armée. Emeutiers. Dans le conflit israélo-palestinien, les mots aussi sont sacrifiés, vidés de leur sens.

Dans chacun des cinq lieux de rassemblement prévus le long de la frontière a conflué le peuple gazaoui dans sa diversité, et son dénuement. Vieillards et gamins, femmes voilées et jeunes étudiantes apprêtées, mais surtout jeunes hommes sans avenir : ils ont marché des kilomètres, ou bien ils ont pris un bus. Ils ont juché les enfants sur les épaules, grimpé à l’arrière de camionnettes ou tenté de se tenir en équilibre, à dix, sur un tracteur épuisé.

Dans le bruit confus des klaxons et des sonos, ils se sont lentement approchés de cette zone frontalière d’habitude évitée, redoutée, où l’armée construit un mur pour remplacer une clôture jugée trop vulnérable. La plupart sont restés sagement à distance, loin de la frontière, mangeant des glaces ou picorant des graines, s’interrompant pour la grande prière.

Il y avait, évidemment, une avant-garde plus téméraire. Des centaines d’adolescents qui s’escrimaient à se rapprocher le plus possible de la clôture de sécurité, sans la franchir, conformément à la consigne diffusée.

Un territoire à l’agonie

Mais personne ne contrôlait cette foule éclatée, coupant à travers champs. Certains jeunes avaient des lance-pierres de fortune, qui ne pouvaient guère atteindre les soldats. Les autres cherchaient à planter un drapeau palestinien, ou bien à organiser un sit-in de quelques minutes, avant que le gaz lacrymogène, largué par des drones, ne les éparpillent.

Il est tentant de dire que ces jeunes défiaient la mort. En réalité, ils défiaient la vie, la leur, qui ressemble à une longue peine : celle des victimes du blocus égyptien et israélien, enfermées depuis bientôt onze ans dans ce territoire palestinien à l’agonie.

ls étaient terribles, ces rires de l’assistance autour de Nasser Chrada, 26 ans, quand on lui a demandé s’il travaillait. « Personne ne travaille. » Père de trois filles, il est venu à la manifestation de Jabaliya en pensant à sa famille, originaire de Jaffa, près de Tel-Aviv. Il ne sait pas à quoi ça ressemble, Jaffa, devenue la petite cité branchée de la côte. Il fantasme, il parle en slogans, il ne pense pas à ceux, des Israéliens, qui y vivent depuis soixante-dix ans. Est-il prêt à tenter de franchir la clôture, au risque de mourir ? « Oui, si d’autres y vont. Dieu s’occupera de mes filles. »

Cette incapacité à anticiper la suite, à formuler des demandes précises au-delà de la libération – invraisemblable – de leurs terres, on la retrouve chez quasiment tous les manifestants. « On ne veut pas de nourriture ou d’aide, on veut la liberté, le respect de nos droits,résume l’un des organisateurs, le journaliste Ahmed Abou Irtema. C’est aux Israéliens de résoudre ce problème. »

Imposer un rapport de force

Il est difficile de tenir un discours politique charpenté quand on vit sous cloche, sans contacts avec l’extérieur. La priorité : imposer un rapport de force.

« On ne sera pas transférés dans le Sinaï égyptien, comme le veulent les Américains et les Israéliens !, assure Am-Ashraf Yazgi, une mère de famille de 49 ans, habitante de Beit Hanoun. On continuera jour après jour, jusqu’à ce qu’on retrouve nos terres. Les Juifs qui y vivent doivent retourner dans les pays dont ils viennent. » Un cliché répandu, chaque camp méprisant ou ignorant les drames vécus jadis par l’autre.

 

Dans le public, les motivations sont variées. Certains sont venus parce que c’était le théâtre dramatique du jour, à ne pas manquer. Effet de foule. D’autres pensaient à leurs aïeux, récitant le nom de leurs villages. Mais tant d’autres n’ont pas fait le déplacement.

L’absence de drapeaux à la gloire des factions était frappante, de même que l’absence de forces de sécurité du Hamas, en dehors de quelques postes en retrait. Ce mouvement populaire permettait, il est vrai, de recouvrir les fractures béantes entre le mouvement islamiste armé et le Fatah du président Mahmoud Abbas. Le processus de réconciliation, amorcé sous les auspices de l’Egypte en octobre 2017, est au point mort, mais personne ne veut signer l’acte de décès.

Six semaines de mobilisation similaire sont prévues jusqu’au 15 mai. Au lendemain du déménagement symbolique de l’ambassade américaine vers Jérusalem, ce sera le jour de commémoration de la Nakba, soit la « grande catastrophe » que fut l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens en 1948. Impossible de prévoir à cette heure si une dynamique populaire va s’enclencher, ou si le marasme ambiant va engloutir ces ambitions. Gaza est un village sinistré, où les sentiments ruissellent vite : la colère, la peur, le deuil. On ne sait encore ce qu’il en sera du désir d’action.

 


 

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30 mars 2018 5 30 /03 /mars /2018 05:00
Aung San Suu Kyi, l'armée birmane et les Rohingyas - livre disponible aux éditions de l'Atelier le 29 mars 2018

Exécutions, viols, tortures, les violences à l’origine du dernier exode des Rohingyas, minorité musulmane persécutée par l’armée birmane, ont progressivement attiré l’attention du monde. Dans ce contexte, le comportement d’Aung San Suu Kyi, jusqu’alors figure centrale de la lutte pour la démocratie en Birmanie et prix Nobel de la Paix, a surpris et déçu. Comment expliquer son attitude pour le moins ambivalente face à ce que l’ONU qualifie de « nettoyage ethnique » ?

 

Spécialiste reconnu de la Birmanie, Frédéric Debomy a très tôt donné l’alerte sur le sort des Rohingyas. Il répond dans un essai aux questions que pose le comportement d’Aung San Suu Kyi et rétablit les subtilités qui échappent aux débats médiatiques. Un ouvrage de réflexion pour faire un point précis sur la situation et tenter d’expliquer le fil des événements et le positionnement actuel d’Aung San Suu Kyi. Les choses seraient-elles plus complexes qu’il n’y paraît ?

Aung San Suu Kyi, l’armée et les Rohingyas

Frédéric Debomy

160 p. – 16 €

 

DISPONIBLE EN LIBRAIRIE LE 29 MARS 2018

 

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En 2017, le monde entier écoutait, effaré, la dirigeante birmane couvrir de ses mensonges les exactions et les crimes perpétrés par l’armée, une armée caractérisée de longue date par son extrême brutalité à l’égard des populations. Parallèlement, certaines de ses actions, menées plus discrètement, laissent penser qu’en dépit des apparences, elle agit. Elle est notamment à l’origine de la mise en place d’une commission consultative présidée par l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, réclamant le rétablissement des Rohingyas dans leurs droits. Il est donc essentiel de dépasser l’impression première d’une solidarité de fond entre Aung San Suu Kyi et l’armée, d’essayer de comprendre et d’analyser la stratégie qu’elle semble conduire dans un contexte où elle ne dispose que d’une marge de manœuvre limitée.

 

Cet ouvrage, attentif aux ambiguïtés de la « Dame », se préoccupe aussi d’élargir le champ de la question des Rohingyas et s’interroge sur l’avenir d’un pays obsédé par la question de l’ethnicité.

 

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28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 11:46
Indigestion de canons - par Yvon Huet (28 mars 2018)

Indigestion de canons

J'ai pu suivre hier un documentaire sur la chaîne LCP relatif à l'affaire Sarkozy, "le Dictateur et le Président". J'en tire une première impression, celle de ce pouvoir hallucinant qu'on donne aux présidents, notamment celui de déclarer des guerres comme on jouerait au poker.

Les conséquences désastreuses que nous connaissons aujourd'hui, nous les subissons sans que le président en exercice ait eu à rendre des comptes, sauf sur un soupçon de corruption, grave certes, mais moins encore que l'irresponsabilité. N'oublions pas que Sarkozy a fait une guerre sous couvert de l'OTAN, force de frappe d'une puissance dite "occidentale" qui croie pouvoir encore régenter les équilibres géopolitiques comme au bon vieux temps de la colonisation. Certes Kadhafi était un dictateur, comme bien d'autres qui ont servi de couverture pendant la guerre froide pour empêcher l'émancipation des peuples d'Afrique et du Moyen-Orient. Les couvertures ont été en partie débarquées, et elles ont laissé un champ de ruine et de désolation en prime dans lequel les dites "Grandes" puissances se disputent le leader sheap sans aucun égard pour les populations.

Les champions de l'OTAN préfèrent, pour ces pays, la misère et son contrôle, sous une forme ou une autre, que le développement et la sortie du mouroir. C'est sur ce terreau de douleur que se propage l'islamisme, notamment en Libye et aux alentours et a fortiori, dans le monde entier, partout où les frustrations ne trouvent pas la sortie d'un tunnel de plus en plus étroit et étouffant.

Et si on choisissait la vie

Si nous voulions tuer ce mal à la racine, plutôt que de se lamenter sans rien pouvoir faire d'autre que de crier "vengeance" comme on ferait pipi dans un violon, il faudrait remettre en cause cette logique et couper les vivres aux marchands de canons, notamment français, qui prennent les peuples en otage pour faire leurs courses monstrueuses. Ainsi, plutôt que de dépenser des fortunes pour la tuerie, on les consacrerait au développement d'un monde affamé et esclavagisé qui, demain, demandera des comptes avec raison.

Raison de plus, aussi, pour accueillir dignement les migrants qui fuient le cadre d'une impossibilité de vivre dans laquelle nos gouvernants ont une responsabilité majeure, même si elle n'est pas unique. Et c'est par cet accueil digne que nous pourrions recréer des liens vertueux dans un esprit de solidarité avec le monde dont ils sont issus et qu'il faut aider sur des bases de coopération entièrement nouvelles, où les citoyens devraient avoir leur mot à dire et l'État une vraie responsabilité à tenir.

La barbarie n'est pas une "vertu" occidentale. L'Occident n'est pas le dernier de la classe en la matière. C'est l'inventeur de l'Holocauste, ne l'oublions pas. A la croisée des chemins d'une humanité qui n'arrive pas à sortir de ses réflexes prédateurs, imposons la citoyenneté mondiale contre les replis, qu'ils soient identitaires ou religieux. Mine de rien, c'est plus qu'une question de survie, c'est une question de vie tout simplement.

Yvon Huet, 28 mars 2018 

 

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28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 10:06
Espagne : Préserver les libertés et droits démocratiques (PCF, 27 mars 2018)

Espagne : Préserver les libertés et droits démocratiques

Les nouvelles décisions prises par le Tribunal Suprême espagnol de placer en détention préventive les principaux dirigeants des partis indépendantistes catalans constituent de graves atteintes aux libertés démocratiques. Toute question politique doit être abordée et résolue par la voie du dialogue et non par une répression judiciaire et policière démesurées.

Cette décision inique intervient alors que, dans le même temps, plusieurs décisions de la justice espagnole qui bafouent la liberté d'expression et les droits démocratiques citoyens, justifieraient que ces questions - comme le demandent les forces de la gauche progressiste espagnole, dont la Gauche Unie et les communistes dans « Unidos Podemos » - puissent déboucher sur « une homologation du Code pénal espagnol aux règlements internationaux et à la jurisprudence européenne » qui doit elle-même être démocratisée.

Le Parti communiste français est en cela solidaire des forces démocratiques de l’état espagnol qui cherchent une réponse unitaire pour mettre fin à l'autoritarisme et à la répression du gouvernement de Mariano Rajoy. Nous demandons la libération des prisonniers politiques, la non extradition de Carles Puidgemont par l'Allemagne et une prise de position de la France en ce sens.

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