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22 avril 2018 7 22 /04 /avril /2018 07:21
Dimanche 22 avril 17h QUIMPER Halles St François -  Avec Nada Awad - Après la déclaration de Trump, l'intensification du transfert forcé des Palestiniens de Jérusalem

Dimanche 22 avril 17h
QUIMPER Halles St François 
Après la déclaration de Trump, l'intensification du transfert forcé des Palestiniens de Jérusalem

conférence-débat 
organisée par l’Association France Palestine Solidarité

avec Nada Awad, en charge auprès de l’Université Al Qods de la défense des droits des Palestiniens de Jérusalem

Entrée libre

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21 avril 2018 6 21 /04 /avril /2018 12:28
Béthléem

Béthléem

Belfast

Belfast

Lundi (9 avril)

Dublin est devenue la première capitale européenne à soutenir le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) en faveur des droits des Palestiniens. Mentionnant « le blocus et le siège inhumains infligés à Gaza » par Israël, le Conseil municipal de Dublin s’est engagé à mettre fin à tous ses contrats commerciaux avec Hewlett Packard (HP), ses sociétés de marque et entreprises dérivées, toutes ciblées par BDS, y compris DXC Technology, étant donné leur complicité dans les graves violations des droits humains des Palestiniens commises par Israël.
Hier (mardi 10 avril), Israël a essayé vainement d’empêcher le maire de Dublin d’entrer sur le territoire alors qu’il devait assister à des réunions à Ramallah. Les autorités israéliennes ont confondu son titre et son nom, suscitant les moqueries d’activistes des médias sociaux, palestiniens ou non. Le maire Mícheál MacDonncha participe à des rencontres avec des Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés.
Des dizaines de milliers de Palestiniens se sont rassemblés pour manifester pacifiquement contre le siège et revendiquer les droits des réfugiés palestiniens, qui constituent la majorité à Gaza, à revenir dans le foyer originel dont ils ont été déplacés par la force, ces droits leur étant reconnus par les Nations unies.
Abdulrahman Abunahel, coordinateur à Gaza du BNC, coalition palestinienne qui impulse le mouvement mondial de BDS en faveur des droits des Palestiniens, s’est exprimé en ces termes :
« Dublin a répondu de la manière la plus forte à ce jour aux massacres commis dernièrement par Israël contre des manifestants palestiniens sans armes dans la bande de Gaza, occupée et assiégée.

C’est le succès le plus impressionnant du mouvement BDS depuis le début de 2018.
« Alors que les gouvernements des États-Unis et de l’Europe sont totalement complices des crimes d’occupation et d’apartheid commis par Israël, le peuple irlandais, avec sa longue tradition de lutte contre le colonialisme, a montré que les hommes et les femmes de conscience se tiennent du bon côté de l’histoire, contre l’oppression et pour la liberté, la justice, l’égalité et la dignité humaine.
« Au bout de 70 ans de dépossession, 50 ans d’autorité militaire, et un siège destructeur de 10 années qui nous asphyxie dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde, nous avons besoin de cette solidarité authentique, surtout sous la forme du BDS. Rien que dans les deux dernières semaines, l’armée israélienne, appliquant une politique du "tirer-pour-tuer-ou-mutiler", a déjà tué à Gaza 30 civils palestiniens et en a blessé plus de 3 000.
« La mesure prise par le Conseil municipal de Dublin en excluant les sociétés HP constitue un pas important vers la fin des liens en matière militaire et de sécurité avec Israël et des entreprises qui rendent possible son système d’oppression. L’exigence la plus importante présentée par les Palestiniens en réaction au dernier massacre commis par Israël consiste à demander un embargo militaire similaire à celui qui avait été mis en œuvre par les Nations unies contre l’Afrique du Sud de l’apartheid.
« Grâce aux femmes et aux hommes de Dublin, aux partisans irlandais des droits palestiniens en d’autres lieux et au nombre croissant de militants du BDS dans le monde entier, nous, Palestiniens, dans nos heures les plus sombres, avons la certitude de ne pas être seuls, et de pouvoir, toutes et tous ensemble, incurver l’arc de l’histoire dans la direction de la justice. »
Cette victoire du soutien aux droits des Palestiniens s’inscrit dans le sillage de deux autres victoires récentes en Irlande. Au début de ce mois, l’Association nationale irlandaise des enseignants (Irish National Teachers Organisation, INTO), forte de plus de 40 000 membres, a adopté une résolution qui reflète la position sur la Palestine du Congrès irlandais des syndicats (Irish Congress of Trade Unions, ICTU), fort de 800 000 membres en accordant un plein soutien au mouvement BDS et à ses aspirations. Et, il y a moins d’une semaine, l’Union des étudiants d’Irlande (Union of Students in Ireland, USI), qui représente 374 000 étudiants de l’enseignement supérieur, a voté de la même manière.
Aujourd’hui même (11 avril), Cork, la troisième ville d’Irlande, a exhorté le gouvernement irlandais à « condamner » le « massacre récent » de civils palestiniens par l’armée israélienne à Gaza et à « prendre des mesures diplomatiques contre Israël en expulsant un certain nombre de ses diplomates et en reconnaissant l’État de Palestine. »
Les violations des droits humains des Palestiniens perpétrées par Hewlett Packard sont confirmées par de nombreux éléments. Non seulement HP fournit à l’armée israélienne des services et de la technologie qui permettent l’occupation militaire et le siège de Gaza par Israël ainsi que des technologies biométriques qui donnent au gouvernement israélien les moyens de mettre en œuvre son système de ségrégation raciale contre les Palestiniens, mais HP s’est montré complice d’Israël en équipant le système carcéral israélien, tristement célèbre pour sa pratique de la torture et d’autres atteintes aux droits humains.
Les campagnes de BDS pour les droits humains des Palestiniens ont déjà infligé à HP des dommages sur le plan financier et sur celui de la réputation. Plusieurs mouvements chrétiens des États-Unis ont déjà retiré leurs investissements chez HP au niveau national, et 26 églises chrétiennes, dans tout le pays, se sont engagées à être des églises sans HP qui refusent d’acheter le moindre produit HP. La campagne contre HP a suscité le soutien de groupes de croyants, d’associations étudiantes et de syndicats du monde entier. Face à une telle pression, HP a procédé à un remaniement de ses structures qui ne change rien au degré de complicité des sociétés impliquées et ne les protège pas contre les campagnes de BDS.
En prenant cette décision, Dublin rejoint des dizaines de collectivités locales en Espagne, en Norvège, en Suède, en France, au Royaume-Uni, en Belgique et en Australie qui ont adopté des résolutions de soutien au BDS ou ont pris l’engagement d’éviter de conclure des transactions avec des sociétés visées par le mouvement BDS en raison de leur complicité avec les violations des droits humains des Palestiniens commises par Israël.
Le Comité national palestinien du BDS (Palestinian BDS National Committee, BNC) est la coalition la plus vaste de la société civile palestinienne. Elle anime et soutient le mouvement mondial de Boycott, Désinvestissement et Sanctions pour les droits des Palestiniens.

 

Centre Palestinien d'information

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18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 05:34
Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens: 6000 Palestiniens incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant!

Journée internationale de solidarité avec les prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s.

Plus de 6000 Palestinien-ne-s sont actuellement incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant, dont 427 détenus administratifs, 356 enfants, 62 femmes, 7 député-e-s.

Pensées et solidarité avec tous ces "prisonniers invisibles de l'occupation" et leurs familles. 

#PalestinianPrisonersDay #StopAD #FreePoliticalPrisoners

Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens: 6000 Palestiniens incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant!
Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens: 6000 Palestiniens incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant!
Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens: 6000 Palestiniens incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant!
Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens: 6000 Palestiniens incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant!
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15 avril 2018 7 15 /04 /avril /2018 09:10

Je veux faire part de mon étonnement, au surlendemain des lancements de missiles dans la banlieue de Damas et de Homs. 

De mon étonnement et de mon agacement face à ceux qui ont supporté sans trop s'en émouvoir les dizaines de milliers de prisonniers torturés et massacrés dans les geôles de Bachar-al-Assad, les villes, les villages et les régions entières affamés, bombardés par des barils d'explosifs, attaqués à l'arme chimique à plusieurs dizaines de reprises, les viols utilisés à échelle massive comme armes de guerre, les disparitions, les bombardements et les assauts des forces spéciales russes et iraniennes pour permettre à un régime honni par une majorité des Syriens et auteur d'innombrables crimes de guerre et crimes contre l'humanité, responsables de 80% au moins des 4 ou 5 millions de morts de cette guerre atroce depuis 2011, et de l'exil de près d'un tiers de la population syrienne, qui aujourd'hui condamnent avec la plus ferme résolution des bombardements américains, français, anglais essentiellement symboliques et d'avertissement qui visent des installations militaires et n'auraient pas fait de victimes au demeurant, parlant d'escalade dans cette guerre, faisant flotter les colombes de la paix comme si antérieurement c'était la paix en Syrie.  

Dans une partie de la gauche de gauche, il semble parfois que la guerre et les interventions extérieures ne sont illégitimes et condamnables que quand elles sont portées par les Américains et les forces de l'OTAN.

Pour eux, il semblerait que l'on soit toujours dans une logique de Guerre Froide (elles existent, entre la Russie et l'OTAN, n'où n'en doutons pas) où l'OTAN et les Américains, c'est le mal, le capitalisme, l'impérialisme, et les interventions russes la défense d'un monde multipolaire vivable. Et qu'importe que Poutine finance en Europe tout ce que le vieux continent compte de forces d'extrême-droite et qu'il propage une idéologie fasciste, nationaliste, xénophobe. Qu'importe les crimes qu'il a organisé en Syrie et en Tchétchénie par exemple. 

La réduction de la résistance syrienne à la dictature de Bachar-al-Assad et de la guerre civile à un jeu international de puissances qui s'affrontent sur un terrain étranger - la Turquie, l'Iran, l'Arabie Saoudite, le Qatar, la Russie, les Etats-Unis et l'Otan, Israël, l'Irak à gouvernement chiite - n'est pas fausse, et de moins en moins malheureusement, mais elle ne saurait épuiser le sens des événements ni servir à disqualifier les souffrances et la résistance du peuple syrien qui avait très majoritairement voulu le départ de Bachar-al-Assad, et le droit de résistance à l'oppression est un droit de l'homme inaliénable. Nombreux sont les experts géo-stratégiques qui ne lisent le conflit syrien que comme une volonté de reprise en main de la Syrie, alliée traditionnelle de la Russie, par les Américains, avec le concours de l'Arabie Saoudite et d'Etats du Golfe, et l'appui d'Israël en sous-main: c'est valider la propagande de Bachar-al-Assad et faire peu de cas du mouvement populaire réel. 

De même, prétendre que finalement il faudrait mieux des dictatures laïques dans le monde arabe, même à base mafieuses et criminelles, plutôt que le chaos islamiste et le conflit communautaire, c'est valider l'idée suivant laquelle certains peuples ne seraient pas mûrs et armés pour la démocratie, ne seraient pas entrés dans une histoire de sujets de l'histoire, ce qui est théoriquement inadmissible et condescendant. S'il n'y avait pas eu l'intervention russe et iranienne, la révolution syrienne aurait probablement eu raison du régime, ce qui ne veut pas dire qu'elle aurait su trouver la voie, parmi ses contradictions, d'une société tolérante et libre, mais un régime dégueulasse aurait été lui abattu, et il ne revient qu'aux Syriens de savoir si le jeu en valait la chandelle ou non!       

De mon côté, je ne considère pas a priori les ennemis ou adversaires désignés par les Américains qui portent les casseroles que l'on sait et sont la "démocratie" libérale que l'on sait, avec pour l'heure un demi dément à leur tête, comme des acteurs "diaboliques" ou à combattre a priori , mais je ne considère pas non plus les ennemis des Américains comme des amis ou des régimes résistants à défendre. En matière de relations internationales, comme en tout, il faut sortir de la pensée réflexe et des schémas complètement dogmatiques et rigides, pour ne pas dire purement idéologiques, et regarder de près ce que le réel a à nous apprendre. 

S'est-on autant ému, a t-on autant condamné les bombardements russes et les engagements du Hezbollah et des forces iraniennes et libanaises chiites responsables pourtant de la mort de dizaines de milliers de syriens? Agissaient-ils sans aucun souci de peser en faveur de leurs propres intérêts, sans aucune velléité impérialiste? Evidemment non.

Alors pourquoi deux poids, deux mesures dans nos jugements. 

J'ai passé un mois et demi en Syrie avant la révolution à l'occasion d'un voyage touristique qui m'a permis de m'y faire plusieurs amis, j'ai énormément lu de témoignages et de travaux universitaires et journalistiques sur l'évolution du conflit, la barbarie du régime de Hafez-al-Assad et de Bachar-al-Assad (disparitions, viols, tortures, quartiers rayés de la carte), sur la Révolution et ses acteurs, sur la manière dont Bachar-al-Assad a libéré et favorisé les islamistes les plus dangereux pour accréditer sa ligne de communication de départ, de la défense de l'ordre et de la laïcité face au terrorisme islamiste: soyons sérieux, ce n'est pas ces frappes de l'OTAN qui vont faire plonger la Syrie dans une situation plus noire encore. 

Veut-on que Bachar-al-Assad et la colonie de sadiques qui l'entourent, qui ont l'ascendant sur le terrain grâce à ses tuteurs russes et iraniens continuent à employer des armes chimiques quand ça lui chante afin de "punir" les habitants des dernières poches de résistance à sa dictature? Appellera t-on Paix sa victoire qui le fera triompher sur des cimetières et des villes détruites qui couvrent toute la Syrie?

Soyons lucides: aucun avenir de paix ne peut être fondé sur le triomphe d'un pouvoir criminel et fasciste appuyé sur des armées étrangères, et qui a humilié, martyrisé, chassé de chez lui, la majeure partie de son peuple.

Seul un départ de Bachar-al-Assad, un commencement de reconnaissance des crimes et de justice, peut faire revenir un semblant de paix en Syrie, et le retour des millions des réfugiés, fusse sous l'égide de ceux qui lui ont permis de s'acheminer vers la victoire militaire, russes et iraniens.

Les forces rebelles et les chefs de guerre islamistes de la rébellion, l'ASL, de Al-Qaida, du Front al Nosra, et a fortiori de Daesch, les pires de tous, ont aussi commis des crimes contre les populations, mais il n'y aurait peut-être pas eu une telle islamisation de la résistance à Bachar-al-Assad, qui était au départ en grande partie pacifique, laïque, progressiste, multiculturelle, si les occidentaux n'avaient pas abandonnés les populations syriennes révoltées à la brutalité de la répression qui ne laissait aucun échappatoire, notamment aux déserteurs refusant de massacrer leurs compatriotes.

Ceux qui à l'époque n'envisageaient même pas la possibilité d'une intervention internationale pour former des couloirs aériens et empêcher les avions et hélicoptères de Bachar-al-Assad de massacrer des populations de zones révoltées mais largement désarmées doivent tout de même aux conséquences qui cette fois-ci sont avérées: ce sont l'Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie qui ont armé les rebelles, en orientant la résistance vers l'islamisme politique, et les massacres ont pu continué avec une violence inouïe rappelant la sauvagerie de la guerre du Liban.   

Parler de pacifisme, de refus de toute intervention militaire, de paix à tout prix quand la guerre est déjà là peut être une manière de faire son Ponce Pilate qui s'en lave les mains. 

Les interrogations que nous pouvons avoir par rapport à l'intervention militaire d'il y a deux jours concernent moins sa légitimité (il n'y avait aucun cadre pour faire en sorte qu'elle se déroule sous la houlette multilatérale de l'ONU, tout le monde entre et bombarde en Syrie, et depuis bien longtemps...) que ses buts, son utilité et son efficacité.

S'agit-il seulement de messages politiciens envoyés aux opinions nationales? "Voyez, on fait quelque chose à la énième attaque chimique du régime de Bachar-al-Assad (il y a sans doute eu aussi des attaques des forces islamistes rebelles, mais moins nombreuses), comme on l'avait annoncé: on n'est pas impuissants". Ou d'un message envoyé aux russes et à Bachar-al-Assad: "il faudra compter avec nous pour l'avenir de la Syrie, vous ne pourrez pas régler les choses à votre seule convenance... " En tout cas, par rapport à des forces en présence qui ont fait la preuve de leur cynisme et de leur absence totale de scrupule, et je n'exclue pas les Américains, les Russes et les Européens, qui ont lâché les Kurdes vainqueurs de Daesch à Afrin, pas sûr que ces messages appuyés sur une réaction assez inoffensive et faible qui ne changera rien au rapport de force existant (mais est-ce encore possible?) soient vraiment efficaces.  

C'est plus sur ce critère des vrais buts et de l'efficacité de ces frappes militaires à mon avis qu'on peut critiquer cette intervention extérieure des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne que sur le principe, au nom d'un anti-impérialisme ou d'un anti-américanisme de réflexe que l'on aura mis précédemment en sourdine quand il s'agissait d'aller frapper Daesch et armer les forces qui combattaient Daesch sur le terrain. 

Ismaël Dupont, le 15 avril 2018    

     

 

       

 

Frappes occidentales sur la Syrie: une escalade dans la guerre? Des indignations sélectives - point de vue d'Ismaël Dupont et lien avec un article de Jean-Pierre Perrin dans Médiapart (14 avril 2018)
Un avertissement pour le pouvoir syrien
 PAR - Médiapart

Les frappes menées contre les installations syriennes vont réduire la capacité du régime Assad à mener d’autres attaques chimiques contre les dernières poches qui lui résistent, en particulier la grande province d’Idlib. Elles pourraient conduire à une reprise des négociations en vue d’une solution politique. 

Après les frappes américaines, françaises et britanniques, les premières images de la télévision syrienne sont étonnantes : elles montrent Bachar al-Assad traversant en diagonale et en silence l’immense salle de l’un de ses palais. Même si ce n’était évidemment pas leur but, elles révèlent à leur façon l’isolement du dictateur, qui ne doit sa survie qu’au soutien de Moscou, du régime iranien, du Hezbollah libanais et de quelques groupes chiites affidés.

Sans doute le cours de la guerre en Syrie ne va-t-il pas en être changé – avec la prise de la totalité de la Ghouta, Bachar al-Assad et, surtout, ses alliés l’ont gagnée militairement. Mais les frappes constituent néanmoins une étape importante en ce sens qu’elles vont réduire la capacité du régime à mener d’autres attaques chimiques contre les dernières poches qui lui résistent, en particulier la grande province d’Idlib.

Une grave attaque chimique avait d’ailleurs déjà eu lieu, le 4 avril 2017, contre Khan Cheikhoun, une localité de cette province, qui avait fait 84 morts, provoqué la fuite de tous ses habitants et déclenché, pour la première fois, une riposte américaine – 59 missiles de croisière Tomahawk avaient été alors tirés contre la base d’Al-Chaayrate, d’où avaient décollé les avions syriens. 

Le message politique principal de l’opération occidentale survenue dans la nuit du 13 au 14 avril est donc d’abord de dissuader le régime syrien – il s’adresse aussi à d’autres pays susceptibles d’y avoir recours –  d’employer à nouveau l’arme chimique. « Sur la question de l’arme chimique, il y a une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir et si d’aventure elle était refranchie, il y aurait une autre intervention », a bien pris soin de préciser Jean-Yves Le Drian, le ministre français des affaires étrangères. Il a même ajouté : « Mais je pense que la leçon sera comprise. » Donald Trump et James Mattis, son secrétaire d’État à la défense, ont de leur côté précisé dans leurs discours respectifs que Bachar al-Assad n’avait pas compris le message lors des précédentes frappes, et qu’il y en aurait encore d’autres s’il utilisait à nouveau les armes chimiques. Si Mattis a admis qu’il était impossible d’être sûr que ces nouvelles frappes allaient être en mesure de le dissuader, il demeure que la punition semble plus dure que celle de l’an dernier.

Dès lors, les frappes ont été clairement limitées à cet aspect. Deux centres de stockage à Homs, la « capitale militaire » du régime, un autre de production et de recherches, à Damas, dans le quartier de Barzeh (nord-est de la ville), ont ainsi été pris pour cibles. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), « plusieurs bases militaires », dont semble-t-il deux aéroports, et des locaux de la Garde républicaine, la garde prétorienne du régime, la seule en capacité d’utiliser des armes de destruction massive, ont également été visés dans la capitale syrienne et ses environs. En revanche, aucun centre de commandement de l’armée n’a été attaqué. Il s’agit donc d’une attaque a minima.

Même si seules les principales attaques ont été véritablement documentées, l’arme chimique a été constamment utilisée par le régime baasiste depuis le début de la guerre civile, à l’été 2011. Les experts estiment que celle-ci a été employée à environ 80 reprises – à noter, un cas d’utilisation de gaz ypérite imputé à l’État islamique. Selon un rapport d’évaluation émanant du Quai d’Orsay, Damas utilise l’arme chimique à la fois « pour punir les populations civiles présentes dans les zones tenues par des combattants opposés au régime » et pour « provoquer sur elles un effet de terreur et de panique incitant à la reddition ». « Alors que la guerre n’est pas terminée pour le régime, il s’agit, par des frappes indiscriminées, de démontrer que toute résistance est inutile et de préparer la réduction des dernières poches », ajoute le rapport diplomatique. 


Jusqu’aux frappes occidentales de la nuit contre le régime, les attaques chimiques étaient donc attendues contre la province d’Idlib, la dernière enclave rebelle importante que l’armée syrienne n’a pas encore reconquise et sans laquelle le régime syrien ne peut complètement crier victoire. D’où la nécessité d’une vaste offensive pour atteindre cet objectif. Or, celui-ci est autrement plus difficile que celui de la Ghouta orientale. D’une part, la province d’Idlib compte une population de près de trois millions de personnes – contre moins de 400 000 dans la Ghouta. D’autre part, sa frontière avec la Turquie permet l’acheminement régulier d’armes, de munitions et de volontaires au profit des rebelles, dont certains des groupes comptent parmi les plus radicalisés. Ankara s’est d’ailleurs félicité de l’attaque américano-franco-britannique qui, selon le ministère turc des affaires étrangères, « exprime la conscience de l’humanité tout entière face à l’attaque de Douma que tout porte à attribuer au régime » syrien.

 

Enfin, l’insurrection dans la province d’Idlib s’est encore renforcée ces derniers mois avec l’arrivée des combattants évacués ces dernières semaines de la Ghouta orientale, dans le cadre d’accords de reddition négociés. Près de 20 000 hommes aguerris, appartenant à Ahrar al-Cham, Faïlaq al-Rahmane et Jaïch al-Islam ont ainsi pu sortir de l’enclave dans le cadre de ces arrangements. Sans l’arme chimique, comment l’armée syrienne, très affaiblie – elle serait réduite à un tiers de ses effectifs par rapport à 2011 – et épuisée par sept années de guerre, pourra-t-elle repartir à l’assaut d’Idlib ?

L’offensive contre la Ghouta orientale a été à ce sujet éloquente. La localité de Douma, pourtant aux portes de Damas, n’a pu être reconquise qu’avec l’appoint de combattants russes et sans doute iraniens. Dès lors, si l’offensive contre Idlib n’est pas à la portée des forces loyalistes, l’attaque occidentale relance l’hypothèse d’une solution politique au conflit syrien. À une condition : est-ce que leurs frappes vont amener les Occidentaux, en particulier les États-Unis qui donnent pour le moment des indications contraires, à s’engager davantage en Syrie pour faire émerger une solution politique ? Sans cet engagement, elles n’auront qu’un effet limité sur la suite du conflit.

Pour le politologue et chercheur Ziad Majed, trois possibilités se dégagent : « Soit les Russes cherchent à se venger, en bombardant plus intensivement les zones rebelles pour montrer leur défiance, mais je doute fort qu’ils puissent lancer une grande offensive. Soit il y a une fermeté occidentale mettant fin à toute ambiguïté vis-à-vis du régime Assad et au rejet de toute normalisation avec lui, ce qui pourrait amener dans ce cas de nouvelles négociations à travers les processus de Genève ou d’Astana, sans grandes escalades sur le terrain ». Soit, enfin, conclut-il, « l’administration américaine ira plus loin et tentera, à travers des contacts, à causer des contradictions entre Russes et Iraniens en proposant aux premiers des arrangements et des solutions à condition qu’ils expulsent les Iraniens de Syrie – les Russes pourraient être tentés par cette solution à long terme mais, évidemment, les Iraniens ne sont prêts pas se laisser faire ».  Là, sont les véritables enjeux au lendemain du bombardement. 

 

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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 19:16
Lula en prison: un coup d'Etat contre la démocratie de la droite et de l'oligarchie brésilienne
Lula en prison: un coup d'Etat contre la démocratie de la droite et de l'oligarchie brésilienne
Lula en prison: un coup d'Etat contre la démocratie de la droite et de l'oligarchie brésilienne
Lula en prison: un coup d'Etat contre la démocratie de la droite et de l'oligarchie brésilienne
Lula en prison: un coup d'Etat contre la démocratie de la droite et de l'oligarchie brésilienne
Lula en prison: un coup d'Etat contre la démocratie de la droite et de l'oligarchie brésilienne
Lula en prison: un coup d'Etat contre la démocratie de la droite et de l'oligarchie brésilienne

Reportage photos d'Yvon Huet

Rassemblement dimanche cet après-midi à Paris, place de la République, à l'appel, du PT (Brésil), des organisations CGT, PCF et FI entre autres.

Lula c’est le Brésil qui relève la tête. C’est tout un peuple qui prend conscience que pour la 1ere fois, le gouvernement est le sien et travaille pour lui. Que non seulement on peut rendre la société plus égalitaire mais aussi participer à cette aventure humaine. Des dizaines de millions de Brésiliennes et Brésiliens sont sortis de la pauvreté, ont eu accès un parcours de santé auparavant absent ou cher, ont pu vivre dignement, aller à l’université. C’est un racisme de classe qui disparaissait peu à peu au profit de la construction d’une société plus fraternelle. Bien sûr rien n’était parfait mais son intégrité et son dévouement à son peuple n’ont jamais été remis en cause. Maintenant la vieille garde corrompue veut siffler la fin de la récré en enterrant l’espoir et en abattant une à une les conquêtes sociales des précédents mandats. Laisser Lula en prison c’est accepter le coup d’état et la restauration de la dictature cette fois soutenue par la finance.


#FreeLula #ForaTemer #LulaPresidente #BrasilMeuAmor
 

Brésil. "Je vais me conformer au mandat de dépôt et vous deviendrez tous Lula"
DIMANCHE, 8 AVRIL, 2018
HUMANITe

L'ancien président de 72 ans, "Lula" da Silva s'est  livré à la police samedi 7 avril. 

Aussitôt arrêté, Lula a été transféré par avion à Curitiba, ville du sud du pays, où il avait été jugé et condamné, puis acheminé au siège local de la police fédérale pour entamer sa période de détention. Des affrontements ont éclaté devant le bâtiment entre des partisans de l'ex-chef de l'Etat et la police qui a utilisé des grenades assourdissantes, du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour les disperser.

Lula a prononcé discours devant les membres du PT

Avant de se livrer aux forces de l'ordre, Lula a de nouveau clamé son innocence et dénoncé un "crime politique" devant des centaines de membres du Parti des travailleurs rassemblés devant le siège du syndicat des métallurgistes à Sao Paulo, là où il a entamé sa carrière politique et où il s'était réfugié depuis jeudi. "Je vais me conformer au mandat de dépôt et vous deviendrez tous Lula", a-t-il promis. "Je ne suis pas au-dessus des lois. Si je ne croyais pas à la loi, je n'aurais pas créé de parti politique, j'aurais fait une révolution."

Le silence des autres politiques 

Au moment où l'arrestation de Lula secoue le Brésil, la classe politique nationale fait au contraire preuve d'une grande discrétion, nombre de dirigeants étant sous le coup d'une enquête pour corruption.
Ce silence est d'autant plus assourdissant que le fait de voir l'icône de la gauche brésilienne et le favori de la présidentielle d'octobre derrière les barreaux rebat les cartes de ce scrutin.
"L'Opération Lavage-express est allé bien plus loin que ce que tout le monde croyait, les principaux partis, les grandes figures du Parlement et (le président Michel) Temer lui-même", déclare à l'AFP Sylvio Costa, fondateur du site d'actualité politique Congreso em Foco.

A qui le tour ?

"Dans leur tête, ça n'irait jamais aussi loin. Ils sont stupéfaits", ajoute-t-il. "Si Lula, qui est si populaire et en tête des sondages cette année, va en prison, que va-t-il m'arriver?", doivent-ils se demander, juge M. Costa.
Selon le site Congresso em Foco, près de 40% des députés et sénateurs brésiliens sont actuellement dans le viseur de la justice pour détournements supposés de fonds publics ou pour avoir reçu des pots-de-vin.
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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 06:17
Mort d’Isao Takahata, maître de l’animation japonaise, réalisateur du Tombeau des Lucioles, pacifiste et sympathisant communiste (Lina Sankari, L'Humanité, 6 avril 2018)

"Pacifiste convaincu, sympathisant communiste et fervent critique du militarisme de l’actuel premier ministre Shinzo Abe, Isao Takahata laisse une œuvre empreinte de poésie où la pureté de l’enfance le dispute aux affres du monde(...) l’histoire du Tombeau des Lucioles est aussi un peu la sienne. Après le bombardement américain sur Okayama, en juin 1945, alors âgé de dix ans, il fuit en pyjama avec l’une de ses sœurs. Pendant deux jours, il est sans nouvelle de ses parents."
Lina Sankari

Mort d’Isao Takahata, maître de l’animation japonaise, réalisateur du Tombeau des Lucioles, pacifiste et sympathisant communiste (Lina Sankari, L'Humanité, 6 avril 2018)
Mort d’Isao Takahata, maître de l’animation japonaise
LINA SANKARI
VENDREDI, 6 AVRIL, 2018
HUMANITE.FR

Sympathisant communiste, le cofondateur des studios Ghibli laisse derrière lui une œuvre empreinte de poésie et de pureté.

C’est une part de sensible et de poésie qui s’en va avec Isao Takahata. Décédé jeudi 5 avril à l’âge de 82 ans, le réalisateur japonais du Tombeau des Lucioles a succombé des suites d’un cancer des poumons. Depuis l’été dernier, il vivait au rythme des problèmes cardiaques. Pacifiste convaincu, sympathisant communiste et fervent critique du militarisme de l’actuel premier ministre Shinzo Abe, Isao Takahata laisse une œuvre empreinte de poésie où la pureté de l’enfance le dispute aux affres du monde. Nommé aux Oscars en 2015 et sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes, pour Le Conte de la princesse Kaguya, il a cofondé les studios Ghibli en 1985 avec son compère de toujours Hayao Miyazaki.

Passionné par l'oeuvre de Prévert

Né en 1935 à Ujiyamada (depuis renommé Ise, au centre du pays), dans un Japon sombrant dans le totalitarisme, Isao Takahata est issu d’une famille de sept enfants. Il étudie la littérature française à l’université polytechnique de Tokyo et se prend de passion pour l’œuvre de Jacques Prévert et Paul Grimault. Leur travail agit sur lui comme un électrochoc. « Au cours de mes études, j'ai vu La Bergère et le Ramoneur de Paul Grimault, et cela a changé ma vie : j'ai décidé que je ferais des dessins animés (…) Sans doute Grimault est-il parvenu, plus que tout autre, à marier littérature et animation. Il m'a éveillé à la culture française, et à la sensibilité européenne, dont vous devez trouver des traces dans Le Tombeau des lucioles », expliquait-il dans Positif. Il rejoint en 1959 la société de production Toei où, en tant qu’assistant, il effectue tous les travaux, y compris le balayage. C’est quatre ans plus tard, en 1963, qu’il signe la série Ken, l’enfant loup. C’est dans ce studio qu’il fait connaissance de Hayao Miyazaki avec qui il partage nombre de luttes syndicales. « Nous sommes devenus amis immédiatement », dira plus tard Takahata. Leur premier film commun, Horus, prince du soleil, série télé d'inspiration mythologique qui se déroule au nord de l'île d'Hokkaido, sort en 1968. Déjà le voyage initiatique est au centre de l’œuvre. Ensemble, ils collaborent à la série Heidi, la petite fille des Alpes (1974),Nausicaä de la vallée du vent (1984). L’Histoire du canal de Yanagawa(1987, réalisé en prise de vue réelle, lui permet d’expérimenter d’autres formes. Au sein du studio Ghibli, vingt-six films voient le jour avec à chaque fois un succès qui dépasse largement les frontières de l’archipel. En 2003, Le Voyage de Chihiro sera couronné d’un Oscar.

Bien qu’il ne dessine pas lui-même, Takahata reste très attaché au dessin à la main à l’ère du numérique, laissant, selon lui, l’imagination du spectateur plus libre. Dans tous ses films, la nature est un personnage à part entière qui s’anime dans la plus pure tradition des légendes japonaises. Dans Pompoko (1994), il s’inspire également de la mythologie en mettant en scène des Tanuki, esprits facétieux de la forêt, confrontés à la destruction de leur forêt par l’homme. « Finalement, ce qui leur arrive, c'est ce que nous vivons : nous sommes des tanukis obligés de nous déguiser en citadins ! C'est particulièrement vrai, par exemple, pour les ruraux qui viennent travailler à Tokyo, et qui sont victimes du stress, des maladies cardiaques ». En 2011, après la catastrophe de Fukushima, le studio Ghibli s’engage pour une sortie du nucléaire. Il contribue par ailleurs à fonder le groupe Eigajin Kyujo no Kai (Les cinéastes pour l’article 9) qui entend préserver le caractère pacifiste de la Constitution japonaise d’après-guerre contre les projets de réarmement du Japon et de participation à des théâtres d’opération extérieurs du nationaliste Shinzo Abe.

Car l’histoire du Tombeau des Lucioles est aussi un peu la sienne. Après le bombardement américain sur Okayama, en juin 1945, alors âgé de dix ans, il fuit en pyjama avec l’une de ses sœurs. Pendant deux jours, il est sans nouvelle de ses parents.

« Je me suis dit que la tragédie pouvait être un genre pour le dessin animé.
 Le Japon a une longue tradition de récits où dessins et textes sont liés et ces récits n'étaient pas forcément des farces. Comme d'autre part je considère que le dessin animé ne doit pas s'adresser uniquement aux enfants, je veux faire en sorte que toute la famille aille voir mes films. La guerre est horrible, des enfants meurent, et cela apparaît rarement à l'écran. Pour ce film j'ai recherché une manière simple de montrer ces choses. Ce n'est pas parce que c'est un film d'animation qu'il doit épargner les spectateurs, même les plus jeunes : ils doivent prendre conscience de la réalité », dit-il encore.

Le Tombeau des Lucioles inspiré du roman d’Akiyuki Nosaka, est salué comme son chef d’œuvre. Pour le réaliser, Takahata se rend dans des jardins d’enfants afin d’observer leurs réactions. Au contraire, les adultes y sont dépeints comme dénués de sentiments et de bienveillance. « Ce n'était pas de la méchanceté, c'était la guerre ! », dira-t-il a posteriori. Aujourd’hui, on se demande avec le fantôme de Setsuko, quatre ans, et personnage central du film : « Pourquoi est-ce que les lucioles meurent tellement vite » ?

Mort d’Isao Takahata, maître de l’animation japonaise, réalisateur du Tombeau des Lucioles, pacifiste et sympathisant communiste (Lina Sankari, L'Humanité, 6 avril 2018)
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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 06:08
photo association Survie

photo association Survie

Aujourd'hui nous sommes le 7 avril. Il y a 24 ans, jour pour jour, commençait le génocide des Tutsi au Rwanda. La France, via certains de ses responsables politiques et militaires, est complice. Avant, pendant,après le génocide,la France a soutenu le régime responsable de ce génocide. Aucun de ces responsables n'a à ce jour été jugé, renforçant un discours officiel fait de déni et d'hypocrisie, celui-ci s'auto-protégeant en ne déclassifiant pas ses archives (l'histoire officielle étant toujours écrite par le pouvoir). Aujourd'hui c'est donc jour de commémoration, de mémoire mais pour nous c'est surtout, une nouvelle fois, l'occasion de dire qu'on ne lâchera pas, jamais!

https://survie.org/themes/genocide-des-tutsis-au-rwanda/

https://jumophoto.wordpress.com/.../la-france-au-rwanda.../

 ethttps://jumophoto.wordpress.com/.../rwanda-1994-20-ans.../

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7 avril 2018 6 07 /04 /avril /2018 20:19
Yasser Mourtaja, journaliste palestinien, tombé sous les balles de l’armée israélienne. Il avait 20 ans.

Yasser Mourtaja, journaliste palestinien, tombé sous les balles de l’armée israélienne. Il avait 20 ans.

À Gaza, 20.000 participants aux manifestations du vendredi 6 avril.

8 Palestiniens tués (dont 1 mort des suites de blessures subies vendredi dernier).

Plus de 1 300 blessés. Au total, 29 Palestiniens tués et près de 3000 blessés en une semaine.

 #GreatReturnMarch

Pierre Barbancey, grand reporter à l'Humanité
ISRAËL, PRÉDATEUR DE JOURNALISTES

Notre confrère, le journaliste palestinien Yasser Mourtaja, a été tué par l'armée israélienne, alors qu'il couvrait les manifestations dans la bande de Gaza.
Yasser était donc un "terroriste", selon les critères de l'armée qui s'auto-proclame "la plus morale au monde"?
Je salue la mémoire de Yasser Mourtaja.
Honte au gouvernement d'extrême-droite de Netanyahou.

Rosa Moussaoui (journaliste à l'Humanité): 
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6 avril 2018 5 06 /04 /avril /2018 05:24
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, sera en visite officielle en France, le lundi 9 et le mardi 10 avril. Il dînera avec Emmanuel Macron, le second jour, afin de nouer un « nouveau partenariat stratégique franco-saoudien », a indiqué l'Élysée, jeudi.

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, sera en visite officielle en France, le lundi 9 et le mardi 10 avril. Il dînera avec Emmanuel Macron, le second jour, afin de nouer un « nouveau partenariat stratégique franco-saoudien », a indiqué l'Élysée, jeudi.

Les ventes d'armes françaises à l'Arabie saoudite, soupçonnée de crimes de guerre au Yémen, sont de plus en plus critiquées, malgré les tentatives de Paris, troisième exportateur d'armement au monde, pour déminer le terrain. «Emmanuel Macron devrait placer le Yémen au coeur de ses discussions avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, attendu en France la semaine prochaine», selon dix ONG humanitaires et de défense des droits humains. 


 

Que demandent les ONG ? 
Une guerre atroce sévit, depuis 2015, au Yémen (lire ci-dessous), où les rebelles houthis soutenus par l'Iran ont conquis d'importantes portions du territoire. De son côté, le gouvernement internationalement reconnu du président Abd Rabbo Mansour Hadi est soutenu par une coalition de plusieurs pays sunnites dirigés par l'Arabie saoudite et dont font partie, entre autres, les Émirats et l'Égypte. Tous les membres de la coalition sont accusés de bombardements aériens répétés de populations civiles. Les ONG (Amnesty International, Médecins du monde, Ligue des droits de l'Homme, etc.) demandent que la France suspende les licences d'exportation de l'ensemble des armes susceptibles d'être engagées au Yémen et qu'elle soutienne l'ouverture de couloirs humanitaires.

Que répond la France ? 
De longue date, Paris a pris fait et cause pour le camp de Riyad. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en est un ardent défenseur. Il botte les critiques en touche : « Il y a un problème au Yémen, c'est que le processus politique n'a pas commencé, que l'Arabie saoudite se sent agressée régulièrement par les Houthis, qui sont eux-mêmes fournis en armes par l'Iran ». Quant à la ministre des Armées, Florence Parly, elle s'est illustrée par une jolie boulette, arguant que la France avait livré des armes qui « n'étaient pas censées être utilisées (...) Qui pouvait imaginer la survenance de ce conflit au Yémen ? ».

Quels sont les armements concernés ? 

 

Gros clients des industriels français de l'armement, dont Dassault et Nexter, l'Arabie saoudite et les Émirats demeurent, bon an mal an, dans le peloton de tête des pays acheteurs d'armes françaises. Y compris des images satellitaires, du renseignement technique et de la formation tactique. Lors de la visite de Mohammed ben Salmane, un très gros contrat sera signé pour l'achat de patrouilleurs au chantier CMN de Cherbourg. Nexter signera pour la fourniture de nouveaux canons Caesar, mais ce contrat devait demeurer secret, pour ne pas heurter de front les ONG.

Quels sont les choix européens ? 
C'est l'un des problèmes : l'Europe veut moraliser les ventes d'armes, singulièrement celles à destination de l'Arabie saoudite. En Allemagne, le Bundestag veut carrément les interdire, ce point étant âprement négocié par les partenaires de la « Grosse Koalition ». La Norvège a déjà suspendu certains de ses contrats vers les Émirats. Le Parlement européen demande à la France de faire de même, en appliquant avec une plus grande rigueur le « code de conduite » européen en matière de vente d'armes à destination des pays violant le droit humanitaire.

Quelles sont les vraies raisons d'Emmanuel Macron ? 
Quand elle achète compulsivement des armements sophistiqués, l'Arabie s'assure, du même coup, le soutien de ses grands partenaires, États-Unis et Russie compris. La France n'a jamais été qu'un partenaire secondaire, sauf dans les années Giscard. Depuis, tous les Présidents déroulent le tapis rouge à l'ombrageuse dynastie wahhabite, pour une raison très simple : les ventes d'armes assurent en France des dizaines de milliers d'emplois et des contrats particulièrement profitables. C'est l'un des enjeux de la visite princière.
© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/monde/ventes-d-armes-un-cas-de-conscience-06-04-2018-11915545.php#KWHj5SzytWhUVqU6.99

Vente d'armes: le jeu trouble de la France avec l'Arabie Saoudite, qui multiplie les crimes de guerre au Yemen (Le Télégramme, 6 avril 2018)
Le Yémen ravagé par une terrible guerre civile

La guerre civile au Yémen oppose, depuis 2014, les rebelles Houthis aux forces gouvernementales soutenues par une coalition menée par l'Arabie saoudite.

Les premiers, issus de tribus chiites se jugeant marginalisées depuis les années 2000, ont conquis peu à peu un territoire correspondant à l'ancien Yémen du Nord (l'ouest du pays). Ils se sont alliés avec les forces fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, lequel a été tué par les rebelles, en 2017, dans la capitale Sanaa, après avoir tenté de trahir ces derniers.

8,4 millions de personnes au bord de la famine

 

Le conflit s'est internationalisé, en mars 2015, avec l'intervention de plusieurs pays du Golfe menés par l'Arabie saoudite. Malgré un imposant déploiement de forces et de nombreux bombardements ayant provoqué la mort de milliers de personnes, cette coalition n'est pas parvenue à changer le cours de la guerre civile.

Riyad accuse l'Iran de soutenir les houthis qui ont, à plusieurs reprises, tiré des missiles sur le territoire saoudien. Ce conflit met également aux prises des groupes de combattants jihadistes, certains étant affiliés à Al-Qaïda, d'autres à l'État islamique. Selon l'Onu, 8,4 millions de personnes sont au bord de la famine au Yémen dont la population dépend, en grande partie, de la nourriture importée.

 

MBS : un jeune prince réformateur

Âgé de 32 ans, Mohammed ben Salmane (MBS) est le prince héritier d'Arabie saoudite, depuis juin 2017. Il a initié dans son pays une politique de libéralisation de l'économie visant à réduire l'influence des milieux religieux conservateurs sur la société. Il est aussi propriétaire du château Louis XIV, à Louveciennes (Yvelines), acquis pour 275 millions d'euros en septembre 2015 et considéré comme la propriété privée la plus chère du monde.
Un député LREM très critique
Député LREM de Haute-Garonne, Sébastien Nadot s'est fait remarquer, jeudi, en réclamant la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les ventes d'armes françaises aux acteurs du conflit au Yémen. « Il s'agit de savoir si la France a tenu ses engagements internationaux en la matière », a-t-il expliqué, en déplorant, par ailleurs, un contrôle parlementaire « inexistant » sur les ventes d'armes.


 

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5 avril 2018 4 05 /04 /avril /2018 19:54
Tuer pour dissuader: Israël assume ses méthodes à Gaza (Chloé Démoulin, Médiapart)
Tuer pour dissuader: Israël assume ses méthodes à Gaza
 PAR 

Une nouvelle manifestation sous tension doit se tenir vendredi 6 avril à Gaza, une semaine après les tirs de l'armée israélienne qui ont fait 16 morts parmi les manifestants. Alors que les demandes d'enquête se multiplient sur ces événements, Israël assume sa stratégie pour dissuader les Palestiniens de s’infiltrer sur son territoire. Mais cette stratégie s’est révélée contre-productive par le passé.

Malgré les appels au calme de la communauté internationale, la manifestation prévue vendredi 6 avril à Gaza s'annonce sous très forte tension. Droit dans ses bottes, le gouvernement israélien a annoncé le déploiement de renforts supplémentaires. Il a aussi prévenu que les règles d’engagement, autorisant l’armée à tirer sur quiconque s’approche de la frontière, resteraient en vigueur. De l’autre côté, les organisateurs de la protestation, qui prévoient plus de participants que la semaine dernière, ont appelé les Palestiniens à rester « pacifiques ».

Mercredi, des tas de sable ont été élevés pour protéger les manifestants des balles dans un campement installé près de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza. Sur les réseaux sociaux, les appels se sont multipliés pour que les Gazaouis amassent des pneus afin de les enflammer dans l’espoir que la fumée bloque le champ de vision des snipers. Des messages encouragent également les femmes à apporter des miroirs ou des lasers pour aveugler les soldats. Le Hamas a quant à lui publié des « recommandations de sécurité » à destination de ses membres pour leur expliquer comment éviter d’être pris pour cible, notamment en portant des masques ou des keffiehs sur la tête.

En dépit des mises en garde sans ambiguïté de l’armée israélienne, prétendre que le bilan meurtrier de vendredi dernier, en marge de la manifestation qui réunissait des dizaines de milliers de Palestiniens à Gaza, était prévisible serait présomptueux. Seize Palestiniens ont été tués et plus de 700 blessés par des tirs à balles réelles provenant de l’armée israélienne à la frontière de l’enclave.

Des chiffres jamais atteints depuis la guerre de 2014 entre le Hamas et Israël. Alors comment expliquer que l’armée israélienne ait tiré à balles réelles sur autant de Palestiniens ? N’a-t-elle pas à sa disposition de nombreuses autres méthodes non-létales pour repousser ou maîtriser les manifestants qu’elle juge menaçants ?

Pour répondre à ces questions, les Nations unies et l’Union européenne ont réclamé une enquête indépendante. Mais le gouvernement israélien a exclu de but en blanc une telle perspective. Jugeant cette demande « hypocrite », le ministre de la défense israélien Avidgor Liberman, tenant d’une ligne dure vis-à-vis des Palestiniens, a affirmé à la radio publique israélienne que son pays ne coopérerait à « aucune commission d’enquête ». De son côté, le premier ministre Benjamin Netanyahou a réaffirmé son soutien à l’armée en félicitant les soldats israéliens. Au cours de la semaine, Tsahal a toutefois fait savoir qu’une enquête interne serait ouverte.

Aux yeux d’une grande partie de la communauté internationale, il ne fait aucun doute que l’armée israélienne a usé de sa force militaire de façon « disproportionnée ». Un sentiment partagé par la plupart des correspondants étrangers qui couvraient la « grande marche du retour » organisée à Gaza à l’appel de plusieurs organisations, dont le Hamas. Il s'agissait d'un mouvement de protestation réclamant « le droit au retour » des réfugiés palestiniens et dénonçant le strict blocus imposé à l’enclave.

Selon les observations effectuées sur place, la grande majorité des manifestants, dont des femmes et des enfants, étaient pacifiques et ne représentaient aucune menace pour l’armée israélienne. Estimés au nombre de 30 000 par Tsahal – peut-être davantage mais loin des 100 000 promis par le Hamas –, ces derniers ont afflué de cinq points de rassemblement.

Dans la journée, quelques centaines de jeunes Palestiniens se sont approchés de la clôture de sécurité séparant la bande de Gaza d’Israël, pénétrant dans la zone tampon d’environ 300 mètres qui la précède. Qualifiés d’« émeutiers » par l’armée israélienne, plusieurs d’entre eux étaient armés de lance-pierres et de cocktails Molotov, d’autres ont enflammé des pneus. Rien d’inhabituel dans cette zone où des affrontements rituels ont régulièrement lieu entre de jeunes Gazaouis et l’armée, et justifient rarement une riposte à balle réelle, à moins qu’un Palestinien ne vienne toucher la clôture de sécurité ou tente de la franchir.

À la veille de la manifestation, deux Palestiniens étaient toutefois parvenus à traverser la frontière avec un coupe-boulon et un couteau en leur possession. Le quatrième incident du genre depuis le début de la semaine. Autre élément invoqué par les Israéliens : à la suite de l’échec de sa réconciliation avec le Fatah, et dans une volonté de réaffirmer son autorité sur la population gazaouie, le Hamas aurait pu vouloir profiter de la mobilisation pour mener des actions violentes. Une crainte nourrie par le discours de reconquête du groupe islamiste qui, malgré sa nouvelle charte réclamant un retour aux frontières de 1967, avait appelé les Palestiniens à faire de cette marche le « début du retour de toute la Palestine », c’est-à-dire des terres conquises par Israël en 1948.

Dans la hantise que des tentatives d’infiltration massives ou isolées, préméditées ou spontanées, n’aient lieu, les autorités israéliennes avaient donc déployé cent snipers le long de la frontière. Selon l’armée, vidéo à l’appui, au moins deux Palestiniens auraient été tués vendredi dernier alors qu’ils essayaient de franchir la clôture de sécurité au nord de la bande de Gaza. Un autre, toujours selon Tsahal, aurait été abattu après avoir tiré en direction des soldats. Aucun détail n’a en revanche été fourni concernant les circonstances dans lesquelles les quatorze autres Palestiniens ont été tués.

Éléments troublants : une vidéo relayée samedi par le journal israélien Haaretz montre qu’un des jeunes Palestiniens qui se trouvaient dans la zone tampon a été touché d’une balle dans le dos alors qu’il s’éloignait de la frontière en courant avec un pneu à la main ; une autre vidéo montre qu’un Palestinien qui était en train de prier avec plusieurs autres personnes a, lui, été touché à la jambe.

L’armée israélienne s’est défendue en affirmant que le Hamas a l’habitude de publier des enregistrements tronqués et trafiqués. Mais la question demeure : pourquoi les soldats israéliens ont ouvert le feu sur des individus qui ne représentaient visiblement pas de menace immédiate ?

« Sur le papier, l’armée israélienne n’engage la force létale qu’en dernier ressort, mais si l’on en juge par les déclarations de Tsahal et l’ampleur du bilan, cela n’a pas été le casvendredi », constate Yehuda Shaul, porte-parole de l’ONG Breaking The Silence, qui rend publics depuis plusieurs années les témoignages de vétérans de l’armée israélienne.

« Depuis le début de la seconde Intifada jusqu’à aujourd’hui, lors des manifestations de masse, l’armée donne l’ordre de tirer dans les jambes des meneurs. C’est quelque chose que nous avons observé et qui n’est pas rare », affirme le militant. Mais selon lui, cette pratique ne suffit pas à expliquer le bilan meurtrier de vendredi dernier. « Dans de nombreux cas, quand l’armée fait face à des soulèvements de Palestiniens dans les Territoires occupés, elle considère que le moyen de les calmer ou de les faire stopper est d’infliger des dommages sérieux », poursuit-il.

Le blanc-seing d’une grande partie de la société israélienne ?

Cette stratégie, Yehuda Shaul raconte en avoir été témoin pendant son service militaire« au plus fort de la seconde Intifada, entre 2000 et 2004 ». À l’époque, l’Israélien est posté à l’extérieur de Bethléem près de la colonie de Beitar Illit. « Beaucoup de pierres »sont jetées par les Palestiniens du village voisin sur la route menant à la colonie. « Le général trouvait cela inacceptable, alors il a décidé d’apprendre aux Palestiniens à se calmer en postant des snipers. Il était persuadé qu’une fois qu’un lanceur de pierres serait touché, les Palestiniens auraient reçu le message. »

De fait, tandis que les condamnations affluaient samedi dernier, l’armée israélienne a affirmé sur son compte Twitter avoir agi de façon « précise et mesurée ». « Nous savons où chaque balle a atterri », a assuré le porte-parole de l’armée. S’il a depuis été supprimé, ce message sonne comme un terrible aveu.

En substance, l’armée israélienne laisse penser qu’elle a tiré pour tuer. En frappant fort dès le premier jour à Gaza, elle aurait ainsi cherché à dissuader les Palestiniens susceptibles de pénétrer sur le territoire israélien, mais aussi à tuer dans l’œuf la mobilisation qui doit durer six semaines. Si elle est pour l’heure invérifiable, la théorie est en tout cas invoquée côté palestinien. Dans un communiqué publié mardi, l’Autorité palestinienne affirme que le « massacre » de vendredi a été planifié sur ordre de l'état-major israélien.

« Je crois que la nature des événements qui se sont produits vendredi est plus complexe que les médias étrangers voudraient le présenter. Je ne pense pas qu’il y ait eu une intention délibérée de la part de l’armée israélienne de tuer un maximum de Palestiniens », objecte Amos Harel, spécialiste des questions militaires pour Haaretz.

« Quand la branche militaire du Hamas est impliquée et prend part à la manifestation, je ne peux pas blâmer uniquement l’armée israélienne. Il n’y a pas eu d’enfants ou de femmes tués. Je ne crois pas que les Palestiniens qui ont approché la barrière avaient des intentions pacifiques, et selon plusieurs sources, les Palestiniens tués étaient des membres du Hamas ou d’autres organisations », souligne-t-il.

L’armée israélienne a en effet affirmé qu’au moins dix des Palestiniens tués vendrediétaient des « terroristes avec des antécédents ». Huit seraient des membres du Hamas (cinq seulement selon les revendications du groupe islamiste), un du Djihad islamique et un autre des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, la branche militaire du Fatah. Selon le Djihad islamique, un autre des Palestiniens tués appartiendrait également à ses rangs.

La façon, très rapide et détaillée, dont ces informations ont été livrées par l’armée a cependant de quoi surprendre. En Israël, la révélation des noms des« terroristes » est généralement retardée par de longs embargos. Et « même longtemps après que [leurs]identités ont été publiées dans les médias ou par le service de sécurité du Shin Bet, l’armée s’abstient généralement de les désigner par leur nom », souligne le journaliste Judah Ari Gross du Times of Israël.

 

Pour Yehuda Shaul, il est « insensé » de croire que l’armée israélienne ait pu savoir exactement sur qui elle tirait vendredi. « Ce n’est pas comme si les snipers avaient eu entre les mains des photos de membres du Hamas et avaient pu les identifier dans la foule au moment de tirer », balaie-t-il. Selon le porte-parole de Breaking The Silence, « l’armée a tiré sur ces Palestiniens à cause de ses règles d’engagement » et aurait ensuite tenté de « se blanchir en cherchant dans ses bases de données pour leur trouver une proximité avec le Hamas ou un dossier incriminant ».

Les esprits les plus sceptiques pourraient toutefois se demander si le bain de sang devendredi dernier sert vraiment les intérêts d’Israël. Depuis plusieurs années, de hauts gradés de l’armée israélienne répètent à l’envi qu’un trop grand nombre de victimes risque de mener à l’escalade. Chaque enterrement supplémentaire attiserait les flammes de la résistance palestinienne. « Le meilleur exemple est le début de la seconde Intifada. Cela a commencé par des manifestations de masse. Et à l’époque, l’armée a pensé que si elle infligeait des dommages importants, elle éteindrait la protestation. Mais c’est l’inverse qui s’est produit », rappelle Yehuda Shaul.

D’un autre côté, une grande partie de la société israélienne estime que l’usage de la force par l’armée est légitime pour éviter et même prévenir toute atteinte à l’intégrité d’Israël. Le regard tolérant porté par les Israéliens envers le soldat Elor Azaria, qui avait abattu un assaillant palestinien blessé au sol en 2016, l'a prouvé. Le bilan de vendredi, intervenu à la veille de la pâque juive et très vite éclipsé par d’autres affaires domestiques, n’a de ce point de vue pas suscité de vive émotion au sein du public israélien.

Si ce blanc-seing populaire pourrait en partie expliquer la force de la répression israélienne, un autre facteur peut jouer : le soutien de l’administration Trump. Samedisoir, les États-Unis ont bloqué un projet de déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU appelant « toutes les parties à la retenue » et demandant une enquête. Quelques heures avant les événements de vendredi, l’envoyé spécial de la Maison Blanche au Proche-Orient, Jason Greenblatt, avait quant à lui considéré que le Hamas encourageait une« marche hostile » le long de la frontière israélienne. Un vocabulaire qui disqualifiait d’emblée l’éventualité d’une mobilisation pacifique des Palestiniens et laissait toute latitude à la droite israélienne pour imposer sa narration.

 

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