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6 avril 2018 5 06 /04 /avril /2018 05:24
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, sera en visite officielle en France, le lundi 9 et le mardi 10 avril. Il dînera avec Emmanuel Macron, le second jour, afin de nouer un « nouveau partenariat stratégique franco-saoudien », a indiqué l'Élysée, jeudi.

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, sera en visite officielle en France, le lundi 9 et le mardi 10 avril. Il dînera avec Emmanuel Macron, le second jour, afin de nouer un « nouveau partenariat stratégique franco-saoudien », a indiqué l'Élysée, jeudi.

Les ventes d'armes françaises à l'Arabie saoudite, soupçonnée de crimes de guerre au Yémen, sont de plus en plus critiquées, malgré les tentatives de Paris, troisième exportateur d'armement au monde, pour déminer le terrain. «Emmanuel Macron devrait placer le Yémen au coeur de ses discussions avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, attendu en France la semaine prochaine», selon dix ONG humanitaires et de défense des droits humains. 


 

Que demandent les ONG ? 
Une guerre atroce sévit, depuis 2015, au Yémen (lire ci-dessous), où les rebelles houthis soutenus par l'Iran ont conquis d'importantes portions du territoire. De son côté, le gouvernement internationalement reconnu du président Abd Rabbo Mansour Hadi est soutenu par une coalition de plusieurs pays sunnites dirigés par l'Arabie saoudite et dont font partie, entre autres, les Émirats et l'Égypte. Tous les membres de la coalition sont accusés de bombardements aériens répétés de populations civiles. Les ONG (Amnesty International, Médecins du monde, Ligue des droits de l'Homme, etc.) demandent que la France suspende les licences d'exportation de l'ensemble des armes susceptibles d'être engagées au Yémen et qu'elle soutienne l'ouverture de couloirs humanitaires.

Que répond la France ? 
De longue date, Paris a pris fait et cause pour le camp de Riyad. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en est un ardent défenseur. Il botte les critiques en touche : « Il y a un problème au Yémen, c'est que le processus politique n'a pas commencé, que l'Arabie saoudite se sent agressée régulièrement par les Houthis, qui sont eux-mêmes fournis en armes par l'Iran ». Quant à la ministre des Armées, Florence Parly, elle s'est illustrée par une jolie boulette, arguant que la France avait livré des armes qui « n'étaient pas censées être utilisées (...) Qui pouvait imaginer la survenance de ce conflit au Yémen ? ».

Quels sont les armements concernés ? 

 

Gros clients des industriels français de l'armement, dont Dassault et Nexter, l'Arabie saoudite et les Émirats demeurent, bon an mal an, dans le peloton de tête des pays acheteurs d'armes françaises. Y compris des images satellitaires, du renseignement technique et de la formation tactique. Lors de la visite de Mohammed ben Salmane, un très gros contrat sera signé pour l'achat de patrouilleurs au chantier CMN de Cherbourg. Nexter signera pour la fourniture de nouveaux canons Caesar, mais ce contrat devait demeurer secret, pour ne pas heurter de front les ONG.

Quels sont les choix européens ? 
C'est l'un des problèmes : l'Europe veut moraliser les ventes d'armes, singulièrement celles à destination de l'Arabie saoudite. En Allemagne, le Bundestag veut carrément les interdire, ce point étant âprement négocié par les partenaires de la « Grosse Koalition ». La Norvège a déjà suspendu certains de ses contrats vers les Émirats. Le Parlement européen demande à la France de faire de même, en appliquant avec une plus grande rigueur le « code de conduite » européen en matière de vente d'armes à destination des pays violant le droit humanitaire.

Quelles sont les vraies raisons d'Emmanuel Macron ? 
Quand elle achète compulsivement des armements sophistiqués, l'Arabie s'assure, du même coup, le soutien de ses grands partenaires, États-Unis et Russie compris. La France n'a jamais été qu'un partenaire secondaire, sauf dans les années Giscard. Depuis, tous les Présidents déroulent le tapis rouge à l'ombrageuse dynastie wahhabite, pour une raison très simple : les ventes d'armes assurent en France des dizaines de milliers d'emplois et des contrats particulièrement profitables. C'est l'un des enjeux de la visite princière.
© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/monde/ventes-d-armes-un-cas-de-conscience-06-04-2018-11915545.php#KWHj5SzytWhUVqU6.99

Vente d'armes: le jeu trouble de la France avec l'Arabie Saoudite, qui multiplie les crimes de guerre au Yemen (Le Télégramme, 6 avril 2018)
Le Yémen ravagé par une terrible guerre civile

La guerre civile au Yémen oppose, depuis 2014, les rebelles Houthis aux forces gouvernementales soutenues par une coalition menée par l'Arabie saoudite.

Les premiers, issus de tribus chiites se jugeant marginalisées depuis les années 2000, ont conquis peu à peu un territoire correspondant à l'ancien Yémen du Nord (l'ouest du pays). Ils se sont alliés avec les forces fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, lequel a été tué par les rebelles, en 2017, dans la capitale Sanaa, après avoir tenté de trahir ces derniers.

8,4 millions de personnes au bord de la famine

 

Le conflit s'est internationalisé, en mars 2015, avec l'intervention de plusieurs pays du Golfe menés par l'Arabie saoudite. Malgré un imposant déploiement de forces et de nombreux bombardements ayant provoqué la mort de milliers de personnes, cette coalition n'est pas parvenue à changer le cours de la guerre civile.

Riyad accuse l'Iran de soutenir les houthis qui ont, à plusieurs reprises, tiré des missiles sur le territoire saoudien. Ce conflit met également aux prises des groupes de combattants jihadistes, certains étant affiliés à Al-Qaïda, d'autres à l'État islamique. Selon l'Onu, 8,4 millions de personnes sont au bord de la famine au Yémen dont la population dépend, en grande partie, de la nourriture importée.

 

MBS : un jeune prince réformateur

Âgé de 32 ans, Mohammed ben Salmane (MBS) est le prince héritier d'Arabie saoudite, depuis juin 2017. Il a initié dans son pays une politique de libéralisation de l'économie visant à réduire l'influence des milieux religieux conservateurs sur la société. Il est aussi propriétaire du château Louis XIV, à Louveciennes (Yvelines), acquis pour 275 millions d'euros en septembre 2015 et considéré comme la propriété privée la plus chère du monde.
Un député LREM très critique
Député LREM de Haute-Garonne, Sébastien Nadot s'est fait remarquer, jeudi, en réclamant la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les ventes d'armes françaises aux acteurs du conflit au Yémen. « Il s'agit de savoir si la France a tenu ses engagements internationaux en la matière », a-t-il expliqué, en déplorant, par ailleurs, un contrôle parlementaire « inexistant » sur les ventes d'armes.


 

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5 avril 2018 4 05 /04 /avril /2018 19:54
Tuer pour dissuader: Israël assume ses méthodes à Gaza (Chloé Démoulin, Médiapart)
Tuer pour dissuader: Israël assume ses méthodes à Gaza
 PAR 

Une nouvelle manifestation sous tension doit se tenir vendredi 6 avril à Gaza, une semaine après les tirs de l'armée israélienne qui ont fait 16 morts parmi les manifestants. Alors que les demandes d'enquête se multiplient sur ces événements, Israël assume sa stratégie pour dissuader les Palestiniens de s’infiltrer sur son territoire. Mais cette stratégie s’est révélée contre-productive par le passé.

Malgré les appels au calme de la communauté internationale, la manifestation prévue vendredi 6 avril à Gaza s'annonce sous très forte tension. Droit dans ses bottes, le gouvernement israélien a annoncé le déploiement de renforts supplémentaires. Il a aussi prévenu que les règles d’engagement, autorisant l’armée à tirer sur quiconque s’approche de la frontière, resteraient en vigueur. De l’autre côté, les organisateurs de la protestation, qui prévoient plus de participants que la semaine dernière, ont appelé les Palestiniens à rester « pacifiques ».

Mercredi, des tas de sable ont été élevés pour protéger les manifestants des balles dans un campement installé près de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza. Sur les réseaux sociaux, les appels se sont multipliés pour que les Gazaouis amassent des pneus afin de les enflammer dans l’espoir que la fumée bloque le champ de vision des snipers. Des messages encouragent également les femmes à apporter des miroirs ou des lasers pour aveugler les soldats. Le Hamas a quant à lui publié des « recommandations de sécurité » à destination de ses membres pour leur expliquer comment éviter d’être pris pour cible, notamment en portant des masques ou des keffiehs sur la tête.

En dépit des mises en garde sans ambiguïté de l’armée israélienne, prétendre que le bilan meurtrier de vendredi dernier, en marge de la manifestation qui réunissait des dizaines de milliers de Palestiniens à Gaza, était prévisible serait présomptueux. Seize Palestiniens ont été tués et plus de 700 blessés par des tirs à balles réelles provenant de l’armée israélienne à la frontière de l’enclave.

Des chiffres jamais atteints depuis la guerre de 2014 entre le Hamas et Israël. Alors comment expliquer que l’armée israélienne ait tiré à balles réelles sur autant de Palestiniens ? N’a-t-elle pas à sa disposition de nombreuses autres méthodes non-létales pour repousser ou maîtriser les manifestants qu’elle juge menaçants ?

Pour répondre à ces questions, les Nations unies et l’Union européenne ont réclamé une enquête indépendante. Mais le gouvernement israélien a exclu de but en blanc une telle perspective. Jugeant cette demande « hypocrite », le ministre de la défense israélien Avidgor Liberman, tenant d’une ligne dure vis-à-vis des Palestiniens, a affirmé à la radio publique israélienne que son pays ne coopérerait à « aucune commission d’enquête ». De son côté, le premier ministre Benjamin Netanyahou a réaffirmé son soutien à l’armée en félicitant les soldats israéliens. Au cours de la semaine, Tsahal a toutefois fait savoir qu’une enquête interne serait ouverte.

Aux yeux d’une grande partie de la communauté internationale, il ne fait aucun doute que l’armée israélienne a usé de sa force militaire de façon « disproportionnée ». Un sentiment partagé par la plupart des correspondants étrangers qui couvraient la « grande marche du retour » organisée à Gaza à l’appel de plusieurs organisations, dont le Hamas. Il s'agissait d'un mouvement de protestation réclamant « le droit au retour » des réfugiés palestiniens et dénonçant le strict blocus imposé à l’enclave.

Selon les observations effectuées sur place, la grande majorité des manifestants, dont des femmes et des enfants, étaient pacifiques et ne représentaient aucune menace pour l’armée israélienne. Estimés au nombre de 30 000 par Tsahal – peut-être davantage mais loin des 100 000 promis par le Hamas –, ces derniers ont afflué de cinq points de rassemblement.

Dans la journée, quelques centaines de jeunes Palestiniens se sont approchés de la clôture de sécurité séparant la bande de Gaza d’Israël, pénétrant dans la zone tampon d’environ 300 mètres qui la précède. Qualifiés d’« émeutiers » par l’armée israélienne, plusieurs d’entre eux étaient armés de lance-pierres et de cocktails Molotov, d’autres ont enflammé des pneus. Rien d’inhabituel dans cette zone où des affrontements rituels ont régulièrement lieu entre de jeunes Gazaouis et l’armée, et justifient rarement une riposte à balle réelle, à moins qu’un Palestinien ne vienne toucher la clôture de sécurité ou tente de la franchir.

À la veille de la manifestation, deux Palestiniens étaient toutefois parvenus à traverser la frontière avec un coupe-boulon et un couteau en leur possession. Le quatrième incident du genre depuis le début de la semaine. Autre élément invoqué par les Israéliens : à la suite de l’échec de sa réconciliation avec le Fatah, et dans une volonté de réaffirmer son autorité sur la population gazaouie, le Hamas aurait pu vouloir profiter de la mobilisation pour mener des actions violentes. Une crainte nourrie par le discours de reconquête du groupe islamiste qui, malgré sa nouvelle charte réclamant un retour aux frontières de 1967, avait appelé les Palestiniens à faire de cette marche le « début du retour de toute la Palestine », c’est-à-dire des terres conquises par Israël en 1948.

Dans la hantise que des tentatives d’infiltration massives ou isolées, préméditées ou spontanées, n’aient lieu, les autorités israéliennes avaient donc déployé cent snipers le long de la frontière. Selon l’armée, vidéo à l’appui, au moins deux Palestiniens auraient été tués vendredi dernier alors qu’ils essayaient de franchir la clôture de sécurité au nord de la bande de Gaza. Un autre, toujours selon Tsahal, aurait été abattu après avoir tiré en direction des soldats. Aucun détail n’a en revanche été fourni concernant les circonstances dans lesquelles les quatorze autres Palestiniens ont été tués.

Éléments troublants : une vidéo relayée samedi par le journal israélien Haaretz montre qu’un des jeunes Palestiniens qui se trouvaient dans la zone tampon a été touché d’une balle dans le dos alors qu’il s’éloignait de la frontière en courant avec un pneu à la main ; une autre vidéo montre qu’un Palestinien qui était en train de prier avec plusieurs autres personnes a, lui, été touché à la jambe.

L’armée israélienne s’est défendue en affirmant que le Hamas a l’habitude de publier des enregistrements tronqués et trafiqués. Mais la question demeure : pourquoi les soldats israéliens ont ouvert le feu sur des individus qui ne représentaient visiblement pas de menace immédiate ?

« Sur le papier, l’armée israélienne n’engage la force létale qu’en dernier ressort, mais si l’on en juge par les déclarations de Tsahal et l’ampleur du bilan, cela n’a pas été le casvendredi », constate Yehuda Shaul, porte-parole de l’ONG Breaking The Silence, qui rend publics depuis plusieurs années les témoignages de vétérans de l’armée israélienne.

« Depuis le début de la seconde Intifada jusqu’à aujourd’hui, lors des manifestations de masse, l’armée donne l’ordre de tirer dans les jambes des meneurs. C’est quelque chose que nous avons observé et qui n’est pas rare », affirme le militant. Mais selon lui, cette pratique ne suffit pas à expliquer le bilan meurtrier de vendredi dernier. « Dans de nombreux cas, quand l’armée fait face à des soulèvements de Palestiniens dans les Territoires occupés, elle considère que le moyen de les calmer ou de les faire stopper est d’infliger des dommages sérieux », poursuit-il.

Le blanc-seing d’une grande partie de la société israélienne ?

Cette stratégie, Yehuda Shaul raconte en avoir été témoin pendant son service militaire« au plus fort de la seconde Intifada, entre 2000 et 2004 ». À l’époque, l’Israélien est posté à l’extérieur de Bethléem près de la colonie de Beitar Illit. « Beaucoup de pierres »sont jetées par les Palestiniens du village voisin sur la route menant à la colonie. « Le général trouvait cela inacceptable, alors il a décidé d’apprendre aux Palestiniens à se calmer en postant des snipers. Il était persuadé qu’une fois qu’un lanceur de pierres serait touché, les Palestiniens auraient reçu le message. »

De fait, tandis que les condamnations affluaient samedi dernier, l’armée israélienne a affirmé sur son compte Twitter avoir agi de façon « précise et mesurée ». « Nous savons où chaque balle a atterri », a assuré le porte-parole de l’armée. S’il a depuis été supprimé, ce message sonne comme un terrible aveu.

En substance, l’armée israélienne laisse penser qu’elle a tiré pour tuer. En frappant fort dès le premier jour à Gaza, elle aurait ainsi cherché à dissuader les Palestiniens susceptibles de pénétrer sur le territoire israélien, mais aussi à tuer dans l’œuf la mobilisation qui doit durer six semaines. Si elle est pour l’heure invérifiable, la théorie est en tout cas invoquée côté palestinien. Dans un communiqué publié mardi, l’Autorité palestinienne affirme que le « massacre » de vendredi a été planifié sur ordre de l'état-major israélien.

« Je crois que la nature des événements qui se sont produits vendredi est plus complexe que les médias étrangers voudraient le présenter. Je ne pense pas qu’il y ait eu une intention délibérée de la part de l’armée israélienne de tuer un maximum de Palestiniens », objecte Amos Harel, spécialiste des questions militaires pour Haaretz.

« Quand la branche militaire du Hamas est impliquée et prend part à la manifestation, je ne peux pas blâmer uniquement l’armée israélienne. Il n’y a pas eu d’enfants ou de femmes tués. Je ne crois pas que les Palestiniens qui ont approché la barrière avaient des intentions pacifiques, et selon plusieurs sources, les Palestiniens tués étaient des membres du Hamas ou d’autres organisations », souligne-t-il.

L’armée israélienne a en effet affirmé qu’au moins dix des Palestiniens tués vendrediétaient des « terroristes avec des antécédents ». Huit seraient des membres du Hamas (cinq seulement selon les revendications du groupe islamiste), un du Djihad islamique et un autre des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, la branche militaire du Fatah. Selon le Djihad islamique, un autre des Palestiniens tués appartiendrait également à ses rangs.

La façon, très rapide et détaillée, dont ces informations ont été livrées par l’armée a cependant de quoi surprendre. En Israël, la révélation des noms des« terroristes » est généralement retardée par de longs embargos. Et « même longtemps après que [leurs]identités ont été publiées dans les médias ou par le service de sécurité du Shin Bet, l’armée s’abstient généralement de les désigner par leur nom », souligne le journaliste Judah Ari Gross du Times of Israël.

 

Pour Yehuda Shaul, il est « insensé » de croire que l’armée israélienne ait pu savoir exactement sur qui elle tirait vendredi. « Ce n’est pas comme si les snipers avaient eu entre les mains des photos de membres du Hamas et avaient pu les identifier dans la foule au moment de tirer », balaie-t-il. Selon le porte-parole de Breaking The Silence, « l’armée a tiré sur ces Palestiniens à cause de ses règles d’engagement » et aurait ensuite tenté de « se blanchir en cherchant dans ses bases de données pour leur trouver une proximité avec le Hamas ou un dossier incriminant ».

Les esprits les plus sceptiques pourraient toutefois se demander si le bain de sang devendredi dernier sert vraiment les intérêts d’Israël. Depuis plusieurs années, de hauts gradés de l’armée israélienne répètent à l’envi qu’un trop grand nombre de victimes risque de mener à l’escalade. Chaque enterrement supplémentaire attiserait les flammes de la résistance palestinienne. « Le meilleur exemple est le début de la seconde Intifada. Cela a commencé par des manifestations de masse. Et à l’époque, l’armée a pensé que si elle infligeait des dommages importants, elle éteindrait la protestation. Mais c’est l’inverse qui s’est produit », rappelle Yehuda Shaul.

D’un autre côté, une grande partie de la société israélienne estime que l’usage de la force par l’armée est légitime pour éviter et même prévenir toute atteinte à l’intégrité d’Israël. Le regard tolérant porté par les Israéliens envers le soldat Elor Azaria, qui avait abattu un assaillant palestinien blessé au sol en 2016, l'a prouvé. Le bilan de vendredi, intervenu à la veille de la pâque juive et très vite éclipsé par d’autres affaires domestiques, n’a de ce point de vue pas suscité de vive émotion au sein du public israélien.

Si ce blanc-seing populaire pourrait en partie expliquer la force de la répression israélienne, un autre facteur peut jouer : le soutien de l’administration Trump. Samedisoir, les États-Unis ont bloqué un projet de déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU appelant « toutes les parties à la retenue » et demandant une enquête. Quelques heures avant les événements de vendredi, l’envoyé spécial de la Maison Blanche au Proche-Orient, Jason Greenblatt, avait quant à lui considéré que le Hamas encourageait une« marche hostile » le long de la frontière israélienne. Un vocabulaire qui disqualifiait d’emblée l’éventualité d’une mobilisation pacifique des Palestiniens et laissait toute latitude à la droite israélienne pour imposer sa narration.

 

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 05:23
Street art à Béthléem

Street art à Béthléem

Israël a rejeté les appels internationaux à une enquête indépendante après la mort, vendredi, de 16 Palestiniens tués par l'armée israélienne au cours d'une manifestation le long de la frontière entre Gaza et l'État hébreu. L'usage de balles réelles par l'armée israélienne est au coeur des interrogations de la communauté internationale et des organisations de défense des droits de l'Homme. Vendredi a été la journée la plus meurtrière dans la bande de Gaza depuis la guerre de 2014 : sur les plus de 1.400 blessés recensés, 758 l'ont été par des tirs à balles réelles. Les Palestiniens accusent les soldats israéliens d'avoir tiré sur des manifestants qui ne représentaient aucun danger immédiat. Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, ainsi que la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini, ont réclamé une « enquête indépendante » sur l'usage, par Israël, de balles réelles, une demande rejetée par l'État hébreu. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu (notre photo), a également rejeté toutes les critiques, félicitant même l'armée, « la plus éthique du monde »*. Les États-Unis ont, de leur côté, bloqué, samedi soir, un projet de déclaration du Conseil de sécurité de l'Onu appelant « toutes les parties à la retenue et à prévenir toute escalade supplémentaire » et demandé une enquête sur les affrontements.

*"Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a d’ailleurs félicité l’armée « pour avoir protégé les frontières du pays ». « Bravo à nos soldats », a-t-il écrit dans un communiqué."

En savoir plus, l

ire aussi: 

 
 
 
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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 05:13
Zeev Sternhell

Zeev Sternhell

« En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts »

Dans une tribune au « Monde », l’historien spécialiste du fascisme, se lance dans une comparaison entre le sort des juifs avant la guerre et celui des Palestiniens aujourd’hui.

Par Zeev Sternhell (historien, membre de l’Académie israélienne des sciences et lettres, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, spécialiste de l’histoire du fascisme), auteur de Ni droite ni gauche, l'idéologie fasciste en France

L’annonce est autant symbolique que contestée à l’international : le 6 décembre 2017, le président américain Donald Trump a décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. L’ambassade américaine, actuellement établie à Tel-Aviv, ouvrira ses portes avant fin 2019. L’initiative a rapidement été saluée par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Depuis, à la Knesset, le Parlement, la droite mène une offensive sur plusieurs fronts.

Le 2 janvier, les députés ont voté un amendement à la loi fondamentale, c’est-à-dire constitutionnelle, rendant impossible toute cession d’une partie de Jérusalem sans un vote emporté à la majorité des deux-tiers.

Plusieurs députés ont aussi avancé des projets de loi visant à redéfinir le périmètre de la ville, en rejetant des quartiers arabes entiers se trouvant au-delà du mur de séparation, ou bien en intégrant de vastes colonies.

Pour l’historien Zeev Sternhell, ces décisions visent à imposer aux Palestiniens d’accepter sans résistance l’hégémonie juive sur le territoire, les condamnant pour l’éternité au statut de population occupée.

 Tribune de Zeev Sternhell (publiée par Le Monde le 17 février 2018)

Je tente parfois d’imaginer comment essaiera d’expliquer notre époque l’historien qui vivra dans cinquante ou cent ans.

A quel moment a-t-on commencé, se demandera-t-il sans doute, à comprendre en Israël que ce pays, devenu Etat constitué lors de la guerre d’indépendance de 1948, fondé sur les ruines du judaïsme européen et au prix du sang de 1 % de sa population, dont des milliers de combattants survivants de la Shoah, était devenu pour les non-juifs, sous sa domination, un monstre ?

Quand, exactement, les Israéliens, au moins en partie, ont-ils compris que leur cruauté envers les non-juifs sous leur emprise en territoires occupés, leur détermination à briser les espoirs de liberté et d’indépendance des Palestiniens ou leur refus d’accorder l’asile aux réfugiés africains commençaient à saper la légitimité morale de leur existence nationale ?

La réponse, dira peut-être l’historien, se trouve en microcosme dans les idées et les activités de deux importants députés de la majorité, Miki Zohar (Likoud) et Bezalel Smotrich (Le Foyer juif), fidèles représentants de la politique gouvernementale, récemment propulsés sur le devant de la scène.

Mais ce qui est plus important encore, c’est le fait que cette même idéologie se trouve à la base des propositions de loi dites « fondamentales », c’est-à-dire constitutionnelles, que la ministre de la justice, Ayelet Shaked, avec l’assentiment empressé du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, se propose de faire adopter rapidement par la Knesset.

Shaked, numéro deux du parti de la droite religieuse nationaliste, en plus de son nationalisme extrême, représente à la perfection une idéologie politique selon laquelle une victoire électorale justifie la mainmise sur tous les organes de l’Etat et de la vie sociale, depuis l’administration jusqu’à la justice, en passant par la culture.

Dans l’esprit de cette droite, la démocratie libérale n’est rien qu’un infantilisme. On conçoit facilement la signification d’une telle démarche pour un pays de tradition britannique qui ne possède pas de Constitution écrite, seulement des règles de comportement et une armature législative qu’une majorité simple suffit pour changer.

« IL S’AGIT D’UN ACTE CONSTITUTIONNEL NATIONALISTE DUR, QUE MME LE PEN N’OSERAIT PAS PROPOSER »

L’élément le plus important de cette nouvelle jurisprudence est une législation dite « loi sur l’Etat-nation » : il s’agit d’un acte constitutionnel nationaliste dur, que le nationalisme intégral maurrassien d’antan n’aurait pas renié, que Mme Le Pen, aujourd’hui, n’oserait pas proposer, et que le nationalisme autoritaire et xénophobe polonais et hongrois accueillera avec satisfaction.

Voilà donc les juifs qui oublient que leur sort, depuis la Révolution française, est lié à celui du libéralisme et des droits de l’homme, et qui produisent à leur tour un nationalisme où se reconnaissent facilement les plus durs des chauvinistes en Europe.

L’impuissance de la gauche

En effet, cette loi a pour objectif ouvertement déclaré de soumettre les valeurs universelles des Lumières, du libéralisme et des droits de l’homme aux valeurs particularistes du nationalisme juif. Elle obligera la Cour suprême, dont Shaked, de toute façon, s’emploie à réduire les prérogatives et à casser le caractère libéral traditionnel (en remplaçant autant que possible tous les juges qui partent à la retraite par des juristes proches d’elle), à rendre des verdicts toujours conformes à la lettre et à l’esprit de la nouvelle législation.

Mais la ministre va plus loin encore : elle vient juste de déclarer que les droits de l’homme devront s’incliner devant la nécessité d’assurer une majorité juive.

Mais puisque aucun danger ne guette cette majorité en Israël, où 80 % de la population est juive, il s’agit de préparer l’opinion publique à la situation nouvelle, qui se produira en cas de l’annexion des territoires palestiniens occupés souhaitée par le parti de la ministre : la population non-juive restera dépourvue du droit de vote.

Grâce à l’impuissance de la gauche, cette législation servira de premier clou dans le cercueil de l’ancien Israël, celui dont il ne restera que la déclaration d’indépendance, comme une pièce de musée qui rappellera aux générations futures ce que notre pays aurait pu être si notre société ne s’était moralement décomposée en un demi-siècle d’occupation, de colonisation et d’apartheid dans les territoires conquis en 1967, et désormais occupés par quelque 300 000 colons.

Aujourd’hui, la gauche n’est plus capable de faire front face à un nationalisme qui, dans sa version européenne, bien plus extrême que la nôtre, avait presque réussi à anéantir les juifs d’Europe. C’est pourquoi il convient de faire lire partout en Israël et dans le monde juif les deux entretiens faits par Ravit Hecht pour Haaretz (3 décembre 2016 et 28 octobre 2017) avec Smotrich et Zohar. On y voit comment pousse sous nos yeux, non pas un simple fascisme local, mais un racisme proche du nazisme à ses débuts.

Comme toute idéologie, le racisme allemand, lui aussi, avait évolué, et, à l’origine, il ne s’en était pris qu’aux droits de l’homme et du citoyen des juifs. Il est possible que sans la seconde guerre mondiale, le « problème juif » se serait soldé par une émigration « volontaire » des juifs des territoires sous contrôle allemand. Après tout, pratiquement tous les juifs d’Allemagne et d’Autriche ont pu sortir à temps. Il n’est pas exclu que pour certains à droite, le même sort puisse être réservé aux Palestiniens.

Il faudrait seulement qu’une occasion se présente, une bonne guerre par exemple, accompagnée d’une révolution en Jordanie, qui permettrait de refouler vers l’Est une majeure partie des habitants de la Cisjordanie occupée.

Le spectre de l’apartheid Les Smotrich et les Zohar, disons-le bien, n’entendent pas s’attaquer physiquement aux Palestiniens, à condition, bien entendu, que ces derniers acceptent sans résistance l’hégémonie juive. Ils refusent simplement de reconnaître leurs droits de l’homme, leur droit à la liberté et à l’indépendance.

Dans le même ordre d’idées, d’ores et déjà, en cas d’annexion officielle des territoires occupés, eux et leurs partis politiques annoncent sans complexe qu’ils refuseront aux Palestiniens la nationalité israélienne, y compris, évidemment, le droit de vote. En ce qui concerne la majorité au pouvoir, les Palestiniens sont condamnés pour l’éternité au statut de population occupée.

POUR MIKI ZOHAR, LES PALESTINIENS “SOUFFRENT D’UNE LACUNE MAJEURE : ILS NE SONT PAS NÉS JUIFS”

La raison en est simple et clairement énoncée : les Arabes ne sont pas juifs, c’est pourquoi ils n’ont pas le droit de prétendre à la propriété d’une partie quelconque de la terre promise au peuple juif. Pour Smotrich, Shaked et Zohar, un juif de Brooklyn, qui n’a peut-être jamais mis les pieds sur cette terre, en est le propriétaire légitime, mais l’Arabe, qui y est né, comme ses ancêtres avant lui, est un étranger dont la présence est acceptée uniquement par la bonne volonté des juifs et leur humanité.

Le Palestinien, nous dit Zohar, « n’a pas le droit à l’autodétermination car il n’est pas le propriétaire du sol. Je le veux comme résident et ceci du fait de mon honnêteté, il est né ici, il vit ici, je ne lui dirai pas de s’en aller. Je regrette de le dire mais [les Palestiniens] souffrent d’une lacune majeure : ils ne sont pas nés juifs ». Ce qui signifie que même si les Palestiniens décidaient de se convertir, commençaient à se faire pousser des papillotes et à étudier la Torah et le Talmud, cela ne leur servirait à rien.

Pas plus qu’aux Soudanais et Erythréens et leurs enfants, qui sont israéliens à tous égards – langue, culture, socialisation. Il en était de même chez les nazis. Ensuite vient l’apartheid, qui, selon la plupart des « penseurs » de la droite, pourrait, sous certaines conditions, s’appliquer également aux Arabes citoyens israéliens depuis la fondation de l’Etat. Pour notre malheur, beaucoup d’Israéliens, qui ont honte de tant de leurs élus et honnissent leurs idées, pour toutes sortes de raisons, continuent à voter pour la droite.

Le Monde a publié cette tribune le 17 février 2018 et le quotidien israélien de gauche Haaretz a publié une tribune du même auteur sur ce thème

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 09:22

Gaza : le PCF demande une intervention immédiate pour que cessent les exactions du gouvernement Israélien

Chaque 30 mars lors de la grande marche du retour pour la Journée de la terre, les Palestiniens commémorent la mort, en 1976, de six arabes israéliens tués lors d'une manifestation contre la confiscation de leur terre par Israël. Ils se mobilisent pour faire droit au retour des réfugiés palestiniens.
Cet année ils étaient plus de 30 000 sur la bande de Gaza a manifester pacifiquement alors que des tireurs d'élite de l'armée israélienne avaient l'autorisation de tirer sur eux à balles réelles. Vendredi 30 mars, on compte 16 palestiniens assassinés et plus de 500 blessés.
Ce massacre intervient dans un contexte où le gouvernement d'extrême droite Israélien se sent pousser des ailes. Aidé par les décisions mortifères de Trump, il s'attaque aux « arabes israéliens », c'est à dire les palestiniens restés en Israël après 1948, en adoptant à la Knesset La loi sur “l’État-nation”, qui va constitutionnaliser le caractère exclusivement juif de l’État et l 'apartheid.
Jusqu'où ira cette politique qui fait feu de tout bois des lois internationales et des droits humains des Palestiniens ?
Le PCF, à la fois indigné et très inquiet de cette escalade dangereuse et meurtrière, demande au président Macron et à l'ensemble de la communauté internationale d'intervenir immédiatement pour que cessent les exactions du gouvernement Israélien.

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 09:15
Massacre de manifestants à Gaza: l'AFPS demande une intervention immédiate du Président de la République
GAZA : l’AFPS demande une intervention immédiate du Président de la République

http://www.france-palestine.org/GAZA-l-AFPS-demande-une-intervention-immediate-du-President-de-la-Republique

A Gaza, ce sont des snipers de l’armée israélienne qui tirent sur les habitants palestiniens qui se rassemblent pour célébrer, comme partout ailleurs en Palestine, la journée de la terre.

L’armée israélienne a elle-même confirmé qu’une centaine de snipers avaient l’ordre de tirer contre quiconque s’approcherait de la frontière. Des snipers suréquipés ont l’ordre de tirer contre des civils sans défense.

Depuis le début de la journée, on compte 8 morts et des centaines de blessés.

Depuis 11 ans, les 2 millions d’habitants de Gaza, dont les deux-tiers sont des réfugiés, vivent sous un blocus inhumain imposé par l’armée israélienne. Un blocus qui pousse au désespoir une population inventive, éduquée, qui demande à vivre.

Des rassemblements et des villages de tentes ont été mis en place en différents points de la Bande de Gaza. Par ces rassemblements pacifiques, les Palestiniens de Gaza réclament la fin du blocus et l’application de leurs droits. Les manifestations sont prévues pour 6 semaines jusqu’au 15 mai, l’anniversaire de la Nakba.

Le monde entier, dont la France, condamne depuis des années le blocus de Gaza. Mais les mots ne servent à rien face au pouvoir israélien.

Le droit au retour des réfugiés palestiniens est inscrit dans la résolution 194 de l’ONU, que l’Etat d’Israël s’est engagé à respecter lors de son admission à l’ONU, en 1949. Mais les résolutions de l’ONU sont toujours bafouées par l’Etat d’Israël, qui se considère au-dessus du droit international.

Mais il faut, d’abord et avant tout arrêter le massacre, et la France doit agir, immédiatement.

Président de l’Association France Palestine Solidarité, Bertrand Heilbronn s’adresse en ces termes au Président de la République :

"Monsieur le Président de la République, vous ne pouvez pas accepter que l’armée de l’Etat d’Israël, avec qui la France et l’Europe entretiennent de multiples relations, tire ainsi à balles réelles sur des manifestants désarmés. Nous vous demandons d’intervenir en urgence, de faire convoquer l’ambassadrice d’Israël, et d’indiquer clairement que la France prendra des sanctions si ce scandale ne cesse pas immédiatement.

Les lignes rouges sont franchies depuis longtemps, la France et l’Europe doivent au minimum, et en urgence, protéger le peuple palestinien. Les tirs contre des manifestants désarmés doivent cesser, le blocus de Gaza doit être levé immédiatement, et Israël doit suspendre toute action de colonisation, d’annexion, de déplacement de population et de démolitions des maisons et des infrastructures palestiniennes. Les mots ne suffisent plus et l’heure est aux sanctions si ces exactions ne cessent pas."

 

Le Bureau national de l’AFPS
le 30 mars 2018 à 16h45

 

-- 
Association France Palestine Solidarité (AFPS) 
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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 08:27
Israël-Palestine. Le point de non-retour ? (Sonya Ciesnik, Le Télégramme, 1er avril 2018)

Des milliers de Gazaouis ont pris part, samedi, aux funérailles de manifestants tués la veille lors d'affrontements avec l'armée israélienne qui ont fait 16 morts côté palestinien, la journée la plus sanglante depuis 2014. La solution a deux États est à nouveau très largement au second plan. Définitivement ?

 

La fenêtre d'opportunité d'une solution à deux États, Israël et la Palestine, se referme peu à peu. Aujourd'hui, les Palestiniens font face à une administration américaine qui conforte Israël dans ses ambitions territoriales. Les avocats d'un État palestinien (groupes de la société civile, femmes, organisations de jeunesse et associations communautaires) travaillent néanmoins sans relâche sur une solution à deux États.

 

« Nous vivons dans une ère de type McCarthy », déplore Amit Gilutz, porte-parole de B'Tselem, le Centre israélien d'information sur les droits de l'Homme, en référence au rétrécissement de la liberté d'expression dans l'été hébreu. Au cours de notre entretien, une carte des colonies israéliennes et la barrière de séparation en Cisjordanie posée sur une table, Gilutz observe : « Trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, contrôlés par un État qui veut leur terre, leurs ressources sans leur octroyer une expression politique autonome ».

« Connaître chaque colline, chaque caverne »

 

Comment en est-on arrivé à ce point ? La réponse se trouve dans l'histoire de la région, comprenant des cycles de paix et de violences qui consacrent la droitisation en Israël et la radicalisation croissante en Cisjordanie.

L'élection de Menahem Begin, fondateur du Likoud, comme Premier ministre d'Israël en juin 1977, a modifié à la fois le discours d'Israël sur les colonies et le rythme de leur mise en oeuvre. Begin refusa d'utiliser les termes « Cisjordanie » ou « Palestiniens » pour ne parler que de « Judée et Samarie » et des droits historiques du peuple juif. À l'origine, les colonies étaient des « bases de sécurité. Des structures rudimentaires situées sur les sommets des collines afin de surveiller l'environnement et maintenir la communication avec d'autres bases ».

 

Le choix, alors, du ministre de l'Agriculture, Ariel Sharon, surnommé « le bulldozer », fut d'accroître la présence militaire en Cisjordanie. Pour Sharon, la clé de l'occupation était la sécurité : « Connaître chaque colline, chaque montagne, chaque vallée, chaque source, chaque caverne ; la curiosité de savoir ce qu'il y a de l'autre côté de la colline, c'est la sécurité ».

Virage vers la droite

 

Après la première intifada, sont signés en 1993 les accords d'Oslo par le leader palestinien Yasser Arafat et le premier ministre israélien Yitzhak Rabin. Ces accords apportent à Arafat la respectabilité qui lui manquait sur la scène internationale mais marquent le début du déclin du mouvement national palestinien. Piégée entre sa mission révolutionnaire d'agent de libération nationale et ses nouvelles responsabilités en tant que proto-État. Les opérations sécuritaires menées en conjonction avec les Israéliens ont fait apparaître l'Autorité palestinienne comme « sous-traitante » de l'occupation.

L'assassinat d'Yitzhak Rabin en novembre 1995 marque un tournant et le pays amorce son virage vers la droite. Aujourd'hui, les scandales de corruption affectant le Premier ministre Benyamin Netanyahu, plusieurs politiciens de son bord incitent à aller encore plus à droite. Pour la première fois, les dirigeants nationalistes du Likoud en viennent à envisager un seul État par l'annexion de toute la Cisjordanie.

Des lignes rouges

 

Comme l'écrit la journaliste Peggy Cido, « l'économie israélienne est totalement capitaliste et, comme partout ailleurs dans ce type d'économie, les riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent et la classe moyenne disparaît comme neige au soleil ». Pour les Israéliens ordinaires qui cherchent à améliorer leurs conditions de vie, la tentation de s'installer en Cisjordanie est là.

De plus, d'après Peggy Cidor, « cela touche particulièrement les personnes et les familles qui sont déjà au bas de l'échelle et n'arrivent pas à survivre. Hypothèques à bon marché, exonérations fiscales et la possibilité de vivre dans plus d'espace ne sont que quelques-unes des incitations offertes par le gouvernement israélien pour s'établir dans les colonies.

« Ce qui nous donne de l'espoir, c'est la communauté internationale », juge Amit Gilutz, expliquant que les diplomates internationaux fixent des lignes rouges à ne pas franchir.

 

L'exil intérieur

Un Palestinien, comment peut-il vivre et voyager en Cisjordanie ? Pour le savoir, j'ai rencontré Ahmed Khalidi, journaliste et activiste. Ensemble, nous allons nous déplacer de la capitale administrative de l'Autorité palestinienne, à l'intérieur de la Cisjordanie profonde jusqu'à Naplouse. Plus précisément, à la recherche de la « soumoud », la ténacité des Palestiniens face à la réalité de l'occupation.

À Al-Bireh, une localité au nord de Ramallah, je me suis retrouvée au contact d'un groupe d'adolescentes, des jeunes filles élancées avec des cheveux longs et amples, des robes écarlates traditionnelles brodées, conscientes de leur beauté, se rapprochant les unes des autres avec leurs parents souriants et fiers à leurs côtés. En dépit du déclin du mouvement palestinien, le dynamisme s'est déplacé des structures politiques vers la rue.

« Le simple fait d'avoir réussi à habiter et à exister dans cet espace semble important », me glisse Khalidi. Dans notre taxi collectif, nous observons diverses scènes bruyantes. Des jeunes brûlent des pneus sur le bord de la route. Ils clament, « Abbas, abandonnez votre basta », ce dernier mot signifiant trivialement le stand du colporteur, une manière de dire « dégage ! ». Plus loin, Khalidi observe plusieurs chars militaires israéliens bloquant la route qui conduit de Ramallah à Naplouse. « Tout prend tellement de temps, le trafic est dévié sur une seule route, les embouteillages sont fréquents et, parfois, nous sommes obligés d'attendre des heures s'il y a un attentat et que les routes sont bloquées ».

« L'Égypte pourrait jouer un rôle déterminant »

 

Khalidi est de la première génération à avoir vécu dans un camp de réfugiés. Né en 1989, son enfance a été marquée par la deuxième intifada. Quand il m'a parlé de son intérêt pour l'Afrique du Sud, il est facile d'établir un parallèle entre la lutte palestinienne et celle du Congrès national africain (ANC).

Néanmoins, avec la mort d'Arafat, le Fatah a perdu sa raison d'être. Le mouvement de libération est pris dans un processus de négociation sans fin.

Grâce à Khalidi, j'ai pu entrer en contact avec Mo'men Abu Nada, un coordinateur d'une ONG allemande de Gaza, via l'application WhatsApp. Quand je l'interroge sur l'évolution de la société à Gaza, il explique que « la situation sociale s'est améliorée par rapport à ce qu'elle était il y a douze ans, quand le Hamas est arrivé au pouvoir ». Il ajoute toutefois, que les espaces socio-culturels sont limités, et que le mélange entre hommes et femmes dans l'espace public est réservé aux cafés et restaurants les plus huppés. Grâce aux militants des droits des femmes et à certains Moktars (leaders communautaires), des campagnes en faveur de certaines libertés (fumer, jouer au football, accès aux services psycho-sociaux...) apportent de l'oxygène aux habitants. Revenant à la question d'une solution de paix à deux États, Abu Nada assure que « l'Égypte pourrait jouer un rôle déterminant car ce pays travaille sur le dossier israélo-palestinien depuis quarante ans et entretient des relations de voisinage avec nous ». Une note d'espoir.

 

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 08:06
Gaza. Au moins 16 morts et 1400 palestiniens blessés (L'Humanité, 31 mars 2018)
Gaza. Au moins seize morts et 1400 palestiniens blessés
LORENZO CLÉMENT AVEC AFP
SAMEDI, 31 MARS, 2018
HUMANITE

Des dizaines de milliers de Palestiniens, notamment des femmes et des enfants, ont convergé vendredi le long de la barrière frontalière qui sépare la bande de Gaza d'Israël dans le cadre de "la grande marche du retour".

Le face-à-face entre soldats israéliens et manifestants palestiniens devait se poursuivre samedi à la frontière de la bande de Gaza, au lendemain d'une journée parmi les plus meurtrières de ces dernières années, avec 16 Palestiniens tués par des tirs israliens. Ce mouvement de protestation doit durer six semaines pour exiger le "droit au retour" des réfugiés palestiniens et dénoncer le strict blocus de Gaza. Un petit nombre d'entre eux s'est approché à quelques centaines de mètres de cette barrière ultra-sécurisée, régulièrement le théâtre de heurts sanglants entre habitants de l'enclave et soldats. Ces derniers ont répliqué en tirant à balles réelles et en faisant usage de gaz lacrymogène.
Selon le ministère de la Santé dans la bande de Gaza, 16 Palestiniens ont été tués et plus de 1.400 blessés dans les affrontements avec l'armée israélienne. Dans un discours vendredi, le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré qu'il tenait Israël pour pleinement responsable de ces morts.
 
Les Palestiniens ainsi que la Turquie ont dénoncé un "usage disproportionné" de la force. La Ligue arabe, l'Egypte et la Jordanie ont également condamné la riposte israélienne. Washington s'est déclaré pour sa part "profondément attristé par les pertes humaines à Gaza", selon un tweet de Heather Nauert, la porte-parole de la diplomatie américaine, exhortant "ceux impliqués à prendre des mesures pour faire diminuer les tensions".
 
Le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni en urgence vendredi soir, a entendu les inquiétudes quant à une escalade de la violence mais n'est pas parvenu à s'entendre sur une déclaration commune. "Il y a une crainte que la situation puisse se détériorer dans les prochains jours", a mis en garde Taye-Brook Zerihoun, le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, appelant à la retenue maximale.  Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont exprimé des regrets quant au calendrier de la réunion - la Pâque juive a commencé vendredi soir - synonyme d'absence de responsables israéliens. En fin de journée, l'armée israélienne a dit avoir frappé trois positions du mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, en représailles à une tentative d'attaque de ses soldats par des manifestants.
La "grande marche du retour" a lieu à l'occasion de la "Journée de la Terre", qui marque chaque 30 mars la mort en 1976 de six Arabes israéliens pendant des manifestations contre la confiscation de terres par Israël. Les Arabes israéliens sont les descendants de Palestiniens restés sur place à la création de l'Etat d'Israël en 1948.
 
Vendredi soir, des responsables politiques de Gaza ont appelé les manifestants à se retirer de la zone frontalière jusqu'à samedi. De façon quasiment inédite, la police israélienne a par ailleurs indiqué avoir eu recours à un drone pour larguer du gaz lacrymogène sur les manifestants. Tôt vendredi, avant le début de "la marche du retour", un agriculteur palestinien de 27 ans a été tué par un tir à l'arme lourde israélien près de Khan Younès, dans le sud de l'enclave. Tandis que l'Etat d'Israël célèbrera en mai ses 70 ans, les Palestiniens attendent toujours la création de leur Etat, qui a rarement paru plus incertaine. Le droit au retour des réfugiés reste une revendication palestinienne fondamentale et, pour les Israéliens, un obstacle majeur à la paix.
Le statut de Jérusalem est également un important point de crispation, encore plus depuis que le président américain Donald Trump a décidé de reconnaître la ville en tant que capitale d'Israël et d'y transférer l'ambassade des Etats-Unis. Des manifestations, moins imposantes que celles de Gaza, ont par ailleurs eu lieu en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans.
Gaza. Au moins 16 morts et 1400 palestiniens blessés (L'Humanité, 31 mars 2018)
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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 07:47
A la frontière de la bande de Gaza, une « grande marche du retour » pacifique mais meurtrière

Des dizaines de milliers de Palestiniens ont manifesté vendredi à quelques mètres de la clôture qui les sépare d’Israël. Au moins seize ont été tués par l’armée israélienne.

 

Tels des champignons de fer, les casques des tireurs d’élite israéliens se dessinent, immobiles, au sommet des collines. Des officiers assurent la liaison radio à leurs côtés. Une jeep passe dans leur dos. Les manifestants palestiniens, réunis près du camp de Bureij, contemplent ce ballet. La distance qui les sépare des soldats se compte en centaines de mètres. Soudain, une balle siffle, un corps s’effondre. On l’évacue. On continue.

 

Ce face-à-face a duré toute la journée du vendredi 30 mars, le long de la bande de Gaza. Alors que des dizaines de milliers de personnes ont afflué pacifiquement vers les zones prévues par les organisateurs de la « grande marche du retour », au moins seize manifestants ont été tués et près de 1 400 ont été blessés, dont beaucoup par balles réelles. Un bilan lourd, hélas attendu.

Les responsables israéliens avaient dramatisé ce rendez-vous, en prêtant l’intention aux participants, supposément manipulés par le Hamas, de vouloir franchir la frontière. Ce ne fut pas le cas, même si les plus téméraires s’approchèrent de la clôture, ivres de leur propre audace.

L’armée a aussi dénoncé, vendredi, une attaque armée par deux Palestiniens dans le nord de la bande, qui ont été tués. « Nous identifions des tentatives d’attaques terroristes sous le camouflage d’émeutes », a affirmé le général de division Eyal Zamir, chef du commandement de la région Sud. Tandis que les responsables politiques gardaient le silence, les militaires imposaient une lecture strictement sécuritaire de l’événement.

« On est debout, on existe »

Cette journée marque un succès amer pour les partisans d’une résistance populaire pacifique, qui ont constaté depuis longtemps l’échec de la lutte armée. D’autant que la supériorité technologique de l’armée israélienne ne cesse de s’accroître. La manifestation de vendredi place cette armée sur la défensive, obligée de justifier des tirs à balles réelles sur des manifestants ne présentant aucun danger immédiat pour les soldats.

Toutes les factions, Hamas en tête, avaient appelé les Gazaouis à participer. Elles ont fourni un appui logistique, affrété des bus. Des appels ont été diffusés dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les mosquées. Mais contrairement aux propos calibrés des autorités israéliennes, personne n’a forcé les Gazaouis à sortir pour réclamer le droit au retour des Palestiniens sur les terres qu’ils ont perdues en 1948, au moment de la création d’Israël.

Gaza compte 1,3 million de réfugiés sur une population de près de 2 millions. « Je n’appartiens pas à une faction, mais à mon peuple, résume Rawhi Al-Haj Ali, 48 ans, vendeur de matériaux de construction. C’est mon sang et mon cœur qui m’ont poussé à venir. »

Non loin de lui, dans la zone de rassemblement de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, Ghalib Koulab ne dit pas autre chose, sous le regard de son fils. « On veut envoyer un message à l’occupant, résume cet homme de 50 ans. On est debout, on existe. »L’ancien village de ses parents est situé quelques kilomètres derrière la clôture.

Diversité et dénuement

« Provocation », a lâché le ministre israélien de la défense, Avigdor Lieberman. « Emeutiers », ont répété en boucle, vendredi, les porte-voix de l’armée. Emeutiers. Dans le conflit israélo-palestinien, les mots aussi sont sacrifiés, vidés de leur sens.

Dans chacun des cinq lieux de rassemblement prévus le long de la frontière a conflué le peuple gazaoui dans sa diversité, et son dénuement. Vieillards et gamins, femmes voilées et jeunes étudiantes apprêtées, mais surtout jeunes hommes sans avenir : ils ont marché des kilomètres, ou bien ils ont pris un bus. Ils ont juché les enfants sur les épaules, grimpé à l’arrière de camionnettes ou tenté de se tenir en équilibre, à dix, sur un tracteur épuisé.

Dans le bruit confus des klaxons et des sonos, ils se sont lentement approchés de cette zone frontalière d’habitude évitée, redoutée, où l’armée construit un mur pour remplacer une clôture jugée trop vulnérable. La plupart sont restés sagement à distance, loin de la frontière, mangeant des glaces ou picorant des graines, s’interrompant pour la grande prière.

Il y avait, évidemment, une avant-garde plus téméraire. Des centaines d’adolescents qui s’escrimaient à se rapprocher le plus possible de la clôture de sécurité, sans la franchir, conformément à la consigne diffusée.

Un territoire à l’agonie

Mais personne ne contrôlait cette foule éclatée, coupant à travers champs. Certains jeunes avaient des lance-pierres de fortune, qui ne pouvaient guère atteindre les soldats. Les autres cherchaient à planter un drapeau palestinien, ou bien à organiser un sit-in de quelques minutes, avant que le gaz lacrymogène, largué par des drones, ne les éparpillent.

Il est tentant de dire que ces jeunes défiaient la mort. En réalité, ils défiaient la vie, la leur, qui ressemble à une longue peine : celle des victimes du blocus égyptien et israélien, enfermées depuis bientôt onze ans dans ce territoire palestinien à l’agonie.

ls étaient terribles, ces rires de l’assistance autour de Nasser Chrada, 26 ans, quand on lui a demandé s’il travaillait. « Personne ne travaille. » Père de trois filles, il est venu à la manifestation de Jabaliya en pensant à sa famille, originaire de Jaffa, près de Tel-Aviv. Il ne sait pas à quoi ça ressemble, Jaffa, devenue la petite cité branchée de la côte. Il fantasme, il parle en slogans, il ne pense pas à ceux, des Israéliens, qui y vivent depuis soixante-dix ans. Est-il prêt à tenter de franchir la clôture, au risque de mourir ? « Oui, si d’autres y vont. Dieu s’occupera de mes filles. »

Cette incapacité à anticiper la suite, à formuler des demandes précises au-delà de la libération – invraisemblable – de leurs terres, on la retrouve chez quasiment tous les manifestants. « On ne veut pas de nourriture ou d’aide, on veut la liberté, le respect de nos droits,résume l’un des organisateurs, le journaliste Ahmed Abou Irtema. C’est aux Israéliens de résoudre ce problème. »

Imposer un rapport de force

Il est difficile de tenir un discours politique charpenté quand on vit sous cloche, sans contacts avec l’extérieur. La priorité : imposer un rapport de force.

« On ne sera pas transférés dans le Sinaï égyptien, comme le veulent les Américains et les Israéliens !, assure Am-Ashraf Yazgi, une mère de famille de 49 ans, habitante de Beit Hanoun. On continuera jour après jour, jusqu’à ce qu’on retrouve nos terres. Les Juifs qui y vivent doivent retourner dans les pays dont ils viennent. » Un cliché répandu, chaque camp méprisant ou ignorant les drames vécus jadis par l’autre.

 

Dans le public, les motivations sont variées. Certains sont venus parce que c’était le théâtre dramatique du jour, à ne pas manquer. Effet de foule. D’autres pensaient à leurs aïeux, récitant le nom de leurs villages. Mais tant d’autres n’ont pas fait le déplacement.

L’absence de drapeaux à la gloire des factions était frappante, de même que l’absence de forces de sécurité du Hamas, en dehors de quelques postes en retrait. Ce mouvement populaire permettait, il est vrai, de recouvrir les fractures béantes entre le mouvement islamiste armé et le Fatah du président Mahmoud Abbas. Le processus de réconciliation, amorcé sous les auspices de l’Egypte en octobre 2017, est au point mort, mais personne ne veut signer l’acte de décès.

Six semaines de mobilisation similaire sont prévues jusqu’au 15 mai. Au lendemain du déménagement symbolique de l’ambassade américaine vers Jérusalem, ce sera le jour de commémoration de la Nakba, soit la « grande catastrophe » que fut l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens en 1948. Impossible de prévoir à cette heure si une dynamique populaire va s’enclencher, ou si le marasme ambiant va engloutir ces ambitions. Gaza est un village sinistré, où les sentiments ruissellent vite : la colère, la peur, le deuil. On ne sait encore ce qu’il en sera du désir d’action.

 


 

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30 mars 2018 5 30 /03 /mars /2018 05:00
Aung San Suu Kyi, l'armée birmane et les Rohingyas - livre disponible aux éditions de l'Atelier le 29 mars 2018

Exécutions, viols, tortures, les violences à l’origine du dernier exode des Rohingyas, minorité musulmane persécutée par l’armée birmane, ont progressivement attiré l’attention du monde. Dans ce contexte, le comportement d’Aung San Suu Kyi, jusqu’alors figure centrale de la lutte pour la démocratie en Birmanie et prix Nobel de la Paix, a surpris et déçu. Comment expliquer son attitude pour le moins ambivalente face à ce que l’ONU qualifie de « nettoyage ethnique » ?

 

Spécialiste reconnu de la Birmanie, Frédéric Debomy a très tôt donné l’alerte sur le sort des Rohingyas. Il répond dans un essai aux questions que pose le comportement d’Aung San Suu Kyi et rétablit les subtilités qui échappent aux débats médiatiques. Un ouvrage de réflexion pour faire un point précis sur la situation et tenter d’expliquer le fil des événements et le positionnement actuel d’Aung San Suu Kyi. Les choses seraient-elles plus complexes qu’il n’y paraît ?

Aung San Suu Kyi, l’armée et les Rohingyas

Frédéric Debomy

160 p. – 16 €

 

DISPONIBLE EN LIBRAIRIE LE 29 MARS 2018

 

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En 2017, le monde entier écoutait, effaré, la dirigeante birmane couvrir de ses mensonges les exactions et les crimes perpétrés par l’armée, une armée caractérisée de longue date par son extrême brutalité à l’égard des populations. Parallèlement, certaines de ses actions, menées plus discrètement, laissent penser qu’en dépit des apparences, elle agit. Elle est notamment à l’origine de la mise en place d’une commission consultative présidée par l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, réclamant le rétablissement des Rohingyas dans leurs droits. Il est donc essentiel de dépasser l’impression première d’une solidarité de fond entre Aung San Suu Kyi et l’armée, d’essayer de comprendre et d’analyser la stratégie qu’elle semble conduire dans un contexte où elle ne dispose que d’une marge de manœuvre limitée.

 

Cet ouvrage, attentif aux ambiguïtés de la « Dame », se préoccupe aussi d’élargir le champ de la question des Rohingyas et s’interroge sur l’avenir d’un pays obsédé par la question de l’ethnicité.

 

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