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25 avril 2018 3 25 /04 /avril /2018 19:02

Avril 1915 – avril 2018 : n’oublions pas le génocide arménien

Le samedi 24 avril 1915, à Constantinople, capitale de l'empire ottoman, 2345 Arméniens appartenant à l'élite intellectuelle sont arrêtés et exécutés sur ordre du gouvernement. Le ministre de l'intérieur Talaat Pacha envoie un télégramme à la direction du parti des Jeunes Turcs à Alep : «  Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l'âge ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici » .

C'est le début d'un génocide, le premier du XXe siècle. Il va faire entre 1,2 et 1,5 millions de victimes - massacres, déportations, famines - soit les 2/3 de la population arménienne de l'empire turc. Il va aussi conduire les survivants sur le chemin de l'exil. En même temps que les Arméniens, ce sont toutes les autres communautés chrétiennes qui ont été également exterminées dans la région frontalière qui se trouve aujourd'hui à cheval sur la Turquie et l' Iran : 500.000 à 750.000  Assyriens - soit 70  % de la population de l'époque - environ 350  000 Grecs pontiques .

Comme le feront les nazis, le gouvernement ottoman s'emploie systématiquement à éliminer toute preuve du génocide : les photographies des convois de déportés sont interdites; les missionnaires sont empêchés d'apporter nourriture, eau, vêtements aux rescapés; la censure officielle interdit aux médias de faire mention des massacres.

Ce génocide avait eu des précédents: entre 1894 et 1896, comme les Arméniens réclament des réformes et une modernisation des institutions, le sultan en fait massacrer 200.000 à 250.000. Un million d'Arméniens sont dépouillés de leurs biens et quelques milliers convertis de force. Des centaines d'églises sont incendiées ou transformées en mosquées... L'espace d'un seul mois - juin 1896 - dans la région de Van, au cœur de l'Arménie historique, pas moins de 350 villages sont rayés de la carte.

Après le crime, vient le temps de sa négation : la République turque refuse de reconnaître l'existence du génocide arménien et qualifie les événements de 1915-1916 de « Sözde Ermeni Soykırımı » (« prétendu génocide arménien »). Parler du génocide est passible de peines de prison.

Aujourd'hui, le génocide arménien n'est reconnu que par 21 pays,  dont la France depuis 2012.

Pour le MRAP, l’apologie ou la négation du crime est intolérable en ce qu’elle prolonge et perpétue le crime lui-même. Il est nécessaire de mettre fin au négationnisme, quel qu’il soit, car il laisse ouvert le champ à d’autres crimes contre l’Humanité. Il est d’autant plus nécessaire de rappeler ce crime qu’aujourd’hui, Erdogan menace le Rojava (Kurdistan de Syrie) de purification ethnique et se rend coupable de crimes de guerre, voir de crimes contre l’humanité à l’encontre la population kurde de Turquie.

Paris, le 25 avril 2018

-- 
Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples
43 Boulevard Magenta - 75010 Paris
01.53.38.99.82
 
Lire aussi: 
Avril 2015 - Avril 2018: n'oublions pas le génocide arménien (MRAP, 25 avril 2018)
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25 avril 2018 3 25 /04 /avril /2018 06:11
Salah Hamouri, 33 ans aujourd'hui, citoyen d'honneur de la ville de Carhaix depuis hier, prisonnier politique des geôles israéliennes depuis août 2017

C’est son anniversaire aujourd’hui ! Il a 33 ans. Et Salah Hamouri a été fait hier soir citoyen d’honneur de la ville de Carhaix - à l’unanimité ! Liberté pour Salah Hamouri et les autres prisonniers politiques palestiniens!

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22 avril 2018 7 22 /04 /avril /2018 07:21
Dimanche 22 avril 17h QUIMPER Halles St François -  Avec Nada Awad - Après la déclaration de Trump, l'intensification du transfert forcé des Palestiniens de Jérusalem

Dimanche 22 avril 17h
QUIMPER Halles St François 
Après la déclaration de Trump, l'intensification du transfert forcé des Palestiniens de Jérusalem

conférence-débat 
organisée par l’Association France Palestine Solidarité

avec Nada Awad, en charge auprès de l’Université Al Qods de la défense des droits des Palestiniens de Jérusalem

Entrée libre

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21 avril 2018 6 21 /04 /avril /2018 12:28
Béthléem

Béthléem

Belfast

Belfast

Lundi (9 avril)

Dublin est devenue la première capitale européenne à soutenir le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) en faveur des droits des Palestiniens. Mentionnant « le blocus et le siège inhumains infligés à Gaza » par Israël, le Conseil municipal de Dublin s’est engagé à mettre fin à tous ses contrats commerciaux avec Hewlett Packard (HP), ses sociétés de marque et entreprises dérivées, toutes ciblées par BDS, y compris DXC Technology, étant donné leur complicité dans les graves violations des droits humains des Palestiniens commises par Israël.
Hier (mardi 10 avril), Israël a essayé vainement d’empêcher le maire de Dublin d’entrer sur le territoire alors qu’il devait assister à des réunions à Ramallah. Les autorités israéliennes ont confondu son titre et son nom, suscitant les moqueries d’activistes des médias sociaux, palestiniens ou non. Le maire Mícheál MacDonncha participe à des rencontres avec des Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés.
Des dizaines de milliers de Palestiniens se sont rassemblés pour manifester pacifiquement contre le siège et revendiquer les droits des réfugiés palestiniens, qui constituent la majorité à Gaza, à revenir dans le foyer originel dont ils ont été déplacés par la force, ces droits leur étant reconnus par les Nations unies.
Abdulrahman Abunahel, coordinateur à Gaza du BNC, coalition palestinienne qui impulse le mouvement mondial de BDS en faveur des droits des Palestiniens, s’est exprimé en ces termes :
« Dublin a répondu de la manière la plus forte à ce jour aux massacres commis dernièrement par Israël contre des manifestants palestiniens sans armes dans la bande de Gaza, occupée et assiégée.

C’est le succès le plus impressionnant du mouvement BDS depuis le début de 2018.
« Alors que les gouvernements des États-Unis et de l’Europe sont totalement complices des crimes d’occupation et d’apartheid commis par Israël, le peuple irlandais, avec sa longue tradition de lutte contre le colonialisme, a montré que les hommes et les femmes de conscience se tiennent du bon côté de l’histoire, contre l’oppression et pour la liberté, la justice, l’égalité et la dignité humaine.
« Au bout de 70 ans de dépossession, 50 ans d’autorité militaire, et un siège destructeur de 10 années qui nous asphyxie dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde, nous avons besoin de cette solidarité authentique, surtout sous la forme du BDS. Rien que dans les deux dernières semaines, l’armée israélienne, appliquant une politique du "tirer-pour-tuer-ou-mutiler", a déjà tué à Gaza 30 civils palestiniens et en a blessé plus de 3 000.
« La mesure prise par le Conseil municipal de Dublin en excluant les sociétés HP constitue un pas important vers la fin des liens en matière militaire et de sécurité avec Israël et des entreprises qui rendent possible son système d’oppression. L’exigence la plus importante présentée par les Palestiniens en réaction au dernier massacre commis par Israël consiste à demander un embargo militaire similaire à celui qui avait été mis en œuvre par les Nations unies contre l’Afrique du Sud de l’apartheid.
« Grâce aux femmes et aux hommes de Dublin, aux partisans irlandais des droits palestiniens en d’autres lieux et au nombre croissant de militants du BDS dans le monde entier, nous, Palestiniens, dans nos heures les plus sombres, avons la certitude de ne pas être seuls, et de pouvoir, toutes et tous ensemble, incurver l’arc de l’histoire dans la direction de la justice. »
Cette victoire du soutien aux droits des Palestiniens s’inscrit dans le sillage de deux autres victoires récentes en Irlande. Au début de ce mois, l’Association nationale irlandaise des enseignants (Irish National Teachers Organisation, INTO), forte de plus de 40 000 membres, a adopté une résolution qui reflète la position sur la Palestine du Congrès irlandais des syndicats (Irish Congress of Trade Unions, ICTU), fort de 800 000 membres en accordant un plein soutien au mouvement BDS et à ses aspirations. Et, il y a moins d’une semaine, l’Union des étudiants d’Irlande (Union of Students in Ireland, USI), qui représente 374 000 étudiants de l’enseignement supérieur, a voté de la même manière.
Aujourd’hui même (11 avril), Cork, la troisième ville d’Irlande, a exhorté le gouvernement irlandais à « condamner » le « massacre récent » de civils palestiniens par l’armée israélienne à Gaza et à « prendre des mesures diplomatiques contre Israël en expulsant un certain nombre de ses diplomates et en reconnaissant l’État de Palestine. »
Les violations des droits humains des Palestiniens perpétrées par Hewlett Packard sont confirmées par de nombreux éléments. Non seulement HP fournit à l’armée israélienne des services et de la technologie qui permettent l’occupation militaire et le siège de Gaza par Israël ainsi que des technologies biométriques qui donnent au gouvernement israélien les moyens de mettre en œuvre son système de ségrégation raciale contre les Palestiniens, mais HP s’est montré complice d’Israël en équipant le système carcéral israélien, tristement célèbre pour sa pratique de la torture et d’autres atteintes aux droits humains.
Les campagnes de BDS pour les droits humains des Palestiniens ont déjà infligé à HP des dommages sur le plan financier et sur celui de la réputation. Plusieurs mouvements chrétiens des États-Unis ont déjà retiré leurs investissements chez HP au niveau national, et 26 églises chrétiennes, dans tout le pays, se sont engagées à être des églises sans HP qui refusent d’acheter le moindre produit HP. La campagne contre HP a suscité le soutien de groupes de croyants, d’associations étudiantes et de syndicats du monde entier. Face à une telle pression, HP a procédé à un remaniement de ses structures qui ne change rien au degré de complicité des sociétés impliquées et ne les protège pas contre les campagnes de BDS.
En prenant cette décision, Dublin rejoint des dizaines de collectivités locales en Espagne, en Norvège, en Suède, en France, au Royaume-Uni, en Belgique et en Australie qui ont adopté des résolutions de soutien au BDS ou ont pris l’engagement d’éviter de conclure des transactions avec des sociétés visées par le mouvement BDS en raison de leur complicité avec les violations des droits humains des Palestiniens commises par Israël.
Le Comité national palestinien du BDS (Palestinian BDS National Committee, BNC) est la coalition la plus vaste de la société civile palestinienne. Elle anime et soutient le mouvement mondial de Boycott, Désinvestissement et Sanctions pour les droits des Palestiniens.

 

Centre Palestinien d'information

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18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 05:34
Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens: 6000 Palestiniens incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant!

Journée internationale de solidarité avec les prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s.

Plus de 6000 Palestinien-ne-s sont actuellement incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant, dont 427 détenus administratifs, 356 enfants, 62 femmes, 7 député-e-s.

Pensées et solidarité avec tous ces "prisonniers invisibles de l'occupation" et leurs familles. 

#PalestinianPrisonersDay #StopAD #FreePoliticalPrisoners

Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens: 6000 Palestiniens incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant!
Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens: 6000 Palestiniens incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant!
Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens: 6000 Palestiniens incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant!
Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens: 6000 Palestiniens incarcéré-e-s dans les geôles de l'occupant!
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15 avril 2018 7 15 /04 /avril /2018 09:10

Je veux faire part de mon étonnement, au surlendemain des lancements de missiles dans la banlieue de Damas et de Homs. 

De mon étonnement et de mon agacement face à ceux qui ont supporté sans trop s'en émouvoir les dizaines de milliers de prisonniers torturés et massacrés dans les geôles de Bachar-al-Assad, les villes, les villages et les régions entières affamés, bombardés par des barils d'explosifs, attaqués à l'arme chimique à plusieurs dizaines de reprises, les viols utilisés à échelle massive comme armes de guerre, les disparitions, les bombardements et les assauts des forces spéciales russes et iraniennes pour permettre à un régime honni par une majorité des Syriens et auteur d'innombrables crimes de guerre et crimes contre l'humanité, responsables de 80% au moins des 4 ou 5 millions de morts de cette guerre atroce depuis 2011, et de l'exil de près d'un tiers de la population syrienne, qui aujourd'hui condamnent avec la plus ferme résolution des bombardements américains, français, anglais essentiellement symboliques et d'avertissement qui visent des installations militaires et n'auraient pas fait de victimes au demeurant, parlant d'escalade dans cette guerre, faisant flotter les colombes de la paix comme si antérieurement c'était la paix en Syrie.  

Dans une partie de la gauche de gauche, il semble parfois que la guerre et les interventions extérieures ne sont illégitimes et condamnables que quand elles sont portées par les Américains et les forces de l'OTAN.

Pour eux, il semblerait que l'on soit toujours dans une logique de Guerre Froide (elles existent, entre la Russie et l'OTAN, n'où n'en doutons pas) où l'OTAN et les Américains, c'est le mal, le capitalisme, l'impérialisme, et les interventions russes la défense d'un monde multipolaire vivable. Et qu'importe que Poutine finance en Europe tout ce que le vieux continent compte de forces d'extrême-droite et qu'il propage une idéologie fasciste, nationaliste, xénophobe. Qu'importe les crimes qu'il a organisé en Syrie et en Tchétchénie par exemple. 

La réduction de la résistance syrienne à la dictature de Bachar-al-Assad et de la guerre civile à un jeu international de puissances qui s'affrontent sur un terrain étranger - la Turquie, l'Iran, l'Arabie Saoudite, le Qatar, la Russie, les Etats-Unis et l'Otan, Israël, l'Irak à gouvernement chiite - n'est pas fausse, et de moins en moins malheureusement, mais elle ne saurait épuiser le sens des événements ni servir à disqualifier les souffrances et la résistance du peuple syrien qui avait très majoritairement voulu le départ de Bachar-al-Assad, et le droit de résistance à l'oppression est un droit de l'homme inaliénable. Nombreux sont les experts géo-stratégiques qui ne lisent le conflit syrien que comme une volonté de reprise en main de la Syrie, alliée traditionnelle de la Russie, par les Américains, avec le concours de l'Arabie Saoudite et d'Etats du Golfe, et l'appui d'Israël en sous-main: c'est valider la propagande de Bachar-al-Assad et faire peu de cas du mouvement populaire réel. 

De même, prétendre que finalement il faudrait mieux des dictatures laïques dans le monde arabe, même à base mafieuses et criminelles, plutôt que le chaos islamiste et le conflit communautaire, c'est valider l'idée suivant laquelle certains peuples ne seraient pas mûrs et armés pour la démocratie, ne seraient pas entrés dans une histoire de sujets de l'histoire, ce qui est théoriquement inadmissible et condescendant. S'il n'y avait pas eu l'intervention russe et iranienne, la révolution syrienne aurait probablement eu raison du régime, ce qui ne veut pas dire qu'elle aurait su trouver la voie, parmi ses contradictions, d'une société tolérante et libre, mais un régime dégueulasse aurait été lui abattu, et il ne revient qu'aux Syriens de savoir si le jeu en valait la chandelle ou non!       

De mon côté, je ne considère pas a priori les ennemis ou adversaires désignés par les Américains qui portent les casseroles que l'on sait et sont la "démocratie" libérale que l'on sait, avec pour l'heure un demi dément à leur tête, comme des acteurs "diaboliques" ou à combattre a priori , mais je ne considère pas non plus les ennemis des Américains comme des amis ou des régimes résistants à défendre. En matière de relations internationales, comme en tout, il faut sortir de la pensée réflexe et des schémas complètement dogmatiques et rigides, pour ne pas dire purement idéologiques, et regarder de près ce que le réel a à nous apprendre. 

S'est-on autant ému, a t-on autant condamné les bombardements russes et les engagements du Hezbollah et des forces iraniennes et libanaises chiites responsables pourtant de la mort de dizaines de milliers de syriens? Agissaient-ils sans aucun souci de peser en faveur de leurs propres intérêts, sans aucune velléité impérialiste? Evidemment non.

Alors pourquoi deux poids, deux mesures dans nos jugements. 

J'ai passé un mois et demi en Syrie avant la révolution à l'occasion d'un voyage touristique qui m'a permis de m'y faire plusieurs amis, j'ai énormément lu de témoignages et de travaux universitaires et journalistiques sur l'évolution du conflit, la barbarie du régime de Hafez-al-Assad et de Bachar-al-Assad (disparitions, viols, tortures, quartiers rayés de la carte), sur la Révolution et ses acteurs, sur la manière dont Bachar-al-Assad a libéré et favorisé les islamistes les plus dangereux pour accréditer sa ligne de communication de départ, de la défense de l'ordre et de la laïcité face au terrorisme islamiste: soyons sérieux, ce n'est pas ces frappes de l'OTAN qui vont faire plonger la Syrie dans une situation plus noire encore. 

Veut-on que Bachar-al-Assad et la colonie de sadiques qui l'entourent, qui ont l'ascendant sur le terrain grâce à ses tuteurs russes et iraniens continuent à employer des armes chimiques quand ça lui chante afin de "punir" les habitants des dernières poches de résistance à sa dictature? Appellera t-on Paix sa victoire qui le fera triompher sur des cimetières et des villes détruites qui couvrent toute la Syrie?

Soyons lucides: aucun avenir de paix ne peut être fondé sur le triomphe d'un pouvoir criminel et fasciste appuyé sur des armées étrangères, et qui a humilié, martyrisé, chassé de chez lui, la majeure partie de son peuple.

Seul un départ de Bachar-al-Assad, un commencement de reconnaissance des crimes et de justice, peut faire revenir un semblant de paix en Syrie, et le retour des millions des réfugiés, fusse sous l'égide de ceux qui lui ont permis de s'acheminer vers la victoire militaire, russes et iraniens.

Les forces rebelles et les chefs de guerre islamistes de la rébellion, l'ASL, de Al-Qaida, du Front al Nosra, et a fortiori de Daesch, les pires de tous, ont aussi commis des crimes contre les populations, mais il n'y aurait peut-être pas eu une telle islamisation de la résistance à Bachar-al-Assad, qui était au départ en grande partie pacifique, laïque, progressiste, multiculturelle, si les occidentaux n'avaient pas abandonnés les populations syriennes révoltées à la brutalité de la répression qui ne laissait aucun échappatoire, notamment aux déserteurs refusant de massacrer leurs compatriotes.

Ceux qui à l'époque n'envisageaient même pas la possibilité d'une intervention internationale pour former des couloirs aériens et empêcher les avions et hélicoptères de Bachar-al-Assad de massacrer des populations de zones révoltées mais largement désarmées doivent tout de même aux conséquences qui cette fois-ci sont avérées: ce sont l'Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie qui ont armé les rebelles, en orientant la résistance vers l'islamisme politique, et les massacres ont pu continué avec une violence inouïe rappelant la sauvagerie de la guerre du Liban.   

Parler de pacifisme, de refus de toute intervention militaire, de paix à tout prix quand la guerre est déjà là peut être une manière de faire son Ponce Pilate qui s'en lave les mains. 

Les interrogations que nous pouvons avoir par rapport à l'intervention militaire d'il y a deux jours concernent moins sa légitimité (il n'y avait aucun cadre pour faire en sorte qu'elle se déroule sous la houlette multilatérale de l'ONU, tout le monde entre et bombarde en Syrie, et depuis bien longtemps...) que ses buts, son utilité et son efficacité.

S'agit-il seulement de messages politiciens envoyés aux opinions nationales? "Voyez, on fait quelque chose à la énième attaque chimique du régime de Bachar-al-Assad (il y a sans doute eu aussi des attaques des forces islamistes rebelles, mais moins nombreuses), comme on l'avait annoncé: on n'est pas impuissants". Ou d'un message envoyé aux russes et à Bachar-al-Assad: "il faudra compter avec nous pour l'avenir de la Syrie, vous ne pourrez pas régler les choses à votre seule convenance... " En tout cas, par rapport à des forces en présence qui ont fait la preuve de leur cynisme et de leur absence totale de scrupule, et je n'exclue pas les Américains, les Russes et les Européens, qui ont lâché les Kurdes vainqueurs de Daesch à Afrin, pas sûr que ces messages appuyés sur une réaction assez inoffensive et faible qui ne changera rien au rapport de force existant (mais est-ce encore possible?) soient vraiment efficaces.  

C'est plus sur ce critère des vrais buts et de l'efficacité de ces frappes militaires à mon avis qu'on peut critiquer cette intervention extérieure des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne que sur le principe, au nom d'un anti-impérialisme ou d'un anti-américanisme de réflexe que l'on aura mis précédemment en sourdine quand il s'agissait d'aller frapper Daesch et armer les forces qui combattaient Daesch sur le terrain. 

Ismaël Dupont, le 15 avril 2018    

     

 

       

 

Frappes occidentales sur la Syrie: une escalade dans la guerre? Des indignations sélectives - point de vue d'Ismaël Dupont et lien avec un article de Jean-Pierre Perrin dans Médiapart (14 avril 2018)
Un avertissement pour le pouvoir syrien
 PAR - Médiapart

Les frappes menées contre les installations syriennes vont réduire la capacité du régime Assad à mener d’autres attaques chimiques contre les dernières poches qui lui résistent, en particulier la grande province d’Idlib. Elles pourraient conduire à une reprise des négociations en vue d’une solution politique. 

Après les frappes américaines, françaises et britanniques, les premières images de la télévision syrienne sont étonnantes : elles montrent Bachar al-Assad traversant en diagonale et en silence l’immense salle de l’un de ses palais. Même si ce n’était évidemment pas leur but, elles révèlent à leur façon l’isolement du dictateur, qui ne doit sa survie qu’au soutien de Moscou, du régime iranien, du Hezbollah libanais et de quelques groupes chiites affidés.

Sans doute le cours de la guerre en Syrie ne va-t-il pas en être changé – avec la prise de la totalité de la Ghouta, Bachar al-Assad et, surtout, ses alliés l’ont gagnée militairement. Mais les frappes constituent néanmoins une étape importante en ce sens qu’elles vont réduire la capacité du régime à mener d’autres attaques chimiques contre les dernières poches qui lui résistent, en particulier la grande province d’Idlib.

Une grave attaque chimique avait d’ailleurs déjà eu lieu, le 4 avril 2017, contre Khan Cheikhoun, une localité de cette province, qui avait fait 84 morts, provoqué la fuite de tous ses habitants et déclenché, pour la première fois, une riposte américaine – 59 missiles de croisière Tomahawk avaient été alors tirés contre la base d’Al-Chaayrate, d’où avaient décollé les avions syriens. 

Le message politique principal de l’opération occidentale survenue dans la nuit du 13 au 14 avril est donc d’abord de dissuader le régime syrien – il s’adresse aussi à d’autres pays susceptibles d’y avoir recours –  d’employer à nouveau l’arme chimique. « Sur la question de l’arme chimique, il y a une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir et si d’aventure elle était refranchie, il y aurait une autre intervention », a bien pris soin de préciser Jean-Yves Le Drian, le ministre français des affaires étrangères. Il a même ajouté : « Mais je pense que la leçon sera comprise. » Donald Trump et James Mattis, son secrétaire d’État à la défense, ont de leur côté précisé dans leurs discours respectifs que Bachar al-Assad n’avait pas compris le message lors des précédentes frappes, et qu’il y en aurait encore d’autres s’il utilisait à nouveau les armes chimiques. Si Mattis a admis qu’il était impossible d’être sûr que ces nouvelles frappes allaient être en mesure de le dissuader, il demeure que la punition semble plus dure que celle de l’an dernier.

Dès lors, les frappes ont été clairement limitées à cet aspect. Deux centres de stockage à Homs, la « capitale militaire » du régime, un autre de production et de recherches, à Damas, dans le quartier de Barzeh (nord-est de la ville), ont ainsi été pris pour cibles. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), « plusieurs bases militaires », dont semble-t-il deux aéroports, et des locaux de la Garde républicaine, la garde prétorienne du régime, la seule en capacité d’utiliser des armes de destruction massive, ont également été visés dans la capitale syrienne et ses environs. En revanche, aucun centre de commandement de l’armée n’a été attaqué. Il s’agit donc d’une attaque a minima.

Même si seules les principales attaques ont été véritablement documentées, l’arme chimique a été constamment utilisée par le régime baasiste depuis le début de la guerre civile, à l’été 2011. Les experts estiment que celle-ci a été employée à environ 80 reprises – à noter, un cas d’utilisation de gaz ypérite imputé à l’État islamique. Selon un rapport d’évaluation émanant du Quai d’Orsay, Damas utilise l’arme chimique à la fois « pour punir les populations civiles présentes dans les zones tenues par des combattants opposés au régime » et pour « provoquer sur elles un effet de terreur et de panique incitant à la reddition ». « Alors que la guerre n’est pas terminée pour le régime, il s’agit, par des frappes indiscriminées, de démontrer que toute résistance est inutile et de préparer la réduction des dernières poches », ajoute le rapport diplomatique. 


Jusqu’aux frappes occidentales de la nuit contre le régime, les attaques chimiques étaient donc attendues contre la province d’Idlib, la dernière enclave rebelle importante que l’armée syrienne n’a pas encore reconquise et sans laquelle le régime syrien ne peut complètement crier victoire. D’où la nécessité d’une vaste offensive pour atteindre cet objectif. Or, celui-ci est autrement plus difficile que celui de la Ghouta orientale. D’une part, la province d’Idlib compte une population de près de trois millions de personnes – contre moins de 400 000 dans la Ghouta. D’autre part, sa frontière avec la Turquie permet l’acheminement régulier d’armes, de munitions et de volontaires au profit des rebelles, dont certains des groupes comptent parmi les plus radicalisés. Ankara s’est d’ailleurs félicité de l’attaque américano-franco-britannique qui, selon le ministère turc des affaires étrangères, « exprime la conscience de l’humanité tout entière face à l’attaque de Douma que tout porte à attribuer au régime » syrien.

 

Enfin, l’insurrection dans la province d’Idlib s’est encore renforcée ces derniers mois avec l’arrivée des combattants évacués ces dernières semaines de la Ghouta orientale, dans le cadre d’accords de reddition négociés. Près de 20 000 hommes aguerris, appartenant à Ahrar al-Cham, Faïlaq al-Rahmane et Jaïch al-Islam ont ainsi pu sortir de l’enclave dans le cadre de ces arrangements. Sans l’arme chimique, comment l’armée syrienne, très affaiblie – elle serait réduite à un tiers de ses effectifs par rapport à 2011 – et épuisée par sept années de guerre, pourra-t-elle repartir à l’assaut d’Idlib ?

L’offensive contre la Ghouta orientale a été à ce sujet éloquente. La localité de Douma, pourtant aux portes de Damas, n’a pu être reconquise qu’avec l’appoint de combattants russes et sans doute iraniens. Dès lors, si l’offensive contre Idlib n’est pas à la portée des forces loyalistes, l’attaque occidentale relance l’hypothèse d’une solution politique au conflit syrien. À une condition : est-ce que leurs frappes vont amener les Occidentaux, en particulier les États-Unis qui donnent pour le moment des indications contraires, à s’engager davantage en Syrie pour faire émerger une solution politique ? Sans cet engagement, elles n’auront qu’un effet limité sur la suite du conflit.

Pour le politologue et chercheur Ziad Majed, trois possibilités se dégagent : « Soit les Russes cherchent à se venger, en bombardant plus intensivement les zones rebelles pour montrer leur défiance, mais je doute fort qu’ils puissent lancer une grande offensive. Soit il y a une fermeté occidentale mettant fin à toute ambiguïté vis-à-vis du régime Assad et au rejet de toute normalisation avec lui, ce qui pourrait amener dans ce cas de nouvelles négociations à travers les processus de Genève ou d’Astana, sans grandes escalades sur le terrain ». Soit, enfin, conclut-il, « l’administration américaine ira plus loin et tentera, à travers des contacts, à causer des contradictions entre Russes et Iraniens en proposant aux premiers des arrangements et des solutions à condition qu’ils expulsent les Iraniens de Syrie – les Russes pourraient être tentés par cette solution à long terme mais, évidemment, les Iraniens ne sont prêts pas se laisser faire ».  Là, sont les véritables enjeux au lendemain du bombardement. 

 

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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 19:16
Lula en prison: un coup d'Etat contre la démocratie de la droite et de l'oligarchie brésilienne
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Lula en prison: un coup d'Etat contre la démocratie de la droite et de l'oligarchie brésilienne

Reportage photos d'Yvon Huet

Rassemblement dimanche cet après-midi à Paris, place de la République, à l'appel, du PT (Brésil), des organisations CGT, PCF et FI entre autres.

Lula c’est le Brésil qui relève la tête. C’est tout un peuple qui prend conscience que pour la 1ere fois, le gouvernement est le sien et travaille pour lui. Que non seulement on peut rendre la société plus égalitaire mais aussi participer à cette aventure humaine. Des dizaines de millions de Brésiliennes et Brésiliens sont sortis de la pauvreté, ont eu accès un parcours de santé auparavant absent ou cher, ont pu vivre dignement, aller à l’université. C’est un racisme de classe qui disparaissait peu à peu au profit de la construction d’une société plus fraternelle. Bien sûr rien n’était parfait mais son intégrité et son dévouement à son peuple n’ont jamais été remis en cause. Maintenant la vieille garde corrompue veut siffler la fin de la récré en enterrant l’espoir et en abattant une à une les conquêtes sociales des précédents mandats. Laisser Lula en prison c’est accepter le coup d’état et la restauration de la dictature cette fois soutenue par la finance.


#FreeLula #ForaTemer #LulaPresidente #BrasilMeuAmor
 

Brésil. "Je vais me conformer au mandat de dépôt et vous deviendrez tous Lula"
DIMANCHE, 8 AVRIL, 2018
HUMANITe

L'ancien président de 72 ans, "Lula" da Silva s'est  livré à la police samedi 7 avril. 

Aussitôt arrêté, Lula a été transféré par avion à Curitiba, ville du sud du pays, où il avait été jugé et condamné, puis acheminé au siège local de la police fédérale pour entamer sa période de détention. Des affrontements ont éclaté devant le bâtiment entre des partisans de l'ex-chef de l'Etat et la police qui a utilisé des grenades assourdissantes, du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour les disperser.

Lula a prononcé discours devant les membres du PT

Avant de se livrer aux forces de l'ordre, Lula a de nouveau clamé son innocence et dénoncé un "crime politique" devant des centaines de membres du Parti des travailleurs rassemblés devant le siège du syndicat des métallurgistes à Sao Paulo, là où il a entamé sa carrière politique et où il s'était réfugié depuis jeudi. "Je vais me conformer au mandat de dépôt et vous deviendrez tous Lula", a-t-il promis. "Je ne suis pas au-dessus des lois. Si je ne croyais pas à la loi, je n'aurais pas créé de parti politique, j'aurais fait une révolution."

Le silence des autres politiques 

Au moment où l'arrestation de Lula secoue le Brésil, la classe politique nationale fait au contraire preuve d'une grande discrétion, nombre de dirigeants étant sous le coup d'une enquête pour corruption.
Ce silence est d'autant plus assourdissant que le fait de voir l'icône de la gauche brésilienne et le favori de la présidentielle d'octobre derrière les barreaux rebat les cartes de ce scrutin.
"L'Opération Lavage-express est allé bien plus loin que ce que tout le monde croyait, les principaux partis, les grandes figures du Parlement et (le président Michel) Temer lui-même", déclare à l'AFP Sylvio Costa, fondateur du site d'actualité politique Congreso em Foco.

A qui le tour ?

"Dans leur tête, ça n'irait jamais aussi loin. Ils sont stupéfaits", ajoute-t-il. "Si Lula, qui est si populaire et en tête des sondages cette année, va en prison, que va-t-il m'arriver?", doivent-ils se demander, juge M. Costa.
Selon le site Congresso em Foco, près de 40% des députés et sénateurs brésiliens sont actuellement dans le viseur de la justice pour détournements supposés de fonds publics ou pour avoir reçu des pots-de-vin.
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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 06:17
Mort d’Isao Takahata, maître de l’animation japonaise, réalisateur du Tombeau des Lucioles, pacifiste et sympathisant communiste (Lina Sankari, L'Humanité, 6 avril 2018)

"Pacifiste convaincu, sympathisant communiste et fervent critique du militarisme de l’actuel premier ministre Shinzo Abe, Isao Takahata laisse une œuvre empreinte de poésie où la pureté de l’enfance le dispute aux affres du monde(...) l’histoire du Tombeau des Lucioles est aussi un peu la sienne. Après le bombardement américain sur Okayama, en juin 1945, alors âgé de dix ans, il fuit en pyjama avec l’une de ses sœurs. Pendant deux jours, il est sans nouvelle de ses parents."
Lina Sankari

Mort d’Isao Takahata, maître de l’animation japonaise, réalisateur du Tombeau des Lucioles, pacifiste et sympathisant communiste (Lina Sankari, L'Humanité, 6 avril 2018)
Mort d’Isao Takahata, maître de l’animation japonaise
LINA SANKARI
VENDREDI, 6 AVRIL, 2018
HUMANITE.FR

Sympathisant communiste, le cofondateur des studios Ghibli laisse derrière lui une œuvre empreinte de poésie et de pureté.

C’est une part de sensible et de poésie qui s’en va avec Isao Takahata. Décédé jeudi 5 avril à l’âge de 82 ans, le réalisateur japonais du Tombeau des Lucioles a succombé des suites d’un cancer des poumons. Depuis l’été dernier, il vivait au rythme des problèmes cardiaques. Pacifiste convaincu, sympathisant communiste et fervent critique du militarisme de l’actuel premier ministre Shinzo Abe, Isao Takahata laisse une œuvre empreinte de poésie où la pureté de l’enfance le dispute aux affres du monde. Nommé aux Oscars en 2015 et sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes, pour Le Conte de la princesse Kaguya, il a cofondé les studios Ghibli en 1985 avec son compère de toujours Hayao Miyazaki.

Passionné par l'oeuvre de Prévert

Né en 1935 à Ujiyamada (depuis renommé Ise, au centre du pays), dans un Japon sombrant dans le totalitarisme, Isao Takahata est issu d’une famille de sept enfants. Il étudie la littérature française à l’université polytechnique de Tokyo et se prend de passion pour l’œuvre de Jacques Prévert et Paul Grimault. Leur travail agit sur lui comme un électrochoc. « Au cours de mes études, j'ai vu La Bergère et le Ramoneur de Paul Grimault, et cela a changé ma vie : j'ai décidé que je ferais des dessins animés (…) Sans doute Grimault est-il parvenu, plus que tout autre, à marier littérature et animation. Il m'a éveillé à la culture française, et à la sensibilité européenne, dont vous devez trouver des traces dans Le Tombeau des lucioles », expliquait-il dans Positif. Il rejoint en 1959 la société de production Toei où, en tant qu’assistant, il effectue tous les travaux, y compris le balayage. C’est quatre ans plus tard, en 1963, qu’il signe la série Ken, l’enfant loup. C’est dans ce studio qu’il fait connaissance de Hayao Miyazaki avec qui il partage nombre de luttes syndicales. « Nous sommes devenus amis immédiatement », dira plus tard Takahata. Leur premier film commun, Horus, prince du soleil, série télé d'inspiration mythologique qui se déroule au nord de l'île d'Hokkaido, sort en 1968. Déjà le voyage initiatique est au centre de l’œuvre. Ensemble, ils collaborent à la série Heidi, la petite fille des Alpes (1974),Nausicaä de la vallée du vent (1984). L’Histoire du canal de Yanagawa(1987, réalisé en prise de vue réelle, lui permet d’expérimenter d’autres formes. Au sein du studio Ghibli, vingt-six films voient le jour avec à chaque fois un succès qui dépasse largement les frontières de l’archipel. En 2003, Le Voyage de Chihiro sera couronné d’un Oscar.

Bien qu’il ne dessine pas lui-même, Takahata reste très attaché au dessin à la main à l’ère du numérique, laissant, selon lui, l’imagination du spectateur plus libre. Dans tous ses films, la nature est un personnage à part entière qui s’anime dans la plus pure tradition des légendes japonaises. Dans Pompoko (1994), il s’inspire également de la mythologie en mettant en scène des Tanuki, esprits facétieux de la forêt, confrontés à la destruction de leur forêt par l’homme. « Finalement, ce qui leur arrive, c'est ce que nous vivons : nous sommes des tanukis obligés de nous déguiser en citadins ! C'est particulièrement vrai, par exemple, pour les ruraux qui viennent travailler à Tokyo, et qui sont victimes du stress, des maladies cardiaques ». En 2011, après la catastrophe de Fukushima, le studio Ghibli s’engage pour une sortie du nucléaire. Il contribue par ailleurs à fonder le groupe Eigajin Kyujo no Kai (Les cinéastes pour l’article 9) qui entend préserver le caractère pacifiste de la Constitution japonaise d’après-guerre contre les projets de réarmement du Japon et de participation à des théâtres d’opération extérieurs du nationaliste Shinzo Abe.

Car l’histoire du Tombeau des Lucioles est aussi un peu la sienne. Après le bombardement américain sur Okayama, en juin 1945, alors âgé de dix ans, il fuit en pyjama avec l’une de ses sœurs. Pendant deux jours, il est sans nouvelle de ses parents.

« Je me suis dit que la tragédie pouvait être un genre pour le dessin animé.
 Le Japon a une longue tradition de récits où dessins et textes sont liés et ces récits n'étaient pas forcément des farces. Comme d'autre part je considère que le dessin animé ne doit pas s'adresser uniquement aux enfants, je veux faire en sorte que toute la famille aille voir mes films. La guerre est horrible, des enfants meurent, et cela apparaît rarement à l'écran. Pour ce film j'ai recherché une manière simple de montrer ces choses. Ce n'est pas parce que c'est un film d'animation qu'il doit épargner les spectateurs, même les plus jeunes : ils doivent prendre conscience de la réalité », dit-il encore.

Le Tombeau des Lucioles inspiré du roman d’Akiyuki Nosaka, est salué comme son chef d’œuvre. Pour le réaliser, Takahata se rend dans des jardins d’enfants afin d’observer leurs réactions. Au contraire, les adultes y sont dépeints comme dénués de sentiments et de bienveillance. « Ce n'était pas de la méchanceté, c'était la guerre ! », dira-t-il a posteriori. Aujourd’hui, on se demande avec le fantôme de Setsuko, quatre ans, et personnage central du film : « Pourquoi est-ce que les lucioles meurent tellement vite » ?

Mort d’Isao Takahata, maître de l’animation japonaise, réalisateur du Tombeau des Lucioles, pacifiste et sympathisant communiste (Lina Sankari, L'Humanité, 6 avril 2018)
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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 06:08
photo association Survie

photo association Survie

Aujourd'hui nous sommes le 7 avril. Il y a 24 ans, jour pour jour, commençait le génocide des Tutsi au Rwanda. La France, via certains de ses responsables politiques et militaires, est complice. Avant, pendant,après le génocide,la France a soutenu le régime responsable de ce génocide. Aucun de ces responsables n'a à ce jour été jugé, renforçant un discours officiel fait de déni et d'hypocrisie, celui-ci s'auto-protégeant en ne déclassifiant pas ses archives (l'histoire officielle étant toujours écrite par le pouvoir). Aujourd'hui c'est donc jour de commémoration, de mémoire mais pour nous c'est surtout, une nouvelle fois, l'occasion de dire qu'on ne lâchera pas, jamais!

https://survie.org/themes/genocide-des-tutsis-au-rwanda/

https://jumophoto.wordpress.com/.../la-france-au-rwanda.../

 ethttps://jumophoto.wordpress.com/.../rwanda-1994-20-ans.../

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7 avril 2018 6 07 /04 /avril /2018 20:19
Yasser Mourtaja, journaliste palestinien, tombé sous les balles de l’armée israélienne. Il avait 20 ans.

Yasser Mourtaja, journaliste palestinien, tombé sous les balles de l’armée israélienne. Il avait 20 ans.

À Gaza, 20.000 participants aux manifestations du vendredi 6 avril.

8 Palestiniens tués (dont 1 mort des suites de blessures subies vendredi dernier).

Plus de 1 300 blessés. Au total, 29 Palestiniens tués et près de 3000 blessés en une semaine.

 #GreatReturnMarch

Pierre Barbancey, grand reporter à l'Humanité
ISRAËL, PRÉDATEUR DE JOURNALISTES

Notre confrère, le journaliste palestinien Yasser Mourtaja, a été tué par l'armée israélienne, alors qu'il couvrait les manifestations dans la bande de Gaza.
Yasser était donc un "terroriste", selon les critères de l'armée qui s'auto-proclame "la plus morale au monde"?
Je salue la mémoire de Yasser Mourtaja.
Honte au gouvernement d'extrême-droite de Netanyahou.

Rosa Moussaoui (journaliste à l'Humanité): 
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