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18 mars 2025 2 18 /03 /mars /2025 06:46
Guerre en Ukraine, Trump, Gaza : le conseil national du PCF ausculte le désordre du monde

Le conseil national du PCF s’est penché, samedi, sur la situation internationale. L’absence de réelles négociations pour la paix en Ukraine et l’arrivée de Donald Trump au pouvoir inquiètent particulièrement.

Gaël De Santis L'Humanité, 16 mars 2025

Les communistes veulent un autre ordre du monde. À l’heure où l’extrême droite s’installe à la tête des États-Unis et où la guerre en Ukraine fait rage, « le monde s’engage dans une course folle », s’inquiète Fabien Roussel, qui introduisait les travaux du conseil national du PCF, ce samedi à Paris. Avec une optique : « Nous devons actualiser notre corpus au regard des enjeux nouveaux » en observant les logiques de puissances à l’œuvre.

S’il se montre sévère face à l’attitude des pays occidentaux, il invite à « ne pas dédouaner Poutine », qu’il repeint en « nouveau tsar de Russie, qui lui aussi, dans un monde multipolaire, cherche à asseoir la puissance de son pays face aux États-Unis, à la Chine ».

Un débat sur les dépenses militaires

Alors que les négociations entre Moscou et Washington se tiennent dans le dos des Ukrainiens, le dirigeant communiste souhaite que l’Union européenne et la France prennent « l’initiative d’appeler à une nouvelle conférence pour la sécurité des peuples d’Europe, une nouvelle conférence d’Helsinki comme ce fut le cas dans les années 1970 pour mettre fin au risque de guerre ».

À terme, cette conférence, à laquelle participeraient tous les pays du continent, doit permettre « la sortie et la dissolution de l’Otan et une reprise des négociations pour un désarmement global en Europe ».

Il dénonce notamment le « choix de la fuite en avant sociale et militaire » des dirigeants libéraux, qui « entendent profiter de cette crise pour mettre en place une économie de guerre et s’en prendre à l’ensemble de nos conquis sociaux ». Pour autant, il assume le besoin « d’investir dans les moyens de défense nationale (…) pour nous libérer de la tutelle américaine et de toute tutelle étrangère » et non pour « se projeter dans des guerres impérialistes à l’étranger ». Cela appelle, selon lui, à « une base industrielle française, indépendante ».

Attention à ne pas augmenter les dépenses militaires, se sont inquiétés certains conseillers nationaux. « Les Français ont compris l’économie de guerre telle que les gouvernants la comprennent : c’est encore plus d’austérité », a ainsi prévenu Denis Durand. « Nous n’avons pas à souscrire aux 800 milliards réclamés par l’UE, qui ne sont prévus qu’au seul bénéfice des marchands de canons et du capital en difficulté », alerte Marie-Christine Burricand. D’autres appellent en revanche à ne pas « opposer dépenses pour se défendre et dépenses sociales, les gens ne le comprendraient pas ».

Attaques contre les sciences

L’attaque de l’extrême droite contre les savoirs a animé une partie des débats. Amar Bellal, responsable du secteur écologie, dénonce la « censure de la science », citant le fait que l’agence météorologique des États-Unis ne « mentionne plus le CO2 sur sa page Web » ou que la Nasa a rompu tout « soutien technique au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ».

Il s’agit d’un « projet politique visant à asseoir une hégémonie politique » et dans lequel « tout ce qui est contestataire est balayé », s’insurge Jean-Noël Aqua, qui énumère les domaines visés par l’administration Trump : la recherche sur le climat, les pesticides, la domination patriarcale, etc.

Le conseiller de Paris Jacques Baudrier s’inquiète, avec l’arrivée de l’extrême droite aux États-Unis d’une « politique irresponsable de l’industrie fossile » et voit dans l’alliance naissante entre Donald Trump et Vladimir Poutine « l’union de deux pays qui veulent un développement économique sur la base de l’énergie fossile », dangereuse pour le climat.

Pour les communistes, les tensions internationales naissent des concurrences économiques. « Les États-Unis, la France » considèrent les Brics « comme des menaces nouvelles », estime Fabien Roussel, inquiet : « Quand des puissances capitalistes ont peur, elles attaquent. La guerre devient un moyen d’asseoir leur domination. »

Aux origines des tensions, on trouve entre autres le « capitalisme états-unien », qui « mène la guerre économique » et « assèche les capitaux du monde entier pour son propre développement, afin de faire remonter le taux de profit du capital américain et protéger le dollar contre les attaques des Brics », qui cherchent à s’émanciper de leur dépendance au billet vert, souligne Frédéric Boccara.

Au terme des débats, le conseil national du PCF a adopté une résolution afin de faire de la « France une voix indépendante pour la paix », qui dénonce « la fuite en avant guerrière », les politiques de Donald Trump et Vladimir Poutine, et invite la France à réinvestir les cadres internationaux de discussions sur le désarmement et à promouvoir une initiative pour une paix juste en Ukraine.

 

 

Municipales 2026 : un appel à la riposte

La direction communiste s’est penchée, samedi, sur les municipales de 2026. Elle s’inquiète, dans une résolution, des menaces « d’asphyxie financière » des collectivités territoriales due à l’austérité. Le PCF fait le choix de ne pas nationaliser le scrutin pour porter des « programmes ambitieux alliant progrès social et transition écologique » construits dans les territoires, avec les autres forces de gauche et les citoyens.

Plusieurs conseillers nationaux ont invité à s’inscrire dans le cadre du Nouveau Front populaire. Il n’existe, pour l’heure, pas de négociations nationales entre les quatre partis de la coalition de gauche. Le PCF appelle à des « rassemblements les plus larges », faisant valoir qu’il est la deuxième force de gauche en nombre d’élus. Des chefs de file seront désignés, cet été, dans les villes de plus de 20 000 habitants.

Guerre en Ukraine, Trump, Gaza : le conseil national du PCF ausculte le désordre du monde
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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 07:05
André Chassaigne, « un monument de l’Assemblée et un militant » (Aurelien Soucheyre - L'Humanité, 15 mars 2025)
André Chassaigne, « un monument de l’Assemblée et un militant »

Figure centrale du PCF et de l’Assemblée nationale, le chef de file des députés communistes a été élu vendredi 14 mars maire-adjoint, à Saint-Amand-Roche-Savine, dans son Puy-de-Dôme natal. Il prévoit de rendre fin mars son mandat parlementaire. Portrait d’un combattant de l’intérêt général.

André Chassaigne, « un monument de l’Assemblée et un militant » (Aurelien Soucheyre - L'Humanité, 15 mars 2025)
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14 mars 2025 5 14 /03 /mars /2025 06:45
Mort de Jean-François Téaldi, un journaliste combattant - Pierre Barbancey, L'Humanité, 12 mars 2025

Notre confrère, qui travaillait à France 3 Côte d’Azur avant de prendre sa retraite, nous a quittés. Il était un professionnel exigeant, défenseur du service public de l’audiovisuel, militant communiste et syndical. Ses obsèques auront lieu mercredi 19 mars à 16 heures au crématorium de Cannes.

Pierre Barbancey, L'Humanité, 12 mars 2025

Jean-François Téaldi nous a quittés après un long et douloureux combat contre la maladie, le seul peut-être qu’il a jamais perdu. Il venait d’avoir 73 ans. Combattant, c’est sans doute le mot qui le désigne le mieux, entièrement. Depuis très jeune jusqu’à son dernier soupir. Il y a quelques jours encore, il postait des messages sur les réseaux sociaux pour mettre en avant une émission avec Fabien Roussel, un rendez-vous de la section du PCF de Cagnes-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes, ou un commentaire sur l’actualité internationale.

Jef, comme tous ses amis l’appelaient, avait le journalisme chevillé au corps. Lui le fils de prolo, le gamin qui a grandi dans un quartier populaire de Cannes, savait ce qu’était la ségrégation sociale. C’est à la faculté des lettres de Nice qu’il adhère à l’Union des étudiants communistes (UEC), puis au PCF. Côté syndical, il s’engage à l’Unef dite Renouveau.

Journaliste, syndicaliste, communiste

Mais peut-être faut-il chercher dans son amour de la vérité et des petites gens son choix professionnel. Chercher, interroger, comprendre, tel était son mantra. En 1977, il devient pigiste pour le quotidien Nice-Matin et à l’antenne locale de FR3. Le passionné de foot qu’il était saute sur les multiplexes de France Inter. Il devient, en 1982, journaliste spécialisé à FR3 Méditerranée puis présentateur du JT à FR3 Côte d’Azur. Il animait également une émission culturelle particulièrement remarquée où, pour une fois, les plasticiens pouvaient parler à un large public. Ce qui ne l’empêchait pas de multiplier les reportages à l’étranger au Liban, en Afrique du Sud (avec Ernest Pignon-Ernest parti remettre à Nelson Mandela les œuvres des artistes contre l’apartheid), en Afrique du Nord, au Japon…

Ce métier, qu’il a aimé passionnément, il l’assumait totalement, y compris en restant attaché à sa station locale. Être journaliste, c’était être citoyen. Un citoyen avec des engagements politiques et syndicaux, membre du Comité national du PCF de 2008 à 2016 et secrétaire général du SNJ-CGT à France Télévisions et pour l’ensemble de l’audiovisuel public et privé, de 2002 à 2012. C’est d’ailleurs le titre de l’ouvrage qu’il a publié en 2017 au titre répulsif pour certains mais que beaucoup devraient méditer. Journaliste, syndicaliste, communiste. Trente-sept ans d’un combat dans l’audiovisuel public (éditions Tirésias-Michel Reynaud). Un ouvrage qui, pour ceux qui ne connaissaient pas Jef, permet de découvrir toutes les facettes de sa personnalité.

C’est le regretté Marcel Trillat, autre grand défenseur du service public de l’audiovisuel et communiste dans l’âme, qui a réalisé cet important entretien. « La mémoire de Jean-François Téaldi fourmille d’anecdotes (…) : il n’a pas toujours été facile d’être communiste, dans une télévision publique longtemps contrôlée par le pouvoir politique », écrivait l’ancien PDG de France Télévisions Hervé Bourges dans la préface. Il sera d’ailleurs « débarqué » de son poste de rédacteur en chef de FR3 Nice sans raison valable. Son rôle leader dans les grèves de France Télévisions n’y est évidemment pour rien !

 

Le 15 mars 2017, Jean-François Téaldi confiait à notre collègue Caroline Constant, dans une interview publiée dans l’Humanité : « Le mythe de la neutralité ou de l’objectivité a toujours existé. Je l’ai toujours réfuté. Y compris dans les écoles de journalisme où j’ai enseigné. » Il fallait le voir dans ses émissions face à Jacques Médecin, Jean-Marie Le Pen, Christian Estrosi ou Bernard Tapie, les poussant dans leurs retranchements, dévoilant leurs contradictions, ne cédant jamais avant d’obtenir une réponse, malgré les invectives. « Je sais bien que vous voudriez que mes idées aient la couleur de votre veste », lui a même lancé l’ancien député FN, Jacques Peyrat, qui allait devenir maire de Nice après avoir décollé son étiquette.

Avec Jef, c’est un camarade, un ami et un frère qui nous quitte. Nous avons en tête mille anecdotes, de rires, d’engueulades, de désaccords politiques (rarement), de bons moments passés à la Fête de l’Huma, au Village du monde et au stand des Amis avec Trillat, Pignon-Ernest et bien d’autres encore. Et à Nice, bien sûr, aux deux rendez-vous annuels du PCF, la fête du Château et celle de l’hebdomadaire « Le Patriote Côte d’Azur ». Sans parler des échappées dans de petites échoppes inconnues des touristes dans la vieille ville.

« Chez moi, il n’y avait ni livres, ni télévision, ni voiture. Ma culture politique et culturelle, je la tiens du Parti communiste. Ça me structure et ça me structurera jusqu’à ma mort », confiait-il à l’Huma, son journal, qu’il lisait chaque jour, y compris dans les derniers moments. A luta continua, Jef, comme disait Miriam Makeba dans cette chanson que tu aimais tant. À Marie-France, son épouse, nous disons notre peine.

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11 mars 2025 2 11 /03 /mars /2025 06:09
"Tout ça pour ça": le spleen d'André Chassaigne avant de rendre son écharpe de député (Huffington Post)
Un grand monsieur de la politique. Merci André Chassaigne
 
POLITIQUE - Après vingt-trois ans passés sur les bancs de l’Assemblée nationale, André Chassaigne s’apprête à tirer sa révérence. Dans les prochains jours, le président du groupe GDR rangera son écharpe de député au placard, lui préférant celle d’adjoint au maire de Saint-Amant-Roche-Savine (Puy-de-Dôme). « Le mandat local me manque. Mon rêve est de revenir aux fonctions que j’avais à 27 ans pour finir ma vie politique en toute humilité », justifie-t-il auprès de LCP.
Mais avant de définitivement quitter le Palais Bourbon, « Dédé le rouge », comme le surnomment certains de ses amis, est revenu sur sa longue carrière politique et a assuré s’en aller « avec le sentiment du travail accompli » : « J’ai fait mon travail d’élu, comme maire, comme conseiller général, puis comme député. J’en suis fier. Je n’ai pas honte de ce que j’ai fait ». Il est entré à l’Assemblée pour la première fois en 2002, et s’est ensuite fait réélire à cinq reprises.
Pour autant, le communiste à la célèbre moustache porte un regard amer sur la situation politique actuelle. « J’ai commencé à militer à l’âge de 16 ans, j’en ai 75 aujourd’hui. Nous assistons aujourd’hui à une dérive planétaire sur les valeurs humanistes qu’on écrabouille », a-t-il exposé sur LCP. Il parle de ces individus dépourvus de « morale » qui « deviennent chef d’État » et qui « écrasent tout le monde », tel Donald Trump. « Tout ça pour ça ! », finit par conclure André Chassaigne qui fait part d’une forme de spleen à l’heure de raccrocher les gants : « Quand on a une vie de militant et d’élu comme moi, j’arrive à 75 ans dans un monde qui est à l’opposé de ce que j’ai toujours voulu construire ».
« Un vieux meuble de l’Assemblée »
Conscient d’être devenu au fil du temps une figure emblématique de l’Assemblée, André Chassaigne assume de vouloir transmettre le flambeau à la jeune génération. C’est son suppléant Julien Brugerolles, 43 ans, qui prendra la suite. Quand on lui demande s’il a l’impression d’être « un vieux meuble de l’Assemblée », le président de groupe répond avec humour : « Allez dans un magasin de brocante ou une antiquité, vous verrez que les vieux meubles ça ne se vend plus, les jeunes n’en veulent plus. Il faut faire du moderne ».
Son meilleur souvenir dans l’hémicycle, révèle-t-il, restera la loi sur les retraites agricoles qu’il a initiée et qui porte désormais son nom. Celle-ci réhausse le montant minimum des pensions des agriculteurs à 85 % du SMIC net agricole. « Un combat de plusieurs année s», souligne celui qui est devenu l’un des derniers représentants du communisme rural à l’Assemblée : « J’ai toujours fait de la politique avec mes tripes ». Il continuera à en faire, mais loin de la capitale.
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11 mars 2025 2 11 /03 /mars /2025 06:07
Guerre en Ukraine, principes de sécurité collective, travail pour la paix - Intervention de Marianne Margaté, sénatrice communiste, au Sénat le 6 mars 2025

La guerre en Ukraine, trois ans après l’invasion russe, demeure une plaie ouverte au cœur de l'Europe. Derrière l’enlisement militaire et les discours belliqueux, une évidence s’impose : aucune solution purement militaire ne mettra fin à ce conflit. Les récentes déclarations d’Emmanuel Macron sur « l’autonomie stratégique européenne », évoquant notamment l’éventuelle extension du parapluie nucléaire français, révèlent moins une vision cohérente qu'un aveu d’impuissance. Ce projet, flou et dangereux, ne répond pas aux urgences actuelles : désamorcer l’escalade, assurer la sécurité collective et penser la paix hors des logiques de blocs.

Un million de victimes plus tard, le constat est implacable : l’escalade militariste a échoué. Les livraisons massives d’armes, censées faire barrage à l’agression russe, n’ont fait qu’alimenter une machine de guerre destructrice, affectant gravement les populations ukrainiennes, russes et européennes. Les profits record des industriels de l’armement (+29 % pour Lockheed Martin en 2024) contrastent violemment avec l’asphyxie des budgets sociaux européens, où inflation et dette publique fragilisent les services essentiels.

Cette guerre, issue d’une mondialisation capitaliste en crise, ne bénéficie à aucun peuple. Elle profite exclusivement à une minorité : oligarques russes avides de rentes énergétiques, fonds spéculatifs tirant profit de la dette ukrainienne, et complexe militaro-industriel occidental. Tandis que les armes font des centaines de milliers de victimes sur le terrain, c’est dans les capitales, les conseils d’administration et lors de négociations opaques que se décide l’avenir de ce conflit — un avenir où l’Ukraine risque de sortir exsangue, quel que soit le camp proclamé « vainqueur ».

Les projets de « reconstruction » de l’Ukraine, souvent présentés comme une lueur d’espoir, exigent une vigilance renforcée. Dirigés par des institutions telles que BlackRock ou le FMI, ces plans risquent de transformer le pays en laboratoire néolibéral : accaparement des terres agricoles par des fonds spéculatifs, privatisation des infrastructures au bénéfice des multinationales, droits sociaux sacrifiés sur l’autel de la « compétitivité ». Ce scénario, déjà observé en Irak ou en Grèce, imposerait une double peine aux Ukrainiens : après la guerre, la dilapidation.

L’Europe, quant à elle, paie le prix de sa dépendance stratégique. Pris de court par un Donald Trump isolationniste qui entend redéployer ses forces face à la Chine, Emmanuel Macron s’est livré à une rhétorique martiale, préparant les Français à un effort de guerre. Mais qu’en est-il de l’effort de paix auquel aspirent tous les peuples ? L’idée d’une guerre imminente contre une Russie prête à débarquer sur les Champs-Élysées apparaît davantage comme une justification commode à des politiques d’austérité qu’une réalité tangible.

Alors que nos collectivités locales cherchent désespérément à faire plus avec toujours moins, et que nos services publics s’épuisent à pallier les carences, le gouvernement semble pourtant capable de mobiliser soudainement des ressources considérables pour alimenter une escalade militaire aux objectifs incertains. Cette contradiction révèle un choix politique évident : sacrifier les besoins sociaux pour défendre une souveraineté factice, quitte à accentuer davantage les fractures internes d’une société déjà fragilisée par des crises successives. L’urgence véritable serait de reconstruire un modèle de coopération internationale fondé sur la solidarité, préservant ainsi à la fois la paix et le progrès social, plutôt que d’alimenter une spirale infinie de confrontations aux conséquences imprévisibles.

La France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a les moyens de sortir de l’immobilisme. Au lieu de s’enfermer dans une rhétorique guerrière, elle doit :

* Exiger un cessez-le-feu immédiat et soutenir des négociations sous l’égide de l’ONU, en impliquant des pays non-alignés (Inde, Brésil, Afrique du Sud) ainsi que les acteurs locaux ukrainiens et russes.

* Relancer les principes d’Helsinki de 1975, affirmant l’inviolabilité des frontières et la coopération paneuropéenne, tout en garantissant la sécurité de tous les États, y compris la Russie.

* Dialoguer activement avec les BRICS et organiser une conférence internationale sous l’égide du G20, afin de réduire le risque d'une guerre mondiale en incluant les pays du Sud global majoritaire.

La paix en Ukraine ne sera ni victoire ni capitulation, mais l’art fragile de concilier des intérêts antagonistes. À nous de refuser les simplifications dangereuses et de renouer avec notre vocation de puissance de paix, en exigeant l’arrêt immédiat des combats, en relançant le désarmement nucléaire et en construisant une sécurité européenne inclusive. Cela implique de rompre avec les logiques libérales qui ont laminé notre industrie, fragilisé notre souveraineté et jeté les peuples les uns contre les autres.

 

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11 mars 2025 2 11 /03 /mars /2025 06:00
Fabien Roussel appelle à relocaliser l’industrie, pour l’emploi et l’écologie (L'Humanité, Margot Bonnery, 5 mars 2025)
Fabien Roussel appelle à relocaliser l’industrie, pour l’emploi et l’écologie

Mardi, Fabien Roussel s’est rendu dans la Sarthe pour rencontrer les salariés du secteur automobile et soutenir la réindustrialisation du pays, alors que les promesses gouvernementales restent bien trop souvent lettre morte.

Margot Bonnéry Margot Bonnery, L'Humanité

Le Mans (Sarthe), envoyée spéciale.

Au pied de l’usine Renault Le Mans (Sarthe), les drapeaux rouges de la CGT fendent l’air. « Je contribue à fabriquer un véhicule que je ne pourrai jamais m’acheter. J’aime mon travail, mais mon salaire ne suit pas. J’aimerais mieux en vivre », fustige un ouvrier.

Alors que les salaires des Français stagnent, les véhicules sont de plus en plus chers. « Nous avons besoin d’une grande industrie dans notre pays qui permette de garantir un emploi avec un bon salaire et de bonnes conditions de travail pour que chacun puisse vivre dignement », insiste Fabien Roussel auprès des syndicalistes.

Malgré les belles promesses gouvernementales pour le développement de l’industrie française à la suite de la crise du Covid, cinq ans après aucune amélioration n’est remarquée par les ouvriers. Des usines ferment ou sont délocalisées, les salaires sont gelés, les carrières avant la retraite se rallongent… Pour y faire face, le PCF s’est lancé dans une campagne nationale pour défendre la réindustrialisation. « L’argent public et les aides aux entreprises doivent être conditionnés au maintien de l’emploi en France. C’est une règle d’or qu’on doit mettre en place, affirme Fabien Roussel. Relocaliser est le meilleur moyen de retrouver une indépendance, une souveraineté économique véritable. »

Relocaliser pour sauver l’emploi

« Les chiffres montrent que la production hexagonale de véhicules a beaucoup plus chuté que la vente. Pour retrouver notre indépendance financière, nous devons relocaliser puisqu’une grande partie de nos usines sont parties à l’étranger, comme en Roumanie, en Slovénie ou en Chine », analyse-t-il devant un panneau publicitaire représentant un châssis de Renault 5. En discutant avec les ouvriers, l’élu apprend que les pièces produites dans cette usine s’en vont à l’étranger pour être assemblées avant de revenir en France.

 

« Le bilan carbone de cette délocalisation dépasse l’entendement. Le climat et l’emploi sont menacés. L’ensemble des pièces automobiles doivent être fabriquées dans l’Hexagone », argumente-t-il. « Bien sûr qu’il faut décarboner l’industrie automobile, l’adapter au dérèglement climatique, mais comment créer l’industrie de demain, sans donner du travail à tous ces travailleurs et tous ces salariés ? » renchérit Hoël Le Moal, cosecrétaire de la section PCF du Mans.

Grâce à son ancrage dans le secteur, le site industriel du Mans n’est, pour l’heure, pas menacé de fermeture. Mais la délocalisation continue de ravager la région. À la fin du mois d’avril, l’équipementier automobile Valeo, à La Suze-sur-Sarthe, va mettre un terme à sa production en laissant 250 salariés sans emploi.

Même problématique dans la ville d’Allonnes, où la possible fermeture de l’usine NTN, spécialisée dans la fabrication de joints de transmission pour l’automobile, risque de laisser sur le carreau près de 127 employés. « Nous ne devons pas attendre que des usines ferment pour agir. Cette bataille pour l’industrie est un projet d’avenir. Elle va durer des mois, voire des années, mais nous ne devons pas baisser les bras », insiste Hoël Le Moal.

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4 mars 2025 2 04 /03 /mars /2025 06:13
Contre la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme, gagnons l’égalité des droits ! (PCF, 3 mars 2025)

Alors que depuis trois décennies, la tolérance à l’égard des « minorités » n’a cessé d’augmenter dans la société française, le dernier rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie de la CNCDH révèle une inquiétante montée de l’intolérance et même de la haine à l’égard de nos concitoyens juifs et musulmans tout particulièrement.

Sur les deux dernières années, les actes et paroles antisémites n’ont jamais été aussi importants depuis la Deuxième Guerre mondiale. Dans le même temps, la très forte augmentation des actes racistes va de pair avec la persistance d’un haut niveau de discriminations, notamment au travail (à l’embauche, dans l’exercice des missions, dans l’évolution de carrière…). Phénomène nouveau : l’utilisation croissante des logiciels d’IA dans la sélection des candidatures et l’« ubérisation » du travail alimentent la discrimination dans le monde du travail.

La xénophobie, le racisme, l'antisémitisme et les discriminations font partie de ces armes de division massive qui alimentent les fractures et permettent aux idéologies identitaires et à l’extrême droite de progresser partout. Cette progression est aujourd’hui largement permise par la parole même du Premier ministre, quand il évoque la « submersion migratoire » ou par les actes du ministre de l'Intérieur dont la circulaire dangereuse doit être abrogée.

Nous inscrivons résolument notre bataille contre le racisme dans une perspective indissociable de notre combat pour la justice sociale et intimement liée à la bataille universaliste pour l’égalité. Elle est celle de la République qui refuse de distinguer les êtres humains, quelle que soit leur nationalité, en fonction de leur origine, de leur couleur de peau ou de leur religion.

Nous combattons le racisme et la xénophobie qui demeurent des ressorts majeurs de la progression de l’extrême droite en alimentant le rejet des immigrés et en portant le principe de « priorité nationale », clé de voûte du programme du RN. Nous combattons avec autant de force la haine antijuive, qui a conduit dans notre pays à l’Affaire Dreyfus et à la collaboration avec le génocide hitlérien. Et parce que nous savons que la dynamique de l’extrême droite et des idéologies identitaires se nourrit de la crise économique et sociale, nous voulons remettre la question du travail au centre de la bataille politique et amplifier notre mobilisation pour une nouvelle industrialisation et pour le développement des services publics.

Fabien Roussel déclarait récemment : « Quand tout est fait pour nous diviser en fonction de notre couleur de peau, de notre religion, de notre lieu d’habitation – urbains versus ruraux –, quand certains à gauche ne proposent rien d’autres que le chaos, le travail doit être le socle du rassemblement ».

Le Parti communiste français réaffirme sa solidarité active à toutes les forces qui luttent contre le racisme et l’antisémitisme, contre les discriminations, pour l’égalité des droits et soutient l’appel « Né.e.s ici ou venu.e.s d’ailleurs, l’égalité des droits c’est pour toutes et tous ! Uni.e.s contre le racisme ! », initié par les associations antiracistes et de défense des droits humains, avec les organisations syndicales. Nous appelons à participer partout aux initiatives, rassemblements et manifestations, organisées dans ce cadre le samedi 22 mars 2025, pour la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale.

À cette occasion, nous exigeons :

  • La régularisation de tous les travailleuses et travailleurs sans-papiers ;
  • L’inéligibilité systématique des personnes condamnées pour racisme et antisémitisme ;
  • Des pouvoirs nouveaux pour les salariés et des moyens renforcés pour l’inspection et la médecine du travail, pour leur permettre de lutter efficacement contre toutes les formes de racisme et de discriminations dans les entreprises et les administrations ;
  • Des moyens renforcés pour la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) ;
  • Une réelle prise en compte et mise en œuvre des recommandations de la CNCDH.

Paris, le 3 mars 2025
Parti communiste français

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28 février 2025 5 28 /02 /février /2025 06:17
Médias : menons la bataille idéologique  - Fabien Gay, L'Humanité, 28 février 2025

De la stratégie de dédiabolisation à sa banalisation, puis sa normalisation, l’extrême droite a patiemment tissé sa toile, bien aidée par une partie des forces du capital qui voit en elle une garantie de poursuivre leur œuvre destructrice : épuiser le vivant et la nature pour suraccumuler les profits à leur avantage exclusif.

Du rôle d’influenceurs sur les réseaux sociaux à la prise de contrôle capitalistique de grands médias, en passant par la formation des futures élites et la création de fondations, musées et même d’un parc d’attractions, l’extrême droite a gangrené toute une partie de la société, façonnant peu à peu un nouveau récit national. De Bolloré à Stérin, dont nous avons révélé le projet Périclès, l’extrême droite avance aujourd’hui à visage découvert. Plus personne ne peut dire qu’il ne savait pas.

Leurs idées nauséabondes, racistes et xénophobes ont contaminé le débat médiatique désignant un bouc émissaire « idéal » à tous les maux de la société : l’étranger et surtout le musulman, qui représenteraient une menace existentielle et civilisationnelle pour la société française et européenne. En alimentant les peurs, les fantasmes et les préjugés, l’extrême droite n’hésite plus à instrumentaliser tous les faits divers, même les plus sordides ou meurtriers pour sa petite entreprise de haine.

Ce poison ne se limite pas aux chaînes de désinformation en continu où prennent place des spécialistes et des experts de la vérité alternative. Il atteint désormais les discours d’une grande partie de la droite dite républicaine. C’est dans ce contexte, que l’Arcom a décidé – non pas sous la pression « de l’extrême gauche » ou d’une quelconque théorie du complot – de retirer à C8, et son émission phare TPMP, mais aussi à la chaîne NRJ 12, leur fréquence TNT.

De France 4 à C8 en passant par D8, Cyril Hanouna est passé de gentil troubadour à bouffon des droites extrêmes. Insultes, propos et actes misogynes et homophobes, provocations multiples, son émission a été condamnée plus de 50 fois, sans aucun effet sur la ligne éditoriale. Pourtant, une fréquence d’État doit respecter la loi, remplir des obligations en matière de pluralisme des idées, de dignité humaine. Ce n’est donc pas la liberté d’expression qui est « assassinée », c’est bien le respect de nos lois qui est réaffirmé.

Cette machine infernale ne s’arrêtera pas et Hanouna rebondira. Si nous continuons à ne pas prendre au sérieux cette guerre idéologique, par naïveté ou passivité, nous le paierons tôt ou tard. Les grands défenseurs d’Hanouna ne désarment pas, préparant le coup d’après, en dressant des parallèles honteux entre cette décision de l’Arcom et la liberté de parution de Libération, de l’Humanité, attaquant même la Fête de l’Humanité. L’avertissement est donc clair : si l’extrême droite arrive au pouvoir, nos titres respectifs seront directement dans le viseur, non pas en nous censurant, mais en asséchant les aides publiques à la presse pour nous faire trébucher, voire tomber.

Il faut donc nous préparer à mener une offensive de la même ampleur. Il ne peut y avoir de démocratie pleine et entière sans presse libre et indépendante des puissances de l’argent qui garantit le pluralisme des idées. Les forces progressistes devraient porter l’exigence de mettre en œuvre une nouvelle loi anti-concentration des médias qui devrait interdire à une personne ou un groupe industriel de détenir plus de trois titres de presse différents. 90 % des titres de presse sont aux mains de 10 milliardaires. Rappelons que M. Bolloré détient toujours quatre fréquences. On est loin de la censure.

Autre idée, que nous proposons depuis deux ans, l’instauration d’une taxe, indolore pour les deniers publics, à hauteur d’1 % sur le chiffre d’affaires des recettes publicitaires du numérique, de la télévision, de la radio et de la presse papier, qui abonderait un fonds pour « l’indépendance et le pluralisme de la presse » dont pourraient bénéficier tous les titres qui répondent aux critères des médias à faibles ressources publicitaires.

Enfin nous proposons à tous les médias qui se sont rassemblés en juin dernier contre le risque d’une victoire du RN, de se réunir, se rencontrer et échanger pour tenir ensemble la première convention de la presse libre et indépendante, pour mener ensemble la bataille idéologique et médiatique dont notre pays a besoin pour résister à la contre-révolution réactionnaire mondiale et construire ensemble… Au travail !

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22 février 2025 6 22 /02 /février /2025 07:41
"L’exécutif nous emmène dans le mur" - Éditorial de Fabien Gay dans L'Humanité - 21 février 2025
"L’exécutif nous emmène dans le mur"
 
Éditorial de Fabien Gay, directeur de l'Humanité et sénateur communiste de Seine St Denis, dans L'Humanité - 21 février 2025 
 
Mais où va le gouvernement Bayrou ? Après avoir imposé, par un nouveau 49.3, un budget dégradé, copier-coller de celui de Barnier et en jouant sur les peurs – « La France a besoin d’un budget… même mauvais » –, ce gouvernement déroule une politique à faire pâlir de jalousie l’extrême droite. En plus de mentir éhontément devant la représentation nationale sur sa connaissance des crimes sexuels perpétrés au sein de l’établissement scolaire Bétharram, le premier ministre veut imposer un agenda politique inquiétant. Alors que Mayotte est encore à terre, soufflée par le cyclone Chido, qu’aucun euro n’est encore arrivé pour la reconstruction, ce gouvernement donne son feu vert à l’Assemblée nationale pour remettre en cause le droit du sol. Ceux qui se proclament sans cesse de la République et de son arc, pour mieux en exclure des forces progressistes, touchent donc à un de ses éléments fondateurs.
En s’asseyant sur les principes d’indivisibilité de la République et d’égalité devant la loi, en introduisant une discrimination fondée sur l’origine, totalement contraire à l’article Ier de la Constitution, le gouvernement franchit un nouveau cap et laisse planer le projet d’une réforme constitutionnelle plus globale sur le droit du sol. Car, après Mayotte, ce sera au tour de la Guyane puis, en réalité, de l’ensemble du territoire. Même le ministre des Outre-Mer, Manuel Valls, s’en inquiète. C’est dire la dérive ! Comment interpréter cette reprise d’une marotte de l’extrême droite tout en pensant l’étouffer ?
Le socle commun (macronistes, LR et affiliés) commet non seulement une grave erreur mais agit avec une lâcheté sans nom qui légitime l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Les projets de réforme sur la justice des mineurs qui veulent en finir avec l’excuse de minorité, ou encore le projet de loi agricole qui, au nom de la simplification, élude l’enjeu environnemental sont de cet acabit. À chaque fois, les droites permettent à l’extrême droite de valider ses thèses. Et, à la fin, ce seront eux qui avaleront le socle commun et s’empareront du pouvoir.
Refuser de voir cela est une erreur politique. Ce mouvement est mondial. Le monde de la tech, pointe avancée du capital le plus radicalisé, a choisi de favoriser les extrêmes droites partout sur la planète pour remodeler la géopolitique mondiale. L’Amérique de Musk exige de Trump qu’il annexe le Groenland et partage l’Ukraine, pour mettre la main sur les métaux précieux et les terres rares, pour envoyer des fusées SpaceX sur Mars. Leur vérité alternative est propulsée par de puissants algorithmes ou des médias amis. Et gare à ceux qui se mettront en travers de leur chemin. Il y a vingt ans, Bush alimentait la théorie de l’axe du mal pour mener des guerres en Irak et en Afghanistan. Le vice-président américain est venu rappeler aux peuples européens que, s’ils n’adhéraient pas à la grande alliance des réactionnaires, alors ils seraient considérés comme des ennemis de la « liberté d’expression », et donc de la liberté.
Nous vivons un basculement, ici, en France, avec un gouvernement libéral qui ne s'appuie sur aucune légitimité populaire et qui prépare les esprits à l’arrivée de l’extrême droite qui, elle-même, se trouve dans une accélération de l’histoire au niveau mondial. Il est temps que les forces de gauche et de l’écologie ripostent ensemble, dans le dialogue et non dans l’invective et les outrages. L’enjeu est trop grand. Il faut recréer l’espoir d’un projet porteur de rupture et de changement majeur pour la vie de milliers de travailleurs et travailleuses, basé sur le partage des pouvoirs, des savoirs et des richesses pour plus de justice sociale, l’écologie et la paix.
 
Fabien Gay
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20 février 2025 4 20 /02 /février /2025 09:46
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