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6 décembre 2017 3 06 /12 /décembre /2017 06:57
Communiqué de Jacques Casamarta, chef de file de la liste de gauche à l'Assemblée Territoriale PCF-Insoumis Corses - Ensemble - l'Avvene, a Corsica in cumunu - et déclarations scandaleuses de Mélenchon sur Bellacio qui confirme son soutien actif aux Nationalistes Corses contre ses soutiens aux Présidentielles

Communiqué de Jacques Casamarta, candidat issu des Insoumis à l'Assemblée Territoriale de Corse, chef de file de la liste PCF-Insoumis Corse - Ensemble Corse

Objet : Communiqué de Presse

ELECTIONS TERRITORIALES 2017

Un vif remerciement aux 6788 électrices et électeurs qui ont choisi le vote du changement avec la liste l'Avenir, la Corse en commun – l’Avvene, a Corsica in cumunu.

Cette liste, représentant la gauche sociale et environnementale, a réalisé 5,68 % lors de cet important scrutin. Par rapport à la liste du FDG de 2015, elle progresse très légèrement en pourcentage, mais elle ne se maintiendra pas au deuxième tour, car elle ne fusionnera avec aucune autre liste. Elle ne négociera pas de strapontins. Elle restera claire dans ses intentions politiques et elle ne soutiendra personnes pour ce second tour.

Il faudra dans les jours qui viennent, avec tous les militant(e)s engagé(e)s dans la démarche de rassemblement, tirer tous les enseignements de cette campagne qui a été rendue très difficile par les violentes attaques verbales et l'entreprise systématique de dénigrement dont la liste a été victime. Cette situation a pesé lourd dans les résultats. Des esprits malsains, au sein même de notre mouvement FI et de cette gauche de la transformation sociale, ont conduit à empêcher la Corse d'avoir une représentation démocratique de notre liste au sein de l'Assemblée Territoriale. Ils ont, de ce fait, exclu la gauche de cette institution la laissant uniquement entre des mains libérales.

Ajaccio le 5 décembre 2017.

 

 

Quand on a pas de cap de classe autre que son caprice et son intérêt opportuniste, et de cap idéologique autre que l'émergence du prétendu "nouveau monde" sur les cendres de l'ancien, et désormais l'anti-communisme primaire, voilà ce que ça donne chez Mélenchon. La déchéance finale: l'homme qui jubile devant les tas de ruines encore fumantes. 

Ce personnage n'avait rarement donné ainsi la pleine mesure de lui-même et de sa capacité de mauvaise foi (ou d'absence de foi politique, ce qui serait pire!) qu'en Corse où il a passé son temps à taper sur la seule liste de gauche et à draguer des nationalistes qui faisaient cause commune avec l'UMP aux municipales et n'apportent certainement pas de politique de progrès aux Corses. Cela fait penser à son mentor Mitterrand qui favorisait le Front National contre la droite par calcul opportuniste de court terme.

Mélenchon n'a eu que des insultes à dispenser aux Insoumis et communistes corses qui ont défendu sa candidature aux présidentielles et qui ont eu le tort de ne pas se soumettre à ses diktats de vieille diva usée.

 

Lu sur le site Bellacio sous la plume de Jean-Luc Mélenchon, tout miel avec Talamoni et Simeoni, tout fiel avec les Insoumis, Communistes Corses, et membres d'Ensemble qui soutenaient la seule liste gauche présentée à l'Assemblée Territoriale :

" La liste de monsieur Simeoni a fédéré les élécteurs de Corse en un tout massif et vivant. Elle a donné un centre de gravité à la société Corse. C’est un exploit quand on voit dans quel émiettement croupit la sphère politique sur le continent. Le signal avait été clairement donné il y a six mois. Les électeurs
avaient déjà élu trois députés sur quatre pris dans les rangs autonomistes. Le dégagisme en Corse, c’est eux qui l’incarnent, à l’évidence. Et c’est un dégagisme positif. Car il a un contenu, un projet de dépassement de la situation
actuelle. Il génère localement un enthousiasme et un optimisme fédérateur. Car le dégagisme n’est pas toujours vide de contenu comme le rabâchent les esprits superficiels qui exècrent tout ce qui sort du cadre prévu. Je me réjouis d’avoir eu ce dialogue amical avec les députés autonomistes à Paris. Il m’a permis, ainsi qu’à mes collègues du groupe parlementaire, de prendre la mesure de ce qui s’engageait sur place dans les rangs autonomistes. J’ai su qu’ils réclament
l’autonomie dans le cadre de la Constitution et de la République. Et je n’y vois pas d’inconvénients".

Les faussaires du PC qui avaient usurpé notre identité sous le label « Corse insoumise » ont reçu la punition qu’ils méritaient. Ils n’ont toujours rien compris et vocifèrent que j’aurais provoqué leur déroute. Ils ne comprennent rien à la société dans laquelle ils vivent. Seul leur importe de continuer la triste besogne que la direction du PCF leur avait vendu comme la bonne tactique. Sur 10 candidats : 7 communistes et 3 anciens
communistes dont l’ancien secrétaire général du PCF en Corse, le tout dissimulé sous un rassemblement de sigles même les plus exotiques, et enrobé dans le grand bla bla contre « Paris et Mélenchon ». Bref, la tambouille.
En réalité, les prestations télévisées désastreuses de leur chef de file, l’absence de programme ancré dans les réalités locales et la lourdeur partisane ont eu davantage de poids contre cette liste de bras cassés que n’importe laquelle de
mes recommandations. Mais pour le comprendre, il faudrait que cette piteuse équipe comprenne le moment politique et ce que la stratégie « féderer le peuple » signifie. Faute de l’avoir compris sur le continent les dirigeants actuels du PCF ont rabougri leur parti à 3% aux législatives, tout en nous empêchant dans 45 cas de franchir la barre du second tour".

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 16:51
Concert de Cali le 25 novembre

Concert de Cali le 25 novembre

Débat sur le communisme du 21e siècle avec Pierre Laurent, Laurent Etre, Louise, Erwan Rivoalan

Débat sur le communisme du 21e siècle avec Pierre Laurent, Laurent Etre, Louise, Erwan Rivoalan

Meeting de Pierre Laurent

Meeting de Pierre Laurent

La fête de l’Humanité Bretagne, un goût de communisme

« Pour la 26ème année, nous relevons le défi de la fête de l’Humanité Bretagne », déclarait à l’ouverture de la fête sa présidente Catherine Quéric, en remerciant chaleureusement « les 500 bâtisseurs qui depuis 6 mois ont permis que le fête soit et qu’elle soit belle ».

Une édition 2017 placée sous le signe de la révolution bolchévique d’octobre 1917, avec la reprise du visuel de Lili la Rouge dans l’affiche, mais aussi la diffusion de deux films qui ont marqué leur époque : le Cuirassée Potemkine et L’homme à la caméra.

Le cinéma a été un axe majeur de la fête avec la diffusion d’une dizaine de courts et moyens métrages et deux temps forts : un film sur les migrants et un film sur Salah Hamouri, suivis de débats avec des militants syndicalistes et associatifs.

Cinéma, marché solidaire, causeries à la librairie, huit expositions artistiques, produits locaux au fil des stands. La fête de l’Huma se nourrit de toute cette richesse culturelle. La fête, c’est aussi de grands débats, jusqu’à 300 personnes, où l’on parle solidarité internationale, services publics, perspective politique, communisme du XXIème siècle.

Le débat avait lieu aussi dans les allées,  entre militants communistes, Ensemble !, FI, M1717, et de toute une gauche en recherche de « coopération » pour reprendre le mot de Pierre Laurent. Le Secrétaire national du PCF tenait le meeting du dimanche devant 800 personnes, démontrant que le PCF reste une force tenace de résistance au Macronisme, une force militante, une force qui travaille au rassemblement de la gauche de transformation et remet le communisme à l’ordre du jour.

« L’Huma » c’est aussi les spectacles, et parmi les propositions 2017, le concert de Cali a fait événement. Cali était « chez lui » et a fait danser et pleurer 1000 afficionados pendant 2 heures et demi.

A la fin de la fête, fréquentée par 5 000 personnes sur les 2 jours, 230 Rouge Morbihan vendus, 22 adhésions au PCF recensées.

Serait-ce un signal ?

Joël Gallais , secrétaire départemental du PCF Morbihan 

 

 

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 16:24

Notre ami et camarade élu PCF-Front de Gauche à Plouigneau va présenter un voeu au Conseil Municipal de Plouigneau jeudi pour la libération de Salah Hamouri.

S'il est voté, ce sera le 5e dans le pays de Morlaix après Morlaix-Communauté, Guimaëc (sur présentation de Jeremy Lainé, adjoint PCF), Plourin les Morlaix, Morlaix, avant Brest, Quimper... Sachant que Carhaix a également voté un voeu pour la libération de Salah.

La liste finistérienne des élus qui s'engagent personnellement pour la libération de Salah Hamouri et pour demander à Emmanuel Macron qu'il agisse fermement en ce sens auprès des autorités israéliennes atteint aujourd'hui le nombre de 127 personnes, élus signataires.

 

VOEU POUR LA LIBÉRATION DE L'AVOCAT FRANCO-PALESTINIEN SALAH HAMOURI

Considérant que :

-Salah Hamouri, 32 ans, a été arrêté à son domicile de Jérusalem-Est le 23 août par l’armée d’occupation Israélienne (comme souvent, les autorités militaires ne donnent aucun motif à cette arrestation) .

-C’est une décision militaire (les territoires palestiniens occupés sont toujours placés sous la coupe d’un gouverneur) qui l'a condamné à six mois de détention administrative.

-Le seul reproche qui lui est fait est de résister à l’occupation et à la colonisation.

-Ce franco palestinien, avocat spécialisé dans la défense des Droits de l'Homme, militant de l'organisation de défense des prisonniers et des droits de l'Homme Addameer, a déjà perdu 7 ans de sa vie de 2005 à 2011 en détention dans les prisons israéliennes suite à des accusations non fondées.

-Salah Hamouri vit à Jérusalem, le gouvernement israélien lui interdit de se rendre en Cisjordanie, et ce gouvernement interdit aussi à sa femme et à leur jeune enfant (qui sont en France) de le rejoindre en Palestine occupée.

L'acharnement contre Monsieur Salah Hamouri, qui vise à travers lui la lutte légitime du peuple palestinien pour le respect de ses droits et sa liberté, pour le respect des décisions de l'ONU n'a que trop duré. Aujourd'hui, face à un tel arbitraire, notre compatriote ne peut compter que sur les autorités françaises pour retrouver la liberté.

De nombreuses personnalités réclament la libération de Salah Hamouri : l'historien israélien Michel Warschawski, Pierre Joxe, ancien ministre, Christiane Hessel, la veuve de Stephane Hessel, Jean Ziegler, Rony Brauman, Richard Falk, Michel Tubiana, président d'honneur de la LDH.

De nombreux conseils municipaux, communautaires, départementaux, ont déjà adopté des vœux pour la libération de Salah Hamouri et dans notre territoire, un collectif « Liberté pour Salah Hamouri » s'est monté pour réclamer cette libération comptant 17 groupes (associations de solidarité, syndicats, organisations politiques).

Le Conseil Municipal de Plouigneau demande au Président Emmanuel Macron et au gouvernement français d’agir avec conviction pour protéger et obtenir la libération de notre concitoyen.

Libérez Salah Hamouri! - visuel AFPS

Libérez Salah Hamouri! - visuel AFPS

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 16:00
Liberté pour Salah Hamouri- Tournée finistérienne de Jean-Claude Lefort: à Plourin-les-Morlaix, salle du Cheval Blanc, le mardi 5 décembre, à 18h

Notre Collectif "Liberté pour Salah du Pays de Morlaix" et les groupes locaux de l'AFPS du Finistère organisent une tournée de 4 réunions publiques début décembre. 

JEAN-CLAUDE LEFORT, député honoraire du Val-de-Marne, ex-président de France Palestine Solidarité est un infatigable défenseur des droits du peuple palestinien. Il est aussi le beau-père de Salah Hamouri avec qui il était venu en 2012 à Brest et Quimper.
 
Alors quand celui-ci est de nouveau emprisonné par l'arbitraire de l'Etat israélien, Jean-Claude et sa fille Elsa portent haut et fort la voix de Salah Hamouri et de tous les prisonniers politiques palestiniens partout en France...
Demain, MARDI 5 DECEMBRE à 18 H, il est notre invité pour une réunion publique, salle du Cheval Blanc à Plourin lès Morlaix. On vous y attend très nombreux...
 
 

 

Le calendrier de ces réunions est le suivant

Quimper le lundi 4 déc. - 20h 30, Halles St François

 
Morlaix le mardi 5 décembre – 18 h Salle du Cheval Blanc 
à Plourin les Morlaix

 

Carhaix le jeudi 7- 20h salle de la justice de paix, mairie de Carhaix.

 
Brest le vendredi 8 décembre - à 20h, maison du peuple
 
Attention pour la réunion à Plourin, nous avons décidé de la mettre à 18 h pour éviter un télescopage trop important avec la soirée Ciné-Débat proposée les ami-es d’Amnesty à 20h 30 à La Salamandre sur les réfugiés. En espérant que pour nombre d’entre vous cela vous permettra … d’aller aux deux initiatives !

Pour encourager les énergies militantes, nous proposons qu’à la fin de notre réunion avec Jean-Claude Lefort, ceux et celles qui le souhaitent puissent se restaurer avant de partir ou au contraire rester pour partager un moment de convivialité avec notre invité.

Pour cela, nous lançons donc un premier appel aux cuisinier-es volontaires pour la fabrication de quelques quiches, cakes et autres gourmandises… Merci à tous

Liberté pour Salah Hamouri- Tournée finistérienne de Jean-Claude Lefort: à Plourin-les-Morlaix, salle du Cheval Blanc, le mardi 5 décembre, à 18h
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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 16:00
Entouré de Sylvie Bozoc, Claude Bonnard et Anne Cousin, Alain Diverrès présente la plaque en bronze. À l'initiative d'un collectif citoyen, une plaque commémorative du passage de tirailleurs sénégalais à Morlaix en 1944 sera dévoilée le 4 décembre. Histoire de rappeler cet épisode oublié de la ville.

Entouré de Sylvie Bozoc, Claude Bonnard et Anne Cousin, Alain Diverrès présente la plaque en bronze. À l'initiative d'un collectif citoyen, une plaque commémorative du passage de tirailleurs sénégalais à Morlaix en 1944 sera dévoilée le 4 décembre. Histoire de rappeler cet épisode oublié de la ville.

À l'initiative d'un collectif citoyen, une plaque commémorative du passage de tirailleurs sénégalais à Morlaix en 1944 sera dévoilée le 4 décembre. Histoire de rappeler cet épisode oublié de la ville. 

C'est dans le quartier de la Madeleine, au bar des Deux Rivières, que Claude Bonnard, Alain Diverrès, Anne Cousin et Sylvie Bozoc, les citoyens à l'origine du projet de plaque commémorative, nous reçoivent. Dans le même lieu où séjournèrent les tirailleurs sénégalais à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'idée de leur rendre hommage est née là, au printemps dernier, alors qu'Alain Diverrès montait une pièce de théâtre sur cet épisode méconnu de l'histoire locale d'après-guerre.

70 morts au Sénégal


C'est la Morlaisienne Anne Cousin, auteur d'un livre publié en 2011 sur le retour tragique des troupes coloniales, de Morlaix à Dakar, qui en retrace les grandes lignes. « En novembre 1944, 2.000 tirailleurs sénégalais, ex-prisonniers de guerre, séjournèrent dans la Cité du viaduc, avant d'être renvoyés par navire au Sénégal. 300 d'entre eux refusèrent de partir sans le paiement de leur solde militaire et furent regroupés du 4 au 11 novembre, ici, à l'ancienne Corderie. De retour au camp militaire de Thiaroye, au Sénégal, les 1.700 autres revendiquèrent également ce solde. S'en suivit un massacre qui fit 70 morts.»

Pourquoi pas une plaque ?


De leur passage morlaisien, Alain Diverrès, comédien du Théâtre de la Corniche, a retenu une anecdote : « Des tirailleurs avaient sacrifié leur ration de nourriture pour l'offrir à une veuve et ses enfants.

 

 Cette idée de partage de pauvres, à d'autres encore plus pauvres, j'ai trouvé ça extraordinaire ». Il en a fait une pièce, jouée en juin dernier, axée sur la généreuse capacité d'accueil des Morlaisiens. Au moment de la représentation, une suggestion fut lancée : « S'il y a des sous dans le chapeau après la pièce, il faudrait en faire une plaque. Il restait des sous, alors on l'a fait ».

« Réparer l'oubli »


Pour la création, ils ont ouvert une souscription volontaire (*) et sollicité la sculptrice de Huelgoat, Sylvie Bozoc, qui s'est imprégnée du livre d'Anne Cousin et des photos d'anciens tirailleurs faites par Hervé de Willancourt. « J'ai fait des croquis, il fallait proposer quelque chose de cohérent, sans tomber dans la caricature " bananière " », indique Sylvie Bozoc, qui s'est alors attaquée au modelage en terre du bas-relief. La plaque de bronze a ensuite été coulée à Plouédern. « L'idée de cette plaque, c'est de réparer l'oubli », glisse Claude Bonnard, qui donne rendez-vous lundi 4 décembre, à 18 h 30, au bar des Deux Rivières, pour un moment d'hommage ouvert à tous.

Au programme : dévoilement de la plaque, partage d'une soupe, suivie d'échanges avec trois auteurs : Anne Cousin, Kris (scénariste de la BD « Plus près de toi » illustrée par Fournier), et Martin Mourre, auteur d'une thèse sur Thiaroye en 1944. * Il leur reste encore à rassembler la moitié de la somme de 1.000 €. Bulletins de souscription au Bar des Deux Rivières, 1, place de la Madeleine.
 

Tirailleurs sénégalais: une plaque pour ne pas oublier  (Le Télégramme): inauguration publique le lundi 4 décembre à 18h30 en présence de Martin Mourre, Kris, Anne Cousin

L'inauguration de la plaque se fera le lundi 4 décembre vers 18h.

 

L'auteur du livre "Thiaroye 1944", Martin Mourre sera présent ainsi évidemment que Anne Cousin. 

 

Thiaroye 1944

 

Martin Mourre, Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d'un massacre colonial, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2017, 240 p., préface d'Elikia M'Bokolo, postface de Bob B. White, ISBN : 978-2-7535-5345-3.

Notice publiée le 04 mai 2017

Présentation de l'éditeur

Ce livre prend pour objet les représentations d'un massacre colonial, la répression sanglante de tirailleurs sénégalais, ces soldats ouest-africains de l'Empire français, survenue au camp de Thiaroye, à proximité de Dakar, le 1er décembre 1944. Plus de soixante-dix ans après les faits, cet événement reste un sujet de controverse historiographique. Ce qui a longtemps été considéré par l'armée française comme une mutinerie, apparaît plutôt comme une tuerie organisée par les officiers coloniaux présents à Dakar.
C'est ce que démontre un long et patient travail sur les archives de ce drame. De plus, cet ouvrage retrace les réappropriations passées et actuelles de cet événement au Sénégal, à travers diverses temporalités permettant de lire la trajectoire de la nation sénégalaise postcoloniale en suivant la mobilisation d'imaginaires historiques. Aujourd'hui, au Sénégal, les représentations attachées à l'événement du 1er décembre 1944 apparaissent comme un des paradigmes de la mémoire coloniale.
Décrire ces usages du passé sur plusieurs décennies permet alors d'envisager l'articulation entre des mémoires dominantes – officielles ou non –, des formes particulières de rappel du passé et le rôle de ce passé dans certaines dynamiques identitaires.

Auteur

Martin Mourre

Martin Mourre est docteur en histoire de l’École des hautes études en sciences sociales et en anthropologie à l’université de Montréal. Ses recherches portent principalement sur l’histoire politique et mémorielle du Sénégal au XXe siècle. Il s’intéresse également à une sociohistoire des armées ouest-africaines depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui.

Une plaque sur l'ancienne corderie de la Madeleine (brasserie Coreff ensuite) pour rendre hommage aux Tirailleurs Sénégalais ayant séjourné à Morlaix en 1944 et aux martyrs de Thiaroye: participez à la souscription citoyenne!

 

http://www.editions-harmattan.fr/vspace.gif

http://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/f/9782296550018f.jpg 
 

RETOUR TRAGIQUE DES TROUPES COLONIALES

Morlaix-Dakar, 1944
Anne Cousin
Préface de Anne Guillou

 

On estime à 31000 le nombre de morts issus des colonies dont 14000 tirailleurs sénégalais. Fin 1944, l'armée de libération "blanchit" ses troupes, les Africains sont rapatriés. 2000 tirailleurs vont embarquer de Morlaix à bord du Circassia pour Dakar. Un vent de révolte va souffler. Certains refusent de partir en l'absence du règlement de leurs soldes. Ceux qui arrivés à Dakar feront valoir leurs droits seront payés avec des balles.

 

Lire aussi: 

Comment les autorités françaises ont spolié, humilié, massacré les tirailleurs Sénégalais parqués à Morlaix à l'automne 1944.

Tirailleurs sénégalais: la patrie bien peu reconnaissante (L'Humanité, 30 décembre 2016)

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 14:46

Déclaration du Comité exécutif national du PCF


 

Les résultats du premier tour de l’élection territoriale en Corse sont très inquiétants pour la Corse elle-même. Ils mettent en évidence une crise politique dont l’abstention est révélatrice.

Un électeur sur deux ne s’est pas rendu aux urnes et c’est encore plus marquant dans les bureaux de vote des quartiers populaires des grandes villes de Bastia et d’Ajaccio, où l’abstention dépasse souvent les 60 %.

La réforme institutionnelle de la Collectivité, imposée aux Corses sans consultation par référendum reçoit en ce sens un cinglant désaveu.

A ce déni de démocratie, s’ajoute, pour ce troisième scrutin de l’année, le sentiment que les difficultés de la vie quotidienne, auxquelles une grande majorité d’entre eux est confrontée, ne font que s’accentuer.

La cherté de la vie, la pénurie de logements sociaux, les bas salaires, le chômage, la pauvreté et la précarité ont été évacués de cette campagne électorale. De même, il n’a jamais été question des compétences qui seront exercées prochainement par les élus de cette nouvelle collectivité dotée d’importantes compétences et concentrant tous les pouvoirs non régaliens.

En revanche, il est déjà question, côté nationaliste, d’engager avec le gouvernement une négociation en vue d’une nouvelle étape institutionnelle pour, cette fois-ci, changer radicalement le rapport de la Corse à la République.

Cela interpelle d’autant plus que la référence au fédéralisme européen, voire à l’autodétermination dans les dix ans est régulièrement avancée sans se soucier de la concurrence exacerbée entre les territoires que cette option suppose dans un cadre toujours plus libéral.

Or, il est évident que pour la Corse, région métropolitaine la plus pauvre, cette fuite en avant, tout en affaiblissant l’expression de la solidarité nationale dont elle a besoin, sera désastreuse.

Dans ce contexte, il n’y aura plus aucun élu pour porter dans cet hémicycle de la Collectivité unique de Corse une alternative de gauche, antilibérale et écologique, malgré une belle campagne menée par les militantes et les militants de la Corse Insoumise, du Parti communiste français, de la Manca Alternativa et d’Ensemble.

En rassemblant 6788 suffrages, 660 de moins qu’en 2015 pour la liste PCF-FdG, cette liste, la seule de gauche (FI, PS, PRG, EELV ayant jeté l'éponge avant de mener le combat) n’est pas parvenue avec 5,7 % à franchir la barre des 7 %, indispensable pour qu’elle puisse être maintenue.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, plusieurs voix sur le continent se sont félicitées de cette disparition, dont des responsables politiques de gauche qui ne présentaient pas de candidat. C’est une analyse à courte vue, dont le patronat local pourra se satisfaire tant il est vrai que sa domination économique et sociale n’était contestée jusqu’ici que par les élus régionaux communistes.

Ce deuxième tour pourrait donc voir se réaliser une fusion des listes de droite, "macroniste" incluse, sans que cela ne vienne contrarier la victoire, non moins libérale, des listes nationalistes impatientes d’engager un bras de fer avec Paris au bénéfice de leurs résultats pour obtenir un nouveau statut.

Dans ces conditions, ce scrutin ne pouvant être considéré comme un blanc-seing, il faudra en préalable à toute discussion de ce type donner la parole aux Corses.

Le Parti communiste français apporte, toute sa solidarité aux corses et renouvelle toute son amitié aux colistier.e.s et militant.e.s de la liste « l’Avenir, la Corse en commun, l’Avvene, a Corsica in cumunu », soutenue par la Corse insoumise, le Parti communiste français, Manca alternativa/Ensemble.


Paris le 4 décembre 2017

Résultats de l'élection territoriale pour l'Assemblée de Corse: déclaration du PCF, 4 décembre 2017
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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 06:25

Mélenchon, grand seigneur, voyant la CGT et les syndicats de lutte à la peine, et voulant leur disputer le leadership sur "les masses" dans la résistance au pouvoir et à ses visées ultra-libérales, avait donné le "bon point" à Macron avec qui il avait devisé, tout sourire, appréciant les charmes de la conversation du président jupitérien. 

Mais le bonhomme est beaucoup moins gentil avec ses anciens alliés du Parti Communiste qu'il aimerait sans doute voir déjà dans la tombe pour faire place nette à ses visées de recomposition.  

Disqualifier par un mot infamant ressassé et qui doit être repris comme un mantra par les militants zélés ce qui ressemble à une union de la gauche anti-libérale entre Insoumis et Communistes.  

Dans un contexte d'abstention massive aux élections Territoriales corses, appeler une démarche de rassemblement de la gauche authentique que l'on a préalablement plombé par stratégie anti-communiste de "la tambouille" parce que son objectif politicien premier est d'empêcher les forces à gauche de s'additionner et de faire place nette pour un mouvement qui veut enterrer tous les autres à gauche plutôt que fédérer les forces, c'est une contre-vérité caricaturale et une insulte à l'intelligence.

Surtout que les Insoumis de Corse voulaient cette alliance avec le PCF face à la menace d'un ras-de-marée nationaliste, menace d'une victoire écrasante qui se vérifie, alors que les nationalistes  ne portent pas des solutions de progrès social pour les Corses, eux qui votent les budgets d'austérité et néo-libéraux de la Sécurité Sociale et les ordonnances travail de Macron. Et ces Insoumis corses avaient la tête de liste... 

Mélenchon jouit de voir que la coalition PCF - Insoumis locaux ne parvient pas au second tour et contient si peu sa joie qu'il félicite le leader nationaliste corse, lui l'ultra-jacobin. 

Alors, comme ça le "dégagisme" devient une valeur en soi: populisme de droite, populisme nationaliste, qu'importe, pourvu que tout le champ politique traditionnel soit bousculé comme au jeu de quille, cela réjouit le roitelet Mélenchon, adepte de la terre brûlée.  Le dégagisme symbolisé par des nationalistes affairistes! 

L'intérêt des gens là-dedans est bien loin des préoccupations du leader de France Insoumise.  

La victoire annoncée des nationalistes est confirmée. Aucun élu de gauche dans la future Assemblée dans un territoire miné par les souffrances sociales et les inégalités. Qui, à gauche, peut trouver cela formidable ? Les forces qui ont œuvré au 1/2 rassemblement sur des valeurs de progrès social et de démocratie ont mené un combat courageux.

En Corse comme partout ailleurs, nous sommes face à un immense chantier pour un avenir "en commun"...

Et pour cela nous avons besoin de responsables politiques qui mettent l'intérêt du peuple et des catégories populaires au cœur de leurs ambitions et de leurs projets. 

Quand Mélenchon tweete sa haine des alliances Insoumis- communistes en félicitant les nationalistes corses !
Les élections de 2015 avaient débouché sur la victoire historique de la coalition nationaliste des autonomistes de Gilles Simeoni et des indépendantistes de Jean-Guy Talamoni (35,34% au second tour). 

Cette coalition, Pè a Corsica (Pour la Corse), formée dès le premier tour cette année, fait à nouveau figure de favorite. 

Les deux listes de droite, emmenées par Jean-Martin Mondoloni (droite régionaliste) et Valérie Bozzi (soutenue par le parti Les Républicains LR), arriveraient ensuite et pourraient s'unir en vue du second tour.
 
La tête de liste de la République en Marche, Jean-Charles Orsucci, pourrait lui aussi se maintenir au second tour. 

Mais le leader de LaREM en Corse avait pour sa part écarté l'idée d'une union contre les nationalistes: "Hors de question de s'inscrire dans un front républicain, la République c'est la démocratie", avait-il assuré avant le premier tour. 

Selon ses premières estimations, les trois autres listes ne franchiraient pas la barre des 7% pour se maintenir au second tour. 
 
La liste, l'avenir, la Corse en commun, de Jacques Casamarta, soutenue par les groupes Insoumis de l'île contre l'avis de Jean-Luc Mélenchon, et par le PCF, fait 5,7%.  
 

Quoi qu’il advienne au terme du scrutin des 3 et 10 décembre -qui désignera les futurs Conseillers territoriaux de la nouvelle Collectivité unique-, la liste « L’Avenir, la Corse en commun » peut d’ores et déjà se prévaloir d’une première victoire. Celle d’avoir réussi ce qui avait échoué aux législatives : gagner l’union des forces de progrès. Emmenée par l’Insoumis Jacques Casamarta, elle est composée de représentants du PCF, de la Corse insoumise, de Manca Alternativa/Ensemble, ainsi que de militants associatifs, syndicaux et culturels. Un rassemblement dicté par l’exigence d’une réponse « sociale et écologique » à l’offensive libérale. « Dans le contexte où se déroulent ces élections, caractérisé à la fois par les coups qui pleuvent sur les acquis sociaux et au regard de la situation particulière de la Corse où les inégalités et la pauvreté sont plus marquées, se diviser aurait été une erreur politique », estime Michel Stefani, conseiller territorial sortant (PCF) et à nouveau candidat.

« Dynamique »

Jugeant « regrettable » que « des dirigeants nationaux de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon en tête » n’aient pas évalué les enjeux « de la même façon », celui-ci insiste sur la nécessité de créer « une dynamique de nature à modifier le rapport de forces » au sein de l’assemblée insulaire. Et de tenter de le faire basculer « au bénéfice des salariés et des plus modestes ». Car, poursuit-il, « ce que le mouvement social exprime dans la rue a besoin d’un prolongement politique ».

Seule liste se réclamant de gauche -le PS et le PRG n’en présentant pas-, « L’Avenir, la Corse en commun » est surtout constituée d’« organisations qui ont fait le choix du refus de la logique libérale ». Logique libérale dont les dégâts sont particulièrement visibles sur l’île. Le responsable communiste en veut pour preuve quelques chiffres éloquents, estimant qu’il « ne suffit pas d’en faire le constat, mais qu’il faut aussi en expliquer les causes ». Ainsi, énumère- t-il, « dans les années 1987-88, au moment de la création de l’ISF [Impôt sur la fortune, ndlr], on recensait en Corse 87 contributeurs. Ils sont aujourd’hui quelque 1800 à déclarer au moins 180.000 euros annuels. L’écart entre les ménages les plus riches et les plus modestes est ici de 6,5 points. »

Les candidats de la « Corse en commun » affichent leur détermination à « s’attaquer » à ces disparités qui ne cessent de se creuser. D’autant que, souligne Michel Stefani, « les moyens et l’argent existent ». Or, « les dispositifs fiscaux qui devraient profiter aux ménages les plus modestes sont détournés par le consortium de patrons corses ». Ce qui, d’après les chiffres de 2014, concernerait des sommes de l’ordre de 194 millions d’euros annuels. Auxquels il faut ajouter « les 100 millions d’euros versés aux entreprises à travers le CICE [Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, ndlr], le crédit d’impôt corse » et l’enveloppe allouée par la Collectivité territoriale.

« Solidarité nationale »

Face à cette déperdition de financements publics au détriment du plus grand nombre, « La Corse en commun » plaide pour la création d’un Fonds régional unique pour l’emploi et la formation, destiné à favoriser « l’emploi stable et bien rémunéré » assorti « de la réduction du temps de travail à 32 heures hebdomadaires et de la retraite à 60 ans ».

La naissance annoncée de la Collectivité unique au 1er janvier suscite à cet égard de vives inquiétudes. Outre que, d’une manière générale il y voit un certain nombre de points négatifs et notamment « une concentration des pouvoirs », Michel Stefani pointe également les menaces en matière d’emploi.

« Avec la fusion des services, on nous parle de doublons. Mais derrière ce qu’ils appellent les "doublons", il y a des hommes et des femmes qui sont inquiets. Et qui ont toutes les raisons de l’être, car l’objectif est de supprimer des centaines de postes », commente-t-il en évoquant une courbe du chômage ascendante et dépassant les 22.000 demandeurs d’emplois.

La lutte actuellement menée à l’hôpital de Bastia par une partie du personnel, qui observe une grève de la faim depuis fin octobre, est symptomatique des difficultés que subit la Corse dans de nombreux domaines. Josette Risterucci, secrétaire médicale, devenue une figure emblématique de ce combat, est d’ailleurs colistière de « La Corse en commun ». Elle réclame ni plus ni moins qu’un « plan Marshall » pour l’établissement. En matière de santé, l’état des lieux est en effet alarmant. « La couverture sanitaire est plus que problématique », alerte pour sa part Michel Stefani qui considère que la réduction des dépenses de santé ne laisse rien présager de bon dans l’île.

A l’heure où celle-ci a singulièrement besoin de « solidarité nationale », il met en garde contre « l’enfer libéral » que ne manqueront pas d’amplifier ses adversaires.

Agnès Masseï (La Marseillaise, le 1er décembre 2017)

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 06:24
Avec JLM : Macron et le MEDEF peuvent dormir tranquilles

3 Décembre 2017

 

JLMélenchon vient par un tweet de cracher son venin crapuleux, nous savions que sa conception de la gauche se résumait à sa seule personne mais le voila à présent, dans sa folle déshérence anticommuniste, allant un peu plus loin et féliciter Gille Simeoni par un cinglant “Bravo !“

Réjoui donc de la défaite de la seule liste de gauche, JLM peut courageusement expliquer que “macron est sévèrement puni“ dans ce scrutin avant de mettre en garde “les amateurs d’usurpation d’identité“… “insoumise“ s’entend et particulièrement le PCF.

Sinon la trahison, la caractéristique principale de la démarche “mélenchonienne“ c’est bien la division.

Avec JLM : Macron et le MEDEF peuvent dormir tranquilles.

Pour autant, les communistes ne renonceront pas à tout faire pour rassembler les femmes et les hommes qui ont intérêt à résister à ce rouleau compresseur ultralibéral pour ouvrir une perspective de changement à gauche et de progrès social en Corse et dans le pays.

Michel STEFANI

 

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 05:03
photo Ismaël Dupont

photo Ismaël Dupont

photo Ismaël Dupont

photo Ismaël Dupont

Une rencontre extraordinaire avec Maha Hassan, accompagnée notamment de Jean-Laurent d'Amnesty International, et d'Anne Cousin, son amie qui écrit un roman en français avec elle, à la MJC ce soir.

Morceaux choisis des paroles fortes de Maha Hassan, cette écrivaine syrienne vivant à Morlaix depuis deux ans qui à tant à dire, raconter, analyser des souffrances de son pays, des pouvoirs de la littérature, de sa vie au confluent des cultures et des drames de l'histoire:

" J'ai commencé par là, venue à la littérature grâce à la politique de mon père, analphabète, mais qui fréquentait beaucoup de camarades communistes instruits, qui m'amenait à ses réunions, ce qui me permettait de lire des brochures clandestines avec des portraits de Lénine, de Marx, que je gardais et étudiais précieusement, mais aussi parfois des petits livres de Tolstoï, Tchékov, Pouchkine... Puis ça a été la rencontre avec les textes de Marx, Sartre, Camus. La politique de mon père, cela a permis aussi que l'on considère qu'il était légitime qu'une femme étudie, lise. C'était une éducation plutôt libérale pour une fille en Syrie. J'étais l'aînée, acceptée dans un milieu d'hommes, plutôt anti-conformiste. L'engagement politique, cela a été un pass pour un autre monde. J'ai commencé par là, l'envie de raconter l'histoire, les histoires des femmes autour de moi, les histoires de mes grand-mères d'origine kurde, arménienne, arabe, analphabètes mais magnifiques conteuses. Dans cette société, écrire ou penser, c'est un crime, un péché. Dans ce contexte, j'ai écrit: je suis née pour conter, pour écrire. J'ai faite mien le titre d'un livre de Gabriel Garcia Marquez: "Vivre pour la raconter." Après, il y a eu de la censure sur mes livres, une interdiction de publier mes romans, c'était insupportable. Il fallait l'autorisation du ministère de l'information et des services secrets pour publier. Je ne savais pas pourquoi on me censurait. La raison fondamentale sans doute: une fille kurde qui veut publier, avec un père communiste, c'est forcément suspect. J'avais tous les péchés. J'aurais voulu continuer ma vie en Syrie, mais c'était l'écriture, la publication, auxquelles je tenais plus que tout. En 2004, avec la répression du début de rébellion kurde, les choses étaient devenues très compliquées et dangereuses pour nous. Je suis né pour écrire, si quelqu'un m'empêche d'écrire ou de publier, c'est une prison pour moi. Je suis la fille de l'exil, des schizophrénies d'une vie partagée entre langue arabe et mémoire kurde, Orient et Occident".

"Avant la guerre, avec mes amis, mes voisins, on ne faisait pas de différence entre kurdes, arabes, sunnites, chiites, musulmans, alaouites, chrétiens. Aujourd'hui, c'est autre chose. Le conflit a généré des fractures communautaires ou les a aggravées. Pourtant, du temps d'Hafez al-Assad, les langues kurde et arméniennes étaient interdites, les spécificités culturelles réprimées, à tel point que les enfants des villages kurdes forcés d'apprendre un arabe écrit classique comme à la télévision parlait davantage l'arabe châtié des médias officiels que comprenaient à peine les arabes parlant le dialecte des campagnes ou des quartiers".

"Pour moi l'écriture, c'est comme la toile de Pénélope, sans cesse on remet le travail sur le métier, on défait et refait ce que l'on a déjà fait, pour se découvrir soi-même, pour découvrir la liberté. C'est un exercice permanent. Cela permet de se libérer de ses peurs, d'apprivoiser ses douleurs, de se faire le porte-parole d'opprimés, les femmes notamment. Cela permet de se regarder soi-même il y a quinze ans, vingt ans, de prendre pitié de soi, d'avoir peur pour soi, rétrospectivement. L'écriture, c'est aussi une maladie: c'est pas facile, on vit avec les fantômes des gens, les douleurs des gens. Je suis finalement satisfaite et fière d'être née dans cette société compliquée qui me permet d'exprimer ce que beaucoup de femmes ont ressenti, n'ont pu écrire. Pour moi, l'écriture est un acte pour mieux se connaître à chaque moment".

"J'ai connu plusieurs exils dans ma vie, plusieurs fois je me suis sentie étrangère: 
Un père venu d'un village vers la grande ville d'Alep. 
Etre kurde dans un pays où cette identité est niée, où parler kurde est interdit, porter en arabe, cette langue si belle et que j'aime, dont j'ai fait mon passeport mais qui n'est pas encore tout à fait la mienne aujourd'hui, la parole et les histoires du peuple kurde. Car l'identité kurde n'est pas l'identité arabe, la mémoire kurde est spécifique, même si je n'ai jamais été pour le nationalisme et la mise en avant communautariste en Syrie. 
Etre une femme libre dans un pays et une société qui les opprime. 
Devoir quitter ma ville, mon pays, mes parents, pour avoir la liberté de m'exprimer et ne pas être inquiétée par la police de Bachar al-Assad en tant que kurde, fille de communiste, intellectuelle, femme libre... 
Vivre en Hollande en se disant française. 
Vivre à Paris à proximité de beaucoup d'amis mais sans m'y sentir si bien, vraiment. 
Je sens que la Bretagne, elle m'accueille. Les bretons sont un peu comme les kurdes, francs, authentiques, accueillants. La Bretagne, c'est trop riche pour moi, on s'y sent bien "

"Eve, c'était la première révoltée contre le texte, contre le désir de Dieu. C'est elle qui a persuadé Adam de goûter du fruit défendu, celui de l'arbre du savoir. Je ne suis pas féministe mais je sens que la femme a un sens profond de la révolte. La littérature que j'écris, c'est celle qui porte la douleur, les malheurs, le désir de liberté et de bonheur de la femme orientale. J'aimerais que ma littérature porte un message de paix et d'amour et même temps qu'elle fasse comprendre la misère des femmes arabes et de Syrie, soumises à la claustration, à la loi patriarcale, à la répression des désirs, à une éducation qui nie parfois leur droit au bonheur et à l'individualité, au viol, aux crimes d'honneur".

" Hafez-al-Assad, dont le portrait sévère, sans sourire, était partout, pour les Syriens, c'était comme un Dieu terrible, on le craignait plus que Dieu, on osait même pas penser du mal de lui. C'était Big Brother. J'avais trente ans quand il est mort. Quand on nous l'a annoncé au travail, je ne pouvais pas y croire, j'avais peur, peur d'exprimer quelque émotion, soulagement, peur qu'on considère que j'étais pour quelque chose dans cette mort, cette calamité nationale, lui qui devait être éternel, indestructible, comme la Syrie elle-même. On n'imagine pas comment la dictature était intériorisée, s'exerçait sur les esprits et les émotions".

"Comment des Margot, des belles filles, peuvent abandonner des droits conquis de haute lutte pour les libertés démocratiques, pour la liberté des femmes, l'avortement, l'égalité juridique, pour aller faire un pseudo djihad en Syrie et arriver là-bas, être traitées comme des moins-que-rien, des créatures du diable, dans le cadre d'une morale du moyen-âge, vivre à l'ombre de mecs incultes et violents, qui ont mené leur vie de petits caïds auparavant en France ou en Europe, avec les nanas, le shit, les boîtes de nuit, et qui voudraient maintenant l'austérité et la religion totalitaire pour tous? Cela me dépasse complètement cela m'abasourdit, c'est un mystère et une grande souffrance. Pourquoi les valeurs de la République Française ne peuvent pas suffire à prémunir contre les séductions du djihadisme et ses "valeurs" du Moyen-Age? Qu'est-ce qu'on a raté dans notre société pour en arriver là? C'est peut-être le problème de la France, autant et plus que le problème de l'Islam". Je pose les questions mais je ne donne pas les réponses".

"Oui je pourrais parler de la Bretagne dans mes romans, de cette beauté, de cette liberté, de cet accueil que je trouve ici, mais pour l'instant, quand la guerre est devant moi, je ne peux pas tourner le dos. Et quand c'est la femme qui fait la guerre, car les kurdes font la guerre à Daesh, il faut que j'essaie de comprendre et faire comprendre ce que ça signifie".

 

 

Propos recueillis lors de la réunion du 2 décembre 2017 par Ismaël Dupont. 

 

Maha Hassan - Shéhérazade à Morlaix. L'écrivaine syrienne se raconte à la MJC le samedi 2 décembre à 18h

 

Festival des Solidarités: une rencontre extraordinaire avec l'écrivaine  Maha Hassan à la MJC de Morlaix ce samedi 2 décembre 2017
Festival des Solidarités: une rencontre extraordinaire avec l'écrivaine  Maha Hassan à la MJC de Morlaix ce samedi 2 décembre 2017
Festival des Solidarités: une rencontre extraordinaire avec l'écrivaine  Maha Hassan à la MJC de Morlaix ce samedi 2 décembre 2017
Festival des Solidarités: une rencontre extraordinaire avec l'écrivaine  Maha Hassan à la MJC de Morlaix ce samedi 2 décembre 2017
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3 décembre 2017 7 03 /12 /décembre /2017 21:02

Article de notre ami Paul Dagorn, professeur d'histoire retraité vivant à Morlaix, sympathisant Front de Gauche, pour la revue syndicale L'émancipation syndicale et pédagogique, octobre 2017 

Quatre Bandes Dessinées, sélectionnées par notre camarade Paul Dagorn éclairent chacune un moment de l'histoire des résistances populaires à Brest, qui vont bien au-delà du cadre régional. 

Roger Faligot

J'ai sympathisé avec lui à l'occasion d'une dédicace. Spécialiste de l'Irlande, à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages (dont le premier, La Résistance irlandaisedans la petite collection Maspéro), il s'est plus généralement intéressé aux conflits identitaires dans divers pays et aux efforts faits pour trouver une solution (Les seigneurs de la paix, au Seuil, 2006). Enfin, en 2010, il a publié à La Découverte La rose et l'édelweiss, ces ados qui combattaient contre le nazisme, 1933-1945, une étude qui couvre l'Allemagne et les pays occupés. 

Pour Brest l'insoumise , il a sollicité mon témoignage concernant Fred Ropars, ami de ma famille et membre comme mon père de l'Ecole Émancipée. J'avais évoqué son parcours dans l’Émancipation au moment de son décès. C'est lui qui avait organisé la 2e semaine de l'Ecole Emancipée à Moguériec, petit port de pêche du Léon. Mais pour mon témoignage, cela concernait l'action de Fred dans la Résistance à l'Ecole normale de Quimper. 

Brest l'insoumise à travers quatre BD

J'ai utilisé le titre de R. Faligot pour évoquer quatre moments de la contestation et de la résistance liés à Brest, illustrés par quatre BD: 

- Un homme est mort: le syndicaliste Edouard Mazé lors d'une manifestation en 1950. 

- Nuit noire sur Brest: mobilisation en 1937 contre une tentative des Franquistes de s'emparer d'un sous-marin républicain espagnol.

- La fille au carnet pourpre : parcours d'une jeune lycéenne résistante, Anne Corre, envoyée en déportation et disparue sans lancer de traces lors de l'évacuation d'un camp annexe d'Orianenburg par les nazis lors de l'avance soviéto-américaine. 

- Enfin, publié cette année, Des graines sous la neige, qui retrace la vie de Nathalie Lemel, communarde très liée à Eugène Varlin, et compagne de Louise Michel lors de leur déportation en Nouvelle-Calédonie. 

Un homme est mort - BD de Kris et Etienne Davodeau

Un homme est mort - BD de Kris et Etienne Davodeau

En 1950, "Brest dont il ne reste rien" comme l'a écrit Prévert dans le poème Barbara, connaît une reconstruction difficile après les bombardements. Brest compte plus de 15 000 ouvrier-e-s (un dixième de la population), dont 6 à 7 000 à l'Arsenal, autant dans la construction, le reste essentiellement des dockers. Si les salaires sont corrects pour l'époque car on a besoin d'eux (l'Arsenal construit même des navires marchands), on en exige beaucoup et les deux dernières catégories restent dans la précarité. 

La construction emploie des Maghrébins, mais aussi des ouvriers venus des campagnes léonardes très catholiques que l'évêché incite à adhérer à la CFTC et même à prendre part aux grèves. Avec la scission FO-CGT, celle-ci, courroie de transmission du PCF, voit dans la scission comme une manœuvre des Etats-Unis dans le cadre des débuts de la guerre froide et de la guerre d'Indochine.

Néanmoins, une convergence s'opère même avec des militants de la CNT anarchiste présente à l'Arsenal. La manifestation, suite à l'Appel national du 12 mars 1950, pour la paix en Indochine et contre la misère est interdite par le maire RPF (gaulliste), Alfred Chupin. Cependant deux ou trois centaines d'ouvriers décident de manifester. Ils sont bloqués, mais le lendemain le jeu est calmé par quelques augmentations (dont celle de la future victime Edouard Mazé) malgré un affrontement musclé entre la police et les dockers en position de force, car ils contrôlent l'importation de vin d'Algérie et de charbon. 

Un mois plus tard, la situation reste bloquée et une députée PCF (Marie Lambert) et deux délégués CGT venu-e-s porter plainte, sont arrêté-e-s. Le 16 avril, une manifestation unitaire est prévue. Dans la nuit du 16 au 17, le maire décide l'interdiction, appuyé par le député de droite André Collin, par ailleurs Secrétaire d'Etat à l'Intérieur. Face à une présence policière massive et des heurts violents, la situation s'aggrave et la police reçoit l'ordre de tirer dans la confusion générale, peut-être pour disperser la manifestation. Mais le résultat est là: 24 gendarmes et 9 CRS blessés (un seul devra se rendre à l'hôpital, le long duquel s'est déroulé l'affrontement!), 12 ouvriers hospitalisés et 14 autres blessés légers, mais un homme est mort, Edouard Mazé, qui accompagnait son frère, délégué CGT.

Le traumatisme est grand. Un an plus tard, une manifestation du souvenir a lieu, et en 1951-52, si les grèves et manifestations persistent et même s'intensifient, la police reçoit l'ordre d'éviter les affrontements. 

La BD Un homme est mort, de Kris (scénariste) et Etienne Davodeau, s'articule aussi sur la personnalité de René Vautier, résistant à 15 ans, étudiant à l'IDHEC (Institut des Hautes Etutdes Cinématographiques), qui s'était déjà distingué par son premier film Afrique 1950 , commandé par la Ligue de l'Enseignement, mais que Vautier détourne de son objectif pour en faire un film anti-colinialiste, ce qui le conduit à l'acheminer clandestinement par le Sahara vers la France, où il restera 40 ans sous le boisseau. Natif de Camaret, il profite d'une campagne de pêche pour aller filmer en Irlande des militants de l'IRA, bien qu'il désapprouve leurs actions terroristes.

Rentré à Brest, il se trouve évidemment au cœur des événements. C'est ainsi qu'il filme la manifestation tragique du 17 avril. Après la mort d'Edouard Mazé, il décide de projeter le film dans les quartiers sur un drap à l'arrière d'une camionnette et dans des salles improvisées. Mais il a omis de faire des copies et après 150 projections le film se dégrade et casse. Seuls quelques bouts seront sauvés. En 2006, il s'avère que quelques "rushes" non utilisés par Vautier ont été donnés à un autre cinéaste engagé, Robert Ménégoz, qui les avaient utilisés dans son film Vivent les dockers. Et dans ces quelques images des années 50, le scénariste Kris découvre avec émotion le visage de son grand-père venu apporter avec d'autres camarades une gerbe de fleurs à l'endroit où est tombé Edouard Mazé*.

* A la présentation de la BD, le 14 décembre 2006 à Brest, Etienne Davodeau était absent. Restaient à la tribune Kris, Pierre Cauzien, amputé d'une jambe après sa blessure, et René Vautier, que je connaissais personnellement grâce à France-Algérie. Malheureusement, depuis, Pierre et René sont décédés.  

   

Nuit noire sur Brest - Kris, Bertrand Galic et le dessinateur Damien Cuvillier, sur un événement rapporté par l'historien Patrick Gourlay dans "Nuit franquiste sur Brest' - Futuropolis

Nuit noire sur Brest - Kris, Bertrand Galic et le dessinateur Damien Cuvillier, sur un événement rapporté par l'historien Patrick Gourlay dans "Nuit franquiste sur Brest' - Futuropolis

Nuit noire sur Brest 

Septembre 1937, la guerre d'Espagne s'invite en Bretagne.

En 2016, Kris et son camarade Bertrand Galic s'associent avec le dessinateur Damien Cuvillier pour mettre en images un événement rapporté dans le livre de Patrick Gourlay, historien et enseignant, intitulé Nuit franquiste sur Brest , en remplaçant le mot "franquiste" par "noire', tant il est vrai que l'épisode raconté a tout d'un roman d'espionnage. 

Le 29 août 1937, en pleine guerre civile espagnole, le sous-marin républicain C2 endommagé à Santander par la Légion Condor (de sinistre mémoire à Guernica) décide d'entrer dans le port de Brest pour réparer. Mais le commandant Fernando est plus qu'ambigu. Lors du pronunciamento de Franco, il a été soupçonné de collusion avec le coup d'Etat, avant de retrouver un commandement de manière improbable. D'autre part, la situation des deux Fronts Populaires commence à se dégrader. En Espagne  les Républicains cèdent du terrain, et la volonté hégémonique du PCE a conduit en mai à "une guerre civile dans la guerre civile" à Barcelone entre les communistes d'une part, les anarchistes (CNT-FAI) et le POUM (Parti Ouvrier d'unification marxiste) d'autre part. En France, les Radicaux commencent à envisager de quitter le gouvernement, et les "ligues" d'extrême-droite mènent une action souterraine (PSF de La Rocque, et le PPF de Doriot), sans compter la fameuse cagoule qui compte plusieurs bretons. L'heure n'est plus à soutenir, voire à ménager, les Républicains. 

A Brest, le commandant Ferrando prend contact avec le Consul d'Espagne, Pierre Mocaër, connu pour ses idées conservatrices. En Espagne, un militaire expérimenté, Troncoso, gardien de la frontière basque, met en place un commando franco-espagnol pour s'emparer du sous-marin, commando qui s'installe clandestinement à Brest. 

Mais les militants brestois veillent au grain. Alors que les communistes s'organisent pour surveiller le sous-marin, du côté anarchiste, autour de l'emblématique René Lochu (hôte temporaire de Makhno et futur ami de Léo Ferré), des militants asturiens ont été hébergés à la Maison du Peuple. D'autre part, un récent service secret anarchiste, le SIC, a réussi à infiltrer les franquistes, sous le code X-10. 

De leur côté, les franquistes prennent discrètement contact avec Ferrando, et ils fréquentent un cabaret du centre-ville, l"'Ermitage", où ils font connaissance avec une jolie danseuse italo-espagnole, Mingua, qui devient une sorte de Mata-Hari. Troncoso la charge de corrompre des marins du C2 en échange de la liberté et de deux millions de pesetas. Mingua et Troncoso persuadent Ferrando d'agir dans le camp franquiste. 

L'abordage du sous-marin, organisé le 18 septembre par les comploteurs, est déjoué par un matelot, Augusto Diego. Alerté par des militants communistes et anarchistes, il n'a pas suivi ses camarades, entraînés par Ferrando dans le carré des officiers pour les isoler. Augusto Diego, repéré pour avoir fait tomber un objet, tue l'un des assaillants, ce qui incite les autres à s'enfuir. Ils sont arrêtés près de Bordeaux dans une Chrysler noire que le service secret de la CNT avait déjà repérée. Il s'agit entre autre de Ferrando, d'officiers d'un autre sous-marin, le C4, et d'un complice français, Robert Chaix, qui avait organisé le commando sur Brest. 

Les tribulations du C2 ne sont pas terminées. Remorqué vers St Nazaire, il passe sous le contrôle d'un envoyé de l'ambassade d'Espagne à Paris, Pedro Prado, proche des communistes. Celui-ci manoeuvre pour faire venir un officier de la flotte soviétique, Nicolaï Pavlovitch, qui prend en fait le commandement. Repéré, le C2 prend alors ce qui aurait dû être sa destination finale, Carthagène.

A suivre, les destins de deux femmes courageuses et déterminées. L'un, bref, celui de la résistante Anne Corre, portée disparue en déportation à l'âge de vingt ans, l'autre très long, celui de la communarde Nathalie Lemel, morte en 1921 à 94 ans.  

La fille au carnet pourpre - Roger Faligot, Alain Robet

La fille au carnet pourpre - Roger Faligot, Alain Robet

Anne Corre, la fille au carnet pourpre

Roger Faligot habite la presqu'île de Daoulas, qui sépare les embouchures des deux cours d'eau donnant sur la rade de Brest, l'Aulne et l'Elorn (comme le Bec d'Ambès séparant la Garonne et la Dordogne avant que leurs eaux forment la Gironde). En 1999, il a connaissance du cas d'Anne Corre, une jeune lycéenne résistante disparue en déportation en mai 1945 (à l'extrême fin de la guerre). 

Au moment même où le dernier convoi l'amenait vers l'Allemagne, des bruits couraient sur sa liaison avec un jeune officier allemand. C'est ce qui a conduit Roger Faligot à mener une recherche sur son parcours, recherche qui a abouti dix ans plus tard à en faire une des héroïnes de La rose et l'edelweiss. Histoire enrichie en 2016 par une BD, en collaboration avec le dessinateur Alain Robet: La fille au carnet pourpre , un mystérieux carnet sur lequel nous reviendrons. 

Anne Corre est née en 1925. Son père tenait un garage Citroën à Daoulas (ville qui ferme la presqu'île de Plougastel, côté Brest), sa mère était directrice de l'école publique.

Très jeune, Anne manifeste un caractère enjoué et indépendant qui l'amène à animer des bandes de filles et de garçons. A ses quinze ans, les débuts de l'occupation provoquent chez elle une volonté de faire quelque chose. Dès l'été, elle aide deux soldats français qui fuient l'armée allemande par crainte d'être traités comme des prisonniers. 

Puis, les lycées de Brest étant fermés pour cause de bombardements, ses parents l'envoient au lycée Victor Duruy à Paris pour rejoindre sa cousine Mado. Bientôt, elle est choquée par l'arrestation de ses profs de philo et latin-grec, toutes deux juives. Elle intègre alors, sans trop mesurer le symbole, le groupe de résistance de Geneviève de Gaulle. Ses parents, inquiets, la font revenir dans le Finistère, au lycée de Morlaix, en octobre 1942.

Le 23 juin 43, une petite fille qu'elle promène échappe à sa garde près du dernier étage du viaduc, au moment où la RAF bombarde la dernière arche. La petite fille est tuée, ainsi que neuf enfants d'une école voisine.

L'année suivante, elle est au lycée de filles de Quimper. Elle a dix-huit ans passés, mais depuis longtemps son esprit d'indépendance et son refus des convenances sociales lui donnent beaucoup de charme, ce qui séduit les garçons, comme l'attestent de nombreux témoignages (c'est peut-être pour cela qu'elle a dû quitter le lycée de Morlaix). 

A Quimper, un groupe de jeunes résistant-e-s, le groupe de Paul Collette, a été décimé. Mais un autre groupe, le groupe Marceau, s'attaque aux symboles de la collaboration (René Vautier, alors âgé de 15 ans, également membre de ce groupe, trouvait Anne trop vieille pour lui!). Anne, qui a déjà approché la résistance à Paris, et même avant à Brest (participation à la commémoration interdite du 11 novembre 1940), intègre le réseau. Le groupe attaque la permanence de la LVF (Légion des Volontaires Français) et fait sauter les locaux du PPF (Parti Populaire Français). Le 11 novembre 43, il manque de peu un attentat contre le responsable du STO. Un autre groupe de résistance, dont fait partie un voisin d'Anne à Daoulas, Jean Kernéis, qui avait prévu de détruire le fichier du STO, voit de ce fait son action retardée. Mais il réussit peu après ( 60 000 fiches détruites). 

De son côté, le réseau Marceau se constitue en maquis à la lisière de Quimper, dans un secteur très boisé et peu accessible, la vallée du Stangala. Anne est toujours à Quimper. C'est à cette période qu'on lui prête une aventure avec un lieutenant allemand (sans doute anti-nazi), qui lui aurait permis de séduire un membre breton de la Gestapo, Bernard Massotte, "spécialiste" de la torture.  Quoiqu'il en soit, celui-ci est abattu par Alain Conan, membre du réseau, le 25 avril 44 à 6h du matin, après une nuit passée avec Anne. Une de ses amies du lycée et du réseau, Yvette Menez, croise Anne peu après. Anne lui dit: "je suis perdue, j'ai fait tuer Massotte, il a passé la nuit avec moi".    

Elle lui confie un carnet pourpre (probablement son journal) en lui faisant jurer de ne pas le lire (carnet malheureusement disparu dans une caisse de livres vendus à un bouquiniste). Les polices allemande et vichyste, qui la soupçonnent, enquêtent pour savoir si on l'a vue avec Massotte dans des lieux publics (cafés, restaurants). 

Anne, avec sa copine Jacqueline, rejoint alors le maquis pendant une dizaine de jours, avant de rejoindre Brest en passant par Douarnenez. Malgré les risques, elles sont partantes pour une nouvelle mission. Anne, la jeune fille brune, s'est déguisée et teinte en rousse, et elle se croit non reconnaissable. Mais elle se trompe. Reconnues et dénoncées, les deux jeunes filles sont arrêtées le 24 mai, ce qu'annoncent avec jubilation morbide des SS aux parents d'Anne, dont la mère imagine qu'elle a été entraînée par sa camarade.

Après avoir été incarcérée à Quimper, Anne se retrouve en prison à Rennes et pendant toute cette période elle peut communiquer avec sa famille, qu'elle tente de rassurer. Elle se lie d'amitié avec Simone Jézéquel, dont le parcours ressemble au sien: Simone a été arrêtée à la suite de l'imprudence et de la naïveté de jeunes lycéens de Saint-Brieuc. Le 2 août, un bombardement atteint le mur d'enceinte de la prison et occasionne une tentative d'évasion. Les Allemands décident alors leur transfert vers l'Est. Aucune opération de la Résistance pour les libérer en sabotant la voie n'est envisagée, malgré l'appel d'un cheminot de Nantes. Cependant, certains parviennent à s'enfuir à la faveur d'un ralentissement, et à la gare de triage de Saint-Pierre-les-Corps (près de Tours), 168 prisonniers parviennent à s'échapper, dont Jacqueline. 

Ce n'est pas le cas pour Anne, qui a juste le temps de lui souhaiter "bonne chance" . Le train est parvenu à Belfort, les prisonnier-e-s sont dirigé-e-s vers le camp-usine de Genshagen, où Anne travaille. Avec Lucette et Lucienne, deux détenues avec lesquelles elle a sympathisé, elle parvient à fabriquer pour le 11 novembre des "fleurs de liberté" tricolores à l'aide de fils de fer. 

Mais au printemps 45, devant l'avancée des troupes soviétiques et américaines, les Allemands décident d'évacuer le camp. C'est le début d'une "marche de la mort" au cours de laquelle on perd la trace d'Anne. Certains documents la mentionnent mourante au Revier (infirmerie du camp). Mais Lucette, rescapée, pense l'avoir vue parmi des femmes libérées le 3 mai dans la petite bourgade de Parchim, à la jonction soviéto-anglaise.

Un mois plus tard, sa mère reçoit une lettre d'une amie indiquant qu'une radio l'avait mentionnée dans une liste de rapatriées à Bruxelles. Rien ne suivra. Et comme le dit Roger Faligot: "le mystère de la disparition d'Anne reste entier, mais pas celui de sa participation intrépide à la Résistance, dès les premières heures de l'occupation, à l'âge de 15 ans".            

 

Fonds ANACR (Association Nationale des Amis des Combattants de la Résistance) Anne Corre: la jeune résistante Anne Corre,morte en camp de concentration(Oranienburg) à 20 ans,en 1945 ,ayant grandi entre Daoulas et Plougastel

Fonds ANACR (Association Nationale des Amis des Combattants de la Résistance) Anne Corre: la jeune résistante Anne Corre,morte en camp de concentration(Oranienburg) à 20 ans,en 1945 ,ayant grandi entre Daoulas et Plougastel

Des graines sous la neige: Nathalie Lemel, communarde et visionnaire, Locus Solus -  par le scénariste Robert Michon (également cinéaste) et Laetitia Rouxel (dessinatrice)  

Des graines sous la neige: Nathalie Lemel, communarde et visionnaire, Locus Solus - par le scénariste Robert Michon (également cinéaste) et Laetitia Rouxel (dessinatrice)  

Des graines sous la neige: Nathalie Lemel, communarde et visionnaire

La Commune a produit des personnalités remarquables mais certaines sont restées longtemps méconnues. C'est le cas de la brestoise Nathalie Lemel, dont une biographie par Eugène Kerbaul avait cependant été publiée aux éditions Le temps des Cerises (2003, 3 édition 2014).

Récemment, un couple breton, le scénariste Robert Michon (également cinéaste) et sa compagne Laetitia Rouxel (dessinatrice) a choisi de transcrire cette vie intense sous la forme d'une BD. Claudine Rey, journaliste et présidente d'honneur des Amies et Amis de la Commune, a présenté l'ouvrage sous le titre Un visage sort de l'ombre

Une vie bien remplie et longue (1826-1921). Un décès symbole, le 8 mai, quelques jours seulement avant le 50e anniversaire de la Commune. Sept ans plus tôt, Armand Guerra, un réalisateur libertaire du cinéma naissant, l'avait sollicitée pour le tournage d'un film titré tout simplement La Commune , ce qu'elle n'avait accepté qu'avec réticence. Dans un album aux couleurs sombres, Laëtitia Rouxel a inclu des planches en noir et blanc (avec quelques taches rouges) illustrant ces entretiens sur les différentes de sa vie. 

Nathalie Lemel est née Duval. Son père, Alain, ouvrier tanneur, semble avoir ensuite abandonné ce métier pour aider sa femme, Catherine qui tenait un modeste débit de boissons. Cependant, ils ont une certaine aisance, puisqu'Alain Duval est électeur censitaire. Ils font même des sacrifices pour doter leur fille d'une bonne instruction, chose rare à l'époque. Le débit de boissons est un lieu de passage très fréquenté, notamment par les ouvriers de l'arsenal. 

Nathalie, dont la curiosité est éveillée par l'école et la lecture, s'intéresse aux discussions politiques et aux mouvements sociaux. En 1847, elle se marie avec Adolphe Le Mel (plus tard on écrira Lemel) et en 1849 le couple s'installe à Quimper pour tenir un atelier de reliure et une librairie. 

La situation en France se modifie avec la révolution de 1848, puis le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte et l'établissement du Second Empire.  Le couple Lemel, qui a déjà trois enfants, quitte Quimper en 1861 pour s'installer à Paris. Tandis que son mari s'adapte mal, Nathalie reprend comme ouvrière son métier de relieuse, une corporation très revendicative. En 1864, à l'occasion d'une grève, Nathalie rencontre Eugène Varlin et est élue au comité de grève. 

En 1865, l'AIT (l'Internationale) installe son siège parisien. En 1866, Varlin, au premier congrès de l'Internationale à Genève, propose "l'amélioration des conditions de travail des femmes en opposition à la notion de femme au foyer et un enseignement obligatoire, pris en charge par la société, pour tous les enfants". Ce qui le rapproche encore de Nathalie, d'autant plus que son mari lui reproche son engagement politique et social et sombre dans l'alcoolisme. 

A la fin de l'année sont créées une "caisse fédérative de prévoyance" et une société civile d'alimentation "La Ménagère". 

En 1868, alors que le régime s'assouplit (autorisation des réunions publiques) une assemblée générale crée des restaurants coopératifs "La marmite", et c'est Nathalie qui ouvre le premier rue Mazarine. 

En 1870-1871, la guerre désastreuse contre la Prusse et le soulèvement de la Commune modifient complètement les choses. Tout en s'occupant de "la Marmite", en essayant de gérer au mieux la pénurie alimentaire qui s'installe, Nathalie prend la tête de l'Union des Femmes et rencontre Elisabeth Dimitrieff, représentante de l'Internationale. 

La fin de la Commune approche. Le 23 mai, Nathalie tient une barricade Place Blanche avec des femmes. Le 28, alors que la dernière barricade tombe à Belleville, Varlin est sommairement exécuté. 

 

      

Eugène Varlin (1839-1871)

Eugène Varlin (1839-1871)

Nathalie Lemel

Nathalie Lemel

Le 21 juin, Nathalie est arrêtée. Le 10 septembre 1872, elle est condamnée à la déportation à perpétuité. 

En 1873, après la démission de Thiers, son successeur Mac Mahon décide la déportation en Nouvelle Calédonie. Le 9 août, Nathalie retrouve Louise Michel à La Rochelle où elles sont embarquées sur "La Virginie" qui arrive à Nouméa en septembre, après un voyage pénible. Tandis que Louise et Nathalie organisent du mieux possible la vie sur l'île (en obtenant notamment le droit de subir le même sort que les hommes), à Paris se créent deux comités pour l'amnistie, l'un mené par Victor Hugo et Louis Blanc, l'autre plus à gauche intitulé "Initiative pour l'amnistie". En 1879, une amnistie partielle est accordée, Nathalie rentre à Paris.  En 1879, une amnistie partielle est accordée, Nathalie rentre à Paris. En 1880, elle trouve un emploi de plieuse au journal de Henri Rochefort, L'Intransigeant , puis elle sombre dans la misère. En 1888, son mari, qu'elle ne voit plus guère, meurt. En 1889, c'est son fils Charles. En 1905, c'est Louise Michel. En 1915, seule et dans une grande misère, elle entre à l'Hospice des Incurables d'Ivry, où elle décède le 8 mai 1921, quelques jours avant le 50ème anniversaire de la Commune. Le 11 mai, seules trois personnes assisteront à son inhumation dans la fosse commune du cimetière d'Ivry. 

Dans la postface de la BD, sous le titre "Nathalie la discrète" , l'actrice Nathalie Boutefeu, qui joue le rôle de Nathalie Lemel dans le téléfilm de Solveig Anspach, Louise Michel, la rebelle (2008), écrit: 

" Aujourd'hui, Roland Michon et Laëtitia Rouxel se penchent sur la mémoire de Nathalie Lemel, et utilisent pour cela un outil proche du cinéma: la bande dessinée. Cadrage, mouvement, dialogues, couleurs et lumières sont ici au service d'une biographie fidèle. Un travail à la fois riche sur le fond et sur la forme, mais par la magie de l'image accessible au plus grand nombre. Leur documentation est telle qu'à cette lecture, j'ai eu le bonheur de largement compléter ma connaissance du personnage. La Communarde un peu oubliée par l'Histoire est revenue par ce livre peupler mes souvenirs de tournage calédoniens. Et confirme l'admiration que je porte à son combat".   

(...)

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