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Philippe RIO, Maire PCF de Grigny et Président des Maires pour la paix-France, Paul QUILES, Maire de Cordes sur ciel et Président des initiatives pour le désarmement nucléaire, et Jean-marie COLLIN, Co-porte-parole de ICAN France ont tous trois co-signés une lettre aux maires de France leur demandant de signer un appel à soutenir le traité sur l’interdiction des armes nucléaires et de demander au gouvernement d’y adhérer et de le ratifier.
Cliquer sur les liens pour voir L'Appel et la Lettre aux maires de France pour soutenir le désarmement nucléaire
Adopté fin mars par les députés, le projet de loi est désormais au palais du Luxembourg à partir de cet après-midi. Les élus appellent à des mesures immédiates.
Avant d’entrer dans le vif du sujet de la loi, les sénateurs du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste réitèrent l’exigence de leurs collègues à l’Assemblée nationale d’un moratoire contre les fermetures de lits, de services, d’hôpitaux et de maternités. « Nous comptons bien pour cela recueillir le million de signatures nécessaires pour arriver à nos fins », a expliqué Alain Bruneel, député du Nord, lors d’une conférence de presse conjointe des députés et sénateurs communistes, mercredi dernier, à la veille du débat sur le projet de loi d’organisation et de transformation du système de santé. Un premier pas vers un plan d’urgence que les parlementaires appellent de leurs vœux à l’issue de seize mois d’un tour de France des hôpitaux qui a nourri leur projet de loi-cadre pour la santé, qu’ils rendront public à la rentrée de septembre.
D’ici là, comme leurs collègues députés, les sénateurs communistes ne voteront pas le projet de loi « organisation et transformation du système de santé », débattu jusqu’en fin de semaine. Une procédure accélérée voulue par le gouvernement qui fait douter ces élus de la volonté de la majorité LaREM de débattre d’un texte truffé d’ordonnances et dont nombre de dispositions sont renvoyées à des textes réglementaires. Des critiques qu’ils ont exprimées dans une tentative d’opposer une question préalable au texte, qui aurait conduit à son rejet, repoussée sans surprise par la commission des Affaires sociales.
Dans l’hémicycle, comme ils l’ont expliqué en conférence de presse, les parlementaires communistes vont porter le fer contre un projet qui « ne transformera pas le système de soins puisqu’il s’inscrit dans la logique des lois Bachelot et Touraine. Ainsi, nous restons dans une perspective de réduction des dépenses », a estimé Laurence Cohen, sénatrice du Val-de-Marne, membre de la commission des Affaires sociales.
En tête de leurs préoccupations, les hôpitaux de proximité, à qui le projet de loi interdit les activités de chirurgie et d’obstétrique. Ils n’assureraient plus que les premiers soins, les consultations de spécialités, le suivi des malades chroniques et celui des personnes âgées. Les urgences, les activités prénatales et postnatales, les soins de suite et de réadaptation, les soins palliatifs, seraient optionnels. Si certains établissements pourront proposer des actes chirurgicaux, ce sera à titre dérogatoire et très encadré. Un décret au Conseil d’État devra le prévoir, et les agences régionales de santé auront le dernier mot. « Une liste limitative des actes concernés sera fixée par le ministre de la Santé (en poste – NDLR) », précise le projet de loi. Les hôpitaux de proximité, tels que les imagine le gouvernement, deviendraient donc des sortes de plaques tournantes d’orientation des malades vers les établissements de recours (niveau 2) et de référence, hyperspécialisés (niveau 3).
Les sénateurs communistes s’apprêtent donc à défendre un autre schéma d’organisation des hôpitaux sur le territoire à partir du maintien en proximité immédiate d’un service d’urgences ouvert en permanence, d’une maternité de niveau 1, de services de médecine et de chirurgie, de services de soins de suite et de structures pour personnes âgées en lien avec un réseau de centres de santé et la psychiatrie de secteur. « Les coquilles vides qu’envisage le gouvernement vont aggraver la désertification médicale. Les médecins s’installent là où les besoins des patients sont pris en charge. C’est pourquoi, aux côtés des hôpitaux correctement dotés en activités, nous défendons le déploiement de centres de santé où les jeunes médecins pourront accéder au salariat, ce qu’ils souhaitent. Et les patients au tiers payant, ce qui limiterait le renoncement aux soins en augmentation constante », défend Laurence Cohen. Plusieurs amendements ont été déposés dans ce sens. Rejetés. Comme ceux qui portent sur la suppression de la dizaine d’articles autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances sur des mesures essentielles, tels la carte des futurs hôpitaux de proximité, l’octroi des autorisations d’activités accordés aux établissements hospitaliers, l’extension des pouvoirs des agences régionales de santé.
Le comité de défense des usagers de l’hôpital a remis un courrier au sénateur, Jean-Luc Fichet. | OUEST-FRANCE
lundi 3 juin, le comité de défense des usagers de l’hôpital public ont rencontré le sénateur Jean-Luc Fichet pour lui dire leur inquiétude quant aux annonces de la ministre de la Santé
« Votre vote sera décisif, c’est le devenir de l’hôpital public qui est en jeu. » Hier, la présidente du comité de défense des usagers de l’hôpital public en pays de Morlaix (Finistère) n’a pas mâché ses mots, en remettant au sénateur Jean-Luc Fichet un courrier, quelques jours avant le débat du projet de loi Ma santé 2022, votée en première lecture par l’Assemblée nationale.
« Ne vous laissez pas abuser par la définition que donne la ministre de la Santé, Agnès Buzin, de la proximité… L’objectif annoncé concerne cinq à six cents hôpitaux qui devraient être labellisés hôpitaux de proximité, ce qui entraînera la fermeture de maternités, de services de chirurgie et de services d’urgences. » Le comité craint pour l’hôpital de Morlaix.
« Votre combat est le mien, a rassuré Jean-Luc Fichet. On a besoin d’un hôpital à part entière avec un service de cardiologie. Seule, l’ARS (Agence régionale de santé) est responsable. Les maires en ont été écartés, les élus participent au conseil de surveillance, ils donnent un avis mais n’ont pas un pouvoir décisionnel. »
Graphiste et illustrateur passionné pour la représentation de l’image engagée, Régis Léger, alias Dugudus, commente la construction de son affiche de la Fête de l’Humanité 2019. «Faire le lien entre une fête culturelle et le journal » souligne-t-il, le message fort qu’il a souhaité promouvoir. Rencontre.
Hier, 15 000 cheminots (selon la CGT) ont défilé dans les rues de Paris, contre la casse du service public SNCF, en colère contre la souffrance au travail qui gagne les agents de tous les collèges et de tous les secteurs, pour dénoncer, aussi, les conséquences d’une réforme ferroviaire « mal préparée », imposée à coups d’ordonnances il y a tout juste un an. À l’appel de la CGT, de l’Unsa, de SUD et de la CFDT, ils ont réussi leur pari de mobiliser massivement. Démissions et ruptures conventionnelles en cascades, mobilités forcées, perte du sens du travail, isolement… les cheminots souffrent des réorganisations à la chaîne imposées par une direction obsédée par la réduction du « coût du travail » alors que se profile l’ouverture à la concurrence généralisée. Hier, salariés de la RATP et cheminots étrangers – belges et allemands – ont rejoint, en solidarité, la manifestation des cheminots.
Un an après le vote du pacte ferroviaire, les salariés de la SNCF manifestent aujourd’hui à Paris pour dénoncer ses conséquences sur leur travail et le service public ainsi que les mensonges du gouvernement.
Ils devraient à nouveau déferler en masse dans les rues de Paris. Un an après le vote de la réforme ferroviaire, les cheminots se sont donné rendez-vous, aujourd’hui, à l’appel de toutes les organisations syndicales (CGT, SUD, Unsa et CFDT). Un combat unitaire, dans la foulée d’une des plus grandes mobilisations sociales à la SNCF, au printemps 2018, contre le pacte ferroviaire porté par un exécutif coutumier du passage en force. « Cette réforme était mauvaise », expliquent les syndicats, sa mise en application est pire. « Les objectifs fixés par le gouvernement l’année dernière, en matière de développement du service public et de simplification du système n’ont tout simplement pas été suivis d’effet », explique Erik Meyer, secrétaire fédéral SUD rail. Pour le syndicaliste, le bilan est alarmant : « Aucune des garanties sociales mises sur la table pour faire passer la pilule de la réforme n’est à l’ordre du jour. Cette loi est dogmatique et a simplement servi au gouvernement à faire passer ses trois marqueurs politiques : concurrence, privatisation et casse du statut des cheminots. »
Si la réforme de 2014 avait déjà scindé le système ferroviaire en trois établissements publics distincts, celle de 2018 consacre « l’atomisation du rail », accuse Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots. Ainsi, la séparation par activités et par produits, renforcée par la transformation juridique de la SNCF en différentes sociétés anonymes et filiales, isole les cheminots qui « perdent le sens de leur travail ». Évolutions de carrières empêchées, mobilités forcées, compétition entre activités, le cloisonnement à l’œuvre « menace le groupe de dislocation », insiste Laurent Brun. « L’ambition de Guillaume Pepy (président de la SNCF – NDLR), c’est que chaque société anonyme gagne en autonomie et devienne totalement indépendante l’une de l’autre, jusqu’à gérer sa propre politique salariale, son organisation du travail, etc. », poursuit Erik Meyer, qui dénonce une SNCF « gérée comme une multinationale classique ».
Ouvertes en parallèle sur trois fronts, dans l’entreprise, au niveau de la branche et au niveau national en amont de la publication des décrets d’application de la réforme, les négociations censées fixer des garanties sociales à la transformation du système, elles, patinent. « Le gouvernement n’a toujours pas pris l’ensemble des mesures prévues par cette loi », rappellent les syndicats, qui taclent les promesses de concertation non tenues et des engagements financiers non respectés. Résultat, dénoncent les organisations, « des lignes ferment par manque de moyens pour les régénérer ». « Et ce que le gouvernement n’a pas pu faire rentrer dans sa réforme, il l’a imposé dans la LOM (la loi d’orientation des mobilités actuellement en débat au Parlement – NDLR), en ouvrant, par exemple, la possibilité de confier la gestion de l’infrastructure à un opérateur privé », explique Laurent Brun.
Pour ce qui est de la branche, « aucune des promesses n’est tenue », affirme le secrétaire général de la CGT cheminots. Le patronat du rail fait blocage et la convention collective de haut niveau vantée par le gouvernement ne verra pas le jour. Preuve en est, « le gouvernement a anticipé l’échec de la négociation en préparant un décret qui lui permettra de fixer lui-même le contenu de la convention collective nationale », poursuit Laurent Brun. Sans compter que « des pans entiers de métiers, aujourd’hui cheminots, pourraient être sortis de cette convention collective pour être rattachés à celles du bâtiment, des travaux publics, de l’informatique, et même, des remontées mécaniques », note Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT cheminots.
Quant à l’accord d’entreprise, « les négociations sont au point mort », déplorent les syndicats. Le dialogue social à la SNCF est « impossible », selon la CFDT, et l’ambiance dans l’entreprise « détestable », dénonce la CGT. Les syndicats actionnent l’alarme sociale : « Le malaise est grand et profond. Le corps social est heurté et les protections disparaissent. L’inquiétude est là, palpable (…) et le mépris est pour l’instant la seule réponse de la direction. »
Près d’un an après le vote du pacte ferroviaire, les syndicats dénoncent ses conséquences et renouent avec l’unité d’action en mobilisant les cheminots le 4 juin.
Les cheminots ont fait le bilan et il est alarmant. D’une seule voix, les syndicats appellent à nouveau leurs troupes à la mobilisation le 4 juin contre l’application d’une réforme qu’ils ont combattue, dans l’unité et pendant plus de trois mois, il y a tout juste un an. « C’est l’acte II », une « nouvelle étape », c’est « bien plus qu’un coup de semonce », ont indiqué hier face à la presse les représentants des quatre organisations représentatives à la SNCF (CGT, SUD, Unsa et CFDT). « Ce que nous suspections (…) est désormais en train de se réaliser, dans toute la violence sociale que cela représente pour les cheminots et les usagers », a déclaré Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots, dénonçant, à plusieurs reprises, « l’ambiance détestable » qui règne dans l’entreprise.
Alors que le pacte ferroviaire imposé par l’exécutif à coups d’ordonnances consacre l’ouverture à la concurrence, la transformation juridique de l’entreprise publique en sociétés anonymes à multiples filiales et l’abandon du recrutement des cheminots au statut, « ce sont les salariés qui paient la facture. On nous avait promis un pacte social et une convention collective de haut niveau, mais rien n’a avancé. Rien », s’est indigné Erik Meyer, secrétaire fédéral SUD rail. Face à un patronat qui « fait blocage » sur la négociation de branche, face à une direction qui laisse au point mort les négociations sur l’accord d’entreprise et face à un gouvernement qui ne respecte ni ses engagements financiers, ni ses promesses de concertation sociale préalable à la publication des décrets d’application de la réforme, les cheminots tirent la sonnette d’alarme. « La manifestation du 4 juin est déjà un succès, 9 000 cheminots se sont inscrits dans le mouvement pour la seule CGT », a insisté Laurent Brun. Des cheminots « laissés pour compte et qui éprouvent un très fort sentiment de casse de leur outil de travail et de destruction programmée du service public ferroviaire », a enchaîné Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT cheminots. Et le responsable syndical va même plus loin. « Nous avons à la SNCF les mêmes ingrédients en termes de risques psychosociaux qu’à France Télécom à l’époque de la vague de suicides. » Même discours chez SUD rail, qui fait « clairement le parallèle entre la situation à la SNCF et l’actuel procès Lombard (ancien dirigeant de France Télécom mis en examen pour harcèlement moral – NDLR) ».
Toute à ses obsessions de réductions des coûts de production, la direction laisse se généraliser les pressions sur les agents, dénoncent les syndicats. Ainsi, « les cheminots subissent restructuration sur restructuration, détruisant les collectifs de travail, le contenu des métiers, les compétences et le sens même de nos engagements professionnels », note Laurent Brun. Pis, poursuit le cégétiste, « les salariés dont l’employabilité n’est pas maximale, à savoir les plus anciens, ceux qui ont des inaptitudes ou des handicaps, ou encore ceux dont les compétences ne sont plus recherchées, sont de plus en plus brutalement poussés vers la sortie ». Et pour couronner le tout, rappelle Roger Dillenseger, secrétaire général de l’Unsa ferroviaire, « les négociations annuelles obligatoires s’orientent vers une cinquième année consécutive de gel des salaires ».
Dans ce paysage chaotique, « la séparation par activités et la segmentation des métiers détruisent le service public ferroviaire », poursuit Roger Dillenseger. Et chaque nouvelle réorganisation se traduit « sans exception par des suppressions de postes ». Fermetures de guichets, de dessertes, multiplication de la sous-traitance, c’est « l’atomisation du réseau » qui se trame, pointe Laurent Brun, qui redoute qu’à l’instar du privé, « les licenciements finissent par devenir un outil de régulation ». En somme, résument en lettres capitales les tracts appelant à la mobilisation du 4 juin, « la coupe est pleine ».
Dans une tribune publiée hier, 45 avocats protestent contre l’inaction coupable de l’État, après la condamnation à mort de djihadistes français en Irak. Entretien avec Me Leclerc.
La peine de mort pour tous, par pendaison. Voilà le verdict infligé par la justice irakienne aux onze Français jugés depuis une semaine, après leur transfert de Syrie, pour « appartenance au groupe “État islamique” » (EI). « Je ne peux pas vous donner le chiffre précis mais on (en) aura d’autres », avait assuré dimanche Laurent Nunez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, alors que 450 Français liés à l’EI environ seraient encore retenus en Syrie. Si le gouvernement dit intervenir « au plus haut niveau » pour éviter que ces hommes soient pendus, il défend aussi l’indépendance de la justice irakienne, assurant que les prévenus avaient bénéficié de « procès équitables ». Pas l’avis de Human Rights Watch, qui dénonce des procédures avec « de graves lacunes », autorisant le recours à de la « torture ». Hier, 45 avocats français ont publié sur franceinfo.fr une tribune fustigeant l’inaction de l’État dans ce dossier. Président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, Me Henri Leclerc s’explique.
Laisser condamner à mort des Français en Irak serait un « immense déshonneur », écrivez-vous. Pourquoi ?
HENRI LECLERC L’honneur de la France, c’est d’être le pays des droits de l’homme. Un pays qui, comme toutes les nations du monde, protège ses ressortissants. L’interdiction de la peine de mort est par ailleurs un principe fondamental de notre droit, au cœur de la Constitution, avec l’article 66-1, comme de la Convention européenne des droits de l’homme. Dans une telle situation, la France ne peut pas se contenter de protestations de principe, encore moins d’une absence de protestations. Dire « on préférerait qu’il n’y ait pas d’exécution» ne suffit pas.
Une grande partie de l’opinion considère qu’il est normal que ces Français partis faire le djihad en Syrie ou en Irak soient jugés là-bas. Pourquoi refusez-vous cette logique ?
HENRI LECLERC L’opinion n’est pas la seule boussole en matière de principes fondamentaux. En 1981, quand le Parlement a abrogé la peine de mort à l’initiative de Robert Badinter, 63 % des Français étaient hostiles à cette réforme. Personne ne conteste aujourd’hui que, ce jour-là, la France a fait un pas en avant considérable. Par ailleurs, quelle que soit l’horreur d’un crime, son auteur n’est pas destitué de la nationalité française automatiquement. Donc ces personnes restent françaises. Certes, leurs crimes sont parmi les plus lourds qui existent. Mais l’horreur d’un crime ne justifie pas l’abandon d’un principe fondamental : notre opposition à la peine de mort. La France est déjà intervenue, avec vigueur, pour des Français condamnés à mort pour trafic de stupéfiants en Indonésie, ou au Mexique. Quand de tels principes sont en jeu, elle ne peut pas donner l’impression de regarder ailleurs.
Le gouvernement assure que les procès ont été « équitables ». Cela ne vous convainc pas ?
HENRI LECLERC Pas tout à fait. Des confrères avocats, comme des journalistes ou des associations, assurent que la justice irakienne est expéditive, que les procès ne se déroulent pas toujours dans des conditions qui respectent les droits de l’homme. on parle même de tortures…
Vous évoquez dans la tribune la « résignation coupable » et même le « cynisme d’État » du gouvernement dans cette affaire. Quelle est sa responsabilité ?
HENRI LECLERC Sa responsabilité serait d’intervenir. Lorsqu’un pays comme la France veut quelque chose sur le plan diplomatique, elle a des arguments à faire valoir. Si la réponse qui lui est donnée est le mépris, elle doit montrer sa détermination.
Cette attitude serait le paroxysme d’un affaiblissement plus général de notre droit. Quelles en ont été les précédentes manifestations ?
HENRI LECLERC On l’a vu en matière d’antiterrorisme, mais pas seulement. Notre pays a voté une succession de lois sécuritaires, qui ont développé l’action de la police, en rognant parfois de manière inquiétante sur les libertés. Tout récemment, on peut citer l’interdiction préventive de manifester, finalement censurée par le Conseil constitutionnel, ou la création du délit « collectif de participation à un groupe violent ». Cela fait des années que nous tirons la sonnette d’alarme sur cet affaiblissement de notre droit.
Les écarts de richesse continuent de se creuser en France, relève le nouveau rapport de l’Observatoire des inégalités, publié aujourd’hui. Le haut de l’échelle est de plus en plus favorisé, notamment en matière fiscale et scolaire, alors que les catégories populaires sont heurtées par la précarité. Tendance renforcée depuis l’arrivée du président Macron.
C’est un bilan sévère que dresse l’Observatoire des inégalités (OI) dans son troisième rapport annuel sur les inégalités en France. Certes, ces dernières n’explosent pas. Notre système de redistribution, le fameux « pognon de dingue » dénoncé par le président Macron, offre encore un filet de sécurité aux plus pauvres et permet à la France d’être, au niveau européen, un élève moyen en matière d’écart entre les riches et les pauvres. Pour autant, le paysage est loin d’être satisfaisant. Même après les impôts dont ils se plaignent, les catégories les plus aisées – les 10 % les plus riches – continuent d’accumuler les avantages. Bons salaires, conditions de vie favorables, accès aux meilleures formations : leurs capitaux financier et culturel les protègent de l’insécurité sociale.
Les classes défavorisées et, de plus en plus, les classes moyennes sont, elles, soumises à une précarisation croissante. Leur vie, et surtout celles de leurs enfants, qui entrent sur le marché du travail, se caractérise par l’insécurité sociale. « Le mouvement des gilets jaunes est un signe d’impatience des classes populaires et moyennes, prévient Louis Maurin, directeur de l’OI. À trop tirer sur la corde des privilèges tout en faisant miroiter l’“égalité pour tous”, le risque est énorme que cet état de fait n’entraîne des mouvements de contestation de grande ampleur et que d’autres forces, bien plus conservatrices, prennent les choses en main, comme c’est le cas dans un nombre croissant de pays occidentaux. »
La France évite le pire. Son système social permet encore de limiter l’explosion des inégalités. « La répartition des revenus en France est très inégalitaire, mais elle est en partie compensée par la redistribution et, au bout du compte, avec l’accès aux services publics, nous nous situons au milieu du classement par rapport à nos partenaires européens », analyse Louis Maurin. Sur la période 2012-2016, les écarts de niveau de vie (après impôts et prestations sociales) se sont stabilisés. Ça n’empêche pas le revenu moyen des 10 % les plus riches d’être 6,7 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres. Surtout, la stabilisation récente ne modifie pas la tendance à long terme. « Jusque dans les années 1990, les revenus des pauvres et des riches avaient tendance à se rapprocher. Désormais, ils s’éloignent. Les hiérarchies se renforcent », note l’OI. Les chiffres de l’Insee s’arrêtent en 2016. Pour la période écoulée du quinquennat Macron, Louis Maurin parie sur une stabilité des écarts. « Les premières décisions politiques ont été très favorables aux riches avec les réductions fiscales. Mais il y a eu des mesures de compensation obtenues par les gilets jaunes, comme l’augmentation de la prime d’activité et de l’allocation adulte handicapé. Surtout, la baisse du chômage, amorcée sous François Hollande, devrait limiter l’accroissement du fossé entre les riches et les pauvres. »
Signe de cette inversion de tendance, la pauvreté, sans avoir explosé, est repartie à la hausse depuis les années 1990. Entre 2006 et 2016, le nombre de personnes pauvres (dont les revenus sont inférieurs à 855 euros mensuels pour une personne seule et à 1 796 euros pour un couple avec deux enfants) a augmenté de 630 000, pour atteindre 5 millions, dont 1,1 million qui travaillent. Reste que, avec ces chiffres, « la France est un des pays d’Europe où le taux de pauvreté est parmi les plus faibles ». Surtout, on y reste moins longtemps dans la pauvreté qu’ailleurs. Un tiers des pauvres en 2015 l’avaient été deux années de suite. Ils sont la moitié dans ce cas à l’échelle européenne et jusqu’à 60 % dans des pays du Sud ou de l’Est.
« La France de tout en haut va très bien. Elle a, certes, subi en 2011 et 2012 une nette baisse de son niveau de vie du fait notamment de la hausse des prélèvements. Elle s’est cependant vite ressaisie et a obtenu de la nouvelle majorité de 2017 le jackpot, avec la quasi-suppression de l’impôt sur la fortune et, surtout, le passage à un impôt forfaitaire sur les revenus financiers », rappelle Louis Maurin. Pour les 10 % les plus riches, même s’il y a une grande différence d’un bout à l’autre de l’échelle, les avantages se cumulent. À eux seuls, ils perçoivent 25 % de la masse des salaires de toute la population et possèdent la moitié de l’ensemble du patrimoine national. En vingt ans, leur niveau de vie annuel a progressé de 11 300 euros, pour atteindre 56 000 euros. De quoi se projeter dans l’avenir et mettre leurs enfants à l’abri. Moins touchés par le chômage (3,3 % des cadres supérieurs en 2017, contre 18,4 % des ouvriers qualifiés), ils exercent aussi des professions moins flexibles, moins dangereuses et sont en meilleure santé. La perpétuation de leur avantage est sanctuarisée par un système scolaire basé sur la notation, la mémorisation et la culture générale, qui avantage leurs enfants. « L’“élitisme républicain” de notre système éducatif est un élitisme social déguisé », résume Louis Maurin. Les écarts entre enfants des catégories sociales apparaissent dès les petites classes. Ils s’accroissent au fil des années, aboutissant à une surreprésentation des catégories sociales supérieures dans les filières générales (84,8 % d’entre elles accèdent en seconde générale et technologique, contre 42,4 % des catégories défavorisées) puis à l’université, où l’on retrouve seulement 12,2 % d’enfants d’ouvriers. Plus on monte dans la hiérarchie scolaire, plus la reproduction sociale est forte. Les conséquences de cette accumulation du capital culturel sont particulièrement graves dans un pays où le diplôme, survalorisé, est quasiment l’unique accès à l’emploi. Le taux de chômage des sans-diplôme s’élève à 18,3 % en 2017, contre 5,5 % pour les titulaires du niveau bac + 2.
Chômage, précarité, mais aussi renchérissement du coût des produits de première nécessité, à commencer par le logement… Les catégories populaires, mais aussi moyennes, sont gagnées par une « insécurité sociale » généralisée, constate le rapport. Entre les 2,8 millions de chômeurs, les 3,7 millions de précaires et le 1,6 million qui ont renoncé à chercher un emploi, l’OI compte plus de 8 millions de personnes affectées par la dégradation du marché du travail, sans compter la catégorie en pleine expansion des autoentrepreneurs. L’emploi précaire est passé de 4,8 % de l’emploi total en 1980 à 13,6 % en 2017. « Le mal-emploi ne frappe pas au hasard, rappelle l’OI, il concerne une population peu organisée collectivement, dont les intérêts sont mal représentés. » Les enfants des catégories populaires, sans diplôme et migrants sont les premiers concernés par les horaires flexibles, les emplois du temps imprévisibles et le travail physiquement pénible. « Une partie des représentants politiques qualifient les chômeurs d’assistés pour tenter de gagner les faveurs des catégories populaires, souvent précaires et mal rémunérées. Ils oublient, ce faisant, que chômeurs, précaires et travailleurs pauvres sont très souvent les mêmes personnes, principalement des ouvriers et employés non qualifiés », note l’OI. En bas de l’échelle se trouvent les immigrés. Plus au chômage que les autres (16,3 %, contre 8,6 % des personnes nées en France), plus mal logés, ils sont aussi plus pauvres (niveau de vie mensuel médian à 1 152 euros, contre 1 762 euros pour un ménage sans personne d’origine étrangère). Eux aussi sont pourtant désignés comme responsables de la dégradation de la situation sociale des catégories moyennes et populaires.
Six associations accompagnant les étrangers placés en centre de rétention administrative ont rendu un rapport accablant sur l’enfermement des immigrés en situation irrégulière.
La France est devenue la championne européenne de l’enfermement des étrangers en situation irrégulière. C’est le triste record annoncé, hier matin, par les six associations intervenant dans les centres et locaux de rétention administrative (CRA), lors de la publication d’un nouveau rapport faisant la lumière sur une « pratique trop souvent irrespectueuse des droits fondamentaux des personnes » et « portant atteinte à leur dignité et leur intégrité ».
En choisissant d’enfermer 45 851 exilés, en 2018, le gouvernement a décidé de banaliser la rétention comme outil systématiquement employé dans sa chasse tous azimuts aux exilés. Enfants, familles, personnes malades, demandeurs d’asile, tout le monde est dans le viseur et souvent de façon abusive. Pour preuve : 56,2 % de personnes enfermées sont finalement libérées.
Cette volonté de faire de la privation de liberté le levier principal de la politique migratoire française s’est d’abord traduite, l’an passé, par le doublement de la durée maximale de rétention, passée de 45 à 90 jours par la grâce de la loi du 10 septembre 2018. « Aucun gouvernement français n’avait jusque-là proposé une telle durée de privation de liberté des personnes étrangères », indiquent les associations. L’exécutif a, en outre, décidé de créer 480 places supplémentaires dans ces lieux d’enfermement. À la lecture du rapport, on se demande même si cela va suffire au gouvernement, qui s’arroge aussi le droit d’enfermer des personnes avant même qu’elles fassent l’objet d’une mesure d’éloignement. C’est le cas des 3 857 demandeurs d’asile, dont le sort dépendait, l’an dernier, du règlement de Dublin et qui ont, bel et bien, été placés en CRA. Ils représentent 14 % des étrangers enfermés. 48 % d’entre eux ont été interpellés lors d’un pointage en préfecture et 41 % ont finalement été libérés sans être expulsés. Certains obtenant même, par la suite, le statut de réfugié… Cet acharnement inique n’épargne personne. Pas même les enfants. En 2018, ils ont été 1 429 à vivre, plusieurs jours, derrière les barbelés des CRA français, 86,1 % d’entre eux étant âgés de moins de 13 ans !
Les associations constatent, de surcroît et « de façon renforcée », le caractère anxiogène et déshumanisant de la rétention. En 2018, elles ont été témoins de tensions « de plus en plus fréquentes et prononcées ». Un contexte marqué par des violences physiques et psychologiques entraînant des cas d’automutilation et même de suicide. Elles appellent à en finir avec le « recours prioritaire à l’enfermement (…) et la violation des droits qui s’attachent, en toutes circonstances, à la privation de liberté ».
En Bretagne, militants et bénévoles d’organisations de solidarité ont pris la route contre les précarités. Arrivée prévue au festival Étonnants Voyageurs avec un recueil de poésies écrit par des exilés et des habitants en grande précarité.
Rennes (Ille-et-Vilaine), envoyée spéciale. Le son de la fanfare de Melesse se déplace dans le centre-ville de Rennes (Ille-et-Vilaine) à mesure qu’avancent les quelque 300 personnes, casquette sur la tête, chaussures de marche aux pieds et parfois même bâtons de marche à la main. De quoi les rendre « visibles », s’enthousiasme Mireille, bénéficiaire de l’allocation adulte handicapée, les « renforcer » et « donner la pêche » à ceux plus habitués à rester dans leur « coin ». « On montre qu’on est là ! lâche Yannick, ancien sans-abri de 47 ans. On ne doit pas avoir honte et rester dans un placard. Ce n’est pas à nous de nous cacher, c’est aux patrons qui nous imposent des contrats précaires et nous font manger des cailloux. » Une voix s’élève, depuis l’enceinte à roulettes. « On va dire quelque chose d’étonnant : on marche ! » lance Joëlle, cheville ouvrière de l’association Un toit, c’est un droit. La marche contre la précarité, pour la dignité et le respect des droits fondamentaux est lancée. Pendant une semaine, ils vont longer le canal d’Ille-et-Rance, jusqu’à arriver à Saint-Malo.
Cet « étonnant voyage », organisé par 60 associations (Emmaüs, LDH, Fondation Abbé-Pierre, ATD quart-monde…), syndicats (FSU, SUD, CGT,…) et soutenu par les partis de gauche (EELV, FI, PCF, Génération.s…), démarre, déjà, par un « pas de côté ». De ceux initiés pour « échanger, se comprendre et donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais », expliquent les organisateurs d’une même voix. Ce pas de côté prend corps dans le quartier populaire de Maurepas, à Rennes, où trois maisons sont prêtées par un promoteur à Un toit, c’est un droit. L’association y héberge 36 personnes, pour la plupart en attente de régularisation. Pendant un an, les exilés croisent, rencontrent et échangent avec les habitants, pour beaucoup en situation de précarité. De là est née une collaboration avec l’atelier photographique du quartier. Jusqu’à la création de séances d’expression poétique.
Un lieu de « partage de (leur) vision du monde », relève Mireille : « C’était plein d’humanité, des moments rares pour des gens isolés comme nous. » À 56 ans, elle a elle-même hébergé un exilé pendant un an. « À Maurepas, on a le cœur sur la main », dit fièrement Pascal, responsable de l’atelier photographique. S’il se sent « mieux avec les migrants », explique-t-il, c’est que la société « les rejette sans arrêt », eux, les « cassos » : « J’en ai marre que le gouvernement nous fasse tous tourner en rond, ou plutôt en carré. Vous voyez l’idée : faire les cent pas sans arrêt en attendant de trouver une solution pour le moindre problème. » Difficultés à se loger, à se nourrir, à travailler… L’idée est d’« exprimer un refus commun de l’indignité, d’un monde de marchandisation où le pauvre est toujours plus pauvre », ajoute Joëlle. Et donc de « créer des ponts entre les précaires que la société essaie sans cesse d’opposer, revendiquer des droits fondamentaux qui devraient être acquis à tous, quelle que soit sa situation administrative ou sa nationalité », complète Nicolas, lui aussi bénévole.
De cette jonction de « poètes précaires » est né un recueil. Pour Vjollca, mère de famille albanaise, il est fait de « langage du cœur », qu’elle exprime tant par ses gestes que ses écrits. « Tes mots sont ma maison : j’y entre », y signe-t-elle. Tiré à 500 exemplaires, il sera présenté samedi, pour l’ouverture du festival Étonnants Voyageurs, à Saint-Malo. L’arrivée à destination sera aussi tout un symbole pour cette troupe qui débarquera en bateau afin de « rappeler l’urgence du sauvetage des migrants en Méditerranée ». Là-bas, après un défilé festif, ces marcheurs-là se retrouveront sous un chapiteau prêté par le festival, qui a mis à leur disposition une centaine d’entrées gratuites. Histoire de vivre une dernière soirée poétique autour du prix Goncourt de la poésie 2019, Yvon Le Men, mais aussi de Titi Robin, Arthur H et bien d’autres.
« Aller vers la mer, vers un autre horizon et vers autre chose, je crois que ça parle à tout le monde », sourit Danièle, retraitée des PTT, ancienne cégétiste et bénévole au Secours populaire, qui, « sans aucune sensiblerie », trouve cette marche « émouvante ». Une semaine pour un trajet d’une heure en voiture ? C’est que, chaque soir, une halte est organisée autour de projections de films, de débats contre les idées reçues, de soirées lecture, mais aussi de spectacles et de concerts. Pour la nuit, chacun se munit d’une tente, à planter sur les terrains accordés par les municipalités. Après de longues semaines de travail appuyé sur des groupes locaux, c’est un aboutissement dont l’ampleur en a surpris plus d’un, et dont se félicitent les organisateurs. Leur force : cette « fédération » ou « inter-orga », déjà à l’œuvre sur de nombreuses actions, estiment-ils. C’est ce « rassemblement qui m’a poussée » à marcher d’un seul pas, explique Christelle, de SOS Méditerranée. Car, dit-elle, « le problème est global ». S’il s’agit de rappeler que « le repli identitaire est causé par la précarisation mise en place par le patronat », comme le fait au micro une militante de la CGT, beaucoup ont en tête le score de l’extrême droite aux européennes. « Tout le système est fait pour pointer ceux qui sont encore plus précaires que vous. Il faut sortir cette idée de la tête des gens car c’est se tromper de cible », juge Agathe, jeune habitante de Saint-Malo, venue, elle, au-devant de la marche.