3 février 2023
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1937. Sur une borne PC (jeu de mot Parti communiste/ Limites communales, "partido comunal" en espagnol), Gerda Taro photographiée par Robert Capa
Paris, 1935, Gerta Pohorrylle (future Gerda Taro) et André Friedmann (futur Robert Capa). Photo Fred Stein
En cheminant avec Gerda Taro, la "pequeña rubia" (la petite blonde) de François Maspero (L'ombre d'une photographe, Gerda Taro - Seuil, 2006), photo reporter de guerre avec son amant et "copain" Robert Capa, travaillant pour les journaux communistes "Ce Soir" et "Regards", et l'agence Alliance, dirigée par Maria Eisner, qui alimentait, financée sans doute par le Komintern, de nombreux journaux communistes de part le monde. Une femme libre, généreuse, créative, émancipée, engagée auprès des communistes dans l'anti-fascisme et la défense de l'Espagne Républicaine, et auprès du Front Populaire également. Gerda Taro, écrasée par un char républicain ayant échappé au contrôle de son conducteur sur la route de Brunete à Madrid le 25 juillet 1937, morte dans une infirmerie de fortune, à demi éventrée, en demandant courageusement une dernière cigarette tout en s'inquiétant de ses appareils photos. Gerda, de son vrai nom Gerta Pohorylle (son pseudonyme n'est pas sans rappeler l'aura de Greta Garbo, star hollywoodienne) née à Stuttgart en 1911, venait de la bonne bourgeoisie juive de Galicie (aujourd'hui en Pologne). Elle grandit à Leipzig, est envoyée à 16 ans à Genève, à la pension Florissant, pour être éloignée d'un amour trop précoce. En 1933, quand Hitler accède démocratiquement au pouvoir, elle accompagne ses deux frères qui militent dans des organisations anti-fascistes liées au parti communiste allemand. Elle est arrêtée par les SA, interrogée par la Gestapo dans une prison à Leipzig. On trouve chez elle un bulletin d'adhésion signé au RGO, une organisation communiste. Elle réussit à sortir de prison grâce à des appuis familiaux et tandis que son frère et son père vont rejoindre Belgrade et la Yougoslavie, elle arrive à Paris à l'été 1933. Pendant des mois, elle vit d'expédients, de petits boulots, tire le diable par la queue, sert de modèle, tout en fréquentant le milieu bohème des Allemands exilés, avec de nombreux artistes et intellectuels de gauche réfugiés, dont de nombreux communistes. En septembre 1934, elle rencontre le futur Robert Capa, André Friedmann, plus jeune qu'elle, juif hongrois exilé, flambeur, ambitieux, photographe de génie, tombeur de femmes. Les deux amoureux sont libres et enchaînent les liaisons tout en se retrouvant toujours. Capa travaille pour "Vogel" à "Vu", le journal de Lucien Vogel, le père de Marie-Claude Vaillant Couturier, mais aussi à "Ce soir" dirigé par Aragon et Jean-Richard Bloch, et à Regards. Lui et Gerda Taro s'unissent professionnellement comme dans la vie et deviennent des photo-reporters précurseurs! A l'été 1936 ils sont à Barcelone dans le chaudron de la République catalane. En Espagne Républicaine en lutte, pendant la guerre, ils fréquentent Alberti, Dos Passos, Hemingway, comme des centaines de soldats et miliciennes moins connus, des soldats des Brigades internationales, dont un canadien communiste qui fut l'amant de Gerda, et des agents du Komintern. En 36-37, Gerda alterne des reportages dans la France rouge du Front Populaire et auprès des combattants de l'Espagne républicaine, témoignant d'un courage remarquable et armée elle-même sur les zones de combat.
En juillet 1937, Gerda assiste au Congrès de l'association internationale des écrivains (contre le fascisme) au côté notamment de Malraux, Anna Seghers, Alexis Tolstoï, Tristan Tzara. Après sa mort en pleine offensive franquiste sur Madrid, Gerda a son corps qui est rapatrié en France, à Toulouse, puis à Paris, puis le journal communiste "Ce soir" charge Albert Giacometti de concevoir sa tombe au père Lachaise, avec ces mots gravés:
GERDA TARO
1911-1937
Journaliste reporter
de CE SOIR
TUÉE EN JUILLET 1937
sur le Front de Brunete Espagne
dans l'exercice de sa profession
Sur ce socle sont posés une coupe et une petite statue représentant Horus, le dieu oiseau, symbole de la vie et de la résurrection dans l’Égypte ancienne.
En 1942, en plein délire de persécution antisémite et anti-communiste, la préfecture de Paris fit enlever la stèle.
Published by Section du Parti communiste du Pays de Morlaix
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PAGES D'HISTOIRE
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