Frida Kahlo
- par Hector Calchas
C’est dans une maison bleue à Coyoacan au sud de Mexico que Frida voit le jour, en 1907. Dès son enfance, on lui diagnostique une maladie handicapante qui lui vaut, petite, le surnom de « Frida la boiteuse ». Après son adolescence et des études qu’elle quittera prématurément, le hasard lui fait rencontrer Diego Rivera. Peintre muraliste de notoriété, communiste, elle en tombe amoureuse et l’épouse au grand dam de sa famille. Elle est de moins de 20 ans sa cadette mais qu’importe, Frida est une jeune femme libre et indépendante. Elle milite contre le machisme ambiant et défend l’idée de l’émancipation des femmes. Son amie photographe, Tina Modotti la conduira sans peine à s’inscrire au Parti Communiste mexicain. Toujours au service du peuple et de la révolution, c’est en 26, après avoir frôlé la mort dans un accident de tramway qu’elle se décide à peindre. De multiples fractures viennent se greffer à une santé déjà défaillante et l’obligent à rester assise. Son courage exemplaire lui donne cependant les ailes nécessaires pour poursuivre coûte que coûte son dessein.
En 36, la militante et courageuse Frida, souhaite rejoindre les révolutionnaires antifascistes. Mais c’est à la maison bleue (La casa Azul) que se joue son destin. Avec Diego, elle y accueille Trotski et son épouse. Trotski le fugitif, « l’homme à abattre ». Elle deviendra un temps sa maîtresse sans que Diego ne s’en offusque. Ses conquêtes successives, sa soif de liberté ne laissent place à aucune jalousie. Rien ne peut entraver leur amour mutuel. Le surréaliste André Breton rend visite à Trotski et c’est dans le jardin tropical de la maison bleue qu’il le rencontrera pour la première fois. Ce même jardin peuplé de plantes tropicales, d’un perroquet, d’un singe, d’un raton laveur où Trotski sera bientôt assassiné.
En 39 Frida part à Paris pour y exposer ses œuvres. Elle mésestime ses qualités de dessinatrice mais Diego est là pour la rassurer. Miro, Picasso, Kandinsky saluent d’une même voix son travail. Mais seul Marcel Duchamp trouve grâce à ses yeux. Frida conspue ces artistes français qui se prennent pour les dieux du monde. « Ces fils de pute qui parlent sans discontinuer » écrira-t-elle à Diego. Le Louvre acquiert un de ses autoportraits mais rien ne la console. Elle a hâte de retrouver le Mexique. A son retour Diego veut divorcer. Elle y consent malgré-elle et se jette dans le travail. Ils se remarieront très bientôt. Frida souffre du dos. Elle subira plusieurs opérations à la colonne vertébrale qui lui occasionneront des douleurs effroyables. Et comme pour parachever son supplice une gangrène obligera les chirurgiens à l’amputer d’une jambe. Diego reste à ses côtés. Solidaire, toujours. Elle décède en 1954. « Viva la Vida » sont les derniers mots qu’elle écrira sur son ultime tableau, comme pour conjurer le sort cruel que la vie lui avait sournoisement réservé. A l’initiative de Diego Rivera, la maison bleue subit alors des transformations pour renaître sous les traits d’un musée. Le musée Frida Kahlo. Un musée à sa gloire, comme un dernier hommage.
Autoportrait avec collier. Le tableau blessé. La colonne brisée. Moi et mes perroquets. Moi et ma poupée.
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