Merci à Robert Clément d'avoir exhumé ce poème peu connu et engagé de Rimbaud, un des rares artistes et écrivains de renom (pas à l'époque encore) à avoir vibré pour la Commune de Paris et la Révolution:
Morts de Quatre-vingt-douze (Arthur Rimbaud)
Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize,
Qui, pâles du baiser fort de la liberté,
Calmes, sous vos sabots, brisiez le joug qui pèse
Sur l’âme et sur le front de toute humanité ;
Hommes extasiés et grands dans la tourmente,
Vous dont les cœurs sautaient d’amour sous les haillons,
Ô Soldats que la Mort a semés, noble Amante,
Pour les régénérer, dans tous les vieux sillons ;
Vous dont le sang lavait toute grandeur salie,
Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d’Italie,
Ô million de Christs aux yeux sombres et doux ;
Nous vous laissions dormir avec la République,
Nous, courbés sous les rois comme sous une trique.
– Messieurs de Cassagnac* nous reparlent de vous !
Arthur Rimbaud
* Paul de Cassagnac (1842- 1904): Journaliste et député bonapartiste d'extrême-droite ennemi juré des Républicains de gauche
commenter cet article …