Octobre 1917. Une lecture très critique de l’historiographie dominante (éditions sociales, 14 €)
Sous ce titre, Lucien Sève, philosophe et militant communiste bien connu, pourfend la flagrante partialité des auteurs actuels de référence sur l’histoire d’octobre 1917 au nom de ce qu’il appelle une prétendue « dé-idéologisation ».
Il estime que la pensée dominante veut cultiver l’idée et accréditer la thèse selon laquelle Saline était inévitablement déjà contenu dans Lénine, ramenant ce dernier au rang de « terroriste », et que par conséquent, selon eux, rien ne serait « sauvable » dans la visée marxienne du communisme. D’où la réécriture, sous la pensée dominante, de la première phase de l’histoire soviétique (1917/1923) comme essentiellement faite de « crimes, terreur et répression » et de repeindre tout en noir le personnage de Lénine.
Non historien, mais russophone averti, pratiquant l’œuvre de Lénine depuis plus de 60 ans, texte russe en main (« les traductions françaises sont bien souvent médiocres, voire plus d’une fois fautives » dit-il), Lucien Sève décortique l’entreprise de « dé-idéologisation » qui repose souvent sur des citations approximatives, parfois de seconde main fort peu probantes, parfois même avec rajouts inventés par les auteurs eux-mêmes.
Il montre clairement, textes originaux à l’appui, et dans une démarche empreinte d’une grande rigueur, que contrairement à ce que tente de faire croire l’historiographie dominante, Staline n’était pas déjà contenu dans Lénine, mais, au contraire bien loin de là !
Mettant à mal l’image repoussante que l’on tente de donner du léninisme, Lucien Sève termine en disant : « Voilà pourquoi 1917, un siècle seulement plus tard, est bien de l’histoire ancienne, et pourquoi il faut sans hésitation dire périmé le léninisme, qui fut pourtant ce qu’il y eut de mieux dans le mouvement révolutionnaire de jadis. Mais demeure tout à fait juste son inspiration la plus essentielle : oui, nous pouvons transformer notre monde et par là changer la vie !...Le pire est aujourd’hui possible. Mais non pas fatal, si nous savons nous montrer capables d’invention stratégique, qui commence par celle de la pensée. Comment faire de la politique en sachant allier audace révolutionnaire et respect rigoureux des possibles ? C’est sur cette chose archi-précieuse qu’on apprend encore beaucoup à lire Lénine. »
Roger Héré
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