Voilà qui devrait fragiliser la décision politicienne prise sans débat en Conseil Municipal et sans consultation de la Commission Enseignement et des parents d'élève prise par Agnès Le Brun et sa majorité début 2016 de supprimer les plats de substitution dans les cantines des écoles publiques et de faire du plat unique (entrée et plat de résistance, avec viande presque tout le temps et avec porc certains jours) la norme pour les enfants des écoles publiques à Morlaix, poussant certaines familles à ne pas inscrire leurs enfants à la cantine certains jours, ou certains enfants à ne pas manger tout à fait à leur faim certains jours.
Créant un sentiment de stigmatisation chez beaucoup de familles d'origine africaine ou maghrébine, de culture musulmane.
Alors qu'il n'y avait aucun débat sur les plats de substitution (une omelette ou du poisson pour les enfants végétariens et les enfants ne mangeant pas de porc) auparavant chez les parents.
Décision prise par Agnès Le Brun, maire Les Républicains de Morlaix, avant la campagne des primaires de la Droite et qu'elle soit nommée porte-parole de Sarkozy pour les questions d'éducation. Une mesure qui a plongé dans l'incompréhension et l'embarras beaucoup de familles de culture musulmane ou simplement de régime culturel alimentaire sans porc, mais aussi des familles et des enfants végétariens. Une mesure visant quelque part à montrer que la laïcité aurait un problème avec les enfants d'origine musulmane, comme si la laïcité de l'école supposait que tous mangent la même chose, que tous mangent du porc. Laïcité d'exclusion, contre laïcité de tolérance et d'intégration.
Il est intéressant que la décision du tribunal administratif reprenne des arguments que nous invoquions à l'époque. Voilà qui devrait relancer le débat et notre mobilisation pour des cantines scolaires publiques maternelles et primaires, qui, comme dans le secondaire, au collège et au lycée, comme à l'école privée, accueillent la différence.
Voir les positions que j'avais prise, en tant qu'élu d'opposition Front de Gauche membre de la Commission Enseignement du Conseil Municipal de Morlaix, début 2016, avec les autres élus d'opposition, et l'association des parents d'élèves des écoles publiques, devenue Amicale Laïque des écoles publiques de Morlaix, qui allaient tout à fait à l'encontre de cette mesure compliquant la vie des familles et des enfants pour rien, sinon un affichage laissant entendre que la République aurait des problèmes avec ses citoyens de culture musulmane.
Pendant des mois, nous nous sommes battus contre cette décision injuste et intolérante qui créait un problème là où il n'y en avait pas, avec des arguments voisins de ceux du tribunal qui casse aujourd'hui la décision du maire de droite de Châlon-sur-Saône.
Ismaël Dupont, élu d'opposition PCF-Front de Gauche à Morlaix et Morlaix-Communauté
le 29 août 2017
Menu unique dans les cantines scolaires de Morlaix: point de vue
Menu unique à Morlaix : "la majorité s'accroche à son bout de viande" (Le Télégramme)
Passage au menu unique à Morlaix dans les cantines scolaires: lettre de l'opposition à Agnès Le Brun et aux élus de la majorité, particulièrement ceux de la Commission Enseignement
Passage au menu unique dans les cantines scolaires de Morlaix avec suppression des adaptations pour les régimes sans porc et végétariens: intervention de Sébastien Portier pour les parents d'élèves de l'école Gambetta le 5 février devant la mairie
Passage au menu unique: Lettre des associations de parents d'élèves des écoles publiques de Morlaix au maire, Agnès Le Brun
Menu unique: 200 personnes devant la mairie de Morlaix le vendredi 5 février pour protester contre la décision de la droite morlaisienne (Le Télégramme et le Ouest-France)
Menus des cantines scolaires: avis de l'observatoire de la laïcité
Agnès Le Brun, trop c'est trop!
Le Télégramme, 29 août:
La justice a annulé, hier, la suppression, par la municipalité de Chalon-sur-Saône, des menus sans porc dans les cantines scolaires. Une décision qui fragilise les dispositions similaires adoptées ailleurs en France.
C'est un jugement qui risque de faire polémique. Sans trancher la question sur un plan religieux, la justice a retoqué, hier, la décision municipale de ne plus servir de menus de substitution au porc dans les cantines de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). La commune, par la voix de son avocat, a d'ores et déjà annoncé vouloir faire appel du jugement. Les élus de Chalon-sur-Saône avaient voté, en septembre 2015, une délibération mettant fin à la distribution de menus de substitution au porc dans les restaurants scolaires. La décision du maire LR, Gilles Platret, avait déclenché une controverse jusque dans son propre camp. Hier, le tribunal administratif de Dijon a estimé que cette décision méconnaissait « l'intérêt supérieur de l'enfant ». Le juge souligne, toutefois, qu'il ne prend « aucune position de principe à caractère général » et qu'il n'a pas examiné l'argument de la violation de la liberté de conscience et de culte, soulevé par la Ligue de défense judiciaire des musulmans, l'association à l'origine du recours contre la délibération municipale. Maître Jean-Baptiste Jacquenet-Poillot, l'avocat de la partie requérante, pense avoir désormais « un maximum de chances » de gagner contre la « vingtaine » de décisions similaires prises ailleurs en France. Pour sa part, le Rassemblement des musulmans de France s'est réjoui du jugement du tribunal.
« Fichier religieux »
Dans son jugement, la juridiction avance trois arguments principaux : ces menus étaient proposés depuis 1984 « sans jamais faire débat » ; la Ville n'a pas motivé sa décision par une contrainte technique ou financière ; et elle n'a pas « démontré l'impossibilité d'une méthode alternative pour éviter que les enfants ne soient fichés ou regroupés selon leurs choix » alimentaires. Un « fichier » à caractère « religieux », selon Gilles Platret, auquel sa mesure aurait permis de mettre fin. « Pas un enfant n'est sorti des cantines de Chalon en ayant faim », avait-il fait valoir.
Le Télégramme, 29 août 2017
Visant les élèves musulmans au nom de la «laïcité», cette décision du maire LR Gilles Platret avait mis fin à une pratique ancienne qui n'avait jusqu'alors jamais suscité le débat.
Le tribunal administratif de Dijon a annulé ce lundi la décision de la ville de Chalon-sur-Saône qui avait supprimé depuis 2015 les menus de substitution au porc dans les cantines scolaires. Le tribunal a estimé dans son jugement (à lire ici) que «cette décision n’avait pas accordé, au sens de la convention internationale relative aux droits de l’enfant, une attention primordiale à l’intérêt des enfants». «Il s’est ainsi prononcé, sans prendre aucune position de principe à caractère général, au regard du seul cas particulier des cantines scolaires de Chalon-sur-Saône», précise le tribunal dans un communiqué.
Le conseil municipal de Chalon-sur-Saône avait voté en septembre 2015, à une large majorité, une délibération mettant fin à la distribution de menus de substitution au porc dans les restaurants scolaires, servis dans cette commune depuis 1984.
Cette mesure avait auparavant fait l'objet d'un recours en référé de la Ligue de défense judiciaire des musulmans en août 2015, recours qui avait été rejeté par le tribunal administratif de Dijon, lequel avait estimé qu'il n'y avait pas d'urgence à statuer. Ce qu'il a donc fini par faire deux ans plus tard.
A l'époque, le maire LR de la commune, Gilles Platret, s'était réjoui d'une«première victoire pour la laïcité».
Son tweet est donc démenti ce lundi par la justice.
Vendredi, le rapporteur public s’était prononcé pour l’annulation de la décision, estimant que cette mesure «a mis fin à une pratique ancienne et durable qui jusqu’ici n’avait pas fait débat».
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