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14 juillet 2021 3 14 /07 /juillet /2021 07:50
Financement de la dépendance - l'Etat a détourné 20 milliards affirme  Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (L'Humanité, 13 juillet)
Financement de la dépendance. Pascal Champvert : « L’État a détourné 20 milliards »
Mardi 13 Juillet 2021

Coup de colère lundi de l’Association des directeurs au service des personnes âgées contre les ponctions des gouvernements successifs dans la dépendance. Entretien

 

D’habitude tout en retenue, l’AD-PA est très remontée. L’association qui fédère les dirigeants d’Ehpad et d’associations d’aide à domicile a fait ses comptes. L’État a pris 20 milliards d’euros dans les financements à la ­dépendance depuis 2006. Entretien avec Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées.

N’allez-vous pas un peu fort en parlant de détournements ?

Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées

Pascal Champvert Le mot est fort. Il est assumé. L’État a détourné 20 milliards ! La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a été créée en 2004. Dès son deuxième budget, en 2005, l’État a commencé à piocher dedans. Il a ensuite organisé de façon méthodique et au fur et à mesure des gouvernements et des majorités une reprise des crédits. Et ce au vu et au su de tout le monde. Cyniquement, les députés Éric Woerth, ancien ministre du Budget sous Sarkozy, et Christian Eckert, secrétaire d’État au Budget sous Hollande, l’ont reconnu devant le Parlement. Et quand Christian Eckert a été sollicité pour créer la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (Casa), en 2013, le gouvernement auquel il appartenait a manœuvré pour reprendre massivement l’argent.

Comment arrivez-vous à ce total de 20 milliards d’euros ?

Pascal Champvert Ce total correspond à plus de 1 milliard pris chaque année dans les différentes lignes budgétaires dédiées à l’autonomie. L’État organise la sous-consommation de crédits affectés aux personnes âgées et leur reprise, construit des budgets à partir de dépenses non effectuées, oblige à mettre en réserve ce qu’il reprend ensuite, réalise des économies sur les dépenses d’investissement. Pour la Casa, le gouvernement de l’époque a pris prétexte du retard du vote de la loi d’adaptation de la société au vieillissement pour détourner, de mi-2013 à fin 2015, 1,5 milliard d’euros. Tout cet argent qui aurait dû aller à la restructuration des établissements, au recrutement de personnels, à l’amélioration de l’équipement au domicile, a été repris pour financer des collèges, des routes… Mais ce n’est pas tout. L’État annonce un déficit de 1,2 milliard de la CNSA. On sait très bien que l’étape suivante sera de demander des économies. C’est tout l’inverse qu’il faudrait faire. Géné­ralisons les prestations autonomie pour améliorer l’accompagnement des établissements et des personnes à leurs domiciles. Le secteur peut créer des milliers d’emplois.

La crise sanitaire n’a-t-elle donc rien changé ?

Pascal Champvert Le quoi qu’il en coûte a été extrêmement positif, mais calculé étroitement. Si bien que l’État ne compense pas les dépenses supplémentaires. Nous avons salué les annonces de recrutements, les augmentations non négligeables dans le cadre du Ségur de la santé comme de la convention collective de l’aide à domicile. Mais le Ségur a ses oubliés et les augmentations dans l’aide à domicile ne concernent que les associations. Le secteur devra se ­débrouiller pour assurer une partie de toutes ces dépenses. Nous travaillons à les chiffrer.

Qu’est devenu le « cinquième pilier » de la Sécu­rité sociale dévolu à l’autonomie ?

Pascal Champvert Il n’y a rien de nouveau. La ministre déléguée à l’autonomie se bat pour obtenir des choses. Notre crainte est que tout cela débouche sur quelques bricoles, mais aucun changement sur le fond. Depuis dix ans, les rapports se succèdent et affirment tous qu’il faut nous préparer à l’augmentation du nombre de personnes âgées, en recrutant des personnels et en les formant mieux. Malheureusement, rien n’a bougé. Des nouvelles pistes de financement ont été évoquées. Bien expliquées, je suis convaincu que les Français y seraient favorables. Le problème est que l’État crée des taxes pour la dépendance qui financent toujours autre chose.

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14 juillet 2021 3 14 /07 /juillet /2021 07:42
Intervention d'Emmanuel Macron : un tour de vis sanitaire et social - L'Humanité, 13 juillet 2021
Intervention d'Emmanuel Macron : un tour de vis sanitaire et social
Mardi 13 Juillet 2021

À neuf mois de sa fin de mandat, le chef de l’État renforce la lutte contre le Covid-19, avec la vaccination obligatoire des soignants et l’extension du passe sanitaire. Des décisions prises pour « bloquer le virus », avec pour ligne de mire la poursuite de la reprise économique.

 

Le plan devait se dérouler sans accroc avec une intervention présidentielle « avant le 14 juillet », annoncée de longue date, pour dérouler la feuille de route de la fin du quinquennat. Mais le variant Delta est venu perturber le scénario bien orchestré. L’allocution présidentielle prend donc un air de déjà-vu et se recentre sur la gestion sanitaire. Après un énième Conseil de défense, Emmanuel Macron a annoncé de nouvelles restrictions qui feront l’objet d’un projet de loi examiné par le Parlement à partir du 21 juillet. Le président n’a toutefois pas totalement abandonné ses ambitions initiales. « Je vous l’avais dit l’année dernière, nous allons devoir vivre avec le virus. Les semaines à venir seront donc celles de la mobilisation contre l’épidémie et pour la relance », a lancé le chef de l’État depuis l’Élysée. Sur l’un des sujets les plus attendus, la réforme des retraites (lire ci-contre), le chef de l’État a tout de même temporisé : « Je ne lancerai pas cette réforme tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle et la relance bien assurée », a-t-il déclaré tout en assurant qu’il faudrait mettre fin aux régimes spéciaux et « travailler plus longtemps ».

Vaccin : « Une course contre la montre »

C’était attendu : le président de la République a annoncé d’emblée dès le début de son allocution que la vaccination sera obligatoire pour « les personnels soignants et non soignants des hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite, des établissements pour personnes en situation handicap, pour tous les professionnels ou bénévoles qui travaillent au contact des personnes fragiles, y compris à domicile. ». Une décision motivée, a-t-il justifié, par la « reprise forte de l’épidémie sur tout le territoire » du fait de la progression du variant Delta, exigeant « un été de mobilisation pour la vaccination » afin d’éviter une forte augmentation « dès le mois d’août » des contaminations et des hospitalisations. Toutes les personnes concernées devront être vaccinées avant le 15 septembre. À partir de cette date, « des contrôles et des sanctions » seront mis en œuvre. Ces décisions (et celles concernant le passe sanitaire) seront portées par un projet de loi présenté dès ce mardi en Conseil d’État, en Conseil des ministres le 19 juillet puis débattu à l’Assemblée nationale le 21. Le chef de l’État a enfin annoncé des campagnes de vaccination dès cet été, « au plus près du terrain » et à la rentrée dans les établissements scolaires et universitaires. « 9 millions de doses vous attendent », a-t-il lancé, laissant finalement entendre qu’au cas où ces mesures ne suffiraient pas à obtenir une couverture vaccinale suffisante, la vaccination obligatoire pour tous n’était plus un tabou.

Le passe sanitaire, un sésame bientôt incontournable

Le chef de l’État a annoncé lundi soir d’autres mesures destinées à freiner le redémarrage de l’épidémie, dopée par le variant Delta. Parmi celles-ci, la plus importante est sans doute l’extension du passe sanitaire, dont l’objectif est de « faire peser les restrictions sur les non vaccinés ». Jusqu’ici exigé pour les événements rassemblant plus de 1 000 personnes (dans les stades par exemple) ou à l’entrée des discothèques accueillant plus de 50 personnes, ce passe va devenir obligatoire pour accéder à de nombreux autres lieux accueillant du public : dès le 21 juillet, ce sera le cas, pour les personnes de plus de 12 ans, « des lieux de culture et de loisirs » (parcs d’attractions, théâtres, cinémas…). Le temps de faire voter une loi en ce sens, cette extension concernera aussi, début août, les bars et restaurants, mais aussi les centres commerciaux, les hôpitaux, les maisons de retraite, les avions, les trains et les cars effectuant de longues distances, « pour les clients, les usagers, comme les salariés », a précisé Emmanuel Macron. Objectif : inciter les derniers récalcitrants à se faire enfin vacciner. Dans le même ordre d’idées, les tests PCR seront aussi rendus payants cet automne, sauf prescription médicale. Par ailleurs, deux territoires vont subir des mesures de freinage plus drastiques encore, avec le retour ce mardi de l’état d’urgence sanitaire et du couvre-feu : la Martinique et La Réunion.

Économie : la relance du satisfecit

Sur le bilan économique et social de la crise, Emmanuel Macron a joué du satisfecit : « le quoi qu’il en coûte a protégé nos entreprises et nos emplois ». Avec « une croissance de 6 % attendue en 2021, la France est en tête des grandes économies européennes », a ainsi fait valoir le président de la République. Selon lui, « l’emploi a résisté » à la crise, malgré la « destruction de près de 300 000 emplois » en 2020. La preuve que « les plans de soutien ont permis d’envisager une reprise sereine ». Mais il entend « aller plus loin », sans jamais donner plus de détails. « Nous resterons pleinement mobilisés pour aider les jeunes, les indépendants et ceux dont l’entreprise n’a pas résisté à la crise », a-t-il tout juste évoqué.

Quant au plan de relance de 100 milliards d’euros, là aussi, l’autosatisfaction est de rigueur, « mais nous devons faire plus », affirme Emmanuel Macron via, pêle-mêle, la « levée des contraintes » pour les entreprises qui souffrent de la pénurie de matières premières ou de main-d’œuvre. « Notre priorité est de nous réinscrire dans une trajectoire de plein-emploi », a-t-il martelé, évoquant un futur « plan d’investissements pour bâtir la France de 2030 ».

Enfin, en matière de production industrielle, Emmanuel Macron a insisté sur « la nécessité de recouvrer le chemin de l’indépendance française et européenne ». La présidence tournante de l’Union européenne qui incombe à la France devant être, selon lui, l’occasion d’acter un « agenda commun d’indépendance industrielle et technologique », là encore, sans plus de détails.

Passage en force sur l’assurance chômage

Quoi de mieux, pour vanter le modèle social français, ce « joyau à préserver », que de maintenir coûte que coûte la réforme de l’assurance-chômage dont l’objectif est de sabrer 2,5 milliards d’euros dans les indemnités des privés d’emploi ? Le en même temps macronien permet de s’accommoder de toutes les incohérences. Son auteur n’a pas hésité à en user pour affirmer que cette réforme « sera mise en œuvre au 1er  octobre ». Avec toujours le même argument : « On doit gagner sa vie en travaillant plutôt qu’en restant chez soi ». Profiteurs de chômeurs !

L’Élysée compte passer en force sur le sujet. Peu importe que le Conseil d’État ait par deux fois bloqué l’application d’une partie du texte du fait de ses incohérences, ou que cette même haute juridiction administrative doive encore se prononcer sur le fond. Il en va de la parole du gouvernement qui a fait de cette réforme un donnant-donnant contre les mesures structurelles demandées par Bruxelles en échange des 40 millions d’euros du plan de relance tricolore.

En revanche, rien de tangible n’a été annoncé pour renforcer le modèle social. Pas de généralisation de la garantie jeunes à un million de moins de 26 ans, comme chuchotée dans les couloirs du ministère du Travail. Il faudra se contenter de l’évocation d’un « revenu d’engagement pour les jeunes sans emploi ni formation, avec des droits et des devoirs ». Mêmes promesse creuse d’un « accompagnement renforcé » pour les aînés et les personnes en situation de handicap.

Retraites : Macron veut reculer l’âge de départ
Mardi 13 Juillet 2021 - L'Humanité

Lors de son allocution, le président a confirmé son intention de reculer l’âge de départ à la retraite et d’en finir avec les régimes spéciaux. Sans plus de détails.

 

Ferme sur ses intentions, volontairement flou sur le calendrier. Lundi soir, Emmanuel Macron a confirmé sa volonté d’engager une réforme des retraites : si son projet de refonte originel (dynamitage du système actuel au profit d’un régime par points) semble pour le moment enterré, il a en partie confirmé les rumeurs qui bruissaient dans la presse depuis plusieurs semaines. Après avoir vanté les vertus de « notre modèle social », un « joyau qu’il faut préserver », le président a en effet avancé deux pistes : un recul de l’âge de départ et une suppression des régimes spéciaux. « Il nous faudra travailler plus longtemps, affirme Emmanuel Macron. Pas demain, pas brutalement, pas de manière uniforme, mais progressivement, sur plusieurs années. Et donc, l’âge de départ devra être plus tardif. »

« Dès que les conditions sanitaires seront réunies »

À quelle échéance ? La réforme «  sera engagée dès que les conditions sanitaires seront réunies ». « Je ne lancerai pas la réforme tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle et la reprise bien assurée », a-t-il complété. De quoi laisser libre cours à toutes les interprétations… Puisqu’il se laissera le soin, on s’en doute, de décréter à quel moment la pandémie sera « sous contrôle ».

On n’est guère plus avancé non plus sur le contenu précis de cette nouvelle réforme, sur laquelle les « partenaires sociaux » pourraient plancher dès la rentrée. Pour ce qui est des régimes spéciaux, le président a tout juste déclaré qu’ils devraient « être supprimés pour les nouveaux employés ». Pour ce qui est du recul de l’âge de départ à la retraite, il n’a évoqué aucun chiffre.

Ces dernières semaines, des fuites dans la presse évoquaient l’hypothèse d’un recul à 64 ans de l’âge légal, contre 62 aujourd’hui. Seraient concernées la génération née en 1961 (qui partirait à 62 ans et demi), puis celle de 1962 (63 ans), celle de 1963 (63 ans et demi) et enfin, celle de 1964 (64 ans). Gain financier espéré : 14 milliards d’euros dès 2026.

Mais les motivations d’un tel recul seraient évidemment au moins autant politiques que budgétaires : il s’agit de donner des gages à l’électorat de droite, en prévision de la prochaine élection présidentielle. Selon un récent sondage (Elabe pour les Échos et Radio Classique), seuls les anciens électeurs de François Fillon sont favorables à un relèvement de l’âge de départ, à 62 %. En revanche, 71 % des Français y sont toujours opposés. Tout comme l’ensemble des organisations syndicales.

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13 juillet 2021 2 13 /07 /juillet /2021 05:06

 

Depuis plusieurs semaines, suite à un le début de reprise économique, les médias mettent l’accent sur la volonté des Français de dépenser l’épargne cumulée durant les mois de confinement. En occultant le fait que 80% de cette épargne supplémentaire se trouve sur les comptes de 20% des ménages. De leurs côtés, les multinationales de l’industrie automobile lancent une nouvelle forme « destruction » dite « créatrice » au nom de la conversion à la voiture électrique.

La récession économique de 2020 imputable au coronavirus a fragilisé beaucoup de professions, à commencer par toutes celles dont l’activité dépend de l’argent dont disposent les ménages, qu’il s’agisse d’aller au restaurant, de fréquenter une salle de sport ou de s’offrir des vacances pour ne prendre que quelques exemples. Dans une longue note de conjoncture publiée le 1er juillet, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) prévoit une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de +6% sur l’année 2021 après un recul de -8% en 2020. L’inflation serait de +1,8% sur l’année en cours et la « croissance du pouvoir d’achat rapporté au nombre d’unités de consommation en 2021 » serait de +1,4%.

Dans un dossier en quatre parties rendu public le 29 juin dernier, l’INSEE se montrait beaucoup moins optimiste que dans la note du 1er juillet. On apprenait que « fin 2020, 28,2 millions de personnes sont en emploi en France, dont 25,2 millions de salariés. L’emploi salarié a baissé de 296.000 sous l’effet de la crise sanitaire (…) Par ailleurs, les démarches de recherche d’emploi ont été limitées par les restrictions de certaines activités, si bien que le chômage au sens du BIT (Bureau international du travail) a reculé et le halo, la part des personnes de 15 à 64 ans, sans emploi et souhaitant travailler a augmenté de 0,4 point parmi les 15-64 ans pour atteindre 10,3% », précisait l’INSEE dans ce dossier.

L’Institut relevait aussi, qu’en 2020, «la durée effective de travail des salariés à temps complet a fortement reculé par rapport à 2019 : -101 heures.  Les trois quarts de cette baisse sont imputables à la période du premier confinement. Les secteurs dont l’activité a été considérée comme non essentielle où ceux qui sont liés au tourisme ont été les plus touchés ». Certes, l’indemnisation du chômage partiel a compensé une partie importante des pertes de salaires en 2020, mais cela s’est néanmoins traduit par un recul du pouvoir d’achat pour des millions de ménages dont les revenus étaient déjà insuffisants pour vivre correctement avant la crise.

Chute moyenne de 4,9% du salaire par tête en 2020 

Dans la présentation générale de ses notes du 29 juin, l’INSEE précisait à propos de l’évolution de la situation des salariés en 2020 : « Dans le privé, le salaire moyen par tête (SMPT nominal) a chuté de 4,9% en moyenne en 2020 notamment au deuxième trimestre où il s’est effondré. Cela résulte du recours massif au chômage partiel qui s’est substitué aux salaires (…) La crise a davantage pénalisé les bas salaires mais les dispositifs de soutien ont limité l’accroissement des inégalités ». Ce qui signifie qu’elles ont tout de même augmenté. Du coup, même avec 1,4% de mieux qu’en 2020 on est loin de retrouver la situation moyenne de 2019 concernant le pouvoir d’achat.

La partie de l’étude du 29 juin  consacrée à l’évolution de la situation des salariés nés entre 1940 et 1980 montrait, sans surprise,  que les aînés ont travaillé dans un contexte de croissance économique plus favorable que les plus jeunes  tandis qu’au « fil des générations, le diplôme  apparaît de moins en moins rémunérateur relativement aux autres participants au marché du travail» Mais «en période de chômage élevé, les salariés les moins qualifiés sont davantage évincés de l’emploi que les autres», notait  aussi l’INSEE.

Risques de mauvaises surprises en 2021 et 2022

Revenant sur les conséquences de la  récession économique de 2020 dans  le quatrième volet de son étude, l’INSEE indiquait que, l‘an dernier, «quatre salariés sur cinq étaient employés dans une entreprise dont l’activité a fortement baissé; le télétravail s’est fortement développé et a concerné jusqu’à 28% des salariés; le chômage partiel a concerné jusqu’à  27% des salariés (…) Tous secteurs confondus: 37%  des salariés étaient employés dans une entreprise dont l’activité  s’est dégradée lors des deux confinements de 2020». Dans le secteur de la restauration, 70% des salariés étaient dans une entreprise complètement à l’arrêt au premier confinement, le chiffre étant de 60% dans celui du spectacle. Durant la même période, « l’activité a été interrompue ou s’est fortement dégradée dans plus de 80% des entreprises de la construction, le recours au chômage partiel s’est alors généralisé », précisait l’Institut.

Toujours en 2020, « l’industrie automobile a pâti du manque de débouchés, en particulier lors du premier confinement. Pour plus de 90% des entreprises l’activité s’est arrêtée ou a baissé de plus de moitié. Le dispositif de chômage partiel a été fortement mobilisé au cours des premiers mois de la crise », relève cette étude. Mais, depuis des semaines, du fait des ruptures dans les livraisons de pièces- notamment des composants électroniques dont la production a été délocalisées en Asie et ailleurs pour réduire le coût de la main-d’œuvre- on nous informe que des chaînes de montages sont à l‘arrêt en France et en Europe.

Un bilan carbone sous-estimé pour la voiture électrique

Par ailleurs, la course de vitesse dans laquelle sont lancées les firmes multinationales pour produire des voitures dotées d’un moteur électrique se traduit déjà en France par des réductions de commandes chez les sous-traitants produisant des pièces pour les voitures thermiques. Pourtant, les chaînes de montages auront encore besoin de ces pièces durant plusieurs années en France comme en Europe. Mais commander davantage dans des pays à bas coûts de main d’œuvre semble être la stratégie des grandes marques françaises et européennes désormais.

En réalité les grandes firmes de l’automobile sont en train de mettre en place un processus accéléré de « destruction créatrice », au nom d’une nécessaire réduction des émissions de CO2. En tentant de faire oublier que chaque voiture dotée d’un moteur électrique doit parcourir au moins 40.000 kilomètres avant que son bilan carbone ne passe sous celui d’un moteur thermique. Car il faut extraire et travailler beaucoup de fer, de cuivre et d’autres matériaux pour produire ces voitures et leurs grosses batteries.  De ce fait, il est déjà acquis que cette conversion mondiale fera croître les émissions de CO2 sur toute la planète durant les deux prochaines décennies, voire au-delà. Surtout si les voitures thermiques retirées du marché dans les pays développés continuent d’être exportées en Afrique comme c’est le cas depuis de nombreuses années. Il resta aussi à voir quel sera le prix d’une voiture électrique quand le cuivre et les métaux issus des terres rares se feront de plus en plus rares.

Cela arrivera bien plus tôt que les économistes libéraux et les décideurs politiques ne l’imaginent aujourd’hui.               

 

 

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12 juillet 2021 1 12 /07 /juillet /2021 05:38

 

Avec sa campagne estivale lancée la semaine dernière, le PCF souhaite mettre au cœur du débat d’autres réformes que celles envisagées par Emmanuel Macron pour les mois à venir. Entretien avec son porte-parole, Ian Brossat. Entretien

Au nom de la dette et de l’équilibre du système, Emmanuel Macron envisage de porter à 64 ans l’âge de la retraite. Comment un départ à 60 ans, comme vous le proposez, est-il possible ?

IAN BROSSAT Pendant que les ultrariches bénéficient d’une sorte de totem d’im­munité, le gouvernement fait les poches des plus modestes. L’impératif budgétaire ne saurait justifier un nouveau recul social. Malgré le matraquage sur le déséquilibre de notre système, les dernières études du Conseil d’orientation des retraites montrent que le niveau de déficit n’a rien d’alarmant et que la part des pensions dans le PIB va passer de plus de 14 % à 13,7 %.

Lire aussi : Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la « Caravane des jours heureux »

Repousser l’âge de départ revient de fait à expliquer aux salariés en première ou deuxième ligne pendant les différents confinements qu’ils devront travailler plus pour toucher la même pension. C’est d’autant plus scandaleux qu’une retraite digne à 60 ans au bout de 37 annuités et demie, comme le propose Fabien Roussel, est tout à fait possible si on a le courage de s’en prendre aux revenus financiers des entreprises.

Face à cette politique, la gauche dans son ensemble atteint péni­blement les 25 % dans les sondages sur 2022. Comment la candidature PCF, créditée pour l’heure de 3 à 3,5 %, peut-elle aider à inverser ce rapport de forces ?

IAN BROSSAT Il y a les sondages, mais aussi les leçons à tirer des dernières élections. Or, quand on compare les résultats de premier tour dans un dépar­tement comme le Pas-de-Calais, on s’aperçoit que, le même jour avec une candidature unique aux régionales, la gauche fait 20 %, et qu’avec des candidatures diverses aux départementales elle rassemble 46 % des voix. Autrement dit, l’idée qu’une ­candidature unique à la présidentielle serait une solution miracle ne se vérifie pas dans les faits.

Notre objectif n’est pas de retrancher des voix à d’autres mais de faire revenir à la gauche ceux qui s’en sont éloignés en se tournant vers l’abstention. Beaucoup des débats qui monopolisent l’attention – burkini, fêtes de mariage, assesseure voilée… – n’ont rien à voir avec les préoccupations quotidiennes des Français. Nous voulons remettre sur la table les vrais sujets qui les taraudent : le social, le travail, l’utilisation de l’argent, l’industrie, les délocalisations… D’ailleurs, depuis quelques semaines, Fabien Roussel commence à faire entendre sa petite musique, et à engranger des points.

La sécurité comme l’immigration ou encore la laïcité sont, elles, des questions omniprésentes dans le débat public et elles suscitent des divisions à gauche. Quelle ligne entend défendre le PCF ?

IAN BROSSAT La sécurité ne peut pas être un sujet tabou : ceux qui souffrent le plus de la délinquance sont les habitants des quartiers populaires. Mais nos réponses sont aux anti­podes de celles de la droite et de l’extrême droite. Elles passent à la fois par la reconstitution d’une police de proximité saccagée par Nicolas Sarkozy, par une justice qui retrouve les moyens de fonctionner alors même qu’elle a été clochardisée, et par un puissant travail de prévention avec les asso­ciations de terrain.

Quant à l’immigration, le Parti communiste est profondément attaché à ce que la France accueille dignement ceux qui cherchent un refuge. Force est de constater que le droit d’asile n’est pas respecté du fait de critères trop restrictifs et de l’aberrant règlement de Dublin. Il convient de revoir totalement notre politique d’accueil pour nous hisser à la hauteur des valeurs de la République aujourd’hui foulées aux pieds.

Lire aussi : Inégalités. Ces familles qui valent 1 000 milliards

La campagne estivale du candidat communiste a été lancée la semaine dernière avec une « Caravane des jours heureux ». Quelles propositions s’agit-il de faire connaître ?

IAN BROSSAT L’augmentation des salaires, le Smic à 1 500 euros net, le partage des richesses… Nous voulons placer au cœur de la campagne la nécessité absolue de nous attaquer à l’accroissement inouï des inégalités qui pourrissent la vie des Français : en un an le chômage a augmenté de 6 %, alors que les entreprises du CAC 40 ont prévu de verser 51 milliards d’euros à leurs actionnaires. Avec les 42 étapes de notre caravane, nous mettrons ces propositions en débat avec les vacanciers et les habitants. Nous poursuivrons ces échanges à l’automne, et Fabien Roussel présentera son projet en fin d’année.

La jeunesse est aussi une des priorités du PCF. Plan « Un jeune, une solution », garantie jeunes… Qu’opposez-vous à ces dispositifs mis en avant par l’exécutif ?

IAN BROSSAT Le gouvernement ne prend pas du tout la mesure du drame. Un jeune sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Et ce n’est pas avec les trois cacahuètes qu’il consent à leur accorder qu’il résoudra les difficultés, dont il est d’ailleurs responsable. Avec sa dernière réforme, l’APL de 40 % des jeunes allocataires a baissé. Notre ambition est de permettre à la jeunesse de France d’être la mieux formée du monde, ce qui suppose un accroissement considérable des moyens de l’éducation nationale et des universités. Et pour que chacun puisse vivre décemment, nous défendons la création d’un revenu étudiant afin que les jeunes ne soient plus condamnés à vivre dans la précarité.

 

 

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12 juillet 2021 1 12 /07 /juillet /2021 05:32
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12 juillet 2021 1 12 /07 /juillet /2021 05:23

 

Jean Bernard Levy, PDG d’EDF, a brutalement annoncé à la FNME-CGT l’abandon du projet de conversion «Ecocombust», travaillé par le syndicat avec les salariés de la centrale, dans le cadre des objectifs, fixés par le Chef de l’État lui-même, d’une sortie du charbon pour la production électrique en 2022.

Ecocombust, ce sont 400.000 tonnes de CO2 économisés annuellement, grâce au savoir-faire des salariés de l’énergie et à l’utilisation de la biomasse à la place du charbon, pour une très grande partie.

 

 

Visiblement gêné d’assumer cette décision totalement absurde et révoltante, le Président de la République prend la responsabilité de renoncer à un projet de conversion industrielle pourtant essentiel à la transition énergétique et à la lutte contre le réchauffement climatique, dans lequel se sont impliqués les salariés et que soutiennent très largement les collectivités locales.

Comment peut-on croire une seconde que pour quelques dizaines de millions d’euros, l’entreprise publique EDF, par ailleurs largement bénéficiaire cette année, renonce à un projet d’avenir, pour l’emploi comme pour la transition écologique ? C'est bien l'avenir du site et de ses emplois qui est en fait la cible du Chef de l'Etat.

Décidément, Emmanuel Macron n’a que mépris pour l’industrie de notre pays, pour les compétences de ses salariés et leur capacité d’innovation. Même sur les projets les plus innovants, il n’a de cesse que d’accompagner sinon d’organiser le démantèlement de l’industrie française, nourri par sa culture des milieux d'affaires et des banques.

Depuis de nombreux mois aux côtés des énergéticiens en lutte contre les divers projets de démantèlement de la filière énergie et de sa totale libéralisation, le PCF s’insurge contre ce nouveau coup porté à un territoire tout entier, mais aussi à l’ensemble d’une filière stratégique pour notre souveraineté.

Il continuera, aux côtés des salariés, de la FNME-CGT, des élus locaux, d’agir pour que les salariés disposent de réels pouvoirs d’intervention dans les choix de leur entreprise et pour que l’argent, qui ne manque pas, soit enfin mis au service d’une reconquête industrielle capable de lutter réellement contre le réchauffement climatique.

 

Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCF,

 

 

 

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10 juillet 2021 6 10 /07 /juillet /2021 07:14
Inégalités. Ces 500 familles françaises qui valent 1 000 milliards - L'Humanité, 9 juillet 2021
Inégalités. Ces familles qui valent 1 000 milliards
Vendredi 9 Juillet 2021 - L'Humanité

La mouture 2021 du classement des plus grandes fortunes de France a été publiée jeudi par Challenges. Leur enrichissement, en temps de crise sanitaire et économique, dépasse le stade de l’indécence.

 

C’est la première fois que le magazine Challenges semble embarrassé par son propre classement des 500 plus grandes fortunes de France. Les ultrariches ont tellement profité de la crise que ça en devient flagrant. Leur patrimoine cumulé a ainsi augmenté de 30 % en un an, pour frôler les 1 000 milliards d’euros.

Sur dix ans, la fortune des milliardaires français a gonflé de 439 %.

Il y a désormais 109 milliardaires, contre 95 l’an dernier. Rappelons qu’il y a dix ans, en 2011, ils étaient 51 à dépasser le milliard d’euros. « Ce sont les plus fortes progressions annuelles jamais enregistrées par notre palmarès, mis en place en 1996 », a indiqué Challenges. Sur dix ans, la fortune des milliardaires français a gonflé de 439 %.

Tout en haut de la pyramide

Comme chaque année depuis 2017, Bernard Arnault et sa famille sont en tête, avec une fortune estimée à plus de 157 milliards d’euros. Une progression de 57 % par rapport à juin 2020. « Les crises nous rendent plus forts », avait déclaré fin avril le PDG de LVMH en commentant les résultats financiers de son groupe. Suivent la famille Hermès (81,5 milliards d’euros), celle des Bettencourt (71,4 milliards) et en quatrième et cinquième positions celles d’Alain et Gérard Wertheimer, héritiers de Chanel, et de François Pinault, fondateur de Kering.

Icon Quote La fortune des 10 Français les plus riches est désormais supérieure de presque 100 milliards à celle des 490 autres grandes fortunes françaises.  Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam

« L’enrichissement est particulièrement fort en haut de la pyramide. La fortune des 10 Français les plus riches est désormais supérieure de presque 100 milliards à celle des 490 autres grandes fortunes françaises, explique Quentin Parrinello, le porte-parole d’Oxfam. Un constat similaire à celui que nous dressions un an après la pandémie : entre mars 2020 et mars 2021, les milliardaires français ont gagné 170 milliards d’euros – soit deux fois le budget de l’hôpital public ! »

Profiteurs de crise

Ces grandes fortunes ont profité des plans de secours à l’économie : des milliers de milliards d’euros ont été injectés par les banques centrales et une bonne partie a fini sur les marchés financiers pour venir gonfler la capitalisation des groupes du luxe, des technologies et de l’industrie pharmaceutique. Le patrimoine des principaux actionnaires a grossi d’autant. En outre, malgré la crise, ils ne se sont pas privés de dividendes. La famille Arnault a touché la moitié de ceux versés par LVMH, soit près de 1,5 milliard d’euros ; 750 millions pour les Bettencourt ; 415 millions pour Pinault.

Des cascades d'argent public

Les croissances de patrimoine financier les plus importantes se retrouvent dans les entreprises technologiques, les licornes françaises, qui ont opéré des levées de fonds énormes, soutenues par une cascade d’argent public en soutien. Les dirigeants de Snowflake, société d’hébergement de données, ont vu leur fortune exploser de 400 % en un an. Le fondateur de Snapchat, jeune trentenaire naturalisé français par Emmanuel Macron, dépasse désormais les 10 milliards d’euros (+ 115 %). Côté Big Pharma, le PDG français de Moderna a vu son patrimoine tripler, les fondateurs du laboratoire Ethyfarm se contenteront d’une hausse de 114 % de leur fortune.

Même pour un média comme Challenges que la richesse fascine, ces résultats paraissent indécents alors que la crise a fait un million de nouveaux pauvres en France et 150 millions dans le monde. « Pourquoi le capitalisme accroît les inégalités », titre en page intérieure l’hebdomadaire. Un éditorial demande même à taxer les plus riches. Un sondage vient enfoncer le clou : les deux tiers des Français demandent au gouvernement de taxer les grandes fortunes.

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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 08:42
A coeur ouvert, le journal santé PCF Bretagne de l'été 2021 avec des contributions d'Irène Frachon, Benjamin Amar, Serge Klopp, Marion Villez, Daniel Junker
A coeur ouvert, le journal santé PCF Bretagne de l'été 2021 avec des contributions d'Irène Frachon, Benjamin Amar, Serge Klopp, Marion Villez, Daniel Junker
A coeur ouvert, le journal santé PCF Bretagne de l'été 2021 avec des contributions d'Irène Frachon, Benjamin Amar, Serge Klopp, Marion Villez, Daniel Junker
A coeur ouvert, le journal santé PCF Bretagne de l'été 2021 avec des contributions d'Irène Frachon, Benjamin Amar, Serge Klopp, Marion Villez, Daniel Junker
A coeur ouvert, le journal santé PCF Bretagne de l'été 2021 avec des contributions d'Irène Frachon, Benjamin Amar, Serge Klopp, Marion Villez, Daniel Junker
A coeur ouvert, le journal santé PCF Bretagne de l'été 2021 avec des contributions d'Irène Frachon, Benjamin Amar, Serge Klopp, Marion Villez, Daniel Junker

Sommaire de ce numéro 7 de A cœur ouvert - 2e trimestre 2021

Le journal santé de la commission santé du PCF Bretagne:

- "Le covid 19 et la crise de la civilisation capitaliste" - par Benjamin Amar, porte-parole de la CGT Val-de-Marne, membre de la direction nationale de la CGT

- "Au procès du Mediator, Servier est déclaré coupable mais reste impuni..."  - par Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest

- "Quand le gouvernement déshumanise la psychiatrie, c'est l'humanité de chacun-e qui est attaquée! " - par Serge Klopp, référent psychiatrie du PCF

- "Alzheimer: des représentations plus nuancées mais encore fortement stigmatisantes" - par Marion Villez, enseignant-chercheur à l'université paris-Est Creteil

- "Une société pour tous les âges" - par Daniel Junker, Agent retraité SNCF, animateur collectif retraite du PCF

 

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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 07:17
Disparition. Axel Kahn, le courage, l’humanité et le combat jusqu’au bout - Hommage du journal l'Humanité
Disparition. Axel Kahn, le courage, l’humanité et le combat jusqu’au bout
Mercredi 7 Juillet 2021

Le généticien, médecin humaniste et brillant essayiste est mort à l’âge de 76 ans, des suites d’un cancer incurable, qui s’était récemment aggravé. Retour sur son chemin de vie exemplaire, jusqu’à la fin.

 

Ce matin, le loup a desserré ses mâchoires. Axel Kahn, « Axel le loup », comme il signait ses derniers messages sur les réseaux sociaux, en référence au bouleversant poème d’Alfred de Vigny, s’en est allé à l’âge de 76 ans. Se sachant atteint d’un cancer incurable qui s’était récemment aggravé, le scientifique de renom, humaniste et engagé, avait choisi la compagnie de cet animal totem pour arpenter «  cette dernière phase de (son) itinéraire ». «  Tant que mes mâchoires pourront mordre le cancer, lui faire mal, protéger les personnes, elles ne se desserreront pas. Après ma mort, d’autres mordront avec plus de rage encore », postait-il le 11 mai, au moment où il annonçait le retrait prochain de ses fonctions de président de la Ligue contre le cancer.

Icon Quote Touché par ses mots, son humilité, sa sincérité, je veux saluer l’humanisme d’Axel Kahn. Merci infiniment.  Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

Un homme exemplaire jusqu’au bout

Quinze jours plus tard, il publiait une bouleversante lettre d’adieu qui forçait l’admiration : « Je vais mourir, bientôt. Tout traitement à visée curative est désormais sans objet. Reste à raisonnablement atténuer les douleurs. Or, je suis comme j’espérais être : d’une totale sérénité. (…) Il a fallu pour cela que je réussisse à “faire mon devoir”, à assurer le coup, à dédramatiser ma disparition. (…) Alors, souriant et apaisé, je vous dis au revoir, amis. » Exemplaire jusqu’au bout, médiatisant son combat contre le cancer, le médecin aura même fait de sa fin de vie une lutte au service des autres malades.

 

Dès l’annonce de sa mort, une pluie d’hommages lui a été rendue, tant par les centaines de témoignages chaleureux des Français sur les réseaux sociaux que par de grands scientifiques et des responsables politiques. « Axel Kahn nous a accompagnés, challengés, critiqués, fait bouger et il était toujours disponible pour travailler avec les équipes de la Ligue contre le cancer pour préserver la prise en charge et le dépistage des cancers tout au long de la crise », a salué par exemple le directeur de l’agence régionale de santé d’Île-de-France, Aurélien Rousseau. De son côté, Ian Brossat, porte-parole du PCF et maire adjoint de Paris en charge du logement, a rappelé : « Il y a six semaines, dans une lettre pleine de dignité, Axel Kahn expliquait son combat et nous disait au revoir. Il nous quitte pour de bon aujourd’hui, et c’est à notre tour de lui rendre hommage, à lui et à son intelligence lumineuse. »

Vulgarisateur lumineux, homme d’éthique et de devoir

Randonneur infatigable, travailleur acharné, l’homme de devoir et de transmission a rempli toutes ses missions, guidé par une profonde bienveillance et par l’amour d’autrui. Sans relâche, il a œuvré jusqu’au bout, en tant que président de la Ligue contre le cancer, une responsabilité qu’il assume de façon bénévole depuis sa nomination en juin 2019. Il a lutté inlassablement contre la pandémie du Covid, appelant à la solidarité internationale et à la coordination de la production de vaccins menée sous l’égide de l’OMS, pour les rendre accessibles à tous. Le médecin n’a pas économisé son énergie pour peser de tout son poids sur les choix politiques, dont ceux d’Emmanuel Macron de ne pas reconfiner le pays en début d’année. Il avait d’ailleurs accordé à un grand entretien, le 4 décembre dernier, dans lequel il critiquait certaines décisions gouvernementales et appelait à des mesures constructives de prévention et de vaccination pour tous.

Icon Quote “J’ai besoin de l’autre pour être moi-même, et il a besoin de moi pour être lui”, Axel Kahn. Un grand médecin, un grand chercheur, un grand humaniste vient de nous quitter. Courageux et engagé, jusqu’à la fin. Olivier Véran, ministre de la Santé

« Arrivé au bout du chemin », le généticien, l’essayiste, le vulgarisateur lumineux, l’amoureux de la nature, l’homme d’éthique et de devoir n’a jamais courbé l’échine. Jusqu’au bout, il a mené ses combats. Même « rattrapé par la patrouille » comme il l’écrivait avec humour… les Français l’ont suivi avec émotion, quand il bataillait sans relâche dans les médias, pour que les malades du cancer ne soient pas les grands oubliés de la pandémie . Qu’il soit hospitalisé ou lors de son ultime retour au foyer familial, il a continué à œuvrer pour la Ligue et pour les milliers d’inconnu·es confronté·es à une mort programmée par une maladie incurable.

Généticien et hématologue de renommée internationale

Benjamin d’une fratrie composée de Jean-François, l’aîné devenu journaliste, et d’Olivier le cadet chimiste, décédé en 1999, Axel Kahn est né le 5 septembre 1944 dans un petit village du sud de la Touraine, Le Petit-Pressigny. Il est élevé durant cinq ans par une nourrice avant de rejoindre ses parents à Paris. Entouré de brillants esprits, un père philosophe, un frère étudiant en histoire et un autre en chimie, Axel, le petit dernier, décide ne pas se mettre en concurrence avec ses aînés et choisit par élimination la médecine, « une science semi-molle ». Il démarre sa carrière de médecin comme interne des hôpitaux de Paris, avant d’obtenir, en 1974, un doctorat en médecine, avec une spécialité en hématologie, puis un doctorat ès sciences en 1976. Très vite, il délaisse la pratique de la médecine pour s’intéresser à la recherche scientifique.

Icon Quote Je voudrais exprimer comme beaucoup ma profonde tristesse et ma reconnaissance pour l’exemple de compétence et d’humanité qu’il nous a donné. Sa fin de vie a été comme sa vie, digne, lucide et responsable. Merci.  Jean Leonetti, maire LR et médecin

Généticien et hématologue de renommée internationale, ses recherches portent notamment sur le cancer (hémopathies, hépatocarcinomes, cancers coliques), le contrôle des gènes, les maladies génétiques, la thérapie génique et la nutrition. Il publie près de 500 articles originaux dans des revues scientifiques internationales, ainsi qu’une trentaine d’ouvrages de vulgarisation scientifique et de réflexions éthiques et philosophiques, parmi lesquels Être humain, pleinement (Stock, 2016), Jean, un homme hors du temps (Stock, 2017), Chemins (Stock, 2018), l’Éthique dans tous ses états, en collaboration avec Denis Lafay (l’Aube, 2019), ou Et le bien dans tout ça ? (Stock, 2021) .

De prestigieuses responsabilités dans le monde scientifique et académique

Et ce n’est pas tout. Axel Kahn a exercé de nombreuses et prestigieuses responsabilités dans le monde scientifique et académique : directeur de recherche à l’Inserm, directeur de l’Institut Cochin, membre du Comité consultatif national d’éthique, président de l’université Paris-Descartes, président de la Ligue contre le cancer. Excellent vulgarisateur et pédagogue, il est connu du grand public pour ses engagements et ses prises de position sur des questions éthiques et philosophiques ayant trait à la médecine et aux biotechnologies, notamment contre le clonage thérapeutique et les OGM.

Un homme engagé à gauche

Homme de gauche, ancien intellectuel communiste, vice-président d’honneur de la Société des amis de l’Humanité depuis 2003. Il alerte à plusieurs reprises, en 2013, sur les difficultés financières de l’Humanité et publie dans nos colonnes son soutien : l’Humanité

En effet, c’est à l’âge de 16 ans, en 1962, en pleine guerre d’Algérie, que le lycéen parisien rejoint le Parti communiste. Alors qu’il était très croyant, il perd la foi. Un tournant dans sa vie. Pour un monde plus juste, il se tourne alors vers la politique et milite pendant six ou sept ans chez les étudiants, jusqu’à être élu au bureau national de l’Union des étudiants communistes. Jusqu’en 1977, il sera actif dans les rangs du Parti communiste français, avant de se rapprocher du Parti socialiste et de s’impliquer dans l’élection présidentielle aux côtés de Martine Aubry en 2012.

À partir de 2013, Axel Kahn se met à parcourir seul la France à pied. Des milliers de kilomètres, de montées et de descentes, des genoux douloureux, une épaule déboîtée. Un voyage vers les autres et soi-même. Marcher n’était pas une activité pour Axel Kahn, c’était une manière d’être. Il se définissait d’ailleurs comme un homme qui marche, un chemineau de la vie.

Dans son dernier ouvrage, Et le bien dans tout ça ?, Axel Kahn prend à nouveau position sur les grands sujets d’actualité et évoque ses derniers instants avec son père Jean qui, avant de se donner la mort, lui avait laissé ces quelques mots : « Sois raisonnable et humain ! » C’était en 1970. Dans son dernier essai, Axel le loup se demandait s’il avait bien suivi cette injonction. Exemplaire jusqu’au bout, il l’a suivie à la lettre. grand chercheur, un grand humaniste vient de nous quitter. Courageux et engagé, jusqu’à la fin. »

Hommage. Disparition d'Axel Kahn, l'homme serein
Mardi 6 Juillet 2021

Le généticien et écrivain Axel Kahn est mort à l'âge de 76 ans le 6 juillet 2021. L'homme de sciences et de lettres emporté par un cancer foudroyant était également connu pour sa formidable capacité de vulgarisation scientifique.  Il avait lui-même annoncé l’issue fatale de sa maladie, le 11 mai dernier. Serein face à la mort il écrivait  « La joie de tout instant de beauté est décuplée par l’hypothèse que l’on pourrait n’en plus connaître de pareille. Sensation inouïe, bonheur immense ».

Nous publions l'entretien qu'il nous avait accordé en décembre 2020 sur la pandémie de Covid19.

 

Grand entretien avec Axel Kahn : « Contre le Covid-19, une couverture vaccinale de 60 % ferait la différence »

Le médecin généticien, président de la Ligue contre le cancer, livre une analyse critique de la gestion de la crise sanitaire en France et propose des mesures constructives pour en sortir. Cela dit, alerte-t-il, la pandémie de coronavirus n’est que la première du XXIe siècle et ne sera pas la dernière. Entretien.

Comment analysez-vous la gestion de la crise sanitaire depuis le début de l’année et notamment les deux confinements ?

Axel Kahn Le Covid-19 ne se transmet que par proximité avec une personne infectée. En l’absence de traitement, la seule arme disponible est la distanciation physique. Elle peut être sélective ou non sélective.

La première solution est accessible lorsque la circulation virale n’est pas trop importante et que l’on dispose de grandes capacités de tests et d’organisation du repérage des cas contacts. Elle consiste en le diagnostic, initialement grâce à la détection du génome viral dans le nasopharynx des sujets infectés, des tests systématiques aux frontières et dans les foyers naissants (clusters), une enquête épidémiologique pour remonter aux cas contacts et un isolement (quatorzaine au début de l’épidémie, septaine aujourd’hui) des personnes contaminées. Cette stratégie a été très opérante en Corée du Sud, Japon, Taïwan. En France, elle a permis de circonscrire les foyers de Haute-Savoie, du Morbihan et de Montpellier au début de l’épidémie.

La seconde approche est celle du confinement non sélectif de toute la population. Elle est la seule possible lorsque la circulation du virus est intense, ou bien quand on ne dispose pas d’une capacité suffisante de tests et de traçage : en Chine, à Wuhan et autres villes, Inde, Europe de l’Ouest, pays d’Amérique du Sud, etc. En fait, la moitié de l’humanité a été confinée.

 

En France, l’explosion de l’épidémie après le rassemblement religieux de Mulhouse du 17 au 24 février a dépassé toutes les capacités de limitation des foyers et a conduit au confinement inéluctable de mars. La seconde vague épidémique de l’automne a frappé toute l’Europe, y compris l’Europe de l’Est, relativement préservée au printemps. Elle a été facilitée en France par une certaine insouciance à la suite du confinement du 17 mars au 11 mai. Et aussi par l’action de scientifiques très invités dans les médias pour diffuser leur message rassurant selon lequel rien ne se passait et qu’il n’était pas nécessaire de prendre des précautions. De ce fait, la circulation virale très basse le 11 mai a progressivement augmenté, d’abord chez les jeunes, puis, lentement, chez les sujets âgés et fragiles, plus sensibles à développer des formes graves. La rentrée universitaire a contribué à la remontée des infections. Fin octobre, le virus circulait dans toute la France, globalement plus qu’en mars. La seule possibilité pour éviter un confinement total au mois de décembre avec ses conséquences économiques et psychologiques redoutables était de faire baisser la circulation virale suffisamment en amont. Par conséquent de décider le second confinement, plus modéré que le premier mais d’une indiscutable efficacité quand même.

Icon QuoteLa démocratie en santé a été maltraitée dans l’urgence de la situation épidémique.

Quels ont été les manquements au niveau des pouvoirs publics ?

Axel Kahn Le devoir de réserve du président de la Ligue contre le cancer que je suis lui interdit de prendre des positions de nature politique, idéologique, religieuse. Et aussi de se mêler au chœur des critiques des autorités aussi bien que d’en défendre l’action. Mes remarques seront par conséquent limitées à quelques items. En mars, en dehors de la Chine et des pays d’Asie qui ont la culture du port du masque, personne au monde n’en disposait en quantité nécessaire et suffisante. Pour autant, il était inutile de prétendre qu’ils ne servaient à rien. Les Chinois avaient averti les autres pays du monde de l’extrême vulnérabilité des personnes âgées au Covid. Les autorités françaises ont très tôt recommandé d’interdire les visites de la famille aux pensionnaires des Ehpad. Cependant, les personnels y travaillant n’ont pas été pourvus de protections supplémentaires, masques, surblouses, charlottes, etc. La mortalité a été considérable dans ces établissements.

Retrouvez tous nos articles sur la situation dans les Ehpad.

Après la première vague, j’espérais que des dispositifs seraient mis en place qui permettraient lors de la seconde vague mieux qu’au printemps de certes soigner les formes graves de Covid mais aussi d’assurer la continuité des soins pour des personnes souffrant d’affections plus graves et plus fréquentes que le Covid, tels les cancers. Ces personnes malades ont été à nouveau des victimes collatérales du Covid. La démocratie en santé a été maltraitée dans l’urgence de la situation épidémique. Aux côtés du conseil scientifique chargé d’éclairer les décisions de l’exécutif, il est peu compréhensible qu’on n’ait pas installé un conseil de citoyens puisque les décisions prises avaient un impact fort sur la vie des gens.

Icon QuoteSouvent, le politique a la tentation de se défausser de ses responsabilités sur les experts.

Les scientifiques ont-ils été écoutés par les pouvoirs publics ? L’Académie des sciences, dont c’est la mission, a-t-elle été suffisamment sollicitée ?

Axel Kahn En démocratie, il revient aux experts d’éclairer le processus décisionnel et non de dicter les décisions de l’État. Sinon, on risque de tomber dans une sorte de « dictature sanitaire », d’ailleurs dénoncée par des opposants. Souvent, le politique a la tentation de se défausser de ses responsabilités sur les experts. L’illustration absurde de cette dérive est l’affirmation par l’État que le maintien du premier tour des élections municipales en mars était la conséquence d’un avis du conseil scientifique. C’était une décision politique sous la pression des circonstances. À l’inverse, lorsque le président du conseil scientifique a annoncé que 18 millions de personnes fragiles ne seraient pas déconfinées le 11 mai, il empiétait sur une décision de l’État. Oui, en tout cas, l’exécutif a été correctement éclairé sur le plan scientifique durant cette période, le conseil scientifique est un comité d’experts reconnus de grande valeur. Je ne sais si l’Académie des sciences aurait constitué une meilleure solution. Son fonctionnement est plus lourd et beaucoup de ses membres ont quitté la vie professionnelle active.

 

Icon QuoteL’engouement pour une parole déviante porteuse d’espoir s’est vite confondu avec une large communauté adepte des théories complotistes.

Les scientifiques ont-ils bien fait d’être très présents sur les plateaux de télévision et d’y étaler souvent leurs divergences alors que « la science » était en train de se faire ?

Axel Kahn Durant des mois, les Français ne se sont pas intéressés à autre chose qu’au Covid. Il fallait pour les satisfaire que les stations de radio et les chaînes de télévision, surtout celles d’information continue, répondent à cette demande. Qui pouvait mieux le faire que des scientifiques du domaine et des médecins ? Ils se sont succédé, la maladie était émergente, le virus nouveau, un large spectre de sensibilités, hypothèses et analyses s’est manifesté : cela a dérouté les citoyens mais était en fait inéluctable et est habituel. De même, le poids d’une voix divergente, celle du professeur Didier Raoult, est un grand classique dans l’histoire des sciences et de la médecine, elle renoue avec la grande et riche tradition des « savants maudits » opposés à la science officielle. Le domaine du cancer est riche d’épisodes de ce type. Ce qui est plus original est que l’engouement pour cette parole déviante porteuse d’espoir s’est vite confondu avec une large communauté française et internationale au centre de gravité très à droite et à l’extrême droite, adepte des vérités alternatives et des théories complotistes, foncièrement rétive à toute « parole officielle ». Les présidents Trump aux États-Unis et Bolsonaro au Brésil s’y sont ralliés. Des publications YouTube de Didier Raoult ont été vues par des millions de personnes. Ce phénomène a profondément marqué et perturbé tout le processus des essais cliniques à travers le monde.

Comment continuer d’assurer les soins pour tous les malades, notamment les malades atteints d’un cancer ?

Axel Kahn Durant la première vague, toutes les structures de soins ont été prises par surprise. Les dépistages systématiques ont été arrêtés, les consultations se sont effondrées. Dans les hôpitaux généraux, les examens endoscopiques ont chuté de 90 %, presque 100 % des opérations chirurgicales ont été annulées. En effet, anesthésistes et salles de réveil étaient réquisitionnés pour faire face au tsunami des personnes atteintes des formes graves de Covid. Ce schéma s’est reproduit lors de la seconde vague dans les régions les plus touchées : Auvergne-Rhône-Alpes, Paca, Hauts-de-France… La situation a été moins tendue dans les centres de lutte contre le cancer et dans les établissements privés, indiquant la solution : prévoir des sites hospitaliers ne recevant pas de personnes infectées et dédiés à la poursuite des soins indispensables pour les maladies graves autres que le Covid.

Les annonces récentes de vaccins contre le Covid-19 vont-elles vraiment permettre de sortir de cette crise et si oui, à quel horizon ?

Axel Kahn L’expérience de la pandémie depuis neuf mois a permis de faire deux observations : d’abord, nulle part ne s’est établie une immunité collective suffisante. Ensuite, le Covid est un peu le sparadrap du capitaine Haddock, on ne s’en débarrasse pas vraiment. Seul le confinement absolu et prolongé tel qu’un pays dictatorial comme la Chine peut imposer y parvient, mais les retours menacent en permanence. Seule la vaccination permettra d’obtenir, pour un temps, une immunité collective freinant vraiment la circulation virale sans distanciation physique trop stricte. Cela pourrait commencer d’être le cas vers la fin de l’année 2021 si les vaccinations débutent au premier trimestre.

 

Justement, comment devrait-on organiser la campagne de vaccination et convaincre les Français de se faire vacciner ?

Axel Kahn Les premières personnes vaccinées seront celles au contact du public et à risque : personnel soignant, enseignants, agents des services d’accueil et de contrôle, personnes âgées et fragiles, etc. Cela représente déjà vingt millions de personnes qui pourraient au départ être vaccinées dans des centres dédiés de vaccination. Le reste de la population qui le désire serait vacciné « en ville » par les médecins, d’autres soignants, les pharmaciens. La réticence au progrès est devenue forte en France, je l’ai analysé ailleurs. Notre pays est celui au monde le plus rétif aux vaccinations et autres mesures sanitaires. C’est ainsi, on ne changera pas cela d’un coup de baguette magique. L’explication et la persuasion sont les seules armes disponibles. Cela dit, une couverture vaccinale de 60 % devrait être atteinte, elle ferait la différence.

Comment devrait être conduit le second « déconfinement » et quelles mesures faut-il prendre pour éviter une troisième vague au début de l’année 2021 ?

Axel Kahn Pour éviter le yoyo confinement, allègement, reconfinement, re-allègement, etc., la solution est triple : maintenir un haut niveau de distanciation physique et de gestes barrières. Tester-tracer-isoler-protéger. L’isolement ne doit pas être un enfermement administratif « en cellule », il doit être accompagné, dédommagé MAIS EFFECTIF, au moins sept jours, jusqu’à négativation des tests antigéniques. Et enfin vacciner.

Une fois que nous serons sortis de cette pandémie, quelles mesures de long terme faudrait-il envisager pour éviter de subir une nouvelle crise sanitaire de ce type, voire pire ?

Axel Kahn Aucune mesure au monde n’est susceptible d’éviter le retour de pandémies, notamment virales, le cas échéant sévères. Il y en a toujours eu depuis l’établissement de l’humanité, quatre au XX e siècle : grippe espagnole, 20 à 40 millions de morts (1917-1920) ; grippe asiatique, 2 millions de morts (1957) ; grippe de Hong Kong, 1,5 million de morts (1968-1970) ; sida, depuis 1980, 40 millions de morts.

 

La pandémie de Covid-19 n’est que la première du XXI e siècle, ce ne sera pas la dernière. La question est de disposer des services de santé publique et des dispositifs de soins susceptibles d’être rapidement mobilisés pour y faire face dans les moins mauvaises conditions.

Entretien réalisé par Anna Musso

TEMOIGNAGES

" Axel, tu ne mourras pas. Il n’y a que ce qui est insignifiant qui meurt. Tu lègues à nos contemporains et aux générations futures l’amour de se mobiliser au service des autres, de se battre pour les valeurs essentielles à l’émancipation humaine.

J’ai eu ces toutes dernières semaines l’honneur d’échanger avec mon ami Axel KAHN. J’étais bouleversé et impressionné. Cette élégance et ce courage apaisé face à sa mort imminente témoigne de la hauteur de ce grand homme, obsédé par le bonheur et l’avenir des autres. Un homme de gauche.

Nous avions décidé avec notre association l’EDEC d’organiser une conférence débat autour de son dernier livre « Et le bien dans tout ça ? » en octobre dans l’Hérault. Cette conférence nous la tiendrons avec un de ses amis François AZOUVI qu’il m’a proposé pour le représenter. A tous les siens nos plus sincères condoléances. A toi Axel tout mon amour fraternel."

Jean-Claude GAYSSOT

Lycée Buffon, 1961,

En mémoire d’Axel Kahn

Au lycée Buffon, lycée de garçons du XVe arrondissement de Paris, élèves, enseignants et administration avaient été fortement engagés dans la Résistance.

En 1961, année agitée par les derniers et douloureux soubresauts de la guerre d’Algèrie, la trace en était, seize ans après la Libération, encore vivace. Plusieurs enseignants encore en activité, le concierge, Monsieur Talhouarn, par ailleurs secrétaire général des personnels de l’Éducation nationale étaient d’anciens résistants.

Le débat politique était vif. La cellule communiste, emmené par un talentueux et respecté professeur d’Histoire, Jacques Chambaz, dirigeant national, souvent en affrontement avec un pion, Philippe Robrieux, secrétaire national de l’UEC, voisinaient avec un fort cercle de la JC animé par Axel Kahn et Luc Mazloum et un comité antifasciste  dynamique, face aux menaces quotidiennes de l’OAS.

Le brillant chercheur et humaniste qu’est devenu Axel s’annonçait: Les féliciations du conseil de discipline obtenus chaque trimestre récompensaient un élève d’exception, dont les qualités intellectuelles accompagnaient un vrai courage physique. Il en fallait car presque chaque distribution de tracts donnait lieu à de sévères bagares avec les fascistes, parfois plastiqueurs déclarés de l’OAS, souvent fils d’officiers de L’École militaire proche.

Nombre de mes camarades de la JC de l’époque, toujours militants ou non, en gardent le souvenir. C’est dans ce climat qu’après le massacre des Algériens de Paris le 17 octobre 1961, je lui ai remis mon adhésion à la porte du lycée, avant de lui succéder lorsqu’il se mit en retrait pour préparer le Bac.

Je lui conserve depuis une admiration qui touche autant au parcours du scientifique qu’à l’homme engagé sous diverses formes, toujours avec passion,  parmi ses frères humains.

Nicolas Devers-Dreyfus

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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 06:47
Salah Hamouri à Brest à l'invitation de l'AFPS en 2019 (photo I.Dupont)

Salah Hamouri à Brest à l'invitation de l'AFPS en 2019 (photo I.Dupont)

Jérusalem Le Quai d’Orsay « pleinement mobilisé » pour Salah Hamouri
Vendredi 9 Juillet 2021

Dans son édition du 30 juin, le site du journal israélien Israel Hayom cite les déclarations de la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked. Celle-ci évoque notamment le cas de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri en ces termes : « Les actions de Salah Hamouri constituent une violation grave de l’engagement fondamental d’un citoyen israélien, et en raison de cet abus de confiance, la révocation de sa citoyenneté est légalement justifiée. » En clair, les autorités israéliennes veulent interdire à Salah Hamouri de vivre dans sa ville natale, Jérusalem. Interrogé par l’Humanité sur ces menaces, le Quai d’Orsay a répondu que ses services « à Paris, Jérusalem et Tel-Aviv sont pleinement mobilisés pour que Salah Hamouri puisse faire valoir l’ensemble de ses droits et qu’il puisse mener une vie normale à Jérusalem, où il réside. La situation de Salah Hamouri est suivie attentivement et à haut niveau par les autorités françaises ». P. B.

 

Israël. Le gouvernement s’acharne contre Salah Hamouri
Mardi 6 Juillet 2021 - L'Humanité

La ministre de l’Intérieur veut la révocation du statut de résident permanent à Jérusalem de l’avocat franco-palestinien.

Le nouveau gouvernement israélien prolonge la politique menée par Benyamin Netanyahou. Particulièrement s’agissant de l’occupation des territoires palestiniens. Depuis plusieurs jours maintenant, les colons se déchaînent. Un jeune Palestinien a été tué non loin de Naplouse.

Les détentions administratives se multiplient

De son côté, la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked, membre de l’extrême droite israélienne, déjà ministre dans l’équipe précédente, poursuit sur sa lancée. Les détentions administratives se multiplient. Ghazanfar Abou Atwan, 28 ans, est en grève de la faim depuis maintenant 62 jours pour protester contre son incarcération arbitraire. Sa santé est en train de se dégrader.

C’est dans une telle situation que Ayelet Shaked vient d’annoncer qu’elle approuvait la révocation du statut de résident permanent de Jérusalem de Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, né et vivant à Jérusalem. Une information publiée, ce lundi, sur la version anglaise du site Israel Hayom.

Plus de 14 500 Palestiniens ont perdu le statut de résident depuis cinquante ans.

Depuis l’annexion illégale de Jérusalem-Est par Israël en 1967, les Palestiniens qui y vivent sont considérés comme des « résidents permanents ». Contrairement aux Israéliens, qui sont citoyens, les Palestiniens de Jérusalem doivent posséder un permis de résidence pour y demeurer.

Or, Israël s’arroge le droit de révoquer ce permis de plusieurs manières. Plus de 14 500 Palestiniens ont perdu ce statut depuis cinquante ans. Selon l’amendement du 7 mars 2018 à la loi sur l’entrée en Israël, contester la politique israélienne représente une « rupture de loyauté envers l’État d’Israël ».

« Les actions de Salah Hamouri constituent une violation grave de l’engagement fondamental d’un citoyen israélien et, en raison de cet abus de confiance, la révocation de sa citoyenneté est légalement justifiée », a doctement expliqué la ministre de l’Intérieur. Elle doit obtenir l’accord du ministre de la Justice et du procureur général.

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