LIEN VIDEO avec l'intervention de Myriam Martin (45 minutes):
http://www.youtube.com/watch?v=ZOkiPOc014M&feature=player_embedded
commenter cet article …
Le Chiffon Rouge
Morlaix
LIEN VIDEO avec l'intervention de Myriam Martin (45 minutes):
http://www.youtube.com/watch?v=ZOkiPOc014M&feature=player_embedded
TTIP : le débat explosif qui attend les députés
Par Thierry Brun -
L’Assemblée discute le 22 mai d’une résolution sur le grand marché transatlantique UE-USA, présentée par le Front de gauchemais édulcorée en commission par le PS. Le débat, au cœur des élections européennes, s’annonce houleux.
Les députés français débattront le 22 mai du traité transatlantique en cours de négociation entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis, un sujet majeur des élections européennes dont ils ignorent quasiment tout. Les négociations autour d’un vaste programme de libéralisations menées par Karel De Gucht, commissaire européen au commerce et négociateur en chef, ont lieu dans la plus grande discrétion. De quoi agacer les députés qui n’ont pas leur mot à dire sur la création de ce grand marché transatlantique baptisé Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI, TTIP en anglais). Ils le feront savoir lors de l’examen à l’Assemblée nationale d’une proposition de résolution européenne sur « le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique », déposée par le Front de gauche.
Caviardage en commissionLe contenu de la résolution a cependant été modifié par les députés socialistes en commission. Dans le texte initial, les députés du Front de gauche invitaient le gouvernement français « à intervenir auprès de la Commission européenne afin de suspendre les négociations » sur le projet d’accord de libre-échange et demandait d’y associer les Parlements nationaux (lire ci-dessous l’extrait ainsi que l’intégralité de la proposition de résolution européenne). Amendé le 13 mai en commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale, le texte a été édulcoré par le PS, avec le soutien de la droite. Les députés EELV présents étaient, eux, favorables à la résolution initiale du Front de gauche.Extrait de la version initiale de la résolution
Les députés socialistes présents, emmenés par Estelle Grelier, « ont supprimé la disposition qui prévoyait la suspension des négociations de l’accord bilatéral qui se mènent dans la plus totale opacité », a réagi André Chassaigne, député Front de gauche et rapporteur du texte. « Ils ont ainsi vidé notre proposition de résolution de sa substance et validé la poursuite des négociations sur un grand marché transatlantique au service du pouvoir financier des multinationales. La démarche des socialistes atteste de leur soutien, de fait, à ces négociations menées contre les peuples. » Le groupe Front de gauche compte présenter des amendements en séance le 22 mai pour rétablir le texte initial.
La mémoire courte des socialistesSurtout, rappelle André Chassaigne, une précédente résolution de députés socialistes déposée en mai 2013 et considérée comme « définitive » par l’Assemblée nationale le 15 juin 2013 demandait notamment « à ce que soit exclu du mandat le recours à un mécanisme spécifique de règlement des différends entre les investisseurs et les États pour préserver le droit souverain des États », ce qui n’est pas le cas dans le mandat de la Commission européenne qui a fuité.
Lire > Marché transatlantique UE-Etats-Unis : le mandat explosif de la Commission européenne
De plus, les députés socialistes demandaient aussi « à ce que la représentation nationale qui, en fonction du résultat des négociations, sera amenée à se prononcer par son vote sur la ratification de cet accord soit dûment associée au suivi des négociations à travers une information régulière du gouvernement des questions examinées dans le cadre du comité de politique commerciale (CPC) du Conseil de l’Union européenne », ce qui n’est pas le cas.
Autre sujet de conflit parmi les députés socialistes à l’Assemblée nationale, le fait que le mandat de la Commission reprenne la quasi-intégralité de l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI) dans son article 23. Cet accord négocié secrètement par les vingt-neuf pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) entre 1995 et avril 1997 a été rejeté en 1998 par le gouvernement de Lionel Jospin. « L’accord tel qu’il est conçu actuellement n’est pas réformable », avait alors jugé le Premier ministre socialiste, qui avait proposé « une nouvelle négociation sur des bases totalement nouvelles et dans un cadre associant tous les acteurs ».
Les normes sociales et environnementales sur la selletteDouble discours. Cette volonté de poursuivre les négociations apparaît en contradiction avec la campagne du PS pour les élections européennes pour une « Europe qui protège ses travailleurs » et une « Europe du progrès social ». « Tous les accords commerciaux doivent garantir nos intérêts et la spécificité de notre modèle, social, culturel, mais aussi les normes sociales et environnementales », avait déclaréHarlem Désir, alors premier secrétaire, lors d’une conférence de presse destinée à lancer la campagne européenne du PS, le 3 mars dernier.
Or, la Commission est officiellement chargée « d’aligner les règles et les normes techniques applicables aux produits, qui, à l’heure actuelle, constituent le principal obstacle aux échanges transatlantiques ». Cet objectif de libéralisation tous azimuts met en danger les normes sociales et environnementales, au profit de gains économiques considérables annoncés par la Commission, avec notamment l’élimination des barrières non tarifaires : de 119,2 milliards de dollars pour l’Union européenne et de 94,2 milliards de dollars pour les États-Unis.
Un enjeu démocratiqueLe débat promet donc d’être explosif à gauche trois jours avant les élections européennes, et alors qu’un cinquième cycle de négociations autour du PTCI entre l’Union européenne et les États-Unis est prévu à Arlington (Virginie) du 19 au 23 mai.
Les députés aborderont un sujet fort sur le plan démocratique. La résolution du Front de gauche reproche l’absence de « transparence sur ces négociations » qu’il juge « inacceptables sur la forme et sur le fond » :
« Non seulement elles sont menées de manière totalement opaque par des acteurs illégitimes, mais la logique néolibérale qui les guide ne peut aboutir qu’à une régression de la protection sociale, sanitaire, environnementale due à nos concitoyens. »
Devant la montée de ces critiques dans la campagne électorale et l’annonce d’un débat le 22 mai autour de la résolution du Front de gauche, Fleur Pellerin, secrétaire d’État au Commerce extérieur, a voulu rassurer et « dédramatiser ». Elle estime que « des lignes rouges ont été tracées » dans le mandat de négociation de la Commission européenne, notamment dans le domaine agroalimentaire : il n’y aura « pas d’OGM, pas de poulet chloré, pas de bœuf aux hormones », a-t-elle assuré, sans dévoiler l’intégralité du mandat de la Commission. Or, celui-ci n’a pas été rendu public : seulsquelques points du mandat européen (pharmacie, textile et cosmétiques) ont été publiésle 14 mai sur le site de la Commission. De plus, le Parlement européen et les Parlements nationaux ignorent les secteurs à libéraliser déjà négociés dans les différents cycles de négociations.
Fleur Pellerin a ajouté que « la France n’était pas demandeuse » de l’inclusion du très controversé mécanisme de règlement des différends dans le chapitre de la protection des investissements des grandes entreprises. Mais « pour l’Union européenne et les États membres, s’opposer très fermement à la présence de ce type de mécanisme créerait un précédent qui nous mettrait dans une situation délicate dans de futures négociations » si l’UE demande à son tour ce type de clause à des pays émergents ou en développement.
Un processus ancien et très opaqueLe gouvernement ne répond pas à la critique montante sur le caractère peu démocratique des négociations autour du grand marché transatlantique. Le « déficit démocratique de ces négociations est renforcé par leur propre objet. Loin de se borner à des questions purement économiques et commerciales, le mandat de négociation permet d’ores et déjà à la Commission européenne de négocier un accord “global”, touchant des domaines stratégiques et vitaux pour l’indépendance des nations et l’autonomie des peuples », relève la résolution du Front de gauche. Et de citer les dizaines de secteurs concernés, comme l’agriculture, la chimie, l’énergie et les matières premières, les marché publics, les services médicaux, les services publics, la pharmacie, etc.
« L’objectif est de créer une vaste zone de libre-échange en démantelant l’ensemble des règles tarifaires, réglementaires et environnementales qui protègent les salariés et consommateurs européens. La perspective de cet accord fait peser une grave menace sur les règles de santé publique, écologiques, sociales et culturelles en France et en Europe ».
Le processus très opaque de création d’un grand marché transatlantique remonte à loin, bien avant que les dirigeants européens s’engagent, lors du Conseil européen des 18 et 19 octobre 2012, à lancer des négociations pour un accord de libre-échange « global » sur le commerce et les investissements.
L'étau se resserre autour de Jean-François Copé. De plus en plus d'incices invitent à penser que les prestations de l'agence de communication Bygmalion, facturées 5 ou 6 fois plus cher qu'à l'ordinaire pendant la campagne présidentielle de Sarkozy (ce qui n'est pas non plus sans expliquer le dépassement du plafond des dépenses de campagne et le refus de remboursement, lié aussi à d'autres irrégularités, de la Commission Nationale des Comptes de Campagne), servaient de pompe à fric pour quelques dirigeants de l'UMP. Et peut-être aussi les ventes de biens d'Etat aux émirs et hommes d'affaire du Qatar, si l'on en croit Médiapart:
Ventes au Qatar: l'autre affaire qui menace Copé
Jean-François Copé © ReutersJean-François Copé a-t-il pu tout ignorer, lorsqu'il était ministre du budget, de ventes de biens de l'État au Qatar par l'intermédiaire de la société Centuria, dans laquelle travaillait un de ses anciens collaborateurs passé par la suite chez Bygmalion ? Tout porte à en douter. Or ces ventes suscitent de plus en plus de questions et de fortes critiques de la Cour des comptes.
La droite ultra-libérale et réactionnaire qu'incarne Copé sur le mode américain à la Bush a un rapport décomplexé à l'argent et résume la valeur de la vie aux valeurs financières: seuls les riches sont méritants, les pauvres n'ont qu'à bien se tenir...
Comme à d'autres époques, Restauration, Second Empire, la IIIe République affairiste de Panama, bien renseignées par Balzac, Maupassant et d'autres, ce petit milieu cynique et sans décence s'accomode très bien de la corruption installée au plus haut sommet de l'Etat puisque les corrupteurs sont des gens très comme il faut et même des faiseurs de roi.
Et ce sont les députés de Jean-François Copé qui donnent des leçons de morale sorties tout droit elles aussi des mamelles historiques de la droite - la défense du sabre et du goupillon, du sacro-saint ORDRE SOCIAL conservé par l'Armée et l'Eglise - en dénonçant de prétendues offensives de la théorie du genre à l'Ecole ou la négligence de Mme Taubira, ministre progressiste, femme et noire de surcroît, au moment de chanter la Marseillaise lors d'une cérémonie publique.
Ces polémiques de bas étage trahissent l'accord de fond de la droite parlementaire avec la politique pro-patronale conduite par Hollande et Valls - il ne leur reste plus à se mettre sous la dent que des reproches d'antipatriotisme, de cosmopolitisme, de libéralisme sociétal ouvrant la voie à la confusion des Genres et à l'impureté généralisée. Soit le credo de l'extrême-droite traditionnelle, depuis l'Affaire Dreyfus en passant par Vichy.
Heureusement, tous les hommes de droite n'ont pas cette connerie chevillée aux cerveaux ou ce cynisme manipulateur, et il reste des parlementaires, des anciens ministres et des militants pour relever l'honneur républicain de la droite, franchement bien écorné avec les déclarations et les pratiques d'un Jean François Copé, d'un Guaino et de toute la clique des Sarkolâtres.
En ce moment, malheureusement, le PS n'inspire guère moins de colère.
Faut-il vraiment qu'ils prennent les électeurs et leurs militants pour des cons pour communiquer sur la nécessité de relancer la croissance et de rompre avec l'austérité de Bruxelles? Comme Martin Schultz dans le Finistère cette semaine, Valls en campagne électorale ou les affiches des Européennes du PS dans le Grand Ouest. On est en plein exercice d'anti-phrase destiné à maquiller le sens d'une action digne des Pouvoirs qui ont perdus le contact avec la Vérité, qui croient pouvoir recréer la Réalité à leur convenance avec des mots de contrebande.
Ce sont eux qui ont été se précipiter pour ratifier le pacte budgétaire austéritaire préparé par Merkel et Sarkozy, dont découle leur politique d'austérité d'une ampleur inégalée en France depuis 2 ans et pendant 3 ans encore...
Car après, on entendra sans doute parler encore d'Austérité et de Services Publics ou de Régimes d'assurance sociale à privatiser, de Travailleurs trop payés à étrangler, mais plus beaucoup des Hollande, Valls, et consorts, qui pourront reprendre leurs activités appointées au service des multinationales, comme les Vedrine, Strauss-Kahn, Cahuzac, Moscovici, Besson, Blair, Schröder, en ont montré le chemin en leur temps, celui de la politique Casino qui se poursuit d'ailleurs.
Nous sommes confiants: le monde de la Finance saura se montrer plus reconnaissant que les Citoyens français. Peut-être après tout qu'ils ont choisi le bon camp!
Mais d'ici là, dirigeants de l'UMP et du PS qui avez perdu toute notion de Grandeur, d'Honnêteté et d'Intérêt Général, chantez bien la marseillaise avec des trémolos dans la voix, si possible devant les millionnaires du Ballon Rond au Brésil...
Ismaël Dupont
L'émotion a redoublé quand, après avoir appuyé la tentative ratée de rachat de SFR par Bouygues avec, en perspective désormais, un plan social massif chez Bouygues Télécom, Arnaud Montebourg a donné à voir pour seule alternative à cette issue le passage de la branche énergie d'Alstom sous le contrôle de la grande finance allemande avec Siemens. Une option qui n'a rien à voir avec le lancement de coopérations de co-développement en Europe et qui peut légitimement troubler en pleine campagne des élections européennes.
Ce décret fait suite aussi au risque, devenu massif, d'OPA étrangères sur nombre d'entreprises françaises cotées au CAC-40 avec des risques considérables pour l'emploi, la maîtrise technologique et industrielle, la croissance réelle dans tout le tissu économique français.
Tous ces événements traduisent, sur fond de chômage grandissant, la gravité de la situation du pays, alors que, à contrario de la prophétie hollandaise d'un « retournement économique », la croissance française a stagné au premier trimestre.
Face à toute cette émotion, le gouvernement est obligé d'essayer de donner le change, alors que son « laisser-faire, laisser-passer » les capitaux et profits financiers a été érigé en vertu cardinale par l’Élysée sous le vocable de la « politique de l'offre ».
Bien évidemment, on ne saurait contester la nécessité de ce décret. Mais il ne doit pas servir de cache-sexe labellisé, pour l'occasion, « patriotisme économique » à la poursuite d'une politique violemment anti-sociale, toute entière au service de la domination des marchés financiers et des exigences de la BCE et de Berlin.
En aucun cas, ce décret ne saurait suffire ! Il est indispensable de décider, tout de suite, de suspendre l'opération engagée sur Alstom et d'ouvrir une grande concertation publique transparente et démocratique avec les élus nationaux, régionaux, locaux et les syndicats pour choisir une tout autre option. Celle-ci pourrait viser une appropriation sociale du groupe, bien au-delà de ce que l'on entend traditionnellement par nationalisation, avec l'ouverture du capital à des participations de contrôle public de l’État, mais aussi de la CDC et des grands clients publics du groupe (EDF, SNCF, RATP) et qui pourrait aussi impliquer les régions. Cela devrait aussi marcher de pair avec la mobilisation de la Banque publique d'investissement et du Fonds stratégique d'investissement, ainsi que l'octroi aux organisations représentatives des salariés du groupe de pouvoirs décisionnels d'intervention sur les choix stratégique et de gestion afin de transformer les relations du groupe à la France, à l’Europe et au monde.
Le 25 mai, bloquer le missile transatlantique |
![]() Au fur et à mesure que sont révélés les contenus et les objectifs du projet de marché de libre échange transatlantique par des mouvements citoyens, syndicaux et des parlementaires, la panique gagne les chancelleries de part et d’autre de l’Atlantique. Jeudi dernier, au cours de la réunion des ministres européens du commerce, le commissaire européen au commerce, M. Karel de Gucht qui croyait pouvoir négocier dans le secret, n’a pu dissimuler son inquiétude. Il a appelé à « démythifier » ce projet après que M. Hollande ait appelé à aller vite, sinon, a-t-il dit : « Il y aura une accumulation de peurs, de menaces et de crispations ». C’est dire le niveau de leur assurance et de leurs craintes ! . Raison de plus pour amplifier la campagne de révélation en cours afin que grandisse l’idée qu’il y a un moyen très simple et très efficace d’écarter le danger : élire le plus possible de députés du groupe de la Gauche unitaire européenne. La vie quotidienne des travailleurs, des assurés sociaux, des consommateurs est en cause avec de dramatiques conséquences pour les générations à venir. . |
Le destin du traité transatlantique est lié au résultat des élections européennes |
Être visible et unis nationalement, proposer une alternative crédible, montrer la dynamique de la gauche radicale à l’échelle de l’Europe : candidate dans la région Ouest, Myriam Martin revient sur les enjeux des élections européennes pour le Front de gauche. Et sur l’après.
Également porte-parole du nouveau mouvement Ensemble, qui est aujourd’hui la troisième force du Front de gauche, Myriam Martin milite pour une Europe des peuples, une Europe sociale en rupture avec les politiques d’austérité.
Regards. Quel est l’enjeu de cette campagne des Européennes ?
Myriam Martin. Faire apparaître le projet du Front de gauche comme une alternative crédible. Nous voulons articuler un projet de rupture avec les politiques d’austérité, de désobéissance à l’égard des traités désastreux pour les peuples, avec des propositions en positif pour une Europe sociale qui place l’humain au centre et non la finance. À travers cette campagne, nous voulons montrer que le Front de gauche est l’outil politique pour porter ces contestations et ces aspirations. Après les difficultés des élections municipales, il faut rassembler les différentes composantes et les militants du Front de gauche. Nous avons à montrer que nous sommes capables de prendre des initiatives, comme lors de la manifestation réussie du 12 avril dernier. L’enjeu, c’est également de donner à voir la dynamique de la gauche radicale à l’échelle européenne. Le Front de gauche a des correspondants dans la plupart des États européens. Avec eux, nous avons un projet commun et un porte-voix, Alexis Tsipras, qui incarne la lutte du peuple grec et qui est notre candidat à la présidence de la Commission européenne. Même si la gauche radicale prend des formes différentes suivant les pays, nous nous opposons ensemble à la politique libérale et austéritaire imposée par l’Union. Cette dynamique européenne est nouvelle : nous devons lui donner de la visibilité et de la crédibilité.
Comment mobiliser les électeurs autour de cette dynamique ?
La campagne est très courte, le défi est difficile car il faut aller contre la tendance structurelle de l’abstention, notamment aux élections européennes. C’est un problème qui nous touche en particulier car l’électorat populaire – les chômeurs, les précaires – qui s’abstient est en partie le nôtre. Or il n’est pas simple d’expliquer l’intérêt d’élire des députés dans une structure qui donne, pour l’instant, peu de pouvoirs et de prérogatives aux élus. Mais l’enjeu national en vaut la chandelle ! Le plan d’austérité annoncé par Manuel Valls doit trouver un refus dans les urnes. Il y a dans cette élection une dimension referendum : pour ou contre ces mesures austéritaires ? Nous avons à convaincre celles et ceux qui sont écœurés des choix gouvernementaux du fait que s’abstenir, c’est permettre à ces politiques de continuer. Nous avons besoin d’un maximum de députés de cette gauche d’alternative au Parlement européen car ils et elles constituent des points d’appui pour défendre nos idées et faire le lien avec les résistances sociales. Pour construire une gauche radicale européenne, avec la Gauche unitaire européenne (GUE), avec l’Alliance Rouge et Verte, nous devons faire grossir partout en Europe ses scores et son nombre d’élus.
Comment se passe la campagne dans l’Ouest, là où nous avons vu les bonnets rouges fleurir ?
La campagne se passe bien, nous n’avons pas de difficultés dans la mise en mouvement militante : les forces du Front de gauche jouent le jeu avec enthousiasme. Il y a une compréhension de l’enjeu aussi pour l’avenir du Front de gauche : nous devons montrer que nous sommes capables d’élaborer en commun, d’agir en commun. Cette région a été secouée par des mouvements particuliers, comme celui contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou celui des bonnets rouges, circonscrits à la Bretagne. Ce dernier correspond au désarroi, à la colère sociale mais aussi à la confusion politique. Quand on ne trouve pas dans le champ politique les idées et les outils pour défendre son corps social – je pense notamment aux salariés –, on peut voir naître des mouvements interclassistes et confus sur le plan politique et qui ne résolvent en rien les problèmes rencontrés en Bretagne. Le système productiviste qui mine l’agroalimentaire est arrivé au bout du bout. Ils se sont trouvés à manifester avec ceux qui mènent ces politiques menant dans le mur. Les questions d’un modèle de production alternatif ont été mises de côté. Comment préserver en même temps l’emploi et l’écosystème ? L’Europe encourage la destruction de l’un et de l’autre. Nous devons tracer une autre voie.
Comment voyez-vous l’avenir du Front de gauche ?
Les résultats des Européennes vont avoir une influence sur la suite. Nous devons donc être plus visibles et unis nationalement dans cette campagne. Il faudra ensuite un moment pour discuter de son bilan et de son avenir. Pour le moment, le Front de gauche est un cartel d’organisations, ce qui n’est pas le projet initial et ce qui n’est pas suffisant. L’outil doit être transformé. L’adhésion directe, le fonctionnement démocratique, la coordination à l’échelle locale et nationale doivent être traités pour redynamiser le Front de gauche. Nous avons un outil précieux, il ne doit pas être gâché car nous n’en avons pas d’autre. L’idée d’Assises me paraît bonne. Il faut aussi des Estivales du Front de gauche. La politique n’est pas statique : il faut aussi se demander comment on discute avec les forces sociales et avec ceux qui, à EELV ou au PS, sont en désaccord avec le gouvernement. La question de la recomposition politique se pose plus que jamais. Elle doit articuler l’unité et la radicalité. Ce débat doit être ouvert dans le Front de gauche.
Vous avez été l’une des porte-parole du NPA. Comment avez-vous réagi à l’annonce de la présentation de listes du NPA aux Européennes, y compris dans votre propre région, alors que des listes communes avec le Front de gauche avaient été imaginées ?
J’ai regretté. Je trouve cela dommageable pour tout le monde. Le NPA aurait dû proposer plus tôt des listes communes avec nous. Ensemble et le NPA posaient dès le mois de février cette question. Malheureusement, nous n’avons pas abouti et les voix vont se disperser. Dans l’Ouest, nous avons par exemple 25 listes… ce n’est pas très sérieux. J’espère que, après la manifestation du 12 avril organisée en commun avec le NPA et le Front de gauche, nous pourrons nous y prendre mieux la prochaine fois.
Le mouvement Ensemble s’est récemment lancé et doit tenir son congrès fondateur à l’automne. Quelle est son utilité ? Son profil politique ?
La première utilité d’Ensemble, c’est d’avoir rassemblé des courants politiques qui avaient des projets très proches et se retrouvaient dans des luttes de résistances. Ce qui nous rassemble, c’est la recherche de façons nouvelles de faire de la politique. Ensemble se conçoit et se construit dans le Front de gauche, avec l’idée de porter le débat du dépassement du cartel, de l’adhésion directe, de l’abandon des vieilles pratiques. C’est un défi, mais dans la période il est important d’avoir un objectif de refondation d’un mouvement politique. Ensemble n’est pas figé sur des vieux schémas.
Propos recueillis par Rosa Lafleur. Interview publié dans Regards.
http://www.europeennes2014-ouest-fdg.fr/
https://www.facebook.com/EuropeennesFdGOuest
https://twitter.com/EuroFdgOuest
Cambadélis appelle les forces de gauche à «reconstruire un tronc commun»
http://www.mediapart.fr/journal/france/140514/le-debat-des-gauches-cambadelis-cosse-melenchon
Il faut lire cet article assez passionnant qui montre bien la difficulté de faire son travail de député sous les institutions de la Ve République aggravées par les pratiques de Hollande et la gestion interne du PS - devenu une simple écurie présidentielle comme l'UMP.
Richard Ferrand (PS centre-Finistère), Chantal Guittet (PS Landivisiau-Landerneau), Philippe Noguès (PS Morbihan) font partie des "dégoûtés" de Hollande interviewés: ce qu'ils disent, mélange de bonne volonté, de désillusion, et d'auto-persuasion et d'auto-aveuglement, paraît assez sincère même si on regrette que leurs votes n'aient pas suivi sur le TSCG, les budgets de rigueur, la réforme des retraites et l'ANI. Cela nous rappelle qu'en dépit de la politique qu'ils mènent et justifient par leur vote, en partie sous la contrainte des pressions internes dont peut ont le courage de s'extraire, il reste certains députés socialistes de bon sens et ayant une conscience de ce que devrait être (et faire) la gauche.
Paroles de députés socialistes: «C'est un immense gâchis, tout est anéanti»
Geneviève Gaillard © DRCe sont des députés socialistes discrets, ceux qu'on ne voit pas à la télé. Ça ne les empêche pas d'avoir leur avis sur la politique du gouvernement et de François Hollande. Certains se sont abstenus lors du vote du 29 avril sur le plan Valls de 50 milliards d'économies. Paroles de députés que l'on n'entend jamais.