Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 05:27
Cette année encore, des centaines de sans abris sont morts dans la rue

Sur le site de RFI - avec l'AFP

Chaque année, le nombre de SDF augmente dans les rues de France. Entre 2001 et 2012, on a noté une augmentation de 50% du nombre de personnes sans domicile fixe. Si leur nombre est assez simple à calculer, la mortalité de cette population à risque de décès prématuré reste compliqué à estimer. Entre janvier 2008 et décembre 2010, 6.730 SDF sont morts dans les rues, plus de 2.000 par an. C'est ce que révèle une nouvelle estimation publiée mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire (InVS). 

Cette nouvelle étude qui aboutit à estimer ces décès à 6.730 au cours de cette période 2008-2010, est basée sur des recoupements entre les données du Collectif les morts de la rue et celles de la base nationale des causes médicales de décès du Cépi-DC Inserm. Selon le rapport du Collectif les morts de la rue, rendu public le 12 novembre, les personnes décédées (498 en 2014) qu'il avait pu répertorier, étaient majoritairement des hommes (88%), morts en moyenne à 49 ans, alors que l'âge moyen de décès des hommes dans la population générale s'établit à 79 ans. Le collectif a estimé à cette occasion n'avoir recensé qu'entre 1/5e et 1/6e des disparitions de SDF. 

De plus en plus d'enfants dans la rue

Le BEH consacré à ces populations relève notamment "un accroissement des familles ayant des enfants" au cours de la dernière décennie. Parmi ces sans domicile, près d'un tiers sont des enfants, un quart des adultes travaillent, mais ont des emplois le plus souvent précaires, peu qualifiés et mal rémunérés, rappelle le bulletin. 

Le nombre de familles sans logement est estimé à 10.280 en Ile-de-France, selon les premiers résultats de l'enquête EnFams 2013, consacrée exclusivement à ces familles, également publiée dans le BEH. 

Près de la moitié des familles étaient monoparentale, 22% ayant au moins 3 enfants, selon l'enquête. La majorité souffrait de malnutrition, avec une forte fréquence d'"insécurité alimentaire", d'anémie (50% des mères et 38% des enfants)...

***

Sur le site du Figaro

L'année n'est pas encore terminée, mais le collectif Les Morts de la Rue a déjà recensé le décès de 323 personnes vivant dans la rue. Selon l'association, la moyenne d'âge des personnes décédées est de 49 ans.

Depuis le début de l'année 2016, au moins 323 personnes sans domicile fixe sont décédées dans la rue. Le collectif Les Morts de la Rue , dresse une liste, actualisée chaque semaine, qui recense les informations sur ces SDF victimes de la rue. Âge, date, lieu de décès et quelques fois un nom, le collectif tente par ce bias d'alerter les pouvoirs publics. «On est choqué par ce qui se passe. Tout le monde est amené à mourir un jour, mais en moyenne un homme a une espérance de vie qui se situe autour de 79 ans. Pour les personnes qui vivent dans la rue c'est 49 ans», confie Nicolas Clément, président du collectif. Si ce chiffre est déjà important, il n'est cependant que partiel, l'année n'étant pas encore terminée.

Cette liste est établie à partir de différentes sources. «Il y a certaines associations qui nous transmettent les avis de décès. Certains riverains qui nous alertent ou encore la police et les hôpitaux. Cette liste est donc incomplète mais elle permet d'alerter sur la situation», explique Cécile Rocca, coordinatrice au sein du collectif Les Morts de la Rue.

Si le collectif refuse de faire une estimation du nombre de morts attendus à la fin de l'année dès maintenant, Nicolas Clément précise que depuis plusieurs années «on est autour de 500 décès par an». «C'est un chiffre dont on est sûr. Mais ce dont il faut avoir conscience, c'est que ce chiffre est très incomplet. Selon une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), il pourrait y avoir entre 2700 et 2800 décès de sans domicile fixe par an».

Cette année, la moyenne d'âge des personnes mortes dans la rue est pour l'instant de 48,2 ans. Soit un peu moins que les années précédentes. Dans sa liste, on note également la très faible présence de femmes, évalué à 8%.

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2016 7 30 /10 /octobre /2016 17:13
Etre jeune communiste en 2016 (Capucine Tissot, Le Journal du Dimanche - 28 octobre 2016)

Ils viennent de s’engager au PCF mais peinent à se faire entendre dans le débat politique. Rencontre avec des militants qui luttent contre les préjugés sur l’histoire de leur parti.

"Dehors!" C’est ainsi qu’a été accueilli Romain, 17 ans, un après-midi de septembre. "Je me souviendrai de ce jour toute ma vie. Je rentre des cours, ma mère m’attend dans le salon, mon ordinateur sur la table. À sa mine, je comprends tout de suite…" Elevée dans une famille où l’on vote à droite depuis des générations, Romain se revendique communiste. Des idées incompatibles avec celles de son entourage, qui lui demande de quitter la maison! "Le temps d’annoncer la nouvelle aux autres et surtout de la digérer", se rappelle-t-il.

"Etre jeune communiste en 2016, c’est difficile", avoue aussi Guénolé Fournet, coordinateur national en charge de la vie des départements au Mouvement des jeunes communistes français (MJCF). La faute à l’histoire du parti, selon Vincent Bouget, secrétaire départemental du Gard : "Il y a une image du PCF que l’on traîne et qu’il est impossible de déconstruire. Pourtant, nous n’avons pas à nous excuser de ce qui a été l’histoire du Parti communiste." Ce passé aura valu à Romain des remarques blessantes de la part de ses camarades de classe : "C’est arrivé qu’on me surnomme 'le stalinien' au lycée. Les autres en rigolent, et je rigole aussi pour faire bonne figure, mais en vérité, c’est vexant à la longue."

"Avec la loi Travail, nous avons accru notre présence locale"

Depuis la chute du bloc soviétique, le PCF enchaîne les très mauvais scores aux élections. En 2007, la dernière candidate à la présidentielle, Marie-George Buffet, réunissait 1,93% des suffrages au premier tour, un plus bas historique. "Comme il n’y aura pas de président communiste en France, c’est difficile pour certains jeunes militants de s’engager à 100%", assure Nicolas Cossange, élu conseiller régional. Hugo Touzet, 23 ans, secrétaire de section dans le 18e arrondissement de Paris, est plus optimiste : "Le changement ne se fera pas en un claquement de doigts, mais rien n’est impossible. Il suffit de regarder les victoires électorales de la gauche en Amérique Latine au début des années 2000 ou même en Europe avec Syriza et Podemos, pour se rendre compte que les choses peuvent parfois évoluer très vite."

Le changement serait-il déjà en marche? Nicolas Cossange, 30 ans et conseiller régional dans le Languedoc-Roussillon, l’assure : "Il y a une évolution notable depuis la contestation contre la réforme des retraites en 2010. Cette année-là, il y a eu une explosion d’inscriptions dans les Jeunesses communistes." De même, lors de la mobilisation contre la loi Travail au printemps dernier : "Entre février et juillet, nous sommes passés de 13.000 à 15.000 adhérents au MJCF et avons accru notre présence locale sur des villes et des départements où nous n’étions pas encore tout à fait présents", reprend Guénolé Fournet du MJCF. A Nîmes par exemple, où la jeunesse communiste avait disparu en tant qu’organisation depuis plusieurs années, « nous avons réussi à la faire renaître grâce à cette mobilisation", confirme Vincent Bouget, secrétaire départemental du Gard. Du coup, Guénolé Fournet reste optimiste : "Notre avenir est à l’image de la période historique que nous traversons, pétrie de contradiction. Mais avec la volonté et la combativité, nous y arriverons. Nous avons de beaux jours devant nous."

 

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 12:20
"Fondamentalement, M. Fillon est un colon. Il a la même philosophie, il se considère comme un être supérieur par rapport aux "sauvages" auxquels on a appris ce qui lui semble bon à ses yeux"

"Fondamentalement, M. Fillon est un colon. Il a la même philosophie, il se considère comme un être supérieur par rapport aux "sauvages" auxquels on a appris ce qui lui semble bon à ses yeux"

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SÉBASTIEN CRÉPEL
VENDREDI, 28 OCTOBRE, 2016
HUMANITE.FR
 

Le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota expose dans l’Humanité ce qu’il n’a pas pu dire au candidat à la primaire de la droite sur France 2, jeudi soir, après les déclarations de l’ancien premier ministre évoquant un « partage de culture » à propos de la colonisation.

Invité ce jeudi soir à s’exprimer sur France 2 en direct depuis la Guadeloupe pour apporter la contradiction à François Fillon dansl’Emission politique, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG) Elie Domota n’a pas pu développer son argumentation face au candidat à la primaire de la droite et du centre, la chaîne l'empêchant de s'expliquer jusqu'au bout. Cela est d'autant plus regrettable qu'il accusait l’ancien premier ministre d’avoir tenu des « propos racistes » dans son discours à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe), le 28 août. L’Humanité a contacté l’ancien animateur de la grève générale de 2009 en Guadeloupe pour lui proposer d’exposer dans nos colonnes ce qu’il n’a pas pu dire à l’ancien premier ministre.

Vous avez accusé jeudi François Fillon d’avoir tenu des propos racistes quand il a déclaré à Sablé-sur-Sarthe, le 28 août : « La France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord », mais les téléspectateurs de France 2 n’ont pas pu entendre la fin de votre réponse. Qu’entendez-vous par là ?
Elie Domota
 Lors de la préparation de l’émission, France 2 m’avait assuré que je disposerais d’un temps de parole pour développer mes arguments, mais cela n’a pas été le cas. Ce que je voulais dire à François Fillon, c’est que ces propos sont tenus par trop de responsables politiques. Il faut rappeler qu’en 1635, lorsque des mercenaires sont envoyés par Richelieu, ils ont pour mission de coloniser la Guadeloupe et la Martinique. Il s’ensuit une longue décennie d’assassinats, de viols de meurtres et de massacres des Indiens sur l’île. C’est comme cela que le royaume de France est devenu propriétaire de la Guadeloupe, par le sang et par le meurtre. François Fillon appelle cela le « partage de la culture » ; moi, j’appelle cela conquête coloniale, meurtre et vol des terres. La France est alors allée chercher des Africains pour les déporter et les réduire en esclavage durant 400 ans. Toujours en vertu du « partage de la culture » selon M. Fillon, ont ensuite été organisés de véritables « élevages de nègres » pour en finir avec les révoltes d’esclaves, car Il est plus facile de dominer un être humain dès la naissance que de dominer un adulte qui connaît ses origines pour créer un être soumis. Il faut attendre la Révolution française pour que la première abolition de l’esclavage voie le jour en Guadeloupe. Mais en 1802, les troupes de Napoléon rétablissent l’esclavage. J’aurais aussi voulu rappeler à François Fillon que cette guerre a coûté aux forces guadeloupéennes des milliers de victimes avec, cerise sur le gâteau, plus de trois cents décapités en place publique à Pointe-à-Pitre. La France n’a certes pas inventé la décapitation, mais elle l’a commise contre des Guadeloupéens, qui étaient des Français. C’était encore la République à l’époque ! Et en 1848, lors de la deuxième abolition de l’esclavage, la République a déclaré que c’était une atteinte à la dignité humaine, mais elle a indemnisé les propriétaires, et non leurs victimes. La colonisation, c’est la violence pour s’approprier le bien d’autrui, parce qu’on considère qu’autrui est inférieur. Cette conception perdure, camouflée dans une prétendue mission civilisatrice de la France, de Jules Ferry à Nicolas Sarkozy, Manuel Valls ou François Fillon aujourd’hui. Fondamentalement, M. Fillon est un colon. Il a la même philosophie, il se considère comme un être supérieur par rapport aux "sauvages" auxquels on a appris ce qui lui semble bon à ses yeux.

François Fillon vous a répondu que si la colonisation vue selon les « critères d’aujourd’hui » est effectivement condamnable, il refuse la « repentance », estimant que la France n’a inventé ni l’esclavage ni la colonisation, que bien d’autres pays ont aussi pratiqués. N’est-ce pas relativiser le crime qu’a constitué la colonisation ?
Elie Domota 
Tout à fait, il est même dans une attitude d’apologie de crime contre l’humanité. Imagine-t-on François Fillon déclarer que les troupes allemandes sont venues occuper la France pour partager leur culture germanique ? Jamais cela ne lui viendrait à l’esprit. Mais à l’égard des Noirs en général, le négationnisme est toléré. François Fillon doit cesser de vanter pour autrui ce qu’il ne voudrait pas pour lui-même. On ne demande à personne de pleurer sur notre sort. M. Fillon, tout comme l’ensemble des Français, ne sont ni responsables ni coupables de cette histoire, mais ils en ont hérité, et le gouvernement français, quel que soit son bord politique, doit l’assumer et ne pas se voiler la face en prétendant que, sous prétexte qu’ont été construits des routes, des chemins de fer et des dispensaires, la France a oeuvré au développement du pays. Car la colonisation repose toujours sur le principe que le colonisé est inférieur à vous, que sa culture et sa musique, sa langue ne sont rien, et qu’au final lui-même n’est rien, et qu’il faut donc lui imposer votre langue, votre religion, vos coutumes. C’est une entreprise de déshumanisation, de négation des individus. Tuer des gens et prendre leur bien n’est pas du partage de culture, en 1635 comme en 2016.

A Sablé-sur-Sarthe, François Fillon a également déclaré que l’école ne devrait pas « apprendre aux enfants à comprendre que le passé est source d'interrogations » et à « faire douter de notre histoire ». N’est-ce pas là aussi une volonté de nier, jusque dans les programmes scolaires, ce qu’a été réellement la colonisation ?
Elie Domota
 On retrouve cette pression sur l’enseignement de l’histoire visant à exonérer la France de ses responsabilités en tant que puissance coloniale et esclavagiste, et même, à la limite, à rendre les victimes responsables de leur situation. Un exemple : en mai 2015, François Hollande est venu inaugurer le mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre. Qu’y voit-on ? Que ce sont les Africains qui ont vendu leurs frères, et que les Européens, passant par là, les ont donc achetés comme esclaves. Comme si les bateaux étaient arrivés par hasard ! Deuxième chose, il est dit que c’est grâce à la religion chrétienne que les Noirs sont sortis de l’idolâtrie. Rien sur la bulle du pape Nicolas V qui, en 1454, a encouragé le pillage des terres et les meurtres des païens ! L’apprentissage est aussi une question de domination.

Vous avez demandé à François Fillon qu’il se prononce en faveur de l’annulation des textes qui, à partir de 1848, indemnisent les anciens propriétaires d’esclaves, mais il a refusé, au nom, là aussi, de son désaccord avec la « repentance »…
Elie Domota
 Cela n’a rien à voir avec la repentance. Nous demandons une remise en état pour que le vivre-ensemble ait un sens. Nous disons à M. Fillon : êtes-vous prêts à annuler ces textes pour oeuvrer à une redistribution des terres pour que nous vivions dans une société plus juste et équitable, et à cette question il répond non. A partir de 1848, le pouvoir des propriétaires blancs a été renforcé, et les anciens esclaves ont été jetés dans la précarité, et aujourd’hui, nous sommes toujours dans la même configuration. Les héritiers des maîtres d’esclaves sont propriétaires des usines, ils siègent dans les conseils d’administration des banques, et les descendants d’esclaves sont pour la plupart ouvriers. Nous demandons que toutes les terres acquises de façon criminelle fassent l’objet d’une redistribution. Comment peut-on venir nous parler, sinon, de liberté, d’égalité et de fraternité ?

Quelles actions envisagez-vous pour obtenir cette « remise en état » ?
Elie Domota 
Nous avons demandé en mai 2015 au tribunal de nommer un groupe d’experts pour évaluer le préjudice subi par les colonisés, et de mettre à l’étude une réforme agraire pour la redistribution des terres acquises dans le cadre de l’esclavage et de la colonisation. Nous avons accompagné cette requête de deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) pour savoir si les textes qui prévoient l’indemnisation des propriétaires d’esclaves sont conformes à la Constitution française. En droit français comme dans le droit international d’ailleurs, le criminel ne peut pas tirer bénéfice de son crime, il est sanctionné et et la victime est indemnisé. Mais un an et demi plus tard, nous n’avons toujours pas de réponse. Le dossier est encore devant le tribunal de Pointe-à-Pitre, alors qu’il faut en moyenne deux mois à une QPC pour être présentée devant la Cour de cassation…

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 11:49
«	Les managers viennent beaucoup plus de l’extérieur et sont juste là pour réduire les effectifs. Je ne perçois plus l’âme de La Poste là-dedans./» photo marta nascimento/rea Marta NASCIMENTO/REA

« Les managers viennent beaucoup plus de l’extérieur et sont juste là pour réduire les effectifs. Je ne perçois plus l’âme de La Poste là-dedans./» photo marta nascimento/rea Marta NASCIMENTO/REA

« Tous les agents, du facteur jusqu’au haut cadre, sont sur un siège éjectable »
VENDREDI, 28 OCTOBRE, 2016
L'HUMANITÉ
 

Poussé à bout par sa hiérarchie, puis déclaré inapte par l’entreprise, avant d’être mis en retraite anticipée, Laurent, 53 ans, ancien responsable territorial, estime que l’entreprise a voulu se débarrasser de lui à cause de son profil de cadre à l’ancienne.

«J’adorais mon job. » Laurent (1) pourrait être un retraité épanoui. Mais, quand il évoque ses dernières années de vie professionnelle à La Poste, sa voix déverse un filet d’amertume. Haut responsable dans une direction territoriale, le fonctionnaire est aujourd’hui sur le banc de touche. Déclaré inapte par l’entreprise, il ne se résout pas à sa mise à la retraite forcée. Tout dérape en 2009. Une de ses filles, adolescente, rencontre des difficultés. Laurent se dégage du temps pour s’occuper d’elle et l’accompagner à ses rendez-vous médicaux. Une requête visiblement insoutenable pour sa hiérarchie. « On m’a dit : “Tu choisis, c’est ton enfant ou ton job !” Après ça, on m’a emmerdé tout le temps. Mon directeur me dénigrait publiquement alors qu’il s’était retrouvé du jour au lendemain à manager des chefs d’établissement sans formation. D’un coup, je ne faisais plus le travail comme il fallait. On essayait de me recaser sur d’autres postes. » Oppressé, Laurent enchaîne les insomnies. Et broie du noir. Il dort une à deux heures par nuit. Mais refuse de se mettre en arrêt maladie. En 2012, il finit par être hospitalisé d’urgence pour « un burn-out complet ».

« Je refuse de donner des ordres et de fliquer les agents »

Avant cette rupture, sa carrière était un long fleuve tranquille. Bosseur, classé parmi les meilleurs directeurs au niveau national, il se souvient avec fierté avoir remporté toutes sortes de challenges : « Je faisais toujours plus que ce qu’on me demandait. » Selon lui, la pluie soudaine de reproches n’est pas sans liens avec la stratégie de rentabilité accrue de La Poste et ses restructurations accélérées depuis le début des années 2000. Pour répercuter les réductions de coûts et les suppressions d’emplois, la fermeté est de mise chez les dirigeants.

Jusqu’ici, ce cadre à l’ancienne avait toujours appliqué les directives à sa manière. « On n’appréciait plus ma conception de l’encadrement copain-copain. Je refuse de donner des ordres et de fliquer les agents. Je devais être plus distant, mais ce n’est pas ma nature. La chose qui intéresse la direction du groupe, c’est les gains de productivité. »

Quand il revient de maladie, en 2014, c’est la douche glacée. En guise de comité d’accueil, il se retrouve dans un bureau isolé, à effectuer deux tâches en deux mois. On lui dit qu’il ne peut plus former de managers car, en 24 mois d’absence, il aurait perdu ses compétences. Laurent replonge. Le couperet de La Poste va vite tomber. « Je suis déclaré inapte par l’entreprise alors que mon médecin dit le contraire. Je serai bientôt mis à la retraite d’office avec 57 % de mon salaire, comme je n’ai pas assez cotisé. J’ai trois enfants, dont deux étudiants, et un prêt en cours. »

Laurent ne se définit pas comme un militant. Il a lui-même diligenté des restructurations pour le compte du groupe. Mais ne se reconnaît pas dans ces méthodes expéditives. « On m’a écarté parce qu’on ne voulait pas que je mette mon nez dans les projets. Avant, quand il s’agissait de transformer un bureau en agence postale communale, on allait discuter avec le maire, avec les agents transférés dans d’autres bureaux, on faisait des simulations, des tests ; aujourd’hui, ça ne se passe plus comme ça. Il n’y a plus de concertation. Ils s’en foutent de laisser les gens au bord de la route. Les managers viennent beaucoup plus de l’extérieur et sont juste là pour réduire les effectifs. Je ne perçois plus l’âme de La Poste là-dedans. »

D’autant que, pris entre le marteau et l’enclume, Laurent est lui-même victime du jeu de chaises musicales. En son absence, le train des restructurations permanentes n’a pas épargné son secteur. « À mon retour d’arrêt maladie, il n’y avait apparemment plus de poste de libre pour mon grade. » Si certains se retrouvent le bec dans l’eau, d’autres cadres, déstabilisés par les orientations stratégiques, prennent aussi la tangente. « Un de mes collègues a préféré redevenir facteur plutôt que de rester à son poste. Un autre a tout lâché pour devenir chauffeur routier. » Face à cette descente aux enfers, les mots de la DRH de la branche courrier évoquant La Poste comme « une entreprise qui prend en compte l’humain », sur RTL, le 7 octobre dernier, résonnent comme une provocation à ses oreilles. Même s’il se consacre à ses petits-enfants et avale les kilomètres en vélo, le quinquagénaire ne digère pas cette blessure. « On m’accuse aussi injustement de harcèlement moral. J’ai bien compris que l’entreprise avait tout fait pour ne plus me voir. »

Brisé dans son attachement aux valeurs de service public, il a décidé de contester sa mise à l’écart devant la justice. Dénouant le nœud de pudeur au fond de sa gorge, il tranche : « Le traitement que m’a infligé La Poste est antisocial. Cela peut arriver à n’importe qui. Tous les agents, du facteur jusqu’au haut cadre, sont sur un siège éjectable. »

 

 

 

Appel d'élus et de syndicalistes pour la Poste, service public pour toutes et tous

Signez à votre tour la pétition de l'appel pour la défense du service public de la Poste: 

www.lapostepourtouspartout.fr

 

Lire aussi: 

La poste: une direction timbrée... et violente (L'Humanité, 27 octobre 2016): Appel pour la défense du service public de La Poste

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 10:49

Après les distributions de tracts à Bosh et à la Sermetta, cinq militants du PCF (Daniel Ravasio, Ismaël Dupont, Patrick Beguivin, Serge Bazin, Martine Carn) étaient présents sur le marché de Morlaix ce matin, avec la restitution de la grande consultation citoyenne du Parti Communiste "Que demande le peuple?" et nos axes de campagne principaux pour les présidentielles et les législatives 2017. 

Quelques conversations intéressantes place Allende et devant la mairie même si le climat général n'est pas à l'enthousiasme vis-à-vis de la politique... 

Qui pourtant nous rattrape tous... 

Les militants du PCF sur le marché de Morlaix ce samedi 29 octobre
Les militants du PCF sur le marché de Morlaix ce samedi 29 octobre
Les militants du PCF sur le marché de Morlaix ce samedi 29 octobre
Rencontre avec des militants de droite distribuant des tracts pour Sarkozy (photo Pierre-Yvon Boisnard)

Rencontre avec des militants de droite distribuant des tracts pour Sarkozy (photo Pierre-Yvon Boisnard)

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 07:08
François Fillon veut serrer de plusieurs crans la ceinture du petit peuple
GÉRARD LE PUIL
VENDREDI, 28 OCTOBRE, 2016
Souvent ennuyeux, toujours réactionnaire, bon avec les riches et dur avec tous les autres, à commencer par les plus pauvres, François Fillon était hier soir l’invité de « L’émission politique de France 2 » Cet homme qui fut collaborateur d’un député à 22 ans, puis député à 27 ans suite au décès de son mentor a toujours vécu de la politique. Il a été plusieurs fois ministre dans des gouvernements de droite avant que Sarkozy ne l’installe à Matignon de 2007 à 2012. Hier soir, il a tenté de convaincre les téléspectateurs que l’on peut faire du neuf avec cette vieille recette qu’est la surexploitation des travailleurs.

Les téléspectateurs qui ont regardé François Fillon hier soir à « L’émission politique » de France 2 ont pu voir un homme très à droite. Il a présenté , redisant son opposition par « conviction personnelle » au mariage pour tous, défendant devant les cheminots CGT de la gare de Lyon à Paris le principe de la retraite à 65 ans pour tous, quelles que soit la nature du travail, ajoutant même que le conducteurs de trains peuvent toujours changer de travail à partir d’un certain âge. Fillon veut en finir avec les 35 heures et fixer à 39 heures la durée légale minimale de la semaine de travail. Sans pour autant augmenter le salaire mensuel à proportion du travail supplémentaire fourni, a-t-il tenu à préciser. Parmi les arguments avancés par l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy figure le fait que des gens travailleraient  aujourd’hui entre 70 et 80 heures par semaine en France. Et qu’il s’agirait là d’un exemple à suivre pour réduire les inégalités dans un processus de surexploitation pout tous, sauf pour les exploiteurs.

François Fillon, comme Sarkozy, Juppé et Le Maire avant lui dans cette même émission, s’est  prononcé pour la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Mais comme il faut malgré tout faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, il veut augmenter la TVA de 2%. C’est le plus sûr moyen de faire payer les pauvres à la place des riches. Ce que n’a pas manqué de lui faire remarquer François Lenglet, notant que « le cran de la ceinture n’est pas le même pour tout le monde ». Lenglet est très heureux, semble-t-il, de défendre dans cette seule émission des positions peu en phase avec celles qu’il avance généralement dans les journaux télévisés de France 2, lesquelles sont généralement beaucoup plus proches des idées et des intérêts du MEDEF.

500 00 chômeurs supplémentaires durant les 5 années où Fillon était Premier ministre

Bref, aux yeux de Fillon, l’austérité salariale et le recul de l’âge donnant droit à la retraite seraient le meilleur moyen de créer des emplois. On en oublierait que le nombre de chômeurs en catégorie A augmenta de plus de 500 000 personnes durant les cinq années qu’il passa à Matignon de 2007 à 2012. Et a continué de progresser à un rythme à peine supérieur sous la présidence de François Hollande, lequel promettait d’en inverser la courbe dès la fin de l’année 2012, puis avant la fin de l’année 2013, puis, peut-être en toute fin de mandat en mettant beaucoup de chômeurs en stage pour quelques mois, ce qui revient à trafiquer le thermomètre pour faire baisser la fièvre.

Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la dernière note de conjoncture de l’INSEE nous dit ce matin que le Produit intérieur brut (PIB) de la France a augmenté de seulement 0,2% au troisième trimestre 2016 après un recul de 0,1% au second trimestre. Plus grave encore, c’est la croissance de 0,4% des services, non créateurs de richesses richesse matérielles, qui porte cette moyenne, alors que la production de bien matériels recule de 0,1% après un recul de 0,7% au second trimestre. Il s’agit donc d’une croissance molle et malsaine de surcroît.

L’explication que donne la note de conjoncture de l’INSEE  est limpide : « Au troisième trimestre 2016, les dépenses de consommation des ménages continuent de stagner. Elles rebondissent modérément dans les services (+ 0,3% après -0,2%) tandis qu’elles reculent dans les biens (-0,5%  après + 0,1%). Qu’en serait-il alors si on avait appliqué la recette de  Fillon consistant à augmenter les prix des biens de 2% via une augmentation de deux points de TVA ? Comment le chômage diminuerait-il dans ces conditions avec, en plus une augmentation de la durée hebdomadaire de travail de quatre heures aboutissant à ce que neuf personnes fassent le travail de dix sans que toutes les heures faites en plus ne soient payées comme l’a laisser entendre François Fillon hier soir ?

Notons encore que le jour ou François Fillon a plaidé à son tour pour la suppression de l’ISF suite au même plaidoyer de Sarkozy, Juppé et Le Maire, un sondage Odoxa publié par  « Aujourd’hui en France » a posé à un panel d’électeurs la question suivante : «  S’agissant de l’impôt sur la fortune, souhaitez-vous que cet impôt soit maintenu tel qu’il est, renforcé en augmentant ses taux d’imposition ou en abaissant le seuil, ou supprimé ? ». La réponse ses sondés est claire : 42% souhaitent que cet impôt soit conservé tel qu’il est aujourd’hui ; 30% souhaitent qu’il soit renforcé, soit un total de 72%. Seulement 28% disent souhaiter sa suppression. Même les électeurs des candidats de la droite pour l’élection présidentielle sont majoritairement pour le maintien de cet impôt.

Tout commentaire semble ici superflu !

Journaliste et auteur
Partager cet article
Repost0
29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 07:04
« Merci, Ayele, d’oser face à O’Marché frais »
Mobilisation
LAURENCE MAURIAUCOURT
VENDREDI, 28 OCTOBRE, 2016
L'HUMANITÉ

Rassemblement de soutien, hier. 5 000 signatures en deux jours sur la pétition. L’affaire de la caissière licenciée un mois après avoir fait une fausse couche sur son lieu de travail à La Courneuve appelle une suite.

«Ça fait du bien, ça donne du courage », confie Ayele avant de prendre la parole devant cette centaine de syndicalistes et de militantes féministes venus la soutenir hier devant le supermarché O’Marché frais de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). À vrai dire, c’est Ayele qui a donné du courage à l’auditoire, tant la jeune femme est apparue concrète, combative, humaine, altruiste. La caissière de 33 ans ayant été victime d’une fausse couche au travail, la patronne, membre de la riche famille de commerçants franciliens Quattrucci, l’a licenciée un mois après (lire l’Humanité du 25 octobre). « Sans les femmes, sans les enfants, je ne sais pas ce que serait ce monde. Le capitalisme ne doit pas nous faire oublier cette idée. Les entrepreneurs ne sont rien sans nous. » Ayele est applaudie. Elle poursuit : « Toutes les caissières qui sont à l’intérieur de ce magasin souffrent. Ce n’est pas un lieu de travail, c’est l’enfer (…). Nous étions 80 il y a un an. Il en reste une vingtaine. » Et la jeune femme de décrire les situations d’humiliation, les insultes de la part de la hiérarchie, la surcharge de travail… « J’ai un DUT de gestion logistique. Il faut justifier d’au moins deux ans d’expérience pour décrocher un emploi dans ce secteur, voilà pourquoi j’ai pris cet emploi de caissière », argumente-t-elle en se remémorant la fois où la chef de caisse de 20 ans, « qui n’a même pas le bac », a convoqué toutes les caissières en les traitant de « racailles », les obligeant à faire du ménage. « Comment peut-on traiter de racaille des femmes sans connaître leur histoire. Et puis, le ménage, c’est un métier. Nous ne sommes pas embauchées pour ça. » Ayele remercie les soutiens présents et leur demande de « continuer ». De ne pas en rester au rassemblement d’aujourd’hui. « Il faut faire quelque chose avant que quelqu’un meure. » Ayele a en tête le cas d’une collègue « qui ne va pas bien », qui ne vit plus sans anxiolytiques.

Muriel Wolfers, secrétaire de l’union locale CGT de La Courneuve, mobilisée depuis des mois face à la situation de maltraitance salariale dont sont victimes les employées, abonde dans le sens de la jeune femme. Au micro, elle évoque « le système d’isolement » qui prévaut dans le magasin. « Est-ce que c’est l’homme qui doit s’adapter au monde du travail ? Ou l’inverse ? » La syndicaliste juge aussi « extraordinaires » les 5 000 signatures déjà recueillies sur la pétition, qui réclame une enquête sur cette affaire et des évolutions en matière de droits des femmes enceintes et d’aménagement de leur poste de travail.

« Si le patronat ose bafouer les droits, c’est qu’il y a impunité »

Une responsable de la fédération CGT du commerce souligne que la direction refuse de rencontrer les instances syndicales. « On ne peut pas laisser des mauvais patrons faire leur loi », intime-t-elle. Pour Sophie Binet, responsable du collectif Femmes mixité de la CGT, « si le patronat ose bafouer les droits, c’est qu’il y a impunité ». Face à cela, elle aussi remercie Ayele d’avoir « osé parler », rappelant que la maternité reste le premier motif de saisine du Défenseur des droits en France. « C’est au travail que les droits des femmes sont les moins respectés », a renchéri Gwendoline Coipeault, de Femmes solidaires.

Des élus PCF de La Courneuve, Corinne Delhomme et Anthony Couteau-Roussel, étaient présents, porteurs d’un message de soutien du maire, Gilles Poux, invitant chacun à œuvrer au sein du comité des droits des femmes de la ville. Le besoin de voir grossir le mouvement et de s’organiser, pour Ayele, pour ses collègues n’a échappé à personne. Des tracts vont circuler dans tout le secteur.

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 10:13
La poste: une direction timbrée... et violente (L'Humanité, 27 octobre 2016): Appel pour la défense du service public de La Poste

Suicides de facteurs, abstentéisme en hausse, grèves à répétition, tous les voyants sociaux sont au rouge à la Poste, malmenée par des restructurations et des suppressions d'emplois (plus de 4000 par an). Pourtant, la direction continue de mettre la tête dans le sable. Pire, elle tente par tous les moyens de contrer les cabinets d'expertise indépendants, désignés par les CHSCT (comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) pour enquêter sur les conditions de travail. Des documents internes montrent les ficelles utilisées par la direction. Première méthode: contester devant le tribunal de grande instance le principe même des expertises. Deuxième option: dénoncer en justice le montant des honoraires desdits cabinets, quitte à en mettre certains au bord du dépôt de bilan. La direction nie en bloc, malgré des documents accablants. 

A quoi joue La Poste? 

Gérard Filoche, L'Humanité Dimanche, 27 octobre 2016 

Incroyable: ce printemps, il y a eu 214 jours de grève, record historique, dans un bureau de poste à Rivesaltes. C'était à propos d'une simple réorganisation et d'une diminution du nombre d'emplois, 11 grévistes ont tenu bon et gagné pour un de leurs collègues injustement sanctionné et tout s'est terminé par la signature d'un protocole de fin de conflit. La direction services-courrier-colis golfe du Lion a démontré sa rigidité et son incompétence en imposant ces 7 mois de grève. 

Cet automne, on assiste à un conflit de 37 jours dans 3 bureaux de poste du 13e arrondissement de Paris. Et un autre de 31 jours, avec 200 salariés, dans le centre de tri du Havre. A Paris, le mouvement a duré 37 jours pour obtenir, avec la CGT, FO, et SUD, 2 emplois supplémentaires et une uniformisation des horaires d'ouverture des 3 bureaux (8h30-19h). Ce qui est inédit sur Paris depuis 10 ans. Au Havre, le conflit portait sur la délocalisation de l'activité de tri automatique vers le centre de Rouen, la suppression de 3 tournées de facteurs sur 37 existantes, la prise de service retardée entraînant la perte d'une indemnité de collation (50 euros par mois) et la mise en place d'une pause méridienne de 45 minutes à une heure non rémunérée qui remplaçait une pause de 20 minutes rémunérée. C'est ce dernier point qui a cristallisé la contestation. Incroyable qu'il faille 31 jours de grève pour se faire entendre!

Qui sont donc les dirigeants de centres postaux pour faire durer à ce point les conflits avec leurs salariés? Est-ce cela la nouvelle "négociation" entreprise par entreprise? Nous sommes pourtant dans un service public. Les revendications sont modestes, elles sont à chaque fois le fait d'une majorité de salariés et d'une intersyndicale, la conviction et l'unité des agents démontrent leur sérieux. Quelles sales visées se cachent derrière ces pratiques de la direction de La Poste qui a reçu 300 millions de CICE pour l'emploi? Encore une question à poser à Hollande. Avouera t-il "ce qu'un gouvernement ne devrait pas dire"?

***

Vous trouverez ci-dessous le lien permettant de signer et faire signer une pétition en ligne reprenant un appel signé par des élu-e-s dans leur diversité politique (PCF, Ensemble ! , EELV, PS, PG), des syndicalistes (CGT, Sud, FSU), des collectifs d'usagers. Ce appel est porté par un collectif et Convergence des services publics

Après avoir obtenu de l'AMF un refus de signer en l'état le contrat de présence postale entre AMF, Etat et La Poste pour 20017-2020 qui entérinait un recul de la démocratie locale, il s'agit maintenant d'engager une mobilisation nationale pour confirmer ce refus et faire prévaloir une autre politique centrée sur le maintien des bureaux de poste et la réintroduction des services publics dans les territoires, le développement de la démocratie locale et citoyenne, le respect des salariée-es, la création d'emplois, le dialogue avec les syndicats pour une politique de progrès social et humain, à la Poste comme dans tous les services publics .

L'adresse www.lapostepourtouspartout.fr renvoie directement sur la pétition. 

 

La Poste, service public pour toutes et tous, partout

Nous sommes usagers, syndicalistes, militants associatifs, élus locaux : nous décidons de lancer un appel à toutes nos concitoyennes et concitoyens pour défendre et développer le service public de la poste.

Le contrat tripartite de présence postale territoriale pour 2017-2020 est en cours de discussion entre l’État, la Poste et l’Association des maires de France

Le contrat prévoit de ne plus solliciter l’accord préalable du conseil municipal pour les transformations de bureau de poste. Seul l’accord préalable du maire serait sollicité. Si cela était acté dans le contrat cela ouvrirait la voie à un grave recul de la démocratie locale, à une absence de débat démocratique dans les instances élues et à de nombreux conflits dans les territoires. Pire, l’accord préalable du maire lui-même ne serait plus sollicité dans plus de 2000 bureaux de poste, au profit d’une « concertation renforcée » vide de sens.

C’est une attaque sans précédent pour imposer la fermeture de très nombreux bureaux de poste qui se prépare si ce contrat est signé tel quel, en particulier dans les moyennes et grandes villes urbaines et aussi dans les communes rurales. Les directions de La Poste ont notamment pris les devants dans les grandes villes, comme Paris où Rennes où des bureaux doivent fermer et une infime partie de leurs activités transférées dans des commerces, sans que la concertation ou l'avis conforme des conseils municipaux ou d'arrondissements n'aient été acquis.

Le bureau de l’AMF sensible  aux mobilisations des postiers, de leurs organisations syndicales, des élus, des usagers et à notre interpellation a refusé de signer le contrat en l’état et reporté sa décision au mois de décembre, en raison de l’insuffisance du fonds de péréquation et du recul de la démocratie communale. Ce refus, qui demande confirmation, est un appui important.

Dans une société de plus en plus inhumaine, agressive, générant nombre d’inégalités nos concitoyens ont besoin de protections, de solidarités donc plus de Services Publics de qualité et de proximité.

Les évolutions du Service Public Postal impulsé par le groupe La Poste sont préoccupantes et même inacceptables. Il en est ainsi des fermetures de bureaux de poste, de réductions des horaires d’ouvertures de bureaux, de suppression de tournées de facteurs, de transfert d’activités postales dans des commerces, de réduction du nombre d’agents... Elles se traduisent simultanément par une dégradation importante du service rendu aux usagers et des conditions de travail des agents.

Il est possible de faire autrement.

C’est pourquoi, nous appelons et vous appelons à signer pour

1. Refuser le contrat de présence postale pour 2017-2019 tel qu’il est et en élaborer un autre tourné vers l’emploi, le développement des services publics, la démocratie, notamment l’accord préalable du maire et du conseil municipal avant toute fermeture.

2. Se battre partout, pied à pied, pour empêcher toute fermeture d’un bureau de poste. Objectif : zéro fermeture de bureau de poste !

3. Demander que les CDPPT (Commissions Départementales de Présence Postale et Territoriale) soient élargies aux associations d’usagers et organisations syndicales représentatives du personnel et qu’elles soient consultées sur l’ensemble des évolutions en cours au sein du réseau postal local ou sur les réorganisations de services qui impactent les conditions de travail et le service rendu aux usagers.

4. Agir pour augmenter sensiblement les ressources du fonds de péréquation en faveur du maintien et de la rénovation des bureaux de postes

5. Agir pour maintenir et renforcer le maillage des services publics. Dans les territoires suburbains et ruraux, agir pour leur réimplantation avec une gestion démocratique et participative associant directions, usagers,  élus et représentants des personnels tout en les dotant de moyens financiers et en personnels publics suffisants pour assurer l'entièreté de leurs missions ce qui implique un plan de création d’emplois et de formation.

Premiers signataires :

Dominique ADENOT Maire de Champigny
Paulette AGNEL Conseillère municipale de Velleron
Fatah AGGOUNE Adjoint au maire de Gentilly
Michel ANTONY Animateur du Comité Vigilance Pour le maintien des services publics de proximité en Haute-Saône
François AUGUSTE Collectif départemental Poste Isère
Marinette BACHE Conseillère de Paris
Bally BAGAYOKO Adjoint au Maire de Saint-Denis
Marie-Christine BASTIEN Collectif départemental Poste 54
Sylvie BAYLE Syndicaliste CGT
Marie-France BEAUFILS Sénatrice-maire de Saint-Pierre-des-Corps
Jacqueline BELHOMME Maire de Malakoff, Conseillère métropolitaine, vice-présidente du Territoire Vallée sud-Grand Paris
Fabienne BELLIN FSU services publics
Pierrette BIDON Co-animatrice Collectif Services publics Creuse 
Habiba BIGDANE Adjointe au Maire de Nanterre
Michèle BIOT Secrétaire de la Mayenne CGT FAPT
Bernard BOISSIER Collectif Services Publics des Combrailles
Nicolas BONNET Président de la commission départementale de présence postale territoriale de Paris 
Yasmine BOUDJENAH 1ère Adjointe au maire de Bagneux 
Jacques BOUTAULT Maire du 2ème arrondissement de Paris
Fanélie CARREY-CONTE Conseillère Régionale Ile-de-France
Jean-Claude CHAILLEY Secrétaire général de Résistance Sociale
Sandrine CHARNOZ Conseillère de Paris
Gaby CHARROUX Député maire de Martigues, vice-président métropole 
François COCQ Adjoint au Maire de Champigny-sur-Marne
Raymond COMBAZ Conseiller municipal Givors, membre de la CDPPT du Rhône
Eric COQUEREL Conseiller Régional IDF
Michel COSNIER Maire de Château-Renault
Alain CROCE Adjoint au maire de Gignac la Nerthe, ancien postier syndicaliste
Graziella DANGUY Co-animatrice Convergence Gironde, FSU
Annie DAVID Sénatrice de l'Isère
Bernard DEFAIX secrétaire de la Convergence service Public, Collectif de l'Ardèche 
Hélène DERRIEN Présidente de la Coordination Nationale des hôpitaux publics et maternités de proximité
Ismaël DUPONT Conseiller Communautaire de Morlaix
Michelle ERNIS Conseillère municipale de Saint-Etienne-du-Rouvray
Patricia FERNANDEZ PEDINIELLI Maire de port de bouc, membre de la CDPPT 13
Léa FILOCHE Conseillère de Paris
Gérard FRAU Conseiller départemental des Bouches-du-Rhône
Nicolas GALEPIDES Secrétaire général de Sud-PTT
Michel GALIN Secrétaire général de la FSU-IDF
Francisco GARCIA Président E&S UNRPA
Vanessa GHIATI Conseillère régionale, Adjointe à la Maire de Malakoff
Jean-Philippe GILLET militant CGT Poste
Jérôme GLEIZES Conseiller de Paris
Bernadette GROISON Secrétaire générale de la FSU 
Patrick HALLINGER Animateur Collectif Services Publics Indre-et-Loire
Catherine HERVIEU Vice-Présidente du Grand Dijon
Gilles HOUDOUIN Conseiller Régional de Normandie
Vincent HUET Adjoint au Maire de Saint Denis
Michel JALLAMION Président de la Convergence nationale des Collectifs de défense et de développement des services Publics
Cathy JEAN Co-animatrice Collectif Services publics Creuse
Yamina KRARIA Co-animatrice Convergence Gironde, Fédération CGT Finances
Annie LAHMER Conseillère Régionale Ile-de-France
Jean-Pierre LALBAT Secrétaire union syndical CGT des retraités de Paris
Michel LANNEZ militant syndical CGT
Nathalie LEFEBVRE Adjointe au maire et Conseillère communautaire- MARTIGUES
Gilles LE PROUST Maire d'Allones, membre du bureau de l'AMF
Didier LERESTE Conseiller de Paris
Daniel LINOSSIER Comité Vigilance Loire : mettre la poste sous protection citoyenne
Marc MANGENOT Fondation Copernic
Nathalie MAQUOI Conseillère de Paris
Joël MARSEILLE Adjoint au maire de Tencin
Pierre MATHIEU Vice-Président de la région Grand-Est
Pierre MENARD Président de la Convergence Nationale Rail
Françoise MICHEL Convergence Services Publics Alpes-Maritimes
Didier MIGNOT Conseiller Régional IDF
Blandine NEME Syndicaliste, Rennes
Evelyne NGO Secrétaire nationale de Solidaires, déléguée adjointe Fonction Publique
Christian NGUYEN co-animateur Collectif Services publics Creuse 
Jean-Claude OLIVA Président de la Coordination Eau Bien Commun
Laurence PACHE Collectif Services Publics Creuse
Martial PASSI Maire de Givors , vice-président métropole de Lyon ,
Vice-président des Maires de France
Françoise PENCALET Conseillère communautaire de Douarnenez
Rozenn PERROT ATTAC France
Carine PETIT Maire du 14ème arrondissement de Paris 
Dominique PILHON Porte-Parole d'Attac
Jacques POIRIER Animateur du Collectif Services Publics de la Mayenne
Philippe PONSARD Maire de Savennes
Jean-Louis PUYDEBOIS Co-animateur Collectif Services Publics Corrèze
Danielle ROLLAT Vice-Président E&S UNRPA
Danielle SIMMONET Conseillère de Paris, 
Denis THOMAS FSU services publics
Philippe TOUZET Co-animateur Convergence Gironde, Solidaires
Aurélie TROUVÉ Porte-Parole d'Attac
Hugues TUPIN Conseiller Communautaire de Douarnenez
Denis TURBET-DELOF Secrétaire national Solidaires, Délégué général Fonction Publique
Janine VAUX Co-animatrice du collectif services publics Corrèze
Nicolas WALLET Secrétaire général de la FSU Paris

      

 

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 06:15
Partager cet article
Repost0
28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 06:00

  Le Monde Diplomatique, octobre 2016- Serge Halimi

  Depuis deux ans, la diffusion du Monde diplomatique s’est nettement redressée (1) ; le nombre de ses abonnés atteint un record historique ; la situation de ses finances n’inspire plus d’inquiétude. Un tel rétablissement détonne dans le paysage de la presse et dans le climat idéologique actuel. Il tranche en particulier avec le délabrement éditorial et économique de la plupart des périodiques, dont certains ne diffèrent leur trépas qu’en se transformant en prime numérique du géant des télécoms qui les possède (2).

Notre santé contraste également avec la situation politique et idéologique générale. Politique : le courant intellectuel — rationnel, démocratique, universaliste — qui inspire ce journal depuis sa naissance est provisoirement sur la défensive, affaibli par une absence de stratégie à long terme, des rivalités internes, le vrombissement ininterrompu des ego et des réseaux sociaux. Idéologique : les attentats djihadistes et la peur qu’ils inspirent relèguent au second plan les combats pour la justice sociale. Et encouragent à piétiner ce qui reste de libertés publiques, à accepter un état d’exception généralisé, à acclimater les esprits à l’idée d’une guerre civile.

Loin d’être l’apanage de l’extrême droite et de sites Internet paranoïaques, de tels desseins ont désormais table ouverte à la radio, à la télévision, dans les principaux titres de la presse. Ils concourent aux décisions d’un nombre croissant de responsables politiques. En juin dernier, l’éditorialiste du Point assimilait la Confédération générale du travail (CGT) à l’Organisation de l’État islamique. Avec le même souci de la comparaison intelligente et apaisée, l’ancien ministre Luc Ferry vient d’estimer, dans sa chronique hebdomadaire du Figaro, que le port du burkini vise à l’« islamisation de nos sociétés » et qu’il faut par conséquent « résister aux collabos de l’islamo-gauchisme », à leur « pacifisme munichois ».

Mobilisé à son tour par cette immense affaire estivale, l’éditorialiste socialiste Jacques Julliard ne décolère plus, tantôt dans Marianne,tantôt dans Le Figaro, contre « le parti collabo du “pas d’amalgame” à tous crins, du “vivre ensemble” à tout prix ». Et il vilipende le « parti de la France coupable » qui « lui tire dans le dos quand elle est attaquée de face ». En juin 1940, Winston Churchill avait alerté ses compatriotes du danger d’un débarquement des armées nazies sur les côtes britanniques  We shall fight on the beaches ») ; d’aucuns n’hésitent plus à transposer ce morceau de bravoure historique dans le combat, prétendument féministe mais assurément moins risqué, contre des tenues de bain religieuses : « Eh bien, nous aussi, nous nous battrons sur les plages (3»… Dans un tout autre domaine, celui de l’économie politique, même la critique argumentée des politiques néolibérales passe de nos jours pour une forme de « négationnisme ».

Contre ce nouveau maccarthysme, nous continuerons à privilégier engagement et raison. Nous ne demeurerons pas pour autant cantonnés dans des positions défensives. Au fil des mois, ce journal est redevenu le lieu de rassemblement d’un nombre croissant de lecteurs souvent actifs dans les mobilisations sociales. Notre souci de rendre compte des transformations rapides de l’ordre international, alors que l’attention est trop souvent happée par des événements sans portée, explique aussi ce regain d’influence. Joue également en notre faveur le fait que nous disposons d’une colonne vertébrale, de convictions anciennes et solides. Et que notre journalisme, loin de juxtaposer des commentaires indignés, s’adosse à des enquêtes exigeantes, ouvertes sur le monde. Chacun sait par ailleurs que nous n’appartenons à aucune chapelle, que les auteurs les plus divers collaborent à nos publications, qu’aucune banque, aucun industriel ne nous tient.

Depuis 2009, nous avons fait appel à vous pour mener ce combat éditorial et politique. Le résultat est là, puisque notre vigueur découle de votre appui. La période qui s’annonce réclamera plus que jamais que notre voix porte. Votre contribution aura donc également pour avantage de prévenir tous les dynamiteurs du bien commun que leur offensive nous trouvera sur leur chemin.

(1) Depuis 2014, notre diffusion moyenne est passée de 137 000 à 156 000 exemplaires. Nous détaillerons notre situation et nos comptes d’ici à la fin de l’année.

(2) Lire Serge Halimi et Pierre Rimbert, « Information sous contrôle », Le Monde diplomatique, juillet 2016, et Marie Bénilde, « Quand les tuyaux avalent les journaux », Le Monde diplomatique, septembre 2016.

(3) Élisabeth Lévy, Le Figaro.fr, 11 septembre 2016.

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011