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25 septembre 2016 7 25 /09 /septembre /2016 08:38
Une foule de candidats, mais surtout trois questions

LA CHRONIQUE DE JEAN-CHRISTOPHE LE DUIGOU (*)

L'HUMANITE DIMANCHE

Jeudi 8 septembre 2016

On ne compte plus les précandidatures à l'élection présidentielle à gauche, à gauche de la gauche et maintenant à droite de la gauche ¬ avec celle d'Emmanuel Macron ¬, sans oublier celle implicite du président sortant. Il est vrai que la droite n'est pas en reste avec une bonne dizaine de prétendants avant la primaire qui est censée les départager. « Abondance de biens ne nuit pas », dit le proverbe. Sauf que cette multiplication de prétendants alimente avant tout une bataille de posture, plutôt qu'un véritable débat de fond. Chacun l'a remarqué, les prétendants parlent surtout « d'urgence », « de détermination », « d'engagement », « d'irrévocabilité », plutôt que de « projet » et de « programme ». Les faux débats pullulent.

On fait du problème de la sécurité une question coupée de ses racines sociales. De quoi nourrir un peu plus la perception de la crise politique dont Marine Le Pen, jour après jour, fait son miel. Pas question de se résigner ! Après la première phase de l'affrontement sur la loi travail, après le référendum britannique sur la sortie de l'Europe et alors que la croissance économique cale, il est urgent d'investir les trois questions économiques et sociales essentielles, celles dont dépend l'avenir du pays : le devenir de notre système social, la refondation de l'Europe et la sortie des politiques d'austérité. Il faut pour cela en finir avec la critique permanente de notre système social, qui, à en croire certains commentateurs, recélerait tous les vices de la Terre. Pierre Gattaz en a d'ailleurs remis une couche, la semaine dernière. Il n'est malheureusement pas le seul. C'est une impasse, au moment où il faut réfléchir à ce que serait un Code du travail du XXIe siècle ¬ une protection sociale qui mette en avant la grande idée de prévention, que ce soit en matière de santé ou de chômage. Qu'on ne nous dise pas que c'est au-dessus de nos moyens ! Qu'aurait fait la génération de la Résistance si, en 1944, elle s'était arrêtée à cet argument ?

Il est de même indispensable d'éviter le piège tendu à propos de l'Europe. En sortir, à l'exemple des Britanniques, sachant que les salariés vont payer un lourd tribut, ou l'accepter telle qu'elle est, libérale et technocratique, assortie de quelques mesures de relance. En fait, l'Europe ne fonctionne plus. Elle ne cesse de produire des inégalités. Elle a besoin d'une refondation, notamment de son cœur financier et monétaire, qui donne la priorité aux dynamiques de solidarité et de coopération. Il faut, enfin, sortir de la spirale de l'austérité, qui n'a fait qu'alourdir le poids réel des dettes, publiques et privées. La priorité est à une relance par l'emploi en quantité et en qualité. C'est la condition pour que la demande intérieure puisse s'accroître après plus de deux décennies de restrictions. C'est pourquoi doit être élaborée une véritable politique industrielle. Il est indispensable d'organiser la maîtrise de l'épargne nationale. La véritable question, bien réelle, de la souveraineté est celle de l'efficacité des financements pour l'emploi, l'innovation, les besoins collectifs. On le voit, il est encore temps d'approfondir un véritable travail de diagnostic et de propositions afin de permettre aux citoyens de se projeter dans un avenir de long terme qui dépasse l'horizon de 2017. La question de l'homme ou de la femme apte à porter un projet offensif au printemps prochain viendra après.

(*) Économiste et syndicaliste.

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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 18:01

Appel : zéro fermeture de bureau de poste

Nous sommes usagers, syndicalistes, élus locaux, réunis à la fête de l’humanité, ce jour du 10 septembre 2016, nous lançons un appel à toutes nos concitoyennes et concitoyens pour défendre et développer le service public de la Poste.

L’objectif principal du contrat de présence postale territoriale pour les 3 ans à venir, en cours de discussion entre la poste, le gouvernement et l’Association des Maires de France, au nom de « l’adaptation du réseau aux contraintes économiques », est la fermeture de très nombreux bureaux de poste, en continuant les fermetures dans le monde rural et en les accélérant dans les villes. Il s’agit de passer d’un réseau où les bureaux de poste étaient largement majoritaires encore en 2014 (54 % aujourd’hui) à un réseau largement dominés par les « partenariats » où les bureaux de poste seront en forte régression.

Évidement La poste annonce que le nombre de points de contact (17 000) restera inchangé puisque les bureaux de poste seront transformés en agences postales communales ou en relais commerçants. Pour imposer cette régression, La Poste veut lever l’obstacle de l’opposition des élus, de l’action des usagers et des syndicalistes dans les territoires.

Il est donc créé 3 sortes de points de contacts différents : ceux qui relèvent du fonds de péréquation gérés par les CDPPT où il y a encore besoin de l’accord du maire et du conseil municipal, ceux qui ne relèvent pas du fonds de péréquation dans les communes où il y a un seul bureau postal, il y aura toujours un diagnostic partagé et un accord préalable du maire mais pas de la CDPPT ni du conseil municipal, et tous les autres où il n’y aura plus de diagnostic partagé ni d’accord préalable du maire et du conseil municipal pour fermer le bureau de poste.

Or, aucun bureau de poste ne doit évoluer sans l’accord préalable du conseil municipal et des CDPPT. Cette politique s’accompagnera de la création de maisons de services au public, et des facteurs guichetiers. L’objectif rejoint celui des missions nouvelles confiées aux facteurs pour compenser la régression des services publics sociaux et de santé, missions financées par les habitants concernés. La poste deviendrait la béquille de cette régression généralisée du service public. Il est possible de mener un combat offensif pour faire des véritables maisons de services publics , en posant des conditions de créations d’emplois en nombre suffisant, de formation des salariés concernés, de gestion démocratique et participative. La poste doit orienter sa politique vers ce qui est sa mission : le service public, et non pas empocher le CICE (300 millions par an) pour supprimer des emplois et privilégier la rentabilité financière.

Nous appelons nos concitoyens à :

1. Refuser l’orientation adoptée pour ce nouveau contrat de présence postale pour 2017-2019.

2. Se battre partout, pied à pied, pour empêcher toute fermeture d’un bureau de poste, « Objectif : zéro fermeture de bureau de poste ! »

3. Demander que les CDPPT soient élargies aux associations d’usagers et organisations syndicales représentatives du personnel et qu’elles soient consultées sur l’ensemble des évolutions en cours au sein du réseau postal local ou sur les réorganisations de services qui impactent les conditions de travail et le service rendu aux usagers.

4. Demander la hausse des ressources du fonds de péréquation qui permettent de financer les rénovations et accompagnements du public dans les bureaux de postes et que ce périmètre soit élargi au-delà des quartiers en politique de la ville.

5. Agir pour mettre en place de vraies maisons de services publics, ce qui implique des objectifs en termes de créations d’emplois, de formation, de gestion démocratique …

6. Créer partout des collectifs locaux et départementaux avec le triptyque gagnant usagers-syndicalistes- élus et partis politiques. Une coordination nationale impulsera ce mouvement en lien avec la « convergence des services publics »

Les premiers signataires : Paulette AGNEL, conseillère municipale de Velleron

François AUGUSTE, collectif départemental 38

Marie-Christine BASTIEN, collectif départemental 54

Sylvie BAYLE, secrétaire générale CGT postaux de Paris

Gérard BEAUSSAINT, postier retraité PCF 13

Claude BELLEC, Délégué au logement social de Brest

Nicolas BONNET OULADJ, président du groupe PCF-FDG au Conseil de Paris

Ian BROSSAT, Adjoint à la Maire de Paris

Jean Claude CHAILLEY, Secrétaire général de résistance sociale

Jean-Paul DESSAUX, fédération Sud PTT

Hélène DIAZ, postière retraitée PCF 13 Ismaël DUPONT, élu à Morlaix et communauté

Denis ESTEVE, ancien secrétaire de la CGT poste des Bouches-du-Rhône

Francis FOURNIER, responsable des postiers communistes des Bouches-du-Rhône

Nicolas GALEPIDES, syndicaliste, fédération Sud PTT

Jean-Philippe GILLET, militant CGT, secrétaire de la section PCF poste paris

Eric GUELLEC, Vice-Président de Brest Métropole

Jacqueline HERE, Présidente du groupe des élu-e-s communistes, Maire Adjoint de Brest François JACQUART, conseiller régional auvergne Rhône alpes

Michel JALLAMION, Conseiller régional Ile-de-France, président convergence des services publics

Michel LANNEZ, postier syndicaliste CGT

Gilles LE PROUST Maire d’Allones, membre du bureau de l’AMF

Didier LE RESTE, Conseil de Paris du 10e

Daniel LINOSSIER, comité vigilance : mettre la poste sous protection citoyenne

Joël MARSEILLE, adjoint au maire de TENCIN 38

Isabelle MATHURIN, membre du conseil national du PCF

Eliette MAUTREFF, postière retraité 13

Isabelle MAZELIN, Adjointe à la culture du Releck Kerhuon

Jean Claude MERY, cadre retraité de la Poste, ancien responsable départemental UFCCGT 13 Marc MINNI, Syndicaliste Portuaire Saint-Malo

Martial PASSY, Maire de Givors vice-président métropole de Lyon

Georges PISSON, postier retraité 13 Claude PONDEMER, militant PCF

Jacquy RIVOALAN, militant PCF Rennes

Alain VINATIER, postier retraité 13 PCF

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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 12:43
Budget de la sécurité sociale: coupes sombres et fermetures de lits

Budget de la sécurité sociale

Coupes sombres et fermetures de lits

vendredi 23 septembre 2016

Selon le journal Le Monde, le gouvernement va inscrire dans le prochain PLFSS des économies d’un "montant sans précédent depuis 2012". De 3,4 milliards € en 2016 d’économie inscrits dans le PLFSS 2016, on va passer en 2017, à 4 Mds soit 600 millions d’euros obtenus par le « virage ambulatoire » – des fermetures de lits d’hôpitaux –, 800 millions par des « gains d’efficience » demandés aux établissements hospitaliers (notamment par des achats groupés), 1,4 milliard par des économies sur les médicaments et dispositifs médicaux et 1,1 milliard pour la « pertinence » des soins – examens prescrits à meilleur escient, prise en charge médicale ou chirurgicale plus efficace, etc.

Derrière l’équilibre de la Sécu, les difficultés de l’Assurance-maladie

LE MONDE | 22.09.2016 à 19h56

Par François Béguin et Sarah Belouezzane

Le pari de ramener le régime général de la Sécurité sociale à l’équilibre serait-il sur le point d’être tenu ? Sans attendre la présentation officielle du dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) du quinquennat, prévue vendredi 23 septembre, la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, a tenu à annoncer elle-même la bonne nouvelle dès jeudi soir. « En 2017, le trou de la “Sécu” aura disparu », a-t-elle assuré aux Echos.

Avec trois branches sur quatre à l’équilibre (retraite, famille, accident du travailler), le régime général de la « Sécu » devrait présenter, en 2017, un solde négatif de « seulement » 400 millions d’euros, lié au seul déficit de la branche maladie. « Pour un budget de 500 milliards d’euros, c’est l’épaisseur du trait », estime Mme Touraine, qui compte bien faire de ce quasi-retour à l’équilibre un argument de poids de la prochaine campagne électorale.

« L’histoire de ce quinquennat, c’est la fin des déficits sociaux, lance-t-elle. La droite avait multiplié les franchises et creusé le déficit. Nous aurons sauvé la “Sécu”. » En réalité, en ajoutant 3,8 milliards d’euros du Fonds solidarité vieillesse (FSV) – la structure qui verse les cotisations retraite de chômeurs et le minimum vieillesse –, le déficit global devrait atteindre encore 4,2 milliards d’euros en 2017, ce qui reste tout de même le meilleur chiffre depuis 2001. Le retour à l’équilibre serait alors prévu pour 2019.

Dépenses en faveur des professionnels de santé Alors que la branche vieillesse devrait afficher en 2017 un excédent de 1,6 milliard d’euros, grâce aux différentes réformes engagées depuis 2010, c’est désormais la branche maladie qui fait figure d’« homme malade » de la « Sécu », selon l’expression de la Cour des comptes.

Celle-ci devrait afficher, en 2017, un déficit de 2,6 milliards d’euros (contre 4,1 milliards en 2016, une amélioration de 1,7 milliard par rapport à 2015).

A cette situation déficitaire vont venir s’ajouter les dépenses récemment accordées en faveur des professionnels de santé. Soit 400 millions d’euros supplémentaires pour les médecins libéraux en raison de la revalorisation de 23 euros à 25 euros du tarif de la consultation standard au 1er mai 2017, et 735 autres millions d’euros pour la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires hospitaliers et la revalorisation de leurs carrières.

« On se rapproche de l’équilibre grâce aux efforts des professionnels de santé, c’est donc une juste redistribution », explique-t-on Avenue de Ségur pour justifier ces sommes importantes engagées à quelques mois d’une échéance électorale.

D’ici à la fin de l’année, dentistes libéraux, Assurance-maladie et organismes complémentaires devront également avoir conclu une nouvelle convention tarifaire.

Puis suivront, en 2017, les kinésithérapeutes et les pharmaciens… La facture pourrait donc vite grimper pour la Sécurité sociale. Pour financer ces engagements, le léger relèvement du niveau de l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam), de 1,75 % en 2016 à 2,1 % en 2017 – soit 650 millions d’euros de marge en plus – annoncé mardi par le ministre de l’économie et des finances, Michel Sapin, ne sera pas suffisant. Le gouvernement va aussi inscrire dans le prochain PLFSS des économies d’un montant sans précédent depuis 2012. Là où chaque année il demandait peu ou prou 3 milliards d’économie (3,4 milliards en 2016), il va en demander quatre en 2017 ! Soit 600 millions d’euros obtenus par le « virage ambulatoire » – des fermetures de lits d’hôpitaux –, 800 millions par des « gains d’efficience » demandés aux établissements hospitaliers (notamment par des achats groupés), 1,4 milliard par des économies sur les médicaments et dispositifs médicaux et 1,1 milliard pour la « pertinence » des soins – examens prescrits à meilleur escient, prise en charge médicale ou chirurgicale plus efficace, etc.

« Coups de rabot »

Côté recette, une augmentation des « droits de consommation» sur le tabac à rouler devrait rapporter120 millions d’euros. Une « contribution sur les fournisseurs agréés de tabac » devrait par ailleurs rapporter 130 millions d’euros, soit 250 millions d’euros supplémentaires. En outre, le secrétariat d’Etat au budget met en avant les mesures qui seront prises pour lutter contre la fraude à la cotisation sociale. Et qui ont rapporté près d’un milliard d’euros en 2016.

Christian Eckert n’est pas inquiet pour 2017 : « Les réformes qui ont été conduites, les économies et les recettes devraient permettre d’absorber les dépenses. » Le déficit du régime général affiché en 2016 (-3,4 milliards d’euros) a quant a lui aussi beaucoup à voir avec les réformes des retraites ainsi que la baisse du chômage. Cette année, la France a en effet connu un accroissement de sa masse salariale de 2,6 %, ce qui a engendré des recettes supplémentaires. Une tendance qui pourrait continuer en 2017. Si Marisol Touraine assure que ces résultats sont le fruit de réformes de « structure », plusieurs observateurs du monde de la santé s’avouent dubitatifs. « C’est en serrant de plus en plus sévèrement les coûts de la santé que le gouvernement a réduit le déficit de la branche maladie depuis 2012 », analyse Claude Le Pen, économiste de la santé à l’université Paris-Dauphine, qui juge que « Marisol Touraine a mené une politique de coups de rabot ». Une lecture qui rejoint celle effectuée par la Cour des comptes, qui avait appelé, mardi, à une réforme en « profondeur » de l’Assurance-maladie.

« Environ 40 % du déficit résulte de causes structurelles, indépendantes de la conjoncture », faisait-elle valoir, dénonçant le recours par le gouvernement à un « procédé comptable discutable », voire « opportuniste », avec l’intégration d’un « produit exceptionnel de CSG [contribution sociale généralisée] de 700 millions d’euros » ne correspondant à aucune recette supplémentaire de l’Assurance-maladie.

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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 05:31

Des néo-nazis en acte et en puissance dont il ne faut pas sous-estimer le danger ni surestimer l'influence actuelle. Mais comme l'époque est troublée et que l'on ne va pas vers des jours très tranquilles et fraternels non plus...

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21 septembre 2016 3 21 /09 /septembre /2016 12:05
Sidse Babett Knudsen joue le rôle d’Irène Frachon dans le film réalisé par Emmanuelle Bercot. En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/festival/article/2016/09/18/le-monde-festival-la-fille-de-brest-le-mediator-a-travers-les-yeux-du-docteur-frachon

Sidse Babett Knudsen joue le rôle d’Irène Frachon dans le film réalisé par Emmanuelle Bercot. En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/festival/article/2016/09/18/le-monde-festival-la-fille-de-brest-le-mediator-a-travers-les-yeux-du-docteur-frachon

"La Fille de Brest" (Emmanuelle Bercot, avec l'actrice Sidse Babett Knudsen), un film sur le combat d'Irène Frachon contre les lobbys pharmaceutiques dans l'affaire du Médiator (article du Monde)

Ce baiser, envoyé de la main par le docteur Irène Frachon à l’actrice Sidse Babett Knudsen, disait à lui seul la belle complicité tissée avec le monde du cinéma, qui lui rend hommage. La pneumologue, grâce à laquelle la dangerosité du Médiator a été mise en évidence, a partagé la scène avec son incarnation sur grand écran, la comédienne danoise révélée par la série « Borgen ». C’était samedi 17 septembre au Gaumont-Opéra, lors de l’avant-première de La Fille de Brest, de la réalisatrice Emmanuelle Bercot – également présente.

Lire aussi : Irène Frachon : « Il faudrait pouvoir punir ceux qui attaquent les lanceurs d’alerte »

Ce thriller médical relate le long, épuisant combat de la pneumologue jusqu’à l’interdiction, en 2009, du coupe-faim des laboratoires Servier à l’origine de graves pathologies cardiaques. Après la projection, le docteur Frachon a jugé la performance de son double de cinéma si réaliste qu’il lui faudrait « apprendre le danois, désormais, pour être crédible ».

Une alchimie entre le médecin et son interprète

La réalisatrice Emmanuelle Bercot est revenue, pour le public, sur la genèse du film qui sortira en salle à la fin de novembre. Elle qui n’avait d’abord suivi que de loin la croisade d’Irène Frachon a été séduite, lorsqu’elle l’a rencontrée, par « ce personnage de fiction puissant et évident ». Par « son bagout, sa générosité, sa joie de vivre, qui déclenchaient le désir d’un film ». La réalisatrice se souvient que le médecin disait, d’ailleurs, souvent elle-même, en lui racontant son histoire « la réalité dépasse la fiction ». Voilà qui appelait au cinéma.

Mais trouver une actrice susceptible de l’incarner à l’écran fut un casse-tête. Jusqu’à ce que Catherine Deneuve lui souffle l’idée de Sidse. Et qu’elle découvre cette dernière en première ministre tourmentée dans la série « Borgen ». Encore fallait-il que le docteur Frachon adhère à l’idée d’un double scandinave. Coup de chance, a expliqué la réalisatrice, Sidse était « l’idole de la famille » d’Irène Frachon. « Quand on regardait la série, a confirmé samedi soir la pneumologue, on avait envie de lui donner des conseils pour mieux concilier vie familiale et vie publique ! »

Sidse Babett Knudsen « l’a rencontrée tôt, avant même que le scénario ne soit fini », a-t-elle confié aux spectateurs de l’avant-première. Elle semble être tombée en admiration. « C’est une personne qui m’inspire. Je ne suis pas comme ça, moi… Quelle créature peut être remplie à ce point de son combat, d’une mission ? » L’actrice a fait état de la « grande responsabilité » qui lui a incombé de jouer cette « héroïne impressionnante » et… « toujours vivante ».

Le tournage, au CHU de Brest, dans les bureaux de la pneumologue, parmi ses collègues, a encore resserré les liens. « Entre deux consultations, en courant, se souvient Emmanuelle Bercot, elle venait nous faire coucou, nous aider sur un point technique. Une alchimie s’est créée grâce à elle, l’empathie que les gens ont pour elle, ce que son combat a représenté pour l’hôpital. »

Lire aussi : Monde Festival saison 3 : retour sur les temps forts de quatre jours intenses

Le combat n’est pas terminé pour Irène Frachon

La réalisatrice de La Tête haute adhère-t-elle pleinement au combat retracé ? « Si j’ai choisi de consacrer à ce film deux ou trois ans de ma vie, c’est que je suis sur la même ligne, que j’ai envie de dénoncer les mêmes choses. » Elle, la fille de chirurgien cardiaque, a trop souvent entendu son père dénoncer la collusion entre médecins et laboratoires pour y être insensible.

Ce combat, Irène Frachon le poursuit toujours avec la même ardeur, comme les spectateurs ont pu le constater, au son si déterminé et solennel de sa voix. « Le film, a-t-elle souligné, s’arrête en 2010. Six ans après, je suis toujours dans un vrai corps-à-corps. Face à des criminels à cols blancs qui continuent de s’acharner sur leurs propres victimes. Des cabinets d’avocats payés des fortunes tentent d’étouffer les procédures. Au sein du monde universitaire et médical, certains m’en veulent d’avoir ébranlé le système et soi-disant jeté l’opprobre sur le corps médical. » Pas la moindre idée, a-t-elle déploré, de la date du procès pénal. « Pendant ce temps, des victimes qui ne peuvent plus travailler ni même monter leurs escaliers, et qui vivent avec 540 euros par mois, attendent d’être indemnisées… »

Irène Frachon était venue accompagnée de l’une de ses patientes qui, sans emphase ni haine, a donné chair au scandale du Mediator. « Je sortais de ma douche, je devais m’asseoir par terre tellement j’étais épuisée. » La pneumologue bretonne ne sait pas « quand tout cela finira ». Mais ce film marque pour elle une étape importante. « L’affaire est gravée dans le marbre. »

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21 septembre 2016 3 21 /09 /septembre /2016 11:44

Pour eux, tout ce qui relève en France de la conquête sociale (comme le statut de la fonction publique) est toujours un signe de retard... Retard par rapport à quoi? Par rapport à l'objectif de marchandisation généralisée des choses et hommes, de soumission de toutes les activités humaines aux critères du profit et de la rentabilité. De ces prétendus "progressismes" et "modernités" là, calquées sur les "méthodes" de gestion du personnel de Carrefour, Mc Donalds, et Orange, nous n'en voulons pas!

Le public en retard sur le privé pour le management selon la ministre Annick Girardin

mercredi 21 septembre 2016

Le comité des directeurs des ressources humaines public-privé a été créé par Marylise Lebranchu le 31 mars 2015. C’était donc au tour d’ Annick Girardin d’y participer le 20 septembre.

A cette occasion elle a déclaré devant, notamment des représentants d’Orange, du groupe Carrefour, de Mc Donalds, de la SNCF et du groupe La Poste... que le public était en retard par rapport au privé en matière de management.

“Comment articuler la reconnaissance collective, celle de l’atteinte des objectifs par une équipe, et la reconnaissance individuelle, celle de la part individuelle du travail ?” s’est-elle par ailleurs interrogée. Autant d’enjeux sur lesquels “les entreprises sont nettement en avance sur la fonction publique”, selon la ministre, qui a ajouté : “Nous pouvons nous enrichir des expériences des DRH du privé” en termes d’outils d’intéressement collectif.

Voir Acteurs publics

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21 septembre 2016 3 21 /09 /septembre /2016 06:13
Amélioration de l'accueil des demandeurs d'asile: Lettre ouverte de douze associations à Emmanuelle Cosse, ministre du logement, et Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur

LETTRE OUVERTE POUR L’AMÉLIORATION DE L’ACCUEIL DES DEMANDEURS D’ASILE

24 août 2016

La crise humanitaire qui touche les personnes migrantes, exilées ou réfugiés exige la présentation, dès la rentrée, d’un plan d’ensemble qui intègre, outre l’hébergement, l’amélioration du premier accueil, de l’accès à la procédure d’asile et une politique d’intégration par le logement, l’emploi et l’éducation/formation à la hauteur des enjeux

Lettre ouverte à Emmanuelle Cosse ministre du Logement et Bernard Cazeneuve ministre de l’Intérieur

Madame la ministre, Monsieur le ministre,

Dans le contexte de tensions et d’inquiétudes que traverse la société française, nos associations sont convaincues de l’urgence d’investir davantage dans les politiques de solidarité et de cohésion sociale. En ce sens, les associations signataires de ce courrier souhaitent vous solliciter à nouveau afin de remédier aux graves difficultés du dispositif d’accueil, d’hébergement, d’accès à la procédure d’asile et d’intégration des personnes exilées présentes sur notre territoire.

Face à l’augmentation de la demande d’asile qui se poursuit en 2016 (80 000 soit +23 % en 2015) et à la multiplication des situations de vie indignes pour les personnes qui ont fui leur pays (14 000 personnes évacuées des campements à Paris, plus de 7 000 personnes dans le bidonville de Calais), nous demandons depuis plusieurs mois aux services de l’Etat la présentation d’un plan interministériel d’accueil national élaboré avec les associations, à la hauteur de la situation et des engagements pris par le gouvernement dans le cadre de la réforme de l’asile.

Nous saluons l’annonce de l’ouverture de 3 000 places supplémentaires en centre d’accueil et d’orientation (CAO) et la création de sites d’accueil temporaires humanitaires à Paris d’ici la fin de l’année. Si ces décisions sont positives, elles doivent être engagées rapidement et selon des modalités respectueuses des droits des personnes.

Récemment, les évacuations des campements ont pris une tournure inacceptable, cumulant des cas de séparation de familles, le non hébergement des personnes évacuées, des contrôles administratifs accrus et l’émission d’obligation de quitter le territoire à des personnes souhaitant demander l’asile.

En outre, l’orientation massive de plusieurs centaines de personnes dans des structures inadaptées, en gymnase ou à l’hôtel, témoigne également de la situation critique en Ile de France. A Marseille, des familles avec de très jeunes enfants en demande d’asile sont en errance ou menacées d’une remise à la rue faute de crédits disponibles pour les héberger. Cette situation inquiète associations et services de l’Etat : il est primordial d’y remédier rapidement.

Avant toute chose, nos associations demandent d’urgence qu’il soit mis fin aux évacuations de campements en l’absence d’hébergement disponible ainsi qu’aux notifications d’obligation de quitter le territoire aux exilés souhaitant demander l’asile. L’unique conséquence de ces pratiques est de fragiliser encore davantage les exilés vivant à la rue dans l’attente de pouvoir demander l’asile. Nous demandons également à ce que la circulaire du 26 aout 2012 publiée par vos services et relative à l’évacuation des campements soit appliquée, et que les évacuations aient lieu dans le respect de la dignité des personnes.

Ensuite, nous proposons l’ouverture de sites d’accueil temporaires humanitaires dans plusieurs métropoles afin d’éviter la saturation prévisible du site parisien. Plusieurs dizaines de milliers de places nouvelles en centre d’hébergement et en centres d’accueil pour les demandeurs d’asile (CADA) seront également nécessaires pour couvrir les besoins élémentaires de personnes qui arrivent en France dans une situation d’extrême détresse sanitaire et sociale et respecter les principes d’un droit à l’hébergement et à l’accompagnement posés dans la loi asile.

Sans méconnaitre les difficultés locales rencontrées pour redimensionner le parc d’hébergement et de logement, nous pensons que des locaux publics sont disponibles et pourraient être utilisés dans un grand nombre de territoires, y compris par voie de réquisition lorsque cela est nécessaire. Dans l’attente de ce plan, toute nouvelle opération de démantèlement des campements du Calaisis se traduirait par une dégradation inacceptable des conditions de vie des personnes.

Par ailleurs, les associations de solidarité s’inquiètent de la multiplication des consignes données par les services de l’Etat aux 115 et SIAO pour ne pas héberger des personnes « à droit administratif incomplet » (Vaucluse , Bouche du Rhône…),. Le Conseil d’État a certes considéré dans une décision de section du 13 juillet 2016 que les déboutés du droit d’asile et les personnes faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire, n’ont pas « vocation à bénéficier du dispositif d’hébergement d’urgence »mais il a également jugé que les personnes en détresse peuvent y accéder dans des circonstances exceptionnelles. Si cette décision est interprétée comme permettant de remettre en cause l’inconditionnalité de cet accueil, cela conduira à jeter à la rue, en plein été des dizaines de familles. Pour lever toute forme d’ambiguïté, nous vous demandons la publication d’une instruction ministérielle aux préfets appelant au respect du principe d’accueil inconditionnel des personnes en situation de détresse sur l’ensemble du territoire.

Nous pensons également que si la création des CAO qui accueillent aujourd’hui près de 1 500 personnes représente une réelle avancée, leur fonctionnement peut encore être amélioré. L’État a engagé un travail utile de concertation avec les associations autour d’une charte de fonctionnement de ces établissements, permettant des progrès sur l’information des personnes au départ des campements, l’orientation des mineurs non accompagnés et l’information des centres d’accueil sur la vulnérabilité des publics accueillis. Cependant, la présence d’un seul travailleur social pour 30 personnes hébergées, l’absence de prestation d’interprétariat, d’aide d’urgence pour la vie quotidienne et de garantie sur les normes d’accueil nuisent fortement à la qualité de l’accompagnement proposé. Une articulation effective avec les services d’accès aux soins compte tenu de l’état de santé dégradé des personnes exilées, des traumatismes liés à l’exil et de la faiblesse de la couverture santé de ces populations, est également nécessaire. En outre, la règle posée dans ces centres d’un départ des personnes au bout d’un mois « si aucune démarche n’est engagée » est contraire au droit et ne fera qu’alimenter le flux des personnes contraintes de vivre à la rue ou de rejoindre des campements indignes.

Accueillies en CAO, la situation des personnes « Dublinées » est inquiétante car elles vivent sous la menace permanente des assignations à résidence et d’un transfert « forcé » dans le pays d’arrivée de l’UE. Nous demandons au gouvernement un engagement clair pour qu’aucune des personnes accueillies en CAO ne fasse l’objet d’une mesure coercitive après leur séjour en CAO, une fois orientées vers un autre hébergement.

Enfin les mineurs étrangers non accompagnés qui sont particulièrement vulnérables doivent être protégés. L’ouverture prochaine d’un site d’accueil de 72 places à Calais –attendue depuis plusieurs mois- est une première réponse. Mais il faudra d’autres initiatives de ce type pour répondre à la situation dramatique de plus de 300 à 500 mineurs recensés dans le bidonville.

La crise humanitaire qui touche les personnes migrantes, exilées ou réfugiés exige la présentation, dès la rentrée, d’un plan d’ensemble qui intègre, outre l’hébergement, l’amélioration du premier accueil, de l’accès à la procédure d’asile et une politique d’intégration par le logement, l’emploi et l’éducation/formation à la hauteur des enjeux. Ce plan devra également présenter des solutions pour les territoires d’outremer, notamment la Guyane et Mayotte, qui font face à une situation catastrophique du fait de la saturation des dispositifs, des tensions entre communautés et de la dégradation des conditions de santé des étrangers.Nous sommes à votre entière disposition pour contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre de cette politique.

Dans l’attente d’une rencontre à la rentrée sur ces sujets, nous vous prions de croire, Madame le ministre, Monsieur le ministre, en l’expression de nos sentiments distingués.

Associations signataires :

FNARS
Secours Catholique
France Terre d’Asile
La Cimade
Médecins du Monde
Secours Islamique
UNICEF
Salam NPDC
Auberge des migrants
Croix Rouge Française
Fondation Abbé
Pierre
Emmaüs France

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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 18:52
Autoroutes: des milliards de dividendes distribués. Le groupe communiste, républicain, citoyen au Sénat demande la nationalisation des autoroutes

Autoroutes : des milliards de dividendes distribués mardi 20 septembre 2016

Quelques chiffres publiés en 2014 par l’Autorité de la concurrence mériteraient d’être mis à jour, mais ils donnent une indication sur les profits réalisés par les sociétés d’autoroute et l’absurdité des mesures gouvernementales actuelles.

L’Autorité a épinglé dans un avis de 2014 la "rente autoroutière" des sept principales sociétés concessionnaires du secteur.

5 chiffres clés :

- Un bond de 26% du chiffre d’affaires depuis la privatisation

- Des tarifs en hausse de 21,7% depuis 2007

- Une rente globale de 1,8 milliard en 2013

- Une marge nette de 20 à 24%

- 14,6 milliards de dividendes distribués

Une exigence que portent les communistes: celle de la renationalisation des autoroutes contre ce scandale d'un Etat qui permet aux multinationales de rançonner les usagers en leur confiant les bénéfices d'infrastructures financées par l'impôt.

Non au racket des usagers et des collectivités !

mardi 20 septembre 2016

Dans une interview au Journal du Dimanche, le secrétaire d’Etat chargé des transports, Alain Vidalies, a annoncé , qu’un nouveau plan autoroutier serait financé par les usagers, grâce à une augmentation des péages, et par les collectivités.

Réaction du groupe Communiste Républicain Citoyen au sénat : "Alors qu’un premier plan de relance autoroutier a été signé en 2015 pour 3 milliards d’euros, financé par les sociétés concessionnaires en échange d’une prolongation de la durée de la concession, un nouveau plan a été confirmé ce week-end par le gouvernement. Alors qu’aucun élément de bilan n’a été présenté sur ce premier plan, notamment en matière de création d’emploi, la précipitation de l’exécutif semble discutable. Ce plan, à la différence du précédent, ne serait pas financé par les sociétés concessionnaires, mais par les particuliers, par des hausses de 0.3 à 0.4 % des péages, et par les collectivités locales pourtant exsangues par la baisse des dotations. Or, le niveau de rentabilité pour les actionnaires des sociétés concessionnaires reste extrêmement élevé. Ainsi, dans une étude récente, les analystes financiers de la banque suisse UBS soulignent « l’extraordinaire solidité des marges des concessionnaires ». Depuis 2005, Vinci a ainsi reversé plus de 9 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires avec un taux de rentabilité à hauteur de 9 %. La vente des concessions a donc été une opération extrêmement intéressante pour les grandes sociétés du BTP. Les sénateurs du groupe CRC ont dénoncé à plusieurs reprises cette situation qui a conduit à une privatisation du patrimoine autoroutier et de son usage, à la création d’une rente privée sur le dos des usagers et des pouvoirs publics. Pour autant, aujourd’hui, les hausses de tarifs peuvent difficilement être remises en cause car elles ont été gravées dans les contrats de concession en 2005. Les sénateurs du groupe CRC ont proposé depuis plusieurs années la renationalisation des autoroutes, seule manière d’assurer que ce patrimoine financé par l’impôt, soit dégagé des logiques financières et l’outil d’une imposition indue de nos concitoyens. Ils estiment aujourd’hui que l’Etat doit reprendre la main et résilier par anticipation les contrats passés avec les sociétés autoroutières pour motif d’intérêt général, comme les contrats de concession le permettent".

Seule la nationalisation apporterait la clarté politique mais aussi la sécurité juridique

Taxation des dividendes des sociétés d’autoroutes ou écotaxe : pourquoi choisir ?

Le rapport de l’autorité de la concurrence confirme l’utilité de notre proposition de loi
Le débat sur la renationalisation des concessions d’autoroutes est enfin engagé

Le groupe CRC dépose deux propositions de loi visant à la renationalisation des autoroutes et à la réhabilitation des "fusillés pour l’exemple"

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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 18:28
Privilèges des anciens présidents: le rapport secret remis à l’Elysée

20 SEPTEMBRE 2016 | PAR MATHILDE MATHIEU

Dans un rapport confidentiel remis à François Hollande, que dévoile Mediapart, les patrons de la Cour des comptes et du Conseil d’État chiffrent le coût des anciens présidents de la République à 10,3 millions d’euros par an. Surtout, dans un souci « de maîtrise de la dépense publique », ils préconisent une révision de certains avantages alloués aux « ex ».

Commandé par François Hollande, ce rapport lui a été remis à l’été 2014 dans le plus grand secret. En une vingtaine de pages, il fournit le premier chiffrage officiel, effectué par la Cour des comptes, de l’ensemble des dépenses engagées en faveur des anciens présidents de la République, soit 10,3 millions d’euros chaque année (en personnels, bureaux, gardes du corps, etc.). Il recommande surtout d’en réduire la voilure, dans un « triple souci de modernisation, de transparence et de maîtrise de la dépense publique ».

Rédigé par le patron de la Cour des comptes (Didier Migaud) et celui du Conseil d’État (Jean-Marc Sauvé), qui l'ont réactualisé en mars dernier, ce document prend la poussière au fond d’un tiroir depuis deux ans. Pour réveiller le débat, Mediapart le publie dans son intégralité, avec le modèle de décret fourni clés en main à l’Élysée, qui permettrait d’appliquer cette réforme sans délai. Il suffirait juste à l’exécutif de le signer.

Entre autres mesures, ce rapport ultra prudent préconise de rendre certains avantages dégressifs (car « les besoins liés à la fonction sont moindres au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la fin du mandat »), ou encore de supprimer les privilèges prévus pour les veuves (une exception très française).

Pour mémoire, la Ve République ne se contente pas de verser à ses « ex » une « dotation »de 65 000 euros brut par an (prévue par une loi de 1955), à laquelle s’ajoute une éventuelle indemnité de membre du Conseil constitutionnel de 14 400 euros brut mensuels (non payée à Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy depuis qu’ils ne siègent plus).

Elle fournit, en prime, une série d’avantages matériels prévus par une simple lettre de 1985, adressée par Laurent Fabius (alors premier ministre) à Valéry Giscard d’Estaing, et fixant le « statut dans la Nation des anciens présidents » : un appartement de fonction meublé, une voiture avec deux chauffeurs, sept collaborateurs, deux personnels de maison, des lignes de téléphone, la gratuité sur les réseaux ferrés ou aériens, etc. (Voir le détail des dépenses dévoilées par Mediapart pour les années 2011 à 2014, depuis la Citroën de Nicolas Sarkozy jusqu’aux timbres de VGE.)m>

Cette « décision épistolaire » n’ayant jamais été traduite dans un décret en bonne et due forme, sa légalité est aujourd’hui contestée de toutes parts, notamment par l’association Anticor qui a saisi le conseil d’État pour la faire annuler.

C’est précisément l’évaluation de ce dispositif de 1985 qu’a réclamée François Hollande à Didier Migaud et Jean-Marc Sauvé en 2013, en même temps qu’il envisageait de réviser la Constitution pour priver les « ex » de siège au Conseil constitutionnel.

À l’arrivée, ce rapport n’a rien de révolutionnaire puisqu’il entérine l’idée que « les ressources publiques allouées aux anciens chefs de l’État sont la conséquence de la dignité des fonctions exercées et des charges diverses qui continuent de s’y attacher ». Loin d’imaginer la suppression de ces « mesures de soutien » logistique, les auteurs conseillent plutôt d’en renforcer l’assise légale avec un décret ad hoc. Mais une fois ce principe posé, ils prônent « une rationalisation » et une « adaptation » des moyens généreusement alloués il y a trois décennies.

« Le dispositif de soutien matériel dont bénéficient les anciens présidents [français] se situe à un niveau plus élevé que ceux qui existent à l’étranger », soulignent en effet les auteurs, à l’issue d’une étude comparative menée sur dix autres pays (Allemagne, États-Unis, Canada, etc.). Pire : « Le nombre de véhicules et de chauffeurs » fournis aux « ex » excéderait parfois « le cadre défini »

Ils suggèrent donc une dégressivité partielle : dix ans après leur sortie de l’Élysée, les anciens présidents verraient le nombre de leurs collaborateurs rémunérés par l’État« diminuer de moitié ». Au lieu de sept autorisés, on redescendrait « à trois ou quatre », pendant que « les employés de maison » passeraient de deux personnes à une seule. Pour mémoire, après 2012, c’est le contribuable qui a financé les salaires de la « conseillère diplomatique » de Nicolas Sarkozy (demi-sœur de Carla Bruni), ou encore de sa « conseillère presse », même après son retour en politique.

Pour François Hollande, le rapport suggère que ce délai de dix ans commence à courir à la fin de son mandat, tandis qu’il démarrerait pour VGE, Chirac et Sarkozy « à compter de l’entrée en vigueur » de la réforme – en clair, ces derniers rempileraient « à taux plein » pour une décennie supplémentaire.

Le rapport préconise ensuite que « les frais généraux, les dépenses de représentation et de déplacement » soient« pris en charge sur justificatifs », afin de vérifier qu’ils sont systématiquement « liés à la fonction d’ancien président ». Ils seraient même soumis à un plafond, « voté annuellement en loi de finances ». Quant à la gratuité des transports ferroviaires, maritimes et aériens, elle « est devenue obsolète », estiment les auteurs : « L’octroi de tels avantages relève désormais des conseils d’administration des entreprises concernées. »

Enfin, ils proposent de faire sauter les avantages prévus en 1985 pour les veuves ou veufs, à savoir un appartement meublé, une voiture avec chauffeur, un collaborateur et une gratuité SNCF – personne n’y aurait jamais eu recours jusqu’à présent.

Au départ, Didier Migaud et Jean-Marc Sauvé avaient par ailleurs travaillé sur l’hypothèse où le chef de l’État réussirait à faire passer sa réforme du Conseil constitutionnel. Sachant que François Hollande et ses successeurs se seraient retrouvés sans indemnité de membre, ils imaginaient compenser cette « perte » en faisant passer la dotation annuelle de 65 000 à 145 000 euros (comme les anciens présidents américains). Dans ce scénario, ils en profitaient pour introduire une règle inédite et de bon sens : tout « ex » reprenant une « activité rémunérée » (conférences, honoraires d’avocat, etc.) verrait sa dotation « réduite de moitié ». Au bout du compte, faute de majorité des 3/5es au parlement, la réforme du Conseil constitutionnel promise par François Hollande n’a jamais vu le jour. Et dans ces conditions, Didier Migaud et Jean-Marc Sauvé ont opté pour le statu quo sur la dotation annuelle : 65 000 euros ni plus ni moins, quels que soient les revenus parallèles.

Après deux ans d’attente, François Hollande va-t-il enfin publier ce rapport ? S'en saisir et annoncer une révision du dispositif de 1985 qui vaudrait pour lui-même ? Sollicitée par Mediapart, la présidence fait savoir qu’elle attend la décision du conseil d’État sur la requête d’Anticor, qui devrait tomber d’ici deux ou trois semaines : si le courrier de Laurent Fabius était jugé illégal, l’Élysée n’aurait d’autre choix que d’agir et de publier un décret de substitution. « On va regarder la décision et l’ensemble de ses considérants », répond l’entourage de François Hollande, en niant tout immobilisme depuis deux ans : « Il n'y a aucune malice, je vous rappelle que c'est nous qui avons lancé cette réflexion. On essaie de bien faire les choses, on attend que le contentieux en cours soit achevé. »m>

À ce stade, il est évidemment impossible d’évaluer la probabilité que le conseil d’État juge le dispositif de 1985 illégal. Dans sa requête d’avril dernier (disponible ici)>, Anticor pointait à la fois l’absence de décision en bonne et due forme, et le risque que les avantages aujourd’hui alloués à Nicolas Sarkozy portent atteinte au principe d’égalité entre les candidats à la présidentielle de 2017. À l’audience qui s’est déroulée le 14 septembre, la rapporteure publique a cependant écarté un à un ces arguments et recommandé un rejet de la requête.

« Ce courrier de 1985 revêt bien le caractère d’un acte réglementaire, a-t-elle estimé.Rien n’empêche qu’en termes purement formels, un décret soit pris par le premier ministre sur du papier à lettres ! » Pour le reste, il revient au « juge de l’élection » de contrôler l'éventuel compte de campagne de Nicolas Sarkozy et de vérifier qu'il n'a bénéficié d'aucun financement irrégulier ou dissimulé.

Alors bien sûr, le conseil d’État suit les conclusions du rapporteur public dans la plupart des cas. Mais outre qu’il s’en écarte régulièrement, il est à noter qu’une position inverse a été défendue en juin dernier devant le tribunal administratif de Paris, saisi du même sujet par un militant de la transparence, Raymond Avrillier. À l’audience, la rapporteure publique avait alors estimé la décision de 1985 « sans nul doute illégale ». Si le tribunal a depuis débouté Raymond Avrillier, c’est en jugeant qu’il n’avait pas « qualité pour agir », sans que la question soit tranchée sur le fond. C’est désormais le conseil d’État, et lui seul, qui dira le droit.

Un député a de toutes façons pris les devants et décidé d’agir à l’Assemblée nationale. Rattaché au groupe PS, René Dosière connaît parfaitement le sujet puisqu’il travaille depuis des années à reconstituer le coût des anciens présidents de la République, à coups de questions écrites à Matignon et dans les ministères – sa dernière évaluation à 9,6 millions d’euros des dépenses engagées frôlait les 10,3 millions calculés par la Cour des comptes. Ces derniers mois, il a ainsi mijoté une « proposition de résolution », transmise au groupe socialiste, estimant « nécessaire de clarifier et de limiter les droits et avantages attachés à la qualité d’ancien président de la République ».

Tout en préconisant une augmentation de la dotation annuelle, il réclame la suppression de l’indemnité de membre du Conseil constitutionnel (même pour ceux qui disposent déjà d’un siège à vie), la limitation à cinq ans des avantages matériels alloués aux « ex », et l’interdiction de les cumuler avec « toute rémunération privée » (à l’exception « des activités intellectuelles »), comme avec toute « activité politique active ».

À Mediapart, le député précise qu’il « attend le feu vert » du groupe socialiste pour déposer officiellement sa proposition de résolution. « On m’a dit qu’il arrivait, pour l'instant il n’arrive pas. » Interrogé sur l’attitude de l’Élysée, René Dosière estime :« Tout semblait calé il y a déjà quelque temps, ils étaient partis sur l’application du rapport Migaud-Sauvé. Puis il y a eu des débats en interne, et ils se sont visiblement interrogés sur l’opportunité d’agir à la veille d’une élection. C’est donc resté en stand by. Maintenant, ils attendent le conseil d’État. Si la décision de 1985 est annulée, ils seront obligés d’agir. » Reste à savoir jusqu’où irait François Hollande : au-delà du rapport Migaud-Sauvé ?

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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 14:12
Pour changer de modèle, pour une agriculture relocalisée et paysanne: l'atout de l'enseignement agricole public (Tribune collective signée par Xavier Compain, L'Humanité - 20 septembre)
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