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Le Chiffon Rouge
Morlaix
En déplacement dans l’Hérault, le chef de l’État a annoncé des augmentations de salaire pour les professeurs, conditionnées ou pas à des contreparties. Déçus, les syndicats refusent le « pacte » du gouvernement.
Le lundi 17 avril, lors de son allocution télévisée, le président de la République avait annoncé la couleur, promettant que l’école allait changer « à vue d’œil » dès septembre avec des enseignants « mieux rémunérés » et des élèves « davantage accompagnés ».
Bigre. Les revendications des syndicats enseignants allaient-elles enfin être prises en compte ? En guise de « changement », le chef de l’État a remis sur la table le fameux « pacte » qui avait fait quitter la table des discussions à tous les syndicats enseignants.
Le président a certes annoncé une « hausse inconditionnelle » de salaire de 100 à 230 euros net mensuels pour les enseignants « à tous les niveaux de carrière » et ce « dès la rentrée ». Mais aussi une augmentation qui sera portée « jusqu’à 500 euros par mois » pour ceux qui accepteront de nouvelles missions, sur la base du volontariat. Dans la droite ligne du « travailler plus pour gagner plus » cher à Nicolas Sarkozy.
« C’est la confirmation du pacte, le projet politique d’Emmanuel Macron, avec cette idée qu’il faudrait faire des missions supplémentaires pour être mieux payés », s’indigne Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU.
« C’est même la méthode Macron, poursuit-elle. Malgré l’opposition de tous les syndicats, il maintient ce pacte. Comme il a fait avec la réforme des retraites. » La responsable syndicale dénonce une « provocation » et une réponse « hors-sol » qui ne tient pas compte de la réalité des établissements face « aux légitimes demandes de revalorisation salariale ».
Pour rappel, un enseignant touche en moyenne 2 600 euros net par mois, soit moins que la moyenne des pays de l’OCDE. Surtout, les rémunérations n’ont pas suivi le coût de la vie. Ainsi, les 100 à 230 euros supplémentaires annoncés « ne vont même pas permettre d’arriver à 10 % d’augmentation alors que nous avons perdu 15 à 25 % de pouvoir d’achat ces dernières années », tacle Sophie Vénétitay, qui note au passage que la promesse de campagne d’augmenter les professeurs de 10 % au 1er janvier n’est pas tenue.
« Conditionner une revalorisation – qui n’en est pas une – à des missions supplémentaires ne fera qu’alourdir la charge de travail des enseignants, déplore Benoît Teste, secrétaire général de la FSU. On leur demande toujours plus : remplacer leurs collègues absents, faire de l’orientation… On crée un système où plus personne n’a le temps d’élaborer ses cours et de faire du travail collectif. » Déjà, selon les derniers chiffres de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, publiés en octobre 2022, les enseignants déclarent travailler entre 40 et 43 heures par semaine.
Ces mesurettes, par ailleurs, ne s’inscrivent même pas dans un plan pluriannuel. « Les 100 euros seront très vite mangés par l’inflation », poursuit le responsable FSU. Les syndicats ont fait les comptes. Une revalorisation de 10 % du salaire des enseignants coûterait 3,9 milliards d’euros. Soit quasiment le double du 1,9 milliard annoncé par le chef de l’État. « Il faut indexer les salaires » sur l’inflation, disent en chœur les syndicats.
« L’enveloppe globale reste toujours très insuffisante, estime Jules Siran, secrétaire fédéral de SUD éducation. L’augmentation des salaires doit être inconditionnelle, avec une refonte des grilles indiciaires pour tous les personnels, pas uniquement les enseignants. »
Tous le constatent : les conditions de travail se dégradent d’année en année. Conclusion : les concours peinent à recruter des candidats et la progression de carrière ne permet plus d’attirer de nouveaux profs.
À la CGT Educ’action, on se dit vent debout contre le pacte. « C’est extrêmement inégalitaire, note Isabelle Vuillet. Comme à chaque fois, les femmes vont y perdre. Elles ont déjà bien assez de travail et ce ne sont pas elles qui feront des heures supplémentaires. »
Idem pour les professeurs des écoles et les professeurs documentalistes, qui ne seront pas concernés par le pacte. Sophie Vénétitay l’affirme avec force : « Le 1er Mai sera l’occasion de réaffirmer que nous ne voulons ni travailler plus longtemps, ni plus tout court. »
À l’approche de l’opération militaire et policière qui vise à détruire les logements informels de plusieurs milliers de personnes et à les chasser vers les autres îles de l’archipel, la détresse des habitants visés est palpable.
Mayotte, correspondance particulière.
Dans un quartier défavorisé de Doujani, à Mamoudzou, centre économique de Mayotte, le temps est lourd. Et n’annonce rien de bon. La poussiéreuse terre ocre qui sépare les amoncellements de cases en tôle sera bientôt piétinée par les rangers de plusieurs centaines de gendarmes et policiers, mobilisés jusqu’au mois de juin aux quatre coins de cette petite île de l’océan Indien.
Durant deux mois, le 101e département français sera le théâtre de démolitions de cases – ou « décasages » – et d’expulsions d’étrangers en situation irrégulière. Le démarrage de l’opération « Wuambushu » est prévu pour ce week-end. D’une ampleur inédite, elle a été décidée par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin.
Elle est soutenue par l’intégralité des élus mahorais, qui espèrent y retrouver un foncier précieux, et saluée par une population excédée des agressions quotidiennes dans ce territoire, et composée de 50 % de mineurs et de 48 % de personnes de nationalité étrangère.
Si le discours politique taxant de délinquants tous les habitants de ces quartiers informels est devenu fécond à Mayotte, il suffit de se rapprocher de ces derniers pour appréhender une réalité tout autre. Naïssa, étudiante en deuxième année de BTS et en situation irrégulière, habite dans ce quartier de Doujani et a la peur au ventre depuis qu’elle a entendu parler de l’opération.
« Je panique en imaginant les camions de police arriver, je ne sais pas jusqu’où ça va aller, mais je sais très bien que ce sera un carnage, parce que les jeunes qui ont des papiers ne vont pas être d’accord, ils vont se rebeller, » affirme la jeune femme.
Comme toutes et tous, l’étudiante a vu les appels parfois violents à la révolte fleurir sur les réseaux sociaux. Mais c’est bien l’avenir proche qui occupe ses pensées, alors qu’elle doit passer ses épreuves à partir du mois de mai. « Je suis inquiète pour ma mère et mon petit frère, ajoute-t-elle. S’ils nous décasent, qu’est-ce que je ferai dans un pays que je ne connais pas ? On va se retrouver à la rue, dans la souffrance et la misère. »
En cas d’expulsion, la mère de Naïssa, arrivée à l’âge de 9 ans à Mayotte, a déjà pris la décision de laisser ses enfants à des amis. « On n’a pas les moyens de louer une maison, explique l’aînée, la voix étranglée par des sanglots. Elle préfère nous abandonner pour qu’on continue nos études au lieu de nous emmener souffrir là-bas. Ce qu’elle voulait pour nous, c’est une vie meilleure que la sienne. Je culpabilise, je ne m’imagine pas vivre sans elle à mes côtés. »
Ma mère préfère nous abandonner pour qu’on continue nos études au lieu de nous emmener souffrir là-bas. Ce qu’elle voulait pour nous, c’est une vie meilleure que la sienne. » Naïssa, étudiante en deuxième année de BTS, en situation irrégulière
Pour exprimer sa peine, l’étudiante a même écrit une lettre poignante à ses professeurs, qu’elle s’imagine quitter du jour au lendemain. Ce sentiment d’urgence, Daniel Gros le côtoie depuis de nombreuses années. Référent de la Ligue des droits de l’homme à Mayotte, le retraité épaule autant qu’il le peut les familles en détresse, mais ne peut cacher son pessimisme quant à cette opération. « C’est la panique partout, affirme-t-il. Il y a des jeunes de 15 ans nés en France qui se font renvoyer. On n’a pas le droit de faire ça, mais on se contrefout des règles et des droits ici. »
Pourtant, le 101e département français est déjà soumis à un droit « d’exception » : un étranger souhaitant la nationalité française à Mayotte doit prouver que l’un de ses parents y résidait au moins trois mois avant sa naissance, une demande d’asile doit être déposée dans les sept jours, contre vingt et un dans l’Hexagone, et le titre de séjour mahorais ne permet pas de se rendre dans les autres territoires français.
Mais les faits sont encore plus durs, selon Daniel Gros : « Non seulement ils se permettent de renvoyer des gens sans étudier leur dossier mais, en plus, ils font des retraits de titres de séjour. » Annie, malgache résidant à Mayotte, a vu son amie interpellée le samedi matin et mise dans l’avion le dimanche après-midi. « Elle n’a pu dire au revoir à sa fille de 10 ans, qui est maintenant chez moi, ni emporter aucun bien, elle a dû mendier une fois sur place pour rejoindre sa famille, affirme-t-elle. En plus, ils l’ont laissé cuire deux heures dans un bus sous la chaleur, alors qu’elle était enceinte de 5 mois ! »
Ce manque de respect des droits et des procédures s’est renforcé durant la préparation de l’opération « Wuambushu ». Le 21 mars, les habitants du quartier de Doujani n’ont pas reçu d’avis d’expulsion, mais des courriers non adressés leur notifiant qu’ils devaient avoir quitté les lieux le 15 avril. Deux jours plus tard, des agents de la commune numérotaient à la peinture les structures à détruire ce lundi 24 avril.
Les forces de l’ordre ont deux mois pour faire le vide et ne veulent pas être ralenties. » Daniel Gros, Référent de La ligue des droits de l'homme à Mayotte
Dans le quartier de Barakani, à Koungou, les chiffres ont été remplacés par de froids « oui » et « non » destinés aux bulldozers. Excédés, les habitants ont décidé de démolir eux-mêmes leur logement, avant de mettre les voiles. « La préfecture ne fait plus automatiquement d’arrêtés avant un décasage pour que l’on ne puisse pas saisir la justice, précise Daniel Gros. Les forces de l’ordre ont deux mois pour faire le vide et ne veulent pas être ralenties. »
Les photos de Marlène Schiappa dans « Playboy » ne réussiront pas à détourner notre regard d’un scandale provenant de son cabinet alors qu’elle était ministre déléguée à la citoyenneté auprès de Gérald Darmanin en 2021.
L’hebdomadaire « Marianne » et « l’Œil du 20 heures » de France 2 ont mené conjointement l’enquête durant plus de neuf mois à propos de l’attribution des fonds Marianne. Lancés en 2021 par le cabinet de Schiappa à la suite de l’assassinat de Samuel Paty et d’un montant de 2,5 millions d’euros, ils devaient servir à défendre les valeurs de la République en luttant contre la radicalisation islamiste sur Internet, la propagande séparatiste et le cyberdjihadisme.
En trois semaines seulement, 17 candidatures avaient alors été retenues dans l’appel à projets. On peut s’étonner de la rapidité du processus de sélection des candidatures.
Parmi les associations lauréates, quatre se partagent près de 1,3 million d’euros. Parmi elles, l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire a reçu près de 355 000 euros de dons. Les deux administrateurs de cette association, Mohamed Sifaoui et Cyril Karunagaran, se sont versé une rémunération de 120 000 euros à eux deux.
Leur projet : déployer un contenu multimédia et un message positif de réenchantement des valeurs républicaines.
Qu’en est-il concrètement : 13 vidéos sur YouTube qui ne dépassent pas les 50 vues, un compte Instagram « iLaïc » avec 138 abonnés et un compte Facebook avec 5 amis. 120 000 euros de salaire pour un travail dérisoire, pour ne pas dire fantôme.
Encore plus choquant : les statuts de leur association interdisent aux administrateurs de toucher un salaire. Et plus choquant encore, les dix autres salariés de cette association n’ont rien perçu et n’étaient même pas informés de cet argent public attribué ni des modalités de son utilisation. Ils ont saisi un avocat, Me Cyril Fergon, qui affirme qu’en comptant les charges, les deux administrateurs ont perçu près de 200 000 euros et qu’une procédure judiciaire doit être ordonnée par la justice pour comprendre les dépenses de cette subvention.
Une procédure de vérification est également en cours au sein du ministère de l’Intérieur. Christian Gravel (1) assure qu’il y aura un contrôle des associations afin de savoir si oui ou non les fonds publics ont bien été utilisés.
La famille de Samuel Paty se dit heurtée par ce scandale : « Le nom de Samuel Paty ne peut en aucun cas et en aucune manière être l’instrument de tels agissements. »
Je pense à lui, à ses proches et je me pose cette question : si c’est ainsi que les valeurs républicaines doivent être défendues, si les fonds publics sont dilapidés et détournés, si le combat contre le fléau de l’islamisme est placé entre de telles mains, combien de Samuel Paty seront encore les cibles de la radicalisation islamiste ?
Pour le moment, Marlène Schiappa a refusé de répondre, bien trop occupée à faire remonter les ventes de « Playboy » et à défendre des valeurs féministes que Pamela Anderson est probablement la seule à comprendre.
Lille (Nord), correspondance
Le secrétaire national du PCF et député du Nord a réagi depuis Lille à la décision rendue par le Conseil constitutionnel. Il dénonce une loi dont on n'a retenu que le pire et la perspective d'une promulgation immédiate.
Ce texte a été amputé des seules mesures qui étaient présentées comme sociales. La moindre des choses, c'est de le représenter au Parlement dans son entièreté. L'article 10 de la Constitution le permet. Le pire de cette loi a été retenu: deux ans de plus pour tous les travailleurs. C'est une véritable provocation, une gifle. Ce n'est plus jeter de l'huile sur le feu mais un jerrican d'essence. Nous avons besoin de démocratie. Il faut retirer cette réforme ou au moins consulter le peuple.
Je ne remets pas en cause le Conseil constitutionnel, ni les décisions qu'il prend mais je regrette ce choix car nous avions donné beaucoup d'arguments. Il a encore une possibilité de se rattraper. Nous espérons en effet que la deuxième demande de référendum d'initiative partagée sera retenue, d'ici le 3 mai.
La priorité est de réagir fortement, peut-être sortir tous dans la rue, face à l'annonce du Conseil constitutionnel, qui est extrêmement grave. On verra ce que décidera l'intersyndicale. Le 1er-Mai doit être puissant, mais peut-être y aura-t-il d'autres mobilisations avant. Il faut une réaction la plus pacifique et déterminée, pour se faire respecter face à ce que nous vivons : un président qui décide de promulguer à peine la décision du Conseil constitutionnelle connue. C'est une provocation supplémentaire.
Ce sont des propos très provocants. Le gouvernement est très minoritaire, enfermé dans ses ministères. On a un président en fin de règne et la réaction du peuple peut être violente. Je souhaite l'apaisement. Nous devons être unis dans la diversité de nos opinions. Dans la France qui manifeste, il y a des gens de tous bords, même certains qui votent à l'extrême droite, je suis pour tendre la main à tout le monde.
Communiqué du PCF Pays de Morlaix, 12 avril:
Retraites, nous ne lâcherons rien! Soyons toutes et tous engagé.e.s dans la journée de grève et à la manifestation du 13 avril contre la réforme des retraites.
Alors que nos concitoyens refusent très majoritairement cette réforme des retraites, que leur mobilisation ne faiblit pas, le président Macron et son gouvernement restent sourds à la volonté du peuple: Assemblée Nationale bâillonnée, recours au 49-3, cette attitude pose un vrai problème démocratique. Cette forte opposition provoque les manifestations les plus importantes de ces 40 dernières années.
Le 14 avril 2023 le Conseil Constitutionnel rendra sa décision sur la possibilité d'une censure de cette loi retraite et sur l'opportunité d'ouvrir la voie à un référendum d'initiative populaire, suite à la saisine des député.e.s, avec une initiative notamment des députés communistes pour le RIP.
L’utilisation de l’article 47-1 s’est avéré calamiteuse: pour la première fois, un texte a été transmis sans avoir été voté par l’Assemblée nationale, en première lecture.
Le rejet de cette réforme par l'immense majorité du monde du travail s'ancre dans une réalité: le travail ne paye plus et l'inflation fait rage alors même que les profits s'envolent, comme en témoigne le fait que deux français, Bernard Arnault et l'héritière Bettencourt, ayant en commun de devoir le doublement régulier de leur fortune aux logiques de spéculation financière, sont désormais en tête des fortunes des milliardaires dans le monde. La mise à contribution des revenus financiers des entreprises, aujourd'hui exonérés, rapporterait 40 milliards d'euros aux caisses de retraites.
Les communistes du Pays de Morlaix sont solidaires de l’intersyndicale et appellent à faire du jeudi 13 avril une nouvelle démonstration de l’exigence impérative du retrait de cette loi injuste portant le départ de l’âge de la retraite à 64 ans.
Soyons toujours aussi déterminés à réclamer le retrait de cette loi, clamons une nouvelle fois cette exigence, soyons nombreuses et nombreux à 11h place Puyo puis au rond-point revendicatif et festif à 13h place De Gaulle à Morlaix.