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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 08:53
Violence, mépris, autoritarisme : La drôle de " démocratie" à l'ère Macron
Vendredi, 24 Janvier, 2020

Enfermer la négociation avec les syndicats dans le cadre de « principes » gravés dans le marbre à l’avance, exiger du parlement un blanc-seing sur des points clés de la réforme, estimer que deux mois de grèves sont dûs à un manque de « pédagogie »... ne sont pas synonymes en Macronie de déni de démocratie. Pour bien faire passer le message, le président s’est emporté  au micro de Radio J, dans l'avion du retour d'Israël jeudi soir, caricaturant au passage les critiques qui lui sont adressées : « Mais allez en dictature ! », a-t-il lancé. Et le chef d’Etat de poursuivre fustigeant  des «discours politiques extraordinairement coupables », affirmant que la France est devenue une dictature et justifiant de ce fait selon lui la violence politique et sociale : «  Une dictature, c'est un régime ou une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c'est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c'est cela, essayez la dictature et vous verrez! La dictature, elle, justifie la haine. La dictature, elle, justifie la violence pour en sortir. Mais il y a en démocratie un principe fondamental: le respect de l'autre, l'interdiction de la violence, la haine à combattre ». Pas un mot en revanche sur la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, qui déclarait sur le plateau de BFM le week-end dernier : « Si provoquer de la violence, c’est faire les réformes pour lesquelles vous avez été élus, ça je l’assume »... 

 

Le projet de loi portant sur la réforme des retraites est présenté ce vendredi en Conseil des ministres. Le gouvernement a un calendrier bien précis en tête et entend faire adopter le texte au plus vite, au plus grand mépris de ce que veulent les Français. Après avoir méprisé les partenaires sociaux et les manifestants, il entend mettre aux ordres l’Assemblée nationale pour qu’elle lui laisse les mains libres avant le premier tour des élections municipales, fixé au 15 mars.

1 Mépris de la rue, mépris des syndicats

«  La démocratie, ce n’est pas la rue. » Cette petite phrase d’Emmanuel Macron, prononcée sur la chaîne américaine CNN en septembre 2017, en pleine réforme du Code du travail, n’était pas passée inaperçue. D’entrée de jeu, elle avait donné le ton de son mandat et de sa pratique du pouvoir. Un ton arrogant, d’un chef d’État sûr de sa vérité et de sa légitimité, qui a dicté la stratégie du gouvernement face au mouvement social contre la réforme des retraites.

Cela s’est vu lors des négociations syndicales, d’abord. Le gouvernement, malgré le rapport de forces, les millions de gens dans la rue et plus de 40 jours de grève, n’a rien voulu entendre. Lors de ses vœux du 31 décembre, le président avait donné la marche à suivre, après avoir disserté sur l’esprit de la réforme : « J’attends du gouvernement d’Édouard Philippe qu’il trouve la voie d’un compromis rapide dans le respect des principes que je viens de rappeler. » Autrement dit, circulez, il n’y a rien à négocier, sauf si vous êtes déjà d’accord avec le texte.

Le gouvernement s’est ensuite attelé à isoler la CGT, « qui ne veut pas discuter », et à flatter la CFDT, ce « partenaire réformiste », pour diviser le front syndical. Tout ça pour finalement ne laisser qu’un rachitique osselet à ronger à la centrale syndicale dirigée par Laurent Berger : le retrait – provisoire – de l’âge pivot d’ici 2027, reporté normalement à une prochaine conférence de financement de la réforme des retraites, mais reste bien en place l’« âge d’équilibre » au cœur de la réforme. Sur le fond de sa réforme, l’exécutif aura donc fait la sourde oreille face à la colère de la rue comme à celle des syndicats, y compris les plus proches de ses idées.

2 Une Assemblée nationale niée dans son rôle

Après avoir réduit au minimum les marges de négociation avec les syndicats et muselé le « dialogue social », le gouvernement s’apprête à lancer l’offensive au Parlement. Tout est fait pour que la loi soit adoptée le plus rapidement possible. D’abord, l’examen se fera en procédure accélérée, à partir du 17 février, ce qui limitera au maximum la navette parlementaire entre l’Assemblée et le Sénat, et les possibilités d’amendements.

Ensuite, il y a le choix de créer ad hoc une commission dédiée à la réforme des retraites. Dépossédant, au passage, la commission des Affaires sociales. «C’était pourtant le lieu naturel d’examen de ce texte, dénonce Pierre Dharréville, député communiste et membre de cette commission. Le gouvernement et les macronistes veulent mettre en place une commission à leur main pour cadenasser le débat. Rien ne justifie d’infliger un tel acte d’autorité et de désavouer ainsi le fonctionnement de l’Assemblée nationale.  » Cette commission de circonstance permet en effet de changer le casting des députés et d’introduire des VRP obéissant à la réforme, Guillaume Gouffié-Cha, Jacques Maire ou encore Nicolas Turquois.

Enfin, pour accélérer encore plus la procédure, le gouvernement évoque un recours à des ordonnances, c’est-à-dire des textes législatifs émanant directement de l’exécutif. Ils devront être ensuite simplement validés par le Parlement. Une formalité dans un hémicycle ultradominé par la Macronie. « Ils veulent utiliser la procédure accélérée pour restreindre le débat et demander des ordonnances pour s’approprier les prérogatives du Parlement, résume Pierre Dharréville. Un calendrier réduit et contraint d’autant plus inquiétant que les députés de l’opposition n’ont pas encore eu accès aux résultats de l’étude d’impact de la réforme. «Cela s’inscrit dans le mépris vis-à-vis de l’Assemblée nationale, qui est vue par Emmanuel Macron comme une simple chambre d’enregistrement », complète le député insoumis Éric Coquerel.

D’après le Journal du dimanche, l’exécutif a même envisagé un recours au fameux « 49.3 », qui permet au gouvernement d’imposer un texte en mettant en jeu sa responsabilité (risque inexistant avec une majorité de 350 députés LaREM). Deux ministres, Élisabeth Borne et Muriel Pénicaud, ont finalement réfuté toute velléité du gouvernement à utiliser cet outil controversé. Mais la rumeur persiste à hanter les couloirs de l’Assemblée. «  Le 49-3 est d’abord un outil contre la majorité, admet Pierre Dharréville . Mais que le gouvernement l’évoque montre qu’il ne s’interdit rien et entend utiliser tous les leviers possibles pour passer en force. »

3 Chèque en blanc et fausses promesses

La Macronie a trouvé une parade rhétorique à toutes les accusations. Reprochez à un marcheur ses coups de canif dans le contrat démocratique et il vous renverra automatiquement à l’élection d’Emmanuel Macron au suffrage universel comme argument d’autorité. Exemple avec ce vif échange à l’occasion de la séance de questions au gouvernement du 21 janvier dernier. Au député PCF Pierre Dharréville qui reproche le « passage en force » de l’exécutif et son « déni de démocratie » sur la réforme des retraites, Édouard Philippe rétorque : « Le projet de création d’un système universel de retraite n’est pas sorti de je ne sais quel chapeau, il a été évoqué par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, il a été évoqué par les candidats pendant la campagne des législatives, et le peuple français a envoyé dans cette Assemblée une majorité de députés qui se retrouvent dans cette idée. C’est la souveraineté nationale qui s’est e xprimée. »

Dans le récit que se racontent les macronistes, l’élection d’Emmanuel Macron, ses 20,7 millions de voix au second tour et la victoire de LaREM aux législatives qui se sont tenues immédiatement après confèrent un blanc-seing au président de la République jusqu’en 2022. LaREM aurait été portée au pouvoir uniquement sur un programme auquel adhèrent pleinement une majorité de Français, et c’est ce programme que l’exécutif applique.

Et qu’importent les conditions particulières du scrutin, que le chef de l’État doive son score au vote-barrage contre Le Pen. Qu’importe aussi que, malgré une grève de plus de 40 jours, malgré les tentatives de diaboliser les grévistes, 61 % des Français restent pour le retrait de la réforme, selon un sondage Elabe publié mercredi. Qu’importe, surtout, que la réforme des retraites ne corresponde pas du tout au programme du candidat Macron. Car, s’il promettait effectivement la mise en place d’ «un système universel avec des règles communes de calcul des pensions », il jurait aussi : « Nous ne toucherons pas à l’âge de départ à la retraite, ni au niveau des pensions. »

Puisqu’il aime à singer Jacques Chirac, Emmanuel Macron pourrait bientôt faire sienne cette phrase de son prédécesseur : « Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. » Car, avec l’âge pivot, on sait désormais qu’il faudra travailler plus longtemps, au moins jusqu’à 64 ans (l’âge légal étant à 62), pour toucher pleinement ses droits, et même jusqu’à 67 ans pour ceux nés après 1990. Quant au passage d’un calcul de la retraite sur les 25 meilleures années de carrière à un calcul sur l’ensemble de la carrière, il fait craindre un nivellement général par le bas des niveaux de pensions, tout comme l’encadrement de la part du PIB allouée aux retraites. Soit tout l’inverse de ce pour quoi la souveraineté nationale se serait exprimée.

Cyprien Caddeo
Violence, mépris, autoritarisme : La drôle de  démocratie à l'ère Macron (L'Humanité, 24 janvier 2020)
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24 janvier 2020 5 24 /01 /janvier /2020 07:49
La gauche réussit à élaborer une plateforme commune (L'Humanité)
Jeudi, 23 Janvier, 2020

En l’absence des insoumis, treize organisations politiques de gauche et écologistes ont présenté, hier, à l’Assemblée nationale des propositions alternatives à la réforme du gouvernement.

 

Un mois de travail et, au final, une « plateforme commune » : six mesures en faveur des retraites, accompagnées de six autres mesures destinées à les financer. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, saluait à l’Assemblée nationale le résultat d’un processus initié au mois de décembre à Saint-Denis, lors d’un meeting rassemblant les forces de gauche contre la réforme des retraites. Depuis, d’autres rencontres avaient eu lieu, non seulement entre les organisations politiques, mais aussi avec les salariés en lutte depuis le 5 décembre.

Une motion de censure est envisagée

Ce processus a abouti à une plateforme de mesures en faveur des retraites sur lesquelles pas moins de treize organisations politiques de gauche ont réussi à se mettre d’accord. En présentant, hier, ce projet, seule la France insoumise était absente… Ce qui n’a pas empêché deux de ses députées, Clémentine Autain et Caroline Fiat, de participer à la conférence de presse aux côtés de Fabien Roussel, Olivier Faure (PS), Sandra Regol (EELV) et d’autres parlementaires de la gauche. « Nous ne sommes pas venues parler au nom de collègues », précisait Clémentine Autain, qui rappelait également que la France insoumise avait présenté son propre contre-projet de réforme des retraites. « Il s’agissait d’abord de voir ce qui nous rassemble », insistait Fabien Roussel. Olivier Faure, à l’intention des insoumis, soulignait que « nous restons ouverts à tous ceux qui le veulent ». Le même jour, le groupe GDR présentait ses vœux. La députée FI Mathilde Panot était dans l’assistance. La semaine dernière, les insoumis et les deux autres groupes de la gauche ne s’étaient pas entendus sur le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement. Pour autant, cette option est toujours envisagée. « Il y aura indéniablement une motion de censure, rappelait André Chassaigne, le président du groupe GDR. Mais nous le ferons en temps voulu. Pour l’instant, l’heure est à la mobilisation sociale. »

L’absence de FI n’entamait donc pas la satisfaction de pouvoir présenter une plateforme commune. Avec celle-ci, les treize organisations signataires proposent « six piliers pour de nouveaux droits ». D’abord, « améliorer le système par répartition », en opposition à « la substitution, même partielle, de cette solidarité publique par des démarches de capitalisation ». Ensuite, « garantir un droit à la retraite en bonne santé pour toutes et tous », en posant comme « exigence préalable la fin des mesures consistant à allonger la durée de cotisation ». « Notre système de retraite n’est pas en faillite, son déficit est creusé par la politique du gouvernement », assurent les parlementaires. La gauche propose également une « règle d’or », assurant « la parité du niveau de vie entre les retraités et les travailleurs, dans le public comme dans le privé », ainsi qu’une « meilleure prise en compte de la pénibilité ». Cinquième pilier, les partis politiques entendent garantir « une retraite minimum au niveau du Smic pour une carrière complète ». Et, pour les carrières incomplètes, ils se sont mis d’accord pour une « réforme du minimum vieillesse, pour qu’il ne soit pas en deçà du seuil de pauvreté » (1 040 euros). Dernier axe, enfin, l’égalité femmes-hommes : les élus considèrent qu’elle « implique de réduire la fracture salariale entre les hommes et les femmes ».

L’emploi des seniors « doit devenir une priorité »

Le dispositif prévoit en outre six « pistes de financement » : « mobiliser les fonds de réserve des retraites ou une partie des fonds de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades) qui seront disponibles à compter de 2024, au moment de l’extinction de la dette de la Sécurité sociale ». La plateforme réaffirme aussi « le financement par la cotisation sociale » et veut « interroger » l’utilité et l’efficacité des politiques d’allégements de cotisations sociales. Les treize organisations chiffrent à 66 milliards le coût de ces allégements dans les finances publiques. « Réfléchir à des ressources nouvelles » est la troisième piste de financement, visant notamment les revenus financiers : « S’ils cotisaient à l’assurance-vieillesse à un taux égal à celui des employeurs du secteur privé, ce serait 30 milliards de recettes à la clé. » Les élus veulent également maintenir « la cotisation à 28,1 % jusqu’à 27 000 euros de revenus par mois ». « Le projet du gouvernement table sur la perspective d’un chômage élevé », rappelait le sénateur (PCF) Pierre Laurent. Or, la « création d’emplois, notamment dans les services publics », est la cinquième piste de financement du système de retraite de ce projet commun. L’emploi des seniors, notamment, « doit devenir une priorité ». Enfin, la gauche compte financer ses mesures grâce à l’augmentation des salaires et l’application réelle de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.

Maintenant que ces propositions sont sur la table, les partis signataires de la plateforme déposeront des amendements pour les mettre en œuvre lors du débat parlementaire. Même si, ainsi que chacun l’a souligné devant la presse, chaque formation reste libre de proposer son propre projet.

Diego Chauvet
La gauche (presque) unie propose les pistes d’une contre-réforme des retraites (Le Monde)

Treize formations, à l’exception de La France insoumise, ont présenté six mesures communes et des idées de financement pour répondre à la réforme du gouvernement.

L’adage est connu des militants : « Marcher séparément, frapper ensemble. » Ce mot d’ordre léniniste est appliqué aujourd’hui concernant la réforme des retraites par presque toute la gauche parlementaire – à l’exception notable du groupe La France insoumise (LFI) qui n’apprécie guère ce genre de réunions.

Mercredi 22 janvier, une grande partie de la gauche a présenté des contre-propositions communes autour d’une plate-forme. Il serait trop long d’égrener exhaustivement les treize organisations signataires du document, mais citons pêle-mêle : le Parti socialiste (PS), le Parti communiste (PCF), Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Les Radicaux de gauche, Génération.s ; Place publique, Ensemble ! et la Gauche républicaine et socialiste (deux formations satellites de LFI).

« Cette initiative découle du meeting commun de Saint-Denis, en décembre, a expliqué Fabien Roussel, le patron des communistes, lors d’un point-presse, mercredi 22 janvier, à l’Assemblée nationale. Cette plate-forme est issue d’un mois de discussions. Nous demandons le retrait de la réforme d’Emmanuel Macron, de véritables discussions pour étudier les propositions visant à améliorer le système actuel, sans le casser et sans mesures d’âge. » Sandra Regol, numéro 2 d’EELV abonde : « On tient au système par répartition, on veut l’améliorer. »

« Nous avons cherché un consensus à gauche et chez les écologistes. Il n’y a pas un seul chemin possible, il y a une autre voie que celle du gouvernement, nous présentons une alternative », a insisté, pour sa part, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, se référant au Conseil national de la Résistance. « C’est déjà significatif. C’est ce que l’on attend de nous pour qu’émerge une alternative », a complété le communiste Pierre Dharréville.

Ces contre-propositions s’articulent autour de six piliers. L’amélioration du système par répartition ; « la garantie d’un droit à la retraite en bonne santé », en refusant l’allongement de la durée de cotisation et tout âge pivot ; l’établissement d’une « règle d’or qui assure la parité du niveau de vie entre les retraités et les travailleurs, dans le public et dans le privé » ; une meilleure prise en compte de la pénibilité ; une retraite minimum au niveau du smic, et une égalité femmes-hommes effective dans les salaires et les pensions.

Sont adossées à ces mesures des pistes de financement. Les partis de gauche proposent ainsi, entre autres choses, de mobiliser les fonds de réserve des retraites ou une partie des fonds de la Caisse d’amortissement de la dette sociale. Ils veulent également « élargir l’assiette de financement aux revenus du capital, notamment les revenus financiers », ainsi que le maintien de la cotisation à 28,1 % jusqu’à 27 000 euros de revenus mensuels.

Plus petit dénominateur commun

Ce travail est une sorte de plus petit dénominateur commun entre des organisations qui sont loin de partager les mêmes options. Beaucoup de ces formations ont, d’ailleurs, publié leur propre projet de réforme. Les sujets qui fâchent sont absents (comme les régimes spéciaux ou la question de l’âge légal de départ à la retraite). Un seuil, donc, à partir duquel certains, notamment communistes et quelques socialistes, espèrent construire un programme commun. Même si cette envie n’est pas partagée par les Verts et encore moins par les « insoumis ».

Ce document arrive à un moment où la mobilisation s’essouffle et pourrait donc peiner à trouver un écho important. « Il n’est jamais trop tard ! Les Français refusent toujours majoritairement cette réforme. On donne du crédit à la possibilité d’avoir d’autres choix, veut croire, au contraire, Clémentine Autain, qui était présente au nom de son parti Ensemble ! et non de La France insoumise. On est loin d’être au bout du chemin, la bataille continue. » Celle de l’union aussi.

ABEL MESTRE, LE MONDE, 22 janvier 2020

 

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24 janvier 2020 5 24 /01 /janvier /2020 07:10
Retraites, d'autres choix sont possibles: construire un débouché politique à gauche - Conférence de presse unitaire des partis de gauche, 22 janvier
Construire un débouché politique au mouvement social, c’est d’abord poursuivre le travail pour valoriser nos propres propositions et pour rassembler autour d’un projet alternatif.
À l’initiative de Fabien Roussel, un texte unitaire travaillé par 13 formations de gauche a été rendu public ce mercredi matin. Il formule des propositions communes en vue du débat parlementaire...

"Nous réaffirmons notre demande de retrait du texte du gouvernement", a souligné Fabien Roussel, lors de la conférence de presse de ce matin, réclamant de "véritables discussions pour améliorer le système sans le casser".

Accéder ici à la plateforme unitaire et au texte de propositions communes

Retraites : d'autres choix sont possibles ! (Plateforme unitaire)

PLATEFORME COMMUNE DES FORCES DE GAUCHE ET ÉCOLOGISTES

Signataires :

ENSEMBLE, EUROPE ECOLOGIE LES VERTS, GAUCHE DÉMOCRATIQUE ET SOCIALE, GAUCHE RÉPUBLICAINE ET SOCIALISTE, GÉNÉRATION.S, LES RADICAUX DE GAUCHE, NOUVELLE DONNE, PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS, PARTI SOCIALISTE, PLACE PUBLIQUE, POUR UNE ECOLOGIE POPULAIRE ET SOCIALE, RÉPUBLIQUE ET SOCIALISME, UNION DES DÉMOCRATES ET ECOLOGISTES.

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22 janvier 2020 3 22 /01 /janvier /2020 13:39
Immigration : Pour une politique migratoire de la France fondée sur le principe d'hospitalité (PCF)
Immigration : Pour une politique migratoire de la France fondée sur le principe d'hospitalité (PCF)
 
 
Un groupe d'une dizaine de personnalités cherchent à faire évoluer le débat sur les questions migratoires en France. Ils dénoncent la politique de la France qui peut s'assimiler à une « fabrique » de personnes sans droits et dénoncent le durcissement des politiques envers
les migrants en France.
 
Le PCF partage ce diagnostic et apprécie cette démarche qui vise à ouvrir ou nourrir un débat rationnel sur le sujet des droits des migrants en France. Mais simplifier les actes administratifs ne suffira pas à éviter les difficultés, ni les inégalités du droit à la circulation.
 
Le défi n'est pas de criminaliser les migrant-e-s ou les militant-e-s associatifs qui leur apporte leur solidarité mais de traiter enfin les causes profondes qui poussent des millions de femmes et des hommes à
risquer leur vie pour échapper aux conflits, à la pauvreté ou au réchauffement climatique. Il nous faut donc avancer sur la redéfinition de la politique migratoire de notre pays autour d'une politique internationale tournée vers la paix et autour de l'exigence de voie légales et sécurisés de migrations, fondée sur le droit international qu'aujourd'hui la France ne respecte pas.
 
Les personnes ni régularisables, ni expulsables, les sans-papiers doivent être régularisées au plus vite. Emmanuel Macron et son gouvernement doivent cesser d'instrumentaliser les enjeux migratoires
comme ils l'ont fait en octobre 2019 en ne voulant qu'hystériser le débat sans poser les vraies questions ni entendre les réponses des organisations de défense des droits humains, les spécialistes de ces
enjeux ou les associations de solidarité avec les migrants.
 
Il est urgent de remettre du droit, de l'égalité, de la justice, de l'humanité, c'est-à-dire du principe d'hospitalité, aux sources mêmes de la politique migratoire de la France - et de la coopération des pays
membres de l'Union européenne  dans ce domaine. Et si ce rapport permet d'ouvrir le débat sur de nouvelles bases, le Parti communiste français est prêt à y participer pleinement.
 
Parti communiste français,
 
Paris, le 22 janvier 2020.
 
Immigration : Pour une politique migratoire de la France fondée sur le principe d'hospitalité (PCF)
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22 janvier 2020 3 22 /01 /janvier /2020 07:19
L’homme du jour. Vincenzo Vecchi - Thomas Lemahieu, L'Humanité, 22 janvier 2020
L’homme du jour. Vincenzo Vecchi
Mercredi, 22 Janvier, 2020

Nos libertés en danger

 

Contre son gré, Vincenzo Vecchi est devenu un symbole. Arrêté en août 2019 à Rochefort-en-Terre (Morbihan), où il vivait paisiblement depuis des années, emprisonné, puis libéré en novembre après que la cour d’appel de Rennes a cassé deux mandats d’arrêt européens pris par l’Italie, cet ex-militant anticapitaliste, condamné à plus de douze ans de prison pour des exactions non établies, à Gênes en 2001 et à Milan en 2006, sur la base d’incriminations d’inspiration fasciste, demeure menacé d’extradition. À la demande du parquet, la Cour de cassation a défait le jugement à Rennes et délocalisé, sans date connue à ce stade, l’affaire à Angers. Hier après-midi, à l’invitation du député communiste Pierre Dharréville et en présence de ses collègues Stéphane Peu (PCF), Paul Molac (Libertés et Territoires), Danièle Obono et François Ruffin (LFI), son formidable comité de soutien a tenu une conférence de presse à l’Assemblée nationale pour défendre les principes d’une justice équitable, indépendante, la défense des droits et libertés individuelles. Ce n’est que le début, le combat continue.

Thomas Lemahieu
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20 janvier 2020 1 20 /01 /janvier /2020 06:32

 

 

Ainsi donc, ce serait la CGT qui, par son « entêtement idéologique », ruinerait la France ! Le voilà, donc, le coupable tout désigné à la « chienlit » actuelle. Et sans doute avec lui, toutes les autres organisations syndicales, les mouvements populaires et les forces politiques qui se dressent contre un projet largement repoussé par les Français. Soyons sérieux. Si quelqu'un aujourd'hui menace la prospérité de notre pays et celle de nos concitoyens, ce n'est sûrement pas de côté-là qu'il faut chercher. Le responsable, c'est plutôt celui qui cherche à imposer à tout prix une réforme des retraites synonyme de régression sociale. Comment qualifier autrement un texte qui fera une grande majorité de perdants parmi les quelque 20 millions d'actifs assujettis au régime général ? Égrener les exemples serait fastidieux. En faisant du blocage des ressources financières la clé de voûte de sa réforme, le président de la République ferme en réalité la porte à tout débat. Pour garantir l'équilibre, en l'absence de toute alternative, les ajustements se feront ainsi immanquablement par la baisse des droits : recul de l'âge d'équilibre, modalités d'indexation des retraites défavorables, baisse des pensions en jouant sur la valeur d'acquisition du point ou sa valeur de service... En d'autres termes, conférence de financement ou pas, les syndicats auront à choisir entre l'augmentation de l'âge de départ à la retraite et le gel des pensions. De quoi provoquer la colère, non ?


Il est possible pourtant de faire autrement, comme les communistes le proposent. Mais cela suppose de faire sauter quelques carcans. Comme augmenter les salaires, d'abord : nous demandons une hausse du SMIC de 20% et de l'ensemble des salaires, dans le public comme dans le privé. De faire respecter sans attendre l'égalité salariale entre les femmes et les hommes, cela rapporterait 6 milliards d'euros de cotisations supplémentaires. Il faut mettre fin également au régime spécial de la finance : les revenus financiers perçus par les entreprises sont exonérés de cotisation pour notre système de retraite. Nous proposons de les mettre à contribution comme les autres revenus, à hauteur de 10,45 %. Cela rapporterait 30 milliards à notre système de retraites. Moduler enfin les cotisations sociales des entreprises favorisant l'emploi, la formation, les salaires, le climat. Voilà les propositions que nous mettons sur la table, pour garantir à tous une retraite digne, dès l'âge de 60 ans. Et cela sans aucun risque de ruiner la France, bien entendu. 

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord

 

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20 janvier 2020 1 20 /01 /janvier /2020 05:52

 

En dépit des 5 000 milliards d’euros perdus dans la crise de 2008, les réformes en cours visent à permettre aux Bourses de siphonner davantage l’épargne populaire.

« J ’ai vu l’essentiel de ma retraite partir en fumée en quelques jours. » Technicien dans l’informatique, Anthony Smith habite à Londres. Comme des millions de salariés britanniques, il comptait se garantir un maintien de son niveau de vie après passage à la retraite en versant 10 % de son salaire tous les mois sur le fonds de pension de son entreprise. Il pensait pouvoir bénéficier d’une rente d’environ 15 000 livres (17 620 euros) par an, qui aurait complété la très maigre retraite de base forfaitaire de 560 livres (660 euros) par mois versée à tous par l’État britannique. Ses économies ne se remettront pas du krach financier de 2008. Un tiers du capital qu’il a épargné va disparaître.

Jane McGovern habite à San Francisco, elle travaillait comme cadre dans une entreprise pharmaceutique. Pour compléter les maigres revenus garantis par la sécurité sociale états-unienne et arrondir sa retraite, elle a opté pour le fonds de pension privé de son entreprise. En octobre 2008, elle déplore l’écroulement de la valeur de son placement : « Depuis cet été, ça n’arrête pas. En l’espace de quelques mois, mon capital a fondu de 40 %. »

Les témoignages comme ceux-là ont pris la forme d’une sinistre rengaine, il y a moins de douze ans, au lendemain du krach financier, tant ils correspondaient au sort commun dans les pays anglo-saxons, où prévaut un système par capitalisation. Des dizaines de millions de petits épargnants salariés ont été ruinés. Nombreux sont ceux qui ont sombré dans la grande pauvreté, contraints de survivre avec le maigre filet de garantie public ou de différer, quand ils n’ont pas perdu leur emploi, leur départ jusqu’à… 75 ans, voire au-delà. Le choc fut d’une telle ampleur qu’il ne s’est plus trouvé grand monde à l’époque pour défendre la capitalisation, y compris parmi les « experts » qui l’avaient déjà promue, en Europe, comme un complément indispensable aux revenus tirés des systèmes publics par répartition. Le « fiasco des fonds de pension anglo-saxons » faisait la une de divers titres peu suspects d’esprit critique à l’égard du libéralisme. Le diagnostic, il est vrai, était bien trop accablant. Les pertes desdits fonds ont culminé à 5 400 milliards de dollars (environ 5 000 milliards d’euros), soit plus de deux fois la valeur du PIB (l’ensemble des richesses produites) d’un pays comme la France en un an.

« Lorsque la Bourse montait, on a porté trop d’attention aux systèmes par capitalisation, les systèmes de retraite ont été individualisés. Aujourd’hui, c’est chacun pour soi, et les salariés risquent de se retrouver avec des retraites minables », concluait en octobre 2008 Pierre Habbard, de la Tuac, la commission syndicale consultative de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) regroupant les pays les plus développés, organisme qui appuyait pourtant déjà fortement l’extension de régimes « complémentaires » par capitalisation.

Douze ans plus tard, tous ces constats sans appel, ces témoignages terrifiants ont totalement disparu de l’analyse des gouvernants des grandes puissances occidentales. Dans son « Panorama des pensions 2019 », l’OCDE n’y fait plus aucune allusion et appuie au contraire ostensiblement, en France, les réformes d’Emmanuel Macron, en plaidant l’instauration d’un meilleur « mix » entre régimes public et privé. Soit, traduit du sabir technocratique, un appel pressant à accorder une part croissante aux fonds de pension ou aux assurances-vie dans la gestion de la couverture vieillesse.

Si l’on veut bien y regarder de plus près, il s’agit de siphonner l’épargne populaire vers les marchés financiers, toujours plus voraces, pour tenter de doper vaille que vaille un système à bout de souffle, malade de cette financiarisation. Ce qui ne manque pas de faire surgir, au passage, l’émergence du besoin d’une tout autre mondialisation.

Aux États-Unis ou au Royaume-Uni, les fonds de pension des entreprises ont pu évoluer vers un recours quasi systématique à des plans d’épargne à « cotisations définies » en lieu et place des garanties offertes par les anciens modèles à « prestations définies », soit le versement de pensions-rentes garantissant un maintien du pouvoir d’achat des retraités. Un vrai changement de paradigme qui a permis de drainer l’épargne des salariés, futurs retraités, vers la Bourse tout en transférant sur leurs épaules l’intégralité du risque induit par ces placements.

En Europe, des sociétés comme le géant états-unien BlackRock ou l’assureur français Axa sont aux avant-postes de ces efforts de captation de l’épargne populaire par les marchés financiers. À l’heure de la très faible rentabilité des emprunts d’État, pour cause de taux d’intérêt de la BCE voisin de zéro, ils font le forcing pour banaliser les placements en actions. Axa invite ainsi à souscrire des contrats d’assurance-vie dits Excelium, un placement en partie constitué d’actions avec, donc, risque avéré de perte en capital. L’un des produits d’épargne phares de BlackRock, l’ETF (Exchange Traded Fund), est, lui, carrément indexé sur l’évolution des cours du Dow Jones ou du CAC 40.

Ce serait à ces dizaines de millions de salariés « ordinaires » d’affronter seuls, comme de vulgaires petits boursicoteurs, le risque d’une rapide dévalorisation de leurs « actifs ». Soit un véritable cataclysme en cas d’éclatement de la gigantesque bulle spéculative qui s’est accumulée sur les Bourses ces derniers mois. Un déchaînement d’une intensité inégalée qui ferait passer l’ouragan financier de 2008 pour un aimable zéphyr.

Bruno Odent

 

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19 janvier 2020 7 19 /01 /janvier /2020 17:43
Dossier de l'Humanité: la volonté de développer les fonds de pension et les lobbys financiers, au coeur de la réforme des Retraites et de la baisse du Taux du livret A
Finances. Les fonds de pension bien au cœur du projet de réforme
Vendredi, 17 Janvier, 2020- L'Humanité

Trois articles du texte de loi, actuellement devant le Conseil d’État, favorisent directement les plans de retraite par capitalisation, donc profitent aux organismes de gestion d’actifs et aux assureurs comme BlackRock, Axa ou Amundi.

 

L’article 64 du projet de réforme des retraites est très clair sur le sujet. Il entend « renforcer l’attractivité de l’épargne retraite », en ratifiant les ordonnances prises du fait de la loi Pacte, qui promettaient la libéralisation de ce type de produits ­financiers. Le but est donné : « Le développement de cette épargne de long terme procurera aux entreprises davantage de financements en fonds propres pour accompagner leur croissance et financer l’innovation. » Il s’agit donc bien de placer l’épargne retraite sur les marchés d’actions. Le gouvernement promet d’ailleurs, toujours dans l’article 64, «  l’assouplissement des modalités de sortie en rente ou en capital et l’ouverture de tous les produits d’épargne retraite aux assureurs, aux gestionnaires d’actifs et aux fonds de retraite professionnelle supplémentaire ». Ce qui fait dire à l’économiste atterré Henri Sterdyniak que « les bénéficiaires du méfait (la dégradation du système public de retraite) sont ainsi clairement désignés ».

AG2R, la BNP, le Crédit agricole… Un cercle fermé

Il s’agit des fonds de gestion d’actifs, à savoir, en France, Amundi, qui détient 1 400 milliards d’euros, filiale du Crédit agricole. Il y a aussi Axa IM, qui gère environ 700 milliards d’euros, et la BNP Paribas Asset (500 milliards). Ces structures, comme leur nom l’indique, gèrent notamment l’argent des fonds de pension et des assureurs. Ce sont eux qui proposent les solutions d’épargne retraite, à savoir, en France, Axa, AG2R, la BNP, le Crédit agricole… Un cercle fermé. Et puis, il y a les géants états-uniens : BlackRock (7 000 milliards d’actifs, dont les deux tiers constitués d’épargne retraite) et Vanguard (près de 6 000 milliards). Ces sommes donnent le vertige. Il faut réaliser que la moitié de l’argent en circulation sur les marchés financiers dans le monde provient de la retraite par capitalisation, donc des fonds de pension. Cela les rend particulièrement vulnérables aux crises financières, mais aussi susceptibles de provoquer de terribles krachs boursiers.

« Cela fait des semaines que le gouvernement prétend que son projet vise à “sauver le régime de retraite par répartition” et qu’il n’est pas question de développer la retraite par capitalisation, ou encore que le lien entre les retraites et Blackrock relève du “fantasme”. Pourtant, le projet de loi rendu public montre précisément le contraire », affirme Attac dans une note publiée ce jeudi. Le Figaro jugeait d’ailleurs que l’Humanité alimentait ce « récit de suspicion », précisant que « la polémique BlackRock n’est que le dernier avatar en date de l’association poisseuse Macron-­Rothschild », « un amalgame à l’odeur nidoreuse ».

L’heure n’est pourtant pas à la suspicion. Le ministre de l’Économie le dit bien, s’il y a une polémique autour des fonds de pension, « c’est surtout parce qu’il n’y a pas de BlackRock français ou européen, il faut en construire un », assure-t-il dans le Parisien de ce jeudi. Son appel a été entendu, voire anticipé. Depuis la publication du rapport Delevoye, Predictis, MeilleurPlacement, Groupama, SwissLife, Axa, Generali, Amundi, Société générale, LCL, Crédit agricole, Aviva, BNP Paribas et bien d’autres ont tous mis sur le marché leur nouvelle offre de plan épargne retraite (PER). « L’assureur Axa, dans une de ses documentations, évoque très clairement “la baisse programmée des futures pensions”, à la suite de la mise en œuvre de ce qu’Axa appelle encore la “réforme Delevoye sur les retraites”, pour inciter ses clients à épargner pour leur retraite à travers un PER », a repéré Attac.

 

3,8 à 4 milliards d’euros de cotisations en moins à compenser

Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, les sommes versées annuellement en France dans le cadre de ces produits d’épargne-­retraite s’élèvent à 6,6 milliards d’euros, une paille rapportée au total des 325 milliards d’euros de pensions de retraite versés. Et un énorme marché à conquérir. « C’est une explosion, un développement exponentiel de la capitalisation en France », note ainsi Maxime Combes, porte-parole d’Attac. Il ajoute : « C’est très important pour un assureur ou un gestionnaire d’actifs de voir son marché gagner 15 ou 20 % par an. Il y a très peu de marchés comme ça. »

Maintenant que les bénéficiaires sont clairement identifiés, reste à constituer le gâteau qu’ils vont se partager. L’article 13 du projet de loi limite le calcul des cotisations et des droits à la retraite aux salaires jusqu’à 10 000 euros par mois (contre 27 000 euros dans le système actuel). Au-delà de ce plafond, les cotisations baissent de 28 % à 2,8 %, et le montant des pensions n’augmente plus. C’est 3,8 à 4 milliards d’euros de cotisations en moins, qu’il faudra compenser. Ces milliards seront en revanche immédiatement disponibles pour les produits par capitalisation, à usage des plus riches.

L’article 15 se charge de renforcer l’attractivité des plans d’épargne retraite. « Il s’agit de favoriser fiscalement la capitalisation sur la partie des salaires qui ne serait plus couverte par la répartition », résume Henri Sterdyniak. Autrement dit, les versements effectués sur un plan d’épargne retraite seront déductibles des impôts sur le revenu, toujours en favorisant les plus aisés. « Pour 1 000 euros versés, un contribuable payant l’impôt sur le revenu obtiendra 300 euros de déduction d’impôt s’il se trouve dans la tranche à 30 %, 410 euros s’il est dans la tranche à 41 %, 140 euros s’il est dans la tranche à 14 % », a calculé Attac. Une réforme inégalitaire jusqu’au bout.

Pierric Marissal

 

Les retraités des fonds de pension en première ligne du krach qui vient
Vendredi, 17 Janvier, 2020

En dépit des 5 000 milliards d’euros perdus dans la crise de 2008, les réformes en cours visent à permettre aux Bourses de siphonner davantage l’épargne populaire.

 

« J ’ai vu l’essentiel de ma retraite partir en fumée en quelques jours. » Technicien dans l’informatique, Anthony Smith habite à Londres. Comme des millions de salariés britanniques, il comptait se garantir un maintien de son niveau de vie après passage à la retraite en versant 10 % de son salaire tous les mois sur le fonds de pension de son entreprise. Il pensait pouvoir bénéficier d’une rente d’environ 15 000 livres (17 620 euros) par an, qui aurait complété la très maigre retraite de base forfaitaire de 560 livres (660 euros) par mois versée à tous par l’État britannique. Ses économies ne se remettront pas du krach financier de 2008. Un tiers du capital qu’il a épargné va disparaître.

Jane McGovern habite à San Francisco, elle travaillait comme cadre dans une entreprise pharmaceutique. Pour compléter les maigres revenus garantis par la sécurité sociale états-unienne et arrondir sa retraite, elle a opté pour le fonds de pension privé de son entreprise. En octobre 2008, elle déplore l’écroulement de la valeur de son placement : « Depuis cet été, ça n’arrête pas. En l’espace de quelques mois, mon capital a fondu de 40 %. »

Les témoignages comme ceux-là ont pris la forme d’une sinistre rengaine, il y a moins de douze ans, au lendemain du krach financier, tant ils correspondaient au sort commun dans les pays anglo-saxons, où prévaut un système par capitalisation. Des dizaines de millions de petits épargnants salariés ont été ruinés. Nombreux sont ceux qui ont sombré dans la grande pauvreté, contraints de survivre avec le maigre filet de garantie public ou de différer, quand ils n’ont pas perdu leur emploi, leur départ jusqu’à… 75 ans, voire au-delà. Le choc fut d’une telle ampleur qu’il ne s’est plus trouvé grand monde à l’époque pour défendre la capitalisation, y compris parmi les « experts » qui l’avaient déjà promue, en Europe, comme un complément indispensable aux revenus tirés des systèmes publics par répartition. Le « fiasco des fonds de pension anglo-saxons » faisait la une de divers titres peu suspects d’esprit critique à l’égard du libéralisme. Le diagnostic, il est vrai, était bien trop accablant. Les pertes desdits fonds ont culminé à 5 400 milliards de dollars (environ 5 000 milliards d’euros), soit plus de deux fois la valeur du PIB (l’ensemble des richesses produites) d’un pays comme la France en un an.

« Lorsque la Bourse montait, on a porté trop d’attention aux systèmes par capitalisation, les systèmes de retraite ont été individualisés. Aujourd’hui, c’est chacun pour soi, et les salariés risquent de se retrouver avec des retraites minables », concluait en octobre 2008 Pierre Habbard, de la Tuac, la commission syndicale consultative de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) regroupant les pays les plus développés, organisme qui appuyait pourtant déjà fortement l’extension de régimes « complémentaires » par capitalisation.

Douze ans plus tard, tous ces constats sans appel, ces témoignages terrifiants ont totalement disparu de l’analyse des gouvernants des grandes puissances occidentales. Dans son « Panorama des pensions 2019 », l’OCDE n’y fait plus aucune allusion et appuie au contraire ostensiblement, en France, les réformes d’Emmanuel Macron, en plaidant l’instauration d’un meilleur « mix » entre régimes public et privé. Soit, traduit du sabir technocratique, un appel pressant à accorder une part croissante aux fonds de pension ou aux assurances-vie dans la gestion de la couverture vieillesse.

Si l’on veut bien y regarder de plus près, il s’agit de siphonner l’épargne populaire vers les marchés financiers, toujours plus voraces, pour tenter de doper vaille que vaille un système à bout de souffle, malade de cette financiarisation. Ce qui ne manque pas de faire surgir, au passage, l’émergence du besoin d’une tout autre mondialisation.

Aux États-Unis ou au Royaume-Uni, les fonds de pension des entreprises ont pu évoluer vers un recours quasi systématique à des plans d’épargne à « cotisations définies » en lieu et place des garanties offertes par les anciens modèles à « prestations définies », soit le versement de pensions-rentes garantissant un maintien du pouvoir d’achat des retraités. Un vrai changement de paradigme qui a permis de drainer l’épargne des salariés, futurs retraités, vers la Bourse tout en transférant sur leurs épaules l’intégralité du risque induit par ces placements.

En Europe, des sociétés comme le géant états-unien BlackRock ou l’assureur français Axa sont aux avant-postes de ces efforts de captation de l’épargne populaire par les marchés financiers. À l’heure de la très faible rentabilité des emprunts d’État, pour cause de taux d’intérêt de la BCE voisin de zéro, ils font le forcing pour banaliser les placements en actions. Axa invite ainsi à souscrire des contrats d’assurance-vie dits Excelium, un placement en partie constitué d’actions avec, donc, risque avéré de perte en capital. L’un des produits d’épargne phares de BlackRock, l’ETF (Exchange Traded Fund), est, lui, carrément indexé sur l’évolution des cours du Dow Jones ou du CAC 40.

Ce serait à ces dizaines de millions de salariés « ordinaires » d’affronter seuls, comme de vulgaires petits boursicoteurs, le risque d’une rapide dévalorisation de leurs « actifs ». Soit un véritable cataclysme en cas d’éclatement de la gigantesque bulle spéculative qui s’est accumulée sur les Bourses ces derniers mois. Un déchaînement d’une intensité inégalée qui ferait passer l’ouragan financier de 2008 pour un aimable zéphyr.

Bruno Odent
Le Livret A à son taux le plus bas
Vendredi, 17 Janvier, 2020 - L'Humanité

Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a annoncé, mercredi, la baisse de la rémunération de « l’épargne préférée des Français ». Un appel à la capitalisation.

 

Le gouvernement n’a que faire des classes populaires. Même pas effrayé par l’énormité du message politique à quelques mois des élections municipales, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a confirmé, mercredi, la baisse du ­Livret A. À partir du 1er février, son taux de rémunération va passer de 0,75 % à 0,5 %, son niveau le plus bas depuis sa création en 1818. Le gouvernement, qui avait déjà décidé en 2018 un gel du taux à 0,75 %, applique ainsi la formule de calcul qu’il avait introduite à l’époque. Les 55 millions de titulaires du Livret A, et les 300 milliards d’euros que représentent leur placement, ainsi que les détenteurs de Livrets de développement durable sont concernés. Déjà négatif, le rendement du Livret A devrait encore se réduire, alors que l’inflation repart à la hausse. En janvier 2019, déjà, l’association nationale de défense des consommateurs calculait que l’écart d’un point entre inflation et la rémunération de l’épargne « se traduisait par une perte de 3,6 milliards d’euros de pouvoir d’achat pour les Français ».

Maintenir le taux du Livret A aurait été « incohérent par rapport à notre politique de diversification des placements », a expliqué Bruno Le Maire dans un entretien au Parisien, ce jeudi. « Je veux dire aux ménages : diversifiez votre épargne ! » La baisse de rendement, à l’image de la réforme des ­retraites, est un moyen de pousser les Français vers la capitalisation. L’idée est de faire sortir cet argent de ces comptes réglementés par l’État et gérés par les banques, pour des placements plus risqués sur les marchés financiers, en particulier les actions.

Un manque à gagner pour le logement social

« Quand on met en perspective la baisse du taux du Livret A avec la réforme de la fiscalité du capital (mise en place du prélèvement forfaitaire unique et transformation du l’ISF en impôt sur les placements immobiliers), on voit bien la volonté du gouvernement de réorienter l’épargne vers des actifs financiers », analyse Pierre Madec, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques. Le ministre a d’ailleurs saisi cette occasion pour faire la promotion des produits financiers créés par le gouvernement comme « notre plan d’épargne retraite, extrêmement attractif ». Il a aussi annoncé un accès facilité au Livret d’épargne populaire (LEP), un placement réglementé par l’État comme le Livret A mais en partie destiné à financer les entreprises et PME françaises. Reste qu’en ces temps d’incertitudes, convaincre les Français de lâcher leur Livret A pour un produit plus risqué ne sera pas si simple. Malgré un rendement négatif, ils ont continué à y investir massivement : 14 milliards d’euros en 2010, contre 9,5 milliards en 2018.

La baisse du Livret A serait bénéfique pour les « milliers de Français qui attendent un logement social », a justifié le ministre de l’Économie. De fait, 60 % de l’argent placé dans le Livret A est géré par la Caisse des dépôts et sert à financer à taux préférentiel la construction de HLM. En se répercutant sur les 180 milliards d’euros empruntés par les bailleurs sociaux, la baisse du taux du Livret A va leur faire économiser quelque 300 millions d’euros. Une somme bienvenue, mais loin de compenser les coupes d’argent public dans le logement social : plus de 3 milliards en trois ans. « Pour les HLM, c’est une bonne nouvelle à court terme, observe Pierre Madec. Mais à long terme, si les Français arrêtent de placer dans le Livret A pour réinvestir ailleurs, cela va entraîner un manque à gagner pour le logement social, Il y a une incohérence dans le discours du ministre. »

Camille Bauer
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19 janvier 2020 7 19 /01 /janvier /2020 17:37
Le billet de Maurice Ulrich. Valeurs
Vendredi, 17 Janvier, 2020

« L’imposture Greta ». L’hebdomadaire Valeurs actuelles, apprécié de Michel Onfray, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et sur les plateaux des chaînes d’info, a mené son enquête sur « le phénomène qui tétanise le monde ».

« L’imposture Greta ». L’hebdomadaire Valeurs actuelles, apprécié de Michel Onfray, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et sur les plateaux des chaînes d’info, a mené son enquête sur « le phénomène qui tétanise le monde ». Il ne lui faut pas moins de dix pages pour dresser l’inquiétant portrait, avec à l’appui une photo en une, de l’adolescente aux mâchoires serrées et au regard fixe, d’une « ensorceleuse », célébrant « la messe noire de l’apocalypse ». Une sorcière. « Hypocrite, apocalyptique, hystérique », les trois mots s’étalent largement. Mais cela va plus loin, car « avec son obsession de l’égalité matérielle, la haine du riche et du puissant, l’écologisme est un marxisme », à vocation « totalitaire ». Le spectre de Greta hante le monde. Quelques pages plus loin, l’hebdomadaire nous dresse un tout autre portrait, celui d’un homme incarnant un mythe vivant « du passé et du futur », « un sphinx renaissant », « un patron fascinant et un évadé spectaculaire ». Carlos, bien sûr, Carlos Ghosn. On fait des choix à Valeurs actuelles, et on a des valeurs.

Le billet de Maurice Ulrich. Valeurs (L'Humanité, 17 janvier 2020): Valeurs actuelles, toujours plus loin dans le ridicule
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19 janvier 2020 7 19 /01 /janvier /2020 05:52

 

 

 

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