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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 08:00
Tribune Libre Réforme des Retraites - Dominique Noguères: le choix de l'humain des avocats: une juste colère

Notre amie Dominique Noguères, avocate, vice-présidente de la Ligue des Droits de l'Homme, venue aux mardis de l'éducation populaire l'an passé, 15 janvier 2019, à Morlaix pour nous parler de la justice en France, s'exprimait hier dans l'Humanité sur la juste colère des avocats face à la dégradation de leurs pensions de retraite et de leurs conditions de travail.

Vidéo de la conférence de Dominique Noguères, avocate, vice-présidente de la Ligue des Droits de l'Homme, aux Mardis de l'éducation populaire du PCF Morlaix, 15 janvier 2019

Tribune libre réforme des retraites. Le choix de l’humain des avocats : une juste colère
Mardi, 11 Février, 2020 - l'Humanité

 Une tribune de Dominique Nogueres Avocate, vice-présidente de la LDH

Mes confrères et consœurs avocats et avocates sont en colère. Le projet de loi sur la réforme des retraites pénalisera nombre d’entre eux. Leur colère est légitime et nécessaire. La justice est en soi un monde à part, avec son langage, son rituel. Nombreux sont les justiciables qui, se présentant pour la première fois devant un tribunal, n’en connaissent ni les codes ni le fonctionnement.

Pourtant, jamais les demandes de règlement de conflits par la voie judiciaire n’auront été si importantes en quantité, les personnes considérant que la justice doit non seulement réparer l’injustice dont elles s’estiment victimes, mais également réguler les rapports sociaux. La justice, c’est la justice civile, celle du quotidien, des divorces, du surendettement, des injonctions de payer, des gardes d’enfants, des tutelles ou des curatelles, etc. C’est aussi la justice administrative avec, entre autres, le droit des étrangers et, bien entendu, la justice pénale. Dans toutes ses déclinaisons, la présence de l’avocat est fondamentale pour décoder, aider, assister, conseiller ceux qui le mandatent.

Sans les avocats, les justiciables n’y trouvent pas leur compte. Alors que la réforme récente de la justice a transféré à des algorithmes ou à des plateformes les règlements de certains conflits, et n’a pas pris en compte la nécessaire revalorisation de l’aide juridictionnelle, cette réforme des retraites met en péril nombre de cabinets qui n’auront plus la perspective de bénéficier d’une retraite décente.

Pourquoi ? Parce que, contrairement à une idée reçue, tous les avocats ne sont pas des nantis et ceux qui, comme moi, ont mis leur profession au service de la défense des plus démunis paient le prix de leurs convictions et de leur engagement. Point de corporatisme dans cette lutte, mais simplement la préservation d’une profession indispensable dans la société et, si elle a bien des défauts, elle a aussi une qualité essentielle, le choix de l’humain.

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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 06:44
Signez la pétition unitaire en ligne de l'Humanité pour réclamer un référendum sur la réforme des retraites

Après plus de deux mois de mobilisations sociales d’une ampleur historique, une majorité de Français demandent toujours le retrait de la réforme du système de retraites voulu par le gouvernement. Alors que les projets de loi commencent à être examinés à l’Assemblée nationale, tout est organisé pour contourner le débat devant la représentation nationale et inciter les  parlementaires à voter à l’aveugle, avec le recours programmé à pas moins de 29 ordonnances. Même le Conseil d'État a rendu un avis très sévère, relevant « la fausse promesse d’un régime universel », des projections financières « lacunaires »,  mais aussi des dispositions « contraires à la Constitution ».

Ce niveau de défiance à l’égard d’une réforme « inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir un système social qui constitue l’une des composantes majeures du contrat social », comme le souligne à juste titre le Conseil d’État, pose un problème démocratique majeur. A ce stade, seule une consultation populaire permettrait de le résoudre. Un référendum sur le retrait du projet gouvernemental doit être organisé, pour que le peuple ait le dernier mot.
L'Humanité a lancé lundi un appel avec de nombreuses personnalités. Il peut être signé ici : Sign the Petition
 
Démocratie. « Monsieur le président, soumettez votre réforme au référendum »
Lundi, 10 Février, 2020

Pour signer cette pétition : http://chng.it/BYhjbLJ5

 

Après plus de deux mois de mobilisations sociales d’une ampleur historique, une majorité de Français demandent toujours le retrait de la réforme du système de retraite voulue par le gouvernement. Alors que les projets de loi commencent à être examinés à l’Assemblée nationale, tout est organisé pour contourner le débat devant la représentation nationale et inciter les parlementaires à voter à l’aveugle, avec le recours programmé à pas moins de 29 ordonnances.

Même le Conseil d’État a rendu un avis très sévère, relevant « la fausse promesse d’un régime universel », des projections financières « lacunaires  », mais aussi des dispositions « contraires à la Constitution ».

Ce niveau de défiance à l’égard d’une réforme « inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir un système social qui constitue l’une des composantes majeures du contrat social », comme le souligne à juste titre le Conseil d’État, pose un problème démocratique majeur. À ce stade, seule une consultation populaire permettrait de le résoudre. Un référendum sur le retrait du projet gouvernemental doit être organisé, pour que le peuple ait le dernier mot.

Signez en ligne cette pétition : http://chng.it/BYhjbLJ5

Les premier signataires (au 10 février 2020)

Elisa Aboucaya, avocate, Paris.          

Mickaël Aboulkheir, avocat, Val de Marne.        

Michel Agier, anthropologue.           

Christophe Alévêque, humoriste.           

Pouria Amirshahi, président et directeur de publication de Politis.     

Gérard Aschieri, membre du Conseil économique, social et environnemental, ancien secrétaire général de la FSU.

Eliane Assassi, sénatrice communiste, présidente du groupe CRCE.      

François Audard, avocat, Val de Marne.        

Jean-Louis Auduc, agrégé d’histoire.          

Clémentine Autain, députée FI.          

Audrey AvramoLechat, avocate au barreau de Paris.       

Guillaume Balas, coordinateur de Génération.s.         

Jeanne Balibar actrice, réalisatrice.          

Kian Barakat, avocate au barreau de Rouen.       

Julien Bayou, secrétaire national d’EELV.         

Linda Bechaouch, cheffe de projet.         

Sonia Bechaouch, avocate.           

Séfiane Belmahi, analyste financier.          

Noria Bendjebbour, avocate au barreau du Val d'Oise.      

Eva Bergamaschi, avocate au barreau du Val-de-Marne.       

Alaia Berhonde, comédienne.           

Sandrine Berrosi, avocate, Seine-Saint-Denis.          

Sandrine Berrosi, avocate, Seine St Denis.        

Arno Bertina, écrivain.           

Claire Biélakoff, avocate, Seine-Saint-Denis.          

Laurent Binet, écrivain.           

Anastasia Binoche, avocate, Val d'Oise.         

Morgane Blanchard, avocate, Val-de-Marne.          

Michel Blay, directeur de recherche honoraire à l’EHESS.      

David Bobée, metteur en scène.          

Ariana Bobetic, avocate Seine st Denis.        

Frédéric Boccara, économiste, dirigeant national du PCF, membre du CESE.    

Nicolas Bouchaud, comédien.           

Magalie Boudringhin, aide-soignante.           

Pascale Bougier, avocat, Seine-Saint-Denis.          

Pascale Bougier, avocate, Seine St Denis.        

Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine.          

Patrick Braouezec, membre honoraire du Parlement.        

Delphine Breton, avocate, Seine St Denis.        

Daniel Breuiller, vice-Président de la métropole du Grand Paris.     

Ian Brossat, adjoint au logement de la Maire de Paris.    

Céline Brulin, sénatrice PCF.          

Dominique Bucchini, ancien président de l’Assemblée de Corse.      

Axel Calvet, avocat, Val d'Oise.         

Jean-Christophe Cambadélis, ex-premier secrétaire du PS.        

Guy Carlier, auteur.           

Jean-Michel Carré, cinéaste.           

Luc Carvounas, député PS.           

Aude Catala, avocate au barreau de Paris.       

Aurélie Cattan-Attias, avocate au barreau de Paris.       

Stéphanie Chabauty, avocate, Seine-Saint-Denis.          

Alexis Charansonnet, historien, université Lumière Lyon 2.       

André Chassaigne, président du groupe GDR à l’Assemblée nationale.     

Geneviève Chemla, avocate, Val-de-Marne.          

Stéphane Chenon, cuisinier.           

Hana Cherif-Hautecoeur, avocate au barreau de Paris.       

Samuel Churin, comédien.           

Estelle Cimarelli, avocate au barreau de Thionville.       

Chloé Clair, avocate, Val-de-Marne.          

Laurence Cohen, sénatrice PCF.          

Fabien Contaminard, ingénieur.           

Yves Contassot, responsable du pôle idées de Génération-s.      

Jacques Cotta, journaliste et réalisateur.         

Thibaud Cotta, avocat, Paris.          

Alain Coulombel, porte-parole d'EELV.          

Olivier Coulon-Jablonka, metteur en scène.         

Clotilde Couratier-Bouis, avocate au barreau de Paris.       

Pierre Cours-Salies, sociologue.           

Cécile Cukierman, sénatrice PCF.          

Christian de Montlibert, sociologue, professeur émérite de l’université de Strasbourg.    

Eléna de Gueroult d'Aublay, avocate, Val d'Oise.       

Ludivine de Leeneer avocate, Val-de-Marne.         

Michelle Décosse, retraitée de l'éducation nationale.        

Anaïs Defosse, avocate, Seine-Saint-Denis.          

Brieuc Derrien, technicien géomètre.          

Philippe Derrien, Agent de recensement INSEE.        

Isabelle Desjardins-Azoulay, avocate au barreau de Paris.       

Pascal Dessaint, écrivain.           

Richard Dethyre, sociologue.           

Richard Dethyre, sociologue Mickaël Dion, producteur.        

Paul Devin, président de l’Institut de Recherches de la FSU.    

Pierre Dharréville, député PCF.          

Cyril Dion, écrivain et réalisateur.         

Marion Dodier, avocate, Seine St Denis.        

Marion Dodier, avocate, Seine St Denis         

Claude Douare, directeur d'école.          

Peio Dufau, cheminot, Hendaye.          

Anne Dupré, cadre retraitée de la fonction publique hospitalière.     

Sonia Elghozi, avocate, Val-de-Marne.          

Hakim et Mouss, Zebda-Motivés.          

Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au logement.       

Eric Fassin, sociologue.           

Elsa Faucillon, députée PCF.          

Olivier Faure, député et secrétaire national du PS.      

Pascale Fautrier, écrivaine.           

Christian Favier, sénateur PCF, président du conseil départemental du Val-de-Marne    

Caroline Fiat, députée FI.          

Gérard Filoche, porte-parole de la Gauche démocratique et sociale.     

Bernard Friot, économiste.           

Sophie Frontino, infirmière.           

Bruno Gaccio, comédien, auteur.          

Daniel Gaxie, politiste, Paris-1.          

Fabien Gay, sénateur PCF.           

Marion Geniès, avocate, Val-de-Marne.          

Agathe Gentilhomme, avocate, Paris.          

Joao Goncalves, avocat, Val-de-Marne.          

Roland Gori, psychanalyste, professeur émérite à l'université Aix-Marseille.      

Jérôme Goutille, avocat, Val-de-Marne.          

Stephanie Gracia, cheminote.           

Florent Gras, avocat, barreau de Bordeaux.        

Michelle Gréaume, sénatrice PCF.          

Mathieu Grégoire, maître de conférences en sociologie, chercheur à l’IDHES (CNRS).   

Agathe Grenouillet, avocate, Seine St Denis.        

Alain Gresh, journaliste.           

André Grimaldi, professeur émérite de médecine.        

Antoine Grouhel, salarié d’un laboratoire pharmaceutique.        

Florent Gueguen, dirigeant associatif dans la lutte contre l’exclusion.     

Michel Guez, informaticien.           

Arnaud Guyonnet, avocat, Paris.          

Marion Havard, avocate, Paris.          

Bruno Hélin, cadre supérieur paramédical et vice Président du département du Val de Marne.

Odile Henry, sociologue, Université Paris-8.         

Charles-Emmanuel Herbière, avocat, Val d'Oise.         

Adrien Holstein, politiste, Université de Nanterre.        

Adrien Holstein, politiste, Université de Nanterre        

Marie-Claude Hourquiscot, retraitée.           

Christian Hutin, député MRC.          

Rim Jouida, avocat, Val de Marne.        

Pierre Jouvet, conseiller départemental, porte-parole du PS.       

Régis Juanico, député Génération-s.          

Sébastien Jumel, député PCF.          

Insaf Kabsi, avocat, Val-de-Marne.          

Patrick Kanner, président du groupe PS au Sénat.      

Razmig Keucheyan, sociologue.           

Pierre Khalfa, économiste, fondation Copernic.         

Bernard Lahire, professeur de sociologie, ENS Lyon.       

André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France.     

Aurore Lalucq, députée européenne Place publique.        

François-Michel Lambert, député Liberté, écologie, fraternité.        

Pierre Larrouturou, député européen Nouvelle Donne.        

Anne Lassalle, avocate, Seine St Denis.        

Soria Latreche, avocate, Seine St Denis.        

Pierre Laurent, sénateur PCF.          

Myriam Lavigne, gestionnaire de stock.         

Anicet Le Pors, conseiller d’Etat honoraire.        

Didier Le Reste, président de Convergence nationale Rail, ancien secrétaire général de la CGT cheminots.

Hervé Le Corre, écrivain.          

Martine Le Roux, avocate, Paris.         

Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité.        

Frédéric Lebaron, professeur de sociologie, ENS Paris-Saclay.       

Serge Lechtimi, Parti progressiste martiniquais.         

Pierre Lemaitre, écrivain.           

Renaud Lemoine, ingénieur.           

Krystel Lepeu, avocate, Val de Marne.        

Aude Lequerré, avocate, Val de Marne.        

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice Gauche républicaine et socialiste.       

Whiteside Lottin, conducteur RATP.          

Fernando Lourenco, sans profession.           

Mélanie Luce, présidente de l’Unef.         

Marie Luchi, responsable projet Génération-s.         

Nabil Maiz, technicien métallurgie.          

Delphine Malapert, avocate, Paris.          

Delphine Malapert, avocate, Paris          

Noël Mamère, militant écologiste.          

Emmanuelle Marteau, gestionnaire immobilier.          

Alexandre Martin, avocat au barreau de Toulouse.       

Christiane Marty, syndicaliste, militante associative, spécialiste des retraites.      

Corinne Masiero, comédienne.           

Sylvie Maugat, épidémiologiste.           

Claire Maugat-Decosse, avocate, Val de Marne.        

Emmanuel Maurel, député européen de la Gauche républicaine et socialiste.    

Caroline Mécary, avocate, Paris.          

Jean-Luc Mélenchon, député FI.          

Marion Ménage, avocate, Val d'Oise.         

Daniel Mermet, journaliste.           

Dominique Mestre-Agelina, avocat, de Marne          

Catherine Mills, économiste, directrice de la revue Economie et Politique.    

Laëtitia Mole, cheminote, Hendaye.          

Jean-Yves Mollier, historien.           

Bernard Montagne, syndicaliste, responsable associatif.         

Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste.         

François Morel, écrivain et comédien.         

Dominique Noguères, avocate retraitée.          

Gérard Noiriel, historien.           

Alain Obadia, président de la fondation Gabriel-Péri.       

Abdallah Ouahmane, sans profession.          

Ahmed Ouahmane, ambulancier.           

Aïcha Ouahmane, avocate, Val de Marne.        

Fatima Ouahmane, retraitée.           

Mina Ouahmane, agent de surveillance.         

Benjamin Page, chauffeur poids lourd.         

Mathilde Panot, députée FI.          

Sandra Paparemborde, enseignante.           

Willy Pelletier, coordinateur général de la fondation Copernic.      

Mimouni Peres-Rifka, avocat, Seine-Saint-Denis.          

Clémentine Perros, avocate, Paris.          

Michel Pigenet, historien.           

Ernest Pignon-Ernest, artiste plasticien.          

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, sociologues, anciens directeurs de recherche au CNRS.  

Éric Piolle, maire de Grenoble.         

Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme.        

Mélanie Plouviez, philosophe.           

Joël Pommerat, auteur, metteur en scène.        

Didier Porte, humoriste.           

Christine Prunaud, sénatrice PCF.          

Eric Puisais, enseignant, Poitiers.          

Adrien Quatennens, député FI.          

Valérie Rabault, présidente du groupe PS à l’Assemblée nationale.     

Nicolas Rebbot, avocat, Paris.          

Catherine Renaux-Hemet , avocate, Seine St Denis.       

Robin Renucci, comédien et réalisateur.         

Sébastien Revault-d'Allonnes, avocat, Paris.          

Jacques Rigaudiat, économiste.            

Denis Robert, journaliste.           

Jean Rol-Tanguy, journaliste retraité.          

Anne Rortais, Coordinatrice associative.          

Guillaume Roubaud-Quashie, directeur de la revue Cause commune.      

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord.    

Catherine Roussière, avocate, Paris          

Damien Rudant, cheminot, Saint-Jean-de Luz.         

Alain Ruscio, historien.           

Mathilde Sanson, avocate, Rouen.          

Mathilde Sanson, avocate, Rouen.          

Gisèle Sapiro, directrice d'études à l'EHESS et directrice de recherche au CNRS.  

Jamila Sarraf, avocate, Val de Marne.        

David Sarramagna, cheminot, Bayonne.          

Jean-Marie Sauret, psychanalyste, professeur émérite des universités.       

Pascal Savoldelli, sénateur PCF.          

Frédéric Sawicki, professeur de sciences politiques.        

Claudine Secq, retraitée.           

Stéphanie Secq, avocate, Val de Marne.         

Geneviève Sellier, universitaire.           

Lucien Sève, philosophe.           

Karine Shebabo, avocate, Paris.          

Karen Sileber, assistante de direction.         

Jean-Pierre Siméon, poète.           

Evelyne Sire-Marin, magistrate et membre du Syndicat de la magistrature.    

Stéphane Sirot, historien.           

Gabrielle Siry, porte-parole PS.          

Dylan Slama, avocat, Paris.          

Henri Sterdyniak, animateur des Economistes atterrés.        

Pascale Taelman, avocate, Val de Marne.        

Sophie Taillé-Polian, sénatrice Génération-s.          

Yves Tamet, Avocat, ancien bâtonnier, Seine St Denis.      

Danielle Tartakowski, historienne.           

Bertrand Tavernier, cinéaste.           

Agnès Teissedre, avocate au barreau de Paris.       

Jacques Testart, biologiste.           

Benoît Teste, secrétaire général de la FSU.       

Bernard Thibault, représentant des travailleurs au conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail. 

François Thiollet, délégué au projet EELV.        

Emmanuel Todd, démographe et historien.         

Pascale Torgemen, avocate, Val de Marne.        

Louise Tort, avocate, Paris          

Lise Toussaint, cadre la fonction publique territoriale.       

Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac.          

Sophie Ulliac, avocate  au barreau  de Paris.       

Boris Vallaud, porte-parole et député PS.        

Lucas Vazquez Vespoli,  avocat, Toulouse.         

Arthur Vercken, avocat, Paris.          

Arthur Vercken, avocat, Paris          

Marie-Christine Vergiat, responsable associative et ex-députée européenne.       

Claude Vincent, avocate, Paris, membre du SAF.       

Marie Violleau, avocate, Paris.          

Francis Wurtz, membre honoraire du Parlement européen. 

Signez la pétition unitaire en ligne de l'Humanité pour réclamer un référendum sur la réforme des retraites
Retraites. L’appel pour un référendum rencontre un bon écho
Mardi, 11 Février, 2020 - L'Humanité

15 000 signatures les premières 24 heures. La pétition en ligne lancée par l’Humanité, avec le soutien de personnalités, pour réclamer qu’un référendum tranche la question de la réforme des retraites a connu un bon démarrage.

Lancée le 10 février au matin, la pétition initiée par l'Humanité dépassait les 20 000 signatures le lendemain soir. Lorsqu’ils signent sur la plateforme change.org, les internautes laissent parfois un commentaire. Ainsi, Laura le dit sans ambages, « cette réforme ne servira qu’à enrichir les fonds de pension et appauvrir les travailleurs ». Brigitte renchérit : « Je signe car cette réforme est profondément injuste. Elle va frapper de plein fouet les plus fragiles, les femmes, tous ceux qui n’auront pas une carrière complète (chômage, maladie…). » Pour Jacques, « cette réforme, à l’image de l’ensemble de la Macronie, est totalement déconnectée des vrais problèmes. Une déconnexion de plus en plus violente ». Jean-Luc, lui, considère que la réforme projetée par Emmanuel Macron est un faux-semblant : « Au nom de l’universalité, le gouvernement va favoriser une fois de plus ceux qui sont déjà privilégiés (ceux qui profitent d’un allongement de l’espérance de vie). On n’entend pas dans tous les médias, poursuit-il, le pourquoi de l’excédent des caisses de retraite des métiers les plus éprouvants, pourtant l’explication est simple : c’est que l’immense majorité a cotisé pendant quarante ans et décède au moment de la retraite. »

Pour beaucoup de signataires, la question est aussi d’ordre démocratique, ni plus ni moins. Selon Pierre, « faire adopter une réforme d’une telle ampleur historique par le jeu d’ordonnances et donc en catimini, après un débat plus que limité au Parlement, est le signe d’un pouvoir qui a décidé de ne pas s’encombrer des processus démocratiques. Le seul moyen de revenir à des bases et un débat sain, c’est un référendum ! » L’enjeu, Olga le résume très simplement : « Parce que nous voulons décider de nos vies ! »

 

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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 06:05
Pierre Dharréville :  nous utiliserons tous les leviers parlementaires pour combattre cette réforme  (L'Humanité, 6 février 2020)
Pierre Dharréville : « nous utiliserons tous les leviers parlementaires pour combattre cette réforme ».
Jeudi, 6 Février, 2020 - l'Humanité

Entretien. La bataille parlementaire vient d’entrer dans une phase décisive. Le communiste Pierre Dharréville explique ce que sera la stratégie de son parti pour contrer le gouvernement et ses ordonnances.

 

Pierre Dharréville Député PCF des Bouches-du-Rhône

La bataille continue. Le gouvernement a l’intention de faire rentrer la rivière dans son lit. La nôtre est de faire en sorte qu’il prenne la mesure du rejet massif de sa réforme dans le pays, et qu’il renonce à ce projet malintentionné. C’est le premier enjeu. Ensuite, l’arrivée du texte devant l’Assemblée nationale va permettre de continuer à mettre en lumière la gravité des mesures contenues dans le projet de loi, et qui parfois se cache dans les détails. L’examen en commission spéciale, qui commençait dès le 2 février, est l’occasion d’essayer de « désosser » le projet gouvernemental. Notre état d’esprit est de mener la bataille et de faire la démonstration de la dangerosité de ce projet. On sait déjà que, en dehors des éléments de langage qu’elle nous répète constamment, la majorité n’a pas beaucoup d’arguments à faire valoir.

Cette procédure réduit le délai dont nous disposons pour examiner le texte, le comprendre et préparer des propositions. Nous ne pouvons pas faire grand-chose contre cette contrainte. Elle supprime également la deuxième lecture du texte après le passage au Sénat. La volonté du gouvernement de faire entériner sa réforme en dépit de la contestation, majoritaire dans l’opinion, est donc claire. Nous utiliserons donc tous les outils à notre disposition dans ce débat parlementaire. Nous avons la possibilité de déposer des motions qui viendront en temps voulu. Ce qui est clair, c’est que nous déposerons une motion de censure. Dans les conditions actuelles, avec une opinion opposée sans ambiguïté à ce projet de réforme, nous aurons aussi la possibilité de déposer une motion référendaire, de façon à permettre aux citoyens de trancher par référendum. En attendant, nous allons déposer des amendements. Pour faire des propositions, pour supprimer les dispositions négatives de ce texte, et elles sont très nombreuses. Mais aussi pour limiter la portée d’un certain nombre de dispositifs de la réforme. Il s’agira de faire en sorte que la loi soit la moins mauvaise possible…

Les ordonnances nous privent de notre pouvoir législatif au profit de l’exécutif, qui se l’arroge. Nous allons les contester en bloc. Il est inadmissible de légiférer par ordonnances sur un sujet aussi fondamental, qui nous engage pour des décennies et qui a provoqué le mouvement social que l’on traverse depuis le 5 décembre. Nous allons essayer de les bloquer ou de les contrecarrer par d’autres propositions. Nous essaierons également d’obliger le gouvernement à dévoiler ses intentions cachées derrière ces ordonnances.

Nous avons déjà mené des batailles convergentes, dès le début du mandat d’Emmanuel Macron, contre les ordonnances de la loi travail. Nos groupes se sont réunis pour partager nos analyses et nos intentions. Le dialogue est clairement établi entre nous. D’abord, pour déclencher ensemble les dispositifs dont nous pourrions avoir besoin pendant le débat parlementaire. Ensuite, pour additionner nos contre-offensives respectives. Nous sommes déterminés à défendre également les exigences que nous avons exprimées dans la plateforme commune de la gauche. Elle est un point d’appui pour montrer qu’il y a une alternative au projet du gouvernement.

La droite est opposée à cette réforme, mais pas toujours pour les mêmes raisons que nous… On peut imaginer une convergence sur des éléments ponctuels, mais nous ne portons clairement pas le même projet. Les parlementaires de droite auraient souhaité une démarche commune contre la procédure accélérée. Ces questions de procédure font partie des convergences ponctuellement possibles.

Cela traduit d’abord une fébrilité, une fragilité de la part du gouvernement. Non seulement il fait face à un mouvement social puissant depuis plusieurs mois, mais de surcroît les plus hautes juridictions de la République, comme on l’a vu avec le Conseil d’État, critiquent sa méthode et en dévoilent les failles.

Le gouvernement n’a pas vraiment décidé d’en tenir compte… Il passe outre ces remarques. Mais, dans la suite des événements, il y aura des conséquences. Si le projet de loi devait continuer sa progression, le Conseil d’État nous a fourni tous les arguments pour saisir le Conseil constitutionnel. Ignorer l’avis du Conseil d’État est symptomatique de la manière de gouverner d’Emmanuel Macron. Sauf que nous sommes dans une démocratie, un État de droit et qu’il y a des règles à respecter. Lorsque cet avis critique des conditions d’examen du projet de loi, il y a déjà matière à contester devant le Conseil constitutionnel. La possibilité d’une invalidation est réelle. Mais ce n’est pas notre bataille d’aujourd’hui.

On peut surtout parler de régression civilisationnelle. La création de la Sécurité sociale et sa philosophie étaient un progrès civilisationnel considérable. Vouloir modifier ses fondements est un recul fondamental. La volonté du gouvernement à travers ce projet de loi est d’abîmer la solidarité entre les générations et la garantie des droits à la retraite. Il crée un système qui s’affranchit du principe selon lequel chacun participe selon ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins, en le remplaçant par un principe individuel selon lequel chaque euro cotisé donne les mêmes droits à la retraite. Il a les apparences de l’égalité, mais porte surtout la marque du libéralisme : son objectif est de ne pas accroître la part de richesses consacrées aux retraites et de faire travailler plus longtemps. Il n’y a aucun projet social dans ces deux lignes directrices, tandis que le taux de remplacement, le niveau des pensions sont totalement absents de cette réforme.

magali bragard

Entretien réalisé par Diego Chauvet
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11 février 2020 2 11 /02 /février /2020 06:48

 

 

 

Mieux vivre dans nos villes et nos villages

Vous voulez :

  • Des communes solidaires contre les politiques libérales ?
  • Des villes et des villages avec des services publics proches de nos besoins ?
  • Plus de démocratie dans votre commune ?

Nous aussi !

Le gouvernement plonge des millions d’entre nous dans la souffrance, la misère et la précarité.
Pour construire une alternative juste, solidaire et écologique : faisons de nos villes et de nos villages des lieux de reconquête populaire. Votons pour des élu·es de terrain, des élu·e·s de proximité !

LES PROPOSITIONS que nous portons POUR NOS COMMUNES

 

DES SERVICES PUBLICS DE PROXIMITÉ

  • Finançons des politiques variées et ouvertes au plus grand nombre, des crèches aux EHPAD en passant par les écoles et les équipements sportifs et culturels.
  • Exigeons de l’État les moyens financiers nécessaires au déploiement des services publics municipaux et au bien-être des agents.
  • Pratiquons des tarifs basés sur les quotients familiaux.
  • Mettons les entreprises à contribution et exigeons des prêts à taux zéro.

 

DES LOGEMENTS DE QUALITÉ POUR TOUTES ET TOUS :

  • Réclamons la hausse des APL et plus de financements pour les bailleurs sociaux !
  • Atteignons 25% de logement social dans nos communes, et 40% dans chaque projet d’aménagement.
  • Construisons des immeubles intergénérationnels et adaptés aux personnes porteuses de handicap.
  • Encadrons les loyers et interdisons les expulsions sans relogement.

 

LA DÉMOCRATIE : AU CŒUR DE MA COMMUNE

  • Associons les citoyen·ne·s à chaque décision : référendum, comités de suivi de projets (reconstruction, culture,...), réunions d’information, conseils de quartiers,...
  • La démocratie est un apprentissage : multiplions les Conseils d’enfants consultatifs et décisionnels !
  • Donnons le soutien financier nécessaire aux associations dans nos villes.

 

EMPLOI ET ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

  • Généralisons les clauses sociales d’insertion par l’emploi.
  • Développons une économie sociale et solidaire.
  • Accompagnons les demandeurs d’emplois : généralisons les bourses au permis et les rencontres de l’emploi.
  • Privilégions le petit commerce local à l’ouverture de grandes enseignes commerciales.

 

L’ÉCOLOGIE COMME PRIORITÉ

  • Rénovation thermique, géothermie, biomasse, végétalisation de l’espace public : faisons de la commune le territoire central du développement durable.
  • Accompagnons les productrices et producteurs, les consommatrices consommateurs vers une agriculture éco-responsable.
  • Déployons une politique de transports en commun de proximité et voies douces, adaptée aux espaces et à la mobilité de chacun.e.

 

L’ÉGALITÉ ET LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS

  • Sensibilisons dès le plus jeune âge à l’égalité, notamment femmes-hommes, par la mixité dans le jeu, l’enseignement, la vie associative, sportive et culturelle.
  • Partout, luttons contre les discriminations racistes, sexistes, LGBT+phobes.
  • Développons les formations des agents municipaux pour l’accueil des victimes de violence.

 

LA SANTÉ POUR TOUTES ET TOUS

  • Développons la prévention des risques sanitaires : buccodentaire, MST, cancer…
  • Créons des centres de santé municipaux ou intercommunaux pour combler les déserts médicaux !
  • Augmentons la part des produits bio et durables dans la restauration scolaire.


VOTONS POUR des élu·e·s de combat !

 

Ces propositions sont déjà expérimentées dans les communes où nous avons des élu·e·s.
Pour re-développer les entreprises et notre industrie locale, rouvrir nos bureaux de poste, nos écoles, gares, hôpitaux, caisses d’assurance maladie, privilégier le bien public : faisons de nos communes des lieux de résistance et de conquêtes !

Nous voulons montrer qu’une politique basée sur la démocratie, les services publics et la justice sociale est possible.

 

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11 février 2020 2 11 /02 /février /2020 06:45

 

Au 1er février, les français subiront à nouveau une hausse des tarifs EDF de l'ordre de +2,4 %. Avec celles de juin et août dernier, l'augmentation aura été de 10 % de plus en huit mois ! Voilà les conséquences de la libéralisation du marché de l’énergie.

 

 

Un mécanisme bien rodé mis en place suite à l’introduction de la concurrence dans l’électricité présentée comme devant faire baisser les prix.

Les concurrents d’EDF n’ont pas investi dans des nouveaux moyens de production d’électricité. Ils doivent donc l’acheter pour la revendre aux clients :

Soit en s’approvisionnant sur le marché européen de l’électricité où les prix sont tirés vers le bas en raison d’un fort développement des énergies renouvelables fortement subventionné et des prix bas des combustibles fossiles,

Soit en utilisant l’ARENH (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire et Hydraulique) dispositif issu de la loi scélérate NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité) votée en 2010 qui oblige EDF à mettre à disposition 25% de sa production à ses concurrents, au prix fixé de 42 €/MWh.


Depuis deux ans, la forte hausse des prix de la tonne du CO2 couplée à une augmentation du coût des combustibles fossiles a fait grimper les prix de marché. Ceux-ci sont désormais supérieurs à ceux du nucléaire produit par EDF. Les concurrents se tournent tous vers l’Arenh qui était jusqu’ici peu utilisée car plus chère que le marché. Aujourd’hui la demande des concurrents dépasse l’offre de 25 % de la production nucléaire d’EDF autorisée par la loi. Ce mécanisme ne suffit plus à les rendre compétitifs Aussi, ces concurrents ont demandé que ce quota de 25% soit porté à 50% voire 100%. En attendant, pour que ces pseudo-concurrents ne perdent pas de clients ou pire disparaissent, la seule alternative est d’augmenter les tarifs réglementés de vente pour continuer de pouvoir rivaliser avec eux et maintenir cette concurrence factice.
C’est tout l’enjeu de la régulation du nucléaire voulu par le gouvernement avec en contrepartie le démembrement d’EDF.


La conséquence est une hausse des factures qui explosent pour les ménages et l’augmentation du nombre de foyers français en précarité énergétique.


Le PCF exige :

  • De sortir l’énergie de l’impasse de la libéralisation
  • Une baisse immédiate de la facture soit faite en ramenant la TVA à 5.5 %
  • l’interdiction des coupures d’énergie (électricité et gaz) tout au long de l’année pour les ménages en situation de précarité énergétique.


C’est tout le sens du projet de loi déposé par le groupe communiste républicain citoyen et écologiste (CRCE) au Sénat et qui sera débattue en séance publique le 6 février prochain.

 

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9 février 2020 7 09 /02 /février /2020 19:57

Il y a deux jours Rouge Cerise révélait que dans son infinie bonté, la direction de la SNCF récompensait les non-grévistes en leur accordant des primes.

Après tout, c’est une longue tradition que de récompenser les traîtres par des espèces sonnantes et trébuchantes.  N’est-ce pas Judas ?

Rouge Cerise est heureuse d’offrir à ses lectrices et lecteurs ce texte de notre camarade Roger Martin.

Tu as pris leur pourboire mais ils te méprisent. 

En hommage aux grévistes en général et aux cheminots en particulier.

 

Oui, je sais, tu roules, mais pas sur l’or.

Avec ta femme , vous avez acheté une maison, vous y aviez bien droit, non ?

Il faut payer les traites. Vous avez signé un contrat qui vous garantit en cas d’accident, de longue maladie, et même de mort. Mais nulle part il n’y est question de grèves !

Et puis, y-a les mômes. C’est que ça mange un môme, c’est que ça a des besoins, des activités.

Y-a eu Noël et le Jour de l’An et il faut payer un tiers d’avance pour la location de 15 jours cet été.

Oh, tu vas pas à Saint-Paul de Vence, ni à Monaco, encore moins en croisière dans les îles sur une de ces usines flottantes qui polluent avec la bénédiction du Capital, mais même dans les Pyrénées ou au-dessus de Sisteron, avec deux ou trois sorties, le zoo et le complexe multi-bulles pour les enfants, faut quand même serrer un peu la ceinture.

T’as pas fait grève, ou juste un jour ou deux, parce que, honnêtement, tu le sais bien, chaque fois que vous avez obtenu quelque chose, c’est parce que vous vous étiez battus et que malgré tout l’enfumage du Medef et du gouvernement, toi, tu sais bien que la réforme de la retraite, c’est le contraire de la justice et de l’égalité.

Alors t’as repris le taf (quand tu l’avais arrêté) et puis t’a bouché tes oreilles chaque fois que les grévistes sont venus appeler à élargir le mouvement, et tu t’engouffrais dans ta cabine pour plus entendre les sifflets et les noms d’oiseau. T’as appris à serrer les dents. Pour les aigreurs d’estomac, y-avait toujours des pastilles.

Chaque jour tu t’es pris à espérer des trucs qui te rendaient malade. Le mouvement s’essoufflait, les irréductibles étaient réduits. Y-avait pas une chaîne de télé pour dire le contraire. Pas un journaliste (en tout cas sur les écrans) pour glisser quelques mots favorables aux grévistes. Le problème c’est que ça c’était surtout de l’intox matignonesque et de la démoralisation élyséenne. À la fin, tu fermais ta gueule et tes oreilles, tu filais comme un rat pour éviter tes camarades de travail. Sur les téloches, on le répétait assez qu’ils pouvaient être violents, irrespectueux de la démocratie, qu’ils attentaient à la liberté du travail. Mais toi, au fond, ce qui te tuait, c’est que tu savais parfaitement qu’ils avaient raison et que, s’ils t’en voulaient, c’est qu’avec toi, et les autres, on gagnait les doigts dans le nez.

Quarante jours, et plus, et ça n’arrêtait pas. Bien sûr, y-avait des pauses, on reprenait deux jours et on relançait ensuite. Et il y avait tous les autres, les électriciens et les gaziers, les profs, les danseurs de l’Opéra, les salariés de Radio France, des intermittents, des personnels de santé, même des flics et des pompiers. 

Tu te disais qu’il fallait tenir encore deux jours, trois maximum, qu’après les choses se tasseraient et qu’on oublierait ce mot que ton père prononçait presque en crachant : JAUNE. Mais tout ce que tu découvrais, c’est que la colère montait, c’est que, cette fois, ils étaient très nombreux à répéter que si on lâchait, ce serait foutu pour de bon et que, donc, on lâchait rien ! 

C’est là que tu as perdu le sommeil, que tu as compris ce qu’était ce fameux « burn-out » qu’on évoquait parfois dans des débats à 23h30 sur des chaînes câblées. Ségolène, qui parle français, aurait appelé ça la « cramitude ». Tu avais la sensation de te consumer de l’intérieur, de te recroqueviller.

Et puis, un soir, on t’a appelé, à ton domicile. Un roulant qui ne faisait jamais grève, pas un copain. Il avait parlé de toi. La direction estimait qu’on ne parlait que des agitateurs, des saboteurs et qu’il était de son devoir de mettre en valeur les comportements responsables et la conscience professionnelle. On allait attribuer des primes, plusieurs centaines d’euros. Ça se refuse pas, non ?

Tu ne sais même plus ce que tu as répondu et tu as mis deux jours à en parler à Mélanie.

Et encore, c’est elle qui a vu que ton état empirait. Elle voulait que tu te mettes en maladie. Après tout, d’autres l’avaient fait. Mais ça, c’était pas possible. Tu avais fait un choix et tu l’assumerais…

Trois cents euros. Ce matin-là, vous avez vu sur Internet que le virement était arrivé.

Vous étiez à table, Mélanie et toi, lorsque Marie est arrivée du collège. La moitié de ses profs étaient en grève. Avec des copines, elles avaient refusé d’aller en étude. « On est solidaires des profs ». Elle était debout à vous regarder. Les larmes te sont montées aux yeux sans crier gare. Mélanie te fixait. Tu n’osais plus regarder ta fille. D’ailleurs tu avais bien senti qu’à l’affection qu’elle avait pour toi se mêlait depuis peu de la tristesse. De la déception, peut-être. Mélanie s’est levée, elle a filé dans la chambre. Tu l’as entendue fouiller dans l’armoire, remuer la boîte en fer blanc qui avait contenu des palets bretons et où, semaine après semaine, elle rangeait l’argent des pourboires qui paieraient les sorties de l’été. Tu as compris avant qu’elle réapparaisse.

Pendant quelques secondes vous vous êtes regardés. Marie ne vous quittait pas des yeux. Puis ils se sont posés sur la main droite de sa mère. Mélanie t’a tendu les billets.

Tu les as pris et tu as éclaté en sanglots. Marie a écarté ses bras et les a refermés sur vous.

Elles t’ont regardé sortir et lorsque tu as tourné le coin, tu les as vues serrées l’une contre l’autre te faire signe et une onde de fierté et de tendresse t’a parcouru. Tu n’avais pas de poste dans ta vieille C1 et pourtant la voix de Ferrat a envahi l’habitacle : « La Femme est l’avenir de l’homme ».

Quand tu es arrivé à la gare d’Avignon, quelques palettes finissaient de se consumer. Une quarantaine de personnes se réchauffaient autour du feu. Le mistral faisait claquer les drapeaux de la CGT et de SUD.

Les militants communistes de la section Oswald Calvetti, mobilisés depuis le premier jour, servaient du café et du vin chaud. Tu as traversé le cercle, soudain silencieux. Il y avait là deux ou trois cheminots qui n’avaient pas été tendres avec toi, mais chacun semblait avoir conscience que quelque chose se passait. Tu t’es arrêté devant la boîte qui servait à recueillir les dons de la solidarité et tu as tiré les billets de ton blouson avant de les glisser par la fente. Tu as murmuré, plus pour toi que pour les autres sans doute :  Le salaire de la honte…

Quelqu’un, tu ne sais plus qui tant tu étais bouleversé, a dit : « Ils se contentent pas de nous écraser, ils veulent nous humilier ».  

Et puis, on t’a pris par l’épaule, on t’a fait avancer et tu as entendu Michel, un de ceux qui avaient été les plus virulents, qui criait: « Un verre de vin chaud pour notre camarade ! ».

 

ROGER MARTIN

 

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6 février 2020 4 06 /02 /février /2020 12:45

Fabien Roussel a été excellent, comme d'habitude, sur RFI ce 5 février, interviewé par Fréderic Rivière.

" Il y a une majorité de députés de la majorité en France qui votent comme des playmobils, le bras levé"

"Ils font des cadeaux aux plus riches et de l'autre côté ils sont obligés de taper dans notre porte-monnaie"

"Nous sommes à 10 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté et nous sommes la sixième puissance économique"

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6 février 2020 4 06 /02 /février /2020 09:14
La phrase du jour: Sébastien Jumel, député communiste de Seine-Maritime
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6 février 2020 4 06 /02 /février /2020 06:18

 

En dépit des dénégations du gouvernement, le projet de réforme des retraites a bien pour objet de favoriser la capitalisation. Officiellement, c’est pour la bonne cause : assurer le financement de l’économie française. Dans les faits, il s’agit de transférer tous les risques sur les épargnants. Ce qui ne peut que créer un choc de défiance.

C’est le dernier article du projet de loi sur la réforme des retraites. Mais pour beaucoup, en tout cas pour les banquiers et les assureurs, c’est l’article essentiel : la voie royale de la retraite par capitalisation est ouverte !

Bien que le gouvernement se défende de vouloir toucher au régime de retraite par répartition, il met tout en œuvre pour installer la capitalisation. D’abord sur un mode volontaire – en attendant que la capitalisation devienne ensuite obligatoire. Dans le projet de loi touffu de la réforme, l’article 64 vient compléter à point le travail de sape engagé par la loi Pacte (lire notre article) : « Les organismes de retraite professionnelle supplémentaire constituent, dans ce cadre complété, des véhicules spécifiquement conçus et adaptés pour porter des engagements de retraite et pour financer l’économie sur le long terme, en dégageant une performance attractive pour les épargnants. »

Mais naturellement c’est pour la bonne cause : « Le secteur de l’assurance est appelé à se mobiliser, afin que le recours à ces véhicules se généralise et que l’économie française puisse ainsi bénéficier pleinement du dynamisme de l’épargne retraite généré par la loi PACTE. »

Assurer le financement de l’économie, c’est l’argument massue qu’avait avancé le gouvernement lors de la suppression de l’impôt sur la fortune. Toutes ces sommes inutilement captées par l’État allaient se recycler vertueusement dans l’économie, assurait alors le ministre des finances. Trois ans après la suppression de l’ISF, la démonstration se fait encore attendre. « Sans surprise, l’étude de l’institut des politiques publiques identifie d’ores et déjà une baisse significative des fonds propres des entreprises concernées, causée par la reprise de la distribution des dividendes au profit des actionnaires », note le rapport du Sénat sur l’évaluation de la suppression de l’ISF. Dans le même temps, les fonds investis dans les PME et qui ont donné le droit à déduction sur l’ISF (581 millions d’euros en 2017) se sont volatilisés, selon ce même rapport.

Le ministre des finances Bruno Le Maire recycle aujourd’hui le même argument du financement de l’économie. À une différence près cependant : alors que le gouvernement avait opté pour le laisser-faire à l’égard des plus fortunés au moment de la suppression de l’ISF, il choisit aujourd’hui la répression financière afin de contraindre par tous les moyens les Français à se tourner vers les produits d’épargne proposés par les banques et les assurances.

La baisse du taux du livret A, porté à 0,5 %, soit son plus bas historique, s’inscrit dans ce cadre. Il s’agit de disqualifier l’épargne réglementée, honnie par les milieux financiers mais privilégiée par les Français, « afin de les inciter à diversifier leurs placements et choisir une épargne longue pour assurer le développement de l’économie », reconnaît Bruno Le Maire. De même, la réforme des retraites doit servir à réorienter l’épargne et assurer le financement de l’économie à long terme.

 

Mais pourquoi une telle insistance ? La France ne manque pas d’argent. Il n’y en a même jamais eu autant. Avec un taux d’épargne de plus de 15 %, les ménages français figurent même parmi les Européens les plus économes. Sauf à être cachée entre deux piles de draps, toute cette épargne sert tous les jours à faire fonctionner et financer l’économie. Mais elle serait trop mal orientée, selon le monde financier.

« La vulgate financière, en France notamment, reflète un large éventail de convictions communes parmi les praticiens ou les professionnels de la finance et les politiques libéraux […]. Un de ses leitmotiv est de déplorer le manque d’épargne financière et risquée des ménages, épargne qui serait absolument requise pour financer les investissements productifs considérables et nécessaires à la croissance », écrivent Luc Arrondel et André Masson, tous les deux économistes, directeurs de recherche au CNRS et membres du Paris School of Economics, dans un article décapant publié dans Capitalisme : le temps des ruptures (Odile Jacob), un livre écrit à plusieurs mains dirigé par l’économiste Michel Aglietta.

« Pour la vulgate, poursuivent les deux économistes, “la faute” en incomberait d’abord aux ménages eux-mêmes, trop frileux et peu éduqués financièrement, mais aussi à l’État du fait d’une fiscalité inadaptée et de réglementations tatillonnes et accessoirement aux nouvelles normes ou réglementations internationales, comptables ou prudentielles, adoptées depuis la crise. »

Souscrivant sans le moindre recul à cette analyse, le gouvernement entend lever tous ces obstacles pour « libérer les énergies », et réformer dans les moindres recoins. Afin de mettre la totalité de l’épargne française à la disposition de la finance. Mais tant d’efforts sont-ils justifiés ? Les changements peuvent-ils produire les effets escomptés par le gouvernement ? Retour sur la capitalisation et les fictions du financement de l’économie.

L’épargne des Français est-elle si mal orientée que cela ?

Les Français épargnent, épargnent beaucoup même. Chaque année, ils réservent en moyenne 15 % de leurs revenus disponibles. Seule l’Allemagne fait plus : le taux d’épargne s’y élève à plus de 17 %. Mais l’Italie, l’Espagne épargnent beaucoup moins (10 %), la Grande-Bretagne encore moins (6 %), sans parler des États-Unis où le taux d’épargne est à peine au-dessus de 2 %.

 

Selon la comptabilité nationale, la valeur totale des patrimoines des Français s’élevait à 13 125 milliards d’euros en 2017, soit 5,7 fois le PIB français. Depuis le début des années 2000, cette valeur a plus que doublé. Une fois l’endettement des ménages déduit (1 631 milliards d’euros), le patrimoine total s’élevait à 11 494 milliards d’euros. Cette accumulation de capital cependant est très inégalitaire : 50 % du total des patrimoines est détenu par les 10 % les plus riches en France.

Les Français gèrent-ils très mal toute cette épargne ? Non, répondent Luc Arrondel et André Masson dans leur article. Reprenant les chiffres de la comptabilité nationale, les statistiques européennes, la conclusion des deux économistes est sans appel. Les Français ne sont ni plus incultes en matière d’économie, ni plus timorés que les autres épargnants. Ils sont dans la moyenne.

La priorité des Français, c’est le logement. Les actifs immobiliers représentent 60 % du patrimoine total des ménages. Cette importance de l’immobilier explique en partie la très forte augmentation des patrimoines ces dernières années : les prix de l’immobilier, surtout dans les grandes villes, ont explosé.

Mais le comportement des Français ne diffère pas de celui des Européens. En Italie, en Espagne, en Belgique, les ménages consacrent une grande partie de leur épargne, voire beaucoup plus que les Français pour se constituer un patrimoine immobilier.

Il existe une exception européenne : l’Allemagne. Pour des raisons historiques, qui ont amené à la constitution de parcs locatifs très importants détenus par les villes ou des institutions mutualistes, les ménages allemands ont moins éprouvé le besoin d’accéder à la propriété et d’acquérir leur logement que dans le reste de l’Europe. La part de l’immobilier représente à peine 40 % de leur patrimoine. Cette situation cependant est en train d’évoluer très vite. La hausse des prix de l’immobilier et des loyers dans les grandes villes, en particulier à Berlin, pousse de plus en plus de ménages à acheter leur logement.

Les 40 % restants de l’épargne française sont consacrés à un patrimoine financier. Mais là encore, les comportements d’épargne présentent de nombreuses similitudes d’un pays européen à l’autre. L’épargne liquide ou quasi liquide prédomine partout. Elle est même beaucoup plus élevée en Italie et en Allemagne (48 %) qu’en France (36,4 %).

Les banques et les assurances françaises la considèrent pourtant comme trop élevée. Et surtout stérile. Le livret A, support premier de cette épargne court terme disponible à tout moment, empêcherait les investissements à long terme. Ce qui est totalement faux. Les avoirs du livret A permettent de financer des projets de logements sociaux qui représentent souvent des engagements sur 50 ou 60 ans. Combien de placements dit de long terme, gérés par les banques et les assurances, prennent des engagements sur de si longues périodes ? Pratiquement aucun.

Pour le reste, l’épargne financière européenne est surtout constituée par des placements reposant sur des produits de dettes, obligataires essentiellement. La grande différence entre les pays européens est liée à des placements qui ont été orientés par des décisions fiscales et réglementaires. L’Italie a ainsi privilégié la détention directe des obligations d’État ou des grandes institutions par les épargnants : 20,5 % de l’épargne italienne est placée en obligations contre 3,4 % en Allemagne et à peine 1 % en France.

En France, la détention de titres obligataires est indirecte. Parce que les gouvernements français successifs ont décidé depuis plusieurs décennies d’orienter par des incitations fiscales l’épargne vers l’assurance-vie, celle-ci a une place prépondérante dans la composition des patrimoines des Français. Elle représente 39,4 % du patrimoine financier des ménages contre 24,4 % en Allemagne et à peine 7,2 % en Italie.

Les fonds récoltés par l’assurance-vie en France représentent quelque 1 500 milliards d’euros. Des sommes qui normalement sont censées irriguer toute l’économie, la gestion en étant confiée à des gestionnaires professionnels (banques ou assurances). Par bien des aspects, ces produits s’apparentent aux fameux fonds de pension que ceux-ci veulent développer. Mais, pour les financiers, ces produits ont des tares irrémédiables : ils sont trop réglementés et doivent offrir des garanties de maintien du capital. Cela empêcherait des investissements à risque, selon eux. Et cela augmente aussi leurs obligations prudentielles et leur ratio de solvabilité, tout en leur imposant d’immobiliser plus de capitaux, surtout.

Un premier verrou a été discrètement levé juste avant Noël. Par arrêté, le gouvernement a autorisé les assureurs-vie à comptabiliser la provision pour participation aux bénéfices dans les fonds propres des compagnies. En d’autres termes, la partie des gains qui revient chaque année aux assurés et leur appartient peut être annexée pendant huit ans dans les fonds propres des assureurs, si ceux-ci ont des difficultés à respecter leur ratio de solvabilité. C’est un premier pas. Mais pour le monde financier, ce sont tous les verrous qui doivent sauter, afin de faciliter la prise de risque.  

L’ennui, pour eux, est que les épargnants français n’aiment pas assez le risque. Mais en cela, ils sont comme tous les autres ménages européens. La part des actifs financiers risqués (actions, fonds communs de placements, parts de fonds, etc.) représente à peine 15 % du patrimoine des ménages européens. Cette part varie sensiblement selon la fortune des ménages : plus ceux-ci sont aisés, plus ils investissent dans des placements risqués.

De même comme tous les Européens, les Français investissent peu en bourse (moins de 10 % de leurs actifs). Comme les Belges, les Allemands ou les Néerlandais, ils ont abandonné les marchés boursiers après la crise de 2008 pour y revenir après 2014, sur la pointe des pieds.

 

Le rêve des PME allemandes

Pas un discours sur l’industrie en France ne se tient sans qu’il n’y ait une référence aux PME allemandes. Le 21 janvier, Emmanuel Macron n’a pas échappé à la règle. Recevant quelque 500 dirigeants d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) à l’Élysée, après avoir accueilli la veille 500 PDG de multinationales à Versailles, il s’est lancé dans un vibrant hommage du modèle allemand. « Quand on se compare, on observe que c’est en effet une potentielle faiblesse française de ne pas suffisamment mettre l’accent sur ces ETI », a souligné le chef de l’État.

Pour le gouvernement, le « Mittelstand », ce réseau de moyennes entreprises industrielles allemandes, souvent familiales, parfaitement intégrées dans l’appareil productif, c’est le Saint-Graal industriel. Le modèle qu’il faut absolument reproduire. Si la France n’y parvient pas, selon lui, c’est que les entreprises ne disposent pas de suffisamment de fonds propres pour se développer, que l’argent leur manque. D’où la nécessité de réorienter l’épargne française pour les aider.

L’ennui est que ce cercle censé être vertueux n’existe que sur le papier. Le capitalisme actuel fonctionne sur la dette. C’est encore plus vrai en Europe où le financement des entreprises repose sur le crédit bancaire et non sur le marché des capitaux, comme aux États-Unis. Cette réalité est si bien admise que la Banque centrale européenne n’a cessé d’invoquer les besoins de financement de l’économie réelle pour justifier toutes ses mesures monétaires exceptionnelles (LTRO, QE, TLTRO, etc.) pour soutenir les banques et le secteur financier. En négligeant au passage le problème de transmission monétaire : l’essentiel des moyens engagés par les banques centrales a été capté uniquement par le monde financier.

C’est un des problèmes auxquels se heurtent les PME françaises. Face à des équipes bancaires interchangeables, ignorant tout des secteurs industriels, travaillant selon des procédures d’engagements normées, les dirigeants d’entreprise ont de plus en plus de difficulté à trouver des interlocuteurs acceptant de les accompagner, d’avoir accès au crédit.

Une des clés de la réussite allemande repose sur le fait qu’elles ont pu s’appuyer sur des réseaux bancaires locaux ou régionaux, connaissant parfaitement leurs clients industriels, acceptant de les accompagner mais aussi les contrôlant. (Tout est loin cependant d’être parfait. En 2008, l’État allemand a dû massivement intervenir pour renflouer ces caisses d’épargne en pleine déroute.)

La France a fait tout l’inverse. Avec un acharnement qui mérite d’être souligné, elle a détruit à partir du milieu des années 1980 tous les outils financiers sur lesquels pouvaient compter les dirigeants d’entreprise. Le Crédit national, institution bancaire publique qui était un des moyens de soutien aux PME, a été liquidé, privant au passage l’appareil d’État d’un outil très fin de connaissances des réalités industrielles sur le territoire. Les sociétés de financement régionales ont été privatisées pour le plus grand bénéfice de quelques amis. Tous les produits financiers (crédits à taux bonifiés, aides sélectives, financement de filière) ont été supprimés. Il ne reste que des dispositifs indifférenciés (CICE, CIR, etc.), arrosant grands et petits sans distinction et sans contrepartie.

 

La deuxième clé du succès des PME allemandes est encore plus compliquée à réaliser. Leur réussite tient beaucoup à une intégration, menée de très longue date, de chaînes de valeur industrielle, où la coopération, même si elle est parfois très rugueuse, entre grands groupes et sous-traitants existe, où il y a partage des connaissances, des innovations, des techniques, des marchés, de la valeur.

En défendant au-delà du raisonnable le modèle des « champions nationaux », les gouvernements successifs ont choisi la voie exactement inverse. Ils ont applaudi à tous les rachats des PME qui faisaient de l’ombre aux grands groupes. Ils ont encouragé l’assèchement du tissu industriel et des innovations. Tout devait être mis à la disposition de nos « champions ».

Les rapports entre les grands groupes et les PME françaises relèvent désormais de la subordination plus que de la coopération ou de l’intégration dans une chaîne de valeur. Les petites entreprises vivent sous la menace constante du laminage des prix et des marges, des délocalisations, et de l’abandon des commandes. Ce sont les PME qui doivent assumer les risques, les frais de développement, la compression des coûts, les retards de paiement en lieu et place des grandes entreprises. Les surprofits (88 milliards d’euros en 2018) que dégagent aujourd’hui les groupes du CAC 40 disent aussi cela : ils ne sont pas seulement le reflet de leur performance, mais aussi d’un accaparement de la valeur non seulement au détriment des salariés, mais aussi de leurs sous-traitants.

Ce n’est pas une nouvelle orientation de l’épargne qui pourrait corriger les tares de ces organisations du système productif auxquelles le gouvernement n’apporte aucun remède. D’ailleurs, de l’argent il y a en déjà. Au cours du seul premier semestre 2019, huit milliards d’euros ont été à nouveau levés auprès d’investisseurs institutionnels pour alimenter les fonds de capital risque, selon l’association France Invest qui regroupe les principaux intervenants de capital-risque.

Mais cet argent est essentiellement investi dans les sociétés existantes, qui se voient imposer des taux de retour sur capitaux toujours plus élevés. Pour ces fonds comme pour le private equity (fonds d’investissements privés), l’entreprise n’est qu’un bien comme un autre, à acheter, à vendre, à endetter, à dépecer. La multiplicité des exemples de ces PME totalement essorées illustre ces pratiques de prédation (lire ici, là ou là encore). Apporter une épargne supplémentaire à ces fonds sans rien changer à leurs méthodes et leurs critères de rendement ne servira qu’à alimenter un secteur qui, de l’aveu même des connaisseurs de ce milieu, connaît une véritable bulle.

 

Pourquoi la bourse ne finance plus l’économie 

C’est un autre sujet régulièrement apporté par le monde de la finance : les marchés boursiers sont, selon eux, le meilleur moyen de financer l’économie réelle, de permettre aux entreprises de renforcer leurs fonds propres et de se développer. Pourtant, les marchés boursiers n’ont toujours financé que très partiellement l’économie et les entreprises. Et depuis plus d’une décennie, ils n’assurent pratiquement plus cette fonction.

Le vrai financement des entreprises en bourse intervient lors des introductions en bourse, des augmentations de capital, lorsque les entreprises lèvent des fonds pour renforcer leurs bilans ou pour financer des projets. C’est ce que les économistes appellent le marché primaire. Mais ce marché primaire a quasiment disparu au cours des quinze dernières années, de l’aveu même de l’Autorité des marchés financiers (AMF). « Partout les introductions en bourse ont été décevantes, voire en net repli. Si à Paris elles sont plus nombreuses qu’en 2017 (34 contre 28), elles concernent des valeurs de plus petite taille et ont collecté moins de capitaux nouveaux (1,1 milliard d’euros contre 2 en 2017). De même, les émissions de titres de capitaux sont en recul, avec seulement 2 milliards levés (au lieu de 14 milliards en 2017) », indique l’autorité boursière dans son rapport de 2018, le dernier disponible.

Tout laisse penser que les chiffres seront à peu près les mêmes en 2019, en France comme à l’étranger. Car la bourse n’est plus maintenant qu’un marché secondaire, un marché d’occasion, où s’échangent et se négocient les actions existantes, sans relation avec les entreprises : celles-ci ignorent souvent l’identité de leurs actionnaires.

Et pour cause : la durée moyenne de détention des actions n’a cessé de s’effondrer. Aux États-Unis, elle serait autour de 20 secondes, selon des chiffres avancées par un universitaire américain, Michael Hudson, en janvier 2011. En France, les dernières évaluations remontent à 1999. Elles ont été faites par la Banque de France. À l’époque, les ménages détenaient leurs actions pendant 2 ans et 10 mois, les sociétés pendant 9 ans et 10 mois, et les fonds d’investissement, pendant 1 an et 1 mois. Pour les clients non résidents en France, la moyenne tombait à 4 mois. Tout porte à croire que ces durées ont été considérablement raccourcies. Alors que la finance s’est convertie au trading à haute fréquence, aux interventions à la nanoseconde, la durée moyenne doit tourner autour de quelques secondes. Ce qui donne une illustration de la vision long terme des investissements.

Loin d’assurer un financement des entreprises, les marchés boursiers sont devenus au contraire une arme de captation et de destruction du capital et des profits. Ils exigent des rendements, toujours plus de rendements. Le taux de distribution des profits atteint des records. Et les entreprises françaises du CAC 40 figurent parmi les premières de la classe : en 2019, elles ont distribué 49,2 milliards d’euros de dividendes, soit 58 % de leurs bénéfices, selon la Lettre Vernimmen de janvier.

Mais cela ne s’arrête pas là. Le capitalisme financier est devenu cannibale, exigeant la destruction du capital par le biais des rachats d’action. Instituée au cours des années 1990, cette pratique s’est généralisée et fait des ravages. En 2019, les groupes du CAC 40 ont dépensé 11 milliards d’euros pour racheter leurs actions. Aux États-Unis, selon les dernières estimations, les rachats d’action ont atteint la somme gigantesque de 850 milliards d’euros.

De l’argent pour soutenir des actions, souvent en pure perte. Entre 2008 et 2018, le groupe américain GE a dépensé 67,1 milliards de dollars en rachats d’actions qui sont venus s’ajouter à 105,2 milliards de dollars de dividendes. Résultat ? L’action GE a été divisée par deux en dix ans, elle a même perdu 75 % de sa valeur fin 2018 par rapport à 2016. Et le groupe licencie à tour de bras, incapable de financer les bouleversements dans ses activités.

En quoi orienter l’épargne française vers des placements dans une économie de casino permettrait-il de mieux financer l’économie réelle ? Mystère.

Le transfert du risque sur les épargnants

Dans une note récente, Patrick Artus, directeur des études chez Natixis, s’est interrogé sur la situation des salariés français s’ils avaient eu un régime de retraite par capitalisation depuis 1980. Sa conclusion était sans appel : la capitalisation permettait de bénéficier d’une retraite bien plus élevée que la répartition. Selon ses calculs, un euro cotisé en 1982 rapporterait 1,93 euro en 2019 dans notre système par répartition mais 21,90 euros dans un système par capitalisation « Le coût d’avoir eu, depuis 40 ans, seulement de la retraite par répartition est donc considérable », concluait-il de façon définitive.

Cette note a déclenché une volée de critiques de la part de nombreux économistes, dénonçant la fantaisie de ces calculs. « Si on reprend ceux de Patrick Artus, on arrive à ce résultat manifestement absurde selon lequel les retraites représenteraient aujourd’hui 156 % du PIB au lieu de 13,8 % », a répliqué l’économiste Michel Husson, membre d’Attac sur son blog. Ironisant sur la pensée magique qui a fait de nombreux émules dans l’histoire économique, il rappelait quelques principes de base, notamment que les rendements du capital ne peuvent être élevés qu’à la condition que les détenteurs soient peu nombreux. « L’extension de leurs privilèges à d’autres couches sociales impliquerait leur “évaporation”. » Avant de conclure : « La valorisation fictive d’actifs financiers, déconnectée de l’économie réelle, ne peut que s’effondrer. »

Il n’y a pas que lui à lancer cet avertissement. De plus en plus d’analystes de banque, dont JPMorgan, Deutsche Bank, CIT, de grands gestionnaires dénoncent la dangerosité du système financier. Un système qui, bien que censé être en régime normal, ne sait plus vivre sans l’assistance permanente des grandes banques centrales. Quelque 11 000 milliards de dollars ont été déversés dans la planète financière depuis 2008. Le monde financier croule désormais sous des liquidités mal investies, qui provoquent des bulles d’actifs partout, des montagnes de dettes, et un dérèglement généralisé d’une finance qui n’a plus aucun lien avec l’économie réelle. Immanquablement, ces bulles finiront par exploser, prédisent les uns et les autres.

Déjà de nombreux fonds de pension, implantés depuis fort longtemps, rencontrent les plus grandes difficultés à se maintenir à flot. Alors quel est l’intérêt d’inciter des épargnants à aller vers la capitalisation alors que tout est à des niveaux stratosphériques et ne peut que descendre à un moment ou un autre ? La crise de 2008 a donné un aperçu des conséquences d’un effondrement des marchés pour les fonds de pension. D’un seul coup, des retraités américains, en première ligne dans la débâcle, ont vu leur retraite fondre de 30 %, 40 %, parfois 70 %. Certains d’entre eux totalement ruinés ont dû, à 70-75 ans, reprendre des petits boulots – livreurs, laveurs de voiture, coursiers – pour avoir un minimum de revenus.

Les banquiers et les assureurs, dans leur publicité, se gardent bien de mettre en garde les épargnants de ces risques éventuels. Pourtant, ils sont inévitables et même directement recherchés par les financiers. « Tous les fonds de pension appliquent aujourd’hui le principe de la cotisation définie pour éviter toute responsabilité en cas de mauvais rendement des systèmes privés d’épargne retraite », insiste Francesco Saraceno, directeur adjoint du département des études à l’OFCE, Sciences Po – USPC dans une étude sur les limites du projet de réforme français.

Mais c’est bien cela le vrai but poursuivi par les banquiers et les assureurs dans leur campagne pour la capitalisation : supprimer les garanties de capital telles qu’elles existent dans l’assurance-vie ou les produits réglementés et faire supporter tout le risque à l’épargnant. Un risque pouvant aller jusqu’à la disparition totale du capital engagé.

Un choc de défiance

Ce n’est pas le moindre des paradoxes du capitalisme actuel. Tout en revendiquant la prise de risques, à des rendements du capital exorbitants et des rémunérations hors norme, le monde financier et les grands groupes ne cessent de réclamer des garanties, des protections, des sécurités. Ils ont installé un capitalisme de rente protégé, normé, contractualisé, qui leur permet de poursuivre les États, mais interdit l’inverse.

Car dans le même temps, ils ne cessent de demander la suppression de toutes les garanties et des protections pour les salariés. Droit du travail, assurance-chômage, protection sociale et de santé, retraites… tout ce qui assure un minimum de protection au monde du travail, une mutualisation des risques par la collectivité leur paraît relever de privilèges exorbitants.

Ce programme de mise à bas des droits et des protections, d’insécurité sociale, créant précarité et incertitudes chez tous, est appliqué à la lettre depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron. Les Français voient se défaire sous leurs yeux leur statut, leurs protections, leur sécurité, leurs droits, leurs aides, leurs services publics. Comment prétendre dans le même temps créer un choc de confiance pour inciter les épargnants à prendre plus de risque ? Le gouvernement pourrait bien obtenir l’effet exactement inverse : il est en train de créer un choc de défiance.

L’enchaînement des réformes, l’effacement de tous leurs repères et cadres, créent un climat d’instabilité et d’insécurité généralisé, qui interdit de se projeter dans le futur, de rêver l’avenir. Ce qui ne peut que provoquer des réflexes de prudence, voire de paralysie, comme le rappelle Francesco Saraceno : « Comme on l’apprend en première année de microéconomie, les assurances améliorent l’efficacité en permettant la mutualisation du risque. Si on laisse le risque peser sur les épaules des travailleurs, l’efficacité de l’assurance collective est entravée. »

Parce que demain, plus rien ne sera assuré, que la précarité sera devenue la norme, qu’il faudra peut-être avoir rapidement de l’argent pour faire face aux aléas de la vie, y compris désormais pour la santé, les Français vont devoir épargner et plus sans doute qu’aujourd’hui. Mais geler de l’argent pendant des décennies, sans même avoir l’assurance de retrouver ses économies n’est pas une option dans un tel environnement. Ils choisiront des placements sûrs, immédiatement mobilisables pour pouvoir répondre aux accidents de la vie.

Pour le reste, ils risquent de privilégier encore plus qu’aujourd’hui l’immobilier, même si cela leur demande un effort financier encore plus important et long qu’aujourd’hui. Parce qu’avoir une maison, c’est la seule, la dernière protection qui leur est offerte face à un gouvernement qui a choisi de leur retirer protection et assurance collective et de les exposer à tous les vents, à tous les risques.  

 

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5 février 2020 3 05 /02 /février /2020 18:25
"Le droit à la retraite est un marqueur de civilisation. C'est un droit que l'on crée par le travail, un droit que l'on partage, un droit essentiel. Après plusieurs semaines de conflit, c'est au peuple de décider ! Un référendum sur le projet de réforme des retraites doit être organisé."  Fabien Roussel
Le gouvernement a perdu la bataille de l'opinion et choisit le passage en force. Ne laissons pas bafouer notre démocratie pour casser nos retraites. Interpellons les parlementaires de notre département pour qu'ils soutiennent le référendum
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Macron a peur du débat avec le peuple
(Fabien Roussel)
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