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31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 12:44

 

 

 

Leur seul objectif était de réduire les dépenses des hôpitaux. Leur mot d’ordre permanent était « Efficience ». Ils sont allés chercher du côté de l’industrie les outils qui leur permettraient de gérer l’hôpital comme une entreprise.

 

Et ils ont trouvé le lean-management.

 

Pour réduire les coûts de fonctionnement ils ont imposé le Zéro stock. A l’arrivée du coronavirus les soignants manquaient de surblouses, de masques, de solutions hydroalcooliques, de tests, de respirateurs…. et les hôpitaux manquaient de lits et de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants, de brancardiers….

 

Pour réduire les coûts de fonctionnement ils ont imposé les achats à l’étranger, obligeant les entreprises françaises à interrompre leurs productions et à licencier leurs personnels. A l’arrivée du coronavirus l’Etat lui- même s’est trouvé dans l’impossibilité d’apporter une réponse rapide à ces manques parce que dépendant des industriels étrangers et de la concurrence des autres états.

 

Pour réduire les coûts de fonctionnement ils ont réduit les crédits alloués aux hôpitaux, imposant des taux d’occupation des lits de 100 % et des taux d’emploi des personnels de même niveau. A l’arrivée du coronavirus le système hospitalier, déjà placé en flux tendus ne disposait d’aucune réserve capacitaire et a dû procéder en urgence à des transformations de lits, à des transferts de patients et à l’abandon de certains d’entre eux sur le bord du chemin.

 

Vous l’avez compris. Leur politique sanitaire était seulement « économique .

 

A force d’économies et à l’arrivée du coronavirus elle génère aujourd’hui des dépenses colossales.

 

Et dans la théorie industrielle des 5 Zéros qui les a inspirés – vous savez : Zéro défaut, Zéro délai, Zéro papier, Zéro panne, Zéro stock – ils ont oublié le plus important, celui qui permet d’éviter les erreurs parce qu’il conduit à tenir compte de tous les interlocuteurs : le Zéro mépris.

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31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 08:03
Lutte contre le coronavirus - L'Humanité des débats - Gérard Miller, Elsa Faucillon, Stephane Peu - état de droit contre état de guerre
Dimanche, 29 Mars, 2020
Lutte contre le coronavirus. Macron a-t-il raison de parler de guerre ?

Par Gérard Miller, psychanalyste et éditorialiste et Par Elsa Faucillon, députée PCF des Hauts-de-Seine, et Stéphane Peu, député PCF de Seine-Saint-Denis

 

UN INUTILE COUP DE MENTON

Par Gérard Miller, psychanalyste et éditorialiste

Tout en respectant scrupuleusement les consignes qui sont données à tout un chacun pour ralentir la progression du Covid-19, je fais néanmoins partie de ceux qui contestent le désir d’Emmanuel Macron de nous voir tous « partir en guerre » contre ce terrifiant virus. Suis-je à la fois discipliné et insoumis ? Disons plus prosaïquement que je me suis toujours méfié de l’usage que nos gouvernants font du mot « guerre ». Quand cela les arrange et alors même que le conflit est tout ce qu’il y a de plus armé, ils sont par exemple capables de nier l’évidence pendant des années et de parler « d’événements » – on a connu ça en Algérie quand il fallait minimiser le mouvement de libération nationale. Tout au contraire, quand ils ont besoin qu’aucune tête ne dépasse et surtout qu’aucune bouche ne s’ouvre, ils n’hésitent pas à sortir illico les drapeaux et les clairons, et imposent au pays de marcher au pas comme s’il n’y avait dès lors qu’une seule direction à suivre.

Pour disqualifier définitivement l’argumentation d’un adversaire, on sait qu’il convient d’atteindre le point Godwin : trouver un lien supposé avec le nazisme pour clouer le bec dudit adversaire sans appel. Eh bien, quand j’ai entendu le président de la République lever le menton et marteler à plusieurs reprises que nous étions en guerre, j’y ai vu un stratagème équivalent. Brandir tel un étendard le signifiant « guerre » au moment précis où les questions se bousculent et où il est difficile de croire que nos gouvernants n’ont aucune responsabilité dans la catastrophe en cours m’est apparu comme un coup de poker politique, comme une entreprise hasardeuse basée en partie sur le bluff. Insister sur la gravité extrême de la situation, impliquer chaque citoyen, faire appel à toutes les énergies, imposer des mesures draconiennes, très bien. Mais pourquoi miser sur les affects mortifères qu’une guerre suscite en nous plutôt que sur ceux, pas moins stimulants, que nous sommes capables de mobiliser, en temps de paix, dans les moments les plus graves ?

Parler de guerre m’apparaît donc comme un véritable coup de poing discursif, ce qu’on pourrait appeler une objection dirimante, c’est-à-dire une objection dont la force contraignante a pour objectif de ne nous laisser aucune possibilité de recours. Or, dans une démocratie, même quand le pire est là, les citoyens contribuent à l’intérêt général en étant solidaires et éventuellement disciplinés, mais également critiques.

ON A BESOIN D'UN « ÉTAT DE DROIT » PAS D'UN « ÉTAT DE GUERRE »

Par Elsa Faucillon, députée PCF des Hauts-de-Seine, et Stéphane Peu, député PCF de Seine-Saint-Denis

À quelques jours d’intervalle, les 12 et 16 et 27 mars, le chef de l’État s’est adressé à la nation dans des registres bien différents. Le jeudi 12 mars, il s’est livré à un éloge, inédit chez lui, de l’État social, des services publics et des mécanismes collectifs de protection sociale. Le pays entier fut d’ailleurs surpris de ce changement de pied, et de voir pour l’occasion la quincaillerie libérale de l’État macronien jetée par-dessus bord : l’État au service du marché, de la concurrence, le dogme de la compétition…

C’est d’abord le signe de la grande confusion qui règne au sommet de l’État à cet instant précis, et qui continue de se manifester dans les injonctions paradoxales du gouvernement : «  Restez chez vous » et, en même temps, «Allez travailler ». Manifestement, les repères du président de la République sont inefficaces pour analyser et répondre à la grave crise sanitaire que nous traversons. Le roi est nu, il en a conscience, c’est pourquoi il cherche de tous côtés de quoi habiller son inconséquence.

Le 12 mars, il est allé provisoirement chercher des accents de sincérité du côté des principes fondateurs de notre République : la solidarité, l’entraide, le bien commun. Dans cette intervention, Emmanuel Macron fut en quelque sorte obligé de « donner le point » à des valeurs dont il devient chaque jour plus évident qu’elles tracent le chemin pour endiguer l’épidémie. Elles devraient à nos yeux remplir l’imaginaire de la suite, pour relever des défis d’ampleur : celui du réchauffement climatique ou encore d’une économie sobre et juste.

Cette concession de langage fut de courte durée. Le 16 mars, avec un discours martial, il déclarait abusivement « l’état de guerre » contre le virus. Et le 27 mars, enfonçant le même clou, c’est en bien dans la posture du « chef des guerre » qu’Emmanuel Macron s’est exprimé à Mulhouse, en posant devant des tentes militaires. Mais c’est aux êtres humains que l’on mène d’ordinaire la guerre : la guerre économique et la guerre sociale, qui se finissent toujours en guerre « tout court ». On comprend certes qu’il était indispensable d’exprimer la gravité de la situation et de susciter les comportements adéquats. Mais il n’est pas interdit d’y voir les prémices d’une « stratégie du choc » : créer un effet de sidération pour amplifier le travail destructeur de notre système social, une fois la crise sanitaire terminée. C’est en creux ce qui inspire la loi d’urgence sanitaire votée ce week-end, contre l’avis des députés communistes, et les mesures discrétionnaires qu’elle contient. Déclarer la guerre, c’est préparer l’après-guerre où tout est permis, y compris une austérité à tout-va et un productivisme à tout prix.

Non, la contrainte d’un « état de guerre » ne nous est d’aucune aide pour nous débarrasser du virus, à l’inverse de « l’État de droit », qui lui fédère les énergies des citoyens, des salariés. Aucune course aux armements ne réduira le Covid-19, mais bien la coopération des scientifiques du monde entier, échangeant leurs données. Ce n’est pas de la rivalité entre les nations, mais de leur entraide, se prodiguant tour à tour matériels et soignants, dont il dépend que nous soyons guéris. Et nos médecins comme nos infirmières.iers ne sont pas des soldats destinés à tomber au front : ils et elles doivent être protégés et soutenus pour pouvoir prendre soin de tous. Quant au « jour d’après » qui jetterait les bases d’une société plus juste, il n’a nul besoin d’un quelconque armistice pour être proclamé, il commence aujourd’hui.

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31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 05:30
Santé - Covid-19: entretien avec l'épidémiologiste Luc Périno - A la recherche du patient zéro-  L'Humanité, 30 mars 2020
Lundi, 30 Mars, 2020

Santé. En période de pandémie, comment rechercher le patient zéro et éviter l’écueil du bouc émissaire ? L’épidémiologiste, Luc Périno, nous répond

Entretiens - Dans son dernier ouvrage, écrit avant l’apparition du Covid-19, Luc Perino raconte une autre histoire de la médecine, qui met en lumière ces personnes considérées, en infectiologie, comme ayant été à l’origine d’une épidémie.

 

Dans votre livre vous prenez le parti de mettre en valeur les patients « zéro », les premiers dont les maux ont été à l’origine de découvertes majeures en médecine. Qui sont-ils ?

Luc Perino. Classiquement, le « cas index » désigne le premier patient chez lequel on a trouvé la présence d’un nouveau micro-organisme pathogène. Le terme de patient zéro a été popularisé pour le patient qui a contaminé à lui seul un quart des premiers cas de sida aux États-Unis. J’ai étendu ce terme à des patients qui ont permis des avancées diagnostiques et thérapeutiques, d’émettre de nouvelles théories ou d’en récuser d’anciennes. J’ai profité de ces histoires souvent rocambolesques pour disserter sur les aléas des progrès médicaux et les dérives de la pratique médicale.

Dans le contexte pandémique actuel, y aurait-il un intérêt à connaître le patient zéro du coronavirus ?

Luc Perino. La recherche du patient zéro est toujours utile, elle permet de comprendre l’origine des contaminations et la dynamique sociale des épidémies. Nos progrès génétiques nous permettent de le faire. Il faut cependant éviter l’écueil du bouc émissaire et savoir que le patient zéro est toujours provisoire : les recherches ultérieures permettent de remonter dans le temps et dans l’espace. La quête du patient zéro est utile pour la recherche fondamentale, mais sans intérêt dans la pratique quotidienne.

Pourquoi avez-vous choisi de vous intéresser et de mettre en valeur des patients peu ou pas connus ?

Luc Perino. Auparavant, les médecins dissertaient sans toucher de malades pendant que les barbiers et arracheurs de dents soignaient. La médecine moderne est née de la rencontre physique effective entre médecin et malade. C’est la véritable médecine clinique. Quels que soient nos progrès théoriques et technologiques, il ne peut exister aucun progrès hors du couple médecin-patient. L’histoire a toujours narré le médecin, en oubliant l’autre membre du couple. J’ai voulu réparer cette injustice et rendre hommage aux patients sans lesquels mes connaissances seraient bien dérisoires.

Quels sont les cas qui vous ont le plus passionné ?

Luc Perino. Je crois que mon histoire préférée est celle de Giovanni Pomarelli. Elle montre les folies de la génétique à ses débuts, la quête du gène de l’immortalité entretenue par un marché qui domine progressivement la pensée médicale, voire l’enseignement. J’aime aussi celles de miss McKey et de Steevy, qui ouvrent les portes de l’approche évolutionniste, si essentielle au progrès clinique. J’ai aussi raconté des histoires plus connues comme celles du jeune Joseph Meister, le patient zéro de la vaccination antirabique par Pasteur, ou encore celle de Phineas Gage, ce contremaître des chemins de fer qui subit un traumatisme crânien majeur auquel il survécut, mais qui changea profondément sa personnalité, en faisant un cas d’école en neurologie.

En tant qu’épidémiologiste, quel regard portez-vous sur la pandémie actuelle ?

Luc Perino. Toutes les épidémies résultent de la rencontre entre un microbe et une population immunologiquement vierge. Les facteurs de ces rencontres varient au cours de l’histoire. La peste a suivi la route des épices, la variole et la syphilis ont suivi les voyages de Christophe Colomb, les zoonoses suivent le rythme des déforestations, du braconnage, du commerce d’animaux exotiques, de l’élevage intensif, etc. Les viroses respiratoires ont toujours existé et ne cesseront jamais. Elles sont généralement très contagieuses et peu virulentes. La virulence provient souvent d’une mutation qui a permis à un virus de franchir la « barrière d’espèce ». Ce virus et l’homme n’ont donc pas encore eu le temps d’établir un modus vivendi acceptable pour les deux.

Le Covid-19 actuel a un taux de létalité de 2 %, ce qui est très peu comparé au sida ou à la peste, mais il a le défaut d’être deux fois plus contagieux que la grippe. Il fera donc le tour du monde, plus ou moins vite selon les mesures prises dans chaque pays. Une létalité de 2 % est assurément un problème pour un virus aussi contagieux. Au moment où je vous réponds, l’incidence de la maladie est de 1/20 000. Supposons, au pire, que l’incidence soit multipliée par 20 dans les mois à venir, soit 1/1 000. Nous aurons alors 7 millions de cas, dont 95 % guériront sans intervention médicale. Il en restera 350 000 à soigner, dont 70 000 mourront. Ce chiffre est considérable aux yeux d’un journaliste d’information, il est dérisoire à ceux d’un historien des épidémies. D’autant que la mortalité concerne à plus de 90 % des personnes âgées ou très âgées, donc sans impact sur la courbe démographique. Dire les choses avec cette froide mathématique peut sembler politiquement incorrect, et cela me choque moi-même. Mais c’est ainsi !

Quelle analyse pouvez-vous ​​​​​​​livrer sur la gestion de cette épidémie dans le monde et surtout en France ?

Luc Perino. Un gouvernement décide après consultation des experts, sous la pression médiatique et sur d’autres paramètres hors de mes compétences. Pour chaque épidémie, la mise en quarantaine des malades ou des bateaux a été la première réponse dans tous les pays. Mais les temps ont changé puisque nous savons que des porteurs sains véhiculent les germes et que nous savons faire des diagnostics avant tout symptôme. Certains pays choisissent donc le confinement total de la population. Cette décision, qui semble irréaliste, est le corollaire éthique de nos pratiques médicales qui imposent de soigner et de réanimer tous les cas graves jusqu’au terme. Un pic épidémique trop brutal risque d’engorger les hôpitaux et de provoquer un excédent de mortalité directe et indirecte. Les autorités n’ont guère d’autre choix, malgré le grand risque sanitaire à moyen et long terme de la désorganisation sociale provoquée par ce confinement…

Choisir entre désorganisation hospitalière et désorganisation sociale est un cruel dilemme. Je plains sincèrement notre président. Certains pays (Taïwan, Singapour, Corée) ont fait un choix intermédiaire consistant à multiplier les tests diagnostiques et à confiner exclusivement les positifs. Ce choix est plus facile dans les pays peu peuplés et possédant les moyens logistiques et/ou financiers. C’est le but visé en France, mais nous n’en avons pas encore les moyens. Le confinement total a réussi dans le Hubei, il a échoué en Italie. Quel en sera le résultat en France ? Les Pays-Bas ont parié sur l’immunité de groupe, c’est-à-dire la vaccination naturelle de la population. Ce choix semble dangereux à court terme, mais il peut être bénéfique à moyen et long terme. Car un nouveau passage du même virus trouvera une population immunologiquement armée pour l’affronter. Enfin, gardons l’espoir, car les lois de l’évolution montrent que la virulence a tendance à diminuer. Les virus les plus virulents sont contre-sélectionnés par nos défenses immunitaires et par leur propre mort consécutive à celle de leur hôte. Hélas, cela peut prendre du temps, mais c’est un petit point supplémentaire en faveur du confinement. Enfin, l’émotion et l’affect brouillent tous les messages. Il nous faudra des années pour évaluer sereinement les conséquences sanitaires de chacun des choix stratégiques.

Lundi, 30 Mars, 2020 - L'Humanité
Il faut absolument retrouver le "patient zéro". Voilà pourquoi !

Les spécialistes chinois émettent plusieurs hypothèses quant au premier malade à l’origine de l’épidémie de Covid-19. Cette quête vise entre autres à cartographier le schéma de transmission. Récit d'une étonnante traque.

 

Comprendre comment le ­Covid-19 s’est propagé et comment des cas non détectés ont contribué à sa transmission reste l’une des missions essentielles des scientifiques aujourd’hui. Cette cartographie du schéma de la transmission précoce de l’épidémie permettra de déterminer comment la crise sanitaire est devenue mondiale. Pour ce faire, les chercheurs traquent le patient zéro au départ de la maladie en Chine, afin de comprendre quel animal source a transmis l’agent pathogène. Deux théories s’affrontent dans cette quête. La première, celle des autorités chinoises, date au 8 décembre le premier cas de pneumonie de cause inconnue à Wuhan. Dans les dix jours qui suivent, six autres cas sont détectés. Le 31 décembre, l’information est transmise à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et, le 7 janvier, la cause est identifiée : il s’agit d’un nouveau coronavirus étroitement lié au Sras, qui avait sévi en 2002-2003.

Aucune théorie n’a encore été validée scientifiquement

La seconde hypothèse est relayée par des lanceurs d’alerte chinois, qui assurent que le premier cas, un homme de 55 ans originaire de la province du Hubei, aurait été identifié dès le 17 novembre, soit trois semaines plus tôt. De là, les chercheurs tablent sur une à cinq contaminations quotidiennes, puis 15 à partir du 27 novembre, 60 à partir du 20 décembre, 180 à partir du 27 décembre, et 266 à la fin de l’année. Le 27 décembre, la D r Zhang Jixian fait passer un scanner des poumons à un couple présentant les symptômes de la grippe, mais dont les résultats diffèrent en tout point d’une grippe classique. La médecin convoque ensuite leur fils qui ne présente, lui, aucun signe, mais a également les poumons infectés. « En général, il n’y a qu’un seul patient lorsqu’une famille rend visite à un médecin. Ils n’attrapent pas tous la même maladie en même temps, sauf s’il s’agit d’une maladie infectieuse ! », dit-elle. La plupart des patients ont en commun d’avoir fréquenté le marché de fruits de mer en gros de Huanan, à Wuhan. Les analyses génétiques plaident, elles aussi, pour une source unique. Dès le 29 décembre, les équipes de l’hôpital demandent du renfort à d’autres experts afin de lancer l’enquête épidémiologique. Un mois plus tard, des ­chercheurs déterminent que le nouveau virus partage 88 % de sa séquence avec deux coronavirus de la chauve-souris, et qu’un animal sauvage a servi d’intermédiaire pour transmettre la maladie à l’homme. Chauve-souris, pangolin, serpent… Aucune théorie scientifique n’a pour l’heure reçu validation. La traque promet d’être longue.

Lina Sankari
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30 mars 2020 1 30 /03 /mars /2020 10:17
Face au Coronavirus, nous avons besoin de solidarité entre les peuples et les nations d’Europe (Fabien Roussel)
Face au Coronavirus, nous avons besoin de solidarité entre les peuples et les nations d’Europe (Fabien Roussel)

Dans son allocution de Mulhouse hier soir, le Président de la République a beaucoup parlé de « guerre ». Mais, bien qu’il se soit exprimé à l’une des frontières de notre pays, il n’a qu’à peine évoqué la solidarité européenne. Et pour cause : l’union européenne est aux abonnés absents !

La crise sanitaire, économique et sociale que précipite la pandémie de coronavirus met à nu la totale faillite de la construction capitaliste de l’UE. La passivité de la Commission européenne et des gouvernements européens face à une crise mondiale aussi grave est proprement scandaleuse.

Ceux-ci sont incapables d'impulser de la coopération ou de l'entraide entre les États, livrés à eux-mêmes. En quelques jours, les critères budgétaires de l’Union européenne appliqués aux États sont apparus ubuesques. Ils ont d'ailleurs été levés, preuve qu'ils sont un frein aux politiques d'investissement et de soutien aux économies nationales.

De plus, les mesures proposées telle que le rachat de dettes souveraines par la BCE sont loin d'être à la hauteur de la crise qui frappe les Etats membres.

La pandémie exige une grande solidarité et une totale coopération entre les peuples et les nations d’Europe. Elle requiert une mutualisation des moyens, notamment en matière de production de matériels sanitaires. Comment peut-on croire que les 27 pays de l’Union européenne seraient incapables de réunir des industriels, des ingénieurs, des outils de productions pour faire face aux besoins criants de tous les hôpitaux ? Nous disposons des forces suffisantes pour produire en urgence des respirateurs, des masques, des médicaments.

De même, la Banque centrale européenne doit répondre immédiatement aux besoins de tous les pays de l’Union européenne confrontés à l’arrêt de leur économie. La création de monnaie et les prêts à taux 0% sont des outils à mettre au service des États de manière exceptionnelle.

La crise de l’Union européenne démontre la nécessité d’en finir avec les dogmes de la « concurrence libre et non faussée », comme avec les politiques d’austérité européennes. Pour reconstruire une Europe de la coopération et de la solidarité entre les peuples, il faudra demain mettre en place un nouveau pacte européen pour sortir enfin des règles d’or budgétaires qui ont tant affaibli les services publics, dont ceux de la santé.

Le Président de la République aime à évoquer « le jour d’après ». Pour le PCF, le jour d’après se prépare maintenant, avec ses alliés et partenaires européens.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF,

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29 mars 2020 7 29 /03 /mars /2020 07:31

Lu sur le site: http://syndicollectif.fr

 

Deux syndicalistes (de CGT et de Solidaires) décrivent comment la production de masques en Bretagne a été délocalisée en 2018: course aux profits oblige! Le patron a même fait détruire les machines ! Plus bas, le bureau départemental de l’Union syndicale Solidaires des Côtes d’Armor dénonce  ce scandale et demande la relance de la production sous forme d’un établissement public ou d’une SCOOP. 

CAPITALISME HONEYWELL et PRODUCTION de MASQUES en Bretagne

L’entreprise de fabrication de masques HONEYWELL a d’abord commencé par réduire ses effectifs au fil des années à Plaintel (au sud de Saint Brieuc 22). En 2018 (et pas en 2020), ce groupe a licencié ses ouvrier.e.s (38 ) pour délocaliser en Tunisie afin de faire encore plus de profit à partir d’une main d’oeuvre moins chère !

Elle a fait de même pour une autre usine à Condé sur Noireau au profit de la Roumanie, pays ou l’on travaille le plus en Europe, en moyenne 2000 heures par an environ au lieu de 1600 environ en France (cf carte européenne du volume de travail salarié) .

Là ou le volume de travail imposé aux travailleurs et travailleuses est très élevé il devient très pénible et très excessif tout à la fois de bien travailler et de bien vivre . Il y a un cercle vicieux du travaillisme (soit faire travailler plus celles et ceux qui travaillent déjà 35 heures hebdomadaires). C’est pire encore si au travaillisme s’ajoutent les bas salaires . Avec ce cumul du négatif, on est alors dans une forte exploitation de la force de travail . Il y a alors besoin de syndicats dignes de ce nom pour s’y opposer, pour la réduire au maximum . Autrement dit, il va s’agir de lutter sur deux plans (à minima) : – travailler moins (RTT à moins 35 heures hebdo) et pour être payé à l’identique, (voir plus si sur-exploité avant) . Il y a, bien sûr, à être vigilant sur d’autres aspects.

Cette exploitation renforcée ne tombe pas du ciel ! On voit que les territoires à durée de travail supérieure (à la France) avec des salaires inférieurs sont vus comme des paradis extrêmement séduisants pour les exploiteurs capitalistes obsédés de gros profits à accumuler. La logique capitaliste mondialisée excuse et banalise cette forme d’immoralité . Et plus encore avec la financiarisation des entreprises et des économies. C’est toute une rationalité – dite néolibérale – qui est à contester !

A Plaintel, il y a eu cette même logique de profit capitaliste qui écrase toute autre considération, tant le souci des bonnes conditions de vie des ouvriers et ouvrières que le souci de mise à disposition assurée d’un bien-marchandise que l’on sait à forte valeur d’usage en mars 2020 mais qu’on aurait du conserver en 2018 comme bien nécessaire au service public de la santé.

Dans ce monde-là (capitalisme mondialisé et financiarisé), les salarié.e.s souffrent au travail car on y fait trop d’heures pour des salaires modestes et souffrent encore d’en sortir et d’être au chômage car ils-elles ne perçoivent, soit plus rien, soit très peu ! Cercle vicieux encore, dont on doit sortir ! Syndiquez-vous !

Reprenons l’activité à Plaintel – voire ci-dessous en fin de communiqué – avec une RTT à 32 heures et de bons salaires car ce serait alors une entreprise modèle au plan social et au plan du bien-marchandise produit.

Christian DELARUE (militant CGT – indecosa ) et Serge LE QUEAU (SUD SOLIDAIRES 22) sont militants à ATTAC France

http://amitie-entre-les-peuples.org/CAPITALISME-HONEYWELL-et-PRODUCTION-de-MASQUES-en-Bretagne

Que se cache-t-il derrière la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel ? Un scandale d’Etat !

Fin 2018 le groupe multinational américain Honeywell fermait son site de production industriel de Plaintel pour le délocaliser en Tunisie licenciant en même temps 38 salarié(es). Cette entreprise, créée il y a une cinquantaine d’années et qui compta jusqu’à 300 salarié(es) avant son rachat en 2010 par Honeywell, au groupe Spirian fabriquait des masques respiratoires jetables et des vêtements de protections sanitaires en quantité considérable. Sa production était de 200 millions de masques par an, soit près de 20 millions par mois, fabriqués sur des machines ultras-modernes pouvant produire chacune 4000 masques à l’heure.

Non contente de faire appel aux aides de l’Etat pour financer les huit plans sociaux que la multinationale Honeywell à mis en œuvre pour se débarrasser de ses salariés, Honeywell a pris la décision irresponsable en novembre 2018 de détruire ses huit machines en les faisant concasser par la déchetterie située sur la zone industrielle des Châtelet à Ploufragan.

Les sections syndicales Cgt et Cfdt de l’usine de Plaintel avaient à l’époque, lancé un cri d’alarme pour empêcher la fermeture du site et la destruction de leur outil de production. Elles avaient multiplié les actions et les démarches pour éviter le pire. Elles s’étaient même adressées au Président de la République Emmanuel Macron et au Ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Mais ces derniers ce sont contentés d’accuser réception de leurs courriers mais se sont bien gardés d’intervenir. Ils pensaient sans doute en bon libéraux, qu’une intervention de l’Etat ne servirait à rien, puisque que dans un monde mondialisé et heureux, la main invisible du marché finirait par montrer son efficience pour préserver l’intérêt général.

Aujourd’hui, le retour au réel est brutal et c’est avec stupeur que le pays tout entier découvre avec la catastrophe sanitaire du coronavirus qu’il ne possède pratiquement pas de stocks de masques, pourtant indispensables pour protéger les personnels soignants, l’entourage des malades et tous les salarié(es) obligé(es) de travailler pour éviter que le pays tout entier ne s’écroule. Pour l’union syndicale Solidaires des Côtes d’Armor, la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel et la destruction de ses outils de production, comme l’inaction des autorités publiques représentent un scandale qui doit être dénoncé. La chaine des responsabilités dans cette affaire doit aussi être mise en lumière. Les Dirigeants d’Honeywell et les autorités de l’Etat doivent aujourd’hui rendre des comptes au pays. D’ores et déjà Solidaires a demandé à plusieurs Parlementaires de la Région d’interpeller le Gouvernement sur ce scandale. Solidaires propose également que le site industriel de fabrication de masques de protection sanitaire de Plaintel soit récréé en urgence sous un statut d’Etablissement Public Industriel et Commercial (EPIC) ou sous la forme d’une Société Coopérative Ouvrière de Production (SCOOP). Le personnel compétent et disponible existe et ne demande que cela. De l’argent il y en a. La Banque Centrale Européenne vient de débloquer 750 milliards de liquidités. Que cet argent soit mis en priorité au service de l’urgence sanitaire et de l’intérêt général, plutôt que de laisser aux seules banques privées le privilège de le prêter ou pas.

Saint Brieuc le 26 mars 2020.
Le Bureau Départemental de Solidaires des Côtes d’Armor

https://solidaires.org/Que-se-cache-t-il-derriere-la-fermeture-de-l-usine-Honeywell-de-Plaintel-Un

Article Le Télégramme - Hervé Queillé - 28 mars 2020

Article Le Télégramme - Hervé Queillé - 28 mars 2020

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28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 16:25
Roland Gori, psychanalyste : Les gens voient la vie de leurs proches exposée, ils ne le pardonneront pas aux libéraux (L'Humanité, 25 mars 2020)
Mercredi, 25 Mars, 2020 -L'Humanité
Roland Gori, psychanalyste : "Les gens voient la vie de leurs proches exposée, ils ne le pardonneront pas aux libéraux"

"Distanciations sociale", inégalités de traitement, mondialisation en accusation... Le philosophe et psychanalyste, professeur honoraire de psychopathologie clinique, éclaire les débats que suscite la crise liée au coronavirus et analyse les effets du confinement sur les individus et sur nos sociétés. Un entretien décapant de la directrice de rédaction avec le président de l'appel des appels.

 

Le pays vit sous confinement depuis plus d’une semaine. Quelle analyse le psychanalyste que vous êtes fait-il de cette « distanciation sociale » imposée pour juguler le coronavirus ? Quels peuvent en être les effets à moyen terme, tant au niveau individuel que collectif ?

Roland Gori. Le terme de « distanciation sociale » est inapproprié et maladroit. Bien au contraire, il convient d’inviter à la proximité et à la solidarité sociales, tout en exigeant une « distanciation physique ». Il ne s’agit pas de se replier individuellement mais au contraire de mettre à profit ce temps suspendu pour être affectivement et socialement ensemble. De ce point de vue, les nouvelles technologies sont un moyen formidable pour « être seuls, ensemble ». Ce qui est péjoratif en temps normal est formidablement palliatif en période d’épidémie. Sinon, on finira par devenir dingues, persécutés et phobiques pour les uns, hypocondriaques graves pour les autres, désespérés et suicidaires pour certains, transgressifs et compulsivement en prise de risques pour d’autres encore. Il faut relire le récit de Thucydide de la peste à Athènes au Ve siècle avant J.-C. sur les risques qui menacent une cité en temps d’épidémie : chaos, panique, dégradation morale, terreur religieuse, compulsion à jouir sans entrave pour conjurer l’échéance fatale… Le risque qui menace chacune des cités ou chacun des pays en proie à une grave épidémie, c’est l’anomie, la perte des normes et des lois qui les régissent pour réguler les comportements sociaux et intégrer les individus. C’est l’heure de vérité de tout gouvernement, de son potentiel à réagir au choc. Faute de confiance dans le gouvernement, la peur s’installe, durablement. C’est une émotion morale et politique dont Hobbes, celui du Léviathan, fait le principe fondateur de toute religion et de tout État. Que l’on adhère ou pas à ses analyses, il nous faut reconnaître que toute terreur, quelle que soit son origine, pandémique, climatique, sociale, économique ou militaire, est un défi pour un État et ne peut le laisser indemne. Toute la question est de savoir ce qu’il en sortira…

Comment cette crise révèle-t-elle la violence des inégalités ?

Roland Gori. À toutes les époques, la menace de mort met à nu les inégalités sociales et les conditions d’existence des individus. Thucydide déjà le remarquait pour la peste à Athènes : « Chacun se livra à la poursuite des plaisirs avec une audace inégalée (…). Nul ne montrait un empressement à atteindre avec quelque peine un but honnête. (…). Nul n’était retenu par la crainte des dieux, ni par les lois humaines. » Voilà la tendance indécente des individus face au chaos, devenir un « autoentrepreneur » de sa survie et jouir sans entrave des moyens dont chacun dispose. Heureusement, une autre tendance existe, la philia, l’amitié qui considère que cela ne sert à rien de survivre si on reste seul. Même Robinson ne saurait exister sans son Vendredi…

La société française est terriblement fracturée. Cette crise sanitaire peut-elle néanmoins recréer un sentiment de « destin commun », dans la mesure où l’épidémie ne connaît ni les frontières, ni les classes sociales ?

Roland Gori. Tout dépend de la manière dont la situation va être gérée. C’est bien d’être transparent et de donner toutes les informations. Mais il y a un risque d’« infobésité » qui provient de l’avalanche d’informations non triées, non expliquées, contradictoires et sans hiérarchisation. C’est la catastrophe des médias/spectacles, qui livrent une information qui n’a de valeur qu’au moment où elle émerge et produit ce symptôme des « sociétés du spectacle » (Guy Debord), où « le vrai n’est plus qu’un moment du faux ». Par contre, le virus ignore les frontières des nations et des classes sociales, et rappelle à chacun la finitude de la condition humaine. Les emblèmes du pouvoir et de la richesse se révèlent ridicules face à la maladie et à la mort, mais ils peuvent aider à mieux s’en préserver.

Vous dénoncez régulièrement dans vos livres la « dégradation du langage » par le pouvoir macroniste. Fallait-il utiliser le mot de « guerre », comme l’a fait le président ?

Roland Gori. Si nous sommes en « guerre » (sept fois répété), pourquoi est-ce que ceux qui sont au front n’ont pas de munitions ? Qu’est-ce qui fait que le gouvernement n’a pas sanctionné cet état-major pitoyable qui a oublié de nous préparer à une guerre annoncée ? Pourquoi ne sanctionne-t-on pas plus sérieusement les arnaqueurs et les pilleurs qui tentent de profiter de la situation ? Je n’invite pas à punir, j’essaie de montrer la légèreté d’une communication qui employant ce terme de « guerre » n’en tire pas les conséquences. En psychopathologie, cela s’appelle « une parole à responsabilité limitée ».

« Le néolibéralisme est mort mais ils ne le savent pas », affirmiez-vous, il y a quelques mois. Que dit cette crise sanitaire du capitalisme mondialisé ?

Roland Gori. La pandémie a révélé les promesses fallacieuses de la mondialisation et les mensonges des États néolibéraux responsables de la mort de milliers de personnes, faute d’avoir pris les mesures qui s’imposaient, pour avoir massacré les dispositifs de santé et avoir fait prévaloir l’économie financiarisée sur l’humain. On a écrit des milliers de pages, prononcé des millions de mises en garde, et cela n’a rien changé ! Margareth Thatcher et Ronald Reagan ont initié une colonisation néolibérale des mœurs que les autres gouvernements ont poursuivie et, comme dans toute colonisation, il y a destruction des biens et des personnes, des crimes véritables. Ainsi, cette pandémie démontre expérimentalement l’aberration des réformes entreprises par les néolibéraux. Les peuples ont vu la santé et la vie de leurs proches exposées, ils ne se soumettront pas. L’augmentation de la cote de popularité du président reflète davantage une attente qu’une confiance, elle plébiscite davantage ses paroles que l’action de son gouvernement. C’est la faillite du « en même temps » ! Vous superposez l’allocution présidentielle du jeudi 12 mars et les propositions de la ministre du Travail, et il ne vous reste plus qu’à demander au gouvernement de déposer le bilan ! Les gens veulent sauver leur peau et leur travail, ils ne pardonneront pas aux néolibéraux, quels que soient les masques dont ils s’affublent, d’avoir mis l’un comme l’autre en danger.

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28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 06:00
Ordonnances, aides au patronat, chômage partiel… Ce que Philippe Martinez compte bien dire à Emmanuel Macron (L'Humanité, 27 mars
Vendredi, 27 Mars, 2020
Ordonnances, aides au patronat, chômage partiel, prime de 1 000 euros… Ce que Philippe Martinez compte bien dire à Emmanuel Macron

Entretien. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, analyse la stratégie du gouvernement pour faire face à la crise et avance ses propositions, comme par exemple que « les salariés forcés de rester chez eux ne perdent pas un centime de salaire ». Emmanuel Macron doit réunir ce vendredi les organisation syndicales et patronales.

 

Augmentation de la durée hebdomadaire du travail dans certains secteurs, réduction du temps de repos… que pensez-vous des ordonnances prises par le gouvernement pour « faire face à la crise » ?

Philippe Martinez. Nous n’en pensons que du mal. Il est scandaleux de prendre ce type de mesures, qui dérogent très largement au droit du travail. Le gouvernement nous explique qu’il s’agit de faire face à la crise, mais nous avons appris que ces ordonnances devaient être appliquées jusqu’à fin décembre : en réalité, ce sont bien des mesures d’après crise ! Cela fait dix jours que nous bataillons avec le gouvernement pour qu’il dissocie activités essentielles – qui doivent continuer de fonctionner – et activités secondaires. Or, la plupart des ministres, Bruno Le Maire en tête, considèrent que cette distinction n’a pas lieu d’être. C’est absurde. Nous continuons de fabriquer des avions, des navires de croisière… En avons-nous un besoin urgent pendant la période ?

Appelez-vous à interrompre ces activités ?

Philippe Martinez. Oui. Il faut stopper d’urgence toutes les activités non essentielles à la survie du pays. C’est ce que nous réclamons au gouvernement depuis des jours. Maintenir coûte que coûte ces entreprises ouvertes pose un double problème : cela met en danger les salariés et cela accapare du matériel de protection qui fait cruellement défaut aux soignants, et à l’ensemble des travailleurs en première ligne, comme la grande distribution, par exemple. La loi du marché ne doit pas primer sur la santé. Dans un entretien récent à l’Humanité, le philosophe Roland Gori disait en substance : « Nous sommes en guerre, mais ceux qui sont en première ligne n’ont pas de munitions. » Cela résume malheureusement très bien la situation.

Les mesures de soutien économique mises en place par le gouvernement (chômage partiel, prêts aux entreprises, report du paiement de cotisations sociales, etc.) vous paraissent-elles à la hauteur ?

Philippe Martinez. Que l’on vienne en aide aux entreprises pendant la période me semble normal, mais il ne faut pas le faire n’importe comment. S’il s’agit d’aider les grands groupes à rattraper les profits qu’ils ne pourront pas engranger pendant la crise, cela ne va pas. J’ai eu des retours de petits employeurs qui ont du mal à accéder aux aides gouvernementales. Ce sont pourtant les petites entreprises qui en ont le plus besoin.

Il y a d’autre part un décalage entre les montants mis sur la table pour les entreprises et pour les salariés. Le gouvernement insiste sur l’effort fait pour le chômage partiel, mais je rappelle que les salariés ne sont toujours indemnisés qu’à hauteur de 84 % de leur salaire net : c’était déjà le cas avant, il n’y a donc pas d’effort supplémentaire. Nous sommes en état d’urgence sanitaire : nous réclamons que tout soit mis en œuvre pour que les salariés forcés de rester chez eux ne perdent pas un centime de salaire. Nous pouvons tout à fait mettre à contribution les assurances privées pour cela.

Des primes de 1 000 euros commencent à être distribuées à des salariés en première ligne, comme dans la grande distribution. Est-ce une bonne chose, selon vous ?

Philippe Martinez. Je comprends parfaitement que des salariés mal payés ne crachent pas sur des primes qui, souvent, doublent leur salaire ! Mais on voit bien que l’enjeu est plus important. Le gouvernement « redécouvre » ces millions de travailleurs essentiels au pays, mais qui sont d’ordinaire invisibles. En général, ils sont payés au SMIC. C’est pourquoi, au lieu de se contenter de primes, nous appelons à une revalorisation urgente du salaire minimum. On a été capables de faire voter une loi de finances rectificative dans l’urgence, on pourrait tout à fait procéder de même pour le salaire minimum.

Quel est le rôle d’un syndicat comme la CGT dans une telle crise ?

Philippe Martinez. Il est encore plus fondamental dans ce genre de période. On reçoit tous les jours des appels de salariés, pas forcément syndiqués, qui nous demandent des informations. Ils se renseignent sur les possibilités de droit de retrait, sur la nature des protections disponibles… Nous devons aussi leur expliquer le contenu des ordonnances, les règles pour les arrêts maladie, etc. Nous continuons par ailleurs à épauler les salariés qui se mobilisent dans les entreprises.

Le pouvoir a annoncé un plan d’investissement « massif » pour l’hôpital, sans en préciser le montant, ni les modalités. Comment faire pour tirer toutes les leçons de la crise actuelle ?

Philippe Martinez. Le président de la République l’a en effet annoncé, mais il reste à savoir quelle forme prendra ce plan. Les soignants se bagarrent depuis des mois pour obtenir des moyens supplémentaires : créations d’emplois, arrêt des fermetures de lits, revalorisation salariale… C’est terrible qu’il faille en passer par une crise d’une telle ampleur pour entendre des engagements de la part du gouvernement. Mais nous restons vigilants. Les promesses formulées en temps de crise s’envolent parfois très vite après. Nous avons en mémoire les conséquences de la crise de 2008. Les peuples ne devront pas payer la note, une fois encore.

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27 mars 2020 5 27 /03 /mars /2020 14:43
Fabien Roussel - photo L'Humanité, 23 mars 2020

Fabien Roussel - photo L'Humanité, 23 mars 2020

Ordonnances gouvernementales : "Le pouvoir profite de la crise sanitaire pour s'attaquer aux droits des salariés » (Fabien Roussel - PCF)

Les ordonnances adoptées par le conseil des ministres confirment ce que laissait craindre le projet de loi sur l'état d'urgence sanitaire que les parlementaires communistes n'ont pas voté.

Alors que tout appelle à protéger les salariés, du public comme du privé, à confiner les salariés qui risquent la contamination dans des secteurs non indispensables, le gouvernement décide de s'en prendre à leurs droits et à leurs conditions de travail. Il encourage notamment les employeurs à recourir massivement aux heures supplémentaires, à remettre en cause les congés payés, à l'indemnisation partielle du chômage technique.

Pire, Le Président Macron et son Premier ministre Edouard Philippe laissent au patronat le pouvoir de gérer la crise selon ses seuls critères, en laissant à des négociations de branche la mise en œuvre de ces dispositions. Et ils ne mettent aucune limite de durée aux dispositions annoncées comme dérogatoires, mais dont le risque est qu'elle devienne la règle avec la crise économique qui s'annonce.

Des années de politiques d'austérité contre les services publics, et particulièrement contre l'hôpital public, de cadeaux à la finance et aux grandes fortunes ont lourdement affaibli notre pays au moment où il doit affronter l'épidémie de Covid-2019. On en voit chaque jour les effets sur notre système de santé publique, dont les personnels doivent aujourd'hui assumer toutes les carences, comme à travers les difficultés que rencontre notre appareil de production pour répondre au défi de la crise actuelle.

Face à la crise sanitaire, face à la catastrophe économique qui se dessine, c'est à une toute autre logique qu'il faut immédiatement mettre en oeuvre. Les recettes du passé, celles qui ont permis aux
banques de reprendre leurs activités spéculatives après la crise de 2008 et aux actionnaires des grands groupes de se goinfrer en désintégrant notre tissu industriel, n'ont que trop duré.

Le PCF demande le paiement des salaires à 100 %, le maintien des congés des salariés, l'indemnisation à 100 % du chômage partiel et le recours à l'embauche plutôt qu'au développement des heures supplémentaires. Pour financer ces mesures exceptionnelles, le PCF propose de mettre à contribution les multinationales, les assurances, le secteur bancaire et les moyens de la BCE.

Comme l'ont fait ses parlementaires dans les deux Assemblées, le PCF propose ainsi que tous les moyens nécessaires soient dégagés orientés vers la protection de la population, la défense des droits
des salariés, l'emploi et le soutien à l'activité économique utile au pays, vers le renforcement de nos services publics, à commencer par nos hôpitaux.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord,

Paris, le 26 mars 2020.

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27 mars 2020 5 27 /03 /mars /2020 14:25
Ces 17 années qui ont mis l’hôpital public à genou - L'Humanité, 27 mars 2020
Vendredi, 27 Mars, 2020
Ces 17 années qui ont mis l’hôpital public à genou

Le « plan d’investissement massif » du chef de l’État constitue un aveu d’échec des politiques d’austérité. La crise sanitaire révèle les failles du système hospitalier, sous pression depuis plus d’une décennie et sommé de se transformer en entreprise.

 

«   C’est dramatique, violent et douloureux qu’il ait fallu une crise de cette ampleur pour espérer un simple geste du président de la République. » En première ligne dans l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, le neurologue David Grabli accueille avec amertume le discours d’Emmanuel Macron. Aux personnels essorés, lessivés, le chef de l’État a promis, mercredi, depuis l’hôpital militaire de Mulhouse, qu’ « à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Sans préciser les contours et le montant, il s’est engagé à « majorer les heures supplémentaires sous forme d’une prime exceptionnelle ».

Des mesures à appliquer d’urgence pour affronter l’épidémie

À l’écoute de ces annonces, le corps médical oscille entre prudence et colère. « Nous n’avons pas besoin d’un beau discours compassionnel, il faut des actes, estime Christophe Prudhomme (CGT), porte-parole de l’Association des médecins urgentistes (Amuf). Or, les promesses sont floues, non chiffrées, elles ne sont pas à la hauteur de la crise. Le chef de l’État promet des primes alors que nous réclamons une hausse des salaires pour tous les personnels. » Hugo Huon, président du Collectif Inter-Urgences, nuance de son côté : « C’est positif. Mais après tous les plans que l’on nous a proposés et qui étaient en deçà de ce qui était nécessaire pour les soins, on attend de voir. » Tous martèlent leurs revendications : une augmentation des salaires des paramédicaux de 300 euros, des effectifs suffisants pour maintenir et rouvrir des lits. Soit une augmentation de 5 % du budget des hôpitaux correspondant à une enveloppe de 4 milliards d’euros.

Des mesures à appliquer d’urgence pour affronter l’épidémie, qui aggrave la situation des établissements devenus de vraies Cocotte-Minute. Depuis plus d’un an, le monde hospitalier est secoué par une crise sans précédent. Parties des services d’urgences, des grèves très suivies, d’une longévité historique, se sont ensuite diffusées à tous les étages des établissements. Pour la première fois, la colère a fédéré toutes les catégories de l’hôpital. Infirmières, aides-soignantes, médecins, psychiatres, chefs de service… tous ont alerté sur l’état catastrophique de l’hôpital public. En vain. Raison pour laquelle, en janvier dernier, 1 100 médecins ont démissionné de leurs responsabilités administratives pour ne plus participer à la gestion du manque de moyens. Silence radio du gouvernement Macron, toujours. Qui n’est d’ailleurs pas l’unique responsable des politiques de santé mortifères. Celles de ses prédécesseurs ont bien préparé le terrain.

La loi HPST de 2009 a été une catastrophe

Car le traitement de choc prescrit à l’hôpital remonte à plusieurs années. En 2009, la loi hôpital, patients, santé, territoire (HPST) a bousculé la gouvernance des établissements au détriment des soignants. Le directeur s’est alors retrouvé dans une position de patron. « C’était la première fois qu’il y avait des manifestations aussi importantes de médecins, rappelle Christophe Trivalle, chef de service de gériatrie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), membre de la Commission médicale d’établissement (CME) centrale de l’AP-HP, l’instance où siègent les représentants élus des médecins. Cette loi a été catastrophique. Tous les pouvoirs ont été donnés au directeur. Son seul objectif, c’est d’assurer l’équilibre financier. Or, l’hôpital est d’abord là pour soigner. » Ce membre du Collectif inter-hôpitaux ajoute : « L’autre catastrophe, ce sont les regroupements en pôles, qui ont entraîné des destructions de services, une diminution des lits, donc des effectifs. Sans oublier une souffrance du personnel soignant et médical. »

Depuis des années, les budgets hospitaliers sont asphyxiés

Pris dans des plans d’économies, le secteur se transforme en hôpital-entreprise. C’est d’ailleurs l’esprit de la tarification à l’activité (T2A), votée fin 2003. Ce système obéit à une volonté de rationaliser les modes de financement des établissements. « La T2A a été un instrument pervers : les hôpitaux sont rémunérés en fonction des activités effectuées en leur sein, précise David Grabli, médecin. Ce qui incite à augmenter la productivité. Or, les tarifs hospitaliers baissent, notamment en raison d’un Ondam (Objectif national des dépenses d’assurance-maladie – NDLR) fermé », voté chaque année au Parlement. Frédéric Pierru, sociologue de la santé, relève qu’ « en 1990, la part hospitalière était de 46,6 % dans les dépenses courantes de santé, contre 38,3 % en 2017. On a perdu 8,3 %, quand l’Allemagne ne perd que 3 % » .

Alors que l’épidémie menace aujourd’hui de faire s’écrouler le système hospitalier, tous exigent un investissement massif dans l’hôpital. Comme l’assène le sociologue, « à force d’avoir réduit les capacités hospitalières, en particulier en soins intensifs, particulièrement coûteux, nous sommes désormais à la merci de la moindre pandémie ». Pour lui, « on voit le désastre de ces choix budgétaires à court terme devant nos yeux. Et de cela, nos élites devront rendre des comptes, une fois la pandémie passée. »

Lola Ruscio
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27 mars 2020 5 27 /03 /mars /2020 06:55

 

Notre pays, comme le reste du monde, fait face à une épreuve majeure. 

Le nombre de personnes mortes des suites du coronavirus augmente de jour en jour de manière exponentielle. 

Nous avons affaire à un défi historique, qui appelle la mobilisation de la nation tout entière.

 

 

C'est d'ailleurs dans cet esprit que le PCF a d'emblée proposé la création d'un comité d'urgence nationale, où se réuniraient des représentants du gouvernement, du comité scientifique, des partis politiques, des associations d'élus locaux, des organisations syndicales, du monde économique.

Quoi qu'ils subissent, les Français font face. Ceux qui travaillent dans nos services publics, souvent maltraités, sont aux avant-postes, dans les hôpitaux, dans les communes, dans les collectivités ou encore pour assurer la sécurité. Dans le privé aussi, ils sont nombreux à monter au front, dans les supermarchés, dans les Ephad, dans l'agriculture, dans les transports... Oui, de belles solidarités s'organisent dans tout le pays car le monde du travail est solidaire.

Les communistes et leurs élu·e·s, dans le même état d'esprit, se sont mis à la disposition du pays. Partout, ils s'emploient à construire les actions d'entraide et de solidarité que requiert la situation, à apporter l'aide indispensable aux personnes les plus fragiles comme aux professions en première ligne. 

Nos parlementaires ont demandé que tous les salariés au contact avec du public puissent bénéficier de tous les moyens de protection dont ils ont besoin : masques, gel, gants... Ce qui suppose que tout soit mis en oeuvre pour permettre à l'industrie de les produire en quantité suffisante.

Ils ont aussi appelé à un confinement général bien plus strict que celui mis en place par le gouvernement, puisque c'est le seul moyen, en l'état actuel, de lutter contre la propagation du virus, préconisé l'Organisation mondiale de la santé. Les entreprises qui ne sont pas indispensables à l'activité du pays doivent s'arrêter. Il n'est pas admissible que 45% des salariés continuent de travailler dans des secteurs non essentiels à la gestion de l'urgence sanitaire. 

L'état d'urgence sanitaire que le gouvernement vient de faire adopter par les assemblées ne répond pas à ces exigences d'intérêt général. C'est pourquoi nos parlementaires n'ont pas voté les projets de loi qui l'instauraient.

Non seulement notre appel à une mobilisation des forces vives du pays n'a pas été pris en compte, mais le gouvernement s'est arrogé tous les pouvoirs. Il s'est affranchi du contrôle du Parlement afin d'agir par ordonnances pour déréglementer le droit du travail. Les premières décisions viennent de tomber et elles sont édifiantes : les entreprises pourront faire travailler leur salariés jusqu'à 60 heures par semaine au lieu du seuil maximum légal de 48 heures !

Enfin, notre pays doit aussi faire appel à la mobilisation de toute la société, y compris les multinationales, les compagnies d'assurances, les géants du numérique ou les grandes fortunes. A ce jour, rien n'est prévu de ce côté-là. C'est pourtant là que nous trouverons les ressources nécessaires pour surmonter cette crise inédite. Si les forces du travail sont aujourd'hui mobilisées, celles du capital doivent l'être aussi !

La bataille des « jours d'après » commence maintenant. Faisons monter de toutes parts l'exigence que l'intérêt de l'humain et celui de la planète passent avant ceux de l'argent et des logiques de profit.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

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