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29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 06:39

A l'invitation du Premier ministre, j'étais ce matin à Matignon pour la réunion d'urgence sur le Coronavirus avec Pierre Dharreville, député des Bouches-du-Rhône et Laurence Cohen, sénatrice du Val-de-Marne. Lors de cette rencontre, le PCF a tenu à saluer le travail et l'engagement des personnels de santé, tout comme l'ensemble des services publics et des maires mobilisés pour se préparer au risque d'épidémie.

 

 

Ce virus est désormais aux portes de la France. Il s'étend aussi dans des pays au système sanitaire fragile. Comme tous les virus, il n'a pas de frontière. Il faut préparer notre pays et la population à cette épidémie.


Les personnels de santé, nos services publics et les maires des 35 000 communes de France sont et seront en première ligne en cas de suspicion de personnes infectées ou pour faire respecter les mesures de confinement aux personnes revenant des zones à risque.


Nous avons demandé au Premier ministre de renforcer, le plus rapidement possible, en moyens humains les hôpitaux publics de France, dont les personnels tirent la sonnette d'alarme depuis des mois.


En effet, des médecins, des infirmier-es, des aide-soignant-es, parfois des services entiers sont à bout, en tension permanente et réclament des moyens supplémentaires. Sans aucune marge de manœuvre, Comment pourront-ils faire face à une épidémie ?


En cas d'épidémie dans une zone définie, les 108 hôpitaux siège d'un  SAMU seront mobilisés pour accueillir et soigner les patients infectés. Pour cela, les autres patients seront transférés dans les hôpitaux de proximité. Ces hôpitaux sont-ils aujourd'hui en capacité d'accueillir des patients supplémentaires ?


Les services d'urgence et le numéro d'appel du SAMU vers qui sont renvoyées les personnes qui ont des doutes sur leur pathologie, sont débordés : est-il possible de les renforcer rapidement ?



Les maires, de leur côté, demandent des précisions et surtout de la cohérence sur les mesures qu'ils doivent prendre, en direction de la population ou de leur personnel. Ils ne comprennent pas, par exemple, l'obligation de mettre en place un confinement pour des personnes de retour de zones à risques, quand dans le même temps, on autorise 3 000 supporters italiens à venir en France assister à un match de football.
Nous avons également alerté le chef du gouvernement sur les difficultés rencontrées par nos concitoyens contraints d'annuler au dernier moment leur voyage dans une zone devenue à risque. Quelle prise en charge financière peuvent-ils espérer et sur quel dispositif assurantiel peuvent-ils s'appuyer ?



Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord

 

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27 février 2020 4 27 /02 /février /2020 11:34
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27 février 2020 4 27 /02 /février /2020 09:57
Assemblée nationale. Les pièges de la réforme révélés dans l’Hémicycle
Mercredi, 26 Février, 2020

Le débat de fond a surgi sur la réforme des retraites grâce à la bataille d’amendements menée par les groupes d’opposition. Au plus grand désespoir des macronistes, qui refusent de voir la réalité du texte et ne savent pas comment défendre la loi inique concoctée par le gouvernement.

 

Ils ne savent plus quoi répondre. Le débat parlementaire sur la réforme des retraites tourne au calvaire pour les députés LaREM. Ils éludent, renvoient à la conférence de financement, grossissent les défauts du régime actuel, vitupèrent, mais ne répondent pas sur le fond. « Il n’y a aucune garantie dans ce texte », déplorent les élus de gauche comme de droite : quel sera le niveau des pensions ? Quel sera l’âge de départ à la retraite ? Quels droits seront liés à la pénibilité, au chômage, aux enfants ? Silence radio du côté des macronistes. Poussée dans ses derniers retranchements, la rapporteuse du volet organique de la loi a même répondu, lundi, par un édifiant lapsus. « Nous vous proposons un grand bond en arrière ! » a tonné Cendra Motin, sous les applaudissements des élus de la majorité qui n’ont même pas entendu le cruel aveu. Tout comme ils n’écoutent pas les démonstrations réalisées chaque jour par les députés d’opposition. Florilège.

1 La règle d’or et rien d’autre

Ils ont épluché le projet de réforme et l’étude d’impact dans tous les sens : rien. « C’est incroyable, malgré tous nos efforts pour connaître la réalité de votre loi, nous ne savons toujours pas quel est l’âge d’équilibre à partir duquel les salariés pourront faire valoir leurs droits à taux plein », s’étouffe Fabien Roussel. « Dans l’étude, on parle de 65 ans, mais dans la loi, il n’y a rien ; dans vos propos, il n’y a rien ! » ajoute le secrétaire national du PCF. « C’est un système à points », répondent en chœur les macronistes, comme si cela devait tout expliquer. « Mais la valeur du point n’offre aucune garantie sur le montant des pensions, car le coefficient de conversion entre la valeur d’achat et la valeur de service est encore inconnu ! » insiste l’élu FI Adrien Quatennens. « Dans le texte, la seule garantie, c’est votre règle d’or qui porte uniquement sur l’équilibre financier du système et la part des retraites dans le PIB. Donc, les pensions serviront de variable et baisseront ! » s’insurge le député PS Boris Vallaud. N’ayant pas convaincu la majorité, les élus déposent des amendements. Les communistes Pierre Dharréville et Stéphane Peu invitent à interdire de désindexer les retraites par rapport à l’inflation, puis à fixer a minima des pensions à 75 % des salaires perçus pendant la carrière. Le rapporteur Modem Nicolas Turquois les repousse avec morgue. « J’ai fait un certain nombre de calculs pour essayer de favoriser l’endormissement des uns et des autres », démarre-t-il, avant d’assurer à tort que « les masses en jeu avant et après la réforme sont du même ordre de grandeur », et de conclure sans préciser : « Certains auront moins que prévu pour que d’autres aient plus que prévu. »

2 Les agriculteurs, sacrifiés sur l’autel du capital

Qui aura moins et qui aura plus, du coup ? « Vous avez décidé de câliner les plus riches, de faire payer les plus pauvres, d’humilier les agriculteurs, de renoncer à la parole donnée ! » dénonce dans l’Hémicycle le député PCF Sébastien Jumel. En cause, l’abandon de la promesse de Macron d’augmenter les pensions des agriculteurs déjà retraités à 85 % du Smic. « Le président dit qu’on n’a pas les moyens, mais on a trouvé les moyens de rendre 4 milliards d’euros au 1 % de Français les plus riches ! » accuse Boris Vallaud. L’élu PS pointe ici l’autorisation faite aux plus fortunés de se constituer leur propre cagnotte de retraite, au détriment de tous les autres. Les députés PCF déposent alors un amendement pour taxer le capital afin de financer les retraites. « Opposer en permanence travail et capital ne me semble pas très sain », répond le secrétaire d’État aux retraites Laurent Pietraszewski en rejetant la proposition. « Nous ne cherchons pas à opposer le travail et le capital, mais à inscrire la possibilité de les faire participer tous deux au financement du système de retraite ! » répond Fabien Roussel. Le socialiste Dominique Potier monte lui aussi au créneau. « Malsain ? Cette question des écarts entre capital et travail est tout sauf taboue, il est même extrêmement sain de la poser ! » lance-t-il en soutenant l’amendement PCF, en plus d’en déposer un autre pour « mobiliser 20 à 30 milliards d’euros sur les revenus du capital, soit 20 à 30 fois la somme nécessaire pour permettre aux paysans les plus pauvres de retrouver la dignité que leur doit la nation ». Cette solution, qui n’aurait pas bénéficié qu’aux agriculteurs mais à tous les Français, a sans surprise été jetée à la poubelle par la Macronie.

3 Les droits familiaux amputés

C’est l’un des arguments favoris du gouvernement : son régime par points permettrait d’en finir avec les inégalités de retraites, bien réelles, entre les hommes et les femmes. Dans le futur régime, « chaque naissance donnera lieu à l’attribution d’une majoration de 5 % des points acquis par les assurés au moment du départ à la retraite », promet le gouvernement. Mais, pour la députée socialiste Valérie Rabault, le compte n’y est pas. Dans l’Hémicycle, elle prend le cas d’une femme née en 1975, qui commence à travailler à 22 ans : « Dans le système actuel, cette femme doit cotiser 43 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein, ce qui l’amène à travailler jusqu’à 65 ans. Supposons maintenant qu’elle ait un enfant : le système actuel lui donne droit à une majoration de huit trimestres, ce qui lui permet de partir à 63 ans. Dans le futur régime, un enfant lui donnera certes droit à une majoration de 5 %… Mais si elle déci de toujours de partir à 63 ans, elle subira les effets du malus prévu, qui est de 5 % par année : soit 10 % de moins. Au total, elle aura donc perdu 5 % de pension. Je n’appelle pas ça la résorption des inégalités entre hommes et femmes. »

Autre lièvre soulevé par l’opposition, celui du volume de ressources attribué dans le nouveau régime à cette question. Le député LR Éric Woerth est revenu à la charge à plusieurs reprises : « Selon le graphique réalisé par vos services, les masses financières consacrées aux droits familiaux seraient, en 2050, moins importantes qu’elles ne l’auraient été sans la réforme. (…) Il y aurait donc moins de droits familiaux qu’actuellement ? » Sans surprise, sa question n’a pas obtenu de réponse claire.

4 Des revalorisations renvoyées à plus tard

Pour tenter d’apaiser les professions qui craignent d’être particulièrement pénalisées par la réforme des retraites, le gouvernement promet d’hypothétiques revalorisations de salaires. « Comment s’opposer à une réforme qui offre enfin l’occasion d’augmenter les salaires des enseignants et des chercheurs ? » fait mine de s’interroger Agnès Firmin-Le Bodo, députée Modem. Au passage, ce raisonnement est curieux, dans la mesure où on pouvait très bien revaloriser les enseignants sans réformer les retraites… Les syndicats ont entamé des négociations avec le ministère de l’Éducation. Le ministre Blanquer vient d’annoncer que les enseignants débutants gagneraient 100 euros de plus net par mois à partir de 2021, mais le flou persiste selon Francette Popineau, cosecrétaire générale du SNUipp-FSU : « Il n’est évidemment pas absurde de revaloriser les débutants. Mais nous avons besoin de précision. Qui sera concerné ? Les professeurs stagiaires ou bien les titularisés ? S’agira-t-il de salaire ou de prime ? Par ailleurs, il faudra revaloriser également les fins de carrière. » Quoi qu’il en soit, la syndicaliste souligne que les hausses de rémunération ne suffiront pas à corriger les effets du projet de loi : « Nous avons calculé que les enseignants perdront entre 600 à 900 euros de retraite avec la réforme. »

Aurélien Soucheyre et Cyprien Boganda

Édouard Philippe assume le 49.3

« Lorsqu’il faut prendre ses responsabilités, je le fais sans hésiter et j’utilise toute la Constitution, rien que la Constitution mais bien toute la Constitution. »  Le message d’Édouard Philippe est limpide, le premier ministre n’hésitera pas à engager sa responsabilité et celle de son gouvernement en faisant valoir l’article 49.3 pour faire passer sa réforme, en force, en cour-circuitant le débat parlementaire. Réaffirmant son objectif « d’adopter la réforme avant l’été », Édouard Philippe a rappelé, dans une réunion à huis clos du groupe majoritaire, que l’utilisation du 49.3 « est une responsabilité du premier ministre ». « Nous nous sommes engagés sur ce système universel de retraite par répartition et par points, et le fait majoritaire, ça existe ! » a-t-il encore assené.

Démocratie. Folle nuit à l’Assemblée
Jeudi, 27 Février, 2020 - L'Humanité

La majorité a insulté l’opposition et quitté l’Hémicyle, en plein débat sur les retraites.

Soirée folle, dans la nuit de mardi à mercredi, au Palais-Bourbon. Les députés LaREM ont quitté l’Hémicycle, pour protester contre le dépôt d’amendements par l’opposition. « Ils reviendront en cas de débat sain et apaisé », déclare leur président, Gilles Le Gendre, qui reste seul pour les représenter. En cause, une série de 656 amendements communistes visant à repousser la réforme, année après année, de 2022 à 2057. Afin que l’examen ne soit pas trop fastidieux, les élus PCF avaient proposé de les défendre « rapidement, en les regroupant », avant même l’esclandre de Gilles Le Gendre. Rien n’y a fait, et les députés LaREM ont quitté leurs sièges, malgré l’avis du président de séance, Hugues Renson, qui estimait la procédure « classique ».

Boutades douteuses

Passé ce coup de théâtre, le rapporteur Modem Nicolas Turquois est allé encore plus loin, multipliant les boutades douteuses avant de hurler à l’opposition : « Je vous dis que la République c’est nous, et que, vous, vous n’êtes rien ! » Des propos « indignes et inqualifiables », selon le député LR Philippe Gosselin, qui lui a lancé : « Reprenez-vous, vous perdez vos nerfs ! » Turquois s’est ensuite plaint d’être un « pantin au milieu d’un cinéma de guignols ». « Vous êtes au carrefour de tensions considérables qui existent bien au-delà de cet Hémicycle », tente l’élu PCF Pierre Dharréville, pour rehausser le débat. Hier, le rapporteur général LaREM, Guillaume Gouffier-Cha, reconnaissait l’erreur commise par Turquois, avant de le dédouaner en le disant victime d’une opposition qui use d’une « technique de harcèlement utilisée par les pervers narcissiques ». De quoi « apaiser » le débat, sans doute… A. S.

Retraites: Les pièges de la réforme révélée à l'Assemblée Nationale. La LREM perd ses nerfs (L'Humanité, 26 février 2020)
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27 février 2020 4 27 /02 /février /2020 08:46
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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 07:30
PCF - RETRAITES : MACRON TORPILLE LA DEMOCRATIE
PCF - RETRAITES : MACRON TORPILLE LA DEMOCRATIE
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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 07:23
Assemblée nationale. Incapable de défendre sa réforme, LaREM perd son calme (L'Humanité, Aurélien Soucheyre, 25 février 2020)
Assemblée nationale. Incapable de défendre sa réforme, LaREM perd son calme
Mardi, 25 Février, 2020

Mis face à leurs responsabilités, à la dangerosité de la réforme des retraites et aux mensonges du gouvernement, les députés de la majorité préfèrent multiplier les invectives contre l’opposition, à défaut de répondre sur le fond.

 

Il ne se passe pas un jour, à l’Assemblée, sans que les députés d’opposition ne tendent un miroir à ceux de la majorité. Mais les élus LaREM supportent de moins en moins le reflet qu’ils y découvrent à l’occasion des débats sur la réforme des retraites. À tel point qu’ils en perdent leur sang-froid. C’est ce qui est arrivé à Julien Borowczyk, très agacé par les démonstrations des élus PCF. D’abord, Pierre Dharréville s’inquiète de la « violence symbolique et réelle qu’il y a à repousser l’âge de départ à la retraite au-delà de l’âge d’espérance de vie en bonne santé ». Ensuite, Stéphane Peu propose de légiférer en conséquence, en intégrant la « notion de décence de l’âge de départ ». Que répond alors l’élu LaREM ? D’abord que « la notion assez subjective d’espérance de vie en bonne santé n’est pas aussi scientifique » que cela à ses yeux. Puis il bifurque brutalement de son argumentaire : « Depuis le début de nos débats, vous faites un mauvais calcul, celui de l’obstruction parlementaire permanente. Nous sommes dimanche, mais je ne suis pas chien, je vais vous offrir une consultation médicale gratuite. Avec votre mauvais calcul, vous nous faites une colique néphrétique démocratique. »

« On m’a dit : “Si tu veux t’expliquer, tu sors !”»

À gauche comme à droite, les députés protestent contre l’attaque. Fabien Roussel s’en émeut, lors d’un rappel au règlement, en accusant le député Mounir Mahjoubi d’avoir lui aussi lancé que les élus PCF sont « sans limite morale », et qu’ « à ce niveau-là cela mérite une intervention médicale ». « Qui a un problème aujourd’hui de débat dans cet hémicycle ? Qui est un ennemi de la démocratie ? Nous avons proposé un référendum sur ce texte de loi, vous n’en avez pas voulu ! » s’indigne le secrétaire national du PCF. Ce n’était cependant pas la première fois que les députés LaREM déportaient le débat sur le terrain de l’injure et de la menace.

En fin de semaine dernière, Emmanuel Macron confirme qu’il abandonne sa promesse de revaloriser les pensions de retraite à 85 % du Smic pour les agriculteurs. Les députés d’opposition s’étouffent. « Les décisions sont renvoyées à une nouvelle mission parlementaire. C’est affligeant ! » dénonce l’élu LR Marc Le Fur. « C’est une immense honte ! On entend le président dire on n’a pas les moyens ! Mais on a trouvé les moyens de rendre 4 milliards d’euros au 1 % de Français les plus riches ! » tonne le socialiste Boris Vallaud. « C’est une trahison sans nom », observe également le communiste Sébastien Jumel, qui parle alors de « foutage de gueule ». « J’assume de dire que, lorsque la majorité ne respecte pas sa parole devant les agriculteurs, cela relève du foutage de gueule. J’assume de dire qu’après avoir en plus bloqué la proposition de loi Chassaigne pour revaloriser les pensions agricoles en 2018, en renvoyant la question à la réforme des retraites alors à venir, oui, cela relève d’autant plus du foutage de gueule », explique l’élu.

Mais sa formule ne passe pas aux yeux de la Macronie, qui ne supporte pas que l’attitude du président soit qualifiée pour ce qu’elle est. Elle soulève par conséquent une bronca immense. Les invectives fusent, sans être inscrites dans les comptes rendus de débat, sans doute à cause du brouhaha. Le silence retombe, et la députée PS Sylvie Tolmont s’indigne. « Il n’est pas admissible de s’entendre dire : “Si tu viens me chercher, tu vas me trouver !” », scande-t-elle. « On m’a dit : “Si tu veux t’expliquer, tu sors !” », prévient Sébastien Jumel, qui dépose un rappel au règlement. « C’est une atteinte personnelle à mon intégrité politique et physique. Je demande que la présidence de l’Assemblée garantisse la liberté d’expression des parlementaires de l’opposition et que les menaces physiques se stoppent », insiste-t-il.

Autant de dérapages affligeants pour la Macronie, qui ne doivent pas masquer le fond du débat et de la démonstration en cours à l’Assemblée : ni le gouvernement, ni la majorité ne parviennent à défendre le projet de réforme et à formuler des garanties sur l’âge de départ à la retraite et le montant des pensions. Ils se noient dans des promesses non tenues et une étude d’impact mensongère. « Vous n’attendez que ça ! » ​​​​​​​crient enfin les députés LaREM quand la gauche s’inquiète d’un recours au 49-3. Ceux qui ont le plus à perdre avec la poursuite du débat se trouvent pourtant du côté de Macron.

Aurélien Soucheyre
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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 07:13
Retraites - La Macronie menace - Un 49-3 serait une immense duperie, dixit André Chassaigne (L'Humanité, 24 février)
La Macronie menace : «  Attendez-vous à un 49-3 cette semaine  »
Lundi, 24 Février, 2020 - L'Humanité

Le gouvernement songe de plus en plus à utiliser le 49-3 pour imposer son texte sur les retraites. Il l’évoque désormais publiquement. Une démarche antidémocratique, à l’image de sa réforme, marquée du sceau du mépris depuis le début.

 
C’est une petite musique qui a commencé doucement, avant de monter crescendo. Une musique lourde de menace : celle du 49-3. La Macronie la joue désormais à plein poumons, afin de faire passer en force sa réforme des retraites. « La question n’est plus de savoir si, mais quand. Attendez-vous à un 49-3 cette semaine », a ainsi lancé un poids lourd de la majorité, hier, dans le Journal du dimanche.
 
Le même jour, Ouest France publiait une tribune de députés LaREM et Modem qui appellent sans la nommer le gouvernement à sortir l’arme fatale. Car l’article 49-3 de la Constitution permet de faire adopter un texte sans vote au Parlement. « À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle. Il est de notre responsabilité collective de mettre un terme à cette mascarade », écrivent les 13 signataires, qui accusent l’opposition de freiner les débats en ayant déposé 41 000 amendements. « Notre Constitution permet d’accélérer l’approbation de ce texte. Si nous voulons assurer un système de retraite universel, il n’y aura peut-être pas d’autre choix », ajoutent les auteurs de la tribune, avant de sortir les trompettes : « On tente un coup de force contre l’Assemblée. Que l’Assemblée s’en libère. C’est le sens de cet appel. »
 

 

 
« Libérer » l’Assemblée, donc, en ayant recours au 49-3 ? La Macronie n’en finit décidément plus de pervertir le sens des mots. Car le 49-3 a été pensé pour contraindre le Parlement à s’agenouiller devant le gouvernement. « L’utiliser serait une faute politique grave, un aveu de faiblesse gigantesque et l’expression d’un autoritarisme dangereux. Normalement, le 49-3 est utilisé pour discipliner une majorité. Là, ce serait fait pour museler l’opposition. C’est particulièrement grave », s’alarme Sébastien Jumel. Le député PCF refuse tout procès en « obstruction » intenté par les macronistes. « Nous utilisons nos amendements pour contraindre le gouvernement à s’expliquer et à dévoiler son projet. Quel sera l’âge de départ à la retraite ? Quels seront la valeur du point et le montant des pensions ? Comment sera calculée la pénibilité ? Quelles garanties pour les femmes ? Le gouvernement ne nous répond pas. Son texte n’est pas prêt », accuse le parlementaire.

Cela n’a hélas rien de surprenant. Le gouvernement marche seul et ne veut absolument pas débattre de sa réforme. « Il ne veut pas discuter de son projet avec les partenaires sociaux qu’il méprise. Il ne veut pas entendre les manifestants et les professions mobilisées qu’il passe son temps à enfumer. Il refuse de débattre avec les Français en repoussant tout référendum. Il ne veut pas non plus dévoiler le fond de sa réforme devant le Parlement. La preuve, c’est que son texte à trous est composé de 29 ordonnances », détaille le député PCF Pierre Dharréville.

« Comment pourrions-nous voter un texte aussi important, qui bouscule toute notre organisation sociale, sans savoir précisément ce qu’il y a dedans et en laissant le gouvernement le rédiger plus tard en ayant recours à des ordonnances ? Voilà pourquoi nos amendements sont si nombreux, dès l’article premier, afin d’aborder tous les dangers d’emblée », argumente Adrien Quatennens. Le député FI estime même qu’il était nécessaire d’amender massivement cet article, dont l’examen est en cours à l’Assemblée, au motif que l’exécutif « ne veut pas aller plus loin, car il n’arrive pas à vendre son texte ».

 

LaREM accuse l’opposition

Plutôt que de défendre pied à pied sa réforme, l’exécutif songe depuis longtemps au 49-3. « Il faut faire constater au grand public le jeu d’obstruction mené par certains », a ainsi commandé Emmanuel Macron en réunissant les députés LaREM à l’Élysée, le 11 février. Quelques jours plus tard, alors que le texte arrivait dans l’Hémicycle, le 17 février, Gilles Le Gendre lançait à la presse un commentaire sans appel. « Nous allons perdre du temps à nous embourber et nous noyer dans des choses qui n’ont aucun intérêt », déclarait le président du groupe LaREM, qui n’a eu de cesse de faire référence au 49-3 les jours suivants. « C’est un outil qui n’est pas à exclure évidemment », a ensuite déclaré le secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, le 21 février, avant un week-end durant lequel l’ensemble des ministres ont pris soin d’accuser l’opposition en cas de recours au 49-3.

Dans la foulée, le questeur LaREM de l’Assemblée nationale, Florian Bachelier, a nourri l’offensive en calculant qu’une « journée d’obstruction parlementaire par les députés minoritaires d’extrême gauche, c’est 1 500 000 euros d’argent public ». Sauf que le budget de l’Assemblée atteint chaque jour ce montant en moyenne, que les élus siègent ou non, comme l’a rappelé le député PS Boris Vallaud. « J’ai fait un rappel au règlement suite à cette déclaration de Bachelier. Sa démonstration est poujadiste et antiparlementariste. La démocratie a un coût, c’est normal. Que voudrait dire l’inverse ? Qu’il faut dissoudre le Parlement pour faire des économies et avoir recours à des ordonnances permanentes ? » tacle Sébastien Jumel.

Au même moment, dix députés proches du président, dont six LaREM, signaient de leur côté une tribune contre le 49-3, qui serait selon eux interprété comme « un passage en force » et un « déni de démocratie ». L’image de Manuel Valls s’était d’ailleurs considérablement dégradée après un recours à cette arme ultime sur la loi El Khomri en 2016. Près de 72 % des Français sont même contre un recours au 49-3 sur les retraites, selon un sondage BVA. L’usage du 44-3, ou vote bloqué, aurait sans doute le même impact et viendrait couronner la façon de gouverner de Macron : se passer du peuple, se passer des syndicats, et se passer du Parlement. 

Aurélien Soucheyre
 
Retraites - La Macronie menace - Un 49-3 serait une immense duperie, dixit André Chassaigne (L'Humanité, 24 février)
André Chassaigne : « Le 49-3 serait une immense duperie » - L'Humanité
Lundi, 24 Février, 2020

Le député communiste du Puy-de-Dôme s’explique sur le nombre d’amendements déposés par son groupe. Il accuse le gouvernement de vouloir passer en force.
 

 

André Chassaigne Président PCF du groupe GDR

Pourquoi avoir déposé des milliers d’amendements ?

André Chassaigne Nous avons déposé autant d’amendements parce que nous savions qu’ils seraient considérés comme irrecevables par dizaines. Tous les prétextes sont utilisés par le gouvernement. Tous les amendements que j’ai pu rédiger, par exemple sur les retraites agricoles ou celles des militaires, ont été déclarés irrecevables. Nous les avons donc multipliés pour expliquer notre conception d’une réforme des retraites, et poser des questions précises : quel sera l’âge de départ à la retraite, les garanties sur le niveau des pensions… Chaque fois, nous posons des questions fondamentales, sur lesquelles nous n’obtenons pas de réponses. Nos amendements sont un moyen de mener un débat de fond dans le cadre d’une procédure accélérée. Avec la modification du règlement de l’Assemblée, nos interventions sont de surcroît plus limitées qu’auparavant. Ces amendements nous permettent de nous exprimer.

La majorité et l’exécutif vous accusent de faire de l’obstruction parlementaire et brandissent la menace du 49-3. Que leur répondez-vous ?

André Chassaigne Notre objectif, ce n’est pas le 49-3. Nous maintenons notre revendication d’origine qui est le retrait du projet de loi. Ou alors un référendum. Et à défaut, nous voulons que la discussion soit conduite jusqu’au bout. Le gouvernement a fixé de façon arbitraire, sur une base électoraliste, opportuniste, le vote de la loi avant les municipales. Ce projet de loi est d’une extrême importance parce qu’il remet en cause notre socle social, et il n’y a aucune justification valable à cette date butoir. Nous sommes prêts à reprendre le débat après les municipales. Nous sommes fermement opposés au 49-3 qui serait un coup de force s’il était utilisé. Nous accuser de faire de l’obstruction est une fausse justification de l’empressement politicien du gouvernement.

C’est une menace réelle ? On parle aussi de l’article 44-3, ou « vote bloqué »…

André Chassaigne Le 44-3 a déjà été utilisé au Sénat pour bloquer ma proposition de loi sur les retraites agricoles, qui avait pourtant été votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale et très largement par la commission des Affaires sociales du Sénat… Cet article permet au gouvernement de faire voter un texte avec seulement ses propres amendements. Je ne sais pas laquelle de ces deux procédures le gouvernement choisirait. Mais il est évident que ce serait inacceptable, et un déni de démocratie dans les deux cas. Et une immense duperie.

Avec quelles conséquences politiques ?

André Chassaigne Ce serait un aveuglement terrible. D’une part à l’égard du mouvement des gilets jaunes, dont émanait une demande de dignité, de respect des citoyens. D’autre part à l’égard de l’immense mobilisation sociale en cours depuis début décembre. Elle trouve en quelque sorte un prolongement dans le débat parlementaire, qui ne s’y substitue pas pour autant. Le 49-3 fermerait la porte à toute évolution du projet de loi en séance. Il s’agirait d’un refus de prendre en compte, ou même de simplement répondre aux questionnements du mouvement social. Le 49-3 est fait pour souder une majorité divisée. Mais ce n’est pas son cas et elle votera sans discussion le texte du gouvernement. Le 49-3 serait alors utilisé pour empêcher le débat et la levée des zones d’ombre de cette réforme. 

Entretien réalisé par Diego Chauvet
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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 07:08

Rachida Dati dans les bas-fonds du racisme électoraliste

En accusant les migrants d’être responsables de la tuerie d’Hanau, Rachida Dati s’est transformée, à des fins électoralistes, en supplétive de l’extrême droite.

Ainsi, non seulement, elle affranchit le tueur néo-nazi de toute responsabilité politique et idéologique, mais de plus, en déclarant que les migrants n’ont « pas la même conception du vivre ensemble que la nôtre, n’ont pas conscience de nos valeurs républicaines », Rachida Dati accuse les migrants d’être les véritables responsables de la tuerie … dont ils ont été les victimes !

Déjà à d’autres époques et encore aujourd’hui, l’extrême droite tient un même raisonnement à l’égard des Juifs qu’elle accuse d’être responsables, par leur simple présence, du nazisme et de leur propre extermination !

L’agression contre la mosquée de Bayonne a déjà démontré que le terrorisme d’extrême-droite peut frapper en France, comme partout en Europe. C’est toute la République qui doit se mobiliser contre les discours racistes qui poussent les fanatiques aux actes criminels.

Rachida Dati, par ses déclarations irresponsables, tenues à des fins bassement électoralistes, offre aux néo-nazis de l’extrême droite un véritable permis de persécuter les migrants.

Selon elle, ce n’est pas l’extrême-droite qui en serait responsable, mais la Maire de Paris, les associations d’entre-aide et tous ceux qui s’opposent au racisme !

Décidément, à vouloir pêcher dans les eaux nauséeuses de l’extrême droite avec l’espoir de récupérer ses électeurs, Rachida Dati et l’aile droitière du mouvement qu’elle représente, abusivement nommé « Les Républicains », témoignent qu’ils n’ont rien appris de l’Histoire.

Paris, le 24 février 2020

Retrouvez cet article sur le site internet du MRAP

Paris: Rachida Dati dans les bas-fonds du racisme électoraliste (MRAP)
Ils n’ont pas honte !. Pour Dati les migrants toujours coupables
Lundi, 24 Février, 2020 - L'Humanité

La candidate de la droite à la mairie de Paris accuse « l’ouverture des frontières » dans l’attentat perpétré par un tueur d’extrême droite en Allemagne.

 

Selon Rachida Dati, qui réagissait le 21 février à la fusillade qui a fait 9 morts en Allemagne, « Angela Merkel n’a pas mesuré les conséquences de l’ouverture massive des frontières ». « Quand elle le fait, ajoute la candidate LR à la mairie de Paris, elle le fait sans anticipation, sans cadre, sans même le gérer. Elle n’écoute pas son opinion publique, elle ne la prépare pas. » En outre, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy en profite pour tirer sur la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui défendrait une « idéologie laxiste » en souhaitant selon elle « bienvenue aux migrants et aux réfugiés à Paris ».

On est habitué à ce genre de propos venant de la droite à la suite d’attentats motivés par une idéologie islamiste. Ils sont déjà scandaleux, amalgamant ainsi musulmans, immigrés, réfugiés au terrorisme. Mais cette fois Rachida Dati franchit un cap. À Hanau, en Allemagne, ce n’est pas un islamiste qui a abattu neuf personnes. C’est un militant d’extrême droite né en Allemagne, Tobias Rathjen, dont les victimes sont les clients et des membres du personnel de bars à chicha. Un Allemand qui a laissé une profession de foi au contenu explicite, raciste et complotiste.

Mais, pour Rachida Dati, ce n’est donc pas l’idéologie raciste du meurtrier qui est en cause. Quand il s’agit d’attentats djihadistes, les réfugiés, l’immigration sont déjà responsables à ses yeux. Et lorsque les victimes sont assassinées par un terroriste d’extrême droite, les coupables sont à nouveau les mêmes pour Dati ! Au passage, Rachida Dati se livre à un exercice de justification scabreuse des crimes, au prétexte que l’opinion allemande aurait été insuffisamment « préparée » à « l’ouverture des frontières ». Une course derrière l’extrême droite dont le résultat ne s’est fait pas attendre : un responsable du RN de la Mayenne a clamé sur Twitter être « parfaitement d’accord » avec la candidate de la droite parisienne.

Diego Chauvet
Paris: Rachida Dati dans les bas-fonds du racisme électoraliste (MRAP)
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23 février 2020 7 23 /02 /février /2020 07:30
Entretien du philosophe Etienne Balibar avec Jérôme Skalski, L'Humanité, 21 février: le communisme, c'est une subjectivité collective agissante et diverse
Étienne Balibar : « Le communisme, c’est une subjectivité collective agissante et diverse »
Vendredi, 21 Février, 2020

Dans les deux premiers volumes de ses Écrits (la Découverte) réunissant essais et textes d’intervention – dont certains inédits – rédigés entre 1994 et 2019, le philosophe emprunte les chemins du concept et de l’histoire. À leur croisée, la politique.

 

Les deux premiers tomes de vos Écrits, publiés cette année aux éditions la Découverte, associent concept et histoire, notions souvent opposées. Qu’est-ce qui anime ce double intérêt de votre pensée ?

Étienne Balibar Au cours de la vie, j’ai travaillé, d’un côté, autour de questions dont le centre d’intérêt était le travail du concept, en particulier de questions épistémologiques et anthropologiques, et puis, d’un autre côté, comme citoyen et comme militant, j’ai eu le sentiment qu’il fallait s’affronter à l’histoire dont on fait partie. On pourrait se dire que l’histoire, c’est le domaine dans lequel tout change. Celui dans lequel les positions les plus assurées sont, à un moment ou un autre, inévitablement remises en question. J’en discute un certain nombre dans mon livre sous le nom de « traces ». De l’autre côté, on pourrait avoir le sentiment que le travail du concept vise à une sorte de permanence qui est l’opposé même de la fuite du temps. Il est vrai qu’il s’agit de deux styles de travail mais je dirai volontiers – et j’espère que ces deux livres le montrent – qu’il y a un troisième terme fondamental qui est partie prenante aussi bien de la réflexion sur l’histoire que du travail du concept qui est la politique au sens large du terme. Donc, d’un côté, j’ai essayé de travailler et de réfléchir sur des exemples, passés ou présents, et même à venir, au sens de la conjecture, à la façon dont se noue le rapport intrinsèque de la politique, de l’histoire ou de la praxis et de la temporalité, et puis, de l’autre côté, j’ai essayé, sur la trace des dernières tentatives d’Althusser et de Foucault en particulier, de produire et d’explorer une conception de la pensée théorique dont le conflit, et par voie de conséquence, inévitablement, la politique, constituerait non pas une extériorité contingente, voire même un danger dont il faudrait se prémunir, mais au contraire une sorte de ressort, ou de puissance intrinsèque.

Point sur lequel vous ne cessez de croiser Marx ?

Étienne Balibar Oui, je revendique différentes sources d’inspiration – y compris certaines qui ne vont pas de soi comme Weber ou Schmitt –, mais la plus grande de toutes, effectivement, pour moi, c’est toujours Marx. Il y a quelque chose chez lui qui est admirable et que j’avais déjà souligné dans mon petit livre sur la Philosophie de Marx (1). Marx m’apparaît comme quelqu’un qui n’a jamais cédé, au fond, sur deux exigences fondamentales, même quand elles risquaient d’entrer en conflit l’une avec l’autre. Celle, d’un côté, de transformer le monde. C’est l’idée que nous vivons dans une société qui non seulement est contradictoire mais insupportable et qu’il faut absolument trouver les leviers, les forces et les tendances sur lesquels on peut s’appuyer pour la faire accoucher de son propre avenir et de son alternative. De l’autre côté, il y a chez Marx une soif de vérité qui repousse le compromis avec les facilités ou les contingences de la lutte politique. Il n’a cédé sur aucune des deux exigences, ce qui veut dire aussi qu’il a pris le risque de se tromper. La vérité ne se découvre que par l’erreur. Car, comme disait Spinoza, « il faut comprendre », surtout comprendre ce que l’on a fait et ce qui arrive à ce que l’on a fait. Enthousiasme maximal, donc, et conceptualité maximale.

Pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté. N’est-ce pas aussi, d’une certaine manière, la formule de Gramsci ?

Étienne Balibar C’est tout à fait la formule de Gramsci ! C’est une des expressions les plus claires de cette tension qui, certes, est malaisée, mais qui est aussi une condition sine qua non de l’action politique. Il y a d’autres formulations possibles. Celle, par exemple, que contient l’antithèse weberienne de l’éthique de la conviction et de l’éthique de la responsabilité, à condition de la lire non pas comme une exclusion mais comme une réciprocité de perspectives.  Max Weber ne passe pas pour un grand révolutionnaire, mais de mon point de vue, c’est un maître à penser au moins aussi important que Gramsci ou Marx, en tout cas sur le plan de la méthode. Il y a aussi la formule de Machivel : « Andar drieto alla verità effetuale della cosa » qui est dans une lettre de Machiavel à François Guichardin et que je cite dans l’ouverture de Passions du concept. « Andar drieto », dans la langue toscane de l’époque, cela ne veut pas dire « aller tout droit », mais cela veut dire « aller derrière », c’est-à-dire « suivre », « être à la poursuite » de la vérité.

Votre réflexion sur l’histoire de ce qu’on appelle le « socialisme réel » vous conduit, dans le sillage de Spinoza, à une réflexion critique réhabilitant l’idée, en particulier, de la démocratie. Pourquoi ?

Étienne Balibar Il y a un certain nombre de tournants décisifs dans l’histoire du « socialisme réel ». Naturellement, Staline en est la référence incontournable. La question qui se pose, c’est de savoir ce qui s’est joué au moment où Staline, et tout ce qu’il représentait, a pris le pouvoir en Union soviétique, quelque temps après la mort de Lénine. J’ai décrit cela dans mon texte sur la trace de la révolution d’Octobre, comme retour du principe de la souveraineté étatique dans l’histoire de la révolution communiste. Mais iI y a quelque chose qui s’est joué plus tôt que cela et j’ai complètement changé d’avis au cours de ma vie à ce sujet. C’est le moment où, en 1918, au fort de la guerre civile, Lénine décide que les élections de l’Assemblée constituante sont nulles et non avenues et que la démocratie parlementaire constitue un obstacle à la transformation révolutionnaire ou un foyer de résistance contre-­révolutionnaire, et que, par conséquent, il faut abolir ce type d’institutions représentatives pour mettre en place, dans la présentation idéale de l’époque, une démocratie plus radicale qui est la démocratie des soviets ou la démocratie conseilliste derrière laquelle, en fait, la toute-puissance du parti unique, même pour les meilleures raisons du monde, va finir par s’imposer. À ce moment-là, Rosa Luxemburg, de façon prémonitoire, écrit un texte qu’elle n’a pu publier elle-même en raison de son arrestation et de son assassinat et dans lequel figure cette phrase fameuse : « La liberté, c’est toujours la liberté de penser autrement. »  Ce qui veut dire que l’abolition du pluralisme idéologique contient en elle-même, d’une certaine façon, la sentence de mort de la tentative révolutionnaire. Dans la tradition communiste à laquelle j’appartenais, cette question était considérée comme tranchée : Lénine avait eu raison. C’était un argument qui faisait le plus mauvais usage possible de Machiavel au nom de l’efficacité immédiate derrière laquelle « la vérité effective de la chose » n’était pas elle-même saisie. Je pense que Rosa Luxemburg saisissait quelque chose qui a été tout à fait déterminant, avec des conséquences catastrophiques sur le devenir du socialisme de type soviétique.

La conséquence n’est pas que je me représente la démocratie parlementaire comme le nec plus ultra ou l’alpha et l’oméga de l’idée démocratique. Les tentatives que j’ai faites, avec d’autres, pour donner un peu de contenu à l’idée d’une démocratie radicale, dans mon recueil sur la Proposition de l’égaliberté (2) , par exemple, me conduisent à penser qu’il y a des formes démocratiques qui sont plus avancées que la représentation ou que le parlementarisme. Il est probable aussi que leurs rapports doivent être pensés de façon dynamique, donc inévitablement conflictuelle, comme une sorte de complémentarité ou bien de relève, plutôt que comme l’abolition pure et simple d’une forme au profit de l’autre. C’est bien ce que me semblent indiquer des multiples mouvements insurrectionnels revendiquant la démocratie participative qui se font jour en ce moment dans le monde entier et qui traduisent la vitalité des idéaux d’émancipation en leur ajoutant des contenus nouveaux.

Certains penseurs marxistes comme Lucien Sève insistent pour séparer socialisme et communisme dans la visée d’un dépassement critique des impasses historiques de ce « socialisme réel ». Qu’en pensez-vous ?

Étienne Balibar Je suis très content que les discussions sur le communisme soient plus vives et plus vivantes que jamais. J’essaye d’y participer. Le fond de ma position n’est pas qu’il faille choisir. Certains de nos contemporains – dont Lucien Sève, qui est le représentant d’une grande tradition, avec beaucoup d’éléments qui nous sont communs – ont tiré de toute cette histoire la leçon qu’il faut enterrer la catégorie de socialisme. Ils proposent de remonter à une espèce de pureté originelle de l’idée du communisme et, en même temps, ils essayent de montrer que l’idée du communisme sous cette forme d’une alternative radicale au monde de la propriété privée et de l’État (ce que certains appellent le « commun » pour éviter les connotations historiques gênantes) est en quelque sorte appelée par les contradictions du capitalisme absolu dans lequel nous vivons aujourd’hui. Ce n’est pas très différent, sur le plan verbal au moins, de ce que dit de son côté Toni Negri ou bien de ce qu’avait expliqué Althusser dans certains des derniers textes de sa vie, convergence que je trouve impressionnante. Je suis d’accord avec l’idée que nous devons penser en termes d’alternatives radicales, mais j’ai aussi tendance à penser qu’on a toujours besoin des deux catégories de communisme et de socialisme. À la condition évidemment de complètement sortir de la perspective évolutionniste dans laquelle le marxisme classique l’avait inscrite : d’abord, la prise du pouvoir politique ; ensuite, la transition économique et sociale… C’est ce schéma « étapiste » et en même temps étatiste qui a été complètement invalidé par l’histoire. Ce qui n’est pas invalidé, c’est l’idée de transition ou de confrontation de longue durée entre des forces sociales, politiques et culturelles qui incarnent des visions du monde radicalement alternatives. Et la réalité de la catastrophe environnementale dans laquelle nous sommes entrés maintenant sans retour possible met d’autant plus en évidence l’importance et l’urgence de forger et d’appliquer, inventer des systèmes de gouvernement et des programmes de transition sociale qui inévitablement nous confrontent au fait que, sur une période de très longue durée, on va avoir affaire à des conflits entre des forces antagonistes, avec des phases de compromis, des alliances plus ou moins solides et des réformes de plus en plus profondes. Dans le dernier texte de mon recueil, intitulé hypothétiquement « Pour un socialisme du XXIe siècle : régulations, insurrections, utopies », ce que j’essaye pour ma part, c’est de clarifier l’idée d’une transformation socialiste dont le contenu soit complètement repensé à partir des leçons de l’histoire et de l’urgence immédiate. On pourrait donc penser que, dans ces conditions, je dis au revoir  non pas au socialisme, comme Toni Negri, mais bien au communisme. Or je crois que c’est tout à fait l’inverse. Je suis persuadé, en effet, qu’il n’y aura pas de transition ou de programme socialiste d’aucune sorte, notamment de socialisme écologique qui est le seul pensable aujourd’hui, s’il n’y a pas des communistes, sous des appellations multiples d’ailleurs, qui fournissent à cette transition et à cette lutte l’énergie, la capacité d’invention, d’imagination, d’utopie, mais aussi la radicalité révolutionnaire dont elle a besoin. Le communisme, ce n’est pas une forme de propriété ou un mode de production, c’est une subjectivité collective agissante et diverse.

L’alternative aux vieux schémas, ce n’est pas de dire : oublions le socialisme et essayons de réaliser le communisme tout de suite dans le monde d’aujourd’hui. Ce n’est pas non plus celle qui consiste à dire : remettons le communisme à plus tard, comme un idéal éloigné, voire inaccessible. C’est celle qui consiste à dire : il faut plus que jamais que nous soyons des masses de communistes, intellectuels et autres, si nous voulons que quelque chose comme une alternative au capitalisme trouve sa réalité dans le monde qui est le nôtre. C’est pourquoi je cite la formule d’un autre « déviationniste » de notre tradition, je veux dire Eduard Bernstein,  « le but final n’est rien, le mouvement est tout », formule qui d’ailleurs vient de Marx. 

Entretien réalisé par Jérôme Skalski

(1) Étienne Balibar, la Philosophie de Marx, nouvelle édition augmentée 2014 (la Découverte). (2) Étienne Balibar, la Proposition de l’égaliberté. Essais politiques 1989-2009, PUF, 2010.

Passions du concept

Coauteur, avec Louis Althusser, Pierre Macherey, Jacques Rancière, Roger Establet, de Lire le Capital, professeur émérite de philosophie de l’université de Paris-Ouest et de la Kingston University de Londres, le philosophe Étienne Balibar a écrit une trentaine d’ouvrages dont Europe, crise et fin ?  (le Bord de l’eau, 2016), Des universels. Essais et conférences (Galilée, 2016) et Spinoza politique. Le transindividuel (PUF, 2018). Il engage la publication, cette année, des six recueils de ses Écrits aux éditions la Découverte avec  Histoire interminable. D’un siècle à l’autre et Passions du concept. Épistémologie, théologie et politique.

Entretien du philosophe Etienne Balibar avec Jérôme Skalski, L'Humanité, 21 février: le communisme, c'est une subjectivité collective agissante et diverse
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23 février 2020 7 23 /02 /février /2020 07:23
Le jeudi 20 février, à l'occasion de la nouvelle journée d'action et de grève nationale intersyndicale, les syndicats opposés à la réforme Macron des retraites s'exprimaient dans l'Humanité
Éric Beynel (Solidaires) : « Engagés dans une course de fond »
Jeudi, 20 Février, 2020 - L'Humanité

Porte-Parole de l’Union syndicale Solidaires

L’intérêt du débat actuel à l’Assemblée réside dans le fait que le projet de réforme des retraites porté par le gouvernement a enfin été déposé. Jusque-là, personne ne l’avait lu. Désormais, nous savons ce qu’il recèle et, surtout, ce qui ne se trouve pas dedans, c’est-à-dire toutes les mesures renvoyées à adoption ­ultérieure par ordonnances et décrets. Le débat parlementaire met en évidence ce que l’on dénonce depuis le début. Ce texte est dangereux pour toutes les catégories de travailleurs. Il n’est pas universel, et ne relève d’aucune justice sociale. Il est fait de bric et de broc, si bien que nous n’en connaissons pas tous les tenants et aboutissants financiers. Malgré toutes ces tares qui font que ce texte ne tient plus à rien, malgré le départ impromptu d’Agnès Buzyn, la ministre qui devait porter ce projet de réforme, qui fait suite au changement impromptu de haut-commissaire aux retraites, malgré le fait que les organisations syndicales qui s’accommodaient de la réforme en veulent de moins en moins, nous ne nous attendons pas à ce que la majorité présidentielle se dissolve et n’adopte pas ce texte. Il nous faut donc continuer de manifester et de faire la grève.

Au début du mouvement, nous pensions pouvoir faire plier le ­gouvernement tant les grèves, notamment dans les transports publics, étaient massives. L’épreuve de vitesse s’est transformée en marathon du fait du jusqu’au-boutisme du gouvernement. Si ce projet de réforme est cliniquement mort et si nous avons gagné la bataille idéologique, nous devons convaincre un plus grand nombre de personnes conscientes de la nocivité de ce projet de venir rejoindre les cortèges. Nous continuons donc notre travail pour élargir le mouvement social. Nous sommes lucides. Cette période de vacances scolaires est peu propice aux grandes mobilisations. Mais cette journée d’action interprofessionnelle ne sera pas la dernière. Nous sommes engagés dans une course de fond.  

Yves Veyrier (FO): « Il faut éviter l’erreur historique d’un régime de retraites par points »
Jeudi, 20 Février, 2020

Secrétaire général de Force ouvrière

L’arrivée du texte au Parlement ne modifie en rien notre analyse et notre conviction qu’il faut absolument éviter l’erreur historique de mettre en place un régime universel de retraites par points. Et même si elle est difficile, la mobilisation doit continuer. C’est un mouvement très long, inédit et en dépit duquel le gouvernement continue de s’obstiner.

Pour autant, y compris au sein de la majorité, ses soutiens se réduisent, sans parler du Conseil d’État, des employeurs et même de la CFDT qui prend désormais beaucoup de recul. Il est donc plus que jamais nécessaire de ne pas baisser les bras sur le terrain syndical. Il n’y a pas de secret, c’est le nombre qui fera basculer les choses.

Le débat parlementaire doit maintenant permettre de soulever les véritables questions que pose ce projet gouvernemental. En face, les membres de la majorité parlementaire et le gouvernement ressassent à nouveau devant les élus les mêmes éléments de langage, les mêmes formules générales, les mêmes contre-vérités, comme sur les 1 000 euros de pension minimum ou la soi-disant avancée sociale majeure pour les femmes.

Tout cela est faux. Le débat parlementaire, par la voix des élus du peuple, se doit donc de démonter ces éléments de langage sans contenu. Ce qui m’importe, c’est ce que nous avons réussi à faire : convaincre une majorité de Français que ce projet risque avant tout de générer des reculs sociaux et une incertitude permanente sur la retraite. Au Parlement maintenant de démasquer ce gouvernement qui ne maîtrise pas son sujet.

L’avis du Conseil d’État a fait grand bruit, que les parlementaires fassent de même.

Benoît Teste (FSU): « C’est en multipliant les actions que nous obtiendrons le retrait du texte »
Jeudi, 20 Février, 2020

Secrétaire général de la FSU

Cette journée de mobilisation interprofessionnelle est une journée intermédiaire du fait des vacances scolaires. Mais nous appelons tous nos collègues de l’éducation nationale comme de la fonction publique à manifester. Il est important qu’il y ait du monde dans la rue ce jeudi alors que l’Assemblée a commencé l’examen du projet de réforme des retraites. Ce rendez-vous de mobilisation fait partie d’un plan d’action au long cours afin de ne laisser aucun répit ni au gouvernement, ni aux parlementaires de la majorité. Nous devons maintenir la pression pour les faire douter de voter ce texte à trous insincère, pour lequel il ne se passe pas un jour sans que l’on détecte une mesure impréparée ou pas à la hauteur des enjeux. Des reculs partiels ont été enregistrés ces derniers jours lors des négociations avec le gouvernement, comme la possibilité donnée aux fonctionnaires de partir progressivement à la retraite dès 60 ans avec des mesures de temps partiel. Ce genre de points de détail réclamés et obtenus nous donnent du courage. Ils n’enlèvent rien à la dangerosité du projet de réforme. Mais ils démontrent que plus nous sommes nombreux dans la rue, plus nous sommes mobilisés, et plus le gouvernement est contraint de reculer. La lutte paye, car nous avons gagné la bataille de l’opinion publique. Il nous faut poursuivre notre travail d’explication de la nocivité de cette réforme et de promotion de nos alternatives. D’autres pistes de financement de notre régime de retraite que celle de l’âge pivot ou d’équilibre existent. Nous allons bientôt le démontrer lors d’une « contre-conférence des financements ». Cette initiative participera de la construction d’arguments de fond permettant de convaincre encore plus de monde.

Si nos collègues ne sont pas en position de faire grève, nous leur proposons de s’adresser de visu ou par courrier au député de leur circonscription pour parler avec eux de ce projet de réforme. De même, j’ai signé l’appel porté par l’Humanité de soumettre ce texte à référendum, car les conditions de son examen au Parlement posent des questions de démocratie. C’est en multipliant ce genre d’actions que nous obtiendrons le retrait du projet. Car nous sentons bien que ça craque partout autour de cette réforme.

François Hommeril (CFE-CGC): « Ce projet comme un avion sans ailes »
Jeudi, 20 Février, 2020

Président de la CFE-CGC

 

Jusqu’à la présentation du projet de réforme au Conseil des ministres, nous étions dans une séquence de rapport de forces avec le gouvernement, en gageant sur le fait que le premier ministre ait l’intelligence d’ajourner ou de retirer son texte. Il l’a présenté quand même, malgré nos critiques confirmées par le Conseil d’État. Le gouvernement a décidé d’aller jusqu’au bout et l’Assemblée nationale examine le texte. Une nouvelle séquence s’est donc ouverte. Nous demeurons dans l’intersyndicale en faveur du retrait de cette réforme. Mais nous n’appelons pas à manifester ce jeudi, car ce texte est suffisamment grave et dangereux vis-à-vis des droits des salariés pour que nous défendions aussi nos positions auprès des députés. Nous avons envoyé des propositions d’amendements à l’ensemble des groupes parlementaires que nous avons rencontrés. Nos adhérents les relaient auprès de chaque permanence de député. Elles ont été bien reçues, y compris de la part des députés LaREM. Ceux-ci nous disent que l’on a sans doute raison, mais qu’il est inexorable de faire passer cette réforme car elle est un élément structurant du quinquennat. Ils se sentent d’autant plus libres de le faire rapidement qu’une grande partie des mesures seront décidées ensuite par ordonnances et décrets, par d’autres qu’eux. Ce travail auprès des parlementaires n’enlève rien à notre conviction. Ce projet de réforme est comme un avion sans ailes que l’on tente coûte que coûte de faire décoller, mais qui n’y parviendra pas. En cela, nous sommes en conformité avec la troisième voie syndicale que nous avons choisi de suivre. Nous disons les choses de manière radicale quand c’est nécessaire, y compris dans la rue.

Nous ne sommes donc pas dans le rôle des ­réformistes bon teint prêts à tout accepter que certains politiques voudraient nous voir jouer. Nous avons conquis aujourd’hui notre liberté d’action. À l’issue de cette séquence, nous rediscuterons des options avec l’intersyndicale.

Philippe Martinez (CGT): « Le mouvement ne passe pas le relais, il est toujours bien présent »
Jeudi, 20 Février, 2020

Secrétaire général de la CGT

 

La séquence parlementaire prouve, une fois encore, que le gouvernement et sa majorité sont en difficulté pour défendre ce projet. Les premiers débats montrent en effet une forme de fébrilité. Ils ont tout le mal du monde à expliquer que cette réforme est simple et juste. L’ouverture de la phase parlementaire ne signifie pas que le mouvement social a passé le relais, comme on l’entend parfois. La lutte est toujours bien présente, avec de nombreuses initiatives, partout sur les territoires. Les organisations syndicales poursuivent, à leur niveau, le combat. C’est précisément dans cette optique que la CGT a présenté, mardi, ses propositions à la conférence de financement. Nous avons mis sur la table un projet qui détaille les possibilités alternatives et leurs financements afin de garantir l’amélioration du système de retraites actuel. À ces propositions très concrètes, nous attendons maintenant des réponses précises du gouvernement. Dans le cas contraire, la CGT étudiera, bien entendu, la possibilité de se retirer du processus de cette conférence de financement.

Sur le terrain, certes, ceux qui ont fait cinquante jours de grève en décembre et janvier participent désormais différemment à la lutte, mais d’autres ont pris la relève. C’est l’une des originalités de ce mouvement. Il y a toujours une grande détermination à combattre ce projet, je le constate partout sur le terrain, à l’hôpital, dans le privé… Bien sûr, le dénominateur commun reste la réforme des retraites, mais des revendications plus spécifiques, sur les salaires ou les conditions de travail, émergent dans de multiples secteurs. Aujourd’hui, c’est une nouvelle journée nationale interprofessionnelle de mobilisation, dans la même configuration que ce que nous avons connu entre Noël et le jour de l’An, c’est-à-dire en pleine période de vacances scolaires avec toutes les difficultés que cela recouvre.

C’est une journée importante. Elle a lieu alors que le débat parlementaire débute. Et, dans l’Hémicycle, il faut désormais que les parlementaires portent les alternatives à cette réforme, démontrent que cette affaire de déficit est bidon. Je continue à penser que c’est ce qui fait un peu défaut pour l’instant. C’est un sujet crucial, plus que jamais au cœur des débats.

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